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LE CONSEIL DÉBAT DE LA PROMOTION DE LA TOLÉRANCE ET DE L’INCLUSION DANS LE CONTEXTE DE LA LUTTE CONTRE LA DISCRIMINATION RACIALE

Compte rendu de séance

Alors que sera célébrée après-demain, comme chaque 21 mars, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, le Conseil des droits de l'homme a tenu, ce matin, son débat annuel sur ce thème, consacré cette année à «la promotion de la tolérance, de l’inclusion, de l’unité, et du respect de la diversité dans le contexte de la lutte contre la discrimination raciale».

Dans ses remarques liminaires à l'ouverture du débat, M. Adam Abdemoula, Directeur de la Division du Conseil des droits de l'homme et des organes de traités au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, a déploré qu’aujourd'hui, l’incitation à la haine et à la discrimination basées sur la race, sur l’origine nationale, ethnique ou religieuse, ne cesse de progresser, de même que les crimes contre les migrants et les minorités. Dans de nombreux pays, la xénophobie est ouvertement exprimée et assumée par les dirigeants politiques, en flagrante contradiction avec la Charte de Nations Unies, qui appelle à pratiquer la tolérance et à vivre en paix avec ses voisins, a-t-il regretté.

Ce débat s’est appuyé sur les exposés et la participation de quatre panélistes: M. Sello Hatang, Directeur général de la Fondation Nelson Mandela; M. Foo Kok Jwee, Représentant permanent de Singapour auprès des Nations Unies à Genève ; de Mme Fatou Diome, écrivaine ; et M. Nicolás Marugán, membre du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale.

M. Hatang a expliqué qu’il importe de comprendre le racisme comme un mécanisme de pouvoir destiné à opprimer et exclure les personnes de couleur. « L’ennemi de Mandela ce n’était pas les Blancs », a souligné M. Hatang, « mais bien l’appareil du pouvoir, un système qui opprimait les gens sur la base non seulement de leur race mais aussi de leur sexe et de leur origine ethnique ». M. Jwee a pour sa part expliqué que pour lutter contre le racisme, Il faut aller au-delà de la tolérance, et viser le respect mutuel. Une nation où les personnes ne font que se tolérer est fragile, a-t-il expliqué. M. Marugán a, quant à lui, expliqué que tous les États qui n’ont pas encore ratifié la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale doivent le faire, afin que cet instrument devienne universel, compte tenu du fait que la discrimination raciale reste l’une des grandes préoccupations du monde actuel. Enfin, Mme Diome a parlé du rôle primordial de l’éducation et a souligné que la tolérance ne devrait pas être un sujet de discussion puisque « un être humain ne se tolère pas comme on tolère le chien de son voisin ».

De nombreuses délégations* ont pris part au débat qui a suivi ces présentations. Bon nombre d’entre elles se sont dites préoccupées par la montée des discours et des actes racistes, en particulier à l’encontre des migrants et des personnes issues de minorités et ont souligné que l’intolérance et la discrimination raciale constituent l’antithèse des valeurs de l’humanité. L’accent a en outre été mis sur l’importance de s’appuyer sur la jeunesse pour lutter contre le racisme et plusieurs pays ont présenté les mesures qu’ils ont mises en place au niveau national afin de lutter contre l’intolérance, le racisme et les discours de haine.


Le Conseil poursuivait ses travaux, à la mi-journée, afin d’adopter les documents finals sur les rapports de l'Examen périodique universel du Bénin, du Pakistan, de la Zambie, du Japon, de l’Ukraine et de Sri Lanka.


Débat sur la promotion de la tolérance, de l’inclusion, de l’unité et du respect de la diversité dans le contexte de la lutte contre la discrimination raciale

Déclaration liminaire

M. ADAM ABDELMOULA, Directeur de la Division du Conseil des droits de l'homme et des organes de traités au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, a cité l’Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme, selon lequel « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Il a ensuite ajouté que ces principes fondamentaux d’égalité et de non-discrimination sont aussi ancrés dans la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, qui affirme notamment que « tous les hommes sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection de la loi contre toute discrimination et contre toute incitation à la discrimination », et que « toute doctrine de supériorité fondée sur la différenciation entre les races est scientifiquement fausse, moralement condamnable et socialement injuste et dangereuse ».

