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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME TIENT SA REUNION-DEBAT ANNUELLE SUR LA COOPERATION TECHNIQUE

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, ce matin, sa réunion-débat annuelle sur la coopération technique pour la promotion et la protection des droits de l’homme, dont le thème cette année était «Les droits de l’homme et les objectifs de développement durable: améliorer la coopération technique et le renforcement des capacités pour contribuer à une mise en œuvre effective et inclusive du Programme de développement durable à l’horizon 2030».

Animé par le Représentant permanent de la Thaïlande auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, M. Sek Wannamethee, le débat a été introduit par la Directrice de la division des opérations de terrain et de la coopération technique du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Mme Georgette Gagnon. Il a compté avec la participation de trois panélistes: Mme Nahla Haidar, membre du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes; Mme Valérie Julliand, coordinatrice résidente des Nations Unies au Népal; et Mme Mary Wanyonyi, Directrice de la stratégie et du développement et point focal pour les Objectifs de développement durable au Bureau national des statistiques du Kenya.

Dans ses remarques liminaires, Mme Gagnon a fait observer que la coopération technique dans le domaine des droits de l’homme est centrale pour la prévention des conflits, des violations des droits de l’homme, des souffrances, de la discrimination et de la marginalisation. Dans ce sens, la coopération technique est donc également au cœur de la réalisation des Objectifs associés au Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle souligné. Mme Gagnon a présenté le rapport soumis par le Haut-Commissariat au titre de l’assistance technique et du renforcement des capacités, qui se focalise sur la manière dont les organes et mécanismes des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme, ainsi que les équipes de pays et organismes des Nations Unies, peuvent, par des activités efficaces, cohérentes et coordonnées d’assistance technique et de renforcement des capacités dans le domaine des droits de l’homme, aider les États à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme Haidar a, pour sa part, souligné que le Comité dont elle est membre œuvrait à trouver les meilleures synergies entre développement et droits des femmes. Elle a constaté que les synergies commencent à se matérialiser et que la mise à disposition de matériel pédagogique pour renforcer la coopération technique porte ses fruits.

Du point de vue de Mme Julliand, lorsque l’on constate qu’il y a encore des personnes laissées pour compte, cela signifie que les objectifs de développement ne sont pas atteints. Elle a alors insisté sur la nécessité de disposer de données et d’indicateurs, ajoutant que la collecte et l’exploitation de ces données doivent s’accompagner de politiques cohérentes visant à s’attaquer aux discriminations et à leurs causes premières; en la matière, l’assistance technique et le renforcement des capacités peuvent jouer un rôle, a-t-elle indiqué. Mme Wanyonyi a elle aussi considéré que les données sont essentielles dans la mise en œuvre des objectifs clefs du Programme à l’horizon 2030.

De nombreuses délégations* ont pris part au débat. A particulièrement été mise en avant l’occasion unique qu’offre le lien entre droits de l’homme et Programme de développement durable à l’horizon 2030 d’améliorer la cohérence et l’efficacité des politiques et d’optimiser les résultats de la coopération technique et du renforcement des capacités.


Le Conseil poursuivait ses travaux en fin de matinée en engageant son dialogue interactif avec l’Experte indépendante sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine.


Réunion-débat annuelle sur la coopération technique

La réunion-débat annuelle du Conseil sur la coopération technique pour la promotion et la protection des droits de l’homme a cette année pour thème: «Les droits de l’homme et les objectifs de développement durable: améliorer la coopération technique et le renforcement des capacités pour contribuer à une mise en œuvre effective et inclusive du Programme de développement durable à l’horizon 2030»

Le Conseil est saisi à cette occasion du rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme intitulé « Appuyer la mise en œuvre effective et inclusive du Programme de développement durable à l’horizon 2030 au moyen d’activités efficaces, cohérentes et coordonnées d’assistance technique et de renforcement des capacités » (A/HRC/38/28).

