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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ACHÈVE SON DEBAT ANNUEL DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance
Elle entend des interventions au nom du Japon, de Chypre, de Cuba, du Myanmar, de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Fédération de Russie et de l'Iran

La Conférence du désarmement a achevé, ce matin, le débat de haut niveau annuel qu'elle tenait au Palais des Nations de Genève depuis lundi 25 février. Elle a entendu, à cette occasion, sept hauts dignitaires du Japon, de Chypre, de Cuba, du Myanmar, de la Roumanie, de la Bulgarie et du Venezuela, ainsi que les Représentants permanents de la Fédération de Russie et de l'Iran. Des déclarations ont été faites en fin de séance par les délégations des États-Unis et de la Fédération de Russie.

Le Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, M. Kiyoto Tsuji, a souligné l'importance de nouer un dialogue entre États dotés et non dotés de l'arme nucléaire, rappelant que la Conférence du désarmement était la seule instance internationale de négociation dont les États membres appartiennent à ces deux catégories. Il les a appelés à se montrer souples et ouverts à leurs positions respectives, afin de trouver des solutions.

Le Ministre adjoint aux affaires étrangères de Chypre a jugé profondément regrettable qu'aucun élargissement de la composition de la Conférence ne soit intervenu depuis 1999, alors que le règlement prévoit que la question soit examinée à intervalles réguliers. M. George Chacallis a fait savoir que Chypre avait, comme d'autres pays, déposé sa candidature à la Conférence il y a plus de vingt ans.

Le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, M. Marcelino Medina, a condamné l'escalade des pressions des États-Unis en préalable à une aventure militaire contre le Venezuela au prétexte d'une intervention humanitaire. L'histoire jugera sévèrement toute nouvelle intervention militaire impérialiste dans la région, a dit le vice-ministre cubain, qui a dénoncé les tentatives pour délégitimer la délégation du Venezuela à la Conférence.

Le Ministre de la coopération internationale du Myanmar, M. Kyaw Tin, a souligné que, si la vie politique intérieure de son pays était centrée sur la paix, la réconciliation, le développement et le processus de démocratisation, le Myanmar ne perdait jamais de vue le but commun de la paix et de la sécurité mondiales.

M. George Ciamba, Ministre délégué aux affaires européennes de la Roumanie, a déclaré qu'il fallait agir immédiatement pour rendre à la Conférence du désarmement sa place d'instance pertinente pour la négociation dans le domaine du désarmement. Le ministre roumain a aussi encouragé la Fédération de Russie à prendre les mesures nécessaires pour revenir au respect complet et vérifiable du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.

Le Vice-Ministre aux affaires étrangères de la Bulgarie, M. Yuri Sterk, a déclaré que son pays était prêt à soutenir les efforts visant à faire assumer leurs responsabilités à tous ceux qui se seraient rendus coupables de l'utilisation d'armes chimiques ou de substances chimiques en tant qu'armes. Il a regretté que la quatrième conférence d'examen de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques n'ait pu adopter de rapport officiel consensuel du fait de la résistance de quelques pays seulement.

Le Représentant permanent de la Fédération de Russie a estimé que plusieurs aspects pourraient d'ores et déjà réunir le compromis à la Conférence sur les voies tracées par le projet de programme de travail proposé par l'Ukraine en début d'année. La Russie est favorable au lancement d'un dialogue multilatéral sur le désarmement nucléaire, M. Gennady Gatilov ajoutant qu'il serait nécessaire de procéder à une analyse complète de tous les facteurs qui influent sur la stabilité mondiale. Si les instruments politiques et diplomatiques sont inopérants, les États devront recourir à des moyens techniques et militaires, avec des conséquences qu’il n’est pas besoin d’expliquer, a mis en garde M. Gatilov.

Pour sa part, M. Esmaeil Baghaei Hamaneh, Représentant permanent de la République islamique d'Iran, a déclaré que le retrait par les États-Unis de l'Accord de Vienne sur le désarmement nucléaire étaient une atteinte à leurs engagements et une violation éhontée de la résolution du Conseil de sécurité, et un exemple vivant d'une attaque contre le multilatéralisme.

