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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE CUBA

Communiqué de presse

La Conférence du désarmement a entendu ce matin le Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, M. Abelardo Moreno Fernández, alors que le pays assume la présidence de la Conférence pour une période de quatre semaines. À cet égard, le Président, l'ambassadeur Rodolfo Reyes Rodríguez, a déclaré qu'il entendait conduire les travaux d'une manière transparente et participative et a rappelé que pendant sa présidence, la Conférence devra examiner son projet de rapport à l'Assemblée générale, la session de 2012 se terminant le 16 septembre.

Le Vice-Ministre cubain des affaires étrangères a déclaré que la Conférence du désarmement jouait un rôle irremplaçable en tant qu'unique instance multilatérale pour les négociations sur le désarmement. Le fait qu'elle n'ait pas été en mesure de mener un travail de fond pendant plus d'une décennie est une source de préoccupation. M. Moreno Fernández a en outre noté avec préoccupation les remarques de certains pays selon lesquelles le moment serait venu de laisser de côté la Conférence du désarmement et de lui substituer des processus de négociation alternatifs. La substitution de la Conférence par des mécanismes ad hoc, improvisés, sélectifs, hors du cadre des Nations Unies et pilotés par un groupe restreint de pays, constituerait un dangereux retour en arrière, a mis en garde le Vice-Ministre cubain. La solution ne consiste pas à ignorer cette instance, ni à en minimiser l'importance. Au contraire, il est plus que jamais de la responsabilité de tous d'œuvrer à sa préservation et à son renforcement.

Au cours du débat qui a suivi, les États ont souligné la nécessité d'entamer des négociations sur un programme d'élimination progressive et complète des armes nucléaires, selon un calendrier précis, y compris par la négociation d'une Convention. Il a été rappelé que moyennant une volonté politique forte, la Conférence pourrait faire avancer les négociations autour d'une convention sur les armes nucléaires et des assurances négatives de sécurité, ainsi que d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires. Il a aussi été confirmé que les États-Unis, la Fédération de Russie et le Royaume-Uni ont collaboré étroitement, au cours des derniers mois, à l'organisation en 2012 d'une conférence sur l'instauration d'une zone dénucléarisée au Moyen Orient.

Les États suivants ont fait des déclarations: Japon, Chine, Égypte, Équateur, Philippines, Venezuela, Sri Lanka, République populaire démocratique de Corée, Pakistan, Indonésie, Iran, États-Unis, Mexique, Algérie, Chili, Zimbabwe, Bangladesh, Royaume-Uni et Fédération de Russie.

La prochaine séance plénière de la Conférence aura lieu jeudi 1er septembre 2011, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ, Président de la Conférence du désarmement, a ouvert la réunion en souhaitant la bienvenue au représentant permanent de la Tunisie, de même qu'aux participants au Programme de bourses des Nations Unies sur le désarmement, également présents. M. Reyes Rodríguez a ensuite présenté M. Abelardo Moreno Fernández, Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, avant de lui donner la parole.

M. ABELARDO MORENO FERNÁNDEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, a déploré que malgré la crise économique, les dépenses militaires ne cessent d'augmenter, un seul pays étant responsable de près de la moitié des dépenses militaires mondiales. La Conférence du désarmement joue un rôle irremplaçable en tant qu'unique instance multilatérale pour les négociations sur le désarmement, a aussi observé le Vice-ministre. Cette instance est non seulement totalement pertinente, mais elle dispose également d'un capital d'expérience et d'expertise en matière de désarmement qui ne doit pas être perdu. Le fait que la Conférence du désarmement n'ait pas été en mesure de mener un travail de fond pendant plus d'une décennie est une source de préoccupation. Certains imputent cette situation aux méthodes de travail et au règlement intérieur, mais Cuba ne partage pas cet avis et estime que ce qui se passe à la Conférence doit être envisagé par rapport à l'activité des autres mécanismes de désarmement. Ce n'est en effet pas une coïncidence si la Commission du désarmement a conclu ses travaux, cette année encore, sans adopter de recommandations de fond. De même, ce n'est pas un hasard si, chaque année, la Première Commission de l'Assemblée générale adopte des dizaines de résolutions qui ne sont tout simplement pas respectées, en particulier celles qui font référence au désarmement nucléaire. De même, ce n'est pas par hasard si la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement n'a toujours pas été convoquée, en dépit du fait que le Mouvement des pays non alignés la réclame depuis de nombreuses années.