Ces documents fondamentaux ont aidé des millions de personnes à se libérer de l’exploitation et de l’injustice basées sur l’idée « répugnante » qu’il y aurait des « races inférieures », a poursuivi M. Abdelmoula. Il a déploré qu’aujourd'hui l’incitation à la haine et à la discrimination basées sur la race, sur l’origine nationale, ethnique ou religieuse, ne cesse de progresser, de même que les crimes contre les migrants et les minorités. Dans de nombreux pays, la xénophobie est ouvertement exprimée et assumée par les dirigeants politiques, en flagrante contradiction de la Charte de Nations Unies, qui appelle à pratiquer la tolérance et à vivre en paix avec ses voisins, a aussi regretté M. Abdelmoula.

Contre ces tendances, il faut investir dans l’éducation et veiller à ce qu’elle porte les valeurs, attitudes et comportements qui permettent aux individus de vivre ensemble, dans un monde pluraliste et divers. Il faut enseigner aux jeunes générations les moyens de contrer les influences qui nourrissent la peur et l’exclusion d’autrui. La capacité à exercer un jugement indépendant, une pensée critique et un raisonnement éthique est essentielle, dans le contexte d’une « mondialisation culturelle », a-t-il plaidé. M. Abdelmoula a observé, pour conclure, que Nelson Mandela, dont on célèbre le centième anniversaire de la naissance cette année, avait agi « non en prophète, mais en serviteur du peuple ».

Exposés des panélistes

Pour M. SELLO HATANG, Directeur général de la Fondation Nelson Mandela, il importe de comprendre le racisme comme un mécanisme de pouvoir destiné à opprimer et exclure les personnes de couleur. « L’ennemi de Mandela ce n’était pas les Blancs », a souligné M. Hatang, « mais bien l’appareil du pouvoir, un système qui opprimait les gens sur la base non seulement de leur race mais aussi de leur sexe et de leur origine ethnique ». « Comment rectifier des siècles de dépossession, d’exploitation et de génocide ? » s’est interrogé M. Hatang. Il a expliqué qu’en Afrique du Sud, lorsqu’on appelle à la restitution de la terre, on appelle tout simplement à la justice, les Blancs ayant toujours eu un statut privilégié en ce qui concerne l’accès à la terre. M. Hatang s’est aussi demandé pourquoi plus de deux décennies de démocratie n’avaient pas modifié ce système de privilèges. Il a estimé à cet égard que le secteur privé était le moteur du racisme en Afrique du Sud.

M. Hatang a fait observer que le problème était mondial, à voir la richesse énorme du continent africain qui continue à être extraite au profit de quelques élites mondiales. Mais, a-t-il ajouté, c’est dans la population pauvre et vulnérable que le racisme est le plus visible. Par exemple, comment est-il possible que 25% des enfants d’Afrique du Sud, en grande majorité noirs, souffrent d’un retard de croissance ?

L’année 2018 marque le centenaire de la naissance de Mandela, ce qui nous offre une occasion unique de réfléchir sur son héritage, a estimé M. Hatang. Il a expliqué que la campagne du centenaire avait trois objectifs : demander aux gens d’assumer cet héritage, combattre les privilèges et édifier des sociétés fondées sur des valeurs. M. Hatang a enfin regretté que « la vie des Noirs ne compte pas autant que celle des Blancs aux États-Unis et en Afrique du Sud ».

M. FOO KOK JWEE, Représentant permanent de Singapour auprès des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, a souligné que l’harmonie religieuse était une priorité de son pays depuis son indépendance, en 1965. Il n’y a pas de problème dans ce domaine à Singapour et ce n’est pas un hasard : l’harmonie résulte de choix politiques délibérés. Le Gouvernement travaille en étroite collaboration avec les communautés pour promouvoir la tolérance. À Singapour, plus de 80% de la population vit dans des ensembles de logements appartenant à l’État. Chaque ensemble doit refléter les proportions démographiques, afin qu’il n’y ait pas d’enclaves dans certains quartiers. Le but de ces politiques est de rassembler les personnes de race et de confession différentes pour qu’elles fraternisent et se soutiennent mutuellement.

