Fil d'Ariane
OUVERTURE OFFICIELLE DU DOUZIÈME FORUM SUR LA GOUVERNANCE D’INTERNET
La séance d’ouverture officielle du douzième Forum sur la gouvernance d’Internet s’est tenue cet après-midi dans la Salle des Assemblées du Palais des Nations de Genève. Elle s’est ouverte sur une performance de M. Enrico Lenzin, artiste suisse connu pour ses créations mêlant musique traditionnelle suisse et technologie numérique.
Ont ensuite fait des déclarations Mme Doris Leuthard, Présidente de la Confédération suisse; M. António Guterres, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU); M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies; M. Michael Møller, Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève (ONUG); M. Houlin Zhao, Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT); M. Frank La Rue, Sous-Directeur général pour la communication et l'information de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO); M. Pierre Maudet, Conseiller d’État du Canton de Genève; et M. Rémy Pagani, maire de la Ville de Genève.
Dans son allocution, Mme Leuthard a rappelé que c’était au CERN, le Centre européen pour la recherche nucléaire, qu’avait été inventé le World Wide Web, en 1989. De même, c’est à Genève qu’a été lancé en 2003, dans le cadre du Sommet mondial sur la société de l’information, le nouveau concept politique de la gouvernance multipartite d’Internet; pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, a souligné Mme Leuthard, les États ont alors invité le secteur privé et la société civile à participer aux débats sur un pied d’égalité. Le Forum sur la gouvernance d’Internet, qui a vu le jour deux ans plus tard, en 2005, a réussi, depuis cette date, à inscrire à l'ordre du jour international de nouveaux thèmes relatifs à la gouvernance d’Internet, a-t-elle fait valoir.
Observant que l’avènement du numérique avait «transformé le monde de manière fulgurante», Mme Leuthard a ensuite souligné que le dialogue était essentiel pour «matérialiser une société de l’information à dimension humaine, inclusive et privilégiant le développement». Les clés sont la coopération constructive, les échanges d’information, l’identification conjointe de thèmes intersectoriels pertinents ainsi que des partenariats forts entre tous les acteurs, a-t-elle indiqué. L’idée de renforcer la coopération entre les gouvernements et les autres parties prenantes ne date pas d’hier, mais elle ne se concrétise encore que trop rarement, a fait observer la Présidente de la Confédération suisse, avant de se dire convaincue que le Forum était une opportunité cruciale d’approfondir cette collaboration au profit des intérêts des citoyens, de l’économie et de la politique.
Dans son allocution, retransmise par vidéo, le Secrétaire général de l'ONU a quant à lui souligné que les nouvelles technologies jouaient un rôle majeur pour surmonter les obstacles associés à la réalisation du développement durable. Cependant, a-t-il ajouté, ces technologies entraînent aussi un risque de polarisation; il est donc nécessaire de combler les fossés numériques sur la base de l’action locale et dans le cadre d’une gouvernance garante du respect des droits de chacun, a indiqué M. Guterres.
M. Zhao a pour sa part souligné que beaucoup de progrès avaient été enregistrés ces dernières années dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Ces technologies ont un rôle-clé à jouer pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il expliqué. Le Secrétaire général de l’UIT a ensuite rappelé que 3,9 milliards de personnes n’étaient pas encore connectées à Internet et que l’Union internationale des télécommunications visait précisément à connecter l’ensemble de la population mondiale. M. Zhao a expliqué que la coopération, la coordination et la collaboration étaient au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui doit permettre de façonner notre avenir numérique. L’UIT continuera à jouer son rôle dans ce domaine avec tous ses partenaires, a-t-il conclu.