Le Vice-Ministre a déclaré que Cuba était favorable à l'optimisation des mécanismes de désarmement, y compris la Conférence du désarmement. Elle est convaincue que la paralysie qui touche actuellement la plupart des organismes concernés résulte du manque de volonté politique de certains États d'avancer dans le domaine du désarmement nucléaire. Il est tout simplement inacceptable que, dans le monde actuel, on dénombre près de 23 000 armes nucléaires, dont 7560 prêtes à être utilisées immédiatement. C'est pourquoi le désarmement nucléaire doit rester une priorité absolue en matière de désarmement. La Conférence pourrait et devrait adopter, dès que possible, un programme de travail complet et équilibré, qui prenne en compte les véritables priorités en matière de désarmement. Dans ce contexte, M. Moreno Fernández a appelé tous les membres du Conseil à faire preuve de la souplesse nécessaire, sur la base du respect de toutes les règles de procédure et du principe de dialogue constructif. Cuba estime que la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires est une mesure positive, mais insuffisante aussi longtemps que les étapes ultérieures n'auront pas été définies en vue de concrétiser le désarmement nucléaire. On constate aussi un besoin urgent d'instaurer une zone dénucléarisée au Moyen Orient; une telle mesure serait une contribution réelle à la paix durable dans cette région, qui traverse une période agitée.

M. Moreno Fernández a noté avec préoccupation les remarques de certains pays selon lesquelles le moment serait venu de laisser de côté la Conférence du désarmement et de se tourner vers des processus de négociation alternatifs. La substitution de la Conférence par des mécanismes ad hoc, improvisés, sélectifs, hors du cadre des Nations Unies et pilotés par un groupe restreint de pays, constituerait un dangereux retour en arrière, a mis en garde le Vice-Ministre. La solution ne consiste pas à ignorer cette instance, ni à en minimiser l'importance. Au contraire, il est plus que jamais de la responsabilité de tous d'œuvrer à sa préservation et à son renforcement. La recherche de solutions acceptées au niveau multilatéral, en conformité avec la Charte des Nations Unies, est la seule méthode pour traiter les questions liées au désarmement et à la sécurité internationale.

M. Moreno Fernández a appelé les États à entamer, sans plus attendre, leur travail de fond afin de garantir le droit des êtres humains et des peuples à vivre en paix, dans un monde sans armes nucléaires ni guerres interventionnistes. Les États devraient utiliser la somme astronomique de 1500 milliards de dollars consacrée chaque année aux dépenses militaires pour promouvoir la vie et le développement. Cuba assume la responsabilité de présider la Conférence du désarmement avec la ferme intention qu'elle ne perde rien de sa pertinence du fait de l'inertie et du manque de volonté politique.

M. REYES RODRÍGUEZ, Président de la Conférence du désarmement, a précisé qu'il entendait conduire les travaux d'une manière transparente et participative. Il a rappelé que pendant sa présidence, la Conférence se saisirait du projet de rapport à l'Assemblée générale (document CD/PW.567).

M. AKIO SUDA (Japon) a déclaré que son pays et l'Australie avaient organisé une manifestation parallèle consacrée aux moyens de vérification de l'application d'un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles (30 mai – 1er juin 2011). Le Japon soumettra très prochainement un rapport écrit à la Conférence sur le désarmement. Cette manifestation n'était pas une négociation ni une pré-négociation: elle n'a été qu'une occasion d'échanger des points de vues; aucun accord n'a été recherché, aucune décision n'a été prise. Les échanges ont porté sur un récapitulatif des précédentes manifestations parallèles; sur la vérification des matières fissiles et des installations de production des ces matières; sur des questions liées à la vérification; sur une synthèse.

M. WANG QUN (Chine) a déclaré que son pays continuerait de collaborer avec les autres délégations autour de l'adoption d'un programme de travail de fond concernant tous les sujets à l'ordre du jour, y compris des négociations autour d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles. La Chine participera aussi aux consultations relatives au travail de cette année de la Conférence du désarmement.

M. MOHAMED HATEM EL-ATAWY (Égypte) a déclaré que son pays avait maintenant l'honneur de présider le Mouvement des pays non alignés, qui a toujours été à la pointe des initiatives internationales de désarmement, considérant que la priorité absolue doit être donnée au désarmement nucléaire. Le Mouvement souligne la nécessité d'entamer des négociations sur un programme d'élimination progressive et complète des armes nucléaires, selon un calendrier précis, y compris par la négociation d'une convention. Une telle approche permettrait non seulement de donner une «feuille de route» pour le désarmement nucléaire, mais également de traiter efficacement des questions relatives aux matières fissiles et aux assurances négatives de sécurité, deux thèmes d'une grande importance pour la Conférence du désarmement. La demande d'ouverture de négociations en vue d'un désarmement nucléaire n'est pas controversée ni déraisonnable: en effet, elle découle de l'engagement pris par les États nucléaires à l'article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Le représentant égyptien a estimé que l'élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie absolue contre l'utilisation ou la menace d'utilisation d'armes nucléaires.

