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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT POURSUIT SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, cet après-midi, dans le cadre de son débat de haut niveau, des déclarations du Ministre des affaires étrangères du Venezuela ainsi que de dignitaires du Kazakhstan, de l’Irlande, de la Slovaquie et du Japon. Le Représentant permanent de la République populaire démocratique de Corée a également fait une déclaration.

Ainsi, le Ministre des affaires étrangères du Venezuela, M. Jorge Arreaza, s’est dit alarmé par le fait que des grandes puissances consacrent des sommes toujours plus grandes au renforcement de leurs forces nucléaires, plutôt que de travailler à la réduction de la pauvreté dans le monde, au développement social des nations et à l’aide au développement, en vue de réaliser les Objectifs de développement durable. Le Ministre a aussi observé que le dernier examen quadriennal du dispositif nucléaire publié par les États-Unis contrevenait aux obligations internationales de ce pays, en particulier s’agissant de l’octroi de garanties de sécurité aux États non dotés d’armes nucléaires.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Yerzhan Ashikbayev, a indiqué que son pays avait pris les mesures nécessaires pour signer, ces prochains jours, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Il a appelé les puissances nucléaires à faire la preuve de leur bonne volonté en éliminant leurs arsenaux nucléaires. M. Ashikbayev a informé la Conférence de l’initiative lancée par les autorités de son pays pour renforcer la coopération entre zones exemptes d’armes nucléaires, et souligné la pertinence pour la Conférence de lancer des négociations autour d’une convention internationale contre les actes de terrorisme biologique et chimique.

M. Ivan Korčok, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a notamment attiré l’attention sur la priorité accordée par son pays au lancement rapide, à la Conférence, de négociations autour d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire, en tant qu’étape vers le désarmement nucléaire. En revanche, la Slovaquie n’est pas d’avis que l’existence d’un traité interdisant les armes nucléaires pourra réellement éliminer ces armes: les progrès dans le désarmement nucléaire dépendent en effet de l’existence des conditions propices et d’un engagement concret de la part des États dotés d’armes nucléaires.

M. Ciarán Cannon, Ministre d’État au Ministère des affaires étrangères de l’Irlande, a fait valoir que son pays avait récemment joué un rôle essentiel pour intégrer la question du genre au cœur des négociations internationales sur le désarmement, que ce soit en termes de répercussions des armes conventionnelles et nucléaires sur les femmes et les filles, ou encore de la nécessité de faire une meilleure place aux femmes dans les négociations liées au désarmement. Le Ministre s’est félicité que le nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires intègre cette perspective.

Le Vice-Ministre parlementaire aux affaires étrangères du Japon, M. Manabu Horii, a mis en garde la communauté internationale contre « l’offensive de charme » de la République populaire démocratique de Corée. Le Ministre a recommandé à la communauté internationale d’exercer une pression maximale sur le gouvernement de ce pays en vue de réaliser l’objectif de la dénucléarisation de la péninsule de Corée.

Enfin, le Représentant permanent de la République populaire démocratique de Corée a souligné les efforts sincères déployés par le pays pour renouer le dialogue intercoréen et condamné les « manœuvres dangereuses des États-Unis » pour faire dérailler ce processus, y compris le déploiement d’armes nucléaires dans la région et l’organisation de manœuvres militaires. Les forces nucléaires de la République populaire démocratique de Corée peuvent cependant contrer toute menace venant des États-Unis, a assuré le représentant.

En fin de séance, plusieurs délégations sont intervenues au sujet de déclarations faites aujourd’hui dans le cadre du débat de haut niveau: États-Unis, Égypte, Royaume-Uni, République populaire démocratique de Corée, Japon et République de Corée.


La Conférence du désarmement doit conclure demain son débat de haut niveau, à l’occasion d’une séance qui débutera vers 10h30.