Déclarations liminaires

MME GEORGETTE GAGNON, Directrice de la Division des opérations de terrain et de la coopération du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme – qui s’exprimait au nom de MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme – a déclaré que la coopération technique dans le domaine des droits de l’homme était centrale pour la prévention des conflits, des violations des droits de l’homme, des souffrances, de la discrimination et de la marginalisation. Dans ce sens, la coopération technique est également au cœur de la réalisation des Objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le rapport du Haut-Commissariat, a expliqué Mme Gagnon, se focalise sur la manière dont les organes et mécanismes des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme, ainsi que les Équipes de pays des Nations Unies, peuvent, par des activités efficaces, cohérentes et coordonnées d’assistance technique et de renforcement des capacités dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l’homme, aider les États à appliquer le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Pour établir ce rapport, le Haut-Commissariat a reçu une soixantaine de contributions d’États membres, d’Équipes de pays et d’autres institutions et entités onusiennes. Il montre les nombreuses façons dont le Haut-Commissariat aide les États membres à traduire les normes internationales en programmes concrets d’assistance. Le rapport est axé sur des exemples illustrant ce qui pourrait être accompli, a-t-elle ajouté, y compris dans le contexte de la coopération Sud-Sud. Mme Gagnon a cité à cet égard, au Paraguay, la base de données SIMORE, résultat d'une collaboration étroite entre le pays et le Haut-Commissariat, qui lie les recommandations en matière des droits de l’homme et les Objectifs de développement durable. Cette initiative a été imitée dans la région avec l’appui des Nations Unies, en particulier en Bolivie, en République dominicaine, en Équateur, au Guatemala et au Honduras.

Mme Gagnon a aussi fait valoir l’avantage d’une coopération technique ciblée pour lutter contre la discrimination dans la législation et la pratique, ce qui ouvre la voie d’une réalisation inclusive des Objectifs, comme le montre le programme des Nations Unies sur l’albinisme au Malawi, qui a abouti à un plan d’action national. D’un autre côté, les observations et recommandations des mécanismes des droits de l’homme fournissent des informations vitales et des preuves qui alimentent l’application des Objectifs de développement durable et facilitent le processus de suivi, tout en jouant le rôle d’alerte précoce sur des situations émergentes ou en détérioration, a expliqué Mme Gagnon. En outre, grâce à une nouvelle génération de Plans-cadres pour l'aide au développement (UNDAF), les Nations Unies ont constaté des progrès dans les domaines des droits de l’homme et des Objectifs de développement durable en Haïti et au Bangladesh.

Le Haut-Commissariat a aussi mis au point des outils d’orientation à l’usage des décideurs, statisticiens et spécialistes de données aux niveaux des organismes gouvernementaux, des institutions nationales des droits de l’homme et des organisations de la société civile, pour jauger les progrès dans la réalisation des droits de l’homme dans le cadre du Programme 2030, a encore expliqué Mme Gagnon. Le Haut-Commissariat aide les autorités nationales, dans la phase de suivi, à analyser les problèmes sur le terrain et à trouver des formules d’assistance technique pour les surmonter.

Mme Gagnon a aussi mis en avant la contribution positive des migrants à la croissance inclusive et au développement durable, un fait reconnu dans le Programme 2030. Elle a souligné que le bien-être des migrants était essentiel à la réalisation des Objectifs et de leurs cibles relatives à la pauvreté, à la santé et à la réduction des inégalités. Le Haut-Commissariat œuvre de concert avec différents partenaires européens pour garantir des politiques migratoires reposant sur les droits de l’homme, a dit Mme Gagnon.

Animateur du débat, M. SEK WANNAMETHEE, Représentant permanent de la Thaïlande auprès des Nations Unies à Genève, a demandé aux conférenciers de répondre à trois questions: comment les mécanismes des droits de l'homme, dont fait partie la coopération technique, peuvent-ils contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable; comment le système des Nations Unies peut-il soutenir la réalisation des Objectifs de développement durable au plan technique; et quel est le rôle des données et des statistiques dans la réalisation des Objectifs. M. Wannamethee a rendu hommage au rôle du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes pour le rôle moteur qu’il joue dans la réalisation des Objectifs de développement durable.

Exposés des panélistes

MME NAHLA HAIDAR, membre du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a indiqué que le Comité, conscient du lien entre développement et droits des femmes, avait créé un groupe de travail chargé de cette question en collaboration avec d’autres organisations internationales et noué des liens avec l’Entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU Femmes), pour réfléchir à la meilleure manière de trouver des synergies et pour élaborer des indicateurs de la prise en compte des besoins des femmes dans la réalisation des Objectifs de développement durable. Mme Haidar a souligné que ces Objectifs étaient, pour les États, une occasion d’adopter des politiques cohérentes.

