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Conseil des droits de l’homme : la Première Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine appelle tous les États à participer au débat urgent que tiendra demain le Conseil
Au troisième jour de son débat de haut niveau, le Conseil des droits de l’homme a entendu cet après-midi les déclarations d’une vingtaine de hauts dignitaires, parmi lesquels la Première Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, Mme Emine Dzhaparova.
Les intervenants qui se sont exprimés cet après-midi ont une nouvelle fois largement condamné l’agression russe contre l’Ukraine. Mme Dzhaparova a dénoncé les allégations mensongères proférées par le Président Poutine qui a accusé l’Ukraine de perpétrer un soi-disant génocide et a appelé à la démilitarisation et à la dénazification de ce pays. Ceci montre que le Président Poutine et l’administration russe vivent dans un univers parallèle, a-t-elle déclaré. Mme Dzhaparova a par ailleurs affirmé qu’il n’y avait pas d’objectif stratégique particulier lorsque la place centrale de Kharkiv a été bombardée et pilonnée. Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé après ces événements que la Fédération de Russie devait être considéré comme un État terroriste, a-t-elle indiqué.
Alors que demain le Conseil tiendra un débat urgent sur la situation des droits de l'homme en Ukraine suite à l’agression russe et se penchera sur un projet de résolution visant à créer une commission d’enquête sur les crimes commis par la Fédération de Russie en Ukraine, Mme Dzhaparova a appelé tous les États à participer à ce débat en amont de l’adoption de la résolution. « Le moment n'est pas venu de verser des larmes : nous le ferons après notre victoire et alors nous pleurerons de joie », a-t-elle affirmé.
De nombreux intervenants cet après-midi ont en outre attiré l’attention sur les conséquences que la pandémie de COVID-19 a eues sur les droits de l’homme partout dans le monde et plus particulièrement pour les personnes les plus vulnérables. Dans ce contexte, d’aucuns ont insisté sur la nécessité d’agir urgemment pour assurer un accès équitable aux vaccins dans le monde entier. L’enjeu environnemental, en particulier au regard des conséquences des changements climatiques, a également été évoqué à maintes reprises. A été salué le fait que le Conseil ait reconnu l’an dernier qu’un environnement propre, sain et durable est un droit de l’homme fondamental.
Au cours de cette séance, des hauts dignitaires des pays ci-après ont pris la parole : Mali, Macédoine du Nord, Zimbabwe, Somalie, Lettonie, Éthiopie, Ouganda, Honduras, Hongrie, Ouzbékistan, Ukraine, Albanie, Lesotho, Bolivie et Slovaquie. Le Grand Chancelier de l’Ordre souverain de Malte, la Secrétaire générale du Commonwealth, la Présidente de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, ainsi que la Haute-Commissaire assistante chargée de la protection au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ont également fait des déclarations.
Demain matin, à 10 heures, le Conseil achèvera son débat de haut niveau et engagera son débat urgent sur la « situation des droits de l’homme en Ukraine résultant de l’agression russe ».
Suite du débat de haut niveau
M. Abdoulaye Diop, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République du Mali, a déclaré que « les plus hautes Autorités de la Transition […] réaffirment clairement et sans ambiguïté l’attachement indéfectible du Mali à la démocratie, à l’état de droit et à l’indépendance de la justice, à la bonne gouvernance, à la promotion de la femme et au respect des droits et libertés aussi bien de nos compatriotes que de tou s les hôtes du Mali ». Il a ajouté que « n’eussent été les vicissitudes de l’histoire qui ont plongé [le] pays dans une crise multidimensionnelle aux causes à la fois endogènes et exogènes depuis 2012, le Mali figurait dans le peloton de tête des nations les plus respectueuses de la démocratie, de l’état de droit, des droits de l’homme et des libertés fondamentales en Afrique voire dans le monde ». La leçon que nous tirons de cette épreuve est que ces valeurs ne sont pas définitivement acquises, a-t-il souligné, avant d’ajouter que ces valeurs commandent que tous les efforts soient faits pour « aider le Mali à se relever de cette crise, surtout quand les causes de celles-ci ne lui sont pas exclusivement imputables ».
