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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LES DÉCLARATIONS DE VINGT-CINQ PAYS

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, la deuxième séance publique de sa session de 2019, commencée la semaine dernière, en entendant les déclarations de vingt-cinq délégations.

De nombreuses délégations se sont exprimées pour exprimer leur soutien aux travaux de la Conférence et ont déploré la paralysie dans laquelle se trouve actuellement cette instance, faisant part de leurs points de vue quant à la manière de relancer les travaux. A maintes fois été rappelé l’important travail réalisé l’an dernier par les cinq organes subsidiaires qui avaient été créés en 2018

Ce matin, ont également été évoquées les questions relatives au Traité FNI (Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire); à l’accord sur le nucléaire iranien; à la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2020; et aux situations au Venezuela et dans la péninsule coréenne, entre autres.

Les délégations des pays suivants sont intervenues: Chine, Venezuela, Équateur, Chili, Iran, République populaire démocratique de Corée, Allemagne, Pakistan, Finlande, Italie, Autriche, République arabe syrienne, République de Corée, Bangladesh, Pologne, Brésil, Canada, Australie, Suède, Bulgarie, Fédération de Russie, États-Unis, Norvège, Royaume-Uni, et Cuba.

Ce matin, la Conférence a par ailleurs accepté les demandes de participation à ses travaux en tant qu'observateurs présentées (à la date du 28 janvier 2019) par les États suivants: Azerbaïdjan, Côte d’Ivoire, Ghana, Jordanie, Oman, et Philippines.

La Conférence est actuellement présidée, jusqu’au 17 février, par l’Ambassadeur Yurii Klymenko de l’Ukraine.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra après-demain, jeudi 31 janvier, à 14H30 heures.


Aperçu des déclarations

La Chine a déploré le retard avec lequel a débuté la réunion de ce matin et a affirmé qu’il fallait faire preuve de davantage de discipline pour que les travaux commencent à 10 heures précises.

Le Venezuela a indiqué qu’il accordait une grande importance aux travaux de la Conférence, qui est la seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement. Le Venezuela soutient tous les efforts pour la sortir de l’impasse. Il est nécessaire d’adopter un programme de travail large, équilibré et complet avec un mandat de négociation, a insisté le pays. Le Venezuela est attaché aux accords existants dans le domaine du désarmement et souligne qu’il faut enregistrer des avancées concrètes dans ce domaine. Le pays accorde la plus grande priorité au désarmement nucléaire. Il considère en outre que l’espace extra-atmosphérique ne doit être utilisé qu’à des fins pacifiques dans l’intérêt de tous les peuples.

L’Équateur accorde lui aussi une très grande priorité aux travaux de la Conférence. C’est la raison pour laquelle la délégation équatorienne espère parvenir à un accord sur un programme de travail complet et équilibré avec un mandat de négociations. L’Équateur s’est dit heureux des discussions entamées dans le cadre des organes subsidiaires, qui ont permis d’adopter certaines positions communes. L’Équateur a rappelé qu’il faisait partie de la première zone exempte d’armes nucléaires à avoir été créée (Traité de Tlatelolco de 1967) et qu’il a toujours été un fer de lance dans le domaine des négociations internationales contre la prolifération des armes nucléaires. L’Équateur appelle les États nucléaires à se conformer aux accords internationaux dans ce domaine pour assurer le bien-être des générations actuelles et futures. L’Équateur réitère son appui aux efforts pour parvenir au désarmement et soutient toutes les initiatives qui visent à démarrer les négociations multilatérales pour interdire la production de matières fissiles (à des fins d’armement nucléaire), à interdire la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique et assurer les garanties négatives de sécurité.

Le Chili a rappelé sa position selon laquelle le désarmement et la non-prolifération nucléaires sont les fondements de la sécurité collective, de même que la coopération internationale qu’ils imposent. Le Chili a insisté sur la nécessité d’éliminer non seulement les armes nucléaires, mais aussi les armes conventionnelles considérées comme incompatibles avec le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme. Après avoir souligné son attachement au multilatéralisme, à la résolution pacifique des conflits, à la non-prolifération et au désarmement général, le Chili a salué la présentation par le Secrétaire général des Nations Unies, en mai 2018, de son Agenda pour le désarmement, qui donne notamment un aperçu complet des menaces actuelles et appelle les États à chercher des formes nouvelles de coopération – une démarche à laquelle le Chili souscrit.