M. Møller a affirmé que Genève était le lieu naturel de la gouvernance d’Internet, de par la présence de tout un écosystème et d’un esprit propices à l’innovation dans le domaine numérique, ainsi que d’institutions pour le débat sur les politiques numériques. Le Directeur général de l'ONUG a évoqué les risques que pose la numérisation dans les domaines de la sécurité humaine, de l’emploi et de la cohésion sociale, notamment. C’est pourquoi la communauté internationale doit s’occuper de définir une gouvernance adaptée au nouveau monde numérique, centrée sur la personne, inclusive et rassemblant toutes les parties concernées – et loin des formes traditionnelles de la réglementation, a-t-il déclaré. Telle est l’ambition du Forum sur la gouvernance d’Internet, a souligné M. Møller.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies s’est quant à lui dit convaincu qu’il fallait être conscient du passé pour comprendre la situation d’aujourd’hui. Le présent Forum a été créé afin, notamment, qu’Internet soit utilisé à des fins de développement durable et protège les droits de l‘homme, a-t-il rappelé. Les concepts liés à Internet ont évolué depuis la création de ce Forum, a-t-il fait observer. Aujourd’hui, Internet et les technologies font de plus en plus partie de la vie des sociétés, a-t-il ajouté. M. Liu a rappelé le thème du Forum de cette année - « Façonnez votre avenir numérique! » - et a souligné qu’il fallait dans ce contexte veiller à ce que les nouvelles technologies ne créent pas encore plus de divisions entre les personnes.
M. La Rue a pour sa part jugé capital de bien comprendre que la construction d’Internet était basée sur le partage de connaissances, à l’origine entre universitaires, puis entre tous les acteurs concernés. Il est donc indispensable que toutes les parties concernées puissent prendre part au débat sur la gouvernance d’Internet, qui est appelé à jouer un rôle important dans tous les secteurs de la société, a souligné le Sous-Directeur général de l’UNESCO. Il s’est félicité des succès enregistrés à cet égard par le Forum, estimant cependant qu’il devrait être possible d’exploiter davantage Internet en tant qu’outil de consolidation de la paix. Le dialogue qui se noue à Genève est d’autant plus important que le problème de la violence et du harcèlement sur Internet prend toujours plus d’ampleur, a relevé M. La Rue. Pour contribuer au développement, Internet doit être libre, gratuit et ouvert, a-t-il en outre déclaré.
M. Maudet a expliqué qu’il était important que le Forum s’arrête à nouveau à Genève, qui concentre un nombre unique d’organisations et de sociétés actives sur le front d’Internet. Les organisations internationales, les organisations non gouvernementales, les associations et les fondations se battent pour rendre Internet plus accessible, a expliqué le Conseiller d’Etat. Pour pouvoir façonner son avenir numérique, il faut non seulement en maitriser les outils, mais aussi avoir confiance dans les outils et les partenaires avec lesquels il faut composer l’avenir, a-t-il fait observer. Les Geneva Digital Talks ont été entamés à Genève pour qu’un ensemble d’acteurs puissent discuter librement de leur vision d’un Internet plus sûr, non seulement à tous les niveaux mais aussi pour l’ensemble des utilisateurs. Il faut s’assurer que l’avenir numérique soit le plus inclusif et le plus respectueux de tous, a conclu M. Maudet.
Le maire de Genève, M. Pagani, a jugé fondamental que l’on puisse, dans la perspective du tout-numérique, maintenir Internet en tant que service public. Plaidant pour un accès égalitaire à Internet, il a souligné que le principe de neutralité du Net était à cet égard fondamental et a vivement regretté les décisions récentes du Gouvernement des États-Unis dans ce domaine. La «neutralité de la correspondance» était un élément central du programme du Conseil national de la résistance français, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, a rappelé M. Pagani. Il a estimé nécessaire «d’éviter le piège de croire que le tout-numérique réglerait toutes les difficultés, créerait miraculeusement des emplois et permettrait une plus grande efficacité des services publics». Le maire de Genève a affirmé que les villes intelligentes «seront celles qui se construiront autour des besoins de leurs habitants, non plus considérés seulement comme des usagers mais comme des acteurs centraux de leur développement».
À 16 heures cet après-midi, le Forum poursuit ses travaux en tenant un débat de haut niveau autour du thème central de cette douzième édition: façonner la gouvernance numérique mondiale de demain.
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