Aller au contenu principal

CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: PREMIÈRE SÉANCE PLÉNIÈRE SOUS LA PRÉSIDENCE DES ÉTATS-UNIS

Compte rendu de séance
La Conférence entend une allocution de la Sous-Secrétaire d'État des États-Unis pour le contrôle, la vérification et le respect des obligations en matière d'armements

À l'occasion du début du mandat de quatre semaines des États-Unis à la présidence de la Conférence du désarmement, les délégations ont entendu la Sous-Secrétaire d'État des États-Unis pour le contrôle, la vérification et le respect des obligations en matière d'armements, Mme Yleem D.S. Poblete. Les États-Unis assument la présidence du 18 au 29 mars, puis, dans la deuxième partie de la session, du 13 au 26 mai.

Mme Poblete a déploré le gaspillage du potentiel de la Conférence du désarmement que représente l'impasse dans laquelle elle se trouve actuellement, impasse qu'elle a imputée au manque de volonté politique des États membres de prendre des décisions difficiles. La Sous-Secrétaire d'État a aussi regretté que certaines délégations utilisent la Conférence pour défendre des programmes contraires à l'ordre international fondé sur les règles ou pour revendiquer la légitimité de régimes qui en sont complètement dépourvus. Le contrôle des armements peut contribuer à gérer la compétition stratégique entre États de même qu'à assurer la sécurité et la stabilité, mais ces avantages disparaissent dès lors que les États ne respectent pas leurs obligations ou leurs engagements. Si les États-Unis sont engagés en faveur du contrôle des armements et sont prêts à des négociations, il doit pouvoir compter sur des partenaires fiables et responsables. Mme Poblete a donné des exemples « d'acteurs malveillants » à cet égard, citant les préoccupations de son pays s'agissant de la Fédération de Russie, de la République arabe syrienne, de la République islamique d'Iran, de la Chine, de la République populaire démocratique de Corée et du Venezuela.

L'Ukraine, la Fédération de Russie, la République arabe syrienne, la République bolivarienne du Venezuela, la République populaire démocratique de Corée, Cuba, la Chine, la République islamique d'Iran, l'Australie et l'Afrique du Sud ont fait des déclarations en lien avec l'intervention de la responsable américaine. En fin de séance, la délégation des États-Unis, qui préside les travaux à partir de cette semaine, a relevé que les délibérations de la Conférence du désarmement étaient par nature politiques et que l'intervention de Mme Poblete n'avait fait que mettre au jour les très grands désaccords qui empêchent de s'entendre, notamment, sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles.

À l'ouverture de la séance, le nouveau Président de la Conférence du désarmement, l'ambassadeur des États-Unis M. Robert Wood, a regretté que la Conférence n'ait pu adopter le projet de décision relatif à la création des organes subsidiaires et de coordonnateurs spéciaux en dépit des efforts inlassables de la présidence du Royaume-Uni. M. Wood a assuré qu'il s'efforcerait d'organiser un débat de fond, concret et constructif portant sur les grands problèmes en matière de désarmement et leur incidence sur l'accomplissement du mandat de la Conférence.


Demain à 11 heures, la Conférence du désarmement entendra une allocution du Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergueï Lavrov.


Déclaration du nouveau président de la Conférence

M. ROBERT WOOD, des États-Unis, Président de la Conférence du désarmement, a regretté que la Conférence n'ait pu adopter le projet de décision relatif à la création des organes subsidiaires et de coordonnateurs spéciaux, en dépit des efforts inlassables de la présidence du Royaume-Uni. M. Wood a assuré qu'il s'efforcerait d'organiser un débat de fond, concret et constructif portant sur les grands problèmes en matière de désarmement et leur incidence sur l'accomplissement du mandat de la Conférence. Le Président a annoncé le calendrier des réunions qui se tiendront pendant sa présidence, qui doit s'achever le 26 mai prochain (les États-Unis assument la présidence du 18 au 29 mars, puis, dans la deuxième partie de la session, du 13 au 26 mai). Il a aussi indiqué M. Christopher Ford, Sous-Secrétaire d'État des États-Unis à la sécurité internationale et à la non-prolifération s'adresserait à la Conférence le 26 mars à 15 heures.

