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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LES DÉCLARATIONS
DE PRÈS D'UNE DIZAINE DE PAYS

Communiqué de presse
La situation en Géorgie est abordée par trois délégations

La Conférence du désarmement a entendu ce matin des déclarations de la France, du Pakistan, de la Slovaquie, de la Nouvelle-Zélande, de la Fédération de Russie, du Brésil, de l'Irlande, de Sri Lanka et de la Chine.

La Slovaquie a souligné que sa position en ce qui concerne la situation de conflit actuelle en Géorgie s'inspire du principe d'intégrité territoriale. La Fédération de Russie a pour sa part affirmé que dix jours après « l'agression de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud », au lieu d'une analyse sérieuse des causes de cette tragédie et d'une recherche des moyens d'assurer la paix dans cette région, les médias occidentaux continuent de publier des informations mensongères déformant la réalité. Conformément à son droit à la légitime défense, la Fédération de Russie a envoyé son armée pour soutenir les soldats russes de maintien de la paix présents dans la zone, a affirmé le représentant russe. Ce sont les Géorgiens qui ont procédé à une opération de nettoyage ethnique et mené une politique de génocide, a-t-il déclaré. Suite à l'accord conclu le 12 août, la Fédération de Russie a commencé le retrait de certaines unités qui avaient été envoyées pour protéger les forces russes de maintien de la paix; or, nous constatons avec préoccupation qu'à ce jour, il n'y a pas confirmation du plein retour des forces géorgiennes dans leur cantonnement, a poursuivi la Fédération de Russie. Bien entendu, a-t-elle ajouté, le rythme de nos actes futurs dépendra de la façon dont Tbilissi s'acquittera de ce que l'on attend d'elle. Les efforts qu'il convient désormais de déployer doivent porter sur l'instauration d'une paix durable dans la région et non pas viser à attirer la Géorgie dans l'alliance militaire de l'OTAN, a souligné la Fédération de Russie.

Suite à la déclaration de la Fédération de Russie, l'Irlande a demandé au représentant russe de clarifier s'il entendait affirmer que des roquettes de type Grad équipées d'ogives chargées de sous-munitions avaient été utilisées par les forces géorgiennes le 8 août. Le représentant russe a déclaré que le système de roquette de type Grad peut être considéré comme une arme relevant de la catégorie des armes à sous-munitions; maintenant, reste à régler la question de la définition de ce qu'est une sous-munition a-t-il ajouté, soulignant que l'important, c'est que de tels systèmes, qui détruisent tout sur leur passage, aient été utilisés contre des zones civiles, ce qui est inacceptable.

Reprenant les quatre questions considérées comme essentielles au sein de la Conférence, le Président de la Conférence, l'Ambassadeur German Mundarain Hernandez du Venezuela, a souligné que le désarmement nucléaire est considéré par bon nombre de délégations comme la raison d'être de la Conférence. En attendant que soit atteint l'objectif de désarmement nucléaire, il est nécessaire d'octroyer des garanties négatives de sécurité contre l'utilisation ou la menace d'utilisation des armes nucléaires à l'encontre d'États non dotés de telles armes, a-t-il souligné. En outre, a-t-il ajouté, un important pas vers le désarmement et la non-prolifération nucléaire pourrait être la négociation, la signature et l'entrée en vigueur d'un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins explosives. Si aucune délégation ne s'est opposée à la négociation d'un tel instrument, subsistent encore des détails sur lesquels un consensus doit être trouvé, a fait observer M. Mundarain Hernandez. Enfin, a-t-il ajouté, la préservation de l'espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques est une priorité au sein de la Conférence.

«Le principe fondamental selon lequel de nouvelles avancées dans le domaine du désarmement ne doivent pas entraîner une diminution de la sécurité pour qui que ce soit justifie le maintien de la règle du consensus - dont il serait peut-être sage de vouloir s'affranchir - même si elle peut se révéler paralysante », a fait observer la France. Le Pakistan a pour sa part rappelé que le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, avait souligné, lorsqu'il s'était adressé à la Conférence le 22 janvier dernier, que les membres de cette instance n'avaient d'autre contrainte, pour mener leurs travaux, que celle consistant à opérer sur la base du consensus.

