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LE COMITÉ COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION À L'ÉGARD DES FEMMES EXAMINE LE RAPPORT DES ÎLES MARSHALL

Compte rendu de séance

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné, aujourd’hui, le rapport présenté par les Îles Marshall sur les mesures qu'elles ont prises pour mettre en œuvre les dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Présentant ce rapport, Mme Molly Helkena, Ministre de la culture et de l’intérieur des Îles Marshall, a indiqué que le pays compte au total 80 écoles primaires et cinq secondaires, ainsi que 54 hôpitaux et dispensaires répartis dans 25 atolls et îles. Les Îles Marshall ont accédé à l’indépendance en 1979 au terme du mandat confié par l’ONU aux États-Unis et au cours duquel, entre 1946 et 1958, ceux-ci ont testé 67 bombes atomiques et thermonucléaires, a en outre rappelé la Ministre. Elle a souligné que cela équivalait à une explosion nucléaire quotidienne d’une puissance d’une fois et demie Hiroshima pendant douze ans; plusieurs milliers de personnes ont été exposées à des niveaux élevés de radiations dans quatre atolls, dont celui de Bikini. Ces explosions ont donc entraîné des décès, des complications de santé aiguës et le déplacement de nombreuses personnes pour une période indéfinie.

La société des Îles Marshall est matriarcale, les femmes étant traditionnellement celles qui prennent les décisions et qui possèdent la terre, a ensuite expliqué Mme Helkena, ajoutant que cela n’empêche pas ces valeurs de coexister avec des stéréotypes sur le rôle dévolu à chaque sexe. Elle a par ailleurs rappelé que les Îles Marshall dépendaient massivement de l’aide étrangère.

La Constitution des Îles Marshall reconnaît le droit à l’égalité et à la non-discrimination, y compris sur la base du sexe, a ensuite fait valoir Mme Helkena. La proposition d’adopter des mesures temporaires spéciales, sous la forme de quotas électoraux pour les femmes au Parlement, et la prise en compte de l’orientation sexuelle dans les cas de discrimination ont été rejetées par la conférence constitutionnelle qui s’est tenue en 2017, a-t-elle indiqué. La Ministre a toutefois attiré l'attention sur l'adoption de différentes lois depuis une douzaine d'années, en particulier celles portant sur la prévention de la violence domestique et sur la protection de l’enfance. La violence de genre atteint un niveau « alarmant », a-t-elle ensuite reconnu; on estime qu’une femme sur deux en est victime au cours de sa vie de la part du conjoint, a-t-elle précisé, ajoutant que cette réalité est admise socialement dans la mesure où 85% des femmes estiment justifié qu’un homme châtie une femme dans certaines circonstances, selon une étude réalisée en 2012.

La délégation des Îles Marshall était également composée d’un juriste auprès du cabinet de la Présidence de la République, ainsi que de représentants du Ministère de la santé et des services humains et du Réseau des écoles publiques. Elle a répondu aux questions qui lui étaient adressées par les membres du Comité s'agissant, notamment, du Protocole facultatif à la Convention - qui devrait recevoir l'aval du Gouvernement dans les deux mois à venir et être soumis pour ratification au Parlement cet été; de la place du droit coutumier ; des mesures temporaires spéciales ; de la violence contre les femmes ; des questions relatives à la traite de personnes et à la prostitution ; de la participation des femmes à la vie publique et politique ; des mariages blancs que sollicitent des étrangers afin d'obtenir la nationalité marshallaise, sésame pour une entrée aux Etats-Unis ; de la prévention du cancer et du VIH/sida ; ou encore du fonds d’indemnisation des victimes des essais nucléaires.

Lors du dialogue qui s'est noué entre la délégation et les membres du Comité, une experte s'est dite préoccupée par les énormes défis que représentent l’impact du changement climatique, d'une part, et l’impact sanitaire et environnemental des essais nucléaires menés dans l'archipel entre 1946 et 1958, de l'autre. L'experte s'est par ailleurs inquiétée de la prééminence du droit coutumier sur la Constitution du pays et sur la Convention et a rappelé que le maintien du droit coutumier ne devait pas se faire en tolérant des pratiques discriminatoires. L’accès des femmes à la justice se heurte à un certain nombre d'obstacles, a-t-elle en outre fait observer.

Une autre experte a déploré l’absence de mesures temporaires spéciales sous forme de quotas pour accélérer l’égalité entre hommes et femmes. La participation des femmes à la vie publique et politique aux Îles Marshall est en hausse, s'est toutefois réjouie une experte.

