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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: PREMIÈRE SÉANCE PLÉNIÈRE SOUS LA PRÉSIDENCE DE LA TUNISIE ET DERNIÈRE SÉANCE PLÉNIÈRE DE LA DEUXIÈME PARTIE DE SESSION

Compte rendu de séance

Alors que la deuxième partie de sa session annuelle s’achève cette semaine, la Conférence du désarmement a tenu ce matin sa première séance plénière publique sous la présidence de l’Ambassadeur Walid Doudech de la Tunisie, qui a notamment assuré qu’il ne perdrait pas de vue l’objectif de l’adoption d’un programme de travail. La Conférence a ensuite entendu une déclaration de la Ministre fédérale pour l’Europe, l’intégration et les affaires internationales de l’Autriche, Mme Karin Kneissl, qui a déploré la militarisation croissante à laquelle assiste aujourd’hui la communauté internationale avant de souligner que dans ce contexte sombre, le traité sur l’interdiction des armes nucléaires – adopté par l’Assemblée générale l’an dernier et que l’Autriche a ratifié en mai dernier – est une forme d’espoir et témoigne que la grande majorité des États n’acceptent plus « le statu quo nucléaire précaire ».

Ce matin, le nouveau Président de la Conférence a par ailleurs invité les délégations à faire connaître leurs avis au sujet de l’Agenda pour le désarmement que le Secrétaire général des Nations Unies a présenté le 24 mai dernier à Genève, notamment les voies créatives que cet agenda ouvre à la Conférence. Dans ce contexte, et pour élargir le débat, le Secrétariat a l’intention d’élargir à la société civile les consultations que prévoit le Président et organisera ces consultations en marge du cadre de la Conférence du désarmement, a indiqué M. Doudech.

Parmi les nombreuses délégations qui ont pris la parole ce matin, plusieurs ont salué la tenue du sommet entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée, le 12 juin dernier à Singapour, estimant qu’il s’agissait d’une victoire pour la communauté internationale éprise de paix et espérant qu’un nouveau chapitre de l’histoire s’ouvrait ainsi. La nécessité de s’assurer que les résultats de ce sommet seraient suivis d’effet a néanmoins été soulignée.

Les délégations suivantes ont fait des déclarations : Argentine, Maroc, Sri Lanka, Viet Nam (au nom du Groupe des 21), États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, République arabe syrienne, République de Corée, Japon, Chine, Brésil, Australie, France et République populaire démocratique de Corée.


Pour donner suffisamment de temps aux délégations de se préparer aux consultations sur l’Agenda pour le désarmement du Secrétaire général, M. Doudech a annoncé que la prochaine séance plénière de la Conférence se tiendrait le mardi 7 août à 10 heures. Alors que s’achève officiellement vendredi prochain, 29 juillet, la deuxième partie de la session annuelle de la Conférence, la troisième et dernière partie de cette session se tiendra du 30 juillet au 10 septembre 2018.


Déclaration de la Ministre fédérale pour l’Europe, l’intégration et les affaires étrangères de l’Autriche

MME KARIN KNEISSL, Ministre fédérale pour l’Europe, l’intégration et les affaires étrangères de l’Autriche, a déploré que, comme l’a observé le Secrétaire général des Nations Unies dans son nouveau programme pour le désarmement, la communauté internationale assiste aujourd’hui à la militarisation croissante de nombreux pays. Les dépenses militaires ont ainsi doublé depuis la fin de la guerre froide, tandis que les programmes de modernisation des armes nucléaires entraînent une nouvelle course aux armements, génératrice de tensions et de risques pour tous. Compte tenu des effets destructeurs et déstabilisants des armes nucléaires, la Ministre autrichienne a assuré que son pays était pleinement engagé à la réalisation des objectifs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), adopté il y a cinquante ans, et que l’Autriche avait pour objectif immédiat de contribuer à faire de la Conférence d’examen du TNP de 2020 un succès.

Toujours à propos de la non-prolifération, Mme Kneissl a fait observer que l’affirmation de certains États selon laquelle les armes nucléaires sont nécessaires pour assurer leur sécurité avait pour effet d’inciter d’autres États à vouloir s’en doter eux aussi. C’est ainsi que la non-prolifération et le désarmement, les deux piliers du TNP sont liés. Donc, sauf progrès décisif vers un monde libéré des armes nucléaires, les crises de prolifération telles que la dernière – en lien avec les programmes nucléaire et balistique de la République populaire démocratique de Corée – pourraient malheureusement revenir nous hanter, a souligné la Ministre.

