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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTAME SON DÉBAT ANNUEL DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance
Elle entend des hauts dignitaires de la République de Corée, de la Turquie, du Kazakhstan, du Bélarus et du Royaume-Uni

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, une première séance dans le cadre du débat de haut niveau de sa session de 2019, qui se poursuivra jusqu'au mercredi matin, 27 février. Ont pris la parole les Ministres des affaires étrangères de la République de Corée et de la Turquie, les Vice-Ministres des affaires étrangères du Kazakhstan et du Bélarus et le Ministre d'État du Royaume-Uni chargé des Nations Unies.

La Ministre des affaires étrangères de la République de Corée a regretté que la Conférence soit tombée dans une profonde torpeur depuis vingt ans alors que les dépenses militaires sont à leur niveau le plus élevé depuis la fin de la guerre froide et que certaines normes internationales telles que l'interdiction de l'utilisation d'armes chimiques ont été bafouées à plusieurs reprises. Mme Kang Kyung-wha a toutefois salué des progrès dans la péninsule de Corée en 2018, qui ont notamment permis de faire baisser les tensions.

Le Ministre des affaires étrangères de la Turquie a souligné l'importance de la non-prolifération et du contrôle des armements, tout particulièrement en période d'instabilité et d'incertitude, rappelant que son pays était, dans sa région, confronté directement à de nombreux risques et menaces. La Turquie combat en effet plusieurs organisations terroristes, comme l'État islamique et le PKK, tandis que le conflit en Syrie approche de sa neuvième année. M. Mevlüt Çavuşoğlu a aussi insisté sur la nécessité de convoquer une conférence sur la création au Moyen-Orient d'une zone exempte d'armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan a pour sa part évoqué la première fermeture, le 29 août 1991, d'un site d'essais nucléaires, celui de Semipalatinsk, conformément à la volonté du peuple. « Trente ans plus tard, le mouvement antinucléaire mondial doit être revitalisé et le désarmement nucléaire doit retrouver un second souffle » a déclaré M. Yerzhan Ashikbayev. Le Vice-Ministre a jugé très préoccupante la situation créée par la dénonciation du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et a appelé tous les États à faire obstacle, ensemble, aux tendances dangereuses à cet égard et à prendre des mesures pour sauver ce traité.

M. Tariq Ahmad, Ministre d'État au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a déploré l'utilisation d'armes chimiques avec des effets dévastateurs dans plusieurs pays, dont la Syrie, l'Iraq, la Malaisie, et y compris malheureusement sur le territoire du Royaume-Uni. Les parties à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques ont permis à son secrétariat d'assumer ses responsabilités après les attaques en Syrie et l'Union européenne a adopté un nouveau régime de sanctions visant ceux qui favorisent la prolifération de ces armes, s'est félicité Lord Tariq Ahmad.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus a regretté la dégradation constante des mécanismes de contrôle des armements, ce dont témoigne la volonté des deux grandes puissances de se retirer du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI). M. Andrei Dapkiunas a regretté, d'autre part, qu'il se soit avéré impossible depuis vingt ans de ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il a recommandé que la Conférence tienne compte des nouvelles menaces, en particulier les effets des nouvelles technologies et le risque que des armes de destruction massive ne tombent entre les mains de terroristes.


Cet après-midi, à partir de 15 heures, la Conférence doit entendre le Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, ainsi que des hauts dignitaires d'Australie, d'Irlande, de Slovénie, du Brésil, d'Italie, de Hongrie et d'Inde.


Débat de haut niveau

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan,
a mis en garde contre la politisation qui n'est pas susceptible de favoriser des solutions concrètes aux problèmes dont est saisie la Conférence. Les mesures de confiance, a ajouté le Vice-Ministre, sont un facteur essentiel de tout processus de négociation, et le dialogue a été au cœur de l'appel lancé par le Président Nazarbayev, dans son Manifeste intitulé « Le Monde. XXIe siècle », en faveur de la coopération et non de la rivalité. C'est dans cet esprit que le Président a convoqué, en janvier dernier, une réunion de haut niveau au Conseil de sécurité des Nations Unies portant sur la non-prolifération et les mesures de confiance, a rappelé le Vice-Ministre.