Singapour dispose aussi d’un cadre législatif fort pour lutter contre les discriminations à l’encontre des minorités, dont la représentation est garantie aux différents niveaux politiques. Singapour s’oppose résolument au sectarisme religieux ou racial, y compris en ligne. Il faut aller au-delà de la tolérance, a affirmé M. Jwee, et viser le respect mutuel. Une nation où les personnes ne font que se tolérer est fragile, a expliqué le Représentant permanent.

M. Nicolás Marugán, membre du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, a expliqué qu’il y a 58 ans, des milliers de Sud-africains noirs s’étaient réunis au péril de leur vie. La police est intervenue et plus de 60 personnes ont été tuées. Depuis, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale a été adoptée et ratifiée par 179 États. Les États qui n’ont pas encore ratifié cet instrument doivent le faire, pour que cette Convention devienne universelle, a demandé M. Marugán, compte tenu du fait que la discrimination raciale reste l’une des grandes préoccupations du monde actuel.

Les systèmes éducatifs jouent un rôle essentiel dans la transmission des valeurs, a poursuivi M. Marugán. Les enfants doivent comprendre les principes de la solidarité et du respect, pour ne pas tomber dans les préjugés. Outre l’éducation, l’emploi joue un rôle essentiel pour l’inclusion. Les États doivent prendre les mesures nécessaires pour lutter contre le chômage et lutter contre les discriminations dans l’emploi. Le système éducatif ainsi que l’accès à l’emploi et à la santé sont essentiels pour mettre en œuvre les principes d’unité et d’inclusion sociale. Les discours de certains chefs d’État vont à l’encontre de ces objectifs : il faut absolument contrer leurs messages de haine, a demandé M. Marugán.

MME FATOU DIOME, écrivaine, a dénoncé le crime raciste qui a coûté la vie à un Sénégalais de 55 ans à Florence, le 3 février dernier. « Quand des Noirs sont tués comme des lapins en Europe, que dois-je répondre lorsqu’on me parle de diversité ? », s’est interrogée Mme Diome. Elle a demandé à ce propos aux États-Unis, qui se présentent en chantres des droits de l'homme, de montrer l’exemple. Face aux crimes racistes, le mouvement Black Lives Matter rappelle à certains que la vie des Noirs compte, elle aussi. Exprimant également des préoccupations sur la manière dont les migrants sont traités en Europe, Mme Diome a dit vouloir rappeler à ce continent les migrants irlandais, italiens, français et autres qui ont quitté leur continent pour trouver une vie meilleure, ailleurs. « Il faut dire à l’Europe que les droits de l'homme ne sont pas seulement les droits de l'homme blanc », a souligné Mme Diome.

Mme Diome a ensuite parlé du rôle primordial de l’éducation et souligné que la tolérance ne devrait pas être un sujet de discussion puisque « un être humain ne se tolère pas comme on tolère le chien de son voisin », a-t-elle dit. De son point de vue, il faut aussi se méfier du « militantisme revanchard » qui pousse les victimes de racisme dans d’autres extrémismes. Citant un proverbe sénégalais, elle a dit que « si un âne vous donne un coup de pied et que vous le lui rendez, vous n’êtes pas mieux que lui », avant d’ajouter que, pour elle, « les racistes ne sont que des ânes gris ».

Débat

L’Angola, au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a plaidé pour des solutions globales en vue de combattre les tendances qui menacent les valeurs communes. La CPLP s’est dite préoccupée par l’adoption de mesures protectionnistes, extrémistes et populistes qui limitent les droits des minorités ethniques, des afrodescendants et des personnes en situation de vulnérabilité, y compris des migrants et des réfugiés. Le Togo, au nom du Groupe africain, reste préoccupé par la montée des discours et actes racistes, en particulier à l’encontre des migrants et des personnes issues de minorités. En cette Décennie internationale des personnes d’ascendance, le Groupe africain a réitéré son appel pour une coopération internationale efficace pour la réalisation des Objectifs de développement durable et du droit au développement.

