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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTAME SON DÉBAT ANNUEL DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance
Elle entend le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, la Ministre néerlandaise des affaires étrangères et le Secrétaire exécutif de l'OTICE

La Conférence du désarmement a entamé ce matin son débat annuel de haut niveau en entendant les déclarations de Mme Sigrid Kaag, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, ainsi que de M. Miroslav Lajčák, Président de l'Assemblée générale, et de M. Lassina Zerbo, Secrétaire exécutif de l'Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (OTICE).

Le Président de l’Assemblée générale a demandé à la Conférence du désarmement de ne pas oublier, dans ses délibérations, que le désarmement entretenait des liens très étroits avec les autres domaines d’action des Nations Unies, comme le développement durable. Ainsi, « nous dépensons davantage pour nous armer que pour développer nos sociétés, ce qui nous empêche de réaliser les Objectifs de développement durable. » Jusqu’ici, les résultats dans les travaux de la Conférence ne sont guère prometteurs, mais la Conférence reste l’organe le plus important dans le monde pour la coopération en vue du désarmement, et bénéficie, pour ce faire, de la légitimité de la communauté internationale. C’est pourquoi il faut surmonter les difficultés actuelles de la Conférence et rendre vie à cette instance, a conclu M. Lajčák.

La Ministre néerlandaise des affaires étrangères a insisté sur le fait que la Conférence pouvait redevenir « l’unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement » et a observé qu’il était toujours possible d’agir, même dans les circonstances les plus difficiles. Mais les instruments de vérification ne fonctionnent que si les pays assument leur propre responsabilité politique, a insisté la Ministre, soulignant que les normes n’ont de valeur que si elles sont appliquées. Elle a souligné l’importance de la confiance, mais aussi des mesures de vérification.

Le Secrétaire exécutif de l'Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a souligné, pour sa part, que mettre fin aux essais nucléaires dans le monde était essentiel pour la prévention de la prolifération des armes nucléaires. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est la seule mesure efficace de désarmement nucléaire à la disposition de la communauté internationale, de par sa ratification quasi-universelle et la force de son régime de vérification. M. Zerbo a demandé aux États de respecter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et de veiller à l’entrée en vigueur du traité d’interdiction complète des essais nucléaires.


La Conférence poursuit cet après-midi son débat de haut niveau. Elle doit entendre plusieurs dignitaires, dont le Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, et le Ministre des affaires étrangères de la Suisse, pays hôte.


Déclarations au titre du débat de haut niveau

MME SIGRID KAAG, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a déploré que 40 ans après la création de la Conférence du désarmement, le spectre de la prolifération continuait de hanter la communauté internationale. Il y a rarement eu, a-t-elle estimé, un tel besoin de renforcer les piliers fondamentaux de la sécurité mondiale. Elle a souligné le rôle important de la prévisibilité et de de la vérification et estimé que la coopération internationale était la seule voie possible. Tous les pays – et par conséquent tous les États membres de la Conférence – ont une grande responsabilité à cet égard.

Il est possible d’agir même dans les circonstances les plus difficiles, a affirmé Mme Kaag. Alors qu’elle dirigeait la mission conjointe des Nations Unies et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en Syrie, elle a constaté qu’il avait été possible, en plein conflit, de détruire l’intégralité des armes chimique déclarées par la Syrie, soit 13 mille tonnes d’armes. Pourtant, cela n’est pas suffisant, mais ce n’est aucunement la faute de la Convention. Les instruments de vérification ne fonctionnent que si les pays assument leur propre responsabilité politique, a insisté la Ministre, rappelant que les normes n’ont de valeur que si elles sont appliquées.

Les Pays-Bas plaident pour davantage d’accords multilatéraux sur le désarmement et la non-prolifération, a dit Mme Kaag, qui s’est dite en faveur d’un nouveau départ en vue d’obtenir des résultats d’ici à la Conférence d’examen de 2020.

La Conférence du désarmement a permis la ratification de traités importants, notamment le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la Convention sur les armes chimiques et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a souligné la Ministre, qui a insisté sur le fait que la Conférence pouvait redevenir ce qui avait toujours été sa ’elle « l’unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement ». Elle a souhaité que la communauté internationale saisisse aujourd’hui cette opportunité. Elle a souligné l’importance de la confiance, mais aussi des mesures de vérification.