Allocution de la Sous-Secrétaire d'État des États-Unis

MME YLEEM D.S. POBLETE, Sous-Secrétaire d'État des États-Unis pour le contrôle, la vérification et le respect des obligations en matière d'armements, a déploré le gaspillage du potentiel de la Conférence du désarmement que représente l'impasse dans laquelle elle se trouve actuellement, impasse imputable au manque de volonté politique des États membres de prendre des décisions difficiles. Mme Poblete a regretté que certaines délégations à la Conférence utilisent la plateforme qu'est la Conférence pour défendre des programmes contraires à l'ordre international fondé sur les règles ou pour revendiquer la légitimité de régimes qui en sont complètement dépourvus. Si cet enlisement devait perdurer, a mis en garde Mme Poblete, le Conférence risquerait de perdre sa crédibilité et sa pertinence.

Mme Poblete a insisté sur le fait que le contrôle des armements n'était pas une fin en soi, mais qu'il peut contribuer à gérer la compétition stratégique entre États de même qu'à assurer la sécurité et la stabilité. Mais ces avantages disparaissent dès lors que les États ne respectent pas leurs obligations ou leurs engagements.

La Sous-Secrétaire d'État a ensuite donné des exemples d'acteurs malveillants à cet égard. Ainsi, a-t-elle affirmé, la Fédération de Russie a envahi ses voisins et essayé d'annexer une partie du territoire d'un pays voisin. Ces actions agressives de la Fédération de Russie en Europe et son mépris pour les principes internationaux fondamentaux ont mis à mal l'architecture sécuritaire en Europe.

La Sous-Secrétaire d'État a insisté sur l'importance de considérer l'ensemble des comportements russes pour en mesurer la gravité. En mars 2018 – soit quelques mois seulement après avoir affirmé qu'elle avait achevé la destruction de ses stocks déclarés d'armes chimiques – la Fédération de Russie a utilisé un agent militaire toxique non déclaré dans la tentative d'assassinat de Sergueï et Ioulia Skripal, à Salisbury, au Royaume-Uni. Le recours à cet agent prouve, a dit Mme Poblete, que la Fédération de Russie n'a pas rempli ses obligations au titre de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et qu'elle a conservé un programme secret d'armes chimiques, en violation flagrante de l'article premier de la Convention. Mme Poblete a dénoncé l'appui de la Fédération de Russie aux tactiques brutales du régime d'Assad contre son propre peuple, y compris l'utilisation d'armes chimiques, ainsi que le soutien russe aux violations constantes par la Syrie de ses obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et envers l'Agence internationale de l'énergie atomique.

S'agissant ensuite du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), la triste réalité est que la Fédération de Russie a conçu, testé et déployé un missile doté d'une portée de 500 kilomètres à 5500 kilomètres, en violation dudit Traité, a souligné Mme Poblete. Les États-Unis ne pouvant rester dans un traité qui limite leur capacité de réagir aux violations commises par la Fédération de Russie, ils ont annoncé qu'ils s'en retireraient à moins que la Fédération de Russie ne revienne à un respect complet et vérifiable de cet accord. Mme Poblete a regretté que la réaction russe ait consisté en menaces ouvertes et en une entreprise de désinformation contre les États-Unis et leurs alliés et partenaires.

Mme Poblete s'est ensuite interrogée sur la légitimité de la Fédération de Russie lorsqu'elle prétend se positionner contre une course aux armements dans l'espace alors même qu'elle se vante d'avoir élaboré des armes antisatellites. Si la Fédération de Russie entendait vraiment prévenir une course aux armements dans l'espace, elle cesserait le développement de ces armes antisatellites.

En ce qui concerne la République arabe syrienne, Mme Poblete a condamné fermement toute utilisation d'armes chimiques par ce pays, en particulier en avril 2018 contre la ville de Douma, en violation de ses obligations en tant qu'État partie à la Convention sur les armes chimiques. La République arabe syrienne doit coopérer pleinement avec l'Agence internationale de l'énergie atomique et répondre aux questions de longue date et non résolues concernant son programme nucléaire, notamment le réacteur de production de plutonium non déclaré qu'elle construisait avec l'aide de la République populaire démocratique de Corée.

D'autre part, les États-Unis demeurent gravement préoccupés par le programme de missiles balistiques de l'Iran et soulignent que cette activité, ainsi que les efforts de mise au point de lanceurs spatiaux par l'Iran, vont à l'encontre de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité. Elle a estimé que le programme balistique iranien avait grandement contribué à aggraver les tensions et le risque d'une course aux armements dans la région. Du Liban à la République arabe syrienne en passant par le Yémen, l'influence malveillante de l'Iran se répand dans toute la région, a déclaré Mme Poblete, réaffirmant l'engagement des États-Unis de lutter énergiquement contre la prolifération régionale des missiles balistiques et les transferts illicites d'armes.

