Fil d'Ariane
LE COMITÉ POUR L’ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES EXAMINE LE RAPPORT DU SAMOA
Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné, aujourd’hui, le rapport présenté par le Samoa sur les mesures prises par le pays pour mettre en œuvre les dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
Présentant ce rapport, Mme Faimalotoa Kika Stowers, Ministre de la condition de la femme et du développement communautaire et social du Samoa, a souligné que c’est la première fois que le pays présente son rapport en ayant recours à la vidéoconférence. Un amendement apporté à la Constitution samoane a permis d’établir un quota de 10% de femmes parmi les membres de l’assemblée législative nationale, cette mesure ayant été mise en œuvre lors des élections en 2016 qui ont connu un nombre sans précédent de candidates et ont vu cinq femmes élues au Parlement, a fait valoir la Ministre. Le tribunal de la famille a été mis en place en 2014 afin de protéger les personnes les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants, a-t-elle ajouté. En outre, les sanctions dont sont passibles les violences sexuelles ont été alourdies et le viol marital a été incriminé, a-t-elle indiqué.
Mme Kika Stowers a reconnu qu’il restait au Samoa de nombreux défis à relever pour mettre en œuvre la Convention tout en tenant compte des limites budgétaires. Il est important – en vue de l’élaboration des politiques nécessaires – d’améliorer la collecte des données, a-t-elle souligné. Des progrès sont néanmoins constatés au Samoa pour ce qui est de l’objectif d’aboutir à l’éradication des discriminations à l’encontre des femmes, a-t-elle assuré.
La délégation du Samoa était également composée, entre autres, de représentants du Ministère de la condition de la femme et du développement communautaire et social; du Ministère des affaires étrangères et du commerce; et de la Commission de la réforme du droit. La délégation a répondu aux questions soulevées par les membres du Comité s’agissant, notamment, du cadre institutionnel et juridique d’application de la Convention; des mesures prises pour prévenir et combattre la violence contre les femmes; de la reconnaissance constitutionnelle du Samoa comme « nation chrétienne »; de la représentation des femmes; des droits électoraux des femmes n’ayant pas le titre de chef (femmes non-matai); des questions de santé, en particulier pour ce qui a trait aux grossesses précoces, à l’avortement et la mortalité maternelle; ou encore des femmes vivant en milieu rural.
Une experte a fait observer que le taux des violences à l’encontre des femmes restait très préoccupant au Samoa et que ces violences semblaient très ancrées dans la société. Une experte a souligné que, selon certaines informations, des filles et des garçons sont soumis à la prostitution au Samoa. Le Samoa a besoin d’une stratégie globale pour lutter contre les violences liées au genre, a souligné une experte, faisant en outre observer qu’il est très difficile pour les femmes vivant en milieu rural d’aller devant les tribunaux. En cas de violence conjugale, les femmes vont devant les conseillers traditionnels du village, lesquels sont de fervents défenseurs de normes coutumières contraires aux droits des femmes, a-t-elle ajouté. A en outre été relevée l’existence de certains privilèges pour les hommes en matière d’héritage.
Plusieurs expertes se sont interrogées sur les conséquences pour les femmes de la nouvelle disposition constitutionnelle stipulant que le Samoa est un pays chrétien.
Une experte a relevé la sous-représentation des femmes au sein des pouvoirs locaux, soulignant qu’elle ne saurait être contrebalancée par les comités de femmes des villages. Cette experte a également demandé si des mesures spécifiques avaient été prises pour accélérer la réalisation de l’égalité de fait dans les domaines de l’emploi et de l’éducation, notamment. Une experte a déploré que les normes culturelles de l’archipel permettent rarement aux filles enceintes de poursuivre leur scolarité durant leur grossesse et de retourner à l’école après la naissance de leur enfant.
Le Comité adoptera ultérieurement, lors de séances à huis clos, ses observations finales sur le rapport du Samoa et les rendra publiques à l’issue de la session, le 9 novembre prochain.
Lundi après-midi, à 16 heures, le Comité procédera à l'audition de représentants de la société civile au sujet de l'application de la Convention dans les pays dont les rapports doivent être examinés la semaine prochaine, à savoir Maurice, le Tadjikistan, l’ex-République yougoslave de Macédoine et la République démocratique populaire lao.
Présentation du rapport
Le Comité est saisi du sixième rapport périodique du Samoa (CEDAW/C/WSM/6), ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter préalablement soumise par le Comité.
