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« Le Myanmar souffre atrocement et la désintégration des droits de l’homme se poursuit à une vitesse vertigineuse », indique le Haut-Commissaire aux droits de l’homme devant le Conseil des droits de l’homme
Alors qu’il présentait ce matin, devant le Conseil des droits de l’homme, son rapport sur la situation des droits de l’homme des musulmans rohingya et des autres minorités au Myanmar, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. Volker Türk, a déclaré que « nous sommes témoins d'un pays étouffé par un régime militaire illégitime ». « Le Myanmar souffre atrocement et la désintégration des droits de l'homme se poursuit à une vitesse vertigineuse », a déploré M. Türk. Il s'agit d'une crise emblématique d'un héritage de plusieurs décennies de domination militaire, d'étouffement de la dissidence et de division, a-t-il ajouté. En ce moment, cette même dynamique se joue sous une forme terrifiante avec les communautés rohingya et rakhine, a-t-il indiqué. « Nous entendons des histoires de tactiques de guerre horribles, telles que des décapitations, des attaques de drones de nuit, l'incendie des maisons pendant que les gens dorment », a insisté M. Türk.
Comme l'armée a perdu le contrôle d'une quantité considérable de territoire, elle a recours à des mesures de plus en plus extrêmes comme la conscription forcée, le bombardement aveugle des villes et des villages et des atrocités brutales, a-t-il également souligné.
L'armée du Myanmar continue d'avoir accès aux devises étrangères et aux armes dont elle a besoin pour soutenir sa campagne de terreur, tandis que le soutien financier international au peuple du Myanmar est – au mieux – « maigre », a regretté M. Türk.
« Mais j'ai aussi été témoin d'un profond sentiment d'espoir. Lors de mes discussions avec la société civile du Myanmar, les défenseurs des droits de l'homme et les communautés de réfugiés, il était clair qu'il y avait une nouvelle génération de jeunes de toutes les communautés ethniques qui mènent la lutte pour créer une vision inclusive pour l'avenir du Myanmar », a souligné le Haut-Commissaire. « Nous assistons à une révolution populaire contre des décennies d'oppression et de violence », a-t-il affirmé. Ainsi, dans certaines zones échappant au contrôle de l'armée, de nouvelles structures de gouvernance locale ont émergé, soutenues par des groupes armés ethniques et des militants. Ils fournissent de la nourriture, des abris, une éducation et des soins de santé à des centaines de milliers de personnes qui ne reçoivent que peu ou pas d'aide humanitaire, a indiqué le Haut-Commissaire.
M. Türk a appelé à la fin de la violence et des attaques contre les civils ; de la conscription forcée ; et du refus de l'aide humanitaire. Il a en outre appelé les pays de la région à assurer une protection internationale et à fournir un abri adéquat, un soutien et un accès à long terme aux services essentiels aux personnes fuyant la violence et la persécution.
De nombreuses délégations* ont participé au dialogue qui a suivi cette présentation. Nombre d’entre elles ont partagé les graves préoccupations exprimées par le Haut-Commissaire. Le conflit continue de s'intensifier à travers le Myanmar, causant des souffrances indicibles dans tout le pays, a-t-il été constaté.
Cet après-midi, à 15 heures, le Conseil, après avoir conclu son dialogue renforcé sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan – entamé en fin de matinée mais dont nous rendrons intégralement compte dans notre compte rendu de cet après-midi –, tiendra un dialogue autour du compte rendu oral que lui présentera la mission internationale indépendante d’établissement des faits pour le Soudan.
Rapport du Haut-Commissaire sur la situation des droits de l’homme des musulmans rohingya et des autres minorités au Myanmar
Le Conseil des droits de l’homme est saisi du rapport du Haut-Commissaire aux droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme des musulmans rohingya et des autres minorités au Myanmar (A/HRC/56/23, à paraître en français).