Le Chili a ensuite regretté que le rapport annuel de 2018 de la Conférence n’ait pas su rendre justice aux travaux réalisés cette année-là par les cinq organes subsidiaires créés par cette instance, travaux qui étaient un pas dans la bonne direction s’agissant de l’adoption du programme de travail. Le Chili a insisté sur la nécessité pour la Conférence de tenir compte de la réalité et de répondre aux préoccupations des sociétés; il s’est dit favorable dans ce contexte à l’ouverture des travaux de la Conférence à la société civile. Le Chili a également jugé important que ces travaux tiennent compte de la « dimension de genre », notamment s’agissant de la question des armes de destruction massive.

La République islamique d’Iran a regretté que la Conférence soit paralysée par le manque de volonté de certains acteurs d’aborder la question du désarmement nucléaire, et même par une volonté malveillante de bloquer toute l’institution par la montée en épingle de questions procédurales et par une rhétorique néfaste. L’Iran a recommandé que le programme de travail de la Conférence traite des questions vraiment pertinentes et préoccupantes, notamment le désarmement nucléaire, les garanties de sécurité données aux États non dotés de l’arme nucléaire et la prévention de la course aux armements dans l’espace. Quant aux cinq organes subsidiaires, l’Iran a fait observer que la décision de créer ces organes avait été prise pour 2018, « sans préjudice de toute décision subséquente au début » de la session de la Conférence en 2019.

L’Iran a ensuite mis en avant son application exemplaire du plan d'action conjoint (Joint Comprehensive Plan of Action ou JCPoA, accord sur le nucléaire iranien), application contrôlée à treize reprises par l’Agence internationale de l’énergie atomique. Cet accord n’a survécu que grâce au sens des responsabilités de l’Iran et en dépit du fait que l’Iran est injustement privé des dividendes de cet accord, a ajouté la délégation iranienne. La délégation a rappelé que l’Iran avait saisi la Cour internationale de justice, laquelle a tranché en sa faveur en obligeant les États-Unis à mettre un terme à leurs sanctions illégales au détriment des Iraniennes et des Iraniens, qui se voient privés de l’accès aux médicaments et à d’autres biens de base. La réaction des États-Unis a été révélatrice puisqu’ils ont choisi d’annihiler le Traité même qui était à la base de la juridiction de la Cour, a souligné l’Iran.

La République populaire démocratique de Corée a salué la création l’année dernière des cinq organes subsidiaires qui ont permis de conduire des discussions substantielles et en profondeur concernant l’agenda de la Conférence. La République populaire démocratique de Corée a en revanche regretté que la Conférence ne soit pas parvenue à adopter un programme de travail. Tous les membres doivent faire preuve de volonté politique pour que la Conférence puisse s’acquitter de son mandat; l’objectif est de surmonter l’impasse et de ramener la Conférence sur la voie du travail. L’an dernier, le monde a été témoin d’un changement radical dans la péninsule coréenne, a poursuivi la République populaire démocratique de Corée. Pour sauvegarder la paix et la sécurité de la région, le pays a pris des mesures courageuses, a-t-elle ajouté. Les trois cycles de réunions intercoréennes en 2018 ont permis de construire une relation de confiance et de coopération; l’objectif est d’ouvrir une nouvelle ère de paix dans la péninsule. La République populaire démocratique de Corée a indiqué que son Gouvernement veut établir de nouvelles relations bilatérales, mettre en place un régime de paix durable et avancer vers la dénucléarisation de la zone. Le pays a pris des mesures concrètes pour mettre un terme à son programme nucléaire, a-t-elle déclaré. Le pays attend un soutien de la communauté internationale pour ses efforts visant la stabilité de la région.

L’Allemagne a mis en garde contre le risque bien réel de course aux armements. Elle a estimé que l’incertitude concernant le sort du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) jetait une ombre sur le prolongement du traité New START (de réduction des armes stratégiques). L’Allemagne a recommandé aux États de contrer l’érosion des traités et des mécanismes qui ont contribué, depuis des décennies, à la sécurité et à stabilité internationales. Elle a insisté sur l’importance de tirer parti de tous les forums pour ce faire, y compris la Conférence. L’Allemagne s’est dite favorable à la reconduction des organes subsidiaires créés par la Conférence en 2019. Elle a plaidé pour un retour rapide de la Conférence à ses travaux de fond, sur la base « de ce qui est réalisable ».