MME FAIMALOTOA KIKA STOWERS, Ministre de la condition de la femme et du développement communautaire et social du Samoa, a souligné que c’est la première fois que le Samoa présente son rapport en ayant recours à la vidéoconférence; il s’agit d’une solution plus économique, qui offre en outre la possibilité d’inclure une délégation multisectorielle représentant l’ensemble du Gouvernement, a-t-elle fait valoir. La cheffe de la délégation samoane a réaffirmé l’engagement du pays à mettre en œuvre la promotion et la protection des droits de l’homme de toutes les personnes, en vue notamment de lutter contre la discrimination à l’encontre des femmes. Le Samoa s’efforce de s’acheminer vers l’égalité et l’inclusion de tous afin de veiller à ce que tout particulièrement les femmes, les filles et les personnes handicapées puissent tirer avantage du développement économique du pays.
Mme Kika Stowers a déclaré que ce sixième rapport – qui a fait l’objet de multiples consultations – répond aux recommandations adressées au Samoa à l’occasion de l’examen du précédent rapport du pays en 2012. La traduction, en langue samoane, des observations finales adressées au pays a permis de les diffuser auprès du plus grand nombre, a-t-elle fait valoir.
Un amendement apporté à la Constitution (par la loi de réforme constitutionnelle) a permis d’établir un quota de 10% de femmes parmi les membres de l’assemblée législative nationale, cette mesure ayant été mise en œuvre lors des élections en 2016 qui ont connu un nombre sans précédent de candidates et ont vu cinq femmes élues au Parlement, a poursuivi Mme Kika Stowers.
Le tribunal de la famille a été mis en place en 2014 afin de protéger les personnes les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants, a par ailleurs fait valoir la Ministre. En outre, les sanctions dont sont passibles les violences sexuelles ont été alourdies et le viol marital a été incriminé, a-t-elle indiqué.
Par ailleurs, le Samoa a mis en place un nouveau congé de paternité et de maternité et des mesures ont été prises pour assurer l’égalité de salaire à travail égal.
Le Samoa a aussi prévu l’instauration de l’aide juridictionnelle gratuite, mais cette mesure n’a pas encore pu être mise en œuvre en raison du manque de ressources financières, a ajouté la Ministre samoane de la condition de la femme et du développement communautaire et social. L’institution nationale des droits de l’homme du Samoa s’est vue attribuée le statut A de pleine conformité aux Principes de Paris, ce qui fait d’elle la seule institution nationale de droits de l'homme de la région à posséder ce statut, a-t-elle par ailleurs fait valoir.
Le Ministère de la condition de la femme et du développement communautaire et social – qui coordonne l’action de l’ensemble du Gouvernement en vue de la mise en œuvre de la Convention – a vu ses priorités modifiées au cours de la période 2016-2018, a ensuite expliqué Mme Kika Stowers. L’approche a changé et le Ministère veille à intégrer (transversalement) les questions de genre dans toutes ses politiques (thématiques).
La Ministre a fait état d’une étude menée dans le pays qui a montré qu’il y avait un taux assez élevé de violences au sein des familles communautaires. Cette étude a permis de lancer un débat public; les conseils de village et les représentants religieux ont été mobilisés afin de lutter contre ce type de violences. Les investissements ont en outre été renforcés pour effectuer un travail de prévention dans les villages et renforcer le soutien aux victimes de ces violences. Une campagne nationale a par ailleurs été lancée sur cette question pour sensibiliser la population et mieux comprendre les causes profondes de la violence et la manière de l’éradiquer. Il reste beaucoup à faire sur cette question, a admis la cheffe de la délégation samoane.
La Ministre a ensuite fourni des chiffres concernant la représentation des femmes dans les postes de direction, dans l’appareil judiciaire, ainsi qu’au sein du Gouvernement, précisant notamment que deux femmes sont ministres et que deux des six membres de la Cour suprême sont des femmes.
Les comités de femmes des villages jouent un rôle essentiel dans le domaine de la santé, a poursuivi Mme Kika Stowers. Les femmes de ces comités ont été formées pour pouvoir procéder à un dépistage de maladies non transmissibles et détecter des maladies au stade précoce. L’objectif de ce programme est d’atteindre tous les villages, a précisé la Ministre.