Dans ce contexte sombre, le traité sur l’interdiction des armes nucléaires, adopté l’an dernier par l’Assemblée générale, est une forme d’espoir, a souligné Mme Kneissl. Ce traité montre clairement que la grande majorité des États n’acceptent plus « le statu quo nucléaire précaire », tout comme ils ont interdit les armes biologiques et chimiques, a-t-elle indiqué. L’Autriche, a rappelé la Ministre, a été au premier rang du mouvement international ayant produit ce traité – un traité qui est compatible avec le régime international actuel de désarmement nucléaire et de non-prolifération, a-t-elle souligné. En particulier, le traité sur l’interdiction des armes nucléaires renforce le TNP et est indispensable pour l’application effective de l’Article VI du TNP, a insisté la Ministre, précisant que l’Autriche a ratifié le traité sur l’interdiction des armes nucléaires en mai dernier et invitant tous les États représentés à la Conférence à ratifier eux aussi cet instrument.

Mme Kneissl s’est félicitée du parachèvement des réductions de stocks d’armes nucléaires au titre du traité New START entre la Fédération de Russie et les États-Unis et a encouragé ces deux pays à étendre le traité et à commencer des négociations en vue de nouvelles réductions. Mme Kneissl a insisté sur les conséquences humanitaires potentiellement intolérables d’une explosion nucléaire.

La Ministre autrichienne s’est par ailleurs dite très préoccupée par l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et dans d’autres endroits, utilisation que l’Autriche condamne sans réserve. Les personnes qui ont utilisé des armes chimiques doivent être identifiées par un mécanisme international impartial avant d’être tenues pour responsables, a-t-elle souligné. À cet égard, la Ministre a salué l’initiative de la France pour mettre fin à l’impunité des responsables de l’utilisation d’armes chimiques. La défense d’un ordre international fondé sur des règles est en jeu, a-t-elle estimé, avant de souligner que se tenait en ce moment même une réunion extraordinaire de la Conférence des États parties à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, à La Haye.

Les armes classiques font encore bien trop de victimes de par le monde, a poursuivi Mme Kneissl, qui s’est félicitée que la question urgente de l’utilisation d’explosifs dans des régions urbanisées figure en bonne place sur l’agenda des Nations Unies comme sur celui de l’Autriche. Elle s’est dite aussi préoccupée par la possibilité qu’offre l’intelligence artificielle de concevoir des armes capables de choisir leurs cibles sans intervention humaine : elle a jugé essentiel, pour faire respecter le droit humanitaire, de préserver le contrôle humain sur les fonctions essentielles dans le choix et le traitement des cibles.

Mme Kneissl a enfin observé que la Conférence ne fonctionnait pas en isolement et qu’elle reflétait les grandes tendances dans la politique internationale. Elle a recommandé à la Conférence d’être « prête pour le XXIe siècle », d’engager le dialogue avec la société civile et les milieux universitaires, de s’élargir à de nouveaux membres pour être plus représentative et enfin de cesser d’interpréter le consensus d’une manière qui bloque toute décision.

Aperçu des déclarations

Le nouveau Président de la Conférence, l’Ambassadeur WALID DOUDECH de la Tunisie, a regretté que la Conférence n’ait pas encore pu adopter un programme de travail. Il a assuré les membres que sa présidence ne perdrait pas de vue l’objectif de l’adoption d’un programme de travail et qu’elle continuerait à travailler avec toutes les délégations, de même qu’avec les coordonnateurs des organes subsidiaires, afin de faire avancer les travaux de fond de la Conférence. M. Doudech a annoncé avoir l’intention, pendant son mandat, de tenir des consultations pour évaluer le degré de maturité des différentes questions relatives au programme de travail afin de commencer une négociation autour de ces questions.

M. Doudech a outre indiqué que la présidence tunisienne mettrait l’accent sur la promotion des efforts multilatéraux pour la paix et la sécurité internationales, en particulier le désarmement et les armes de destruction massive. La Tunisie estime important de respecter les principes de la Charte des droits de l’homme, de la légalité internationale et du règlement pacifique des différends, et insiste sur la coopération internationale entre les États pour résoudre les problèmes. Elle considère que la Conférence est le principal forum international pour négocier les questions liées au désarmement, conformément aux nombreuses décisions de l’Assemblée générale en ce sens.