Le Vice-Ministre aux affaires multilatérales du Venezuela, M. Felix Plasencia, a regretté que des ressources précieuses soient consacrées à la production de matières fissiles et de nouvelles technologies à des fins militaires, alors qu'elles pourraient être investies en faveur du développement économique et social. M. Plasencia a assuré que le Venezuela s'acquitterait de son mandat à la présidence de la Conférence, en juin prochain, de manière impartiale et transparente.


La Conférence doit reprendre ses travaux en séance plénière demain matin à 10 heures.


Débat de haut niveau

M. KIYOTO TSUJI, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a déclaré que depuis le bombardement atomique d'Hiroshima et Nagasaki, la vision d'un monde libéré des armes nucléaires était un objectif commun de toute l'humanité. Seul pays ayant souffert des conséquences catastrophiques de l'utilisation des armes nucléaires, il revient au Japon de se placer à la tête des efforts de la communauté internationale visant l'élimination de ces armes, a ajouté M. Tsuji.

Le Vice-Ministre japonais a souligné l'importance, dans ce contexte, de nouer un dialogue entre États dotés et non dotés de l'armes nucléaires, rappelant que la Conférence du désarmement était la seule instance internationale de négociation dont les États membres appartiennent à ces deux catégories. Il les a appelés à se montrer souples et ouverts à leurs positions respectives, afin de trouver des solutions. M. Tsuji a par ailleurs fait savoir que son pays avait créé, pour favoriser la coopération entre les pays dotés et non dotés d'armes nucléaires, un groupe d'éminentes personnalités pour promouvoir le désarmement nucléaire.

M. Tsuji a ensuite indiqué que le Japon s'efforcerait de faire avancer le désarmement et la non-prolifération nucléaires avant la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020, en coopération étroite avec les membres de l'Initiative sur la non-prolifération et le désarmement (NPDI). Le Vice-Ministre a également salué la publication de l'agenda pour le désarmement du Secrétaire général des Nations Unies, estimant que ce document démontrait l'engagement des Nations Unies dans ce domaine. Le Vice-Ministre a enfin insisté sur l'importance que son pays accorde à l'engagement de la jeune génération dans les efforts de désarmement et de non-prolifération.

M. GEORGE CHACALLIS, Ministre adjoint aux affaires étrangères de Chypre, a souligné l'importance des travaux de la Conférence, unique instance de négociation multilatérale sur le désarmement. Convaincue que les questions de désarmement doivent être traitées par des instances représentatives, Chypre estime que l'adhésion à la Conférence du désarmement devrait être ouverte à tous les États qui respectent les principes et normes des Nations Unies. M. Chacallis a jugé profondément regrettable qu'aucun élargissement de la composition de la Conférence ne soit intervenu depuis 1999, alors que le règlement prévoit que la question soit examinée à intervalles réguliers. M. Chacallis a fait savoir que Chypre avait, comme d'autres pays, déposé sa candidature à la Conférence il y a plus de vingt ans.

M. Chacallis a indiqué que son pays était favorable à l'entrée en vigueur immédiate du traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il a souligné que l'engagement de Chypre en faveur de la non-prolifération se reflétait dans ses efforts de vigilance face à la menace de propagation des armes de destruction massive en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient, de même que dans son soutien constant aux initiatives visant à l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique.

M. MARCELINO MEDINA, Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, a jugé alarmant de voir investies des sommes exorbitantes dans l'industrie de guerre et les nouveaux systèmes d'armes, plutôt que dans la paix et la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030. Le Vice-Ministre a également fait part de la préoccupation de son pays face à la décision des États-Unis de se retirer de l'Accord sur le nucléaire iranien et du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) signé avec la Fédération de Russie. Il a demandé à la communauté internationale de ne pas rester passive devant la place de plus en plus importante accordée aux armes nucléaires dans les doctrines militaires des États dotés de ces armes. Cuba réaffirme par ailleurs le droit inaliénable à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire.

M. Medina a estimé que la Conférence était prête à discuter de plusieurs thèmes simultanément, y compris un traité sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, les garanties de sécurité aux États non dotés et un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires.