S'agissant de la Chine, qu'elle a qualifiée de « concurrent stratégique », Mme Poblete a fait observer que sa modernisation militaire était centrée sur l'instauration d'une domination régionale pour faire pression sur les alliés des États-Unis, expulser les États-Unis de la région et enfin devenir une puissance militaire de niveau mondial. Si la politique affichée de la Chine en matière nucléaire n'a pas changé, son manque de transparence concernant la portée et l'échelle de son programme de modernisation nucléaire pose des questions quant à ses intentions futures. Mme Poblete a aussi fait part de la préoccupation de son pays devant la recherche de capacités antisatellites par la Chine. Comme dans le cas de la Fédération de Russie, il est difficile de se croire à la sincérité de la Chine de prévenir une course aux armements dans l'espace alors même que le pays a déployé un missile terrestre visant des satellites en orbite basse.

Mme Poblete a ensuite déclaré que la République populaire démocratique de Corée devait comprendre que le seul moyen d'assurer la sécurité et le développement qu'elle recherche est d'abandonner toutes ses armes de destruction massive et son programme de missiles balistiques, comme l'exigent de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

S'agissant de la République bolivarienne du Venezuela, la Sous-Secrétaire d'État a regretté que l'« ex-régime Maduro », aidé et encouragé par la Russie, Cuba et la Chine, utilise des tactiques répressives contre les acteurs démocratiques, notamment en essayant de réduire au silence l'Assemblée nationale, la seule institution démocratiquement élue qui reste dans le pays. Les États-Unis espèrent qu'un « représentant légitime du Président Guaidó à la Conférence du désarmement » sera en mesure d'assumer la présidence de la Conférence du désarmement lorsqu'elle reviendra à la République bolivarienne du Venezuela en mai prochain.

Les États-Unis ont été qualifiés ces dernières années de « champions de l'unilatéralisme » et d'opposants au désarmement: mais rien n'est plus éloigné de la réalité, a assuré Mme Poblete, en voulant pour preuve le respect par son pays du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, de la Convention sur les armes chimiques, de la Convention sur les armes biologiques, du Traité sur les forces conventionnelles en Europe – entre autres nombreux autres accords et engagements en matière de contrôle des armements. La Sous-Secrétaire d'État a ajouté que si son pays est engagé en faveur du contrôle des armements, et que s'il est prêt à des négociations si les conditions le permettent, il a cependant besoin, pour ce faire, de partenaires fiables et responsables.

Autres déclarations

L'Ukraine a déploré que l'agression de la Fédération de Russie contre elle se poursuivait depuis cinq ans. La délégation a dénoncé le bombardement délibéré de son pays par des formations russes et notamment par le biais d'armes interdites par l'accord de Minsk, dans le Sud-Est du pays, dans les parties occupées du Donbass. Elle a aussi dénoncé le réapprovisionnement, par la Fédération de Russie, des groupes qui opèrent dans le Sud-Est du pays.

L'Ukraine a également dénoncé la militarisation progressive de la république autonome de Crimée par la Fédération de Russie, y compris par le transfert dans cette région d'avions pouvant emporter des bombes atomiques. L'Ukraine a rappelé, à cet égard, que, selon l'accord entre l'Ukraine et l'Agence internationale de l'énergie atomique, il est interdit de déployer des armes nucléaires sur le territoire ukrainien, en l'espèce en Crimée et dans la ville de Sébastopol. Elle a regretté à ce propos que la Fédération de Russie ignore le mémorandum de Budapest. Les nombreux exercices militaires des forces armées russes en Crimée sont une menace pour l'Ukraine et pour la stabilité régionale. La délégation a dénoncé l'attaque contre trois de ses navires en novembre dernier et a salué les sanctions prises contre la Fédération de Russie par les États-Unis et l'Union européenne à la suite de cet événement.

La délégation ukrainienne a aussi dénoncé des violations de la Convention sur les armes biologique dans les régions ukrainiennes qui ne sont pas sous le contrôle des autorités de Kiev. Elle a également condamné l'attaque de Salisbury, en 2018, et a jugé hautement probable que la Fédération de Russie en soit responsable.