M. MAURICIO MONTALVO (Équateur) a déclaré que son pays partageait les inquiétudes exprimées par M. Moreno Fernández devant les initiatives visant à écarter la Conférence et à en ignorer ou minimiser le rôle. De nombreux diagnostics ont été faits de la paralysie qui affecte la Conférence: et pourtant, au bout du compte, les membres se retrouvent toujours les bras ballants, à regarder le plafond, sans programme de travail. Les membres de la Conférence du désarmement ne doivent jamais oublier que leur objectif ultime est la paix mondiale.

MME HOSSANA P. DELA CRUZ (Philippines) a attiré l'attention des membres de la Conférence sur les préparatifs, au niveau régional, de la prochaine et septième Conférence d'examen de la Convention sur les armes biologiques ou à toxines (CIAB). Les Philippines ont ainsi récemment organisé une semaine de travail sur ce sujet à Makati City (Philippines, 28 juin -1er juillet). Les participants étaient des délégations de l'Association des Nations du Sud-Est asiatique, des partenaires régionaux, des institutions universitaires et des organisations internationales. La semaine a été l'occasion d'échanger des idées au niveau régional et d'organiser une coopération entre les communautés diplomatique, sécuritaire et scientifique au sein de chaque pays. La délégation des Philippines est intéressée par les expériences d'autres régions et nations dans leurs préparatifs à la Conférence d'examen.

M. GERMÁN MUNDARAÍN HERNÁNDEZ (Venezuela) a déclaré qu'une volonté politique inflexible est exigée des États en quête de paix et d'élimination des armes nucléaires. Ce faisant, les États doivent veiller à offrir des assurances de sécurité négatives et parvenir à un consensus sur les meilleures façons de concrétiser ces assurances. Les États doivent aussi travailler à l'adoption d'un traité d'interdiction des matières fissiles, y compris leur suivi, leur vérification et leur stockage. Le représentant s'est encore dit préoccupé par la nécessité de prévenir une course aux armements dans l'espace.

M. U.L.M. JAUHAR (Sri Lanka) a observé que pour atteindre l'objectif de la Conférence du désarmement d'un monde sans armes nucléaires, il est impératif d'obtenir la participation de tous les États membres et de répondre à leurs préoccupations en matière de sécurité. Il faut, en particulier, parvenir rapidement à un accord sur les assurances négatives de sécurité.

M. SO SE PIONG (République populaire démocratique de Corée) a déclaré son pays s'aligne sur la déclaration du 18 août par le Pakistan, au nom du Groupe des 21. Il a remercié M. Moreno Fernández pour sa déclaration et a réitéré le soutien de son pays à tout programme de travail qui tienne compte des préoccupations de tous les États membres.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a estimé que l'impasse dans laquelle la Conférence du désarmement se trouve aujourd'hui est l'écho d'autres problèmes perceptibles dans tous les mécanismes liés au désarmement – certains pays semblant même avoir complètement oublié l'objectif de désarmement nucléaire de la Conférence, a regretté le représentant. Or, avec la fin de la guerre froide, il n'existe plus de logique justifiant que ces armes nucléaires demeurent au centre des postures stratégiques des grands États. Le Pakistan, qui a été contraint de se doter d'armes nucléaires, est ouvert à la négociation sur le désarmement nucléaire. Logiquement, la prochaine étape à ce titre doit être la conclusion d'un traité sur les assurances négatives de sécurité.

MME NINA SARASWATI DJAJAPRAWIRA (Indonésie) a regretté l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement et qui l'empêche d'entamer des négociations sur les questions de fond inscrites à son ordre du jour. Moyennant une volonté politique forte, l'Indonésie est convaincue que la Conférence pourrait faire avancer les négociations autour d'une convention sur les armes nucléaires; des assurances négatives de sécurité; d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires en conformité avec le mandat de Shannon; et de la prévention d'une course aux armements dans l'espace. L'Indonésie a toujours été favorable au travail de la Conférence sur le désarmement. C'est pourquoi elle réitère son plein soutien et sa volonté de poursuivre les consultations sur toute proposition visant à favoriser un consensus sur le programme de travail. Elle soutient en outre la nomination d'un coordinateur spécial chargé de l'élargissement de la composition de la Conférence sur le désarmement. Cette mesure pourrait donner l'élan politique nécessaire à l'avancement des travaux de la Conférence.

