Fil d'Ariane
LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT TIENT SA PREMIÈRE SÉANCE PLÉNIÈRE SOUS PRÉSIDENCE SYRIENNE
La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, sa première séance plénière publique sous présidence syrienne en entendant les déclarations de près d’une trentaine de délégations, dont un certain nombre ont critiqué le fait que la présidence de cette instance soit maintenant assumée par un pays qui, selon elles, n’en a pas l’autorité ou la légitimité morale.
Il a néanmoins été rappelé que le principe de la présidence tournante de la Conférence toutes les quatre semaines, suivant l’ordre alphabétique des noms anglais des pays membres de cette instance, était inscrit dans le Règlement intérieur de la Conférence. Ainsi, l’Ambassadeur Hussam Edin Alaa de la Syrie assume jusqu’au 24 juin prochain la présidence de la Conférence, et de nombreuses délégations l’ont assuré de leur coopération.
Dans son discours liminaire en tant que Président de la Conférence, ce dernier a indiqué qu’il entendait respecter le Règlement intérieur ainsi que les principes de transparence qui régissent son mandat à la présidence de cette instance. Il a invité les États membres à travailler dans un esprit positif en s’abstenant d’adopter des positions politiques susceptibles de créer une atmosphère négative. Il a fait part de son intention de commencer des consultations bilatérales avec les États membres afin de créer les bases pour aboutir à un programme de travail qui fasse consensus.
Les délégations des pays suivants sont intervenues ce matin : États-Unis, Australie (au nom également du Canada et de la Turquie), Bélarus, Bulgarie (au nom de l’Union européenne), Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, France, Chine, Fédération de Russie, Japon, République populaire démocratique de Corée, Iran, Iraq, République de Corée, Israël, Pakistan, Canada, Allemagne, Algérie, Venezuela, Viet Nam, Argentine, Espagne, Cuba, Inde, Pays-Bas et Syrie.
La prochaine séance plénière publique de la Conférence se tiendra mardi prochain, 5 juin, à 10 heures.
Aperçu des déclarations
L’Ambassadeur HUSSAM EDIN AALA de la Syrie, Président de la Conférence, a expliqué qu’il respecterait le Règlement intérieur ainsi que les principes de transparence qui régissent son mandat à la présidence de cette instance. Il a invité les États membres à travailler dans un esprit positif en s’abstenant d’adopter des positions politiques susceptibles de créer une atmosphère négative. La Syrie attache beaucoup d’importance à la Conférence, qui est la seule instance multilatérale de négociations dans le domaine du désarmement et qui veille à aboutir à un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-il déclaré. Malheureusement, a-t-il poursuivi, les négociations à la Conférence sont paralysées depuis vingt ans, a-t-il rappelé. Cette situation ne doit pas empêcher de poursuivre les efforts pour s’accorder sur un programme travail avec un mandat de négociations. M. Aala a dénoncé l’absence de volonté politique d’atteindre cet objectif. Il a ensuite salué la création des organes subsidiaires de la Conférence qui ont entamé leurs travaux ces dernières semaines.
Il est important de ne pas s’immiscer dans les responsabilités de la présidence, a poursuivi le Président de la Conférence. Il a fait part de son intention de commencer des consultations bilatérales avec les États membres afin de créer les bases pour aboutir à un programme de travail qui fasse consensus. Ces consultations seront ouvertes et constructives, a-t-il assuré. La présidence prévoira suffisamment de temps pour les consultations et les réunions des organes subsidiaires, a-t-il indiqué.
