Aller au contenu principal

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT TIENT UNE DISCUSSION SUR LA TRANSPARENCE DANS LE DOMAINE DU DÉSARMEMENT

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, une séance plénière publique au cours de laquelle elle s’est penchée sur la question de la transparence dans le domaine du désarmement en entendant les déclarations sur ce sujet d’une dizaine de délégations – Maroc, Royaume-Uni, France, Pakistan, Chine, Fédération de Russie, Iran, Allemagne, Japon, Brésil – et de trois panélistes : Mme Heather Williams, chargée de cours au Département des études de défense du King’s College de Londres et membre de la délégation des États-Unis ; Mme Vanessa Wood, de l’Australie ; et Mme Trine Heimerback, Représentante permanente adjointe de la Norvège.

La Conférence a également entendu d’autres déclarations d’une quinzaine de délégations : Kazakhstan, Pérou (au nom de neuf pays membres du Groupe de Lima), Venezuela, Cuba, Fédération de Russie, République populaire démocratique de Corée, Syrie, Iran, Chine, Inde, Afrique du Sud, Viet Nam, Nicaragua, Cameroun et Etats-Unis. Alors que la présidence vénézuélienne de la Conférence qui doit débuter lundi prochain s’est vue contestée par le Pérou – au nom de neuf pays membres du Groupe de Lima – et par les Etats-Unis, l’écrasante majorité des délégations qui se sont ici exprimées ont insisté pour que soit respectée cette future présidence vénézuélienne.

La Conférence a par ailleurs accepté la demande de participation à ses travaux en tant qu’observateur présentée par le Paraguay pour la session de cette année.


Il s’agissait de la dernière séance plénière de la Conférence sous présidence des Etats-Unis. La prochaine séance plénière publique de la Conférence doit se tenir mardi prochain, 28 mai, à 10 heures, sous présidence du Venezuela (la présidence vénézuélienne de la Conférence s’achèvera le 23 juin prochain).


Aperçu des déclarations

Déclarations des panélistes

MME HEATHER WILLIAMS, chargée de cours au Département des études de défense du King’s College de Londres et membre de la délégation des États-Unis, a expliqué qu’il était possible de faire davantage sur le plan de la transparence dans le cadre du processus des « P5 » (ndlr : les cinq Etats dotés d’armes nucléaires reconnus comme tels par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui sont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU), ce qui est une demande des États non dotés de l’arme nucléaire. Elle a attiré l’attention sur les avantages de la transparence en termes de réduction des risques, notamment en ce que, directement, elle permet d’éviter des erreurs de calcul et de créer des canaux de communication en cas de crise. La transparence développe en outre la confiance et engage au dialogue. La transparence se manifeste notamment par la présentation de rapports, par la clarté de la doctrine en y intégrant une politique déclaratoire, par le contrôle des armements, par la vérification du désarmement et par l’engagement avec la société civile, a ajouté Mme Williams, avant de faire état des progrès réalisés en la matière à ce jour, citant notamment le Royaume-Uni, qui fournit aujourd’hui un des rapports les plus complets dans ce domaine, ou encore les Etats-Unis, qui – jusqu’à récemment – publiaient les chiffres concernant leurs stocks. Mme Williams a en outre appelé à se pencher sur les conséquences, du point de vue de la transparence, de la rupture du contrôle des armements, en particulier si le Traité New START (de réduction des armes stratégiques) devait ne pas être prolongé.

Il est possible de faire davantage au niveau de la transparence, a insisté Mme Williams. À court terme, les « P5 » peuvent unilatéralement prendre des initiatives de vérification du désarmement pour promouvoir la transparence et la confiance des États non dotés d’arme nucléaire ; ils peuvent en outre prendre des mesures pour clarifier leurs doctrines nucléaires. À long terme, les « P5 » devraient renouveler leur engagement en faveur du moratoire sur les essais nucléaires et en faveur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Les « P5 » doivent inviter tout le monde à participer et avoir des discussions plus inclusives.