Le Ministère de la condition de la femme et du développement communautaire et social a apporté un soutien aux familles vulnérables, notamment dans le domaine du renforcement des compétences des femmes afin qu’elles puissent prendre en charge leur famille, a d’autre part fait valoir Mme Kika Stowers. Un programme vise ainsi à autonomiser les femmes, tout en leur permettant d’acquérir des compétences, notamment dans le domaine de la couture. L’autonomisation des femmes est une priorité du Samoa, a insisté la Ministre. Quelque 130 micro-entreprises dirigées par des femmes ont ainsi été créés grâce au soutien des autorités, a-t-elle précisé.
L’approche de genre est incluse dans toutes les mesures prises afin de lutter contre les catastrophes naturelles, a en outre assuré la Ministre.
Mme Kika Stowers a reconnu qu’il restait au Samoa de nombreux défis à relever pour mettre en œuvre la Convention tout en tenant compte des limites budgétaires. Il est important – en vue de l’élaboration des politiques nécessaires – d’améliorer la collecte des données, a-t-elle souligné. Des progrès sont néanmoins constatés au Samoa pour ce qui est de l’objectif d’aboutir à l’éradication des discriminations à l’encontre des femmes, a-t-elle assuré. Lors de sa visite dans le pays en août 2017, le Groupe de travail sur la question de la discrimination à l'égard des femmes dans la législation et dans la pratique a précisément reconnu les progrès réalisés, notamment au niveau juridique, dans le domaine de lutte contre la discrimination à l’égard des femmes; le rapport dudit Groupe de travail reconnaît aussi les efforts du Gouvernement pour lutter contre les violences sexistes et supprimer la stigmatisation qui les accompagne, a fait valoir la Ministre.
Examen du rapport
Questions et observations des membres du Comité
Une experte a fait observer qu’il est impossible pour une femme victime de discrimination dans la sphère privée de faire valoir des dispositions constitutionnelles. Plus globalement, elle a demandé si le Samoa comptait modifier la Constitution afin d’y inclure la définition de la discrimination contre les femmes figurant dans la Convention. Elle s’est en outre enquise du mécanisme permettant de soumettre des plaintes à l’institution nationale des droits de l’homme. Cette institution peut-elle mener des enquêtes sur d’éventuelles violations des droits relevant de la Convention, a-t-elle demandé ? L’experte a évoqué une nouvelle disposition de la Constitution (en vertu de la loi de réforme constitutionnelle) qui stipule que le Samoa est un pays chrétien, avant de s’enquérir des conséquences de cette disposition sur les droits des femmes. Elle a d’autre part souhaité en savoir davantage sur les conséquences de certaines pratiques communautaires sur les droits des femmes.
Une autre experte a estimé que l’amendement constitutionnel qui prévoit que le « Samoa est une nation chrétienne » pose problème, en raison notamment de la place accordée aux dirigeants religieux.
Une experte a fait observer que certaines mesures temporaires spéciales présentées dans le rapport ne semblent pas être des mesures temporaires mais bien des mesures appelées à perdurer sur le long terme; or, les mesures temporaires spéciales ont vocation à être éliminées une fois que l’égalité est acquise, a-t-elle rappelé. Elle a relevé la sous-représentation des femmes au sein des pouvoirs locaux, soulignant qu’elle ne saurait être contrebalancée par les comités de femmes des villages. L’experte s’est enquise des mesures prises pour assurer la représentation des femmes dans les villages traditionnels. Elle a demandé si les comités de femmes allaient être reconnus par la loi sur les conseils de village. L’experte a également demandé si des mesures spécifiques avaient été prises pour accélérer la réalisation de l’égalité de fait dans les domaines de l’emploi et de l’éducation, notamment.
Une autre experte a fait observer que le taux des violences à l’encontre des femmes restait très préoccupant au Samoa et que ces violences semblaient très ancrées dans la société. Elle a souhaité savoir si les violences faites aux femmes étaient un syndrome culturel émergent au Samoa ou bien si elles s’inscrivaient dans un schéma que l’on pourrait qualifier d’historique. L’experte a demandé si le Samoa s’était doté d’un mécanisme pour lutter contre ces comportements culturels et si des mesures avaient été prises pour modifier les programmes scolaires afin de prendre en compte cette question.
Une experte a souligné que, selon certaines informations, des filles et des garçons sont soumis à la prostitution au Samoa; elle s’est enquise des mesures prises pour protéger et sortir de la prostitution les enfants qui ont été poussés à y travailler. L’experte a également souhaité savoir si, au Samoa, les personnes prostituées pouvaient se retrouver en prison à cause de leurs activités de prostitution et si le pays avait mis en place un programme de soutien pour les femmes voulant quitter la prostitution.