Une experte a quant à elle jugé indispensable de mieux appliquer les lois relatives à la lutte contre la violence faite aux femmes et aux réparations (en faveur des victimes). Il faut que le pays remédie à l’absence de foyers et de de refuges pour les femmes battues, a-t-elle ajouté. Elle s'est d'autre part inquiétée d'une forte prévalence des relations incestueuses, un mineur sur cinq ayant déclaré avoir eu des relations sexuelles avec un proche. Une autre experte a souligné que les Îles Marshall sont un pays d’origine et de destination de la traite de personnes.

On estime à 23% la proportion d'enfants de l'archipel qui ne fréquentent pas l’école, a par ailleurs relevé une experte.


Le Comité adoptera ultérieurement, lors de séances à huis clos, ses observations finales sur le rapport des Îles Marshall, qu’il rendra publiques à l’issue de la session. Le Comité doit clore les travaux de cette session vendredi prochain, 9 mars, date de la prochaine séance publique.


Présentation du rapport des Îles Marshall

Le Comité est saisi du rapport initial des Îles Marshall (CEDAW/C/MHL/1-3), ainsi que des réponses du pays (CEDAW/C/MHL/Q/1-3) à la liste de points à traiter (CEDAW/C/MHL/Q/1-3/Add.1) que le Comité lui avait préalablement adressée.

Présentant ce rapport, MME MOLLY HELKENA, Ministre de la culture et de l’intérieur des Îles Marshall, a rappelé que l'archipel est composé d’îles et d’atolls couvrant une zone économique exclusive de deux millions de kilomètres carrés; sa population est de 60 000 habitants dont les deux tiers vivent dans les centres urbains des atolls de Majuro et de Kwajalein, les 20 000 autres étant dispersés dans le reste de l’archipel. Le pays compte au total 80 écoles primaires et cinq secondaires, ainsi que 54 hôpitaux et dispensaires répartis dans 25 atolls et îles, a-t-elle précisé. Les Îles Marshall ont accédé à l’indépendance en 1979 au terme du mandat confié par l’ONU aux États-Unis et au cours duquel, entre 1946 et 1958, ceux-ci ont testé 67 bombes atomiques et thermonucléaires, a en outre rappelé la Ministre. Elle a souligné que cela équivalait à une explosion nucléaire quotidienne d’une puissance d’une fois et demie Hiroshima pendant douze ans. Plusieurs milliers de personnes ont été exposées à des niveaux élevés de radiations dans quatre atolls, dont celui de Bikini. Ces explosions ont donc entraîné des décès, des complications de santé aiguës et le déplacement de nombreuses personnes pour une période indéfinie. La journée du 1er mars, qui a été commémorée hier, est celle du « souvenir des victimes du nucléaire », occasion solennelle et en aucun cas festive de se souvenir des sacrifices faits par les victimes du programme d’essais nucléaires, a insisté la Ministre.

La société des Îles Marshall est matriarcale, les femmes étant traditionnellement celles qui prennent les décisions et qui possèdent la terre, a ensuite expliqué Mme Helkena. Cela n’empêche pas ces valeurs de coexister avec des stéréotypes sur le rôle dévolu à chaque sexe, les hommes étant censés avoir la charge des affaires publiques et nourrir la famille. Les gens sont généralement convaincus que la place de la femme est au foyer pour s’occuper des enfants et de leur santé.

Mme Helkena a par ailleurs rappelé que les Îles Marshall dépendaient massivement de l’aide étrangère, dans le cadre du Pacte d’association libre avec les États-Unis conclu en 1986, qui permet de financer l’éducation, la santé et les infrastructures. L’économie repose sur la pêche et l’exploitation du coprah, ainsi que sur les revenus tirés des redevances de la base américaine de Kwajalein. La migration sans restriction vers les États-Unis (des citoyens marshallais en quête de meilleures opportunités dans ce dernier pays) entraîne un fort taux de renouvellement des fonctionnaires gouvernementaux dans l'archipel, a en outre fait observer la Ministre.

Le changement climatique affecte gravement les droits fondamentaux de la population, les atolls étant menacés par la montée de l’océan, a d'autre part rappelé la Ministre. En outre, la sécheresse de 2015-2016 a eu des conséquences économiques catastrophiques, a-t-elle ajouté.