Une initiative intéressante concerne les technologies émergentes, a poursuivi Mme Williams. Les risques perçus dans la cybernétique et l’intelligence artificielle ne sont pas encore totalement compris, a-t-elle souligné. Ces nouvelles technologies peuvent augmenter les risques d’erreurs de calcul dans le domaine de la sécurité nucléaire. Il faut mesurer l’étendue du problème et discuter avec le secteur privé et l’industrie qui fait le travail le plus novateur sur ces technologies. Les « P5 » pourraient, dans ce domaine, faire une déclaration conjointe dans laquelle ils s’engageraient à ne pas utiliser de cyber-arme ciblant les commandes ou les systèmes de contrôle nucléaires de l’un d’entre eux et à limiter le rôle de l’intelligence artificielle dans les infrastructures nucléaires.

Pour conclure, Mme Williams a expliqué qu’il reste des défis très importants à relever dans le domaine de la transparence, eu égard aux tensions géopolitiques et aux différends entre les membres du « P5 » et eu égard à un passif de méfiance et à des malentendus durables. De nombreux Etats non dotés de l’arme nucléaire ne manqueront pas de souligner qu’il n’y a pas suffisamment de progrès sur la voie du désarmement et que tout cela ne témoigne pas d’une « bonne foi ».

MME VANESSA WOOD, de l’Australie, a rappelé que l’Australie était actuellement le coordonnateur de l'Initiative sur la non-prolifération et le désarmement (NPDI), groupe interrégional composé de 12 pays qui vise à la mise en œuvre du Plan d'action pour le TNP. Le travail sur la transparence est une activité phare de la NPDI ; ses travaux visent essentiellement à encourager les États parties au TNP à multiplier les rapports sur la mise en œuvre du Traité. Ces rapports et les discussions autour de ceux-ci peuvent favoriser la compréhension mutuelle entre les États. En outre, les rapports pourraient montrer de manière tangible l’engagement des États dotés d’armes nucléaires en faveur de la transparence et de la responsabilisation, ce qui est une donnée essentielle pour instaurer la confiance et donner une impulsion en vue de la Conférence d’examen du TNP de 2020. Mme Wood a rappelé que depuis 2012, le NPDI considérait qu'un accord sur un formulaire de rapport standardisé était fondamental pour promouvoir un plus grand nombre de rapports nationaux. Les rapports standardisés présentent des avantages et des inconvénients, a-t-elle ajouté ; la question des rapports est au centre des préoccupations du NPDI, mais ces rapports ne sont pas le seul moyen d’aboutir à la transparence. Tout le monde doit réfléchir à la transparence, qui fait partie d’un processus de confiance, a conclu Mme Wood.

MME TRINE HEIMERBACK, Représentante permanente adjointe de la Norvège, a rappelé qu’elle présidait le Groupe d'experts gouvernementaux sur la vérification du désarmement nucléaire, qui vient de terminer ses travaux. Au cours de ses sessions, le Groupe a examiné en quoi consistaient les vérifications dans le domaine du désarmement nucléaire et les principes d'une telle vérification. Le Groupe a aussi étudié la question de savoir comment la vérification pourrait être réalisée et par qui. La Norvège a précisé que les vues convergeaient sur une liste non exhaustive de sept principes de vérification nucléaire, notamment la conformité au droit international, la conformité aux obligations juridiques de non-prolifération, la nécessité de protéger les informations sensibles, ou encore la non-discrimination d’un régime de vérification.

Le Groupe a notamment conclu que la vérification était essentielle dans le processus de désarmement nucléaire et pour la réalisation d'un monde exempt d’armes nucléaires. Il a aussi conclu que le rôle de la vérification doit être déterminé au cas par cas dans le contexte des négociations d'accords juridiquement contraignants. Dans son rapport de consensus, le Groupe a recommandé aux États Membres de l’ONU d’envisager de nouveaux travaux sur le rôle de la vérification. Pour conclure, la Norvège a indiqué qu’elle travaillerait avec les États intéressés pour faire avancer les travaux du Groupe d’experts et qu’elle présenterait une résolution à l'Assemblée générale des Nations Unies cet automne.

Discussion sur la transparence dans le domaine du désarmement

Le Maroc a déclaré que la transparence dans le domaine du désarmement passe nécessairement par la prise de mesures visant à établir et renforcer la confiance, à travers l’échange volontaire d’informations pour établir la compréhension et la confiance mutuelles, en réduisant les malentendus et les erreurs de jugement, et en clarifiant les intentions, dans le but ultime de réduire le risque de confrontation armée et la mise en péril de la sécurité et de la paix.

