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Le Conseil tient une réunion-débat sur la participation des jeunes à la lutte contre les changements climatiques et entend M. Türk lui indiquer que la situation générale des droits de l’homme au Myanmar s’est encore détériorée
Le Conseil des droits de l’homme a tenu ce matin sa réunion-débat biennale sur les jeunes et les droits de l’homme, consacrée cette année à la participation des jeunes à la lutte contre les changements climatiques et à la prise des décisions relatives à l’environnement au niveau mondial. Il a ensuite tenu un dialogue avec le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. Volker Türk, après que ce dernier eut présenté son rapport sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.
Chaque jour, la population du Myanmar subit des attaques horribles, des violations flagrantes des droits de l'homme et l’effondrement de ses moyens de subsistance et de ses espoirs, a déclaré le Haut-Commissaire en présentant son rapport, qui couvre la période allant du 1er avril 2022 au 31 juillet 2023. Il a souligné que la situation générale des droits de l’homme au Myanmar s’est encore détériorée: les campagnes de violence généralisées perpétrées par l’armée se poursuivent.
Le Haut-Commissaire a dénoncé une série d’incidents – dont, a-t-il souligné, beaucoup sont d’une brutalité particulière – emblématiques d’une « négation systématique des droits de l’homme, de la vie humaine et de la dignité humaine ». Il a fustigé un « système de répression impitoyable » conçu pour contraindre et soumettre le peuple afin de préserver « les intérêts étroits d’une élite kleptocratique ». Les attaques militaires insensées exacerbent la crise des droits de l’homme avec des impacts humanitaires, politiques et économiques qui imposent un tribut insupportable à la population du Myanmar, a-t-il insisté.
M. Türk a précisé que trois tactiques militaires spécifiques sont dirigées contre la population civile : les frappes aériennes, les massacres et les incendies de villages. Il a précisé à cet égard que le recours croissant à la puissance aérienne, ainsi qu’à l'armement lourd, ne peut se faire que grâce à des achats auprès de sources étrangères.
S’agissant des opérations terrestres, M. Türk a précisé que dans nombre de ces opérations, les soldats sont entrés dans les villages, ont rassemblé ceux qui n’avaient pas fui et les ont exécutés, utilisant des « méthodes effroyables » pour infliger une douleur inimaginable à leurs victimes, notamment en les brûlant vives, en les démembrant, en les violant, en les décapitant, en les matraquant et en utilisant des villageois enlevés pour se protéger contre les attaques et les mines terrestres. Il s'agit là de l'inhumanité dans sa forme la plus vile, a insisté le Haut-Commissaire.
Le Haut-Commissaire a conclu sa présentation en appelant à l’adoption d’une nouvelle réflexion sur le Myanmar pour mettre fin à cette « tragédie indicible ».
Suite à cette présentation, de nombreuses délégations** ont pris part au dialogue avec le Haut-Commissaire.
En introduction à la réunion-débat sur la participation des jeunes à la lutte contre les changements climatiques, M. Türk a rappelé que les effets de la triple crise planétaire des changements climatiques, de la perte de biodiversité et de la pollution se faisaient déjà sentir aujourd'hui de manière dramatique, et a souligné que ce sont les jeunes qui en subiraient les conséquences. Mais ce sont également les jeunes, a ajouté le Haut-Commissaire, qui se manifestent pour exiger des gouvernements et des entreprises des mesures immédiates et ambitieuses face à cette crise sans précédent pour la planète et les droits de l'homme.
Le Haut-Commissaire a mentionné les obstacles, matériels et liés à leur sécurité, auxquels les jeunes se heurtent pour participer aux processus décisionnels, et ce en dépit de leur droit à participer en vertu du droit international relatif aux droits de l'homme et à l'environnement. M. Türk a demandé instamment aux États de donner la priorité à la participation des jeunes aux processus liés au climat et à l'environnement.
Mme Adriana Mira, Vice-Ministre des affaires étrangères d'El Salvador, a pour sa part indiqué que le Président Nayib Bukele avait fait de l'enfance et de la jeunesse, qui représentent 36% de la population salvadorienne, l'une des priorités de son administration. Dans cette optique, a-t-elle précisé, le Gouvernement salvadorien considère que les enfants doivent être pleinement intégrés dans l'éducation et la sensibilisation sociales.