La Constitution des Îles Marshall reconnaît le droit à l’égalité et à la non-discrimination, y compris sur la base du sexe, a ensuite fait valoir Mme Helkena. La proposition d’adopter des mesures temporaires spéciales, sous la forme de quotas électoraux pour les femmes au Parlement, et la prise en compte de l’orientation sexuelle dans les cas de discrimination ont été rejetées par la conférence constitutionnelle qui s’est tenue en 2017, a-t-elle indiqué. La Ministre a toutefois attiré l'attention sur différentes lois adoptées depuis la ratification de la Convention en 2006, en particulier celles portant sur la prévention de la violence domestique, sur la protection de l’enfance et sur la création d’un Comité des droits de l’homme dont le rôle est d’élaborer des politiques et des législations dans ce domaine. La Convention n°182 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les pires formes de travail des enfants se trouve actuellement à l'examen du Parlement, tandis que les protocoles facultatifs se rapportant à plusieurs traités internationaux - et notamment à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes - devraient recevoir l’aval du Gouvernement dans les deux mois à venir. Le Ministère de la culture et de l’intérieur dispose par ailleurs d’un bureau du genre et du développement, a ajouté la Ministre.

Les filles ont un accès égal à l’éducation et les adolescentes qui tombent enceintes peuvent poursuivre leur scolarité, tant que cela est possible, dans le système public - les écoles privées n’étant pas contraintes à l'accepter -, a par ailleurs indiqué la Ministre, avant de reconnaître que les grossesses précoces étaient courantes et que les autorités ont donc lancé un programme de prévention afin d'y remédier.

La violence de genre atteint un niveau « alarmant », a d'autre part reconnu Mme Helkena; on estime qu’une femme sur deux en est victime au cours de sa vie de la part du conjoint, a-t-elle précisé. Cette réalité est admise socialement dans la mesure où 85% des femmes estiment justifié qu’un homme châtie une femme dans certaines circonstances, selon une étude réalisée en 2012, a-t-elle ajouté.

Pour ce qui est de l’emploi, les femmes sont de plus en plus nombreuses à avoir un travail rémunéré, a enfin indiqué la Ministre.

Examen du rapport

Questions et observations des membres du Comité

Une experte a fait part de la préoccupation du Comité face aux énormes défis représentés par l’impact du changement climatique, ainsi que par l’impact sanitaire et environnemental des essais nucléaires menés dans l'archipel entre 1946 et 1958. Elle a ensuite souhaité savoir quand les Îles Marshall prévoyaient de ratifier le Protocole facultatif se rapportant à la Convention. Elle s'est également enquise du calendrier prévu pour l’adoption d’une loi globale contre les discriminations; cela est apparemment prévu lors d’une future conférence constitutionnelle, a-t-elle précisé, avant d'en demander la date. L'experte s'est par ailleurs inquiétée de la prééminence du droit coutumier sur la Constitution du pays et sur la Convention. Existe-t-il des possibilités de recours juridique face aux décisions des tribunaux traditionnels, a-t-elle demandé, avant de souligner que le maintien du droit coutumier ne devait pas se faire en tolérant des pratiques discriminatoires? Elle a d'autre part demandé à quelle échéance les Îles Marshall prévoyaient de créer une commission des droits de l’homme digne de ce nom et un poste de médiateur, alors qu’a été prévue par une loi de 2015 la création d'un comité des droits de l’homme dont elle s'est enquise des prérogatives, du budget et des décisions ?

L’accès des femmes à la justice se heurte à un certain nombre d'obstacles de fait parmi lesquels une absence de connaissance des femmes au sujet de la Convention et de leurs droits, l’éloignement des tribunaux, ou encore des frais de procédure, a poursuivi la même experte. Le système de tribunaux mobiles existant suffit-il à répondre aux besoins et les juges sont-ils sensibilisés aux questions de genre, a-t-elle demandé?

Une autre experte a constaté que malgré l’engagement pris par les Îles Marshall en faveur des Objectifs de développement durable, l'archipel n’a pas pris d’initiative en faveur de l’émancipation féminine dans le cadre de l’objectif numéro cinq (relatif à l'égalité entre les sexes). Elle s’est en outre dite déconcertée par le fait que deux pour cent seulement du budget national soient consacrés à l’émancipation des femmes. Tout en se félicitant de la décision des Îles Marshall de créer des points focaux sur l’égalité dans chaque ministère, elle a noté qu’ils n’avaient pas encore été mis en place. Elle a ensuite demandé si des actions de formation (à la Convention) étaient prévues en faveur des magistrats.