Les États-Unis ont déclaré qu’il s’agissait d’un jour honteux dans l’histoire de la Conférence : le fait que le « régime syrien » qui continue de tuer son propre peuple par des armes chimiques ait l’intention de présider cette instance est une véritable farce, a expliqué la délégation américaine. Le États-Unis sont indignés par les agissements de la Syrie au mépris de ses engagements internationaux. Compte tenu de son mépris à l’égard des travaux du désarmement, la Syrie ne mérite pas la présidence de la Conférence. La Syrie continue d’utiliser les armes chimiques dans le cadre d’actes barbares à l’encontre de sa propre population : l’attaque chimique horrible perpétrée à Douma est un exemple de plus du mépris du « régime Assad » envers ses obligations au titre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Il s’agit d’atteintes éhontées à de nombreuses autres résolutions des Nations Unies, notamment celle qui exige de la Syrie qu’elle détruise l’ensemble de ses armes chimiques. La Syrie menace les normes mondiales relatives à l’interdiction de l’utilisation des armes chimiques ; ce pays ne respecte pas le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), pas plus que les accords de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) au titre du TNP. La Syrie s’est en outre efforcée d’entraver l’enquête de l‘AIEA sur l’utilisation d’armes chimiques. Cette attitude montre qu’elle n’est pas légitime pour présider la Conférence du désarmement, ont insisté les États-Unis.
Être ici présents n’est pas, pour les États-Unis, un signe quelconque de soutien ou d’approbation concernant quelque qualification ou crédibilité que ce soit susceptible d’être accordée à la Syrie dans son rôle de Président (de la Conférence) ; cette présence a au contraire pour objet de veiller à ce que la Syrie ne prenne pas des initiatives contraires aux intérêts des États-Unis et les États-Unis continueront donc à siéger dans cette enceinte durant les quatre semaines que durera le mandat de la présidence syrienne. Les États-Unis ont précisé qu’ils ne participeront cependant pas aux réunions informelles que pourrait convoquer cette présidence, ni aux réunions des organes subsidiaires de la Conférence durant cette même présidence syrienne. Les États-Unis ont par ailleurs encouragé les autres délégations à manifester leur objection à ce que le régime syrien préside la Conférence.
L’Australie, au nom du Canada et de la Turquie, a exprimé son regret que la Syrie assure la présidence de la Conférence – la seule instance multilatérale de négociations dans le domaine du désarmement. L’autorité de la Conférence est sapée lorsqu’un État qui a violé ses obligations dans le domaine du désarmement préside cet organe, a fait observer la délégation australienne. En dépit des efforts internationaux pour détruire le stock d’armes chimique syriens, des enquêteurs ont montré que la Syrie continue d’utiliser ce type d’armes, au mépris du droit international. Aussi, l’Australie a-t-elle demandé que soit consignée son opposition à ce que la Syrie préside la Conférence.
Le Bélarus a porté une appréciation positive sur les travaux des organes subsidiaires de la Conférence. Il est très important que le programme de désarmement du Secrétaire général des Nations Unies, annoncé le 24 mai dernier (NDLR : à l’Université de Genève), soit soutenu par les États membres. Le Bélarus condamne toute utilisation illégale d’armes de destruction massive, constituant une menace pour la sécurité mondiale. Les allégations d’utilisation d’armes de destruction massive sont très graves et exigent des enquêtes approfondies et neutres dans tous les cas, en évitant toute pression politique et interférence. La Conférence n’est pas un organe judiciaire et n’est pas mandatée pour mener des enquêtes ; elle est mandatée pour prendre des mesures efficaces dans le domaine du désarmement et de la dénucléarisation. Il faut que les États membres respectent ce mandat. Le Bélarus estime que la Conférence peut arriver à des résultats efficaces dans la recherche d’un programme de travail qui fasse consensus.
La Bulgarie, au nom de l’Union européenne, a expliqué que la semaine dernière le Secrétaire général des Nations Unies a lancé un appel pour lutter contre l’utilisation des armes chimiques et a condamné l’utilisation de ces armes. Il n’est pas tolérable qu’un pays qui ne respecte pas ses obligations en matière de non-prolifération soit appelé à présider la seule enceinte multilatérale de négociations dans le domaine du désarmement. Il faut se rappeler que le « régime syrien » est largement responsable de la prolongation du conflit en Syrie, avec des violations récurrentes des droits de l‘homme. L’Union européenne réitère qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit syrien. L’Union européenne réitère par ailleurs sa condamnation suite à l’utilisation d’armes chimiques à quatre reprises au moins. L’Union européenne exprime sa vive préoccupation face au dernier rapport de la Mission d’établissement des faits sur l’utilisation de chlorure par le « régime syrien ». L’emploi d’armes chimiques peut être constitutif de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité et les auteurs doivent être poursuivis, a déclaré la Bulgarie. La Syrie doit coopérer pleinement avec l’AIEA, a-t-elle en outre affirmé. Il est regrettable que le « régime syrien » assume la présidence de la Conférence, alors qu’il n’a pas la légitimité nécessaire pour ce faire, a insisté la Bulgarie.