Chacun comprendra que « la sécurisation du territoire contre les attaques barbares et indiscriminées de divers groupes armés terroristes et autres forces du mal contre les populations civiles sans défense, les Forces internationales et les Forces de défense et de sécurité maliennes, soit aujourd’hui érigée au rang de priorité nationale, conformément aux recommandations pertinentes des Assises nationales de la Refondation, tenues tout au long de décembre 2021 », a poursuivi le Ministre. Il a regretté les sanctions illégales et disproportionnées qui frappent actuellement le Mali et qui privent les populations de leurs droits économiques, sociaux et culturels les plus élémentaires. Toutefois, a-t-il ajouté en insistant sur le lien qui unit son pays à la CEDEAO, le Mali a décidé de ne pas fermer la porte au dialogue, « l’objectif étant d’arriver à concilier les attentes de cette Organisation avec les aspirations du peuple malien au changement, qui ne saurait se réduire à un simple exercice électoral voire électoraliste ».
« En ce qui concerne la situation actuelle au centre du Mali, le Gouvernement poursuit la mise en œuvre de la Stratégie de gestion intégrée de la crise au Centre du Mali à travers des mesures politiques et sécuritaires, notamment le renforcement du dispositif de sécurité et le dialogue envisagé avec nos compatriotes modérés », a expliqué M. Diop. La crise que vit le Mali ne saurait être durablement jugulée sans une lutte résolue contre l’impunité sous toutes ses formes, a-t-il souligné. C’est cet esprit qui a sous-tendu la tenue, courant de l’année 2021, de plusieurs sessions spéciales d’assisses pour juger, notamment, des crimes de terrorisme, des crimes transnationaux organisés ainsi que des infractions liées à la délinquance économique et financière, a-t-il affirmé.
M. BUJAR OSMANI, Ministre des affaires étrangères de la Macédoine du Nord, a déclaré dénoncé et condamné « fermement l'agression militaire du Kremlin contre l'Ukraine ». C'est une atteinte grave à l'intégrité territoriale et à la souveraineté d'un État indépendant, a-t-il souligné, avant d’appeler la Fédération de Russie à cesser immédiatement toutes les hostilités, à retirer son armée d'Ukraine et à respecter pleinement les normes et principes internationaux. Nous espérons que les négociations en cours aboutiront à des résultats adéquats, car l'humanité ne peut pas accepter une guerre au XXIème siècle, a-t-il ajouté.
M. Osmani a ensuite estimé que les droits de l'homme devraient être au centre des intérêts et des préoccupations de toute société. Une attention particulière doit être accordée aux droits des femmes et des enfants, a-t-il indiqué. La Macédoine du Nord soutient fermement le travail du Conseil des droits de l'homme et c'est pourquoi elle est candidate pour en devenir membre pour la période 2025-2027, a déclaré le Ministre. Il a assuré que la protection et la promotion des droits de l'homme, la coopération multilatérale et l'ordre international constituent des éléments essentiels de la politique étrangère de son pays. La Macédoine du Nord poursuit ses aspirations dans le domaine de l'intégration européenne et à cet égard, toutes les activités sont entreprises pour aligner les positions du pays sur celles de l'Union européenne et répondre aux critères nécessaires, a ajouté le Ministre, avant de rappeler que son pays présiderait l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2023.
M. ZIYAMBI ZIYAMBI, Ministre de la justice et des affaires juridiques et parlementaires du Zimbabwe, a déclaré que son Gouvernement avait soumis ses rapports périodiques au titre du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi qu’au titre de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Au Zimbabwe, l’indépendance de la justice est consacrée par la Constitution, a-t-il en outre affirmé, avant d’indiquer que des élections locales et régionales se tiendraient sous peu.
Le Ministre a ensuite fait part des objectifs que son pays se fixait en matière de développement. Il a mentionné la nouvelle politique relative au handicap, des amendements à la loi sur l’éducation ou encore la préparation d’une politique sur les migrations. En outre, dans le cadre de la réforme de la loi foncière, quelque 900 anciens exploitants ont recouvré leurs terres et 4000 personnes expropriées ont reçu des indemnisations, a précisé le Ministre. M. Ziyambi a aussi décrit les dispositions prises par son Gouvernement contre la pandémie de COVID-19, grâce auxquelles une proportion de près de 40% de la population est désormais totalement vaccinée. Il a remercié la Chine, l’Inde et la Fédération de Russie de leur appui, sans lequel le Zimbabwe n’aurait pas atteint de si bons résultats. Le Ministre a enfin demandé aux pays qui continuent d’infliger des mesures coercitives unilatérales au Zimbabwe de prendre conscience des dégâts que ces mesures causent à une population innocente et de les lever.