Une autre experte a déploré l’absence de mesures temporaires spéciales sous forme de quotas pour accélérer l’égalité entre hommes et femmes. Il s’agit pourtant d’une bonne manière, temporaire, de parvenir à l’égalité, notamment - mais pas seulement - au Parlement. Les mesures temporaires spéciales constituent un encouragement pour les femmes, a-t-elle insisté, expliquant que les médias, mais aussi les hommes, pouvaient jouer un rôle pour inciter au changement de mentalités dans une société traditionnelle comme celle des Îles Marshall.

Une experte a souhaité savoir si des actions étaient menées, notamment dans les écoles, pour combattre les stéréotypes sexistes. Elle a en outre jugé indispensable de mieux appliquer les lois relatives à la lutte contre la violence faite aux femmes et aux réparations (en faveur des victimes). Qu'en est-il des formations dispensées à la police, a-t-elle demandé? Il faut que le pays remédie à l’absence de foyers et de de refuges pour les femmes battues, a ajouté l'experte. Elle s'est d'autre part inquiétée d'une forte prévalence des relations incestueuses, un mineur sur cinq ayant déclaré avoir eu des relations sexuelles avec un proche, selon une étude.

Une experte a souligné que les Îles Marshall sont un pays d’origine et de destination de la traite de personnes et a relevé que des efforts avaient été déployés pour faire face à ce phénomène, notamment en contrôlant des bateaux de pêche susceptibles de se livrer à ce trafic. Néanmoins - et en dépit du lancement de programmes de sensibilisation avec l’assistance des États-Unis - aucune étude n’a été effectuée sur les causes profondes de la traite et, par ailleurs, aucune victime ne semble avoir bénéficié de réparations, a-t-elle observé.

La participation des femmes à la vie publique et politique aux Îles Marshall est en hausse, a fait observer une autre experte, rappelant que le chef de l’État est une femme; l'experte a toutefois demandé ce qu’il en était de la participation des femmes à des niveaux inférieurs, dans les instances locales en particulier. Il semble qu’il soit mal vu de s’engager pour une femme, a ajouté l'experte, avant de suggérer que des mesures incitatives soient prises en direction des partis politiques, par exemple. Des mesures sont-elles par ailleurs envisagées pour favoriser l’accès de femmes à des postes de décision, y compris au sein des conseils d’administration des entreprises privées? Par ailleurs, combien de chefs tribaux sont des femmes?

Une experte a attiré l'attention sur le phénomène des femmes approchées par des étrangers qui leur proposent de les épouser afin d’obtenir la nationalité de l’archipel, un passeport des Îles Marshall étant un sésame pour entrer aux États-Unis. Certains de ces hommes partent ensuite avec les enfants fruits de cette union ou, à l’inverse, abandonnent femme et enfants. L’État partie envisage-t-il de lutter contre ce phénomène des mariages blancs, a demandé l'experte, souhaitant par ailleurs en connaître l’ampleur?

Il est estimé que 23% des enfants de l'archipel ne fréquentent pas l’école, a relevé une experte, avant de demander si des sanctions étaient prises à l'encontre des parents de ces enfants. La même experte s'est ensuite enquise du taux d’abandon scolaire pour cause de grossesse chez des adolescentes, qui constitue de fait l’un des facteurs d’inégalités entre jeunes filles et jeunes garçons. L'experte a en outre souligné l’importance de promouvoir des comportements sexuels responsables, ce qui implique de prodiguer une éducation sexuelle digne de ce nom.

Dans le domaine de la santé, une série de questions ont été posées s'agissant du plan d’assistance aux victimes des essais nucléaires, ainsi que des programmes d’information prévus à destination des adolescentes et des travailleuses du sexe. Est-il prévu d’autoriser l’interruption volontaire de grossesse en cas de danger pour la santé de la mère, a-t-il été demandé? Une experte a jugé préoccupante la baisse enregistrée de l’usage des contraceptifs.

Une autre experte a estimé que les taux prohibitifs du microcrédit empêchaient les femmes d’y avoir accès.

Si l’âge minimum du mariage est fixé à 16 ans pour les personnes des deux sexes, le droit coutumier permet des exemptions et de se marier plus précocement, a fait observer une experte, estimant que les autorités devraient encourager le mariage civil. Il apparaît par ailleurs que trop souvent, les femmes divorcées ne sollicitent pas de pension alimentaire de leur ex-mari pour ne pas être confrontées à une forme d’opprobre, a-t-il été observé.