La présidence tunisienne, a ajouté M. Doudech, attend avec intérêt de pouvoir faire des progrès dans les travaux de la Conférence, à la suite des décisions prises au début de la session et qui ont créé les organes subsidiaires chargés d’examiner les questions de fond qui sont au cœur de l’ordre du jour de la Conférence. Le Président a rendu hommage aux présidences qui l’ont précédé pour leurs efforts ayant permis de créer une nouvelle dynamique dans les questions de désarmement qui relèvent de la Conférence.

M. Doudech a enfin invité les délégations à faire connaître leurs avis au sujet de l’Agenda pour le désarmement que le Secrétaire général des Nations Unies a présenté le 24 mai dernier à Genève, notamment les voies créatives que cet agenda ouvre à la Conférence. Dans ce contexte, et pour élargir le débat, le Secrétariat du désarmement a l’intention d’élargir à la société civile les consultations en marge du cadre de la Conférence du désarmement et organisées par son Secrétaire général, a ajouté le Président.

L’Argentine a souligné que le monde avait été confronté, ces dernières années, à des changements radicaux dans la paix et la sécurité internationales. Ces changements sont difficiles à assimiler et sources d’insécurité, certains principes reconnus étant soumis à tension. L’Argentine estime ainsi que le « principe de non-indifférence » entre les États pose des limites au principe de non-ingérence. Cela explique que, face à une situation génératrice de violation de la sécurité internationale ou face à la commission d’un crime de guerre ou d’un crime contre l’humanité, une série de contre-réactions est déclenchée qui trouve cependant sa limite dans l’intervention armée. L’Argentine a demandé à la communauté internationale de faire une enquête appropriée sur les attaques chimiques commises contre les civils à Douma, en Syrie, et a exprimé sa confiance envers le professionnalisme de la mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques qui y a été détachée, malgré les risques inhérents à cet endroit. La communauté internationale, a insisté l’Argentine, doit condamner sévèrement l’utilisation d’armes chimiques.

C’est ce même « principe de non-indifférence », a poursuivi l’Argentine, qui a conduit, l’an dernier, la communauté internationale à demander à la République populaire démocratique de Corée, à de nombreuses reprises, de renoncer à tous ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques. Les événements récents ont heureusement amené une amélioration de la situation de manière radicale, a souligné la délégation argentine, jugeant prometteur le sommet du 12 juin dernier entre les Présidents Trump et Kim, dont les deux pays se sont engagés à construire un régime de paix durable dans la péninsule de Corée. En particulier, a souligné l’Argentine, la République populaire démocratique de Corée a réaffirmé sa volonté de travailler afin de parvenir à la dénucléarisation totale de la péninsule. Ce fait pourrait ouvrir la voie à des accords plus ambitieux et vérifiables. L’Argentine a espéré que le prompt retour des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique pourrait faire passer un message positif à l’ensemble de la région.

Enfin, s’agissant des travaux de la Conférence, l’Argentine a notamment déclaré que l’objectif devrait être d’éviter la paralysie, qui nuit tellement à la crédibilité de cette instance, et a espéré pouvoir jouer un rôle actif pour encourager un changement positif en faveur d’objectifs communs et agréés. L’Argentine a estimé qu’il ne fallait pas participer à une « conspiration internationale du silence » alors que se prennent, ailleurs, d’autres décisions concrètes.

Le Maroc s’est félicité du démarrage prometteur des travaux des organes subsidiaires de la Conférence. Mais, a ajouté le pays, la question est de savoir si la Conférence va répondre positivement à l’appel lancé en mai dernier par le Secrétaire général, lors de la présentation de son agenda pour le désarmement, en adoptant des mesures politiques de nature à briser l’impasse qui entrave la Conférence. Le Maroc a souligné que sa perception de sa responsabilité internationale en tant que membre de la Conférence l’obligeait à persévérer, avec tous les membres de la Conférence, dans les efforts visant à œuvrer à l’adoption d’un programme de travail consensuel et équilibré.