Enfin, le Vice-Ministre cubain a condamné l'escalade des pressions et actes du Gouvernement des États-Unis en préalable à une aventure militaire contre le Venezuela au prétexte d'une intervention humanitaire et a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour éviter une telle issue. L'histoire jugera sévèrement toute nouvelle intervention militaire impérialiste dans la région. Le vice-ministre cubain a enfin dénoncé les tentatives pour délégitimer la délégation du Venezuela à la Conférence et la politisation de cette question.

M. KYAW TIN, Ministre de la coopération internationale du Myanmar, a fait part de la conviction de son pays que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) restait la pierre de touche du désarmement et de la non-prolifération nucléaires. La prochaine Conférence d'examen du TNP en 2020 sera l'occasion pour la communauté internationale de traiter de cette question. Le Ministre a encouragé tous les États parties à saisir de l'occasion offerte par la Conférence d'examen d'avancer dans la réalisation des trois grands objectifs que sont la non-prolifération nucléaire, le désarmement nucléaire et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Il a aussi appelé tous les États mentionnés à l'Annexe II du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires à ratifier l'instrument, afin qu'il puisse entrer en vigueur au plus tôt. M. Tin a également fait savoir que son pays accueillait avec satisfaction le sommet qui se tient aujourd'hui même à Hanoi, au Viet Nam, entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée.

S'agissant des travaux de la Conférence, le Myanmar estime qu'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles constitue l'étape logique vers la non-prolifération et le désarmement nucléaires. Il a aussi souligné l'importance de trouver des arrangements pour que les États dotés d'armes nucléaires accordent des garanties de sécurité aux États non dotés. M. Tin a aussi recommandé que l'on s'abstienne de politiser les travaux de la Conférence.

Le Ministre du Myanmar a ensuite souligné que, si la vie politique intérieure de son pays était centrée sur la paix, la réconciliation, le développement et le processus de démocratisation, le pays ne perdait jamais de vue le but commun de la paix et de la sécurité mondiales.

M. GEORGE CIAMBA, Ministre délégué aux affaires européennes de la Roumanie, a d'abord déclaré que son pays, qui accordait une grande importance à la paix par la diplomatie, croyait aussi fermement dans l'efficacité du multilatéralisme et de la coopération internationale – raison pour laquelle la Roumanie est candidate à un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies pour la période 2020-2021.

M. Ciamba a ensuite estimé qu'il fallait agir immédiatement pour rendre à la Conférence du désarmement sa place d'instance pertinente pour la négociation dans le domaine du désarmement. Pour lancer un processus de désarmement nucléaire qui soit irréversible, l'un des enjeux clefs est la négociation à la Conférence d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles. La Roumanie est d'avis que l'ouverture de négociations sur un tel traité constitue l'étape suivante dans le désarmement nucléaire et la prévention de la prolifération ; et que l'entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires serait une autre pierre apportée à l'avènement d'un monde plus sûr et pacifique.

Le ministre roumain a aussi indiqué que son pays, favorable à la préservation de l'efficacité et de la viabilité des accords, s'attendait à un plein respect et à une pleine application des traités. C'est pourquoi il a encouragé la Fédération de Russie à prendre les mesures nécessaires pour revenir au respect complet et vérifiable du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) dans les six mois. M. Ciamba a insisté, d'autre part, sur le caractère central du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires dans le régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires.

M. Ciamba a enfin expliqué que la Roumanie organiserait, le 3 avril à Vienne, dans le cadre de sa présidence du Conseil de l'Union européenne, un atelier intitulé « le désarmement nucléaire : de l'engagement politique à l'application concrète ». Ceci en tant que contribution concrète au multilatéralisme et en appui aux activités de l'Agence internationale de l'énergie atomique – dont il a salué le rôle dans l'application du traité sur le nucléaire iranien.

M. YURI STERK, Vice-Ministre adjoint aux affaires étrangères de la Bulgarie, a déclaré que la seule manière de procéder pour atteindre l'objectif d'un monde libéré des armes nucléaires consiste à procéder par étapes progressives et concrètes, et en tenant compte de l'environnement sécuritaire complexe ainsi que du contexte stratégique. L'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est un autre facteur important dans ce domaine, a poursuivi le ministre bulgare, indiquant à ce propos que son pays, mentionné dans l'Annexe II du Traité, avait déjà ratifié l'instrument. Il a appelé les autres États mentionnés dans l'Annexe, qui n'auraient pas encore ratifié le Traité, à le faire sans plus tarder.