La réunion-débat – à laquelle ont participé de nombreuses délégations* – a compté avec les contributions de Mme Evelyn Adzovi Addor, négociatrice pour le climat du Ghana, chargée des communications pour EcoCare Ghana et membre du Climate Youth Negociators Programme; M. Vishal Prasad, Directeur de campagne des Étudiants des îles du Pacifique en lutte contre les changements climatiques ; Mme Xiomara Acevedo Navarro, représentante du Global Youth Biodiversity Network et Directrice de Barranquilla+20, organisation de jeunes et de femmes en Colombie; et M. Zuhair Ahmed Kowshik, point focal pour les enfants et la jeunesse au Programme des Nations Unies pour le développement.
Le Conseil entamera cet après-midi, à 15 heures, son débat général au titre des situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent son attention (point 4 de l’ordre du jour).
Réunion-débat biennale sur les jeunes et les droits de l’homme
M. MARC BICHLER, Vice-Président du Conseil des droits de l’homme, a ouvert la discussion en indiquant qu’elle porterait, cette année, sur « la participation des jeunes à la lutte contre les changements climatiques et à la prise des décisions relatives à l’environnement au niveau mondial ».
Déclarations liminaires
M. VOLKER TÜRK, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a d’abord rappelé que les effets de la triple crise planétaire des changements climatiques, de la perte de biodiversité et de la pollution se faisaient déjà sentir aujourd'hui de manière dramatique, et que ce sont les jeunes qui en subiraient les conséquences. Mais ce sont également les jeunes, a ajouté le Haut-Commissaire, qui se manifestent pour exiger des gouvernements et des entreprises des mesures immédiates et ambitieuses face à cette crise sans précédent pour la planète et les droits de l'homme. M. Türk a cité à cet égard la campagne « World's Youth 4 Climate Justice » (La jeunesse du monde pour la justice climatique) ou encore la vague d’actions en justice liées au climat lancée par des enfants et des jeunes qui s'appuient ce faisant sur les principes des droits de l'homme.
Le Haut-Commissaire a ensuite mentionné les obstacles auxquels les jeunes se heurtent pour participer aux processus décisionnels relatifs aux changements climatiques et à l'environnement à l'échelle mondiale, et ce en dépit de leur droit à la participation en vertu du droit international relatif aux droits de l'homme et à l'environnement. Ces obstacles sont d’abord d'ordre pratique, qu'il s'agisse de contraintes financières, du manque de connectivité numérique ou d'une éducation limitée sur ces questions ; ils sont ensuite d’ordre sécuritaire, les jeunes défenseurs des droits de l'homme en matière d'environnement devant faire face à des menaces physiques et en ligne, au rétrécissement de l'espace civique et à la criminalisation de leurs activités légitimes, a indiqué M. Türk.
Dans ce contexte, le Haut-Commissariat a publié des lignes directrices sur la mise en œuvre effective du droit à la participation, largement diffusées par les réseaux de jeunes et constituant une ressource pratique pour les États, et a placé la participation des jeunes au cœur de son initiative « Droits humains 75 », a souligné le Haut-Commissaire. Le groupe consultatif de jeunes constitué par le Haut-Commissariat élabore actuellement une « déclaration de la jeunesse » inspirée d’une consultation auprès des jeunes, a-t-il précisé. M. Türk a demandé instamment aux États de donner la priorité à la participation des jeunes aux processus liés au climat et à l'environnement.
MME ADRIANA MIRA, Vice-Ministre des affaires étrangères d'El Salvador, a déclaré que le Président Nayib Bukele, le plus jeune président ayant été élu dans ce pays, avait fait de l'enfance et de la jeunesse, qui représentent 36% de la population salvadorienne, l'une des priorités de son administration. Dans cette optique, le Gouvernement salvadorien considère que les enfants doivent être pleinement intégrés dans l'éducation et la sensibilisation sociales. Le Gouvernement donne aux jeunes la possibilité d'occuper des postes de haut niveau dans différents secteurs et dans la prise de décisions. Pour cela, le Ministère de l'environnement et des ressources naturelles met en œuvre, depuis 2021, des programmes d'éducation et de formation à l'environnement dans les centres urbains de bien-être et d'opportunités (« CUBOS ») situés dans le pays.
