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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: PREMIÈRE SÉANCE PLÉNIÈRE SOUS LA PRÉSIDENCE DU ROYAUME-UNI

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, une première séance plénière sous la présidence de l’Ambassadeur Aidan Liddle du Royaume-Uni. M. Aidan a présenté ses propositions pour faire avancer les travaux de la Conférence en 2019, propositions que de nombreuses délégations ont ensuite commentées à titre préliminaire.

Le nouveau Président a insisté sur l’importance de parvenir à un accord sur la manière de structurer les travaux de la Conférence. À ce titre, il a proposé de créer quatre organes subsidiaires chargés d’approfondir les discussions de l’an dernier au sujet du désarmement nucléaire, des matières fissiles, de la prévention d’une course aux armements dans l’espace et des garanties négatives de sécurité.

M. Liddle a suggéré, en outre, de désigner un coordonnateur spécial chargé d’examiner les nouveaux enjeux et technologies et leurs effets sur le programme de la Conférence, sur la base des discussions qui ont eu lieu en 2018 au sein de l’organe subsidiaire 5. Un autre coordonnateur serait chargé des méthodes de travail et de l’élargissement de la Conférence; ce dernier mandat pourrait aussi être assumé par un petit groupe de personnes, a ajouté le Président.

M. Liddle a indiqué qu’il soumettrait demain aux membres de la Conférence une proposition détaillée et qu’il entendait poursuivre les consultations avec les délégations en vue de parvenir à un consensus sur le programme de travail.

De nombreuses délégations ont fait part de leurs réflexions préliminaires sur les propositions faites par le Président: Maroc, Ukraine, République islamique d’Iran, Sri Lanka, Pays-Bas, Viet Nam, Brésil, Suisse, République de Corée, Mexique, Chine, Australie, Japon, France, Belgique, États-Unis, Bélarus, Égypte, Inde, Allemagne, Pakistan, Espagne, Bulgarie, Algérie, Fédération de Russie, Équateur, Cuba, Canada et Venezuela.

Ce matin, M. Liddle a par ailleurs rappelé que 2019 marquait le centième anniversaire de la Société des Nations et le quarantième anniversaire de la Conférence elle-même. Il a fait savoir que le Royaume-Uni avait participé aux préparatifs de deux événements consacrés à l’histoire et à l’avenir de la diplomatie du désarmement à Genève. Un premier événement aura lieu le 27 février, en salle VIII du Palais des Nations, en partenariat avec l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), pendant le débat de haut niveau à la Conférence; l’autre événement se tiendra le 5 mars à la Bibliothèque des Nations Unies.


La prochaine réunion plénière de la Conférence aura lieu lundi 25 février, à 10 heures, pour marquer le début d’un débat de haut niveau qui doit se tenir jusqu’au mercredi 27 février. Le débat sur le projet de programme de travail présenté par la présidence britannique de la Conférence devrait reprendre, quant à lui, le jeudi 28 février au matin.


Aperçu des déclarations

Le nouveau Président de la Conférence, l’Ambassadeur AIDAN LIDDLE du Royaume-Uni, a remercié l’Ambassadeur Klymenko de l’Ukraine, qui a assumé la présidence de la Conférence jusqu’à la semaine dernière, pour ses efforts en vue de parvenir à un programme de travail consensuel et pour la manière exemplaire dont il a conduit les travaux de la Conférence.

M. Liddle a ensuite insisté sur l’importance de parvenir à un accord sur la manière de structurer les travaux de la Conférence. À ce titre, le Président a proposé de créer quatre organes subsidiaires chargés d’approfondir les discussions de l’an dernier au sujet du désarmement nucléaire, des matières fissiles, de la prévention d’une course aux armements dans l’espace et des garanties négatives de sécurité.

M. Liddle a en outre suggéré de désigner un coordonnateur spécial chargé d’examiner les nouveaux enjeux et technologies et leurs effets sur le programme de la Conférence, sur la base des discussions qui ont eu lieu en 2018 au sein de l’organe subsidiaire 5. Un autre coordonnateur serait chargé des méthodes de travail et de l’élargissement de la Conférence. Ce dernier mandat pourrait aussi être assumé par un petit groupe de personnes, a ajouté le Président.

M. Liddle a d’autre part indiqué qu’il soumettrait demain aux membres de la Conférence une proposition détaillée et qu’il entendait poursuivre les consultations avec les délégations en vue de parvenir à un consensus sur le programme de travail.

Le Maroc a déclaré qu’un programme de travail équilibré et complet était la clef de voûte pour aller de l’avant et permettre à la Conférence du désarmement de jouer pleinement son rôle en tant qu’unique instance multilatérale permanente de négociation dans le domaine du désarmement. Le programme de travail devrait répondre à un équilibre tenant compte non seulement des aspirations qui s’expriment, mais aussi des réalités actuelles et du mandat de négociation dont la Conférence est pourvue. Le principe majeur devant guider la Conférence est la sécurité non diminuée pour tous, a ajouté le Maroc.