C’est dans cet esprit que le Maroc s’est résolument engagé à faire prévaloir les principes de transparence et de confiance dans le domaine du désarmement, en accordant une grande importance à l’échange d’informations, de bonnes pratiques et d’expériences, ainsi qu’au renforcement de la coopération internationale et régionale. La délégation marocaine a énuméré une série d’initiatives et d’activités dans ce domaine. Elle a relayé les appels en faveur de la préservation du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) afin d’éviter une nouvelle course aux armements nucléaires à grande échelle. La disparition de ce Traité rendrait le monde moins sûr et instable, a insisté le Maroc. Le pays a aussi appelé de ses vœux la prolongation et le renforcement du Traité New Start. Le Maroc a en outre plaidé pour la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment dans la région du Moyen-Orient.

Le Royaume-Uni a félicité la Chine pour ses efforts visant à accroître la transparence du processus des « P5 », plus particulièrement par la participation de la société civile durant la dernière Conférence de Beijing des « P5 ». En ce qui concerne les mesures nationales de transparence, le Royaume-Uni a présenté au Comité préparatoire (de la Conférence d’examen du TNP de 2020) à New York, au début du mois de mai, un projet de rapport de mise en œuvre, qui est une déclaration détaillée des mesures nationales en matière de désarmement, de non-prolifération et d'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Le rapport a été préparé conformément au formulaire de rapport standard approuvé par les États dotés d'armes nucléaires en 2013 et a fait l'objet de consultations avec la société civile au Royaume-Uni. La délégation britannique a insisté sur la valeur de tels rapports, qui permettent de renforcer la confiance mutuelle, non seulement entre les États dotés d’armes nucléaires, mais aussi entre tous les États. En outre, la transparence est un principe fondamental du désarmement nucléaire, un point de départ pour le dialogue et un outil de responsabilité envers le public, a souligné le Royaume-Uni.

La France, tout en soulignant que la transparence nucléaire n’était pas un concours de beauté, a regretté que la représentante du King’s College ait distribué les bons points et n’en n’ait pas donné à la France. La France envisage en effet la transparence comme une composante clé de l’approche progressive du désarmement nucléaire. La France a été le premier Etat à avoir rendu public le chiffre total de son arsenal nucléaire, qui ne dépasse pas 300 armes nucléaires. La France promeut en outre une transparence sur sa doctrine, régulièrement et publiquement exposée par les autorités politiques au plus haut niveau. Le pays encourage la poursuite du dialogue stratégique, en format « P5 », sur les doctrines. De manière générale, la transparence, y compris le dialogue sur les doctrines et postures nucléaires, peut fortement contribuer à la réduction des risques, en particulier ceux liés à l'usage de l’arme nucléaire basé sur des erreurs de jugement ou de calcul.

La France applique également la transparence sur les mesures concrètes de désarmement. La France est le seul Etat doté d’arme nucléaire à avoir démantelé de manière irréversible ses installations de production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire et des nouvelles visites seront organisées dans l’année à venir, a indiqué la délégation française. La France participe activement aux diverses enceintes traitant de la vérification du désarmement nucléaire ; en outre, elle s’est lancée dans l’organisation d’un exercice technique sur la vérification du désarmement, aux côtés de l’Allemagne.

La Pakistan a déclaré que les mesures de transparence doivent permettre de faciliter la confiance entre les Etats afin qu’ils puissent agir dans la résolution des conflits. Les mesures de transparence se sont révélées efficaces aux niveaux national et régional. Les mesures de confiance régionales doivent être adaptées aux spécificités de la région. Les mesures de transparence peuvent créer des conditions favorables, mais elles ne doivent pas devenir une fin en soi à long terme, a toutefois souligné le Pakistan, faisant observer que si les conflits continuent, les mesures de transparence vont perdre de leur efficacité. Il faut que les Etats puissent se parler. Les mesures de transparence doivent être équilibrés, de manière à protéger les informations sensibles. Le Pakistan est convaincu que la transparence peut aider à développer la confiance ; mais elle ne doit pas être considérée comme un préalable.