En outre, en tant que manifestation de son engagement pour atténuer les changements climatiques, El Salvador applique le programme « Camp Vert » (Campamento Verde), que le Ministère de l'environnement et des ressources naturelles a mis en œuvre depuis 2020 dans le but de promouvoir la connaissance, de sensibiliser et d'éduquer les jeunes étudiants des établissements d'enseignement supérieur en vue de leur formation et de leur participation à la gestion de l'environnement au niveau des étudiants et en tant que futurs professionnels, a indiqué la Vice-Ministre. La collaboration intergénérationnelle et la mise en œuvre d'actions concrètes permettent de tracer une voie qui répond aux défis d'aujourd'hui et ouvre la voie aux générations à venir, a insisté Mme Mira.
Déclarations des panélistes
MME EVELYN ADZOVI ADDOR, négociatrice pour le climat du Ghana, chargée des communications pour EcoCare Ghana et membre du Climate Youth Negociators Programme, a relevé l’importance, pour assurer le développement durable des sociétés, non seulement de protéger les droits des jeunes, mais aussi de placer ces derniers au cœur de tous les processus de prise de décisions. Elle a souligné que le nombre de personnes âgées de 15 à 24 ans dans le monde devrait atteindre 1,3 milliard d’ici à 2030. Rien qu’en Afrique, le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans devrait atteindre 830 millions d’ici à 2050, a-t-elle indiqué. Les jeunes sont l'incarnation de notre avenir et des acteurs importants pour façonner le monde, a insisté Mme Adzovi Addor.
Des preuves scientifiques ont confirmé que la demande humaine croissante et non durable en ressources a plongé la planète dans une crise climatique mondiale qui menace l’avenir de tous les êtres humains, a poursuivi la panéliste. L’impact des changements climatiques sur les jeunes est significatif et multiforme, a-t-elle rappelé, soulignant que les jeunes sont confrontés à des risques accrus pour leur santé, notamment des problèmes respiratoires, la malnutrition, des maladies infectieuses, voire la mort. Les changements climatiques ont des répercussions sur le bien-être mental, du fait notamment de l’anxiété, de la peur et du sentiment d’impuissance qu’ils génèrent, a-t-elle ajouté. À titre d’exemple, elle a expliqué qu’au Ghana, l’éducation des jeunes filles est affectée par la pénurie d'eau, puisque ce sont les filles qui sont principalement responsables de la collecte de l’eau pour l’usage domestique. En affectant leur droit à l’éducation, ces facteurs perpétuent l’inégalité entre les hommes et les femmes, a-t-elle souligné.
Dans ce contexte, Mme Adzovi Addor a regretté que très peu d'espace soit créé pour permettre aux jeunes de prendre part aux processus de prise de décisions en matière de gouvernance environnementale aux niveaux communautaire, national et international. Les jeunes représentent une part importante de la population mondiale et sont directement touchés par les changements climatiques ; ce sont leurs rêves et leurs aspirations pour l’avenir qui sont compromis par l’utilisation non durable des ressources naturelles, a insisté Mme Adzovi Addor. En outre, les jeunes apportent à l’action climatique des perspectives, des connaissances, des innovations et des compétences uniques, a-t-elle ajouté, avant de se réjouir des initiatives visant à accroître la participation des jeunes aux discussions, comme l’augmentation du nombre de jeunes négociateurs lors de la 27ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27).
Malgré les progrès réalisés pour inclure les jeunes dans l’élaboration des politiques, plusieurs obstacles empêchent encore une participation significative des jeunes, a fait observer la panéliste, soulignant que l’un des principaux obstacles à la participation des jeunes réside dans l’accès à l'éducation climatique. Elle a en effet fait remarquer que la plupart des jeunes des pays en développement n’ont pas d’éducation de base sur les changements climatiques, leurs impacts et les solutions pour y faire face et que ce manque de connaissances empêche l’adoption de modes de vie axés sur l’adaptation au climat et l’atténuation de ses effets.
M. VISHAL PRASAD, Directeur de campagne des Étudiants des îles du Pacifique en lutte contre les changements climatiques, a relaté pour sa part l’expérience de 27 étudiants de l'Université du Pacifique Sud qui, en 2019, se sont réunis pour réfléchir à la manière d’utiliser le droit international pour lutter contre la crise climatique. Leur idée était de demander un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les obligations des États en matière de changements climatiques. Après quatre ans de campagne, avec le soutien de 132 pays, la résolution visant à demander un avis consultatif a été adoptée en mars de cette année. Pour M. Prasad, cette campagne réussie prouve que les jeunes peuvent contribuer à une action tangible et qu’ils sont capables de modifier le droit, les institutions et les systèmes internationaux, même si de nombreux obstacles doivent être surmontés ce faisant, en particulier le fait que les jeunes ne sont tout simplement pas pris au sérieux, ou encore l’idée fausse qu’ils n’auraient pas conscience des réalités concrètes. En réalité, les jeunes sont adaptables, et il importe que les États tirent parti de ce potentiel, a plaidé M. Prasad.