En tant que co-fondateur de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), a ajouté M. Sterk, la Bulgarie assume le devoir de prévenir l'utilisation par quiconque d'armes chimiques – ou de substances chimiques en tant qu'armes –, partout et en toutes circonstances. Il a dit que son pays était prêt à soutenir les efforts visant à faire assumer leurs responsabilités à tous ceux qui se seraient rendus coupables de tels actes. M. Sterk a regretté que la quatrième conférence d'examen de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques n'ait pu adopter de rapport officiel consensuel du fait de la résistance de quelques pays seulement. Malgré cela, a précisé le Ministre adjoint, la Bulgarie n'épargnera aucun effort en faveur de l'application pleine et complète des décisions prises, notamment la décision adoptée par les États parties à la Convention le 18 juin 2018.

M. Sterk a aussi déclaré que son pays attendait de la République populaire démocratique de Corée qu'elle prenne des mesures concrètes vers une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible et qu'elle maintienne la suspension déclarée de ses essais d'armes nucléaires et de missiles balistiques. Il a considéré que le sommet de Hanoi était un signe positif. M. Sterk a enfin demandé à la Fédération de Russie d'agir de façon responsable, de manière à instaurer les conditions nécessaires à la préservation du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).

M. GENNADY GATILOV, Représentant permanent de la Fédération de Russie, a fait part de la satisfaction de son pays après la prise de parole par le Secrétaire général en plénière de la Conférence, pour la deuxième année consécutive. La situation de la Conférence est complexe mais loin d'être désespérée, a poursuivi le représentant russe, et plusieurs aspects pourraient d'ores et déjà réunir le compromis sur les voies tracées par le projet de programme de travail proposé par l'Ukraine en début d'année. M. Gatilov a insisté en particulier sur le lien direct entre les différents points de l'ordre du jour de la Conférence, adopté par consensus, et les activités des organes subsidiaires qu'il est envisagé de créer. Pour préserver une approche équilibrée, il faudrait créer un organe subsidiaire séparé pour les points 5 à 7 de l'ordre du jour.

Le représentant russe s'est dit favorable au lancement d'un dialogue multilatéral sur le désarmement nucléaire, ajoutant qu'il serait nécessaire de procéder à une analyse complète de tous les facteurs qui influent sur la stabilité mondiale. Si les instruments politiques et diplomatiques sont inopérants, les États devront recourir à des moyens techniques et militaires, avec des conséquences qu'il n'est pas besoin d'expliquer, a mis en garde M. Gatilov. Le Représentant permanent a insisté à plusieurs reprises sur l'importance de traiter le problème du désarmement sous tous ses aspects. M. Gatilov a aussi attiré l'attention sur la nécessité d'éviter, d'une part, que l'espace extra-atmosphérique ne se transforme en un nouveau théâtre de conflit armé et, d'autre part, que des terroristes n'acquièrent des armes de destruction massive. Il a recommandé à cet égard que la Conférence se penche sur les projets de traité proposés, respectivement, par la Fédération de Russie et la Chine, et par le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie. Le diplomate russe a enfin déploré la politisation de la conférence et recommandé que l'on évite d'y traiter des problèmes qui ne relèvent pas de sa compétence

M. ESMAEIL BAGHAEI HAMANEH, Représentant permanent de la République islamique d'Iran, a imputé la situation préoccupante dans laquelle se trouve le désarmement nucléaire à l'attitude agressive des États-Unis, associée à son mépris irresponsable pour ses obligations multilatérales et bilatérales. Cette politique reflète la volonté de conserver indéfiniment des armes nucléaires. L'Iran déplore aussi que les États-Unis poursuivent le déploiement d'engins de faible puissance et qu'ils envisagent de dépenser plus de 1200 milliards de dollars ces trente prochaines années pour moderniser et renforcer leur arsenal nucléaire.