L’Allemagne a en outre souligné l’importance de tenir compte des nouvelles menaces – notamment dans le contexte de l’espace – et des exigences du contrôle des armements au XXIe siècle. Elle a fait savoir que le Ministère des affaires étrangères organiserait, le 15 mars prochain à Berlin, une conférence internationale sur les nouvelles technologies et leurs répercussions sur le contrôle des armements.

Le Pakistan a déclaré que l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence est le résultat de l’environnement stratégique et du manque de volonté politique de coopérer pour aboutir aux objectifs de paix et de sécurité régionales et internationales et de désarmement, sur une base non-discriminatoire; cette impasse n’a rien avoir avec les méthodes de travail ou des règles de procédure. Le Pakistan appuie l’objectif du désarmement nucléaire complet et universel. Il faut ouvrir au plus vite les négociations sur un traité juridiquement contraignant concernant les garanties négatives de sécurité. Il faut aussi entamer les discussions sur un traité contraignant concernant (la prévention de) la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. Le Pakistan a regretté qu’il ne soit pas possible d’entamer les négociations sur un traité prévoyant l’interdiction totale de la production de matières fissiles (à des fins d’armement nucléaire); le Pakistan ne saurait participer à toute négociation relative à un tel traité qui serait fondé sur le mandat Shannon, a précisé la délégation pakistanaise.

La Finlande a relevé, pour sa part, que, malgré le long blocage des négociations, des progrès modestes ont été réalisés ces dernières années qui ouvrent la voie à de nouveaux traités de désarmement. Elle a cité d’abord les travaux du groupe de travail informel, en 2015, dont le mandat était de produire un programme de travail et qui a donné lieu à un rapport de consensus; puis, en 2017, ceux du groupe de travail sur les perspectives d’avenir; et enfin, en 2018, les travaux des cinq organes subsidiaires, qui ont abouti à l’adoption de quatre rapports. S’il n’est pas possible de réaliser des progrès de grande ampleur, a insisté la Finlande, il est toujours utile de poursuivre la préparation de [futures] négociations. Elle a recommandé que les travaux de la Conférence cette année portent au moins sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles et sur le renforcement des garanties négatives de sécurité.

L’Italie a rappelé le rôle essentiel de la Conférence comme seule instance de négociations multilatérales dans le domaine du désarmement. L’Italie a salué la proposition de la Présidence de présenter une proposition de programme de travail. La reprise des négociations au sein de la Conférence est prioritaire, a insisté l’Italie. Elle a dit souscrire à l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est la pierre angulaire du régime international dans ce domaine; aussi, l’Italie lance-t-elle un appel à tous les États afin qu’ils rejoignent le TNP. L’Italie a en outre plaidé pour l’entrée en vigueur rapide du traité d’interdiction complète des armes nucléaires et, à cette fin, a appelé tous les pays à le ratifier. L’Italie a aussi plaidé pour l’ouverture rapide des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire; tous les États devraient adopter un moratoire sur la production des matières fissiles tant qu’un accord international n’est pas trouvé dans ce domaine. L’Italie a aussi encouragé les discussions autour des garanties négatives de sécurité. L’Italie s’est par ailleurs dite préoccupée par l’avenir du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et a demandé à la Fédération de Russie de démontrer sa volonté d’appliquer ce Traité d’une manière substantielle et transparente. L’Italie a souhaité que les résultats obtenus dans la péninsule coréenne se confirment à l’avenir. L’accord sur le nucléaire iranien est un accord clé dans l’architecture du désarmement nucléaire. L’Iran doit continuer à respecter ses engagements dans ce domaine, a insisté l’Italie.

L’Autriche a fait observer que les armes nucléaires occupent à nouveau le devant de la scène. Il faut agir et se concentrer sur les processus de contrôle des armements nucléaires et de la non-prolifération. Le Traité FNI a permis la destruction de missiles nucléaires, a rappelé l’Autriche, avant de plaider pour un dialogue constructif entre les deux parties à Traité.