M. Prasad a insisté sur le fait que les jeunes sont de plus en plus désillusionnés par le fait que les systèmes existants ne fonctionnent pas ou qu'ils sont au service d'une minorité. La responsabilité, la transparence et l'honnêteté contribueront grandement à restaurer la confiance perdue dans les systèmes et structures actuels, a conclu le panéliste.
MME XIOMARA ACEVEDO NAVARRO, représentante du Global Youth Biodiversity Network (Réseau mondial des jeunes pour la biodiversité) et Directrice de Barranquilla+20, organisation de jeunes et de femmes en Colombie, a regretté que le potentiel de « la plus nombreuse génération de jeunes au monde » reste inexploité par les gouvernements, les organisations, les parties prenantes et les approches traditionnelles. Mme Acevedo Navarro a mis l’accent sur la nécessité de combler le fossé entre les aspirations des jeunes et leur participation authentique dans les processus décisionnels mondiaux en matière de climat et d'environnement. Cette inclusion des jeunes, a-t-elle insisté, passe notamment par l'adoption de l'intersectionnalité pour remédier aux vulnérabilités existantes, car les jeunes ne constituent pas un groupe homogène, ni un groupe neutre du point de vue du genre.
Mme Acevedo Navarro a recommandé de dégager des financements et des ressources pour les initiatives menées par les jeunes, étant donné que, par exemple, les jeunes reçoivent actuellement moins d’un pour cent des subventions accordées par les plus grandes fondations mondiales pour le climat. Elle a également recommandé de lever les obstacles pratiques qui empêchent les jeunes d’assister aux négociations en personne. Mme Acevedo Navarro a aussi demandé aux Nations Unies et aux États de soutenir la participation pleine et inclusive des peuples autochtones et des communautés locales, des femmes et des filles, des enfants et des jeunes, et des personnes handicapées, en particulier dans les pays du Sud, ainsi que de garantir la sécurité des défenseurs de l'environnement.
M. ZUHAIR AHMED KOWSHIK, point focal pour les enfants et la jeunesse au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé que les obstacles qui empêchent les jeunes de contribuer aux processus multilatéraux de gouvernance environnementale tiennent notamment au manque d’uniformité entre les différents mécanismes d’engagement de la société civile dans ces instances. Ces mécanismes donnent souvent aux jeunes l’impression d’être « marginaux » plutôt que des acteurs à part entière du processus décisionnel, a-t-il précisé, avant de proposer, pour relever ce défi, d’adopter un cadre unifié d’engagement de la société civile dans tous les processus multilatéraux de gouvernance environnementale.
M. Kowshik a toutefois constaté des exemples louables dans le domaine des conventions environnementales, où des efforts délibérés ont été faits pour faciliter et renforcer la participation significative des jeunes. Il a par exemple attiré l’attention sur les mesures prises par les Parties à la Convention sur les zones humides (Convention de Ramsar) lors de leur 14ème session l’année dernière pour encourager les gouvernements et les organisations internationales à inclure des jeunes dans leurs délégations et leurs activités de programme, et a fait observer qu’un groupe de travail [de la Convention Ramsar] sur la jeunesse, composé de représentants de la jeunesse de différentes régions, avait dans ce cadre été mis en place.
Parmi les autres obstacles (à la participation des jeunes), le panéliste a cité le manque de soutien au renforcement des capacités des jeunes et la faiblesse des normes en matière d’éducation à l'environnement et aux droits de l'homme. L’éducation est la pierre angulaire d'une participation informée et efficace, a-t-il rappelé, regrettant que les systèmes éducatifs actuels ne préparent souvent pas correctement les jeunes à s’engager dans les questions relatives à l’environnement et aux droits de l’homme. Cette lacune étouffe leur potentiel et compromet leur capacité à plaider efficacement en faveur d’un avenir durable, a-t-il insisté.
Pour M. Kowshik, il importe également de permettre aux jeunes d’accéder à des emplois décents, verts et durables. Donner aux jeunes les moyens de participer activement aux industries vertes n’est pas seulement une question de prospérité économique, mais aussi un droit humain fondamental, a-t-il affirmé, se réjouissant à cet égard du Pacte pour des emplois verts pour les jeunes (Green Jobs for Youth Pact) lancé conjointement par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), l'Organisation internationale du Travail (OIT) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).