L’Ukraine a souhaité plein succès au Royaume-Uni dans la réalisation de son mandat à la présidence de la Conférence. Elle a jugé favorablement l’approche pragmatique que la nouvelle présidence britannique se propose d’adopter.

La République islamique d’Iran a affirmé que la désignation de la présidence de la Conférence en suivant l’ordre alphabétique des noms des pays membres était une bonne façon d’assurer la participation de chaque membre de cette instance. Elle a insisté sur le fait que le Royaume-Uni, en tant que puissance nucléaire, devait assumer une responsabilité particulière en matière de désarmement nucléaire. L’Iran a aussi souligné que l’adoption d’un programme de travail complet et équilibré était la condition de la réalisation de l’objectif de la Conférence, à savoir le désarmement complet. Les débats ne doivent pas se substituer à la négociation, a ajouté l’Iran.

Sri Lanka a insisté sur l’importance de progresser dans la négociation d’un programme de travail et d’aborder les problèmes graves ainsi que les nouveaux défis. Sri Lanka a recommandé de mettre l’accent sur l’éducation et la formation dans le domaine du désarmement, ainsi que sur l’inclusion dans le programme de travail de l’ensemble des questions relatives au désarmement.

Les Pays-Bas ont fait observer que la Conférence avait déjà entamé sa cinquième semaine de travaux. Ils ont recommandé qu’elle avance sans plus tarder sur les questions de fond sans perdre de vue son mandat de négociation et compte tenu des intérêts sécuritaires des différents pays.

Le Viet Nam a jugé indispensable – en cette année marquant le quarantième anniversaire de la Conférence et le centenaire du multilatéralisme à Genève – que la Conférence se dote d’un programme de travail équilibré. Le Viet Nam a ajouté que le débat de haut niveau qui se tiendra la semaine prochaine à la Conférence, en présence notamment du Secrétaire général de l’ONU, devra être l’occasion de mettre en avant les points communs entre les pays membres.

Pour le Brésil, la priorité de la Conférence doit être de se fonder sur l’impulsion donnée en 2018 pour avancer vers de véritables négociations. S’il n’est pas possible de se mettre d’accord sur le programme de travail, il serait utile de recréer des organes subsidiaires mais dotés de mandats mieux cadrés, a dit le Brésil. Il a recommandé qu’un seul coordonnateur soit chargé des questions relatives aux méthodes de travail et à la composition de la Conférence.

La Suisse a déclaré que s’il fallait établir à nouveau les organes subsidiaires (créés l’an dernier), il pourrait être utile de réfléchir à l’articulation de leur mandat. «Dans le cadre d’une approche progressive», a ajouté la Suisse, «il est important de faire en sorte que nous ne répétions par les débats de l’année dernière mais bien de contribuer à avancer vers des négociations.» La Suisse a rappelé que lorsque la Conférence était fonctionnelle, les thématiques des méthodes de travail et de la composition faisaient l’objet d’un examen régulier, voire permanent. Elle a enfin insisté sur la nécessité d’approfondir la question de la participation de la société civile aux travaux de la Conférence, dont elle a jugé les modalités actuelles anachroniques.

La République de Corée a regretté que l’atmosphère actuelle à la Conférence augure mal de l’adoption d’un programme de travail dans un délai proche. Elle a recommandé que la Conférence adopte une approche pratique et réaliste pour avancer, tout en consentant parallèlement un effort sur le programme de travail.

Le Mexique a salué la bonne coopération entre les présidences ukrainienne et britannique de la Conférence et a soutenu la proposition de créer un poste de coordonnateur chargé des méthodes de travail et de l’élargissement de la Conférence. Le Mexique a cependant insisté sur le fait que la création d’organes subsidiaires n’était pas sa préférence.

La Chine a fait observer que le débat de haut niveau qui se tiendra la semaine prochaine à la Conférence verrait la participation de nombreux dignitaires, ce qui montre bien l’intérêt de la communauté internationale pour les questions de désarmement. La Chine a souligné que la majorité des membres de la Conférence veulent entamer des travaux de fond. Elle a assuré le Président de cette instance de sa volonté de travailler de manière constructive.

L’Australie a déclaré que le programme de travail pouvait être un document très simple. Jugeant utiles les travaux menés par les organes subsidiaires en 2018, elle a estimé que pour en tirer vraiment parti, il faudrait obtenir la participation de pays plus nombreux aux discussions de cette année. L’Australie a en outre jugé nécessaire que la Conférence tienne compte de l’image qu’elle projette à l’extérieur.

Le Japon a salué le fait que la proposition de la présidence britannique de la Conférence reprenne un certain nombre d’éléments – formalisme, inclusion et valeur ajoutée, notamment – que la délégation japonaise avait mis en avant lors d’une séance précédente. Le Japon a également insisté sur l’importance du partage d’informations et du professionnalisme dans les travaux des organes subsidiaires. Il a ajouté qu’il était urgent d’adopter un programme de travail.