Le point de vue de nombre de membres de la Conférence au sujet d'un traité d'interdiction des matières fissiles est bien différent de celui d'un pays comme le Pakistan qui, lui, n'a pas renoncé aux armes nucléaires, a pour sa part insisté la Nouvelle-Zélande. Tout en affirmant avaliser dans les grandes lignes les arguments présentés par la Nouvelle-Zélande, le Brésil a souligné que pour lui, l'éventuelle négociation d'un traité sur l'interdiction des matières fissiles devrait intégrer des clauses de vérification. Or, ce point est également considéré comme essentiel par le Pakistan.

à en juger par les déclarations qui ont été faites ce matin, la réalité au sein de la Conférence est que des divergences d'opinion, tant de procédure que de fond, continuent de nous séparer quant à la façon pour cette instance de poursuivre sa tâche, a pour sa part souligné la Chine.

Le Sri Lanka a félicité M. Mundarain Hernandez pour son accession à la présidence de la Conférence, en se disant ravi de voir que l'Amérique latine est en pleine fermentation créative, recherchant des issues sociales et réalistes aux crises que traverse le monde.

Lors de la prochaine séance plénière de la Conférence, le mardi 26 août prochain, à 10 heures, sera distribué le projet de rapport annuel de la Conférence à l'Assemblée générale pour l'année 2008.


Aperçu des déclarations

Le Président de la Conférence, M GERMAN MUNDARAIN HERNANDEZ, a adressé ses salutations aux messagers de la paix et aux citoyens de la paix de Nagasaki qui se trouvent dans la salle, porteurs d'une pétition en faveur de l'abolition des armes nucléaires. Il est encourageant de voir les jeunes générations japonaises manifester au fil des ans un intérêt constant vis-à-vis du travail de la Conférence, a-t-il ajouté.

M. Mundarain Hernandez a par ailleurs réaffirmé l'engagement du Venezuela – son pays – en faveur des institutions et accords existants en matière de désarmement, de contrôle des armements et de non-prolifération. Il a en outre souligné que la Conférence se devait de retrouver la voie qui est la sienne et mener des activités propices à la poursuite de ses objectifs. La mission qui nous incombe exige de nous une volonté politique inébranlable, fondée sur le dialogue constructif, transparent et participatif, a poursuivi M. Mundarain Hernandez. L'engagement en faveur de la paix, du désarmement, du développement et des droits de l'homme de nos peuples nous oblige à faire sortir cette Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve, a-t-il insisté. Nous savons tous que nous vivons des temps de grandes complexités politiques, mais nous savons également que les espaces multilatéraux sont par nature des lieux où l'on travaille pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il ajouté.

Le désarmement nucléaire est considéré par bon nombre de délégations comme la raison d'être de la Conférence, a poursuivi M. Mundarain Hernandez. En attendant que soit atteint l'objectif de désarmement nucléaire, il est nécessaire d'octroyer des garanties négatives de sécurité contre l'utilisation ou la menace d'utilisation des armes nucléaires à l'encontre d'États non dotés de telles armes, a-t-il souligné. En outre, a-t-il ajouté, un important pas vers le désarmement et la non-prolifération nucléaire pourrait être la négociation, la signature et l'entrée en vigueur d'un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins explosives. Si aucune délégation ne s'est opposée à la négociation d'un tel instrument, subsistent encore des détails sur lesquels un consensus doit être trouvé, a fait observer M. Mundarain Hernandez. Enfin, a-t-il ajouté, la préservation de l'espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques est une priorité au sein de la Conférence. Tout semblerait indiquer qu'il est nécessaire de renforcer le régime juridique visant à garantir une telle préservation de l'espace.

M. Mundarain Hernandez a précisé qu'en tant que Président de la Conférence, il entendait s'acquitter dans un large esprit de consultation et avec humilité et efficacité de la responsabilité qui lui incombe de préparer, négocier et présenter en octobre prochain à l'Assemblée générale des Nations Unies le rapport annuel de la Conférence. La position du Venezuela au sujet de la proposition de programme de travail figurant dans le document CD/1840 est que ce document peut servir de base pour sortir cette instance de l'impasse, a ajouté le Président de la Conférence. Nous avons conscience des difficultés qu'il y a à parvenir à un consensus dans ce type d'enceinte plurielle et diverse ; mais il est indispensable de parvenir à un accord sur un programme de travail qui permette de sortir de l'inaction et de garantir le renforcement et l'existence même de la Conférence. Soulignant que toute œuvre humaine est perfectible, M. Mundarain Hernandez a invité chacun à enrichir cette proposition de programme de travail, à l'améliorer et à proposer des amendements réalistes, constructifs et responsables qui tiennent compte des préoccupations de tous.

