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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES DÉCLARATIONS SUR LA POURSUITE DE SES TRAVAUX

Communiqué de presse
Sont notamment évoquées l'éventualité d'une suspension des travaux de la Conférence, les priorités de certains pays et l'annonce par Pyongyang de la possession d'armes nucléaires

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de la Norvège, de la Chine, de l'Italie, du Pakistan et de la République populaire démocratique de Corée.

En réaction à l'intervention, le 1er février dernier, devant la Conférence, de l'Afrique du Sud qui évoquait une éventuelle suspension des travaux de cette instance si elle ne parvenait pas, cette année encore, à entamer des négociations, la Norvège a souligné que cette question n'est pas nouvelle puisqu'elle avait été débattue lors d'un atelier organisé à Oslo en décembre 2003 sur le thème de la revitalisation du désarmement. Les conclusions de cet atelier font notamment référence à la possibilité de n'organiser des séances plénières que lorsqu'un réel besoin s'en fait sentir, a rappelé la Norvège. Le Pakistan, dont l'Ambassadeur a annoncé qu'il quittait tout prochainement ses fonctions auprès de la Conférence, a indiqué ne pas partager l'avis de ceux qui préconisent une suspension des travaux de la Conférence.

De l'avis de l'Italie, il faudrait que la Conférence se mette au diapason des questions qui ont une incidence sur l'environnement sécuritaire international actuel. À cet égard, l'Italie s'est référée à la récente annonce faite par la République populaire démocratique de Corée s'agissant de la possession d'armes nucléaires. En réaction à cette intervention, la République populaire démocratique de Corée s'est étonnée que soudain, «une question non pertinente, à savoir les négociations entre ce pays et les États-Unis, soit soulevée par la délégation italienne», ajoutant que son pays est confronté à un obstacle de taille sur la voie des sixièmes pourparlers, qui trouve ses origines à la même source que celle qui nourrit les problèmes rencontrés par la Conférence, a expliqué la République populaire démocratique de Corée.


Pour la Norvège comme pour l'Italie, la priorité absolue reste le lancement de négociations visant à parvenir à un traité vérifiable de cessation de la production de matière fissile à des fins d'armement nucléaire. Pour la Chine, il est urgent, au regard des lacunes du système juridique international dans ce domaine, que la communauté internationale empêche la militarisation de l'espace extra-atmosphérique ainsi qu'une course aux armements dans l'espace.

Le Président de la Conférence, le Néerlandais Chris Sanders, a rappelé que la semaine dernière, il avait fait circuler un texte concernant l'annonce éventuelle, par le Président, des coordonnateurs spéciaux chargés de quatre organes subsidiaires et de leurs mandats. M. Sanders a indiqué qu'après avoir mené des consultations informelles, il a finalement décidé de ne pas faire cette annonce. Cette décision n'a aucune répercussion sur la question de savoir si le Président est habilité ou non à identifier des coordonnateurs spéciaux, a souligné M. Sanders avant de préciser que, pour sa part, il continue de penser que le Président est bien habilité à identifier de tels coordonnateurs.

La Conférence tiendra sa prochaine séance publique jeudi prochain, 17 février, à 10 heures. Le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan fera une déclaration à cette occasion.

Aperçu des déclarations

M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a indiqué que son pays avait été intéressé par la déclaration faite le 1er février dernier par l'Afrique du Sud, selon laquelle il pourrait s'avérer nécessaire d'envisager une solution alternative si la Conférence ne parvenait pas cette année, une fois de plus, à entamer des négociations. Cette question a été débattue lors d'un atelier organisé à Oslo en décembre 2003 sur le thème de la revitalisation du désarmement. Les conclusions de cet atelier ont été transmises à la Conférence en janvier 2004; elles font notamment référence à la possibilité de n'organiser des séances plénières que lorsqu'un réel besoin s'en fait sentir. Les conclusions de l'atelier d'Oslo font également référence au fait que le manque de volonté politique d'utiliser la Conférence à bon escient est à l'origine de la situation actuelle. Si aucune activité n'est envisagée pour cette instance, les conséquences devront en être tirées, et il n'y aurait aucun obstacle pratique à convoquer des séances lorsqu'il y a une raison de le faire, a-t-il fait observer.

La Norvège pense qu'il devrait être possible pour la Conférence de créer trois ou quatre organes et mandats subsidiaires, a poursuivi M. Strommen. La priorité absolue de la Norvège reste le lancement de négociations visant à parvenir à un traité vérifiable d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires, a-t-il rappelé. Pour ce qui est des mines antipersonnel, la Norvège estime que la Conférence n'est pas l'instance appropriée, non seulement parce que nombre de pays affectés par les mines n'y sont pas représentés mais aussi parce qu'il ne faut pas établir de distinction entre les différents types de mines antipersonnel, sous peine d'affaiblir les normes fixées par la Convention d'Ottawa.

Des mandats de discussion sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique et sur le désarmement nucléaire constitueraient une suite logique des travaux de la Conférence, a poursuivi M. Strommen. Il serait dommage que la question des garanties négatives de sécurité entrave la possibilité de parvenir à un accord sur le programme de travail de la Conférence, a-t-il ajouté. L'Ambassadeur de Norvège a déclaré qu'il devrait être possible, au niveau technique, d'entamer des travaux préparatoires quant au fond. Il s'agirait d'un suivi naturel des discussions informelles sur les questions de fond qui ont eu lieu l'an dernier. Quoi qu'il en soit, une solution à la situation actuelle ne peut venir que des capitales, a rappelé M. Strommen. Il a réitéré son désir de voir la Conférence examiner sérieusement les recommandations présentées par le Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement s'agissant des questions de désarmement. L'une des recommandations du Groupe visait à faire avancer la Conférence vers la négociation d'un traité d'interdiction de la fabrication future de matières fissiles (cut-off) qui soit vérifiable.