Le Maroc a aussi appelé la Conférence du désarmement à se mettre au diapason des attentes légitimes tant de la communauté internationale en général que de ses membres en particulier. Plus que jamais, a insisté le Maroc, la Conférence, unique instance de négociations multilatérales dans le domaine du désarmement, est mise au défi de s’acquitter de son mandat. La persistance de plusieurs conflits régionaux, la menace de prolifération des armes nucléaires, la militarisation de l’espace et le non-respect des engagements internationaux en matière de désarmement, comme on l’a malheureusement constaté pour ce qui est des armes chimiques, sont autant de menaces pour notre monde et de défis pour la Conférence, a souligné le Maroc, avant de plaider pour davantage d’ouverture d’esprit et pour l’exploration d’une approche novatrice afin de contrecarrer les nouveaux défis sécuritaires de ce siècle.

Sri Lanka a fait observer que, lors de la présentation de son programme pour le désarmement, le 24 mai dernier, le Secrétaire général des Nations Unies avait résumé de façon saisissante le dilemme auquel l’humanité est actuellement confrontée : « Nous vivons une époque dangereuse [et] notre monde fait marche arrière ». Le Secrétaire général a en effet « mis le doigt sur le fond du problème », a souligné Sri Lanka : à savoir l’insécurité, qui est issue du manque de progrès dans le désarmement au sens large, y compris les lacunes dans l’application des obligations au titre des traités pertinents. Au cœur du programme du Secrétaire général se trouve l’élimination, à terme, de tous les types d’armes, y compris les armes de destruction massive, a indiqué Sri Lanka.

Que faut-il retenir du programme du Secrétaire général et comment le traduire dans la réalité dans le contexte actuel, s’est ensuite interrogée la délégation sri-lankaise? La Conférence étudiera ces questions pendant les consultations organisées par la présidence tunisienne, s’est-elle réjouie, recommandant de ne pas perdre de vue le message fondamental du Secrétaire général : l’utilisation d’armes nucléaires est à la merci d’une seule erreur humaine, sans même parler du risque d’emploi impulsif ou irréfléchi.

Enfin, Sri Lanka a noté qu’après deux décennies d’inaction dans le domaine du désarmement, de nombreux pays en développement ont perdu une génération d’experts et de professionnels du désarmement. À cet égard, Sri Lanka estime que la création de possibilités de formation aux enjeux de désarmement – un aspect qui n’a pas été abordé par le Secrétaire général dans son Agenda pour le désarmement – est impérative et devrait recevoir toute l’attention qu’elle mérite.

Le Viet Nam, au nom du Groupe des 21, a fait part de sa vive préoccupation face à la lenteur des progrès vers le désarmement et face à l’absence de progrès, de la part des États dotés d’armes nucléaires, dans l’élimination totale des armes nucléaires de leurs arsenaux. Le Groupe des 21 insiste sur le fait que le désarmement et la non-prolifération nucléaires sont essentiels pour renforcer la paix et la sécurité internationales, et souligne que l’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie absolue contre l’utilisation ou la menace d’utilisation de ces armes. Le Groupe des 21 est aussi très préoccupé par le maintien des armes nucléaires au cœur des doctrines militaires de certains États. Il plaide donc pour l’adoption rapide d’un instrument international garantissant aux États non dotés d’armes nucléaires qu’ils ne seront pas attaqués par de telles armes et il demande aux États dotés d’armes nucléaires de prendre des mesures pour réduire le danger nucléaire, par exemple en levant l'état d'alerte nucléaire et en abaissant l’état de préparation de leurs systèmes d’armes.