Il est primordial de reconnaître que les jeunes ont des rôles divers, englobant l’esprit d'entreprise, la recherche scientifique, la recherche, l’expertise juridique, la perspicacité financière, et bien plus encore, a souligné le panéliste, plaidant pour assurer leur participation active aux plates-formes scientifiques et politiques influentes telles que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). M. Kowshik a conclu son propos en appelant à l’adoption d’une résolution sur la jeunesse, lors de la sixième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui mette en lumière le rôle indispensable que les jeunes assument dans l’avancement du multilatéralisme environnemental.
Aperçu du débat
Des délégations ont insisté sur le fait que pour faire face aux effets dévastateurs de la « triple crise planétaire » évoquée par M. Türk, il fallait obtenir la collaboration de toutes les générations, en particulier la jeunesse, dont l’action – et il faut commencer par admettre ce fait – peut contribuer à répondre aux défis de l’avenir. La participation des jeunes dans la prise de décisions n’est pas facultative, mais bien une nécessité afin de parvenir à une approche équilibrée pour réaliser le développement durable et assurer un avenir respectueux des droits et des aspirations des générations futures, a-t-il été affirmé.
À cet égard, l'engagement pris par les Émirats arabes unis, qui accueilleront la prochaine Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, de veiller à ce que la COP28 soit inclusive pour tous, en particulier pour celles et ceux qui sont en première ligne face aux changements climatiques, dont les jeunes, a été jugé très positif.
Plusieurs initiatives destinées à renforcer la participation des jeunes dans les forums internationaux et dans les instances décisionnelles nationales ont été mentionnées, telles leur intégration dans des délégations officielles, la désignation d’« ambassadeurs de la jeunesse pour les changements climatiques », la création d’une plate-forme permanente de préparation des jeunes aux travaux des COP ou encore la possibilité donnée à des groupes de jeunes de disposer de fonds publics destinés à des activités pour le climat et l’environnement aux niveaux municipal et local.
Des délégations ont recommandé de combler le manque de ressources financières, de soutien institutionnel et de formation afin de faciliter la participation des jeunes aux forums et initiatives relatifs au climat et à l’environnement. Il faut plus généralement éliminer la discrimination, la violence et la négligence, qui empêchent la pleine réalisation des droits humains des jeunes, a demandé un groupe de pays.
La grande vulnérabilité des jeunes et des enfants face aux effets des changements climatiques a été soulignée, de même que la menace véritablement existentielle que les changements climatiques font peser sur les petits États insulaires. Des organisations non gouvernementales ont attiré l’attention sur le lien entre la justice climatique et les droits et la santé sexuels et reproductifs, ainsi que sur la nécessité pour les dirigeants mondiaux de tenir compte des problèmes des enfants.
Un intervenant a relevé que l'influence de la jeunesse sur les processus décisionnels était très limitée, ce qui entraîne de la méfiance [des jeunes] à l'égard des institutions politiques et des autorités locales et diminue la motivation et l'engagement des jeunes. Il a été recommandé au Conseil des droits de l’homme de créer un mandat sur les droits de l’enfant.
*Liste des intervenants : Bahamas, Maldives (au nom d’un groupe de pays), El Salvador (au nom d'un groupe de pays), Oman (au nom du Conseil de coopération du Golfe), Libye (au nom du Groupe des États arabes), Timor-Leste (au nom de la Communauté des pays de langue portugaise), Union européenne, Émirats arabes unis, Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Lituanie, Portugal, Allemagne, Conseil national des droits de l’homme du Maroc (institution nationale de droits de l’homme), Congrès juif mondial, Stichting CHOICE for Youth and Sexuality, Qatar, Finlande, État plurinational de Bolivie, Samoa, Iraq, Bahreïn, Italie, Émirats arabes unis, Croatie, Irlande, Malawi, Belgique, Vision Mondiale Internationale, Alliance internationale d'aide à l'enfance et Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice delle Salesiane di Don Bosco.
Remarques de conclusion des panélistes
MME ADZOVI ADDOR a recommandé que davantage de jeunes jouent un rôle actif dans l’action relative au climat. Elle a aussi demandé que l’on cesse de polluer et de détruire les écosystèmes. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme devrait quant à lui aider les jeunes à défendre leurs droits pendant les négociations sur le climat.