Au nom de la Conférence et en son nom propre, M. Mundarain Hernandez a fait part de sa reconnaissance aux Ambassadeurs de la Finlande et de la France qui quittent aujourd'hui la Conférence ; il leur a souhaité tout le succès dans leurs nouvelles activités.

M. JEAN-FRANçOIS DOBELLE (France), indiquant parler ici à titre strictement personnel, a longuement commenté les peintures de la Salle du Conseil où se déroulent les travaux de la Conférence en soulignant qu'il est difficile, en contemplant ces œuvres, de ne pas songer aux travaux de cette instance qui, eux aussi, passent par des phases cycliques où des périodes d'activités intenses, hélas trop brèves, alternent malheureusement avec d'autres, beaucoup trop longues, où l'on a le sentiment d'un éternel recommencement, où l'impasse et la stagnation prévalent.

Je suis convaincu que la Conférence, même si elle a beaucoup déçu, demeure un instrument irremplaçable qui, y compris dans la phase de basses eaux qu'elle connaît depuis trop longtemps, conserve une réelle utilité dans la mesure où elle reflète à sa manière les tensions et les lignes de clivage qui continuent de fracturer en profondeur la communauté internationale et où elle permet à chacun de ses membres d'exprimer ouvertement ses préoccupations, ses priorités, ses ambitions et ses aspirations, a poursuivi M. Dobelle. Il reste que la Conférence pourrait et devrait faire beaucoup plus, a-t-il ajouté. Soulignant que l'état des relations internationales a un impact direct sur les travaux de cette instance, il a fait observer qu'une conjoncture internationale caractérisée par un avenir pour le moins incertain n'est pas vraiment propice à des efforts spectaculaires dans le domaine du désarmement. Les diplomates, aussi talentueux soient-ils, ne peuvent pas tout faire ; ils sont tributaires des instructions qu'ils reçoivent de leur capitale, et dans les domaines comme ceux dont traite la Conférence, celles-ci sont souvent très strictes et ne leur laissent qu'une faible marge de manœuvre, a en outre rappelé M. Dobelle. Il vient un moment où inévitablement les trouvailles les plus ingénieuses en matière de procédure se heurtent aux obstacles de fond, a-t-il insisté. « Or, le principe fondamental selon lequel de nouvelles avancées dans le domaine du désarmement ne doivent pas entraîner une diminution de la sécurité pour qui que ce soit justifie le maintien de la règle du consensus, dont il serait peut-être sage de vouloir s'affranchir, même si elle peut se révéler paralysante », a déclaré M. Dobelle. En revanche, a-t-il poursuivi, chaque sujet devrait être examiné selon ses propres mérites et toute tentative visant à établir des liens entre tel thème et tel autre ne peut que constituer un facteur de blocage.

Il ne pourra y avoir de réelle avancée dans le domaine du désarmement nucléaire que si le traité sur l'interdiction des essais nucléaires entre en vigueur et si une négociation s'engage enfin sur un traité interdisant la production de matière fissile aux fins de la fabrication d'une arme nucléaire. On ne peut qu'espérer qu'un consensus se dégagera un jour sur les propositions de compromis savamment mises au point par les présidences collégiales de 2007 et 2008, lesquelles représentent un point d'équilibre sans doute imparfait mais le plus proche de ce qui est susceptible de faire, le moment venu, l'objet d'un accord général. Par ailleurs, a ajouté M. Dobelle, le fait que la Conférence ne soit pas en mesure de se mettre d'accord sur un programme de travail portant notamment sur les quatre premiers points de son ordre du jour ne devrait pas la dispenser d'accorder une attention plus soutenue qu'elle ne le fait aujourd'hui à certains sujets touchant au désarmement conventionnel.