Mme Haidar a rendu hommage à la contribution des équipes de pays des Nations Unies aux travaux du Comité. Elle a indiqué que ce dernier entendait établir des relations plus étroites avec les institutions nationales de droits de l’homme. Elle a constaté que les synergies commencent à se matérialiser. Mme Haidar a également mis en avant l’importance de la voix des États Membres, indiquant que le Comité est toujours intéressé à connaître leurs difficultés, pour les aider à y faire face. Le matériel pédagogique et d’autres outils créés à l’appui de la coopération technique commencent à porter leurs fruits, a-t-elle conclu.

MME VALERIE JULLIAND, coordonnatrice résidente des Nations Unies au Népal, a déclaré que son expérience de terrain lui a fait voir ce que c’est que d’être privé de ses droits les plus fondamentaux. Lorsque l’on parle des droits de l'homme, il faut savoir que l’on parle aussi de personnes confrontées à des privations et à des discriminations, a-t-elle insisté, soulignant que l’on constate qu’il y a encore des personnes laissées pour compte, cela signifie que les objectifs de développement ne sont pas atteints.

Mme Julliard a alors insisté sur la nécessité de disposer de données et d’indicateurs; mais ceux-ci n’ont d’intérêt que s’ils sont observés de près et s’ils sont documentés, car ce qui n’est pas mesuré n’existe pas, a-t-elle ajouté. La collecte et l’exploitation de ces données doivent également s’accompagner de politiques cohérentes visant à s’attaquer aux discriminations et à leurs causes premières, a-t-elle poursuivi. En la matière, l’assistance technique et le renforcement des capacités peuvent jouer un rôle, a-t-elle indiqué, expliquant que son expérience lui a également fait voir que certains pays interprètent de manière erronée le rôle des Nations Unies – une institution qui n’est en fait que le gardien des conventions et s’efforce de veiller à leur mise en œuvre, a-t-elle rappelé. Mme Julliand a également déploré que parfois aussi, la société civile soit considérée comme une voix dissidente, au lieu d’être intégrée à l’élaboration des politiques pour ne laisser personne derrière. On ne peut rien faire de bien si les populations ne sont pas associées, a rappelé la coordonnatrice résidente.

MME MARY WANYONYI, Directrice de la stratégie et du développement et point focal pour les Objectifs de développement durable au Bureau national des statistiques du Kenya, a souligné combien les données sont essentielles aux fins de la mise en œuvre des objectifs clefs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, y compris en matière de droits de l'homme. Au Kenya, l’utilisation des données a permis de faire de nombreux progrès, notamment pour ce qui est de l’identification des personnes les plus pauvres et les plus marginalisées; ces progrès ont à leur tour permis d’élaborer des politiques plus ciblées, a-t-elle expliqué.

Mme Wanyonyi a également affirmé qu’une institution à elle seule n’est pas capable de collecter toutes les données; dans ce contexte, l’appui de la société civile et des institutions nationales des droits de l'homme est apprécié, a-t-elle indiqué. Aussi, un groupe de travail a-t-il été créé au Kenya, sous forme de comité des statistiques réunissant organismes gouvernementaux, société civile et milieux académiques; il se réunit quatre fois par an, afin d’harmoniser les données collectées, a précisé Mme Wanyonyi.

Débat

Le Brésil, au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) a indiqué que la composante « droits de l’homme » de la CPLP a été élargie de façon à obtenir des résultats plus tangibles sur le terrain. La coopération aux fins de la lutte contre la traite des personnes, pour le bien-être de l’enfant – et notamment par l’élimination du travail infantile –, pour la promotion des droits des personnes handicapées, contre le VIH/sida, pour l’accès aux médicaments, pour le travail décent, pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, pour l’égalité des genres, ainsi que pour les politiques en faveur des jeunes, concerne autant de thèmes qui sont aussi liés au Programme de développement durable à l’horizon 2030, a expliqué le Brésil, avant d’indiquer que les pays de la CPLP ont présenté un projet de résolution sur la pleine jouissance des droits de l’homme par toutes les femmes et les filles et la transversalisation systématique de la perspective d’égalité des sexes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’Autriche, au nom de l’Union européenne a déclaré que le lien entre droits de l’homme et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fournit une occasion unique d’améliorer la cohérence et l’efficacité des politiques et d’optimiser les résultats de la coopération technique et du renforcement des capacités. Le Haut-Commissariat a un rôle spécifique à jouer en apportant une assistance technique aux États, a rappelé l’Autriche. Quelles sont les forces et les faiblesses du point de vue de l’intégration des droits de l’homme dans la réalisation des Objectifs de développement durable?