La Nouvelle-Zélande a souligné que l’accession de la Syrie à la présidence de la Conférence n’intervient qu’en raison du règlement applicable à cette instance. Le soutien de la Nouvelle-Zélande au Règlement intérieur n’est que le résultat du respect pour les travaux de la Conférence. La Syrie, pour sa part, doit respecter le droit international, a ajouté la Nouvelle-Zélande, avant de condamner les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire en Syrie. Ces dernières années, la Nouvelle-Zélande a exprimé ses regrets que la Conférence n’ait pas répondu aux attentes relevant de son mandat. La Nouvelle-Zélande continuera à respecter le Règlement intérieur et donc le principe de la présidence tournante de la Conférence, a conclu la délégation néo-zélandaise.
Le Royaume-Uni a attiré l’attention sur les nombreuses fois où la Syrie a violé les normes de non-prolifération auxquelles elle avait souscrit, rappelant que l’OIAC avait confirmé l’utilisation d’armes chimiques par la Syrie à quatre reprises au moins. Le Royaume-Uni condamne toute utilisation d’armes chimiques. La délégation britannique a en outre dénoncé le non-respect par la Syrie des garanties de l’AIEA dans le cadre du TNP. Le mépris de la Syrie pour ses obligations internationales sape la crédibilité de cette Conférence, a-t-elle ajouté. C’est une farce que de voir que la Syrie occuper la présidence de la Conférence, a affirmé le Royaume-Uni. Aucun membre de la délégation britannique ne rencontrera bilatéralement les représentants de la présidence syrienne de la Conférence, a indiqué le Royaume-Uni.
La France a souligné que la Conférence se trouvait dans une situation très singulière, que le pays déplore. La présidence de cette instance revient au représentant du « régime syrien », a-t-elle observé avec regret. Les violations du droit international perpétrées par le « régime » et les multiples infractions aux instruments de désarmement, en particulier la violation de l’interdiction de recourir à des armes chimiques, forment un constat sans appel : le « régime syrien » ne dispose pas de l’autorité morale nécessaire à l’exercice de la présidence d’une enceinte telle que la Conférence du désarmement. En dépit du caractère déplorable de la situation, la France reste attachée au multilatéralisme ; elle continuera donc à se conformer aux dispositions du Règlement intérieur, notamment concernant la rotation de la présidence de cette instance. Pour montrer son opposition à la présidence syrienne de la Conférence, la France ne sera pas représentée par son Ambassadeur durant les quatre semaines à venir, a indiqué la délégation française ; elle sera par contre pleinement représentée dans les organes subsidiaires sous la présidence d’autres États membres. La France veillera à ce que la présidence de la Conférence ne fasse pas preuve de désinformation durant les quatre prochaines semaines.
La Chine a exprimé son soutien envers la nouvelle présidence de la Conférence. La Syrie a traversé des périodes de grands défis, de troubles prolongés et d’actes terroristes qui ont imposé de grandes souffrances au peuple syrien, a expliqué la Chine. Grâce aux efforts de toutes les parties concernées, les efforts dans la lutte contre le terrorisme ont avancé dans le pays. La Chine espère que le peuple syrien va pouvoir vivre prochainement une vie normale. La Chine a toujours collaboré à la démocratisation des relations internationales. La Conférence a révisé à plusieurs reprises son Règlement intérieur, mais le principe de la rotation de la présidence n’a jamais été modifié, a fait observer la Chine ; la présidence de la Conférence est une fonction non politique. Un Président doit avoir le soutien de tous les membres, quel que soit sa provenance, a insisté la Chine. La Chine a ensuite indiqué qu’elle s’opposait à toute utilisation de l’arme chimique et qu’elle était tout à fait favorable à l’ouverture d’enquêtes objectives et impartiales basées sur des preuves scientifiques. Mais avant les résultats de ces enquêtes, aucun pays ne peut émettre de jugement, a-t-elle rappelé.