Le climat sécuritaire permet de justifier un recul des obligations juridiques des États, a par ailleurs regretté l’Autriche. Plutôt que d’accroître les tensions, les mécanismes de désarmement donnent les instruments pour les diluer. L’Autriche a rappelé que c’est dans des contextes très tendus que certains des traités les plus importants dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération ont été adoptés. Elle a plaidé pour l’entrée en vigueur rapide du traité d’interdiction complète des armes nucléaires et a appelé tous les pays à ratifier ce traité. Dans le cadre de la Conférence d’examen du TNP prévue en 2020, l’Autriche va tout faire pour renforcer le caractère de pierre angulaire de ce Traité dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération. L’Autriche s’est en outre dite favorable à un monde exempt d’armes nucléaires. Il faut, pour se faire, les interdire, comme le prévoit le traité adopté en juillet 2017 – traité dont l’adoption rapproche de la mise en œuvre de l’article VI du TNP, a déclaré l’Autriche.

La République arabe syrienne a rappelé l’importance de la Conférence et la nécessité de confirmer son mandat. La Syrie a ajouté avoir participé aux travaux visant à revitaliser la Conférence. Elle a déclaré que parvenir à un programme de travail complet et équilibré avait été une priorité de la présidence syrienne de la Conférence l’an dernier, mais a regretté que cela n’ait pu être discuté en raison d’agendas politiques. La Syrie a en outre regretté que la Conférence n’ait pu adopter l’an dernier son rapport annuel (NDLR: la Conférence avait clos sa session de 2018 en adoptant un rapport procédural), en raison de la position des États-Unis.

Certains États n’ont pas respecté leurs engagements dans le domaine du nucléaire, a déclaré la Syrie; certains adoptent des idéologies extrêmes et des armes nucléaires sont présentes sur certains fronts, a-t-elle ajouté. La Syrie a par ailleurs regretté que certains États usent de mesures unilatérales et s’est dite préoccupée par l’utilisation d’armes chimiques par des groupes terroristes. En Syrie et dans la région, l’arrogance du pouvoir des États-Unis et de leurs alliés a entrainé une catastrophe humanitaire et les peuples en paient toujours le prix, a poursuivi la délégation syrienne. L’administration des États-Unis, en encourageant Israël dans son offensive contre les territoires syriens, adopte une politique irresponsable qui encourage l’insécurité mondiale, a-t-elle ajouté, rappelant qu’Israël a pu continuer de refuser de s’associer au TNP et de refuser le régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le pays détenant toujours de nombreuses armes de destruction massive et refusant d’adhérer à des traités visant le contrôle de ces armes. Tout ceci entraîne l’affaiblissement du système associé au TNP. Les États-Unis croient avoir le droit de donner des leçons aux autres pays alors qu’ils ne tiennent pas compte de leur historique riche en violations de traités, a insisté la Syrie. Les États-Unis sont le pays qui détient aujourd’hui le plus grand arsenal chimique dans le monde, a-t-elle assuré. Enfin, la Syrie a expliqué qu’il fallait que la Conférence se penche sur la question de la détention d’armes chimiques par des organisations terroristes.

La République de Corée a décrit les « développements positifs survenus dans la péninsule de Corée ». Elle a évoqué à ce propos un sursaut de la diplomatie pour la paix, notamment les entretiens qui ont eu lieu à trois reprises entre les dirigeants des deux Corées ainsi qu’un sommet historique, en juin 2018, entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée. La dénucléarisation complète de la péninsule de Corée et l’instauration d’une paix durable figuraient en bonne place du sommet de juin 2018; en septembre de la même année, les dirigeants des deux Corées ont signé la Déclaration de Pyongyang qui non seulement réaffirme leur engagement en faveur de la dénucléarisation complète de la péninsule, mais aussi contient des mesures concrètes pour y parvenir, a souligné la République de Corée. La République de Corée a ensuite mentionné l’accord complétant la Déclaration de Pyongyang et visant, notamment, la transformation de la Zone démilitarisée en une zone de paix, ainsi que l’octroi des « garanties de nature militaire nécessaires pour revigorer les échanges, la coopération, les contacts et les visites ». La République de Corée a assuré qu’elle entendait profiter des possibilités inédites offertes par ce regain diplomatique. L’annonce de la tenue, en février, d’un sommet entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée est « porteuse d’espoir », a-t-elle estimé.