Déclarations au titre du débat de haut niveau

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a indiqué que son pays considérait que la Conférence du désarmement restait l’instance unique pour les négociations internationales sur le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes. Le Kazakhstan se féliciterait d’une ouverture de la Conférence à d’autres membres, a dit le Vice-Ministre, estimant aussi que l’instance devrait élaborer des réponses adaptées aux nouvelles menaces. Des quatre grandes questions à l’ordre du jour de la Conférence, a ajouté le ministre, la question du désarmement nucléaire est le plus important aux yeux du Kazakhstan. Le Vice-Ministre a dit la conviction de son pays que les armes nucléaires ne constituent pas une vraie garantie de sécurité: c’est pourquoi le Kazakhstan a proposé une initiative visant à débarrasser le monde des armes nucléaires d’ici à 2045.

Entre-temps, le Kazakhstan a pris les mesures nécessaires pour signer ces prochains jours le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. En outre, le Kazakhstan est convaincu que les puissances nucléaires ne devraient pas être exclues du processus de désarmement : aussi M. Ashikbayev les a-t-il appelées à faire la preuve de leur bonne volonté en éliminant leurs arsenaux nucléaires. Le vice-ministre a ensuite informé la Conférence de l’initiative lancée par les autorités de son pays pour renforcer la coopération entre zones exemptes d’armes nucléaires, notamment l’organisation de réunions régulières à Astana. La création de telles zones est une des manières les plus efficaces de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive, a souligné le vice-ministre. Enfin, M. Ashikbayev a souligné la pertinence pour la Conférence de lancer des négociations autour d’une convention internationale contre les actes de terrorisme biologique et chimique, compte tenu du problème de la mondialisation du terrorisme et du risque des armes de destruction massive ne tombent entre les mains d’acteurs non étatiques.

M. IVAN KORČOK, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a prié les États Membres de la Conférence de prêter attention à l’appel lancé hier par le Secrétaire général des Nations Unies afin qu’ils remettent la Conférence sur les rails. Ce message est d’autant plus pertinent que la sécurité mondiale ne cesse de se dégrader, a constaté le Secrétaire d’État, citant les violations incessantes du droit international comme les essais nucléaires, le recours à des armes chimiques, le renforcement constant des arsenaux et la menace du terrorisme. M. Korčok a fermement condamné les essais nucléaires réalisés par la République populaire démocratique de Corée, estimant qu’ils constituaient une menace grave pour la paix et la sécurité internationales.

Revenant à la relance des travaux de la Conférence, M. Korčok a souligné qu’une volonté politique forte devrait être mobilisée à cette fin. La Slovaquie a pour priorité, dans ce contexte, le lancement rapide de négociations autour d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire, en tant qu’étape vers le désarmement nucléaire. En revanche, la Slovaquie n’est pas d’avis que l’existence d’un traité interdisant les armes nucléaires pourra réellement éliminer ces armes: elle estime en effet que les progrès dans le désarmement nucléaire dépendaient de l’existence des conditions propices et d’un engagement concret de la part des États dotés d’armes nucléaires.

M. CIARÁN CANNON, Ministre d’État en charge de la diaspora et du développement international au Ministère des affaires étrangères de l’Irlande, a estimé que les États membres avaient la responsabilité de faire preuve de flexibilité et de volonté politique pour laisser de côté les seuls intérêts nationaux et réaliser de véritables progrès pour sortir de l’impasse sur le désarmement, surtout face aux défis sans précédent posés à la sécurité mondiale. Il s’est félicité de la décision sur les modalités de travail adoptée par la Conférence la semaine dernière, le considérant comme un pas positif vers la revitalisation de ses travaux.

Pour sa part, l’Irlande travaille également à la sélection de questions horizontales qui interagissent avec celles du désarmement, comme l’impact des armes de destruction massive sur l’environnement, l’héritage culturel et le développement durable. Elle a récemment joué un rôle essentiel pour intégrer la question du genre et du désarmement au cœur des négociations internationales, que ce soit en termes de répercussions des armes conventionnelles et nucléaires sur les femmes ou de la nécessité de faire une meilleure place aux femmes dans toutes les discussions et négociations liées au désarmement. Le ministre s’est d’ailleurs félicité que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires récemment adopté intègre cette perspective. Pour l’Irlande, l’interdiction des armes nucléaires est un impératif logique et moral; le meilleur moyen de protéger le traité est de l’appliquer. Au niveau national, les préparatifs pour sa ratification sont en cours. Le Ministre d’État irlandais a par ailleurs déploré la recherche agressive de développement d’armes nucléaires et les tests balistiques de la République populaire démocratique de Corée ainsi que l’absence de progrès pour établir une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.