La Fédération de Russie a salué le travail des organes subsidiaires de la Conférence (créés en février dernier) en vue de parvenir à des résultats concrets. La Fédération de Russie souhaite que la nouvelle présidence de la Conférence accorde l’attention voulue à la recherche des voies optimales pour parvenir à un programme de travail cohérent. La Fédération de Russie entend coopérer pleinement avec la présidence dans ce domaine. Un accord sur le programme de travail exige la participation de toutes les délégations, a rappelé la délégation russe. Elle a lancé un appel à toutes les délégations afin qu’elles ne transforment pas la Conférence en une plate-forme pour des prises de position politisées sur des questions sensibles et principalement régionales qui n’ont rien avoir avec son ordre du jour. Ce comportement empoisonne les relations réciproques entre les délégations. La Fédération de Russie a assuré de sa collaboration la nouvelle présidence de la Conférence et l’ensemble des présidents de cette instance.
Le Japon a rappelé que l’utilisation d’armes chimiques ne saurait être admise en quelque circonstance que ce soit. Il a exprimé sa préoccupation face aux violations par la Syrie de ses engagements au moment où elle prend la présidence de la Conférence. Les membres de la Conférence ont le devoir de progresser dans les négociations sur le désarmement nucléaire ; il faut, pour ce faire, arriver à un accord sur le programme de travail. Le Japon attend de la Syrie qu’elle assure la présidence de manière juste et constructive et il participera aux discussions dans cet esprit.
La République populaire démocratique de Corée a expliqué que le pays attend de la présidence de la Conférence qu’elle ne ménage aucun effort pour parvenir à un accord sur un programme de travail. La République populaire démocratique de Corée a ensuite rappelé la cérémonie de destruction de son site nucléaire, témoignage de son engagement dans le processus de dénucléarisation. La République populaire démocratique de Corée a affirmé qu’elle allait continuer à œuvrer pour un monde pacifié et exempt d’armes nucléaires. Elle a d’autre part souligné que la présidence syrienne de la Conférence n’était le fruit que du juste respect du Règlement intérieur de cette instance ; il s’agit d’une question technique qui ne devrait pas faire l’objet de débat, a-t-elle insisté. Certains pays tentent de politiser cette instance pour répondre à leurs intérêts égoïstes, a déploré la République populaire démocratique de Corée ; ces pays feraient mieux de réfléchir à leur propre comportement, qui empêche d’aboutir à des progrès dans les discussions sur le désarmement.
L’Iran a rappelé que la décision qui, en février dernier, a présidé à la création des cinq organes subsidiaires de la Conférence était le fruit de délibérations intenses. La délégation iranienne a indiqué avoir souscrit à cette décision afin de faciliter les délibérations. L’Iran estime qu’il est essentiel de commencer les négociations afin de parvenir à une convention sur les armes nucléaires, notamment pour envisager leur destruction ; c’est le moyen le plus efficace pour aboutir à un monde exempt d’armes nucléaires, a affirmé la délégation iranienne. Les travaux des organes subsidiaires doivent se faire sans préjudice des missions confiées à la présidence de la Conférence, a-t-elle poursuivi. A cet égard, l’Iran estime que les consultations du Président devraient continuer en vue de permettre l’adoption d’un programme de travail équilibré. L’Iran est prête à examiner toute proposition de programme de travail qui sera empreinte d’une approche équilibrée. Le pays accordera en outre tout son soutien à la présidence de la Conférence durant toute la durée de son mandat, a ajouté la délégation iranienne.
L’Iraq a assuré la présidence de la Conférence de sa coopération durant tout son mandat. Malgré le grand nombre de défis auxquels doit faire face la communauté internationale, les travaux de la Conférence sont toujours bloqués, a déploré la délégation iraquienne, avant d’encourager la présidence de la Conférence à redoubler d’efforts pour explorer de nouvelles voies afin d’aboutir à un programme de travail. La responsabilité de parvenir à un accord sur un programme de travail est collective, a rappelé la délégation irakienne.