M. MOHAMMAD HASSAN DARYAEI (Iran) a estimé que l'ordre du jour de la Conférence du désarmement devait être conçu pour favoriser l'ouverture de négociations sur des instruments internationaux juridiquement contraignants. L'Iran estime que l'absence d'accord sur l'ordre du jour ne doit pas entraver le travail sur d'autres points. Le fait d'ouvrir des négociations dans certains domaines permettrait d'aborder toutes les questions fondamentales d'une manière équilibrée. Le représentant iranien a ajouté que l'élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie contre leur utilisation ou menace d'utilisation: en attendant, l'adoption d'un accord contraignant sur ​​les assurances négatives de sécurité doit être poursuivie à titre prioritaire. Cette question, mûre pour la négociation car elle ne soulèverait pas de difficultés techniques, ne demande que la volonté politique des États.

MME LAURA KENNEDY (États-Unis) a remercié la délégation des Philippines pour son rapport sur les ateliers organisés à Manille autour de la Conférence d'examen sur la Convention sur les armes biologiques. La représentante a salué l'utilité de telles rencontres interrégionales destinées à l'échange de points de vue, au partage d'idées et à la recherche de consensus. La représentante a espéré que le même état d'esprit pragmatique règnera pendant la Conférence d'examen qui se tiendra à Genève cette année encore. La représentante a d'autre part demandé à ses collègues de «ne pas assimiler le silence médiatique et l'inaction»: dans les coulisses, les consultations autour de l'organisation, en 2012, d'une conférence sur l'instauration d'une zone dénucléarisée au Moyen Orient vont en réalité bon train. Le succès ou l'échec de cette conférence dépendra en fin de compte des États de la région.

M. JUAN JOSÉ GÓMEZ CAMACHO (Mexique) s'est dit heureux de voir Cuba assumer la présidence de la Conférence: en effet, si quelqu'un est capable de ressusciter cette institution, c'est bien M. Reyes, a-t-il estimé.

M. HAMZA KHELIF (Algérie) a déclaré que les dangers posés par les armes nucléaires soulignent l'importance du désarmement et la nécessité de parvenir à un consensus sur un ordre du jour qui réponde aux préoccupations de tous les États. La délégation algérienne croit que le programme de travail adopté en 2009 (document CD/1864) peut relancer un processus dynamique de négociation.

M. PEDRO OYARCE (Chili) a remercié le Président de sa proposition de plan de travail. Certes, il sera difficile de résoudre tous les problèmes: mais le Chili veut continuer à avancer pour sortir de l'impasse.

M. JAMES MANZOU (Zimbabwe) a fait savoir que le Président pourra compter sur le plein soutien de sa délégation.

M. MD. ABDUL HANNAN Bangladesh) s'est dit déçu des progrès réalisés en 2011: des discussions techniques sans engagement politique n'apportent pas de solutions. Le Bangladesh souscrit pleinement à l'idée que la Conférence du désarmement est la seul instance multilatérale de négociation sur le désarmement nucléaire, question que le Bangladesh juge prioritaire.

M. JO ADAMSON (Royaume-Uni) a déclaré que sa délégation est prête à participer à des séances informelles de remue-méninges et «à retrousser ses manches». Le représentant a confirmé que les États-Unis, la Fédération de Russie et son propre pays ont collaboré étroitement, mais en toute discrétion, au cours des derniers mois, à l'organisation d'une conférence sur l'instauration d'une zone dénucléarisée au Moyen Orient.

M. VICTOR VASILIEV (Fédération de Russie) a déclaré que les problèmes de la Conférence du désarmement ne résident pas dans les questions de procédure, mais bien dans la volonté politique des États. Le représentant a aussi assuré de la réalité des travaux préparatoires autour d'une conférence sur l'instauration d'une zone dénucléarisée au Moyen Orient, appelant tous les pays de la région à participer à ce processus.

M. MOHAMED HATEM ELATAWY (Égypte) a déclaré apprécier les efforts menés par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Fédération de Russie en tant qu'États dépositaires et a espéré que ces efforts permettront, en consultation avec tous les pays de la région, d'avancer dans les préparatifs pour la convocation, en 2012, de la conférence sur l'instauration d'une zone dénucléarisée au Moyen Orient.


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DC11/042F