S’agissant des travaux de la Conférence, la République de Corée a recommandé – en particulier – que cette instance profite de son autorité en tant qu’unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement pour collaborer avec d’autres mécanismes de désarmement.

Le Bangladesh a réitéré sa confiance en la Conférence. Le pays a rappelé que l’Agenda pour le désarmement du Secrétaire général de l’ONU encourage à continuer les discussions sur tous les points centraux. Il faut faire preuve de créativité dans ce domaine. Il faut profiter de l’élan fourni par les organes subsidiaires et arriver à des résultats concrets sur les questions cruciales. La Conférence doit pouvoir intégrer dans son mandat les nouveaux défis, notamment ceux liés à la cybersécurité.

La Pologne a souligné que la Conférence fait partie de tout un mécanisme; elle est un moteur qui fonctionne, mais tout dépend de ce qui l’alimente. Il faut chercher des solutions à l’impasse dans laquelle elle se trouve actuellement s’agissant des négociations qu’elle devrait mener; pour ce faire, il faut améliorer le climat sécuritaire global en travaillant sur les conflits prolongés, rompre le cercle vicieux de la méfiance et défendre l’ordre multilatéral et les régimes de désarmement, notamment. Malheureusement, certains traités, tel que le FNI, sont remis en question, a poursuivi la Pologne, insistant sur le danger que constitue, notamment pour l’Europe, l’érosion de ce Traité FNI. Il faut que la Fédération de Russie sauve le FNI en détruisant ses nouveaux missiles (Novator 9M729) de manière transparente et vérifiable, a estimé la Pologne.

Pour le Brésil, le climat international – marqué par l’insécurité, les problèmes politiques et la flambée de nouvelles tensions – montre toute l’importance d’un mécanisme de désarmement fonctionnel et efficace. La Conférence, qui est un rouage essentiel de ce mécanisme, doit prolonger l’élan positif impulsé en 2018, a recommandé le Brésil. Il a soutenu à cet égard la proposition de programme de travail du Président. Si l’adoption de ce programme s’avérait difficile, le Brésil soutiendrait la création d’alternatives destinées à prolonger les travaux lancés l’an dernier en vue de permettre à la Conférence de remplir son mandat de négociation, a indiqué la délégation brésilienne. Elle a estimé qu’il devrait être possible d’avancer sur certaines questions figurant à l’ordre du jour de la Conférence et qui sont plus « mûres » que d’autres – comme un traité d’interdiction de la production de matières fissiles et la prévention d’une course aux armements dans l’espace.

Le Canada a regretté que le monde soit à un point d’inflexion sur les questions de désarmement. Les temps sont inquiétants et il appartient à la Conférence de renforcer ses efforts et de confirmer le rôle essentiel de ses travaux. Le Canada considère que les travaux de la Conférence en 2018 étaient d’une valeur importante en vue de faire avancer la question du désarmement. Le travail des organes subsidiaires a permis d’engendrer des progrès en 2018 et il faut, en cette année 2019, s’appuyer sur ces travaux. Un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement (FMCT) est une priorité et il faut que la Conférence aille de l’avant dans ce domaine, a affirmé le Canada. Le pays a réitéré ses inquiétudes quant à la fragilité des mécanismes de désarmement. Le Canada regrette en outre le non-respect par la Fédération de Russie du Traité FNI et juge essentiel de maintenir le dialogue entre les États-Unis et la Fédération de Russie afin qu’ils résolvent leurs différences dans ce domaine.

L’Australie a déclaré que la Conférence est l’un des nombreux outils à disposition pour parvenir au désarmement. La Conférence a connu de grandes avancées en 2018, s’est réjouie l’Australie. Le pays a dit être intéressé par la proposition des Pays-Bas de revoir la structure du programme de travail. La priorité de l’Australie serait de commencer à discuter du traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles. L’Australie a par ailleurs encouragé la Fédération de Russie à respecter ses obligations dans le cadre du Traité FNI.