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a assuré le nouveau Président de la Conférence de tout le soutien de sa délégation. Il a en outre souhaité à l'Ambassadeur Dobelle de la France tout le succès dans ses futures fonctions. M. Khan a ensuite rappelé que le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, avait souligné, lorsqu'il s'était adressé à la Conférence le 22 janvier dernier, que les membres de cette instance n'avaient d'autre contrainte, pour mener leurs travaux, que celle consistant à opérer sur la base du consensus. Six questions restent à éclaircir, a poursuivi M. Khan : la règle du consensus; la notion de "formule parfaite" (qui revient à se demander si le mieux est l'ennemi du bien, ce qui, pour le Pakistan, ne devrait pas être le cas); le compromis; l'idée de "préjuger" des résultats d'une négociation; la notion de conditions préalables; et la notion de maturité (ndlr: ce qui est mûr ou non pour la négociation). Or, la proposition de programme de travail figurant dans le document CD/1840 est un compromis, mais un compromis bancal passé entre pays partageant largement le même point de vue et ne répondant pas aux préoccupations minimales et fondamentales de tous les membres de la Conférence, a souligné M. Khan. Ce compromis n'a pas fait des concessions à toutes les parties, a-t-il insisté. D'autre part, a poursuivi M. Khan, jusqu'à ces dernières années, le consensus était que la Conférence travaillerait à un traité d'interdiction des matières fissiles qui soit vérifiable; or cet aspect essentiel (le caractère vérifiable du traité) est absent du document CD/1840. Il est faux de prétendre que ce document n'établit pas de pré-conditions, a ajouté M. Khan; en effet, il en comporte trois, implicites ou explicites, déclarées ou non déclarées, à savoir qu'il n'y a pas de vérification du traité d'interdiction des matières fissiles, qu'il n'y a pas de comités spéciaux pour les négociations et que les trois questions fondamentales ont un traitement différent. Nous savons tous que les négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles à des fins d'armement avaient commencé en 1998 sur une base concertée et dans le cadre d'un programme de travail également concerté, après un dur labeur de cinq années pour mettre en place le mandat Shannon, a rappelé M. Khan, soulignant qu'à cette époque, le commencement des négociations avait été rendu possible par le traitement des questions et non pas leur mise de côté. Le Pakistan pourrait entériner le document CD/1840 s'il était révisé de manière à traiter des questions suivantes : mention d'un engagement à négocier un traité d'interdiction des matières fissiles qui soit "non discriminatoire, multilatéral et internationalement et effectivement vérifiable" - cela est essentiel; création d'un espace où traiter de la question des stocks futurs et existants de matières fissiles; équilibre entre les quatre questions fondamentales (désarmement nucléaire; traité d'interdiction des matières fissiles; prévention d'une course aux armements dans l'espace; garanties négatives de sécurité); recours à des comités spéciaux ou tous autres organes subsidiaires comme mécanismes de négociations, conformément au règlement intérieur de la Conférence; différenciation entre le rôle de coordonnateurs chargés de faciliter les discussions informelles et les fonctions d'organes subsidiaires officiels chargés de mener les négociations dans le contexte du programme de travail. Sans vérification, un traité d'interdiction des matières fissiles ne saurait promouvoir ni le désarmement, ni la non-prolifération, a insisté M. Khan. Cette question est pour le Pakistan d'une importance critique. Sur les autres points, nous sommes prêts à négocier, a conclu le représentant pakistanais.

M. ANTON PINTER (Slovaquie) a souhaité rappeler la déclaration du Ministre des affaires étrangères de son pays, en date du 14 août 2008, relative à la situation en Géorgie. La position de la Slovaquie en ce qui concerne la situation de conflit actuelle s'inspire du principe d'intégrité territoriale, a-t-il souligné. Il a ajouté que la Slovaquie s'oppose et continuera de s'opposer à tout recours à la force par toute partie s'agissant de questions non réglées, y compris celles relatives à l'Abkhasie et à l'Ossétie du Sud. M. Pinter a ajouté que la Slovaquie appuie les efforts de la présidence française de l'Union européenne. La Slovaquie serait favorable à l'envoi d'une mission de maintien de la paix de l'Union européenne, a-t-il indiqué. La Slovaquie a octroyé à la Géorgie une aide humanitaire de 5,6 millions de couronnes slovaques, a précisé M. Pinter.

M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a relevé que les déclarations faites ce matin devant la Conférence par la France et par le Pakistan abordent la question de l'incapacité de la Conférence, depuis des années, à parvenir à négocier quoi que ce soit. à cet égard, a-t-il souligné, il est important de présenter un compte rendu (des travaux de la Conférence) qui reflète tous les points de vue, y compris celui de pays qui, comme la Nouvelle-Zélande, ne sont pas dotés d'armes nucléaires et sont entièrement engagés en faveur de la non-prolifération nucléaire, tant horizontale que verticale. Le point de vue de nombre de membres de la Conférence au sujet d'un traité d'interdiction des matières fissiles est bien différent de celui d'un pays comme le Pakistan qui, lui, n'a pas renoncé aux armes nucléaires, a insisté M. MacKay.