La République de Corée a salué le début des travaux de quatre des cinq organes subsidiaires de la Conférence et a félicité les coordinateurs de ces organes subsidiaires. La République de Corée maintient ses vives préoccupations quant à l’utilisation des armes chimiques en Syrie. La République de Corée condamne sans réserve toute utilisation d’armes chimiques, où que ce soit, par quiconque et quelles que soient les circonstances. La République de Corée souscrit aux efforts de la communauté internationale pour lutter contre l’utilisation d’armes chimiques et pour prévenir le risque de victimes civiles.
Israël a indiqué attacher de l’importance au respect des mécanismes de prévention de la course aux armements et de non-prolifération. La Conférence doit pouvoir mener ses travaux dans le respect de son Règlement intérieur, s’agissant notamment de sa présidence. Le président d’un organe international lié au désarmement a un devoir moral, a affirmé la délégation israélienne, avant d’ajouter que la présidence assurée par un pays qui viole consciemment ses engagements internationaux est troublante ; c’est un devoir que de s’inscrire en faux lorsqu’une telle absurdité se produit. Le fait d’accepter que la Syrie occupe le poste de Président de la Conférence ternit la crédibilité de tous, a insisté la délégation israélienne, ajoutant qu’une voix morale doit être entendue dans cette enceinte. Israël veut envoyer un message clair à la Conférence et à la communauté internationale, à savoir que quatre semaines de présidence de la Conférence par la Syrie, c’est inacceptable. Le siège d’Israël dans cette enceinte restera vide et le pays ne participera à aucune discussion durant cette présidence, a indiqué la délégation israélienne.
La Pakistan a expliqué qu’il allait travailler avec la présidence de la Conférence de manière constructive pour faire avancer les travaux de cette instance. Les discussions sur la pertinence de la présidence syrienne sont regrettables, a estimé la délégation pakistanaise ; en effet, le principe de la rotation de la présidence (selon l’ordre alphabétique des noms en anglais des pays membres) est inscrit dans le Règlement intérieur. Il n’est pas possible de choisir la présidence en fonction de préférences et de remettre ainsi en cause l’autorité de la présidence. Le Pakistan espère que la Conférence continuera à poursuivre ses travaux de manière constructive durant tout le mandat de la présidence syrienne. La Conférence ne doit pas se détourner de ses objectifs essentiels, a conclu la délégation pakistanaise.
Le Canada a dit regretter que la Syrie assure la présidence de la Conférence compte tenu de son mépris flagrant des normes et accords internationaux dans le domaine de la non-prolifération. Le « régime Assad » a eu recours à l’arme chimique contre sa propre population et n’a aucune légitimité pour assurer la présidence de la Conférence, a insisté la délégation canadienne. La crédibilité de la Conférence s’en voit gravement entamée, a-t-elle regretté. Le Canada a rappelé avoir exprimé à plusieurs reprises ses réserves quant au principe de rotation stricte de la présidence et a indiqué être conforté dans cette opinion en voyant aujourd’hui la Syrie présider cette instance. La Convention sur l’interdiction des armes chimiques est l’un des résultats de cette Conférence, a rappelé le Canada, avant de rappeler que des enquêteurs avaient reconnu, notamment, l’utilisation de gaz sarin contre la population syrienne. Le Canada a par ailleurs déploré le manque de coopération de la Syrie avec l’AIEA. Le Canada condamne le mépris répété du droit international par la Syrie. Il faut dénoncer les agissements de la Syrie, qui a tourné le dos aux principes que préconise la Conférence, a insisté le Canada, affirmant une fois de plus que la Syrie n’est pas légitime pour assumer la présidence de cette instance. Enfin, le Canada a fait observer que la Syrie était protégée par la Fédération de Russie qui a, à de multiples reprises, utilisé son veto au Conseil de sécurité.