Le retrait par les États-Unis de l'Accord de Vienne sur le désarmement nucléaire est une atteinte à ses engagements et une violation éhontée de la résolution du Conseil de sécurité. Cela représente un exemple vivant d'une attaque contre le multilatéralisme, a ajouté M. Hamaneh. Il est en outre sans précédent que les États-Unis appellent leurs alliés à bafouer eux aussi une résolution qui avait été adoptée, par consensus, à l'initiative des États-Unis eux-mêmes, a dénoncé le représentant iranien. Pour sa part, l'Iran continue de respecter scrupuleusement cet accord, a-t-il ajouté, précisant que l'attitude irréprochable de son pays avait été confirmée à de nombreuses reprises par l'Agence internationale de l'énergie atomique.

« L'unilatéralisme américain » entrave en outre les efforts internationaux pour créer une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen Orient, a enfin regretté M. Hamaneh, pointant la persistance du risque de prolifération nucléaire dans cette région aussi longtemps que les États-Unis et leurs alliés occidentaux «continueront de ménager la véritable source de cette prolifération». Les déclarations prononcées lors du débat de haut niveau montrent que de nombreux États sont très préoccupés par l'avenir du multilatéralisme, a enfin relevé le diplomate iranien.

M. FELIX PLASENCIA, Vice-Ministre aux affaires multilatérales du Venezuela, a déclaré que son pays attachait la plus grande importance à la Conférence compte tenu de sa mission particulière consistant à négocier des instruments multilatéraux en matière de désarmement. Le ministre regretté que le multilatéralisme soit actuellement attaqué par certains partisans de l'unilatéralisme.

M. Plasencia a fait observer que la communauté internationale se trouve confrontée à une situation de plus en plus tendue, marquée notamment les conflits régionaux, le terrorisme, la progression de la xénophobie et du racisme, ainsi que la restauration de la doctrine Monroe, qui a des visées impérialistes et qui met en péril la paix et la sécurité internationales. C'est dans ce contexte malheureux que la Conférence s'est enlisée, a regretté le ministre, avant de recommander qu'elle adopte de toute urgence un travail d'envergure, équilibré et complet avec un mandat de négociation qui tienne compte des priorités en matière de désarmement.

Dans cet objectif, a poursuivi M. Plasencia, le processus de consultation doit être inclusif, respectueux et garantissant la participation de tous les États membres. Quant à la discussion sur les questions de fond, elle ne doit pas être tributaire des questions de procédure ni de motivations politiques. Le fait de mettre l'accent, dans cette enceinte, sur des questions relatives aux affaires intérieures des États ne peut aboutir qu'à une politisation indésirable, a insisté M. Plasencia. La Conférence doit progresser vers le désarmement nucléaire total et absolu, une démarche à laquelle tous les États doivent s'engager, principalement les États dotés d'armes nucléaires.

Le ministre vénézuélien a regretté que la sécurité et paix internationales soient aujourd'hui en péril et que des ressources précieuses soient consacrées à la production de matières fissiles et de nouvelles technologies à des fins belliqueuses, alors qu'elles pourraient être investies en faveur du développement économique et social. M. Plasencia a enfin assuré que le Venezuela s'acquitterait de son mandat à la présidence de la Conférence, en juin prochain, de manière impartiale et transparente.

Autres déclarations

Les États-Unis ont dit vouloir réagir à la propagande diffusée par «un représentant de l'ancien régime Maduro», un gouvernement dépourvu de toute crédibilité au niveau international, privé de légitimité morale ou politique, et qui ne comprend pas que la population vénézuélienne est lasse de ne plus avoir de médicaments ni de quoi manger. Les agissements et interventions de ce week-end contre le peuple vénézuélien sont révoltants, ont ajouté les États-Unis, et montrent que les besoins de la population ne sont pas satisfaits. L'ancien régime refuse toujours d'endosser la responsabilité de ce qu'il se passe au Venezuela, ont aussi déploré les États-Unis. La crise a conduit des millions de Vénézuéliens à fuir leur pays depuis 2015, suscitant ainsi des problèmes sécuritaires pour les pays avoisinants, ont encore souligné les États-Unis.