Tous les États membres de la Conférence devraient faire preuve de souplesse dans la première étape qui consiste à se mettre d'accord sur un programme de travail car par la suite, ils disposent de nombreux garde-fous – notamment celui que constitue la règle du consensus – pour ne pas se rallier à un accord qui ne correspondrait pas à leur intérêt national, a fait observer M. MacKay. Il a estimé que la proposition de programme de travail figurant dans le document CD/1840 est un compromis qui devrait être acceptable pour tous. Ce document ne préjuge de rien, a-t-il insisté. La Nouvelle-Zélande, en ce qui la concerne, est disposée à accepter des négociations sur l'un quelconque des sujets figurant à l'ordre du jour de la Conférence ; mais elle ne pense pas qu'il soit possible de traiter de tous ces sujets en même temps, a fait savoir M. MacKay. Or, de l'avis de la majorité des délégations, le sujet qui est le plus propice à des négociations est le traité d'interdiction des matières fissiles ; ce serait donc là un point de départ logique, a-t-il affirmé.

M. VALERY LOSHCHININ (Fédération de Russie) a abordé la question de « l'agression de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud et des conséquences qui en ont découlé ». Dix jours après cette agression, au lieu d'une analyse sérieuse des causes de cette tragédie et d'une recherche des moyens d'assurer la paix dans cette région, les médias occidentaux continuent de publier des informations mensongères déformant la réalité, notamment dans la manière dont ils désignent le coupable de cette agression, a déclaré M. Loshchinin. Le 7 août, la Géorgie a commencé son opération d'agression contre l'Ossétie du Sud sous prétexte de rétablissement constitutionnel dans la zone de conflit, a-t-il rappelé. Au matin du 8 août, l'aviation géorgienne a frappé des villes et villages pacifiques d'Ossétie du Sud, a-t-il ajouté. Conformément à son droit à la légitime défense, la Fédération de Russie a envoyé son armée pour soutenir les soldats russes de maintien de la paix présents dans la zone. Ce sont les Géorgiens qui ont procédé à une opération de nettoyage ethnique et mené une politique de génocide, a déclaré M. Loshchinin. La Fédération de Russie ne pouvait pas laisser s'opérer un génocide en Ossétie du Sud, a-t-il insisté. Il a ajouté qu'il doit certes être difficile pour certains d'entendre de tels mots, en particulier pour ceux qui ont préparé le régime géorgien et lui ont fourni des armes tout en le présentant comme une vitrine de démocratie. Nous espérons que la justice et la vérité l'emporteront, a ajouté M. Loshchinin.

Suite à l'accord conclu le 12 août concernant six principes de règlement du conflit, la Fédération de Russie a commencé le retrait de certaines unités qui avaient été envoyées pour protéger les forces russes de maintien de la paix, a poursuivi M. Loshchinin. Or, nous constatons avec préoccupation qu'à ce jour, il n'y a pas confirmation du plein retour des forces géorgiennes dans leur cantonnement, a-t-il ajouté ; bien entendu, le rythme de nos actes futurs dépendra de la façon dont Tbilissi s'acquittera de ce que l'on attend d'elle, a-t-il déclaré.

Par ailleurs, après que Tbilissi eut accusé l'Occident et OTAN de ne pas lui avoir accordé le soutien voulu, des déclarations ont été faites selon lesquelles la Géorgie recevra l'aide dont elle a besoin, notamment une aide militaire – devenant alors plus forte que ce qu'elle n'était avant ces événements, a souligné M. Loshchinin. Or, ce n'est pas par des activités militaires qu'il faut renforcer la Géorgie ; il conviendrait davantage de rechercher les moyens de renforcer la responsabilité de la Géorgie face à la communauté internationale, ce pays ayant besoin d'une éducation de base et d'une culture en la matière, a déclaré M. Loschinin. La Géorgie a essayé d'entraîner dans le conflit non seulement la Fédération de Russie mais aussi les pays de l'OTAN ; il faut réfléchir à cela, a insisté le représentant russe. Les efforts qu'il convient désormais de déployer doivent porter sur l'instauration d'une paix durable dans la région et non pas viser à attirer la Géorgie dans l'alliance militaire de l'OTAN, a conclu M. Loshchinin.