L’Allemagne a fait observer que l’environnement sécuritaire international était l’objet de multiples bouleversements et que les efforts pour aboutir au désarmement se trouvaient sous pression. La Conférence revêt dès lors une importance exceptionnelle dans ce contexte ; et c’est précisément dans ce contexte que sa présidence a été confiée à la Syrie, un État qui porte la responsabilité de violations odieuses des droits de l’homme et du droit international humanitaire et qui emploie des armes chimiques à l’encontre de ses propres citoyens, a déploré l’Allemagne, assurant qu’elle ne saurait permettre que cette situation ait des conséquences néfastes sur les travaux de la Conférence.
L’Algérie s’est dite confiante que les travaux vont se poursuivre dans la bonne voie durant la présidence syrienne de la Conférence. L’Algérie entend œuvrer pour que la Conférence reprenne sa tâche première, qui est de négocier des traités liés au désarmement. La présente présidence de la Conférence intervient à un moment crucial où des débats de fonds ont été entamés dans le cadre des organes subsidiaires créés cette année, a rappelé la délégation algérienne. Elle a en outre souscrit à l’approche de la présidence de la Conférence qui, parallèlement aux travaux des groupes subsidiaires, entend engager des consultations bilatérales avec les Etats membres et les groupes régionaux au sujet du programme de travail.
Le Venezuela a fait part de son soutien à la nouvelle présidence de la Conférence. Le Venezuela a réitéré sa vocation pacifique et son engagement envers la non-prolifération, nécessaire pour parvenir à la jouissance du droit à la paix. Le Venezuela a souligné l’importance de se mettre d’accord sur un programme de travail. Il existe une responsabilité collective de négocier des instruments en vue de lutter contre les armes de destruction massive, a souligné le pays, appelant à retrouver les voies permettant de renforcer le rôle de la Conférence. Il faut qu’à l’instar de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, toutes les régions du monde soient exemptes d’armes nucléaires. Le Venezuela a réaffirmé son engagement envers la Conférence et envers le multilatéralisme. Les travaux de la Conférence doivent être exempts de toute politisation et de tout recours aux deux poids, deux mesures, a conclu la délégation vénézuélienne.
Le Viet Nam s’est félicité des premières discussions engagées au sein des organes subsidiaires de la Conférence. La délégation vietnamienne a estimé qu’il fallait se concentrer sur les questions nucléaires. La tâche première pour l’humanité est d’éliminer le risque d’utilisation d’armes de destruction massive et notamment d’armes nucléaires. Le Viet Nam soutient les efforts internationaux en vue d’aboutir à un monde exempt d’armes nucléaires. Le Viet Nam a indiqué avoir déposé auprès du Secrétaire général de l’ONU son instrument de ratification du traité d’interdiction des armes nucléaires. Le Viet Nam a assuré la présidence de la Conférence de son soutien à ses travaux.
L’Argentine a expliqué qu’elle continuerait à participer aux travaux des organes subsidiaires durant la présidence syrienne de la Conférence. Elle a par ailleurs condamné l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, contre la population et notamment contre des enfants. L’Argentine considère que la dernière attaque chimique en Syrie doit être élucidée et que les coupables doivent rendre des comptes. La communauté internationale doit renouveler ses plus vives condamnations contre l’utilisation d’armes chimiques en toutes circonstances, a insisté la délégation argentine.
L’Espagne a déclaré qu’elle soutenait l’ordre international basé sur les normes de droit et les principes des Nations Unies. L’interdiction universelle des armes chimiques constitue un des principes essentiels du droits international, a-t-elle rappelé. L’exercice de la présidence de la Conférence par un pays qui manque gravement à ses engagements internationaux dans ce domaine engendre un conflit de crédibilité et de légitimité, a poursuivi l’Espagne. Les enquêtes ont démontré l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, à quatre reprises au moins par le Gouvernement syrien. Cependant, l’Espagne continuera à respecter le Règlement intérieur de la Conférence concernant, notamment, la rotation de la présidence, a expliqué la délégation espagnole.