M. PRASAD a plaidé pour mettre fin au statu quo, unique moyen selon lui de résoudre les crises actuelles relatives au climat et aux droits de l’homme, et a souligné que la participation des jeunes est cruciale à cet égard. Il faut élargir le champ d’action des jeunes aux plus hauts niveaux et faire en sorte qu’ils puissent participer de manière structurée, a recommandé M. Prasad.
MME ACEVEDO NAVARRO a elle aussi demandé aux dirigeants de remettre en cause le statu quo. L’Accord de Paris ne pourra être appliqué sans la participation des jeunes, a-t-elle fait remarquer.
M. KOWSHIK a relevé qu’au Bangladesh, la participation des jeunes aux travaux politiques restait difficile, la plupart des politiciens étant réticents, comme dans de nombreux autres pays. Il faut donc faire pression à tous les niveaux pour obtenir une plus grande participation des jeunes et uniformiser les procédures à cet égard. M. Kowshik a insisté sur le fait que les jeunes ne sont pas seulement les leaders de demain, mais aussi des leaders pour aujourd’hui ; il a espéré que le débat de ce jour ne resterait pas limité à l’enceinte du Conseil des droits de l’homme.
Dialogue autour du rapport du Haut-Commissaire sur la situation des droits de l'homme au Myanmar
Le Conseil est saisi d’un rapport du Haut-Commissariat sur la situation des droits de l’homme au Myanmar (A/HRC/54/59, à paraître en français).
Présentation
Chaque jour, la population du Myanmar subit des attaques horribles, des violations flagrantes des droits de l'homme et l’effondrement de ses moyens de subsistance et de ses espoirs, a déclaré M. VOLKER TÜRK, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, en entamant la présentation de son rapport, qui couvre la période allant du 1er avril 2022 au 31 juillet 2023. Il a souligné que la situation générale des droits de l’homme au Myanmar s’est encore détériorée: les campagnes de violence généralisées perpétrées par l’armée se poursuivent, au mépris total des principes fondamentaux de l’humanité et des demandes répétées du Conseil de sécurité des Nations unies pour une cessation immédiate des hostilités et un accès humanitaire sans entrave.
Le Haut-Commissaire a dénoncé une série d’incidents – dont, a-t-il souligné, beaucoup sont d’une brutalité particulière – emblématiques d’une « négation systématique des droits de l’homme, de la vie humaine et de la dignité humaine ». Il a fustigé un « système de répression impitoyable » conçu pour contraindre et soumettre le peuple afin de préserver « les intérêts étroits d’une élite kleptocratique ». Les attaques militaires insensées exacerbent la crise des droits de l’homme avec des impacts humanitaires, politiques et économiques qui imposent un tribut insupportable à la population du Myanmar, a-t-il insisté.
Très concrètement, M. Türk a fait observer que la restriction imposée à l’accès humanitaire après les destructions causées par l’ouragan Mocha en mai dernier est un exemple clair de la manière dont l’armée privilégie ses propres intérêts politiques au détriment du bien-être d’une population qui a cruellement besoin d’une aide vitale. Il a également souligné que les habitants de l'État rakhine, y compris les membres de la communauté rohingya, continuent d’être privés de nourriture, de médicaments et des matériaux nécessaires à la reconstruction de leurs maisons et de leurs vies.
Après avoir fait état de 4108 décès imputables à l’armée et à ses affiliés, le Haut-Commissaire a précisé que trois tactiques militaires spécifiques sont dirigées contre la population civile : les frappes aériennes, les massacres et les incendies de villages. Entre le 1er avril 2022 et le 31 juillet 2023, l’armée a effectué 687 frappes aériennes, s’est-il inquiété. Le Haut-Commissaire a précisé à cet égard que ce recours croissant à la puissance aérienne, ainsi qu’à l'armement lourd, ne peut se faire que grâce à des achats auprès de sources étrangères. L’armée dépend de l’accès aux devises étrangères pour acheter du matériel militaire, des services de soutien et du carburant d’aviation, a-t-il souligné, se félicitant à cet égard des récentes mesures imposées spécifiquement pour limiter l'achat de kérosène qui sert à des fins militaires.