La Suède a appelé au respect du Traité FNI par la Fédération de Russie. La Suède a ensuite affirmé qu’aujourd’hui, la Conférence abordait ses travaux de manière plus pragmatique. Relevant que la réussite n’est pas un mot que l’on associe à la Conférence, la Suède a néanmoins salué les travaux allant dans la bonne direction qui ont été menés l’an dernier par les organes subsidiaires et les rapports adoptés pour quatre de ces cinq organes. La Conférence doit continuer ses travaux structurés et substantiels et de l’avis de la Suède, la création des organes subsidiaires était de fait un programme de travail en 2018. Il faut adopter une approche réaliste et pragmatique qui permette de travailler sur des questions sur lesquelles il y a consensus, a insisté la délégation suédoise.

La Bulgarie a déclaré que le Traité FNI joue un rôle essentiel dans la sécurité de l’Europe. Malheureusement, seuls les États-Unis respectent les dispositions de ce Traité, a ajouté le pays. La Bulgarie a dit partager les inquiétudes concernant le fait que la Fédération de Russie ait développé un missile de croisière en violation de ce Traité. La Fédération de Russie doit retrouver la voie du respect de ce Traité, par des informations vérifiables.

La Fédération de Russie a estimé que des discussions autour d’une convention internationale sur l’utilisation d’armes chimiques par des organisations terroristes restent toujours d’actualité. La Fédération de Russie a expliqué qu’aboutir au sein de la Conférence à l’adoption d’un programme de travail était un objectif pour tous; il faut passer à des actes concrets pour y parvenir et il faut, dans ce cadre, créer une atmosphère constructive conforme au Règlement intérieur. Il est inacceptable que certains membres de la communauté internationale empêchent certains de participer aux travaux de la Conférence, s’agissant en particulier de la demande de l’État de Palestine de participer aux travaux de cette instance, a ajouté la Fédération de Russie. Il faut faire preuve d’une sagesse de diplomate, comme l’a fait la Turquie, dans ce domaine, a-t-elle déclaré. La Fédération de Russie a appelé à ce que chaque forum international, y compris la Conférence, se préoccupe des problèmes qui correspondent à ses pouvoirs et à ses expertises.

La Fédération de Russie a ensuite indiqué qu’elle allait répondre aux accusations concernant le Traité FNI en évitant les polémiques vaines. Le 23 janvier, a-t-elle rappelé, les Ministères russes de la défense et des affaires étrangères ont fait un briefing, après lequel il y a eu une démonstration d’un lanceur de missile SSC8. Les États-Unis n’en ont pas profité pour voir l’objet qui est au cœur de leurs préoccupations; les accusations américaines manquent de fondement, a déclaré la délégation russe, ajoutant que ce missile est une variante modernisée d’un précédent missile. La portée de ce nouveau missile est inférieure à la portée maximum prévue par le Traité FNI, a en outre assuré la Fédération de Russie, soulignant qu’il aurait fallu que les États-Unis apportent des données objectives sur les essais de ce missile et qu’ils ont en fait eux-mêmes stoppé le dialogue. La Fédération de Russie a fait part de sa perplexité face au refus officiel des États-Unis de poursuivre un dialogue dans le cadre du FNI. Les États-Unis n’ont pas montré comment la Conférence aurait pu apporter des réponses aux problèmes liés au FNI; la rhétorique antirusse vise à détourner les membres de la Conférence des priorités, au nombre desquelles celle de trouver un accord sur le programme de travail de la Conférence. La Fédération de Russie est disposée à discuter du FNI dans le cadre du désarmement au sein de la Conférence; elle conseille aux délégations qui lui demandent de répondre aux demandes des États-Unis d’avoir un point de vue équilibré en demandant aussi aux États-Unis de faire preuve eux-mêmes de transparence.

Les États-Unis ont affirmé que le Venezuela connaît une crise aiguë causée par la corruption du « régime Maduro ». Plus de 3 millions de personnes ont fui le Venezuela depuis 2014 et le « régime Maduro » est seul responsable de cette situation. En mai 2018, il y a eu une tentative d’étouffer la voix des Vénézuéliens, ont poursuivi les États-Unis, avant de rappeler qu’ils reconnaissent le Président du Parlement, Juan Guaido, comme Président par intérim (du Venezuela). L’Assemblée nationale est dûment élue par la population et a reconnu le « nouveau Président », ont ajouté les États-Unis.