La Fédération de Russie s'est dite rassurée par la volonté affichée de la présidence de poursuivre les efforts pour élaborer un programme de travail acceptable pour toutes les délégations. Elle a dit sa préférence, dans ce domaine, pour une démarche parallèle concernant la création d'organes subsidiaires.

Mais la Fédération de Russie a observé que la déclaration de Mme Poblete avait beaucoup contrasté avec la déclaration constructive de M. Wood, et la conférence a entendu une foule de réflexions injustifiées au sujet de la politique russe de désarmement, a regretté sa délégation. Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie répondra à ces affirmations demain. La Fédération de Russie présentera ensuite, pendant les débats à la Conférence, ses propres arguments qui montreront le caractère infondé des propos de la Sous-Secrétaire d'État.

La République arabe syrienne a dénoncé l'attitude non professionnelle de la présidence, qui a laissé s'exprimer à la tribune des intérêts particuliers et politisés. La délégation a qualifié de mensonges les affirmations qui ont été faites au sujet de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, et a assuré que son pays ne possédait aucune arme chimique. Elle a ajouté que les États-Unis savaient mieux que quiconque, pour les avoir utilisées dans les années 1950 et 1960, quelles sont les conditions militaires d'emploi d'armes chimiques: ils savent donc très bien que les accusations portées contre la Syrie sont inventées de toute pièce.

La délégation syrienne a aussi regretté que les États-Unis s'érigent en juges et policiers pour poser des appréciations sélectives, alors même qu'ils bafouent leurs engagements en matière de désarmement nucléaire, en particulier au titre de l'article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Elle a enfin dénoncé les obstacles mis par les États-Unis à la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient.

La République bolivarienne du Venezuela a déploré la litanie d'attaques lancées par Mme Poblete, affirmant qu'il s'était agi d'une véritable déclaration de guerre. La délégation a condamné en particulier l'affirmation de la volonté des États-Unis de tout faire pour empêcher le Gouvernement vénézuélien régulièrement élu d'assumer la présidence de la Conférence dans quelques semaines, et de reconnaître au contraire Juan Guaidó, un « président autoproclamé dans une rue de Caracas ».

Le multilatéralisme est le meilleur instrument pour parvenir au désarmement, a insisté la délégation vénézuélienne. C'est pourquoi elle a regretté que l'enceinte soit utilisée pour fouler aux pieds les objectifs nobles des Nations Unies. Elle a relevé que Mme Poblete, « dans une prestation manifestement désespérée » s'est immiscée dans les affaires internes du Venezuela, a déploré la délégation dans le but évident d'entraver les travaux de fond de la Conférence et de continuer à promouvoir dans les instances internationales un coup d'État contre le gouvernement démocratique et constitutionnel du Président Maduro. La délégation a dénoncé « le gouvernement suprémaciste, guerrier, xénophobe et raciste de Donald Trump » qui menace d'intervention militaire la patrie de Simón Bolívar.

La délégation vénézuélienne a enfin demandé aux États-Unis de restituer au peuple vénézuélien les trente-cinq milliards de dollars qui lui appartiennent; et pointé le terrorisme d'État qui a été à l'origine du cyber-sabotage, à partir des États-Unis, du réseau électrique vénézuélien.

La République populaire démocratique de Corée a réfuté toutes les accusations portées contre elle par la représentante des États-Unis. Vu le manque de confiance entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée, la délégation a rappelé que son pays préconisait une approche progressive et respectueuse de l'intérêt des deux parties. Elle a regretté que les États-Unis n'aient aucune volonté de faire lever les sanctions frappant la République populaire démocratique de Corée – alors même que le pays n'a procédé à aucun tir de missile depuis quinze mois. La délégation a demandé aux États-Unis d'honorer les engagements qu'ils ont pris devant toute la planète à Singapour.

Cuba a rejeté les allégations fallacieuses faites contre le pays par Mme Poblete. La délégation a par ailleurs condamné l'attaque non conventionnelle perpétrée récemment contre le réseau électrique vénézuélien. Elle a ensuite défendu la volonté de son pays d'appliquer et de défendre la proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme zone de paix. Elle a mis en avant l'assistance essentiellement médicale apportée par Cuba au Venezuela et nié que son pays participe à des opérations des forces armées ou de sécurité bolivariennes: cette calomnie est propagée délibérément par les États-Unis pour des motifs politiques très clairs. Cuba n'intervient pas dans les affaires internes du Venezuela, contrairement aux États-Unis qui détiennent 80 bases dans la région, y compris sur le territoire usurpé de Guantánamo, à Cuba.