Une experte a demandé si les représentants de l’Église étaient formés à la Convention; il faut que les pasteurs et les paroisses rendent des comptes sur la question des discriminations à l’encontre des femmes, a-t-elle souligné.
Une autre experte a demandé si la loi électorale allait être amendée afin de permettre à toutes les femmes, y compris les non-matai (celles qui n’ont pas le titre de chef), d’être candidates aux élections législatives; en effet, seules 11% des femmes sont matai (c’est-à-dire ont le titre de chef). L’expert s’est en outre enquise des mesures adoptées pour promouvoir l’accès des femmes à des postes décisionnels au sein des entreprises.
Une experte a déploré que les normes culturelles de l’archipel permettent rarement aux filles enceintes de poursuivre leur scolarité durant leur grossesse et de retourner à l’école après la naissance de leur enfant. Elle a expliqué qu’il était important que le programme scolaire prévoie l’éducation sexuelle et la prévention des grossesses précoces. L’experte a demandé si les filles étaient protégées face au harcèlement sexuel à l’école, dans le cadre du programme sur les écoles sûres. Comment la formation des maîtres va-t-elle être revue afin de mettre fin aux stéréotypes sexistes, a-t-elle aussi demandé ?
Un expert a déploré la persistance au Samoa d’une très forte distinction entre hommes et femmes dans le domaine du travail. Il a demandé quand le Samoa envisageait d’adopter les principales conventions de l’Organisation internationale du travail, notamment la Convention n°189 sur les travailleuses et travailleurs domestiques. Le manque de crèches dans le pays empêche de nombreuses femmes de travailler, a poursuivi l’expert. Il a en outre souhaité savoir si le Samoa envisageait de se doter d’une législation complète contre le harcèlement sexuel.
Une experte s’est enquise des raisons de l’augmentation du taux de mortalité maternelle dans l’archipel. Elle a en outre souhaité savoir si le Samoa envisageait de dépénaliser l’avortement et de l’autoriser légalement en cas de viol ou de danger pour la santé de la mère. Il faudrait que le Samoa prenne des mesures concrètes dans le domaine de la santé afin de répondre aux exigences de la Convention et il faut espérer que ces mesures pourront être présentées lors de l’examen du prochain rapport devant le Comité, a ajouté l’experte. Une autre experte a rappelé qu’obliger une femme à donner naissance à un enfant qui est le fruit d’un viol est considéré par de nombreux organes des Nations Unies comme une forme de torture ou de traitement cruel.
Qu’en est-il des allocations publiques de retraite et de chômage pour les femmes, notamment pour celles qui travaillent dans le secteur informel, a-t-il par ailleurs été demandé ?
Le Samoa a besoin d’une stratégie globale pour lutter contre les violences liées au genre, a souligné une experte, faisant en outre observer qu’il est très difficile pour les femmes vivant en milieu rural d’aller devant les tribunaux. En cas de violence conjugale, les femmes vont devant les conseillers traditionnels du village, lesquels sont de fervents défenseurs de normes coutumières contraires aux droits des femmes, a-t-elle ajouté. L’experte a par ailleurs pointé du doigt le manque de ressources des cliniques de santé rurales, dont le personnel est en outre moins bien formé qu’ailleurs. Elle a souhaité savoir si les autorités envisageaient de prendre des mesures temporaires spéciales afin de permettre la venue d’un personnel médical qualifié dans les zones reculées.
Une experte a souligné que la plupart des lois relatives à la famille, qui remontent à la période coloniale ou au tout début de l’indépendance du pays, ne sont pas adaptées à la réalité. Dès lors, il faut revoir l’ensemble de la législation dans ce domaine, a-t-elle affirmé. La plupart des juges sont aussi des chefs religieux, a-t-elle par ailleurs fait observer. L’experte a en outre relevé l’existence de certains privilèges pour les hommes en matière d’héritage.
Réponses de la délégation
La délégation a expliqué que même si la définition de la discrimination contre les femmes (figurant dans la Convention) n’est pas reprise telle quelle dans la législation du Samoa, l’interdiction de cette discrimination est assurée par la Constitution – dont l’article 15 stipule notamment que « toutes les personnes sont égales devant la loi ». Le Gouvernement n’a pas l’intention d’amender la Constitution à ce stade sur ce point, a ajouté la délégation.
