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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT TIENT UNE DISCUSSION SUR TROIS POINTS DE SON ORDRE DU JOUR

Compte rendu de séance
Les discussions portent essentiellement sur les nouveaux types d'armes de destruction massive, mais aussi sur le programme global de désarmement et la transparence dans le domaine des armements

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les déclarations de plusieurs délégations dans le cadre d'une discussion portant sur trois points de l'ordre du jour: nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive et armes radiologiques; programme global de désarmement; et transparence dans le domaine des armements. Cette discussion fait suite à celle tenue mardi dernier sur les quatre premiers points de l'ordre du jour de la Conférence.

Ce matin, la Chine a donc attiré l'attention sur les risques posés par l'élaboration d'armes basées dans l'espace, par le recours au cyberespace lui-même comme un nouveau champ de bataille, par les technologies biochimiques et génétiques et par l'introduction de systèmes d'armes autonomes – les «robots-tueurs» – dans les stratégies militaires de quelques pays. Ces nouveaux systèmes d'armes peuvent modifier l'équilibre stratégique mondial, ce qui risque de compliquer le processus de désarmement nucléaire, a-t-elle averti. Par ailleurs, les nouveaux systèmes d'armes risquent de creuser l'écart entre les capacités de défense des États et donc d'accroître le risque de prolifération des armes de destruction massive, a ajouté la Chine. En troisième lieu, le recours aux nouveaux types d'armes pourrait accroître le risque d'attaques terroristes, a-t-elle poursuivi. Les groupes terroristes utilisent d'ailleurs déjà Internet pour répandre leurs idées extrémistes, se financer et recruter de nouveaux membres, a-t-elle fait observer. Le quatrième risque concerne la survie même de l'espèce humaine, dans le cas où les machines en viendraient à dominer les hommes, a souligné la Chine, précisant que ce dernier risque est lié au problème des armes autonomes et des questions morales qu'elles soulèvent.

La Chine a donc recommandé à la communauté internationale de se doter de mécanismes chargés d'étudier les risques militaires que posent les nouvelles technologies; d'adopter des codes éthiques destinés à encadrer les recherches scientifiques; et de créer un régime de non-prolifération efficace. Il est souhaitable de sortir la Conférence du désarmement de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis deux décennies, a conclu la Chine.

Le Bélarus a dit appuyer toute initiative visant la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, estimant que les lacunes actuelles dans ce domaine pourraient être comblées au moyen d'un code de conduite favorisant la transparence et portant sur la gestion des débris et des mouvements dans l'espace proche. Le Bélarus a indiqué soutenir le projet de traité sur la prévention du déploiement d'armes dans l'espace, présenté en 2008 par la Fédération de Russie et la Chine. Le Bélarus a par ailleurs jugé nécessaire d'interdire juridiquement la production de nouveaux types d'armement qui risquent de tomber entre les mains de groupes terroristes. Le Bélarus estime que la Conférence du désarmement est tout à fait habilitée à chercher des solutions à ce problème en particulier.

Le Pakistan a jugé nécessaire d'élaborer, au niveau international, des normes et des traités régissant l'utilisation des technologies de l'information et des télécommunications ainsi que du cyberespace. La Conférence est le lieu approprié pour ce faire, a estimé le Pakistan. Quant aux systèmes d'armes létales autonomes – décrits à juste titre comme étant la prochaine révolution dans la technologie militaire, après la poudre à canon et les armes nucléaires –, ils posent le problème éthique de la déshumanisation de la prise de décision et donc le risque de multiplication des actes violents, a souligné le Pakistan. Les États dotés de ce type d'armes ne doivent pas les utiliser de manière irréfléchie; l'expérience montre que les autres États finissent tôt ou tard par les acquérir eux aussi, de même que certains groupes non étatiques, avec des conséquences désastreuses. De l'avis du Pakistan, la Conférence devrait donc examiner la possibilité d'interdire la production et l'utilisation de ces armes. Le Pakistan a enfin estimé que la Conférence pourrait envisager de négocier l'élaboration d'un traité sur le bioterrorisme.

La Fédération de Russie a rappelé avoir proposé, il y a quelque temps déjà, de négocier une convention internationale contre le terrorisme biologique et chimique, dans le cadre du point de l'ordre du jour consacré au désarmement complet. De l'avis de la Fédération de Russie, la Conférence, étant donné son statut d'unique instance multilatérale de négociation sur les questions de désarmement, serait la meilleure instance pour discuter d'un tel instrument. La Fédération de Russie, consciente cependant de la réticence de certains autres États sur cette question, salue la volonté de compromis manifestée par d'autres délégations.

Estimant, eux aussi, que le terrorisme biologique et chimique mérite toute l'attention de la communauté internationale, les États-Unis ont remercié la délégation russe d'avoir révisé sa proposition sur la base des avis reçus. Mais ces amendements ne changent rien au fond du problème: la Conférence du désarmement n'est pas le lieu adéquat pour aborder cette question. Les États-Unis estiment que le cadre institutionnel international existant peut être utilisé à cette fin, car il ne présente pas de lacunes importantes qui faciliteraient des actes de terrorisme. Les États-Unis travaillent déjà avec la communauté internationale à la répression des acteurs non étatiques qui recourent au terrorisme.

Le Royaume-Uni a pour sa part fait observer que la proposition de programme de travail pour la Conférence qu'il avait déposée en début d'année était toujours valable.


Le Président de la Conférence du désarmement, l'Ambassadeur Luis Enrique Chávez Basagoitia du Pérou, a indiqué qu'il présenterait, lors de la prochaine séance plénière publique, mardi prochain, 20 juin, à 10 heures, le résultat des consultations qu'il mène actuellement au sujet du programme de travail de la Conférence.


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DC16/027F