M. MANABU HORII, Vice-Ministre parlementaire aux affaires étrangères du Japon, a mis en garde la communauté internationale contre « l’offensive de charme » de la République populaire démocratique de Corée. Le Ministre a recommandé à la communauté internationale d’exercer une pression maximale sur le gouvernement de ce pays en vue de réaliser l’objectif de la dénucléarisation de la péninsule de Corée, étant donné que Pyongyang a procédé à trois essais nucléaires en deux ans et a lancé pas moins de quarante missiles balistiques. Observant que les conséquences humanitaires catastrophiques de l’utilisation des armes nucléaires étaient désormais bien comprises, le vice-ministre a rendu hommage aux efforts des survivants des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki pour en faire connaître la réalité.

Pour avancer sur le chemin d’un monde libéré des armes nucléaires, a poursuivi le vice-ministre japonais, il faut œuvrer pour le désarmement nucléaire avec la participation des États dotés et non dotés d’armes nucléaires et en tenant compte de menaces réelles pour la sécurité. Le Japon appelle à l’entrée en vigueur le plus rapidement possible du traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et à l’imposition, entre-temps, d’un moratoire sur de nouveaux essais. M. Horii a déclaré en outre que le régime instauré par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) contribuait à l’environnement international de climat de sécurité. Le vice-ministre a demandé aux États dotés d’armes nucléaires de remplir leurs obligations au titre de l’article 6 du Traité, tout en coopération à la non-prolifération. D’autre part, compte tenu du fait que le programme nucléaire et balistique de la République populaire démocratique de Corée menace le régime instauré par le TNP, le Japon estime impératif que la communauté internationale fasse très clairement comprendre qu’elle n’acceptera pas une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire.

M. JORGE ARREAZA MONSERRAT, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a assuré que son pays, pour lequel la paix est l’aspiration suprême de l’humanité, avait une vocation pacifiste et œuvrait pour un monde plus sûr. Pour ce faire, le Venezuela plaide pour un désarmement général, complet et non discriminatoire, basé sur un contrôle international strict et sur des garanties pour la paix et la sécurité internationales. Le ministre a demandé à la Conférence d’assumer ses responsabilités dans ce domaine en se dotant d’un programme de travail accompagné d’un mandat de négociation.

Le Venezuela est alarmé par le fait que des grandes puissances consacrent des sommes toujours plus grandes au renforcement de leurs forces nucléaires, plutôt que de travailler à la réduction de la pauvreté dans le monde, au développement social des pays et à l’aide au développement, en vue de réaliser les Objectifs de développement durable. Le Venezuela est particulièrement préoccupé par l’annonce d’une puissance militaire qu’elle allait dépenser plus de 700 milliards de dollars à des fins militaires pour la seule année 2018, a dit M. Arreaza. Le Ministre a aussi observé que le document intitulé « Nuclear Posture Review » (Examen du dispositif nucléaire) publié par les États-Unis contrevenait aux obligations internationales de ce pays, en particulier s’agissant de l’octroi de garanties de sécurité aux États non dotés d’armes nucléaires. Le ministre a aussi condamné les menaces que font planer les États-Unis sur son pays, y compris des mesures coercitives unilatérales et criminelles ainsi que le risque d’une invasion militaire.

Enfin, a insisté M. Arreaza, il incombe à tous les États de préserver l’humanité de la menace très grave que constituent les armes nucléaires. Le Venezuela juge également déplorable la place accordée aux armes nucléaires dans les doctrines de défense stratégique et dans les politiques de sécurité. C’est pourquoi le Venezuela a signé, en septembre dernier, le Traité d’interdiction des armes nucléaires, premier instrument international à consacrer le caractère illicite de cette catégorie d’armes, s’est félicité M. Arreaza.