M. Abdisaid Muse Ali, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Somalie, a expliqué qu’en tant que nation qui vient de se remettre d’un conflit, la Somalie se trouve dans une position unique pour partager sa vaste expérience en matière de défense des droits de l’homme dans un environnement difficile. Néanmoins, aujourd’hui, [le groupe] Al-Shabaab a transcendé les frontières à un rythme alarmant, a pris une dimension transnationale et possède désormais des capacités sophistiquées et des objectifs plus larges, s’est inquiété le Ministre somalien.
En outre, s’agissant de la résolution sur la piraterie, M. Ali a indiqué que le Gouvernement de la Somalie estime que la piraterie ne constitue plus une menace importante pour la paix régionale et mondiale. Le texte actuel ne remplit plus son objectif initial. Plus important encore, la résolution n’est pas bien coordonnée et n’a plus de résultats tangibles pour la Somalie. Le Ministre a souhaité attirer l’attention du Conseil sur les pirates somaliens présumés dont les droits de l’homme ont été violés. Dans la plupart des cas, a-t-il expliqué, les pirates présumés sont arrêtés et emmenés dans des pays étrangers où ils sont privés d’une procédure régulière et finissent dans des prisons pendant plusieurs années. Il y a là lieu de s’inquiéter car la communauté internationale a autorisé certaines actions, telles que le déni d’une procédure régulière, la torture et les restitutions, pour lutter contre les menaces de piraterie, a insisté le Ministre. Il a rappelé que les droits de l’homme sont universels et que l’universalité signifie qu’ils doivent être respectés par tous, sans discrimination.
M. EDGARS RINKĒVIČS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a condamné l’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie. Outre une violation du droit international et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, il s’agit d’une « attaque barbare », a-t-il souligné, avant d’ajouter que les responsables de ces actes doivent en répondre et qu’il faudrait dans ce contexte explorer tous les moyens pour y parvenir. Une commission internationale indépendante doit être mise sur pied, a-t-il proposé.
Le Ministre letton a attiré l’attention sur les conséquences humanitaires des actions de la Fédération de Russie et a souligné que le système des Nations Unies devrait être capable de répondre à une telle situation. Il a dit soutenir toutes les actions que prendra le Haut-Commissariat en la matière.
M. GEDION HESSEBON, Ministre de la justice de la République fédérale démocratique d’Éthiopie, a dénoncé « la tentative d'une organisation politique militante de provoquer un changement anticonstitutionnel de gouvernement par le recours à la force », tentative qui a donné lieu « à un conflit tragique aux conséquences désastreuses pour les plus vulnérables ». Ce même groupe a envoyé « ses troupes et ses mandataires dans un déchaînement de violence gratuite contre les civils », a dénoncé le Ministre éthiopien. Heureusement, a-t-il poursuivi, le Gouvernement éthiopien a réussi à inverser la plupart des gains territoriaux réalisés par ce groupe terroriste et, pour éviter de nouvelles effusions de sang, a mis un terme à l'avancée de ses propres troupes. Le Gouvernement éthiopien explore activement toutes les possibilités pour faire taire les armes et clore ce chapitre tragique, a assuré le Ministre de la justice, précisant que l’état d’urgence avait été levé et certaines personnes détenues libérées.
Le Gouvernement a coopéré avec l'équipe conjointe déployée par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et la Commission éthiopienne des droits de l'homme pour enquêter sur les allégations de graves violations des droits de l'homme dans le contexte du conflit, a fait valoir M. Hessebon, avant d’ajouter que son Gouvernement avait créé un groupe de travail interministériel chargé de mettre en œuvre les recommandations de ladite enquête. « Nous souhaitons laisser derrière nous la laideur de la guerre grâce au pardon, nous voulons forger une paix durable sans l'injustice de l'impunité ni le poison de la vindicte », a conclu le Ministre.
M. Odongo Jeje Abubakhar, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a expliqué que le Fonds d’affectation spéciale pour l’assistance technique à l’appui de la participation des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en développement (PEID) aux travaux du Conseil des droits de l’homme, qui fête cette année ses 10 ans, a grandement contribué au renforcement des capacités des bénéficiaires et permit la participation de nombreuses délégations – y compris celle de l’Ouganda – aux travaux du Conseil. Le Ministre s’est ensuite dit impatient de recevoir le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels dans le contexte de la pandémie.