D’autre part, et toujours au nom du Groupe des 21, le Viet Nam s’est dit déçu et très préoccupé par le fait que trois États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires – notamment deux États qui doivent assumer une responsabilité particulière en tant que dépositaires du Traité – se soient opposés au consensus au sujet de l’adoption du document final la Conférence d’examen du TNP en 2015, s’agissant notamment du processus de création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Les membres du Groupe des 21 qui ont ratifié le TNP estiment urgent qu’Israël adhère lui aussi à ce Traité et place ses installations nucléaires sous la sauvegarde de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Les États-Unis ont affirmé que la période du 28 mai au 22 juin, pendant laquelle la Conférence avait été présidée par la Syrie, avait été une triste période dans l’histoire de cette instance. Les États-Unis ont observé que « lorsqu’un régime qui utilise des armes chimiques contre son propre peuple accède à la présidence d’un organe qui a négocié la Convention mettant hors la loi l’usage des armes chimiques, il faut se demander quel est le message donné aux victimes des crimes du régime syrien ». Les États-Unis ont fait part de leur avis selon lequel la présidence syrienne de la Conférence était illégitime; la délégation syrienne manquait de l’autorité nécessaire pour présider cet organe. De nombreuses délégations ont refusé de rencontrer la délégation syrienne, alors que d’autres ont « remis en question la légitimité de ce régime », ont insisté les États-Unis. À ceux qui ont favorisé le régime, « vous êtes du mauvais côté de l’histoire », ont lancé les États-Unis, avant d’ajouter que le peuple syrien « finira par leur demander des comptes, à eux et au régime syrien ». Bref, la tentative de la Syrie de faire de sa présidence une « présidence normale » a échoué, ont déclaré les États-Unis, soulignant que même les réseaux sociaux ont été utilisés pour des campagnes appelant les membres de la Conférence à la boycotter pendant les semaines de présidence syrienne. Les États-Unis ont assuré qu’ils continueraient de condamner l’empoisonnement de femmes et d’enfants innocents par le régime syrien.

En réponse à la Ministre autrichienne, qui avait mentionné en début de séance (NDLR : voir ci-dessus) que « les armes nucléaires ne garantissent pas la sécurité », les États-Unis ont assuré que les armes nucléaires apportaient bel et bien la sécurité à un certain nombre de pays. Le traité sur l’interdiction des armes nucléaires ne réduira pas d’une seule arme les stocks d’armes nucléaires, ont estimé les États-Unis, estimant que cet instrument exacerbait les divisions au sein de la communauté du désarmement et sapait le TNP.

S’agissant enfin du sommet de Singapour du 12 juin dernier, la délégation des États-Unis a fait observer qu’il avait abouti à la réaffirmation par le Président Kim de sa volonté de parvenir à la dénucléarisation de la péninsule de Corée. Le Président Trump a construit pour sa part une bonne relation avec son homologue, ont indiqué les États-Unis. Il s’agit du début d’un processus pour parvenir à une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule de Corée. Comme preuve de bonne foi, les États-Unis vont suspendre leurs exercices militaires (conjoints) à grande échelle avec la République de Corée, tant que les négociations productives se poursuivront. Mais il n’y a aucun changement pour ce qui est de la défense de la République de Corée, a conclu la délégation des États-Unis.

Le Royaume-Uni a déclaré, en réponse également à la déclaration de la Ministre autrichienne, qu’il ne pouvait soutenir le traité sur l’interdiction des armes nucléaires, au vu de ses incidences sur le TNP et sur la paix et la sécurité internationales en général.

L’Allemagne a déclaré qu’elle demeurait, comme toujours, attachée au multilatéralisme fondé sur des valeurs. Elle a espéré que le sommet de Singapour marquerait le début d’un processus vérifiable de dénucléarisation complète de la péninsule de Corée.

Dans des remarques générales, l’Allemagne a ensuite regretté que des pays visent des avantages relatifs et soient en quête de supériorité, alors qu’il faudrait viser la sécurité pour tous. Elle a en outre plaidé pour davantage de financements au profit du développement.

La Syrie a déclaré que depuis son entrée à la Conférence du désarmement en 1996, elle avait toujours accordé un grand intérêt à la mission de cette instance. La Syrie a regretté de n’avoir pu enregistrer en 2018 les mêmes succès que ceux qu’elle avait obtenus en 1998, année de sa précédente présidence de la Conférence, pour relancer le travail thématique de cette instance. Elle a regretté de ne pas avoir pu répliquer cette expérience en 2018, les États-Unis ayant entravé ces dernières semaines les travaux de la Conférence, y compris ceux des organes subsidiaires. Mais les États-Unis ont échoué dans leur tentative, a affirmé la Syrie. La Syrie a aussi dénoncé le fait que les États-Unis, « qui se présentent comme des policiers », prennent des mesures unilatérales illégitimes pour appliquer des dispositions fondées sur la « sélectivité morale ». « Or, nous savons tous dans cette salle » que les États-Unis violent les engagements en vertu de l’Article VI du TNP, en plaçant la stratégie nucléaire au centre de leur doctrine, a ajouté la Syrie. De même, la Syrie a déploré que les États-Unis se soient dérobés au moment de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

Compte tenu de leur expérience dans l’utilisation d’armes chimiques, les États-Unis savent bien que leurs accusations contre la République arabe syrienne en matière d’utilisation d’armes chimiques en Syrie sont fallacieuses, a poursuivi la délégation syrienne, ajoutant que les preuves montrent que la Syrie ne possède aucune arme chimique. Les propos tenus par les États-Unis en réponse à la Ministre autrichienne montrent bien quelle partie se trouve « du mauvais côté de l’histoire », a conclu la Syrie.