Les États-Unis ont dit soutenir le peuple vénézuélien dans sa tentative de revenir à la démocratie. D'autres pays ont fait part de leur préoccupation et plusieurs ont reconnu M. Juan Guaidó en tant que nouveau président du Venezuela. Les États-Unis ont enfin invité les représentants de l'ancien régime de Maduro à ne plus occuper la présidence de la Conférence.

S'agissant de l'intervention de l'Iran, que les États-Unis considèrent comme le plus important partisan du terrorisme, le représentant a estimé que ce pays n'avait aucune leçon à donner sur quelque sujet que ce soit. Les États-Unis n'oublieront jamais la prise en otage de quarante de leurs diplomates par l'Iran. Ils dénoncent le financement par ce pays de groupes terroristes au Moyen Orient et condamne la mise au point par l'Iran de missiles balistiques qu'il fournit aux terroristes Houthis, au Yémen. Les sanctions économiques imposées par les États-Unis à l'Iran ont pour but de lui rendre la tâche beaucoup plus difficile, ont expliqué les États-Unis.

Pour ce qui est des interventions faites au cours du débat de haut niveau sur l'Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, les États-Unis se concentrent sur une approche exhaustive visant à empêcher le développement du programme nucléaire en Iran et pour éviter qu'il ne continue de commettre des exactions et ses atteintes aux droits de l'homme. Le Gouvernement iranien est de plus en agressif et menace les États-Unis et leurs intérêts sous couvert de cet accord, a affirmé la délégation. C'est pour ces raisons que le Président Trump a retiré les États-Unis d'un accord incapable de garantir les intérêts de sécurité nationaux. L'objectif des États-Unis est maintenant d'exercer toute la pression nécessaire pour obliger l'Iran à changer de comportement et de chercher un accord qui réponde aux préoccupations des États-Unis.

La Fédération de Russie a regretté que plusieurs intervenants dans le débat de haut niveau aient répété des fausses affirmations s'agissant de la prétendue responsabilité russe dans les violations du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). Pour le commandant en chef des armées russes, qui est le Président de la République, la question la plus grave parmi les questions examinées est celle de la sortie des États-Unis dudit instrument. La situation internationale a beaucoup changé depuis l'adoption du traité en 1987. De nombreux pays ont développé et continuent de développer des armes nucléaires à portée intermédiaire, ce qui n'est pas le cas des États-Unis et de la Fédération de Russie. Cette situation peut susciter des interrogations. Les partenaires américains devraient dire honnêtement les choses plutôt que d'accuser faussement la Fédération de Russie pour justifier leur retrait unilatéral du Traité. Les États-Unis sont déjà sortis du Traité ABM (sur la limitation des systèmes de missiles antimissiles balistiques) en 2002, de manière regrettable mais directe et franche. La Fédération de Russie estime que les États-Unis devraient agir, en l'espèce, de la même manière honorable.

La Fédération de Russie condamne le déploiement effectif ou prévu par les États-Unis, en Roumanie et en Pologne, du système de lancement vertical Mark 41 (Mk 41 VLS) capable de lancer des missiles de croisière Tomahawk, en violation totale des dispositions du Traité FNI. La Fédération de Russie n'a pas l'intention de déployer la première des missiles en Europe. Mais elle met en garde contre la menace grave que constituerait, pour elle, le déploiement de missiles capables d'atteindre Moscou dans un délai de 10 à 12 minutes à peine. Dans un tel cas, la Fédération de Russie serait obligée d'envisager une riposte asymétrique, au moyen de types d'armes pouvant être utilisés contre les centres de décision et contre les pays où seraient déployés les engins menaçants. La Fédération de Russie a lancé la conception et la production de systèmes militaires d'avant-garde et éprouvés. Ces armes sophistiquées ont pour seul but de protéger la population russe.

La Fédération de Russie juge inamicale et injustifiée la politique antirusse menée par les États-Unis depuis quelques années. La Fédération de Russie ne menace personne et n'est pas intéressée par une confrontation avec les États-Unis. Elle est prête à participer aux négociations sur le désarmement, pour autant que la porte ne soit pas fermée.


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DC19.015F