S’agissant de la déclaration de l’Iran, les États-Unis ont expliqué qu’ils s’étaient retirés du plan (accord sur le nucléaire iranien) en raison de sa violation par l’Iran. Quant à la déclaration de la Fédération de Russie, les États-Unis ont affirmé que la faiblesse de cette réponse russe ne tromperait personne. L’OTAN mettra une force de défense dissuasive si la Fédération de Russie persiste, ont ajouté les États-Unis.

La Norvège a fait part de son inquiétude concernant la remise en cause du Traité FNI. La Norvège estime que c’est à la Fédération de Russie de prendre les mesures pour faire respecter ce Traité.

Le Royaume-Uni a expliqué que le Traité FNI jouait un rôle important. La Fédération de Russie viole ce Traité, a déclaré la délégation britannique, avant de saluer les efforts des États-Unis pour le respecter. La Fédération de Russie viole ses obligations dans ce domaine, a insisté la délégation, appelant la Fédération de Russie à répondre aux nombreuses questions que se pose la communauté internationale.

Le Venezuela a indiqué que c’est avec stupéfaction qu’il a entendu la déclaration que viennent de faire les États-Unis sur une question qui n’est pas au programme de la Conférence. Le Gouvernement des États-Unis n’a jamais accepté que le Venezuela ait un gouvernement souverain défendant sa patrie, ni que ce pays ne soit plus une colonie des États-Unis. Deux près son arrivée au pouvoir, le Gouvernement des États-Unis se trouvait déjà derrière un coup d’état contre (l’ancien Président) Hugo Chavez et le peuple avait décidé de se soulever contre ce coup d’état; or, ce sont les mêmes événements qui se reproduisent aujourd’hui, a déclaré la délégation vénézuélienne. Elle a accusé le Gouvernement « raciste » de Donald Trump de vouloir entrer en guerre contre le Venezuela et de vouloir envahir le pays. Le Venezuela a appelé la communauté internationale à ne pas suivre cette voie et à soutenir le dialogue.

Cuba a dénoncé le « cirque politique » qui a commencé lorsque certaines délégations se sont opposées à la demande d’un État de participer aux travaux de la Conférence. C’est avec consternation que Cuba constate la politisation des travaux de cette instance. Cuba condamne et rejette toute volonté d’imposer un gouvernement marionnette aux Venezuela, comme le tentent les États-Unis. Les objectifs de l’agression des États-Unis sont de s’accaparer des ressources du Venezuela, un pays qui incarne l’esprit émancipateur de l’Amérique latine. Cuba se tiendra toujours du côté du droit international.

La République populaire démocratique de Corée s’est opposée fermement à ce que soient abordées les questions internes des pays, cela constituant en effet une forme d’ingérence. Il n’est d’aucune utilité de poursuivre de telles controverses.

La République arabe syrienne a déclaré que les accusations des États-Unis sur l’utilisation d’armes chimiques étaient ridicules et a rappelé qu’elle y avait déjà répondu. Le Gouvernement syrien a condamné les agissements et l’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures du Venezuela. La Syrie a demandé sous quel ordre du jour peuvent être inscrites les accusations formulées à l’encontre du Venezuela, de la Syrie ou de l’Iran alors qu’il s’agit d’affaires intérieures de pays membres. La question ne se limite plus à la politisation de la Conférence; il s’agit en effet là, de la part de l’ « administration Trump », d’une tentative de saper cette conférence. Cette question est d’autant plus criante dans la perspective de la prochaine présidence américaine de cette Conférence (NDLR: les États-Unis présideront la Conférence du 18 mars au 26 mai).

L’Iran a déclaré que la résolution 2231 du Conseil de sécurité (NDLR: approuvant à l’unanimité le plan d’action portant accord sur le nucléaire iranien) est très claire. On sait quel pays est du côté des agresseurs et enfreint les résolutions, a ajouté la délégation iranienne. L’Iran a souligné que la politisation du travail de la Conférence n’était pas la solution et a déploré que les États-Unis utilisent cette politisation destructrice au sein de cette instance.

La Chine a dénoncé la politisation de la Conférence et le manque de respect mutuel. Le choix des représentants du Venezuela doit être fait par la population vénézuélienne, a souligné la Chine.


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DC19/03F