La Chine a déclaré que la transparence est un concept important en matière de désarmement. Les membres des Nations Unies ont souhaité développer la confiance et promouvoir le désarmement nucléaire. La transparence n’est pas une fin en soi, mais un moyen de rétablir la confiance, a souligné la Chine. La confiance n’est pas un concept autonome et se rapporte au contexte sécuritaire mondial. La Chine n’est pas les Etats-Unis et ne deviendra jamais les Etats-Unis ; et la politique nucléaire de la Chine ne sera jamais celle des Etats-Unis. Les Etats-Unis ne doivent pas se défausser en faisant peser sur d’autres pays la responsabilité du manque de confiance existant. La stratégie nucléaire de la Chine est la plus transparente parmi celles des Etats nucléaires ; le pays s’engage en effet, notamment, à ne jamais utiliser en premier l’arme nucléaire. La Chine a rappelé avoir présenté son rapport national sur la mise en œuvre du TNP, avec des mesures concrètes dans le domaine de la transparence nucléaire.

La Fédération de Russie a fait observer que ces derniers temps, les délégations se sont moins intéressées à la question de la transparence. La problématique de la transparence doit néanmoins être réexaminée dans le contexte actuel. Les mesures volontaires de transparence occupent une place importante parmi les modalités reconnues qui permettent une compréhension plus approfondie des positions des Etats. La Fédération de Russie hésite toutefois à dire que les mesures de transparence jouent un rôle clé dans le domaine du désarmement nucléaire ; elle considère certes que dans certaines configurations, de telles mesures peuvent apaiser les tensions, mais elle préconise une évaluation mesurée de leur efficacité. L’exemple le plus positif d’application des mesures de transparence est donnée par le Registre des armes classiques des Nations Unies, a poursuivi la Fédération de Russie. Elle a souligné que la transparence renvoie à un échange d’informations, lesquelles peuvent avoir un caractère sensible et confidentiel ; la question de la protection de ces informations contre les fuites est dès lors primordiale. Le domaine de l’application des mesures de transparence est assez limité et ce domaine d’application est encore plus restreint lorsqu’on évoque le désarmement nucléaire, a fait observer la délégation russe ; c’est ce qui détermine la prudence de la Fédération de Russie s’agissant du Partenariat international sur la vérification du désarmement nucléaire. Dans la grande majorité des cas, les mesures de transparence ne jouent qu’un rôle accessoire car elles reposent sur le volontariat. Dans un domaine sensible comme celui de la sécurité nationale, il n’est pas possible de se baser sur la seule bonne volonté des Etats ; il faut des garanties juridiques fermes dans ce domaine, a insisté la délégation russe.

L’Iran a des difficultés à appréhender les résultats des discussions en cours sur la transparence, alors que les Etats membres de la Conférence attendent d’avoir un programme de travail pour sortir de l’impasse. Cette pratique contribue à des discussions inutiles voire trompeuses ; le fond comme la forme de ces discussions sous forme de panel ne peuvent être acceptés par l’Iran. Le pays est préoccupé de voir insérer des concepts non pertinents et trompeurs dans les travaux de la Conférence.

L’Allemagne a affirmé que la transparence est un domaine dans lequel il est possible de faire des progrès. Il est plus important que jamais de progresser dans ce domaine ; la transparence est en effet la pierre angulaire de la confiance et elle permet de réduire les risques de mauvais calculs. Néanmoins, elle ne saurait se substituer aux efforts de désarmement, a souligné l’Allemagne. Il y a eu quelques progrès dans le domaine de la vérification, a poursuivi le pays, avant de rappeler l’exercice conjoint avec la France que l’Allemagne a prévu fin septembre prochain.

Le Japon a déclaré que la transparence était le fondement d’un très grand nombre de questions dans le domaine du désarmement nucléaire. Pour parvenir au désarmement, il faut comprendre ce que font les Etats dotés de l’arme nucléaire. La transparence permet d’évoquer le respect entre les nations et de discuter de manière très factuelle. Les Etats non dotés de l’arme nucléaire doivent pouvoir savoir quelles sont les intentions des Etats qui en sont dotés et avoir accès aux informations pertinentes. Les Etats dotés d’armes nucléaires doivent réfléchir à mettre tous les documents nécessaires à disposition des Etats non dotés avant la Conférence d’examen du TNP de 2020.