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil) a rappelé que la Conférence va maintenant devoir préparer son rapport annuel à l'Assemblée générale. Il s'agit là d'une tâche malaisée, a-t-il souligné. Il faut néanmoins espérer que ce rapport, qui devra bien entendu être factuel, ne sera pas pour autant rigide et s'efforcera de préparer la tâche de ce qui doit être fait l'an prochain, afin de ne pas donner l'impression que nous sommes dans l'impasse et qu'il faut tout reprendre à zéro, a déclaré le représentant brésilien. Il a en outre avalisé dans les grandes lignes les arguments présentés par la Nouvelle-Zélande, tout en précisant que pour le Brésil, l'éventuelle négociation d'un traité sur l'interdiction des matières fissiles devrait intégrer des clauses de vérification. Le représentant brésilien a rendu hommage au travail de l'Ambassadeur Dobelle de la France qui quitte aujourd'hui la Conférence.

M. JAMES C. O'SHEA (Irlande) s'est dit attristé par les départs des ambassadeurs Dobelle de la France et Kahiluoto de la Finlande. Il a indiqué que l'Irlande s'associait aux remarques faites par la Nouvelle-Zélande, qui expriment le point de vue de la délégation irlandaise pour ce qui est de remettre la Conférence au travail. La position de la Nouvelle-Zélande - et on peut en dire autant de celle de l'Irlande - est très proche de celle du Pakistan sur les diverses questions de fond liées au contenu d'un traité sur les matières fissiles, a-t-il ajouté.

Après avoir rappelé que la position de l'Irlande s'agissant des événements de ces derniers jours dans le sud du Caucase est exposée dans les conclusions de la réunion du Conseil de l'Union européenne du 13 août dernier et dans les déclarations du Ministre irlandais des affaires étrangères, M. O'Shea a relevé que dans sa déclaration devant la Conférence, le Représentant permanent de la Fédération de Russie a fait référence à l'usage, par les forces géorgiennes, du système de lancement de roquettes Grad en affirmant, semble-t-il, que ce type d'arme était à sous-munitions et frappait non pas des cibles mais des zones. Pour autant que je sache, a ajouté M. O'Shea, les roquettes du système Grad peuvent être associées à différentes sortes d'ogives, y compris des ogives contenant une seule et puissante charge explosive et des ogives contenant des sous-munitions. Aussi, le représentant irlandais a-t-il souhaité savoir si la délégation russe entendait affirmer que des roquettes de type Grad équipées d'ogives chargées de sous-munitions avaient été utilisées par les forces géorgiennes le 8 août.

M. VALERY LOSHCHININ (Fédération de Russie), en réponse à la question qui lui a été adressée par l'Irlande, a affirmé que le système de roquette de type Grad peut être considéré comme une arme relevant des armes à sous-munition; maintenant, a-t-il ajouté, reste à régler la question de la définition de ce qu'est une sous-munition. Mais l'important, c'est que des systèmes de type Grad détruisent tout sur leur passage et pas seulement des infrastructures, ce qui est inacceptable, a déclaré le représentant russe.

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a souligné que les réponses de la Nouvelle-Zélande et du Brésil ne sont pas allées jusqu'au cœur du problème. Certes, la Conférence ne doit pas donner l'impression qu'elle va recommencer à zéro l'an prochain, a-t-il en outre affirmé.

M. DAYAN JAYATILLEKA (Sri Lanka), s'adressant au Président de la Conférence, s'est dit ravi de voir que l'Amérique latine est en pleine fermentation créative, recherchant des issues sociales et réalistes aux crises que traverse le monde. Il a félicité M. Mundarain Hernandez pour son accession à la présidence de cette instance.

M. CHING WANG QUN (Chine) a déclaré, à en juger par les déclarations qui ont été faites ce matin, que la réalité au sein de la Conférence est que des divergences d'opinion, tant de procédure que de fond, continuent de nous séparer quant à la façon pour cette instance de poursuivre sa tâche. Néanmoins, toutes les parties espèrent que la Conférence va progresser, a relevé le représentant chinois. La Chine pense que la solution est donc d'opter pour un dialogue constructif au lieu de se critiquer mutuellement ; seul le dialogue permettra d'aplanir les divergences et de parvenir rapidement à un accord sur un programme de travail, a souligné M. Wang Qun.


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