M. Ashikbayev a ensuite évoqué la première fermeture, le 29 août 1991, d'un site d'essais nucléaires, celui de Semipalatinsk, conformément à la volonté du peuple, soulignant que, « trente ans plus tard, le mouvement antinucléaire mondial doit être revitalisé et le désarmement nucléaire doit retrouver un second souffle ». Le Vice-Ministre a jugé très préoccupante la situation créée par la dénonciation du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et a appelé tous les États à faire obstacle, ensemble, aux tendances dangereuses à cet égard et à prendre des mesures pour sauver ce traité. Pour le Kazakhstan, comme pour la majorité absolue des États membres des Nations Unies, le désarmement nucléaire était la principale préoccupation à l'ordre du jour de la communauté internationale. Il a regretté le manque de progrès sur l'application de l'article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et a insisté sur l'importance de l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. M. Ashikbayev a appuyé la proposition de la Fédération de Russie et de la Chine en faveur de la prévention d'une course aux armements dans l'espace et a plaidé pour le commencement rapide de la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires.

Enfin, M. Ashikbayev a rappelé que 2019 marquait le dixième anniversaire de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale et a assuré que le Kazakhstan continuerait de plaider pour l'extension de cette idée à d'autres régions, y compris au Moyen Orient et dans l'Arctique.

M. TARIQ AHMAD OF WIMBLEDON, Ministre d'État chargé du Commonwealth et des Nations Unies au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a fait observer, en cette année qui marque le quarantième anniversaire de la Conférence du désarmement, que la création d'un cadre pour le contrôle du désarmement avait été l'une des réalisations les plus importantes de cette institution. Le cadre a été créé par des États conscients de la menace que fait peser une prolifération incontrôlée des armes sur la sécurité collective. Et même les États les plus puissants militairement reconnaissent la valeur des règles communes pour leurs intérêts de sécurité. Malheureusement, ce cadre est aujourd'hui menacé, y compris par des États qui l'avaient accepté. Dans ce contexte, le sommet entre le président des États-Unis et le président de la République populaire démocratique de Corée constitue cependant une initiative positive. Lord Ahmad a appelé la République populaire démocratique de Corée à dénucléariser et à accepter les étapes suivantes du processus.

Le Ministre d'État britannique a déploré l'utilisation d'armes chimiques avec des effets dévastateurs dans plusieurs pays, dont la Syrie, l'Iraq, en Malaisie, et y compris malheureusement sur le territoire du Royaume-Uni. Les parties à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques ont permis à son Secrétariat d'assumer ses responsabilités après les attaques en Syrie et l'Union européenne a adopté un nouveau régime de sanctions visant ceux qui favorisent la prolifération de ces armes, s'est félicité Lord Tariq Ahmad.

La Conférence du désarmement est une instance unique multilatérale de négociation, a poursuivi M. Ahmad. Si ses progrès sont lents, ce n'est pas la faute de l'institution, a estimé le Ministre d'État, mais de la complexité des enjeux. Il a ensuite rappelé que l'approche par étapes du désarmement nucléaire avait déjà permis de réductions importantes des arsenaux. Il a appelé à l'adhésion universelle au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et à l'adoption d'un traité d'interdiction complète de la production de matières fissiles. Enfin, M. Ahmad a jugé urgent que les États adoptent un nouveau cadre pour empêcher la militarisation de l'espace. Puisque l'on ne peut pas compter sur les méthodes habituelles de réglementation dans ce domaine, a ajouté le Ministre d'État, il importe de créer des liens de confiance entre les acteurs concernés.

MME KANG KYUNG-WHA, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a regretté que la Conférence soit tombée dans une profonde torpeur depuis vingt ans, pendant que le monde a glissé progressivement dans un environnement sécuritaire volatil et complexe. Dans le même temps, les dépenses militaires sont à leur point le plus élevé depuis la fin de la guerre froide et des normes telles que l'interdiction de l'utilisation d'armes chimiques ont été bafouées à plusieurs reprises, a mis en garde la Ministre. Elle a déploré l'érosion du consensus au sein de la communauté internationale, qui s'est manifestée au moment d'adopter plusieurs résolutions sur le désarmement à l'Assemblée générale en 2018.