La délégation cubaine a condamné les actions de déstabilisation menées par les États-Unis contre d'autres pays ainsi que la tendance effrénée au mensonge de la part de ce pays: c'est avec des mensonges que l'impérialisme a promu le sanglant coup d'état d'Augusto Pinochet au Chili et de nombreuses autres dictatures répressives de la région; c'est avec des mensonges qu'ont été tués plus de 100 000 personnes lors de l'invasion de Panamá en 1989; c'est avec des mensonges que s'est préparée l'invasion militaire et la déstabilisation de la Libye; c'est avec des mensonges que les États-Unis et d'autres puissances ont maintenu jusqu'au dernier moment le régime de l'apartheid en Afrique du Sud. Cette tendance du gouvernement des États-Unis à mentir sans limite et sans frein a déjà eu des conséquences dangereuses par le passé qui pourraient se répéter aujourd'hui.

La Chine a espéré que la présidence actuelle ferait en sorte que la Conférence réalise des progrès sur les questions de fond. Elle a ensuite assuré s'être engagée sur la voie d'un développement pacifique, à la lumière de son histoire et de ses intérêts. La Chine a pour objectif la destruction de toutes les armes nucléaires et ne détient qu'un arsenal minimal destiné à assurer sa sécurité: ses efforts ne visent personne et sont axés sur la coopération, a ajouté la délégation chinoise. Elle a fait observer que les États-Unis détenaient, au contraire, les plus grands stocks d'armes nucléaires et qu'ils avaient conservé une mentalité de guerre froide.

La République islamique d'Iran a regretté l'arrogance et le mépris pour l'étiquette dont a témoigné la représentante des États-Unis, et un océan d'arguments fallacieux qui reflètent un narcissisme pathologique et la dépendance à l'unilatéralisme. La délégation iranienne a aussi condamné les accusations faciles et fausses portées contre son pays, qui ne correspondent en rien à la réalité de son pays. Elle a demandé aux États-Unis de répondre eux-mêmes de leurs actes. La République islamique d'Iran a jugé très préoccupant que les États-Unis ne semblent pas prêts à écouter, comme le font tous les membres de la Conférence.

L'Australie a souligné que la Conférence devait se fonder sur des faits: or, l'organisme d'enquête conjoint ONU-OIAC a conclu que la République arabe syrienne avait bel et bien utilisé des armes chimiques à deux occasions. La délégation australienne a appelé la communauté internationale à traduire les auteurs de ces faits en justice.

Au nom du Président, la délégation des États-Unis a assuré que le pays assumerait la présidence de la Conférence de manière impartiale et sérieuse, mais qu'il défendrait aussi ses intérêts. Les États-Unis entendent que la Conférence soit le lieu d'un débat de premier plan, ce qui n'a pas été le cas au sein des organes subsidiaires, et il ne sera pas donné suite au projet de décision qui n'a pas recueilli le consensus parmi les membres.

Les travaux de la Conférence sont par nature politiques, a poursuivi Mme Cynthia Plath, Représentante permanente adjointe des États-Unis, intervenant au nom du Président de la Conférence. Le discours de Mme Poblete n'a fait que mettre au jour les très grands désaccords qui empêchent de s'entendre, par exemple, sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles. Les États-Unis défendront un dialogue constructif dans ce domaine. Mme Plath a indiqué d'autre part que, pour son pays, M. Juan Guaidó était le Président du Venezuela: elle a espéré que le gouvernement vénézuélien actuel serait évincé du pouvoir avant que le Venezuela n'assume la présidence de la Conférence, le 27 mai prochain.

L'Afrique du Sud a dit sa foi dans le multilatéralisme et dans le mandat de la Conférence. Elle a insisté sur le fait que les pays faibles, contrairement aux grandes puissances, ont besoin du multilatéralisme. L'Afrique du Sud a espéré que les dirigeants des États-Unis préserveront la Conférence, car « s'il est très facile de détruire, il est très difficile de construire ». S'agissant du Venezuela, l'Afrique du Sud a dit croire dans l'état de droit et ne pas souhaiter entrer dans les débats sur la légitimité d'élections hors du continent africain.



Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC19/021F