Pour des raisons de capacités budgétaires, l’institution nationale des droits de l’homme ne reçoit pas les plaintes individuelles, même si son mandat le prévoit, a par ailleurs expliqué la délégation. Cette institution est compétente pour enquêter sur des violations de droits de l’homme, a-t-elle ajouté. Le financement de l’institution nationale des droits de l’homme était un défi important, a insisté la délégation, avant de plaider pour que soient recherchés une implication de l’ensemble des Ministères, un partage des ressources et un renforcement des compétences techniques de cette institution.
En cas de conflit entre les normes coutumières et les droits de l’homme, c’est au tribunal qu’il incombe de trancher, au cas par cas, a en outre expliqué la délégation. La jurisprudence montre néanmoins que jusqu’ici, à chaque fois, les tribunaux ont opté pour les droits de l’homme, a-t-elle précisé.
Le Ministère de la condition de la femme, du développement communautaire et social a décidé de modifier son approche (opérationnelle): il ne cible plus des groupes de population, mais se concentre sur des domaines thématiques et promeut ainsi une approche intégrée des politiques appliquées, afin que tous les groupes de population soient concernés par ce Ministère.
La délégation a expliqué que les femmes pouvaient participer aux conseils de village (fono). Les comités de femmes, eux, sont autonomes et peuvent faire valoir leur position par l’intermédiaire des femmes présentes dans les fono, a-t-elle précisé. Conseils de village et comités de femmes encouragent la prise de mesures positives aux fins de l’application de la Convention, a assuré la délégation.
Il existe en outre un « Comité CEDAW » (du nom de l’acronyme anglais du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes), constitué de toutes les agences gouvernementales et d’organisations non gouvernementales concernées qui discutent, ensemble, des questions relevant de la mise en œuvre de la Convention.
Le Samoa a institué un mécanisme de rapport et de suivi pour répondre à toutes les obligations du pays en matière de droits de l’homme et mettre en œuvre l’ensemble des recommandations qui lui sont adressées, y compris celles de l’institution nationale des droits de l’homme, a ajouté la délégation.
La délégation a assuré que les mesures prises contre les violences (à l’égard des femmes) ont eu des effets positifs. Le Gouvernement a déployé des campagnes de sensibilisation afin de veiller à ce que tous les groupes soient conscients de ce que prévoit la Convention, a-t-elle souligné.
Il existe au sein de la police une division spéciale chargée des violences basées sur le genre, a ensuite fait valoir la délégation. Plusieurs programmes ont été mis en œuvre pour sensibiliser les forces de police aux dispositions de la Convention, a-t-elle ajouté.
Le Gouvernement s’est attaché à travailler à une meilleure gestion des prisons, a poursuivi la délégation; les services pénitentiaires ont été séparés de ceux en charge de la sécurité et de la police. L’accent est aujourd’hui mis sur les programmes de réinsertion (des personnes en conflit avec la loi) plutôt que sur l’application d’une approche strictement punitive, a ajouté la délégation.
La délégation a ensuite déclaré qu’il n’y avait pas dans le pays, à sa connaissance, de cas de femmes prostituées condamnées en raison de leurs activités de prostitution.
La délégation a par ailleurs indiqué que le Samoa souhaitait adhérer au Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants.
La reconnaissance du Samoa comme « nation chrétienne » par la Constitution ne remet nullement en cause les droits des femmes, a assuré la délégation. Des consultations et des ateliers sont organisés pour veiller à ce que les paroisses soient au fait de la Convention, a-t-elle ajouté, avant de faire valoir que le Gouvernement a prévu de renforcer sa coopération avec le Conseil national des églises sur ces questions. Les pasteurs informent les paroissiens sur certaines dispositions de la Convention, notamment par des messages contre les violences faites aux femmes, a insisté la délégation. Il est important de mobiliser les églises car 99,7% de la population du Samoa se dit chrétienne, a-t-elle souligné. La délégation a fait savoir que les communautés de femmes des paroisses, souvent dirigées par les femmes des pasteurs, se réunissent tous les mois afin d’évoquer la mise en œuvre de la Convention et des exigences qui s’y rapportent.
La délégation a par la suite ajouté que les juges devaient s’acquitter de leurs obligations en vertu de la loi sans prendre en compte leurs convictions religieuses.