La République de Corée a espéré que la présidence tunisienne de la Conférence pourrait faire baisser la polarisation au sein de cette instance. Elle a en outre relevé que les cinq organes subsidiaires mettraient bientôt fin à leurs échanges de vues utiles, qui ont aussi montré quelles étaient les divergences entre les pays. S’agissant de la situation dans la péninsule de Corée, la République de Corée a remercié les États-Unis de leur évaluation du tout premier sommet entre la République populaire démocratique de Corée et les États-Unis. La République de Corée estime que le sommet est une victoire pour la communauté internationale éprise de paix et a espéré qu’un nouveau chapitre de l’histoire s’ouvrait ainsi. Elle a aussi espéré que des négociations suivraient ce premier contact, aboutissant à une péninsule de Corée pacifique.

Le Japon a jugé important que le Président Kim Jong-un de la République populaire démocratique de Corée ait réitéré son intention de parachever la dénucléarisation de la péninsule de Corée et pris un engagement ferme par le biais d’un document écrit. À l’évidence, a ajouté le Japon, il est nécessaire de s’assurer que les résultats du sommet entre la République populaire démocratique de Corée et les États-Unis seront suivis d’effet, a dit le Japon.

La Chine a remercié tous les anciens présidents de la Conférence pour leurs efforts en vue de faciliter les travaux de cette instance. La Chine a affirmé que les organes subsidiaires (créés cette année par la Conférence) étaient le lieu d’échanges francs sur des questions importantes et qu’ils avaient donné un élan de bon augure.

Le Brésil a dit souscrire sans réserve à ce qu’a dit la Ministre autrichienne au sujet de la menace nucléaire et de la pertinence du traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Le Brésil a en outre affirmé sa volonté de contribuer à la réalisation de l’objectif commun consistant à reprendre les discussions de fond à la Conférence.

L’Australie s’est félicitée du sommet historique tenu entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée, ce dernier pays devant maintenant prendre des mesures concrètes et vérifiables pour donner effet aux engagements pris.

Les États-Unis ont déclaré que la Syrie avait bafoué la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, qu’elle avait politisé les débats à la Conférence et qu’elle avait bafoué le Règlement intérieur de la Conférence. Les États parties à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques se réunissent en ce moment à La Haye, ont rappelé les États-Unis, ajoutant que le régime syrien devra répondre de ses crimes contre sa propre population.

La France s’est dite réjouie de voir la Tunisie présider la Conférence. S’agissant de l’appel à ratifier le traité sur l’interdiction des armes nucléaires, lancé au début de la séance (par la Ministre autrichienne), la France a déclaré qu’un traité qui ne serait ratifié par aucun État possédant effectivement des armes nucléaires ne serait pas efficace. Cela ne réduira pas les arsenaux nucléaires; cela ne renforcera la sécurité d’aucun État; et cela ne contribuera pas à la paix et à la stabilité internationales, a estimé la France. Cette initiative risque même de créer des divergences à un moment où une approche unifiée est plus nécessaire que jamais, a-t-elle ajouté. Ce traité risque en outre de fragiliser le TNP ainsi que le régime de garantie de l’Agence internationale de l’énergie atomique qui l’étaye, a insisté la France.

La République populaire démocratique de Corée a regretté les motivations politiques dans les mentions la concernant faites par plusieurs délégations. Elle a mis en avant le caractère historique de la signature de documents concernant la paix et la stabilité et la dénucléarisation dans la péninsule de Corée. Le sommet de Singapour a été d’une grande importance et la communauté internationale doit faire le maximum pour encourager cette évolution positive, a plaidé la délégation de la République populaire démocratique de Corée. Elle a demandé que l’on s’abstienne de conjectures ou de tentatives inacceptables pour faire pression sur la République populaire démocratique de Corée.

Enfin, la Syrie a assuré qu’elle n’avait pas politisé les travaux de la Conférence. La Syrie a recommandé que les États-Unis fassent valoir leurs griefs envers elle par le biais de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.


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