Le Maroc, au nom de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a estimé qu’en cette période menacée par le repli sur soi, il était plus que jamais important d’investir dans la jeunesse. Dans ce contexte, la Francophonie a déployé une campagne de grande envergure, qui se veut un grand mouvement de mobilisation par et pour la jeunesse afin de lui offrir un espace de rencontres et d’actions pour, entre autres, déconstruire les stéréotypes.

Au Sénégal, pays de la Terranga – « hospitalité » en langue wolof –, aucune plainte pour discrimination n’a été enregistrée par la justice, a assuré son représentant. Le Sénégal aimerait savoir quelles recommandations font les panélistes pour lutter contre l’intolérance et les discriminations, dans le contexte des discours de haine et d’extrémisme.

L’Algérie a indiqué que la Constitution algérienne interdit toute discrimination pour cause de naissance, de race, de sexe, d’opinion ou de toute condition personnelle ou sociale. L’Algérie a estimé que des efforts communs doivent être déployés au niveau international pour corriger et ne pas tolérer les tendances et dérives à caractère raciste. L’Équateur a déploré que de nombreux cas de discrimination et de violence raciales trouvent leur origine dans des discours de haine fondés sur les différences raciales, la xénophobie et d’autres formes d’intolérance alimentées par des politiques. Pour sa part, l’Équateur s’est doté d’une Constitution qui l’oblige à lutter contre type de discrimination, fondée en particulier sur des critères ethniques, d’identité et de condition socio-économique.

La Tunisie a rappelé qu’elle avait la première à abolir l’esclavage, en 1864. « Cet esprit de lutte contre les discriminations se poursuit dans la constitution et les lois actuelles », notamment celles qui promeuvent l’égalité entre les genres, a dit la Tunisie. Pour la Tunisie, l’éducation doit être le fer de lance de la lutte contre le racisme et les discriminations. Bahreïn a plaidé, de plus, pour l’adoption de politiques inclusives et efficaces contre les discours de haine.

La Sierra Leone a salué les efforts déployés par certains gouvernements, municipalités et acteurs non gouvernementaux pour la promotion de sociétés plus inclusives, et par certaines villes – ou réseaux de villes – pour lutter contre le racisme. La Sierra Leone a plaidé pour l’élaboration de codes de conduite et de plans d’action. L’Inde considère que l’intolérance et la discrimination raciale constituent l’antithèse des valeurs de l’humanité que sont l’égalité, la justice, la paix et le progrès. Elle s’est dite préoccupée par la montée du fondamentalisme religieux, qui a de graves conséquences sur les droits de l'homme et encourage la haine et la ségrégation raciales. L’Inde a demandé aux panélistes comment encourager la tolérance et respecter « l’unité dans la diversité » dans des situations d’injustice, de violence et de marginalisation d’individus ou de communautés sur la base de la race ou de la religion.

L’Iraq a demandé des exemples de mesures qui permettraient de lutter contre la discrimination raciale au niveau mondial. Haïti s’est interrogé sur la manière de convaincre quelqu’un que la « race » n’existe pas. L’Afrique du Sud a voulu savoir comment le Conseil pourrait perpétuer le legs de Nelson Mandela. Le Mexique a plaidé pour le dialogue et la coopération en vue de trouver des réponses intégrales aux problèmes migratoires. Les Émirats-arabes-Unis ont expliqué s’être dotés, en 2016, d’un Ministère de la tolérance. La République islamique d’Iran a constaté qu’en dépit de la célébration du centième anniversaire de la naissance de Nelson Mandela, des voix s’élèvent toujours pour dresser des murs entre les nations.

Cuba a jugé inquiétante la montée des partis politiques et mouvements extrémistes dans les pays développés, et les discours de haine, la xénophobie et le racisme à l’égard des migrants. Cuba a demandé des actions concrètes pour freiner la rhétorique populiste, raciste et discriminatoire, notamment par le biais de programmes éducatifs spécifiques sur la promotion de la tolérance, de l’inclusion, de l’unité et du respect de la diversité. L’Égypte a déploré que des millions de personnes soient encore victimes de racisme, de discrimination et d’intolérance, dénonçant en particulier de nouvelles formes d’intolérance qui visent les migrants et les personnes d’ascendance africaine. Elle a rappelé l’importance de la volonté politique et de la coopération internationale pour lutter contre ces fléaux.