Le Président de la Conférence a indiqué qu’il visait actuellement un équilibre entre la rapidité de l’action et le temps de réflexion.

La France a dit apprécier le réalisme du Président de la Conférence. Elle a estimé que, parallèlement à l’objectif important qu’est l’adoption d’un programme de travail équilibré, il pourrait être utile de prolonger les travaux des organes subsidiaires sur les quatre sujets de fond, pour mieux comprendre les enjeux et pour bâtir la confiance.

La Belgique a soutenu les propositions pragmatiques du Président de la Conférence qui visent à structurer les travaux de cette instance et devraient permettre d’engager des discussions de fond. Il est important maintenant d’avancer rapidement, a insisté la Belgique.

Les États-Unis ont souligné que l’élargissement de la Conférence et les méthodes de travail de cette instance sont des sujets distincts qui mériteraient d’être traités séparément.

Le Bélarus s’est dit prêt à poursuivre ses travaux à la Conférence dans le domaine des nouveaux défis et menaces, en tant que coordonnateur en 2018 de l’organe subsidiaire 5, qui était chargé des questions relatives aux nouveaux types et systèmes d’armes de destruction massive et armes radiologiques; au programme global de désarmement; et à la transparence dans le domaine des armements.

L’Égypte a dit apprécier les idées présentées par le Royaume-Uni et a jugé important que la Conférence tire parti des travaux des années précédentes. L’Égypte s’est en outre félicitée de l’engagement du Président avec les délégations et avec les groupes régionaux.

L’Inde a fait observer que si les travaux des organes subsidiaires ne peuvent se substituer à un programme de travail concerté, ils peuvent néanmoins aider la Conférence à réaliser son mandat – à savoir la négociation d’instruments juridiquement contraignants – par le biais d’un travail de fond. L’Inde a indiqué avoir lancé un programme de bourse d’études sur le désarmement, comprenant la visite d’installations nucléaires et spatiales; des représentants de 27 pays étrangers ont déjà bénéficié de cette bourse.

L’Allemagne a regretté que la Conférence ne puisse encore s’entendre sur un programme de travail doté d’un mandat de négociation. Dans cette attente, l’Allemagne a dit soutenir la proposition de la présidence britannique de la Conférence.

Le Pakistan a dit tenir aux discussions informelles à la Conférence dans la mesure où elles permettent de se rapprocher du consensus. Le Pakistan a assuré M. Liddle de sa volonté de collaborer activement au processus qu’il a lancé.

L’Espagne a mis en avant la nécessité de trouver une forme d’organisation du débat à la Conférence qui soit plus efficace pour faire émerger un dénominateur commun et trouver des éléments d’action.

La Bulgarie a appuyé la proposition du Royaume-Uni qui tient compte des progrès réalisés en 2018 grâce aux organes subsidiaires ainsi que des préoccupations exprimées à propos, notamment, de la composition de la Conférence. La Bulgarie s’est félicitée que M. Liddle ait procédé d’entrée de jeu à des consultations avec les groupes régionaux.

L’Algérie a dit appuyer tout débat sur le mandat de fond de la Conférence. Elle a en outre dit apprécier que le Président de la Conférence ait discuté avec le Groupe des 21.

La Fédération de Russie a remercié la précédente présidence, ukrainienne, de la Conférence pour ses efforts énergiques en vue de l’adoption d’un programme de travail.

L’Équateur s’est dit prêt, compte tenu de la difficulté actuelle à adopter un programme de travail complet et équilibré, à accepter la proposition du Royaume-Uni de créer des organes subsidiaires dotés d’un mandat plus formel et plus clair. L’Équateur a aussi souscrit aux propositions du Président de la Conférence relatives à la désignation d’un coordonnateur chargé des méthodes de travail.

Cuba a insisté sur le fait que les coordonnateurs envisagés par le Président de la Conférence devraient tenir compte des points de vue de tous les pays. Cuba a mis en garde contre le risque que la Conférence ne se transforme en un organe de délibération.

Le Canada a constaté que la proposition du Royaume-Uni consistait en une reprise des activités menées en 2018. Le Canada a estimé qu’un seul coordonnateur, sur les méthodes de travail et l’élargissement, devrait suffire. Le Canada a toutefois dit craindre que les questions de procédure ne prennent le pas sur les questions de fond.

Le Venezuela s’est dit prêt à travailler dans un esprit de collégialité avec la présidence de la Conférence. Il a insisté sur le mandat unique de la Conférence et sur l’importance d’adopter un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, de prévenir la course aux armements dans l’espace et d’accorder aux pays non dotés d’armes nucléaires des garanties quant à leur sécurité. Le Venezuela a dit son attachement aux institutions multilatérales chargées des questions de désarmement.



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DC/19/10F