Cependant, les progrès dans la péninsule de Corée sont clairement de bon augure pour la communauté internationale, a poursuivi Mme Kang. Foyer d'instabilité mondiale depuis des décennies, la péninsule de Corée est aujourd'hui une source d'espoir, de progrès et d'attente. Mme Kang a fait état d'abord de la transition historique obtenue, en 2018, grâce aux trois sommets intercoréens et au tout premier sommet entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée. Ces rencontres ont été suivies de mesures de confiance entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée et la poursuite du dialogue à haut niveau.

Entre les deux Corée, un accord militaire a permis de faire baisser les tensions et d'éliminer le risque de heurts accidentels. Le dialogue s'est aussi étendu à d'autres domaines. La République populaire démocratique de Corée s'est engagée à plusieurs reprises à procéder à un désarmement nucléaire complet, s'est félicité Mme Kang. La Ministre a ajouté que le deuxième sommet entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée, qui doit se tenir bientôt à Hanoi, serait une étape importante dans les efforts de dénucléarisation complète de la péninsule de Corée. Entre-temps, a dit la Ministre, le Gouvernement de la République de Corée continuera d'appliquer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité « jusqu'à ce que nous soyons fermement et irrévocablement engagés sur la voie de dénucléarisation complète. »

M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU, Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a fait observer que le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armements étaient des facteurs déterminants de la sécurité, de la sûreté et de la paix au niveau international. Ils le sont d'autant plus en période d'instabilité et d'incertitude, a ajouté le Ministre, rappelant que son pays était, dans sa région, confronté directement à de nombreux risques et menaces. La Turquie combat en effet plusieurs organisations terroristes, de l'État islamique au PKK en passant par le FETÖ, tandis que le conflit en Syrie approche de sa neuvième année.

Le Ministre a insisté sur le fait que la Conférence du désarmement était une plate-forme unique, dont l'héritage important était notamment constitué d'importants accords multilatéraux sur les armes nucléaires, chimiques et biologiques. Ces accords ne font pas la une des journaux, mais en réalité ils sont au cœur de la paix et de la sécurité internationales, a souligné le Ministre. Il a mis en garde contre toute démarche visant à saper ces accords. Il a aussi regretté la polarisation dans les forums de désarmement et le fait que les mesures de confiance traditionnelles ne fonctionnent plus. M. Çavuşoğlu a recommandé que la Conférence soit plus flexible. Il a fait savoir que son pays était prêt à travailler sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires tenant compte des intérêts de sécurité légitime des États membres de la Conférence.

Pour atteindre l'objectif d'un monde sans armes nucléaires, a poursuivi le Ministre, il faudra d'abord appliquer intégralement le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il a insisté également sur la nécessité de respecter les engagements qui ont été pris s'agissant de la convocation d'une conférence sur la création au Moyen-Orient d'une zone exempte d'armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive, et estimé que le traité d'interdiction complète des essais nucléaires était un instrument indispensable pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire. Il a appelé toutes les parties concernées à ratifier ce traité. M. Çavuşoğlu a souligné toutefois que les États qui respectent leurs obligations internationales ont le droit de tirer parti des bienfaits de l'énergie nucléaire.

M. ANDREI DAPKIUNAS, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a regretté la dégradation constante des mécanismes de contrôle des armements, ce dont témoigne la volonté des deux grandes puissances de se retirer du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI). Le Vice-Ministre a regretté, d'autre part, qu'il se soit avéré impossible depuis vingt ans de ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.

M. Dapkiunas a défendu le rôle de la Conférence en matière de négociation dans le domaine du désarmement. Il a recommandé que la Conférence tienne compte des nouvealles menaces, en particulier les effets des nouvelles technologies et le risque que des armes de destruction massive ne tombent entre les mains de terroristes. Il a fait savoir que son pays était favorable à ce que la Conférence aborde ces questions au même titre que les autres thèmes à son ordre du jour, notamment le désarmement nucléaire. Le représentant bélarussien a recommandé en outre que le Secrétaire général des Nations Unies prépare un rapport exhaustif sur les dangers contemporains, conformément à l'agenda de désarmement pour sauver l'humanité, sauver des vies et sauver les générations futures, présenté par le Secrétaire général en mai 2018. Enfin, le Bélarus organisera, en septembre prochain, une réunion de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme, a fait savoir le Vice-Ministre.


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DC19.011F