L’Ouganda a adopté divers programmes pour permettre l’autonomisation de chacun, a poursuivi le Ministre. Grâce à une initiative gouvernementale, les plus vulnérables peuvent bénéficier d’un financement pour lancer leur activité. Le pays a aussi pris des mesures pour appliquer les Principes directeurs relatifs aux droits de l’homme et aux entreprises. La pandémie a permis à l’Afrique de prendre conscience de la nécessité pour elle de développer ses propres capacités en matière de médicaments et de vaccins. L’Ouganda veille par ailleurs à ce que la reprise post-COVID s’inscrive dans la durée. Le Gouvernement ougandais est déterminé à promouvoir et protéger les droits de l’homme et promouvoir la coopération dans ce domaine, a conclu le Ministre.
M. Albrecht Freiherr von Böselager, Grand Chancelier et Ministre des affaires étrangères de l'Ordre souverain de Malte, a fait observer que chaque jour, le monde est témoin de violations massives des droits de l’homme alimentées par la pandémie mondiale de COVID-19, par un nombre croissant de conflits armés et de crises prolongées, ainsi que par des catastrophes naturelles souvent liées au changement climatique. Le Conseil des droits de l’homme est le seul organe international qui s’occupe de toutes les questions liées à la protection, à la promotion et à la mise en œuvre des droits de l’homme et son travail est donc essentiel pour résoudre les tensions et favoriser des sociétés pacifiques, a-t-il souligné.
L’augmentation de l’extrême pauvreté est particulièrement préoccupante, car la vie de millions de personnes a été affectée par la perte de moyens de subsistance, a poursuivi le Grand Chancelier. La voie de la reprise après le COVID-19 doit donc inclure l’élimination de toutes les formes de discrimination en renforçant les droits à la santé et à la protection sociale, en mettant fortement l’accent sur l’égalité pour ce qui est de l’accès aux vaccins et de leur distribution. Une attention particulière devrait être accordée à la sauvegarde des droits des communautés minoritaires qui sont menacées par les politiques visant à éradiquer leur identité culturelle et religieuse, a ajouté le Grand Chancelier. Selon le HCR, a-t-il ensuite rappelé, 82,4 millions de personnes étaient déplacées de force, à la fin de 2020, en raison de persécutions, de conflits, de violences, de violations des droits humains ou d’événements portant gravement atteinte à l’ordre public. Cette triste réalité a de profondes implications sur les questions sociales, économiques, sécuritaires et humanitaires, a-t-il souligné. Il incombe aux gouvernements de veiller à ce que les personnes placées dans des situations de vulnérabilité, en particulier les réfugiés, les migrants et les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, aient le droit de vivre dans la dignité, la paix et la sécurité, a-t-il rappelé. Il a conclu son intervention en indiquant avoir une pensée pour toutes les victimes du conflit en Ukraine.
M. ANTONIO GARCÍA, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale du Honduras, a qualifié d’étape « historique », l'élection de son pays en tant que membre du Conseil des droits de l'homme, pour la première fois depuis la création de cet organe en 2006. Le Honduras est le seul pays d'Amérique centrale à avoir été élu pour la période 2022-2024, a-t-il relevé, avant d’indiquer que sa délégation assume cette responsabilité avec une vision renouvelée et pleine d'espoir qui lui permet de soutenir activement les initiatives qui promeuvent la non-discrimination, les droits des femmes, la protection des personnes handicapées et des personnes âgées, ainsi que les différents systèmes de protection des groupes vulnérables et des défenseurs des droits humains.
M. Garcia a ensuite affirmé que son pays est « une référence » dans la région pour ce qui est de la question du déplacement interne. Il est également l'un des trois pays de la région qui disposent d'un mécanisme de protection des défenseurs des droits de l'homme, des journalistes, des communicateurs sociaux et des opérateurs de justice. Il peut ainsi contribuer à l'échange d'expériences sur les enjeux et les défis en ces matières. Par ailleurs, la délégation du Honduras continuera de participer de manière « proactive » aux contributions à l'Examen Périodique Universel. Elle prend enfin l'engagement de faire de son mieux pour que sa participation au Conseil soit fructueuse, a conclu M. Garcia.
M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a déclaré représenter « un pays confronté, depuis quelques jours, à d’immenses risques sécuritaires, son voisin, l’Ukraine, subissant la guerre ». La population hongroise souhaite la paix et est aux côtés de l’Ukraine qui s’efforce de défendre son intégrité territoriale. La Hongrie prie pour le succès des pourparlers de paix et son Gouvernement a contacté la Fédération de Russie et l’Ukraine pour proposer son territoire pour de tels pourparlers, a indiqué le Ministre hongrois. L’important est que les négociations se poursuivent, a-t-il ajouté.