Cuba a expliqué que l’existence d’armes nucléaires reste la plus grande menace pesant sur l’humanité. La seule garantie de non-utilisation des armes nucléaires ne peut être que leur destruction totale, a-t-elle souligné. Rappelant avoir ratifié le traité d’interdiction des armes nucléaires, Cuba a estimé que tous les pays devraient faire preuve de volonté politique en ratifiant ce traité, de manière à favoriser son entrée en vigueur rapide. Cuba a dit espérer que la Conférence de haut niveau sur le désarmement nucléaire pourra se tenir le plus rapidement possible avec le soutien des pays véritablement engagés sur la voie de la paix. La Conférence doit quant à elle adopter un programme de travail équilibré, a poursuivi la délégation cubaine, soulignant que l’absence de volonté politique est le seul obstacle qui empêche la reprise du travail. Cuba est pour sa part prête à entamer les négociations sur des traités internationaux dans le domaine du désarmement. Le pays n’est pas opposé à l’ouverture des négociations sur un traité international concernant les matières fissiles, a ajouté la délégation cubaine. Les travaux de la Conférence doivent être exempts de toute manipulation politique ou de toute politique du deux poids, deux mesures, a conclu Cuba.
L’Inde a assuré la présidence de la Conférence de la pleine coopération de sa délégation. Le multilatéralisme n’est jamais facile, ni commode, a expliqué la délégation indienne ; il faut continuer à gérer le monde imparfait avec des outils imparfaits, a-t-elle expliqué. L’Inde a souligné que l’utilisation d’armes chimiques, si elle est prouvée, est déplorable et a ajouté que les responsables devraient alors être poursuivis en justice. Il appartient à l’OIAC d’enquêter sur ce type d’allégations et de préconiser des actions de la communauté internationale. L’Inde a insisté sur le fait qu’à ce stade, la Conférence devait se consacrer sur l’approfondissement des discussions au sein des organes subsidiaires qu’elle a créés et tenter d’élargir les domaines de convergence. Il faut aussi réfléchir au nouvel agenda du désarmement présenté par le Secrétaire général à Genève. La délégation indienne a conclu sur la nécessité de maintenir la dignité de la Conférence.
Les Pays-Bas ont souligné que la Conférence avait négocié des traités historiques. Aujourd’hui, le système de rotation de la présidence permet l’accession à la présidence de cette instance d’un « régime » responsable des violations que cet organe a tenté de prévenir, a fait observer la délégation néerlandaise. Le « régime syrien » n’a pas l’autorité morale pour assumer la présidence de la Conférence, a-t-elle souligné. Le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire ont été violés à de multiples reprises en Syrie par le Gouvernement syrien, a-t-elle ajouté. Les Pays Bas continueront à œuvrer pour mettre fin à l’impunité et le régime syrien sera au final rendu comptable de ses actes, a conclu la délégation néerlandaise.
L’Allemagne a assuré qu’aucun passage de sa déclaration de ce matin ne constituait une menace pour quelque délégation que ce soit présente dans cette salle. Toute tentative visant à faire un mauvais usage des règles applicables à la présidence de la Conférence à des fins autres que celles renvoyant aux aspects techniques de la présidence sera rejetée par l’Allemagne.
La Syrie, à titre national, mais toujours par la voix de M. Hussam Edin Aala, a jugé regrettable que les Etats-Unis et leurs alliés continuent d’utiliser cette enceinte de négociations pour imposer des questions qui outrepassent le mandat de la Conférence du désarmement et soulever des questions hautement sensibles qui relèvent de l’OIAC et de l’AIEA. Il est regrettable que ces États franchissent un pas de plus pour saper les travaux de la Conférence. Ces États s’efforcent regrettablement d’invoquer de fallacieux aspects humains pour, en fait, faire progresser leurs positions politiquement motivées au détriment de leurs obligations telles que découlant du Règlement intérieur de la Conférence ; ce comportement se caractérise par l’application de deux poids, deux mesures et par une sélectivité immorale dans leur manière de traiter des questions relatives à la sécurité régionale internationale. Avant de donner des leçons à d’autres, il faudrait que ces États honorent leurs obligations telles que découlant de traités tels que le TNP ou la Convention sur l’interdiction des armes chimiques ; ces pays sont en effet les seuls États à disposer d’arsenaux d’armes de destruction massive.