Le Brésil a expliqué qu’il avait toute sa place aujourd’hui dans le Partenariat international sur la vérification du désarmement nucléaire. Le Brésil salue ce Partenariat bien qu’il soit un forum bien restreint pour une conversation si fondamentale ; il serait plus légitime s’il s’inscrivait dans un cadre multilatéral, de préférence au sein du système des Nations Unies. Tous les Etats ont un intérêt et le droit de participer aux questions sur le désarmement nucléaire. Le Brésil s’est engagé avec enthousiasme dans les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur la vérification du désarmement nucléaire et a soumis un document de travail proposant l’établissement d’un groupe d’experts scientifiques et techniques sur la vérification du désarmement nucléaire conformément au Règlement intérieur de la Conférence ; mais le manque de consensus en raison du non-ralliement d’un seul a empêché l’adoption de cette proposition, a déploré le Brésil.

Autres interventions

Le Kazakhstan a dit partager les graves préoccupations au sujet de l’inaction de la Conférence et de son incapacité de mener des négociations depuis 20 ans. Des progrès concrets dans le domaine du désarmement ne sont possibles que dans le cadre de la Conférence, a souligné le pays. Les Etats doivent faire preuve d’une véritable volonté politique pour se mettre d’accord sur un programme de travail, a insisté le Kazakhstan.

Le Pérou, au nom de neuf pays membres du Groupe de Lima (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Guatemala, Honduras, Paraguay et Pérou), a rappelé que ces pays ne reconnaissaient pas le « régime de Nicolás Maduro » au Venezuela et soutenaient M. Guaidó comme président du pays. Les neuf pays du Groupe de Lima susmentionnés soulignent qu’ils ne reconnaissent pas une présidence vénézuélienne (de la Conférence) exercée par les représentants du « régime illégitime de Nicolás Maduro » et qu’ils ne participeront donc pas aux travaux de la Conférence entre le 27 mai et le 23 juin 2019 (ndlr : dates de la présidence vénézuélienne de la Conférence).

Le Président de la Conférence, M. ROBERT WOOD, a indiqué que les Etats-Unis partageaient la vision du Groupe de Lima.

Le Venezuela a déclaré que la délégation de ce pays était légitime. Plus de six millions de Vénézuéliens ont voté pour le Gouvernement Maduro. Le Venezuela regrette profondément le comportement irrespectueux des Etats-Unis. Le « Groupe autoproclamé de Lima » n’est pas un interlocuteur sérieux et crédible ; ce Groupe n’a pour seul but que d’agresser un pays frère de la région, a insisté la délégation vénézuélienne. La manière dont est ici utilisée la Conférence ne répond qu’à un seul objectif : maintenir cette instance dans la stagnation. La communauté internationale sait quel est aujourd’hui le gouvernement le plus suprématiste et raciste : elle sait que Donald Trump ne cherche qu’à envahir le Venezuela. Le comportement illégal des Etats-Unis ne vise qu’à porter atteinte au Venezuela. La présidence états-unienne de la Conférence a échoué ; elle n’a pas réussi à expulser le Venezuela de cette Conférence. Le Venezuela exercera comme convenu sa présidence à partir de la semaine prochaine et fera preuve d’une approche constructive et respectueuse, a conclu la délégation vénézuélienne.

Cuba a indiqué qu’il y a quelques heures seulement, l’Alliance bolivarienne pour les Amériques a adopté une déclaration commune, dans laquelle les Ministres et chefs de délégations ont exprimé leur préoccupation face à l’agression du continent et aux menaces de recours à la force contre le Venezuela qui constituent un danger pour la paix régionale. Cuba rejette toutes les tentatives de dénaturer les travaux de la Conférence du désarmement. La délégation cubaine réaffirme son appui au Président constitutionnel Maduro et garantit toute la coopération du pays pour le bon déroulement de la présidence vénézuélienne de la Conférence.

La Fédération de Russie a souligné qu’elle était catégoriquement opposée à toute tentative d’exploiter la Conférence pour régler des comptes politiques entre Etats, ce qui menace d’aggraver la rupture entre les délégations, de désorganiser la Conférence et de conduire cette session à l’échec. La légitimité de la délégation du Venezuela ne fait aucun doute et ne peut donner lieu à quelque protestation que ce soit, a rappelé la délégation russe. On ne peut pas mettre en doute la légitimité de la présidence vénézuélienne.