Le Gouvernement hongrois a pris toutes les mesures nécessaires pour protéger la Hongrie et sa population ; il a dépêché des troupes pour empêcher que des groupes militaires ou paramilitaires n’entrent en Hongrie, a par ailleurs indiqué le Ministre des affaires étrangères. Des mesures ont aussi été prises pour éviter que la Hongrie ne soit entraînée dans cette guerre, notamment en refusant d’envoyer des troupes et de laisser passer la fourniture d’armes mortelles par son territoire, car ces livraisons pourraient être la cible d’attaques hostiles, a-t-il expliqué.
Le droit humain le plus fondamental est de vivre dans de bonnes conditions de vie et de sécurité, a rappelé M. Szijjártó. Ce droit est gravement bafoué, des centaines de milliers de personnes étant forcées de quitter leurs maisons – une situation qui rappelle le conflit en ex-Yougoslavie, a-t-il rappelé, précisant qu’en moins d’une semaine, la Hongrie a ainsi accepté plus de 100 000 réfugiés ukrainiens ou personnes résidant légalement en Ukraine et fuyant pour protéger leur vie. Les églises et les organisations caritatives aident à la prise en charge des réfugiés, a-t-il indiqué. La Hongrie mène une action de grande ampleur en matière d’aide humanitaire, a ajouté le Ministre. Il a cité la livraison de carburant, d’eau et de nourriture en faveur de la province voisine des Carpathes. La Hongrie veut la paix dans la région et souhaite qu’il soit mis un terme aux souffrances du peuple ukrainien, a conclu le Ministre.
M. Akmal Saidov, Ministre des droits de l’homme de l’Ouzbékistan, a notamment souligné que son pays a pris des mesures pour atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Il a notamment présenté une série d’initiatives qu’a engagées le pays en matière d’autonomisation des jeunes. L’Ouzbékistan a également pris des mesures pour lutter contre l’apatridie et des milliers de personnes apatrides ont ainsi pu recevoir la nationalité ouzbèke. Un plan d’action national a en outre été adopté dans le domaine des entreprises et des droits de l’homme, a souligné le Ministre. Il a demandé à la communauté internationale de soutenir un projet de charte universelle proposé par l’Ouzbékistan qui viserait à jeter les bases d’une nouvelle politique environnementale des Nations Unies après la pandémie.
M. Saidov a par ailleurs indiqué que l’Ouzbékistan souhaitait garder sa neutralité dans le conflit qui oppose l’Ukraine et la Fédération de Russie – « deux pays amis » – tout en promouvant une solution diplomatique au conflit.
MME EMINE DZHAPAROVA, Première Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, a rappelé qu’il y a sept jours, son pays s’est réveillé dans une nouvelle réalité. Le 24 février, à 4 heures du matin, a-t-elle expliqué, la Fédération de Russie, appuyée par le Bélarus, ont attaqué l’Ukraine en utilisant toute leur puissance. Ces attaques sont le fruit d’un ordre direct du Président Poutine, a-t-elle souligné, avant de dénoncer les allégations mensongères qu’il a proférées dans sa longue allocution à la nation russe « dans laquelle il a accusé l’Ukraine de perpétrer un soi-disant génocide et a appelé à la démilitarisation et à la dénazification de l’Ukraine ». Ceci montre que le Président Poutine et l’administration russe vivent dans un univers parallèle, a déclaré Mme Dzhaparova.
Savez-vous comment la Fédération de Russie prévient d’un génocide en Ukraine ? A coup de frappes aériennes, de chars, d’artillerie, de groupes de saboteurs qui attaquent des infrastructures mais aussi des civils, a poursuivi Mme Dzhaparova. Les gens se terrent et des bébés ukrainiens naissent dans des abris antiaériens, dans des bunkers. Selon les Nations Unies, près de 700 000 résidents ukrainiens ont fui le pays et plus de 160 000 personnes sont devenues des personnes déplacées dans leur propre pays, a souligné Mme Dzhaparova. Des milliers de foyers ont été endommagés ou détruits, des centaines de milliers de foyers se sont retrouvés privés d’eau ou d’électricité, a-t-elle ajouté. A l’heure où nous parlons, a-t-elle affirmé, les forces armées russes continuent d’attaquer des maternités, des jardins d’enfants, des orphelinats et des hôpitaux. La ville de Kharkiv a été grandement bombardée ; des milliers de civils ont été tués et blessés ces dernières heures et il n’y avait pas d’objectif stratégique particulier lorsque la place centrale de Kharkiv a été bombardée et pilonnée. Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé après ces événements que la Fédération de Russie devait être considéré comme un État terroriste, a souligné Mme Dzhaparova.