Présentation du rapport
Présentant ce rapport, M. VOLKER TÜRK, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a déclaré d’emblée qu’alors que le Conseil est réuni pour discuter une fois de plus du Myanmar, « nous sommes témoins d'un pays étouffé par un régime militaire illégitime ». « Le Myanmar souffre atrocement et la désintégration des droits de l'homme se poursuit à une vitesse vertigineuse. », a affirmé le Haut-Commissaire. Il s'agit d'une crise emblématique d'un héritage de plusieurs décennies de domination militaire, d'étouffement de la dissidence et de division, a-t-il poursuivi. En ce moment, cette même dynamique se joue sous une forme terrifiante avec les communautés rohingya et rakhine, a-t-il indiqué. « Nous entendons des histoires de tactiques de guerre horribles, telles que des décapitations, des attaques de drones de nuit, l'incendie des maisons pendant que les gens dorment. », a relevé M. Türk. Comme l'armée a perdu le contrôle d'une quantité considérable de territoire, elle a recours à des mesures de plus en plus extrêmes comme la conscription forcée, le bombardement aveugle des villes et des villages et des atrocités brutales, a-t-il également insisté.
Le Haut-Commissaire a indiqué qu’à l’occasion d'une visite en Asie du Sud-Est, il avait eu l'occasion d'entendre la société civile du Myanmar parler de l'escalade des impacts régionaux de la crise et du besoin urgent de leadership et d'influence pour mettre fin à cette catastrophe.
L'armée du Myanmar continue d'avoir accès aux devises étrangères et aux armes dont elle a besoin pour soutenir sa campagne de terreur, tandis que le soutien financier international au peuple du Myanmar est - au mieux - « maigre », a regretté M. Türk.
« Mais j'ai aussi été témoin d'un profond sentiment d'espoir. Lors de mes discussions avec la société civile du Myanmar, les défenseurs des droits de l'homme et les communautés de réfugiés, il était clair qu'il y avait une nouvelle génération de jeunes de toutes les communautés ethniques qui mènent la lutte pour créer une vision inclusive pour l'avenir du Myanmar », a souligné le Haut-Commissaire.
« Nous assistons à une révolution populaire contre des décennies d'oppression et de violence », a indiqué M. Türk. Ainsi, dans certaines zones échappant au contrôle de l'armée, de nouvelles structures de gouvernance locale ont émergé, soutenues par des groupes armés ethniques et des militants. Ils fournissent de la nourriture, des abris, une éducation et des soins de santé à des centaines de milliers de personnes qui ne reçoivent que peu ou pas d'aide humanitaire, a-t-il relevé.
Les conflits armés continuent de faire rage brutalement dans tout le pays, faisant de plus en plus de victimes civiles, a poursuivi M. Türk, avant de préciser que le bureau du Haut-Commissariat enquête sur plusieurs attaques signalées contre des civils dans l'État rakhine et à Sagaing ces derniers jours, avec un grand nombre de civils qui auraient été tués dans des frappes aériennes, des barrages d'artillerie navale et des fusillades. Le Haut-Commissaire a également fait part de ses préoccupations s’agissant de la situation dans d’autres régions comme à Maungdaw et à Buthidaung.
Il a également déclaré que la situation dans l'État rakhine n'est – tragiquement – qu'un exemple de la façon dont le coup d'État, qui a entraîné trois ans de conflit, a causé douleur et souffrance à tout un pays. Depuis février 2021, au moins 5280 civils, dont 1022 femmes et 667 enfants, ont été tués par l'armée. Au moins 26 865 personnes ont été arrêtées et 20 592 sont toujours en détention, a ajouté M. Türk.
Il y a maintenant trois millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays par ces conflits, la grande majorité n'ayant toujours pas d'abri approprié, sans accès à la nourriture ou à l'eau, a dénoncé M. Türk.
Le Haut-Commissaire a appelé à la fin de la violence et des attaques contre les civils ; de la conscription forcée ; et du refus de l'aide humanitaire. Il a également appelé les pays de la région à assurer une protection internationale et à fournir un abri adéquat, un soutien et un accès à long terme aux services essentiels aux personnes fuyant la violence et la persécution.