La République populaire démocratique de Corée s’est dite préoccupée par la récupération de la Conférence à des fins politiques. On assiste aujourd’hui à un nouveau spectacle politique, qui vise à priver un pays de sa représentation officielle à l’ONU, a déploré la République populaire démocratique de Corée. Cette situation porte atteinte à la possibilité de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence, a-t-elle ajouté. La République populaire démocratique de Corée a condamné toute tentative de chasser du pouvoir le Président élu du Venezuela, ce qui constituerait une violation du droit international.

La Syrie a déclaré qu’elle se réjouit de la perspective de la présidence vénézuélienne de la Conférence. Il ne faut pas politiser les questions soumises à la Conférence, car cela ne peut que créer une atmosphère de tensions. La délégation syrienne rejette toute ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela. Le fait de soulever des questions qui ne relèvent pas du mandat de la Conférence ne peut qu’aboutir à de nouvelles tensions, a insisté la Syrie.

L’Iran estime elle aussi que les discussions à caractère politique ne devraient pas être soulevées dans le cadre de la Conférence. La Conférence ne doit pas porter de jugement sur d’autres pays. Les Etats membres doivent respecter le Règlement intérieur et respecter la présidence du Venezuela.

La Chine approuve ce qui a été dit par la Fédération de Russie. Le travail de la Conférence ne doit en effet pas être politisé en prenant en considération de questions qui n’ont rien avoir avec l’ordre du jour de cette instance. La Chine espère que les travaux à venir de la Conférence pourront être menés de façon normale.

L’Inde a rappelé que la communauté internationale place de grandes attentes dans la Conférence. Dans ce contexte, l’Inde se félicite des efforts déployés l’an dernier pour créer des organes subsidiaires. L’Inde est attachée à ce que la Conférence parvienne à adopter un programme de travail et regrette que, malgré ses efforts, cette instance n’ait pas pu se mettre d’accord cette année sur un tel programme. Il faut suivre strictement le Règlement intérieur et éviter de politiser la Conférence, a d’autre part souligné la délégation indienne. Il n’est pas permis de laisser intervenir des considérations extérieures à la Conférence ; cela ne peut que mettre en péril le travail de cette instance. L’Inde espère que la Conférence sera en mesure d’avancer sur son travail de fond.

L’Afrique du Sud s’est associée à la déclaration faite par le Kazakhstan et a exhorté les Etats membres à respecter le mandat de la Conférence. Toute tentative de politiser la Conférence est inacceptable, a-t-elle ajouté. Les membres de cette instance doivent tout mettre en œuvre pour s’abstenir de toute action qui pourrait exacerber les tensions existantes.

Le Viet Nam a souhaité que la Conférence se concentre sur une discussion susceptible d’aboutir à des résultats importants, s’agissant notamment d’un programme de travail. Le pays s’est dit très déçu de voir que des questions empreintes de politisation ont de nouveau été soulevées au sein de la Conférence et de constater que l’atmosphère de coopération se dégrade ainsi. Les Etats membres doivent respecter les principes fondamentaux du droit international relatifs à la souveraineté et à la non-ingérence (dans les affaires intérieures d’un Etat).

Le Nicaragua a indiqué qu’il appuyait la prochaine présidence de la Conférence, à savoir celle du Venezuela.

Le Cameroun a souligné qu’il restait très attaché aux règlements internationaux et, en l’occurrence, au Règlement (intérieur) de la Conférence. Aussi, le Cameroun promet-il sa totale collaboration à la prochaine présidence de la Conférence.

Les Etats-Unis ont expliqué que ce n’est pas la politisation de la Conférence qui est responsable de la paralysie de cette instance, mais le manque de volonté politique de certains Etats. Les Etats-Unis ont ajouté qu’ils ne reconnaissaient pas les représentants de « l’ancien régime Maduro » qui sont aujourd’hui présents à la Conférence et qu’ils étaient impatients de collaborer à l’avenir avec la délégation représentant un gouvernement légitimement élu du Venezuela.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

CD/19/26F