L’agression militaire russe ne tue pas seulement des Ukrainiens mais également des citoyens étrangers qui vivent en Ukraine, a-t-elle ajouté, présentant ses plus sincères condoléances à ceux qui ont péri en raison de la guerre dévastatrice que le Président Poutine a lancée. Mme Dzhaparova a insisté sur le fait qu’il n’y a pas de discrimination fondée sur l’origine raciale ou la nationalité lorsque des citoyens étrangers se déplacent et traversent la frontière de l’Ukraine. Elle a rappelé que son pays avait saisi la Cour internationale de justice, qui est compétente pour ordonner des mesures d’urgence sur la base de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. La Fédération de Russie doit rendre des comptes car elle manipule la notion de génocide pour justifier son agression en Ukraine, a insisté Mme Dzhaparova.
Demain, le Conseil tiendra un débat urgent sur la situation des droits de l'homme en Ukraine suite à l’agression russe et se penchera sur un projet de résolution visant à créer une commission d’enquête sur les crimes commis par la Fédération de Russie en Ukraine, a poursuivi Mme Dzhaparova. Elle a appelé tous les États à participer à ce débat en amont de l’adoption de la résolution. L’Ukraine est victime de l’attaque cynique et inhumaine d’un pays voisin ; mais le moment n'est pas venu de verser des larmes : nous le ferons après notre victoire et alors nous pleurerons de joie, a déclaré Mme Dzhaparova. « Nous n’avons pas besoin d’un moyen de locomotion ; nous avons besoin de votre assistance », a-t-elle conclu, citant les mots du Président Zelensky.
MME MEGI FINO, Ministre adjointe pour l'Europe et les affaires étrangères de l’Albanie, s’est alarmée que, malgré tous les efforts diplomatiques internationaux, la Fédération de Russie ait envahi de manière flagrante un pays voisin souverain, sans provocation et en s’appuyant pour prétexte sur de faux récits et des informations fabriquées. Un membre permanent du Conseil de sécurité, tenu de maintenir et de renforcer la paix et la sécurité dans le monde, envahit un pays voisin indépendant, membre des Nations Unies, en violation grave du droit international et de l'ordre international, portant ainsi gravement atteinte à l'architecture de sécurité européenne, a condamné Mme Fino.
L'Albanie réitère son soutien indéfectible à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, qui n'est pas négociable, a souligné la Ministre adjointe. L’Albanie condamne en outre fermement la reconnaissance par la Fédération de Russie des prétendues « républiques populaires » de Donetsk et de Lougansk comme constituant des entités indépendantes alors qu’il s’agit en fait de territoires de l'Ukraine.
Mme Fino s’est ensuite dite fière d’être membre d’un Gouvernement où les femmes occupent les trois quarts des postes ministériels ; qui a placé l'agenda « Femmes, paix et sécurité » en tête de ses priorités ; et qui travaille avec ses partenaires pour autonomiser les femmes, combattre la violence à leur égard et protéger les militantes et les défenseuses des droits humains.
M. Lekhetho Rakuoane, Ministre de la loi et de la justice du Lesotho, a relevé que le Conseil a encore beaucoup de travail étant donné les difficultés que connaît encore le monde aujourd’hui. Il a présenté les mesures prises par son pays pour promouvoir et protéger les droits de l’homme sur son territoire. Il a attiré l’attention sur la bonne coopération du Lesotho avec les organes des Nations Unies créés en vertu de traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, grâce notamment à la création d’un mécanisme de suivi des recommandations de ces organes.
Le Lesotho est confronté à un nombre important de défis, au nombre desquels figurent le niveau de pauvreté et la prévalence du VIH/sida, qui constituent des obstacles aux droits de l’homme et auxquels s’ajoutent les conséquences de la pandémie. Des mesures fermes doivent être prises pour endiguer la pandémie, a insisté le Ministre, soulignant que toute approche concernant cette pandémie doit être axée sur la protection des droits de l’homme.