M. HAN TAE-SONG, Représentant permanent de la République populaire démocratique de Corée auprès de la Conférence du désarmement, a déclaré que que la Conférence, en tant que seule instance multilatérale de négociation sur le désarmement, devait relever les nouvelles menaces dans le domaine de la sécurité. La reprise de ses travaux de fond est vitale dans ce contexte, a observé M. Han qui a salué la création d’organes subsidiaires, auxquels la République populaire démocratique de Corée contribuera de façon constructive.

M. Han a jugé, d’autre part, que les déclarations faites au sujet de son pays par le Japon et la République de Corée reflétaient des prises de position stéréotypées, contredites par les évolutions constatées récemment. Le Représentant permanent a souligné que son pays avait été obligé de se doter d’une capacité de dissuasion nucléaire face à l’hostilité des États-Unis, plus grande puissance nucléaire au monde. Il a déploré que les États-Unis aient manipulé la formulation des résolutions adoptées contre son pays par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Le Représentant permanent a fait valoir les efforts sincères de son pays pour renouer le dialogue intercoréen. Il a condamné les manœuvres dangereuses des États-Unis pour faire dérailler ce processus, y compris le déploiement d’armes nucléaires dans la région et l’organisation de manœuvres militaires. Les forces nucléaires de la République populaire démocratique de Corée peuvent cependant contrer toute menace venant des États-Unis, a souligné M. Han. Son pays réagira à toute provocation, a-t-il ajouté. Quant à la République de Corée, elle devrait agir avec pondération, plutôt que de faire monter la tension.

Autres interventions

Les États-Unis, réagissant à des observations faites aujourd’hui dans le cadre du débat de haut niveau, ont estimé qu’il revenait aux pays concernés d’organiser entre eux une conférence sur une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen Orient, s’ils le désirent. Les États-Unis soutiennent l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Cependant, ils ne peuvent pas imposer à un pays tiers d’y adhérer ou non. Seul le dialogue permettra aux pays arabes de convoquer une conférence sur l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a observé la délégation des États-Unis.

Le Royaume-Uni a déclaré qu’il s’était opposé au consensus sur la convocation de la conférence étant donné la mention qui y était faite à des obligations ne faisant pas le consensus.

Les États-Unis ont relevé que la République populaire démocratique de Corée avait annulé la rencontre prévue avec le Vice-Président des États-Unis présent aux Jeux olympiques. La République populaire démocratique de Corée doit cesser ses provocations, ont demandé les États-Unis, qui ont recommandé à Pyongyang de sortir de son isolement pour se rapprocher de la communauté internationale.

Les États-Unis ont par ailleurs jugé absurdes les accusations lancées par le Ministre des affaires étrangères du Venezuela.
L’Égypte a rappelé qu’elle soutenait depuis longtemps le projet de résolution de l’Assemblée générale sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient. Les efforts faits pour convoquer en 2012 une conférence visant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires ont échoué suite à l’opposition de trois États, a regretté l’Égypte. Elle a plaidé pour l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

La République de Corée a déclaré que le programme nucléaire et balistique de la République populaire démocratique de Corée constituait une grave menace pour la sécurité régionale et internationale. La République de Corée refuse que la République populaire démocratique de Corée devienne une puissance nucléaire. Elle poursuivra ses efforts en vue d’un règlement pacifique de la situation dans la péninsule de Corée.

Le Japon a, lui aussi, dit son opposition aux programmes nucléaire et balistique nord-coréens. Il a jugé impérative la reprise de négociations en vue de la dénucléarisation de la péninsule de Corée.

La République populaire démocratique de Corée a rejeté les accusations portées par les États-Unis. Ce pays doit cesser toutes les provocations qui entraînent une escalade de la tension, cesser les manœuvres militaires conjointes, s’abstenir d’intervenir dans la politique intérieure de la République populaire démocratique de Corée et renoncer à la mise au point de nouvelles armes nucléaires contraires aux aspirations de la communauté internationale en matière de désarmement nucléaire.


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