Réponses de la délégation

Le Protocole facultatif à la Convention (qui reconnaît la compétence du Comité pour recevoir des plaintes individuelles - ou communications - émanant de femmes) devrait être présenté au Parlement pour ratification cet été, a indiqué la délégation.

Quant à la création éventuelle d’un poste de médiateur, elle devrait être examinée par la prochaine conférence constitutionnelle prévue dans dix ans, a fait savoir la délégation.

La délégation a expliqué que la question de la place du droit coutumier dans l'ordre juridique interne (et donc de sa prééminence ou non sur le droit ordinaire) n’est pas tranchée. Le Conseil des chefs doit être saisi de la question, a-t-elle précisé.

La délégation a ensuite indiqué que les juges bénéficiaient d’actions de formation, mais a souligné que les autorités de l'archipel sont toutefois confrontées à la difficulté de les faire venir dans la capitale depuis les atolls isolés où certains se trouvent.

La délégation a expliqué qu’un certain nombre de coopérations avaient été nouées avec les partenaires de développement de l'archipel, notamment aux fins de l’élaboration du projet de loi sur la jeunesse ou encore dans le cadre des actions de sensibilisation menées en faveur de l’égalité entre les sexes. Le pays est confronté à un problème de ressources, notamment pour atteindre les populations dispersées dans les diffrents atolls, a rappelé la délégation.

S'agissant de la mise en oeuvre des Objectifs de développement durable, un travail de définition des priorités doit être effectué en mai prochain, a ensuite indiqué la délégation. Les points focaux sur l'égalité dont il a été décidé de la création au sein de chaque ministère doivent être mis en place d’ici-là, a-t-elle ajouté. Est également prévue la mise en place d’un dispositif permettant de recueillir des données ventilées par sexe.

Interpelée par une experte à ce sujet, la délégation a indiqué que le rejet des mesures temporaires spéciales par la conférence constitutionnelle de 2017 avait donné lieu à des débats au Parlement; il a été envisagé de proposer un texte au Parlement qui permettrait de contourner la difficulté en (ré)introduisant de telles mesures par le biais d'une loi spéciale. La délégation a reconnu qu’il n’était pas souhaitable d’attendre la prochaine conférence constitutionnelle qui ne se tiendra que dans dix ans.

Le Code pénal criminalise les rapports sexuels avec un mineur ou entre personnes d’une même famille, a ensuite souligné la délégation. Les victimes de violence peuvent contacter directement un juge qui peut décider de mesures de protection avant même l’ouverture d’une information judiciaire, a-t-elle en outre fait valoir. L’un des plus grands problèmes auxquels est confronté le pays est l’émigration massive vers les États-Unis, qui contribue à la destruction des relations intrafamiliales et à une aggravation des phénomènes de violence envers les femmes, a expliqué la délégation. Les membres du Gouvernement ne sont pas nombreux - chaque ministre porte plusieurs casquettes - et il est difficile à l’État de remédier aux changements rapides que subit la société, a-t-elle en outre fait observer. Le budget consacré à la lutte contre les violences intrafamiliales est proche de zéro, a-t-elle reconnu. Néanmoins, chaque été les enseignants sont réunis sur l’île principale afin d’être sensibilisés à ces questions. Les forces de l’ordre ont quant à elles reçu une formation minimale sur le sujet.

S'il est vrai qu'aucune étude n’a été réalisée sur les racines de la traite et de la prostitution, il ne fait pas de doute que cela sera fait dans l’avenir, a d'autre part assuré la délégation.

Davantage d'efforts doivent encore être menés afin de promouvoir la participation des femmes à la vie publique et politique, a ensuite reconnu la délégation, avant de préciser que le Parlement compte trois femmes. Un plan spécifique en la matière s’impose, a-t-elle insisté. Les femmes sont incitées à se porter candidate, y compris à l’échelon local, initiative qui se heurte toutefois au problème de leur isolement géographique, puisque le seul moyen de contact avec elles est la radio, a expliqué la délégation, avant de reconnaître que des mesures temporaires spéciales pourraient s’avérer nécessaires pour améliorer la présence féminine dans les instances décisionnaires.

La délégation a d'autre part précisé qu’en cas du décès d’un chef de tribu, son épouse lui succédait à la chefferie.