Le Venezuela s’est présenté comme une société pluriethnique et a plaidé pour l’autonomisation des personnes, en tant que moyen de lutte contre les discriminations. L’Argentine, qui s’enrichit des différentes cultures qui la composent, est en train de construire une société où le racisme et l’intolérance n’auront pas droit de cité, a assuré sa représentante.

L’Union européenne s’est dite résolue à surmonter les difficultés qui subsistent dans la lutte contre le racisme, et poursuit ses efforts contre les crimes racistes. Des directives ont été élaborées pour la formation des juges et des policiers dans le domaine de l’appui aux victimes de racisme et de l’intolérance. Elle a souhaité entendre des panélistes d’autres initiatives de ce type. La France a affirmé faire de la lutte contre le racisme une priorité de long terme, indiquant que son nouveau plan d’action de lutte contre le racisme et l’antisémitisme pour les trois années à venir serait lancé sous peu et qu’il mettrait en particulier l’accent sur la lutte contre le discours de haine en ligne. La France a demandé aux panélistes quelles actions positives susceptibles d’améliorer « l’indice de tolérance » de nos sociétés ils préconisaient.

Les États-Unis ont assuré qu’ils tiendraient compte des recommandations des panélistes. Ils ont demandé des conseils sur la manière, pour les gouvernements, de lutter contre la discrimination multiple.

Le Brésil a évoqué l’assassinat de la conseillère municipale de Rio de Janeiro Mme Marielle Franco, qui luttait pour les droits de l’homme, en particulier ceux des femmes noires. C’était une voix forte et respectée contre la violence, le racisme et les inégalités, a fait savoir la délégation. La lutte contre le racisme doit constituer une priorité pour la communauté internationale et l’éducation constituer un outil essentiel pour faire évoluer les comportements, a ajouté le Brésil.

Parmi les institutions nationales de droits de l’homme, la Commission australienne des droits de l’homme a expliqué que le racisme n’avait pas sa place dans une société. Il faut se remotiver dans cette lutte. La haine connaît un regain. En Australie, la société est fière de sa multiculturalité. Il faut lutter contre le racisme par le biais de mesures législatives. La sensibilisation par l’éducation est un autre domaine très important. Compte tenu des voix qui promeuvent la haine raciale, il faut éviter que ce discours ne se banalisent. Il ne faut pas uniquement lutter contre le racisme lorsqu’il est violent mais aussi lorsqu’il est subtil et insidieux. Pour leur part, les Commission pour l'égalité et les droits de l'homme en Grande Bretagne, au nom également de la Commission des droits humains de l'Irlande et la Commission des droits humains de l’Écosse se sont dites très préoccupées par la recrudescence des crimes de haine au Royaume-Uni ces dernières années. La race reste un des principaux motifs de ces crimes et les obstacles à leur signalement existent toujours, notamment par rapport au cadre législatif. Les institutions ont aussi exhorté le Gouvernement à procéder à une refonte complète de la loi afin qu’elle tienne compte de la liberté d’expression dans les communications électroniques privées.

Plusieurs organisations non gouvernementales ont pris part au débat. Le Mouvement international contre toutes les formes de discrimination a expliqué que la participation active de la société civile était la condition préalable de la tolérance. L’ONG s’est dite préoccupée par la situation des défenseurs des droits de l’homme dans de nombreux pays. L’IMADR a prié le Conseil d’inciter les États à prendre des mesures de protection des défenseurs des droits de l’homme, notamment ceux des migrants. Verein Südwind Entwicklungspolitik a fait observer que les migrants sont le groupe minoritaire le plus exposé à des atteintes à ses droits. L’ONG a souligné la nécessité de prendre des mesures immédiates dans la lutte contre la discrimination et a dénoncé le traitement des réfugiés afghans en Iran. Le Conseil international pour le soutien à des procès équitables et aux droits de l'homme a dénoncé les violences contre les défenseurs des droits de l’homme dans la région arabe et moyen-orientale, en particulier au Koweït.