La Turquie, au nom du MIKTA (groupe de pays comprenant le Mexique, l’Indonésie, la République de Corée, la Turquie et l’Australie) a soutenu le mandat du Conseil dans le domaine de l’assistance technique et du renforcement des capacités, lesquels doivent néanmoins – a-t-elle souligné – respecter les vœux et les possibilités des États. La coopération technique est une responsabilité commune de toutes les institutions des Nations Unies, a ajouté la Turquie.

Le Danemark, au nom de treize pays, a encouragé à trouver les voies et moyens de traduire la corrélation entre droits de l’homme et développement durable dans la pratique. Quelles sont les principales opportunités et difficultés rencontrées en termes d’appui de l’ONU à la réalisation des Objectifs de développement durable, a demandé le pays ?

Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE, ou ASEAN selon l’acronyme anglais) a reconnu le rôle positif de la coopération technique dans le domaine des droits de l’homme et a appelé au renforcement de la cohérence et de l’efficacité pour créer des résultats concrets sur le terrain. Singapour a en outre rappelé les efforts de l’ANASE en faveur du renforcement des bases de données nationales et locales ventilées par sexe et de l’établissement de statistiques régionales fiables en la matière, conformément à la Vision 2525.

Le Togo, au nom du Groupe africain, a souligné la nécessité pour les États qui en font la demande de bénéficier d’un accompagnement, notamment pour la collecte de données et la mise en place de politiques efficaces. Le Togo a en outre jugé crucial d’accroître les fonds spécifiquement alloués à la coopération technique et d’amplifier les efforts entrepris pour un financement prévisible, régulier et pluriannuel de cette coopération. Le pays a également insisté sur la nécessité de coordonner les actions aux fins de l’élaboration de programmes d’aide qui soient pratiques, pertinents et efficaces et qui puissent faire l’objet d’un suivi, en termes de performance, et d’une évaluation périodique. Enfin, le Togo a estimé nécessaire de veiller à former une expertise locale pour garantir la pérennisation de l’action menée.

Le Brésil, au nom d’un groupe de pays, a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les Objectifs de développement durable prennent leur source dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et les traités internationaux relatifs aux droits de l'homme.

Intervenant au nom de la Francophonie, le Maroc a plaidé pour une meilleure prise en compte de la dimension préventive des droits de l’homme, en particulier par le renforcement de l’attention accordée au point 10 de l’ordre du jour du Conseil (consacré à l’assistance technique et au renforcement des capacités). Le Maroc a en outre rappelé l’interconnexion entre le développement durable et les droits de l’homme - civils, politiques, économiques, sociaux et culturels – y compris le droit au développement. Il a également insisté sur l’importance du respect du multilinguisme tant au sein du Haut-Commissariat aux droits de l'homme que dans le cadre des travaux du Conseil.

Le Portugal, au nom d’un groupe de pays, a mis l’accent sur l’importance des plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD, ou UNDAF selon l’acronyme anglais), ainsi que sur l’importance des équipes et coordonnateurs de pays dans le système de mise en œuvre, de rapport et de suivi. Les mécanismes d’évaluation des progrès et de responsabilisation sont également essentiels, a ajouté le Portugal, avant de s’enquérir du rôle et du potentiel de ces mécanismes pour rassembler les acteurs sur le terrain, et de la manière d’aider les États à procéder à l’évaluation nécessaire de l’action entreprise.

Tout restera vœu pieux si l’on ne met pas fin aux conflits, ont pour leur part souligné les Pays-Bas, qui ont pointé du doigt les violations des droits de l’homme et insisté sur les principes de non-répétition et de réparation. La responsabilité de protéger est également au cœur de la coopération technique, pour prévenir une escalade des violences ou des abus, ont ajouté les Pays-Bas.

L’Australie a exhorté à lutter contre les causes profondes du maintien d’une vaste proportion de la population mondiale dans la pauvreté, insistant sur la nécessité de prendre en compte les réalités nationales et les expériences du citoyen.