Aperçu du dialogue
De nombreuse délégations ont partagé les graves préoccupations exprimées par le Haut-Commissaire qui détaillent les attaques ciblées contre les civils, y compris contre les Rohingya, ayant conduit les populations à fuir vers la frontière du Bangladesh et entravé l'accès humanitaire. Le conflit continue de s'intensifier à travers le Myanmar, causant des souffrances indicibles dans tout le pays, ont constaté plusieurs délégations. Nombre d’entre elles ont dénoncé les attaques militaires aveugles qui ont fait de nombreuses victimes civiles, notamment des femmes, des enfants et des personnes appartenant à des minorités ethniques. Elles ont particulièrement dénoncé les attaques aériennes et les bombardements de maisons, d'écoles, de lieux de culte et d'hôpitaux, ainsi que les massacres, les persécutions, les tortures et les violences sexuelles et sexistes. Des préoccupations ont été exprimées s’agissant des informations qui font état de déplacements à Buthidaung.
Tous les groupes armés ont été appelés à assurer la protection des civils.
Des délégations se sont inquiétées de la mise en œuvre par le régime militaire de la loi sur la conscription qui augmente les déplacements de population et contribue à accroître l'instabilité et la violence. Dans l'État rakhine, le recrutement forcé de Rohingya divise davantage les communautés et fait remonter à la surface des tensions ethniques et de la méfiance profondément ancrées, a relevé une délégation. Dans ce contexte, une délégation s’est dite préoccupée par les informations faisant état de l'enrôlement forcé d'enfants par le régime.
La communauté internationale a été appelée à empêcher ou à arrêter le flux d'armes, de matériel militaire et de matériel à double usage [civil et militaire] à destination de l'armée du Myanmar.
Il est essentiel de garantir la justice et l'obligation redditionnelle pour toutes les violations des droits de l'homme, quels qu'en soient les auteurs, ont insisté plusieurs intervenants.
De nombreuses délégations ont également appelé les autorités du Myanmar à se conformer à l'ordonnance de la Cour internationale de Justice du 23 janvier 2020 sur les mesures conservatoires.
Plusieurs pays ont aussi appelé au rapatriement volontaire, sûr et digne des Rohingya du Bangladesh et d'autres États hôtes vers le Myanmar. De nombreux intervenants ont appelé les autorités à garantir l’accès humanitaire à tous.
Une délégation a dénoncé la politisation du Conseil, notamment de la part des États occidentaux, en recourant aux pressions et aux menaces, s’agissant de la question du Myanmar.
* Liste des intervenants : Australie (au nom d’un groupe de pays), Union européenne, Luxembourg (au nom du Benelux), Pakistan (au nom de l’Organisation de coopération islamique), Danemark (au nom d’un groupe de pays), Koweït, Irlande, Égypte, Japon, Iran, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Sierra Leone, Türkiye, Indonésie, Espagne, France, Maldives, Suisse, Chine, États-Unis, Bangladesh, Arabie saoudite, Fédération de Russie, Malte, Bélarus, Chypre, Géorgie, Royaume-Uni, Autriche, Ghana, Venezuela, Gambie, Inde, Malawi, Thaïlande, Viet Nam, République démocratique populaire lao, ainsi que : Asian Forum for Human Rights and Development ; CIVICUS - World Alliance for Citizen Participation ; Centre pour les droits civils et politiques - Centre CCPR; Association Ma'onah for Human Rights and Immigration ; Lawyers' Rights Watch Canada ; Human Rights Watch; Association caritative étudiante pour la jeunesse ; Legal Action Worldwide.
Remarques de conclusion
M. TÜRK a indiqué que si on regarde les « statistiques de l’horreur », il est clair que la situation au Myanmar a des conséquences internes pour la population du pays mais aussi aux niveaux régional et international. Plus de 18 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire au Myanmar mais aussi au Bangladesh, a souligné le Haut-Commissaire.
Il y a aussi une dimension genrée dans ce conflit, avec un grand nombre de victimes qui sont des femmes et des filles, a poursuivi le Haut-Commissaire. Les femmes et les filles ont en outre un accès limité à la santé et à l’éducation, et la conscription concerne aussi les femmes, a ajouté M. Türk.
Il faut davantage de créativité dans le domaine de la fourniture de l’aide humanitaire et dans la coopération transfrontalière, notamment via l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a également plaidé M. Türk.
Le Haut-Commissaire s’est tout particulièrement inquiété de la situation dans l’État rakhine et a appelé à davantage d’efforts dans la reddition des comptes.
Enfin, M. Türk a dénoncé les discours de haine à l’encontre des Rohingya et d’autres minorités sur les réseaux sociaux.
Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.
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