S’agissant des étrangers qui cherchent à sceller des mariages blancs avec des citoyennes de l'archipel afin d’obtenir un passeport des Îles Marshall, la délégation a indiqué que les autorités de l'archipel vérifient toujours que le couple marié réside bien dans l’archipel et ce, pour une durée minimale de cinq années (avant transmission de la nationalité marshallaise). Les autorités sont conscientes du problème posé par certaines unions de complaisance - visant en fait à obtenir un passeport marshallais facilitant l'accès aux États-Unis et envisagent d’y remédier, peut-être en augmentant la durée de séjour nécessaire dans l'archipel (avant obtention de la nationalité) - durée qui pourrait être portée à une vingtaine d’années par exemple, a précisé la délégation.

Pour ce qui est questions relatives au divorce, la délégation a indiqué que les autorités marshallaises ne disposent guère de données, ce qui s’explique en partie par le rôle que joue la famille élargie en termes de prise en charge (de tout membre de ladite famille).

S'agissant du système éducatif, il est vrai qu'un certain nombre d’enfants ne fréquentent pas l’école, a reconnu la délégation. Par ailleurs, le niveau de formation des enseignants dans les atolls éloignés est souvent limité à un diplôme secondaire, a-t-elle indiqué. Les châtiments corporels sont interdits, a-t-elle en outre souligné. Par ailleurs, il n’existe pas de stratégie face aux grossesses précoces (chez les élèves adolescentes), a ajouté la délégation, avant de préciser que la majorité des parents envoient leur fille enceinte accoucher aux États-Unis où les infrastructures de santé sont meilleures.

Des pourparlers sont en cours avec les partenaires de développement, notamment avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), pour remédier à la prévalence du rachitisme chez les enfants souffrant de malnutrition, a ensuite indiqué la délégation. D’ores et déjà, les écoliers ont droit à un repas gratuit composé uniquement de produits locaux. En outre, des activités de jardinage sont organisées dans l’enceinte scolaire, a ajouté la délégation.

Des programmes de prévention du cancer et du VIH/sida sont lancés, y compris dans les îles périphériques où des missions médicales sont dépêchées deux fois par an, du moins lorsque les conditions climatiques le permettent, ces visites n'ayant pu avoir lieu qu'une seule fois l’an dernier, a d'autre part fait valoir la délégation. Un programme spécifique concerne les quatre atolls affectés par les essais nucléaires, a-t-elle précisé.

Le fonds d’affectation spécial chargé de verser des indemnisations aux victimes des essais nucléaires a été affecté de manière négative par la crise financière de 2008 et les 150 millions de dollars dont il était doté sont désormais épuisés, a fait savoir la délégation.

Quant à l’avortement, on n’y recourt qu’en cas d’urgence médicale. Si le décès intra-utérin du fœtus est établi, l’avortement est habituellement pratiqué à l’hôpital, a indiqué la délégation.

En ce qui concerne les questions relatives au travail, la délégation a précisé que le congé maternité était d’un mois, auquel il est possible d’ajouter un congé maladie de deux mois. Les travailleuses qui doivent allaiter leurs enfants ont droit à deux pauses par jour, a ajouté la délégation.

Le salaire minimum, qui augmente une fois par an, au mois de septembre, est actuellement de trois dollars de l’heure et il est prévu de l'augmenter de 50 cents cette année, a d'autre part indiqué la délégation.

Dans le domaine économique, a poursuivi la délégation, le Gouvernement a lancé un programme d’investissements touristiques, afin d’attirer notamment les amateurs de surf; ce programme doit bénéficier aux atolls et îles éloignés dépourvus de ressources. Des subventions à l’artisanat sont aussi prévues et sont susceptibles de bénéficier en grande partie aux femmes, a-t-elle ajouté.

Remarques de conclusion

MME HELKENA s’est félicitée de cet échange avec les membres du Comité qui, a-t-elle souligné, permettra de préciser la feuille de route des Îles Marshall aux fins de l'amélioration de la situation des femmes et des jeunes filles de l’archipel.

MME MAGALYS AROCHA DOMINGUEZ, Vice-Présidente du Comité, a notamment souligné que dans ses observations finales, le Comité préciserait lesquelles de ses recommandations seraient susceptibles de faire l’objet d’un suivi immédiat. Le Comité invite donc l’État partie à porter une attention particulière à ce choix de recommandations et à fournir des informations sur leur mise en œuvre dans le délai requis.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

CEDAW/18/011F