S’agissant des opérations terrestres, elles ont donné lieu à 22 incidents documentés de massacres de 10 personnes ou plus, a poursuivi le Haut-Commissaire. Il a précisé que dans nombre de ces opérations, les soldats sont entrés dans les villages, ont rassemblé ceux qui n’avaient pas fui et les ont exécutés, utilisant des « méthodes effroyables » pour infliger une douleur inimaginable à leurs victimes, notamment en les brûlant vives, en les démembrant, en les violant, en les décapitant, en les matraquant et en utilisant des villageois enlevés pour se protéger contre les attaques et les mines terrestres. Il s'agit là de l'inhumanité dans sa forme la plus vile, a insisté le Haut-Commissaire.
M. Türk a ajouté que les incendies de villages et d’infrastructures civiles continuent de terroriser la population, en particulier - mais pas uniquement - dans la région centrale de Sagaing. Plus de 75 000 structures - dont des maisons, des entrepôts de nourriture, des banques de semences et du bétail - ont été détruites, entraînant déplacements de populations et augmentation considérable des besoins humanitaires et de protection, notamment pour les personnes particulièrement exposées, comme les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées.
Le Haut-Commissaire a par ailleurs indiqué que les violences commises par les groupes armés antimilitaristes, notamment les assassinats ciblés et les attentats à la bombe dans les lieux publics, persistent également. Il a rappelé que bien que l’ampleur de ces violations ne soit pas comparable à celles perpétrées par les militaires, il reste essentiel que les groupes qui s’opposent à l’armée respectent pleinement le droit international humanitaire et les droits de l'homme.
Poursuivant la présentation de son rapport, M. Türk a indiqué que 24 836 personnes ont été arrêtées, dont 150 ont été condamnées à mort par des tribunaux contrôlés par l’armée qui n’ont aucune indépendance ou respect des droits à une procédure régulière ou à un procès équitable. Plus de 7368 personnes ont été condamnées lors de procès ad hoc, dont la plupart n’ont duré que quelques minutes et se sont déroulés sans avocat. Le Haut-Commissaire a également indiqué que les militaires ont continué à menacer de poursuites judiciaires toute personne rapportant des chiffres différents de leur propre bilan officiel du cyclone Mocha, qui s'élève à 116 morts. Il a indiqué à titre d’exemple que le 6 septembre dernier, un tribunal militaire a condamné un photojournaliste à 20 ans de prison pour sa couverture de la situation post-cyclonique dans l’État rakhine.
Le Haut-commissaire a regretté que le consensus en cinq points de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) qui vise à rétablir la stabilité au Myanmar ait été ignoré par les militaires, bien qu'ils en aient accepté les termes. Il a conclu sa présentation en appelant à l’adoption d’une nouvelle réflexion sur le Myanmar pour mettre fin à cette « tragédie indicible ». Il a à cet égard salué la décision de l'ANASE d'essayer une nouvelle approche, en introduisant un mécanisme de troïka. Il a également réitéré son appel à tous les États et autres acteurs influents pour qu’ils soutiennent les efforts de désescalade de cette crise et veillent à ce que toutes les personnes vulnérables au Myanmar puissent exercer leurs droits fondamentaux et recevoir toute l’assistance nécessaire.
Aperçu du dialogue
Les conclusions du rapport du Haut-Commissariat sont indéniablement effroyables, a souligné une délégation, ajoutant que la multiplication des attaques brutales contre la population civile et les massacres témoignent clairement d'un mépris inacceptable pour la vie humaine. Une autre délégation s’est alarmée de l’escalade, en termes de nombre, de type, d’intensité et de brutalité, des attaques menées par l’armée du Myanmar contre la population civile, y compris contre les minorités ethniques et religieuses. Le tableau dressé dans le rapport du Haut-Commissaire est celui d'un pays en proie à la violence, à la répression et à la peur, a renchéri un intervenant, alors qu’une autre délégation a fait observer que la peur d'être déporté et torturé est courante dans le pays et que la faim y fait rage.
Nombre de participants au dialogue ont dénoncé les exécutions, meurtres, tortures, détentions arbitraires, disparitions forcées, viols en détention, déplacements de populations et persécutions au Myanmar, une délégation faisant observer que certains de ces actes peuvent être constitutifs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
La situation de la communauté rohingya a tout particulièrement retenu l’attention des participants, une délégation rappelant que cette minorité a été victime pendant des décennies de discrimination institutionnalisée, de marginalisation et de persécution. Un appel a été lancé pour permettre le retour volontaire et en toute sécurité des réfugiés rohingya.