M. HU XIAODI (Chine) a fait observer que les progrès scientifiques et technologiques font que l'utilisation et le développement pacifiques de l'espace extra-atmosphérique sont à la portée d'un nombre de plus en plus élevé de pays soucieux d'en faire bénéficier leurs peuples. En même temps, toutefois, la recherche et le développement d'armes spatiales se sont intensifiés et le risque d'une militarisation de l'espace extra-atmosphérique s'est accru. Au regard des lacunes du système juridique international dans ce domaine, il est donc urgent pour la communauté internationale de prévenir la militarisation de l'espace extra-atmosphérique ainsi qu'une course aux armements dans l'espace.

Afin de consolider la compréhension commune de ces questions par la communauté internationale, a précisé M. Hu Xiaodi, la Chine, la Fédération de Russie, l'Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) et la Fondation Simons du Canada organisent, les 21 et 22 mars prochain au Palais des Nations, à Genève, une conférence internationale sur le thème «Préserver la sécurité dans l'espace: prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique». M. Hu Xiaodi a invité tous les délégués et observateurs de la Conférence du désarmement à participer à cette conférence.

M. CARLO TREZZA (Italie) a salué l'initiative du Président d'envoyer aux ministres des affaires étrangères des pays membres de la Conférence une lettre les invitant à intervenir devant cette instance à l'occasion d'un éventuel segment de haut niveau de la Conférence. Cette initiative devrait permettre d'élever le niveau de nos délibérations, a estimé M. Trezza. Il s'est en outre dit satisfait qu'un accord soit intervenu au sujet de l'ordre du jour de la Conférence. Tout aussi satisfaisant est l'accord au sein de la Conférence permettant que toute question puisse être dans le cadre de l'ordre du jour pourvu qu'il y ait un consensus en la matière.

Il faudrait que la Conférence soit au diapason des questions qui ont une incidence sur l'environnement sécuritaire international actuel, a poursuivi M. Trezza. À cet égard, l'Ambassadeur d'Italie s'est référé à la récente annonce faite par la République populaire démocratique de Corée s'agissant de la possession d'armes nucléaires. M. Trezza a rappelé la déclaration faite à ce sujet par la Présidence de l'Union européenne qui a fait part de sa vive préoccupation suite à cette annonce, exprimant par ailleurs son regret que la République populaire démocratique de Corée ait suspendu sa participation aux négociations multilatérales portant sur son programme nucléaire.

Au fil des ans, a poursuivi M. Trezza, les pays membres de la Conférence ont indiqué quelles étaient leurs priorités et leurs principales préoccupations en matière de sécurité; le moment est donc venu de trouver un compromis sur ces questions, ce qui ne signifie pas nécessairement qu'il faille travailler sur toutes les questions en même temps. Pour l'Italie, la priorité reste la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, a rappelé M. Trezza. Il a ajouté que l'Italie ne verrait aucune objection de principe à débattre du désarmement conventionnel au sein de la Conférence, y compris pour ce qui est d'une limitation élargie des mines terrestres, pourvu que cela soit compatible avec la Convention d'Ottawa.

M. SHAUKAT UMER (Pakistan) a salué les efforts du Président de la Conférence, M. Chris Sanders, pour aborder les choses dans une perspective nouvelle tout en s'attachant à préserver la force principale de cette instance qui est d'opérer par consensus. L'Ambassadeur pakistanais, qui a précisé qu'il quittait prochainement ses fonctions de représentant de son pays auprès de la Conférence, a exprimé sa déception s'agissant de la Conférence du désarmement, estimant néanmoins qu'il ne fallait pas manifester de déception démesurée lorsque l'on réagit face à la situation actuelle, a-t-il souligné. À cet égard, il a indiqué ne pas partager l'avis de ceux qui préconisent une suspension des travaux de la Conférence. Plutôt que d'anesthésier la Conférence, il faut continuer à explorer les moyens de la revitaliser, a-t-il déclaré. Si on suspend les travaux de la Conférence du désarmement, cela produira un vide complet, a estimé l'Ambassadeur du Pakistan, soulignant que «les relations multilatérales abhorrent le vide». L'important est désormais de réfléchir à la manière de faire évoluer le système pour qu'il corresponde aux réalités contemporaines, a-t-il ajouté.

M. AN MYONG HUN (République populaire démocratique de Corée), en réponse à l'intervention, ce matin, de l'Italie, a tout d'abord tenu à rappeler que la Conférence n'a eu aucun débat de fond depuis huit ans. Or soudain, une question non pertinente, à savoir les négociations entre la République populaire démocratique de Corée et - essentiellement - les États-Unis, a été soulevée par la délégation italienne. «Nous sommes confrontés à un obstacle de taille sur la voie des pourparlers à six et nous avons estimé que cet obstacle trouve ses origines à la même source que celle qui nourrit les problèmes rencontrés par la Conférence», a expliqué M. An.

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