Ces pays continuent de lancer des accusations sans aucune preuve et en prennent prétexte pour prendre des mesures qui peuvent équivaloir à un crime d’agression contre un État souverain, avant même d’entreprendre quelque enquête impartiale et indépendante que ce soit concernant ces accusations, a poursuivi la Syrie. La Syrie dénonce le fait que certains cherchent à perturber la présidence syrienne de la Conférence et insistent pour soulever des questions qui ne relèvent pas du mandat de cette instance.
Concluant sa déclaration, M. Hussam Edin Aala a indiqué entendre poursuivre sa présidence de cette instance en pleine transparence et avec professionnalisme. J’agirai d’une manière qui traite des préoccupations de sécurité de tous les États membres et je serai en cela guidé par le Règlement intérieur de cette Conférence, a-t-il indiqué, insistant sur la nécessité d’une coopération constructive pour sortir la Conférence de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis plus de deux décennies. L’approche négative qui a été adoptée par certains pays, ainsi que leurs déclarations, soulèvent une question quant à leur engagement en faveur du multilatéralisme et à l’importance qu’ils accordent à cette instance et à sa crédibilité, a déclaré M. Hussam Edin Aala.
Les États-Unis se sont dits encouragés d’avoir entendu d’autres délégations condamner le « régime syrien » et la présidence de la Conférence par ce « régime ». Il est intéressant de constater que ce « régime » est préoccupé par le soi-disant empoisonnement de l’atmosphère ici, au sein de la Conférence ; je suis franchement davantage préoccupé par l’empoisonnement du peuple syrien, a déclaré le représentant des États-Unis. À ceux qui disent qu’il n’est pas approprié d’aborder la question des armes chimiques au sein de la Conférence, je me permets de rappeler que la Convention sur l’interdiction des armes chimiques a été négociée, précisément, dans cette enceinte, a-t-il ajouté.
Le Royaume-Uni a assuré que les représentants d’un « régime » qui utilise des armes chimiques et contrevient à ses obligations légales n’ont aucune crédibilité pour chercher à assumer d’autres obligations.
Le Président de la Conférence a indiqué qu’il continuerait à respecter son rôle de Président et s’abstiendrait donc de répondre à ces dernières interventions.
La Bulgarie, au nom de l’Union européenne, s’est dite confortée dans l’idée selon laquelle un pays qui ne se conforme pas à ses obligations internationales ne saurait présider la Conférence. Il ne s’agit pas d’allégations : à quatre reprises au moins, l’emploi d’armes chimiques par les forces armées syriennes a été confirmé par l’OIAC et par le mécanisme conjoint d’enquête (ONU-OIAC). L’Union européenne réitère qu’il ne saurait y avoir de paix durable en Syrie sous le « régime » actuel. Le « régime syrien » n’a pas la crédibilité, ni la légitimité nécessaires pour assumer la présidence de la Conférence et l’Union européenne rejette toute tentative d’utiliser la présidence à d’autres fins que celles consistant à assurer la gestion technique de la présidence des réunions.
La France a pris bonne note du fait que la déclaration qui a été faite depuis la tribune présidentielle a été faite en la capacité nationale du représentant du « régime syrien » ; pour autant, sur la forme, il n’est pas acceptable que la tribune présidentielle soit utilisée à des fins de promotion de positions nationales et la France appelle donc le représentant du « régime syrien » à faire preuve de la plus grande retenue et à se conformer aux principes de professionnalisme, d’impartialité et d’objectivité.
Le Président de la Conférence a assuré avoir été professionnel dans sa manière d’assumer la présidence de la Conférence.
Le Pakistan a dit ne pas être d’accord avec l’idée de refuser au Président de la Conférence de s’exprimer aussi à titre national, le cas échéant, comme c’est le cas ici ; rien dans le Règlement intérieur n’empêche le Président de la Conférence de s’exprimer à titre national.
L’Iran a fait observer que rien dans le Règlement intérieur de la Conférence ne dit que le Président de la Conférence doive s’en tenir à des questions techniques, de sorte que l’Iran souscrit pleinement à ce que vient de dire le Pakistan.
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DC18.27F