Pour ce qui est de la représentation des femmes à tous les niveaux, différents programmes veillent à renforcer les capacités des femmes qui souhaitent devenir parlementaires, avec la coopération, notamment, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué la délégation. Elle a en outre fait valoir la forte présence des femmes dans les dix-sept comités de district, dont plusieurs sont dirigés par des femmes. Il y a aujourd’hui davantage de femmes que d’hommes qui se lancent dans des carrières dans le domaine judiciaire, a-t-elle également fait valoir.
La délégation a déclaré que les femmes (ayant le titre de) matai ont les mêmes droits que les hommes et peuvent se présenter aux élections législatives; par contre, les femmes non matai ne peuvent se présenter aux élections et aucun changement de la législation n’est envisagé à ce stade dans ce domaine, a précisé la délégation. Tout un chacun peut devenir matai s’il en fait le choix; certaines femmes ne souhaitent pas devenir matai, souhaitant laissant le bénéfice de ce titre à leur frère, a ajouté la délégation.
La délégation a indiqué qu’il n’y avait pas de données concernant les adolescentes enceintes au Samoa, mais a précisé qu’une étude avait été commandée pour connaître les causes de ces grossesses précoces. Elle a en outre assuré que les jeunes mamans ne se voient pas interdire de retourner à l’école. Les enseignants sont formés au respect de l’égalité de genre et à l’enseignement de la santé reproductive, a ajouté la délégation. Par ailleurs, les châtiments corporels à l’école sont interdits par la loi, a-t-elle fait valoir.
La délégation a par ailleurs fait état de mesures destinées à réduire le taux de mortalité maternelle, notamment par l’augmentation du nombre de sages-femmes dans tout le pays. Le personnel médical a été formé pour détecter les cas de grossesses à hauts risques.
La question de l’avortement a fait l’objet de nombreuses consultations, a indiqué la délégation, rappelant que l’avortement est un crime au Samoa, avec toutefois des exceptions lorsque la grossesse comporte un risque pour la vie ou la santé de la femme. La peine encourue en cas d’avortement illégal est passée de 14 à 7 ans d’emprisonnement, a précisé la délégation. Il s’agit là d’une question qui continue d’être examinée dans le pays avec l’espoir de faire évoluer les mentalités, notamment en cas de grossesse résultant d’un viol, a-t-elle ajouté.
La délégation a ensuite souligné que le Samoa avait pris des mesures pour que les femmes et les hommes dans le secteur privé aient un salaire égal pour un travail égal.
S’agissant du harcèlement sexuel au travail, il existe des exemples de jurisprudence où les tribunaux ont pris des mesures en faveur des victimes, a en outre fait valoir la délégation. Une étude a été engagée par les autorités en vue d’élargir la définition du harcèlement sexuel, a-t-elle ajouté.
La délégation a ensuite fait état de plusieurs textes de loi visant à améliorer la situation des femmes qui travaillent dans le secteur informel, l’objectif des autorités étant de reconnaître ce travail qui permet à de nombreuses femmes de faire vivre leur famille.
La délégation a enfin insisté sur la nécessité de mobiliser toutes les personnes impliquées dans la protection des femmes vivant en milieu rural contre les violences: les chefs communautaires, les familles, les proches, les représentants de l’État et les organisations non gouvernementales, notamment. L’intention actuelle du Ministère de la cohésion sociale est de renforcer les mécanismes existants pour mettre en œuvre des mesures de prévention afin de s’assurer que les femmes en zone rurale bénéficient de la protection dont elles ont besoin.
Remarques de conclusion
MME KIKA STOWERS a remercié le Comité pour l’occasion qui a été offerte au Samoa de présenter ses avancées en matière de mise en œuvre de la Convention. Ce dialogue interactif a fourni une excellente occasion d’aborder certains problèmes qui peuvent être caractéristiques de certains petits États insulaires en développement, a-t-elle souligné. La Ministre a assuré que le Samoa était plein d’espoir pour continuer à promouvoir l’autonomisation des femmes.
La Présidente du Comité, MME DALIA LEINARTE, a remercié la délégation samoane pour ce dialogue constructif. Elle a encouragé le pays à prendre les mesures nécessaires afin de donner effet aux recommandations qui lui seront adressées par le Comité, y compris pour ce qui est d’un certain nombre de points qui demanderont un suivi immédiat.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
CEDAW/18/030F