Une délégation s’est alertée de la montée de la criminalité transnationale dans la région, s’agissant notamment de la production d'opium et du trafic d’êtres humains impliquant des réfugiés rohingya qui, a souligné cette délégation, languissent depuis bien trop longtemps dans les camps.
Une intervenante a déploré qu’en août dernier, « la junte du Myanmar » ait reporté les élections promises, prolongeant ainsi son « règne illégitime » pour la quatrième fois. Un autre intervenant a exprimé sa préoccupation face à l’appauvrissement de la population du Myanmar, faisant observer qu’un tiers de la population totale vit déjà en dessous du seuil de pauvreté.
Dans ce contexte, les autorités ont notamment été enjointes à assurer un accès humanitaire total et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin ; à cesser les exécutions et à adopter un moratoire sur l’application de la peine de mort ; à respecter les droits de minorités, en particulier des Rohingya ; à rétablir les institutions démocratiquement élues et à engager un dialogue pacifique avec toutes les parties prenantes. Il faut restaurer la démocratie et cesser la violence contre la population du Myanmar, a insisté une délégation.
Une délégation a plaidé pour des sanctions internationales plus complètes, plus concrètes et plus significatives contre le Myanmar, y compris un embargo mondial sur les armes à destination de ce pays, afin de réduire la capacité de l'armée à poursuivre sa campagne de violence et de répression. Une ONG a déploré que des États qui continuent de plaider pour une solution politique pacifique aux crises s’opposent ou font obstruction à l’action internationale visant à interdire la fourniture et la vente d'armes au Myanmar.
Une autre délégation a pour sa part souhaité la fin des mesures coercitives unilatérales imposées au Myanmar, estimant qu’elles causent des souffrances indescriptibles à sa population et violent ses droits les plus fondamentaux.
Une délégation s’est dite convaincue que la normalisation de la situation dans le pays doit être entreprise par le peuple du Myanmar lui-même. Il ne faut pas aggraver la situation, mais encourager toutes les forces politiques du Myanmar à faire preuve de retenue et à éviter toute mesure conduisant à une escalade de la violence et à une polarisation de l’opinion publique, a-t-elle affirmé.
Une autre délégation a pour sa part estimé que face à cette situation profondément préoccupante, la communauté internationale ne doit pas rester silencieuse et doit demander des comptes aux auteurs de toutes les violations. Jusqu’à quand la communauté internationale peut-elle rester en retrait alors que la situation se détériore, a demandé un autre intervenant ?
**Liste des intervenants : Union européenne, Australie (au nom d’un groupe de pays), Pakistan (au nom de l’Organisation de la coopération islamique), Italie, République tchèque, Libye, Koweït, Luxembourg, États-Unis, Türkiye, Allemagne, France, Arabie saoudite, Géorgie, Malaisie, Thaïlande, Chine, Indonésie, Fédération de Russie, Bangladesh, Maldives, Royaume-Uni, République démocratique populaire lao, Venezuela, Espagne, Gambie, Inde, Edmund Rice International Limited, Human Rights Now, Federatie van Nederlandse Verenigingen tot Integratie Van Homoseksualiteit, Jubilee Campaign, Centre pour les Droits Civils et Politiques - Centre CCPR, Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement, CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens, Article 19 - Centre international contre la censure , International Bar Association, et Meezaan Center for Human Rights.
Réponses et remarques de conclusion du Haut-Commissaire
M. TÜRK a souligné que les Nations Unies ont été confrontées à des difficultés et des « entraves excessives » pour acheminer l’aide humanitaire après le passage de l’ouragan Mocha. En conséquence, la situation humanitaire est extrêmement grave, a-t-il indiqué.
Une délégation ayant demandé comment soutenir la société civile du pays, le Haut-Commissaire a estimé important de continuer à assurer un financement direct aux organisations qui œuvrent sur le terrain.
Affirmant que la situation au Myanmar est « l’une des pires crises humanitaires » auxquelles le monde est confronté, le Haut-Commissaire a estimé que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité doivent absolument rester saisis de cette situation.
Il faut aussi faire pression pour que le consensus en cinq points de l’ANASE soit respecté par les militaires qui l’ont accepté, a par ailleurs indiqué le Haut-Commissaire.
M. Türk a par ailleurs appelé à examiner les intérêts économiques des militaires pour trouver des moyens de leur couper les vivres. Il faut que les entreprises opérant au Myanmar cessent de travailler avec des entités liées à l’armée, a-t-il souligné.
Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.
Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.
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