M. ROGELIO MAYTA MAYTA, Ministre des affaires étrangères de l’État plurinational de Bolivie, a d’abord évoqué les mesures prises par son pays pour réparer les graves violations des droits de l’homme qui se sont produites à la fin de 2019. Il a ensuite annoncé que la Bolivie avait entamé la Décennie des langues autochtones 2022-2032 avec pour objectif de contribuer à donner un nouvel élan à ces langues et de les préserver, tout en ranimant les cultures ancestrales et leurs liens avec la Terre-mère. Le changement climatique et la pollution sont les deux problèmes qui menacent l’espèce humaine et qui ont entraîné bien plus de décès que la COVID-19 depuis deux ans, a-t-il par ailleurs fait remarquer.
Mais, a ajouté le Ministre, nous sommes confrontés à l’urgence de la guerre, avec une escalade des événements qui fait craindre des scénarios extrêmement graves qui pourraient mettre danger notre avenir même en tant qu’espèce, a mis en garde le Ministre bolivien. Il n’y a pas de guerre juste ; toute guerre foule aux pieds notre civilité, a-t-il souligné, insistant sur le fait que le conflit en Ukraine ne peut être la solution finale à quelque litige que ce soit. La guerre en Ukraine est une tragédie et le Conseil devrait encourager toutes les parties concernées – pays occidentaux, Fédération de Russie et Ukraine – à déposer les armes et à donner une chance à la vie, a conclu le Ministre.
MME INGRID BROCKOVÁ, Secrétaire d'État au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a commencé par condamner « dans les termes les plus fermes l'agression en cours » de la Fédération de Russie contre l'Ukraine. Les opérations militaires « injustifiées et non provoquées » de la Fédération de Russie constituent une violation manifeste du droit international, a-t-elle insisté. La République slovaque appuie et reconnaît pleinement l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Elle estime par ailleurs que les actions militaires en Ukraine mettent en danger la vie de civils innocents et pourraient conduire à des violations massives des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Pour ces raisons, la délégation slovaque au Conseil des droits de l’homme soutient pleinement la tenue du débat urgent sur la situation en Ukraine qui aura lieu demain. Elle demande par ailleurs « instamment » la libération immédiate de toutes les personnes détenues en Fédération de Russie pour avoir participé à des manifestations contre l'opération militaire en Ukraine.
Alors que l’on est confronté, ces jours, à des problèmes croissants pour savoir où se trouve vraiment la vérité, les journalistes, du fait de certains gouvernements, sont de plus en plus exposés à des risques dans l'exercice de leur métier, a poursuivi Mme Brocková. La Slovaquie de son côté ne ménage aucun effort pour renforcer l'indépendance et la sécurité des journalistes ; une législation pertinente est en préparation à cet égard, a-t-elle indiqué, avant de rappeler que son pays avait, le 21 février, commémoré le « tragique » quatrième anniversaire du « meurtre de sang-froid » du jeune journaliste d'investigation Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kušnírová. Mme Brocková a d’autre part indiqué que la délégation slovaque soutient pleinement les trois projets de résolution concernant le Bélarus, le Myanmar et la République populaire démocratique de Corée qui seront présentées à cette session par l’Union européenne, en raison notamment de la détérioration croissante de la situation des droits de l'homme dans ces pays – en particulier au Bélarus, qui compte plus de 1000 prisonniers politiques arbitrairement arrêtés, maltraités, torturés et détenus dans des conditions inhumaines, et où plus de 260 organisations non gouvernementales ont été fermées et des médias indépendants « anéantis ».
Mme Patricia Scotland, Secrétaire générale du Commonwealth, a rappelé qu’il y a un an, elle avait décrit la pandémie comme une urgence en matière de droits de l’homme. Cela s’est confirmé directement dans les menaces qui ont pesé sur la vie, la santé et les moyens de subsistance et cela a été confirmé plus largement avec l’exacerbation des vulnérabilités et des inégalités existantes, les nouvelles formes d’exclusion, et l’intensification de la violence, en particulier contre les femmes, les filles et les groupes marginalisés. La réalité est que tout type d’urgence mondiale est une urgence en matière de droits de l’homme et que les droits de l’homme doivent être au cœur de la réponse et au cœur des efforts à long terme pour reconstruire en mieux, plus fort et plus juste, a fait observer Mme Scotland. Dans le domaine de la pandémie, cela signifie d’agir urgemment pour assurer un accès équitable aux vaccins dans le monde entier et apporter un soutien à long terme à toutes les nations pour construire des services de santé solides, résilients et de haute qualité auxquels tout le monde ait accès.