Le Myanmar a souligné que le principe d’inclusion veut que personne ne soit laissé pour compte, ce qui doit constituer un point de départ de l’assistance technique, laquelle ne peut être fournie que sur demande. L’État concerné doit être pleinement informé; il n’est pas possible d’appliquer l’assistance à l’aveuglette, a insisté le Myanmar. Il convient, au contraire, de respecter le cadre historique, politique, culturel et même religieux des États, a ajouté le pays.

Le Pakistan s’est demandé comment les synergies autour des objectifs associés aux droits de l'homme peuvent venir renforcer les capacités nationales. Le Costa Rica, qui a rappelé offrir et recevoir lui-même de la coopération technique, a estimé que le Haut-Commissariat devait revoir son programme de coopération pour intégrer la coopération triangulaire ou la coopération Sud-Sud. Le Botswana a pour sa part dit apprécier l’assistance technique aux fins de la présentation de rapports devant les organes de traités et a indiqué que son Gouvernement demanderait une assistance au Haut-Commissariat à cet effet. Le Tchad a quant à lui demandé une assistance technique pour la mise en place de son bureau national des droits de l'homme, en souffrance depuis huit ans.

Le Honduras, avec le Paraguay, ont élaboré un outil commun de collecte de données, nommé SIMORE, a indiqué la délégation hondurienne, avant de souligner que les synergies et des politique cohérentes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en matière de droits de l'homme ne peuvent se développer sans données. L'Irlande a partagé cet avis, soulignant que des données sur l'égalité entre les sexes permettront de réaliser de nouveaux progrès dans ce domaine.

Les Émirats arabes unis ont pour leur part indiqué avoir créé une commission nationale afin de mettre en œuvre les Objectifs de développement durable.

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a rappelé fournir une assistance technique et un renforcement des capacités à plusieurs pays dans différents domaines, a estimé que l’Examen périodique universel et ses recommandations sont une base constructive qui peut aider à déterminer les domaines dans lesquels la coopération est nécessaire. Le Programme a souligné disposer d’un plan stratégique 2018-2021 définissant des orientations pour aider les États à parvenir au développement durable et assurer la protection des droits de l'homme.

Autre gros pourvoyeur de renforcement des capacités à travers ses membres, l’Organisation international de la Francophonie (OIF) a estimé que le Conseil devrait créer un cadre d’écoute des besoins des États et de dialogue. Le Sénégal, de même que la République islamique d’Iran, se sont dits d’avis que, pour en optimiser les résultats, la fourniture d’une assistance technique doit répondre aux besoins et préoccupations des pays concernés. Sri Lanka a partagé cet avis s’agissant de l’approbation des pays concernés, soulignant que cela permet d’accroître l’appropriation nationale. La délégation sri-lankaise est également d’avis que la collecte de données et leur évaluation constituent un domaine prioritaire de l’assistance technique.

En tant qu’institution nationale des droits de l'homme, la Commission australienne des droits de l'homme a fait observer que les institutions nationales des droits de l'homme du monde entier traitent déjà de questions essentielles pour la réalisation des Objectifs de développement durable et jouent un rôle pivot en apportant leur expertise par le biais de la coopération technique au-delà de leurs frontières. Pour sa part, la Commission australienne travaille, avec le soutien du Département des affaires étrangères et du commerce de l’Australie, en Chine avec des organisations partenaires pour améliorer l’égalité entre les sexes au travail, les droits des enfants handicapés et l’accès à la justice. Elle intervient également en République démocratique populaire lao, où elle aide le Gouvernement à remplir ses obligations; au Viet Nam, où elle se concentre sur l’éducation aux droits de l'homme dans le système éducatif; et à Sri Lanka et dans la région Pacifique.

L’Alliance globale des institutions nationales des droits de l'homme a indiqué que les institutions nationales des droits de l’homme sont essentielles pour le suivi des programmes; elles facilitent en effet la mise en œuvre conjointe et la surveillance du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Quelques organisations non gouvernementales (ONG) sont également intervenues. International Lesbian and Gay Association, au nom également de Swedish Federation of Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Rights a souligné que lorsque les droits humains des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres et intersexe (LGBTI) sont niés, ces personnes sont de fait laissées de côté. Aussi, la coopération technique doit-elle chercher une application cohérente et inclusive des Objectifs de développement durable qui n’oublie pas ces personnes. L’ONG a demandé aux panélistes ce que peuvent faire les pays pour que les Objectifs de développement durable tiennent leurs promesses pour les LGBTI aussi.