L’Article 19 - Centre international contre la censure a rendu hommage à Mme Marielle Franco, défenseure des droits de l‘homme assassinée à Rio la semaine dernière. Tout doit être mis en œuvre pour faire la lumière sur cet assassinat, a exigé l’organisation. Il faut lutter toutes les restrictions au champ d’action de la société civile pour aboutir à une véritable lutte contre les discriminations. Les lois sur l’incitation à la haine sont souvent utilisées pour bâillonner les communautés qu’elles sont censées protéger, a-t-elle par ailleurs dénoncé.

Réponses et conclusions des panélistes

M. SELLO HATANG s’est dit préoccupé d’entendre que certains pays n’ont pas signé la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Ces pays doivent apporter la preuve de leur engagement contre le racisme en ratifiant cet instrument. Pour ne pas répéter les erreurs du passé, il ne faut pas travailler dans une logique de confrontation, mais dans une logique de coopération, a insisté M. Hatang. Lorsque l’on se rappelle Nelson Mandela, il faut aussi se souvenir de ses valeurs. Il ne peut y avoir de la tolérance en faveur de l’impunité, a conclu le panéliste.

M. FOO KOK JWEE a expliqué, concernant les bonnes pratiques, que le projet Bridge (pont) à Singapour visait à améliorer le dialogue et l’inclusion par l’éducation et à favoriser la compréhension entre les différentes communautés religieuses. Singapour tente de jeter des passerelles entre les communautés grâce à des processus de dialogue entre les différentes autorités religieuses. Une série de conférence, intitulées «Posez moi toutes les questions que vous voulez», améliorent la compréhension et ouvrent un dialogue franc sur des questions parfois sensibles.

Pour MME FATOU DIOME, le fait parler du combat contre le racisme sans rien faire est doublement condamnable. Elle a déploré que, dans de nombreux pays, les plaintes pour racisme sont souvent classées sans suite. Aux enfants, il faut dire « qu’être avocat ou médecin, c’est bien, mais qu’être Mandela, c’est encore plus grand et plus beau ». Il faut encourager la mixité sociale : on ne peut pas parler de tolérance en installant les immigrés dans les grandes banlieues européennes. Il faut aussi éviter de montrer toujours une image négative de l’Afrique. Mme Diome a aussi souligné l’importance de la culture pour promouvoir la tolérance.

M. NICOLÁS MARUGÁN a demandé aux États de lancer des plans d’actions concrets pour lutter contre le racisme, et d’envisager de nouvelles voies et de débloquer des budgets dans ce domaine. Les États devraient par ailleurs lutter contre la ségrégation résidentielle qui entraîne une ségrégation éducative, a insisté M. Marugán. Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale est préoccupé par le traitement que certains manuels scolaires font de l’esclavage ou de la colonisation. Le droit à la liberté d’expression ne doit pas être utilisé dans l’objectif de nuire aux droits d’autrui ni de promouvoir les discours racistes, a insisté l’expert.
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* Délégations ayant participé au débat: Union européenne; Angola (au nom de la Communauté des pays de langue portugaise); Maroc (au nom du groupe francophone); Togo (au nom du groupe des pays africains); France; Brésil; Algérie; Sierra Leone; Équateur; Inde; Cuba; Égypte; États Unis; Tunisie; Mexique; Bahreïn; Sénégal; Argentine; Afrique du Sud; Haïti; Venezuela; Iran; Irak et Émirats arabes unis; Commission des droits de l'homme de l'Australie; Mouvement international contre toutes les formes de discrimination; Article 19 - Centre international contre la censure; Commission pour l'égalité et les droits de l'homme en Grande Bretagne, (au nom également de la Commission des droits humains de l'Irlande et la Commission des droits humains de l’Écosse); Verein Sudwind Entwicklungspolitik et Conseil International de Soutien à des Procès Équitables et aux Droits de l’Homme.


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HRC18.049F