Il faut intensifier l’engagement de la communauté internationale à faire face à l’urgence actuelle de la violence à l’égard des femmes et des filles qui est une « pandémie cachée », a poursuivi Mme Scotland. Il est intolérable qu’une femme sur trois dans le monde subisse des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie, a-t-elle insisté. La pandémie a rappelé à quel point la sécurité, la santé et la prospérité peuvent être importantes et fragiles, a-t-elle conclu.
MME JULISSA MANTILLA FALCÓN, Commissaire et Présidente de la Commission interaméricaine des droits de l’homme de l’Organisation des États américains (OEA) a fait observer que deux ans après la déclaration de la pandémie de COVID-19, il était impossible de taire les problèmes que la COVID-19 a entraînés pour la jouissance des droits de l’homme dans la région des Amériques, y compris la discrimination et la violence à l’égard des femmes, des enfants et de la société civile. La Commission interaméricaine des droits de l’homme a noté l’annulation du statut juridique de plusieurs partis politiques d’opposition au Nicaragua, parallèlement à des fraudes électorales destinées à maintenir les dirigeants au pouvoir. Au Venezuela, a poursuivi la Présidente de la Commission interaméricaine, la concentration excessive de pouvoirs aux mains des autorités a entraîné des violations des droits de l’homme et des déplacements de population. D’autres violations des droits de l’homme ont été commises antérieurement en Bolivie, a-t-elle ajouté, avant d’indiquer que la Commission encourage l’ouverture d’enquêtes sur ces faits.
Le Conseil des droits de l’homme peut compter sur la Commission interaméricaine pour renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme dans les Amériques, a assuré la Présidente. Elle a par ailleurs jugé gravissime la crise humanitaire qui sévit actuellement en Ukraine.
M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déploré les effets de la pandémie de COVID-19 sur les pays en développement et sur les plus pauvres. Cette pandémie a montré et exacerbé les inégalités, tout en dévoilant le manque de solidarité internationale, a-t-il fait observer. Alors que seule une personne sur huit dans les pays en développement est vaccinée, les pays riches multiplient les doses de vaccins, a-t-il déploré.
L’Administrateur du PNUD a également évoqué les changements climatiques et leurs conséquences, affirmant qu’il est temps de « changer de paradigme », d’autant que l’on observe des mouvements de la jeunesse pour demander des comptes aux dirigeants politiques. M. Steiner a par ailleurs observé que 90% des cibles liées aux Objectifs de développement durable concernent les droits de l'homme ; il faut donc aider les gouvernements à mettre sur pied des pratiques de développement fondées sur les droits de l'homme, a-t-il souligné. En coopération avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, le PNUD a publié un recueil de de bonnes pratiques à l’échelle du système des Nations Unies, a-t-il indiqué.
MME GILLIAN TRIGGS, Haute-Commissaire assistante chargée de la protection au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, a déclaré que la COVID-19 avait montré que l’accès équitable aux soins de santé est un impératif mondial, qu’une pandémie ne tient pas compte du statut juridique en termes de citoyenneté ou de nationalité, et que les requérants d’asile et les apatrides doivent être inclus. La pandémie a aussi montré l'importance des efforts collectifs et concrets pour protéger les plus vulnérables, ainsi que la nécessité de travailler ensemble pour partager les responsabilités envers ceux qui ont besoin de protection, dans l'esprit du Pacte mondial pour les réfugiés, a ajouté Mme Triggs.
Les déplacements de populations alimentés par les changements climatiques sont une réalité mondiale, a poursuivi Mme Triggs, avant de saluer la reconnaissance par le Conseil, l’an dernier, du fait qu’un environnement propre, sain et durable est un droit de l’homme fondamental. L’inclusion est également essentielle pour la protection des personnes déplacées par les catastrophes environnementales, a insisté Mme Triggs. « Nous savons que la solidarité et la coopération internationale sont essentielles dans le monde interconnecté d'aujourd'hui. La protection des droits des personnes déplacées de force ou apatrides est une responsabilité mutuelle... d'autant plus essentielle si nous voulons progresser dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme commun des Nations Unies et de l'Appel à l'action pour les droits de l'homme du Secrétaire général », a-t-elle conclu.
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