Action Canada pour la population et le développement a noté que le rapport du Haut-Commissariat dont est saisi le Conseil au titre de ce point de l’ordre du jour attire l’attention sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes (des inégalités et des discriminations, notamment), aux obstacles structurels et aux effets négatifs disproportionnés pour les groupes marginalisés dans le contexte de l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030. L’ONG a rappelé au Conseil qu’aucune assistance technique ni aucun renforcement des capacités ne peuvent garantir que personne ne soit laissé de côté; les États doivent aussi faire preuve d’intégrité politique, de reddition de comptes et d’engagement pour garantir la réalisation de tous les droits de l'homme et des Objectifs de développement durable pour tous les êtres humains, et en particulier pour ceux qui sont exclus, marginalisés ou opprimés.

L’Agence des cités unies pour la coopération Nord-Sud a rappelé que la déforestation et le changement climatique sont désormais des sujets d’actualité. Le rôle des peuples autochtones dans la gestion des forêts a été reconnu dans les accords mondiaux sur le changement climatique, mais la réalité (quant à l’épanouissement de ce rôle) est malheureusement autre sur le terrain, a souligné l’ONG.

Association of World Citizens a attiré l’attention sur les résultats de la coopération technique par le renforcement des capacités de la société civile en vue de la réalisation des Objectifs de développement durable. Le Yémen est signataire de nombreux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, mais le conflit et la présence de groupes armés remettent en question le développement de ce pays ainsi que ses performances dans le domaine des droits de l’homme, a ajouté l’ONG.

Réponses et conclusions des panélistes

MME MARY WANYONYI a estimé que les difficultés rencontrées (dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable) peuvent être surmontées par le biais de la coopération technique et du renforcement des capacités.

MME VALÉRIE JULLIAND a souligné que la volonté politique est décisive pour ne laisser personne de côté et que la meilleure manière d’atteindre cet objectif est aussi d’assurer le développement des pays. La coopération technique pour le développement, avec toutes ses composantes, est donc essentielle, a-t-elle indiqué.

MME NAHLA HAIDAR a fait observer que le défi lancé est celui de la collaboration entre les différents mécanismes existants. Quant aux ressources, elles seront toujours limitées, mais elles font néanmoins partie des obligations, comme le souligne le Programme d’action d’Addis Abeba adopté en 2015 à l’issue de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement. S’agissant de l’obligation redditionnelle, Mme Haidar a souligné que s’il n’existe certes pas de mécanisme contraignant ou obligatoire à cette fin, le suivi (de l’aide apporté) pourrait être davantage développé, notamment par le truchement des institutions nationales de droits de l'homme.

MME GEORGETTE GAGNON a admis que la coopération technique ne saurait être une formule à l’emporte-pièce et qu’elle doit effectivement être adaptée à la situation sur le terrain. Néanmoins, tous les États sont d’accord sur des objectifs universels ancrés dans un cadre normatif universel, a-t-elle rappelé. Elle a en outre souligné que le Haut-Commissariat encourage chacun à continuer de participer au partage d’expériences, de bonnes pratiques et de nouvelles méthodes de travail.

En conclusion, le modérateur du débat, M. SEK WANNAMETHEE, a insisté sur l’effort important qui reste à fournir en matière de statistiques et d’indicateurs.

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*Délégations ayant participé au débat: Brésil (au nom de la Communauté des pays de langue portugaise); Union européenne; Turquie (au nom d'un groupe de pays); Danemark (au nom d'un groupe de pays); Singapour (au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est); Le Togo (au nom du Groupe africain); le Brésil (au nom d'un groupe de pays); le Maroc (au nom du Groupe francophone des États membres et observateurs des organisations internationales de la Francophonie); le Portugal (au nom du d'un groupe de pays); Pays-Bas (au nom d'un groupe de pays); Australie; Myanmar; Pakistan; Costa Rica; Botswana; Honduras; Irlande; Sénégal; Émirats arabes unis; Programme des Nations Unies pour le développement; Sri Lanka; Organisation internationale de la Francophonie; Iran; Tchad; International Lesbian and Gay Association, (au nom également de Swedish Federation of Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Rights); Action Canada pour la population et le développement; Alliance globale des institutions nationales des droits de l'homme; Agence des cités unies pour la coopération Nord-Sud et Association of World Citizens.


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HRC18/111F