M. LASSINA ZERBO, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, s’est félicité de la décision prise par la Conférence le 16 février dernier (création de cinq organes subsidiaires chargés de parvenir à un accord sur les points de convergence), qui montre que des mesures concrètes sont en train d’être prises pour faire avancer les travaux de fond de la Conférence. Les progrès dans les travaux de fond ont pris une importance primordiale depuis la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015 et seront sans aucun doute appelés à jouer un rôle très important dans le cadre de la prochaine Conférence d’examen, en 2020.

M. Zerbo a rappelé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, dernier traité négocié par la Conférence, a été ouvert à la signature voici plus de vingt ans. Depuis cette date, un régime de vérification solide a été mis en place, générant des données 24 heures sur 24, sept jours sur sept, afin de donner aux 166 États Membres des informations vérifiables dans les minutes qui suivent un incident suspect, s’est félicité le Dr. Zerbo. Mettre fin aux essais nucléaires dans le monde est essentiel pour la prévention de la prolifération des armes nucléaires, à la fois verticale et horizontale, a poursuivi le Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Le Traité est, de fait, la seule mesure efficace de désarmement nucléaire à la disposition de la communauté internationale, de par sa ratification quasi-universelle – tous les pays à une seule exception près ayant renoncé aux essais nucléaires – et son régime de vérification.

M. Zerbo a souligné également que la confiance serait un élément clé de la réussite de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020. La communauté internationale doit veiller à préserver l’intégrité des institutions et des instruments dont elle dispose, a poursuivi le Secrétaire, appelant les États à maintenir le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et les responsabilités qui en découlent – au nombre desquelles figure l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Les partisans du Traité doivent saisir toutes les occasions qui se présentent, a recommandé le Secrétaire, soulignant que l’impensable peut rapidement se muer en « nouvelle norme ». La situation dans la péninsule de Corée en est un bon exemple : l’esprit des Jeux olympiques pourrait ouvrir de nouvelles voies de dialogue entre les deux Corées. Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires pourrait servir d’outil à un tel dialogue : un moratoire unilatéral en prélude à la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires serait un bon départ, a suggéré le Dr. Zerbo.

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, après avoir souligné que la demande de désarmement n’avait jamais été aussi forte, a insisté sur le fait que la communauté internationale avait besoin de la Conférence. Les gens ont besoin de la Conférence parce qu’ils sont blessés et tués non pas sur les champs de bataille, mais dans leurs villes, sur leurs marchés, dans des conflits prolongés alimentés par des flux d’armes illicites. »

La Conférence, faute de produire des cadres et politiques mondiaux et de prendre des décisions, risque d’être marginalisée, a mis en garde le Président de l’Assemblée générale. Car d’autres forums ont déjà pris des initiatives, comme en témoignent l’adoption de la Convention sur les mines et plus récemment la Convention sur l’interdiction des armes nucléaires. M. Lajčák a rappelé que la Première Commission de l’Assemblée générale avait, cette année, pendant ses débats, lancé de vifs appels à la relance des travaux de la Conférence. Il faut se féliciter, dans ce cadre, de la décision de la Conférence de se doter d’organes subsidiaires.

Plus généralement, a observé le Président de l’Assemblée générale, les membres de la Conférence doivent discuter, directement et concrètement, du désarmement et du contrôle des armes. Ce faisant, ils ne doivent pas oublier que le désarmement entretient des liens très étroits avec les autres domaines d’action des Nations Unies, comme le développement durable. En 2016, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1690 milliards de dollars : « Autrement dit », a observé M. Lajčák, « nous dépensons davantage pour nous armer que pour développer nos sociétés, ce qui nous empêche de réaliser les Objectifs de développement durable. » De même, le commerce illicite d’armes et de munitions sape les efforts de développement.

D’autre part, le désarmement, élément essentiel de la paix, ne peut être réduit au fait de supprimer des armes ou de démanteler des arsenaux, a poursuivi M. Lajčák. Le désarmement doit plutôt être vu et utilisé comme une mesure de confiance, pour réunir les parties à la table de négociation. Le désarmement peut servir à apaiser les tensions. Il doit par conséquent constituer un pièce maîtresse des efforts de prévention.

Le Président de l’Assemblée générale a demandé aux États Membres de ne pas ignorer la relation entre le désarmement et les droits de l’homme, un aspect dont les débats à la Conférence ne rendent pas toujours compte mais qui, malheureusement, semble évident sur le terrain.

Enfin, M. Lajčák a indiqué que l’Assemblée générale suivait de très près le déroulement des travaux à la Conférence. Jusqu’ici, a-t-il observé, les résultats ne sont guère prometteurs. Il reste que la Conférence est l’organe le plus important dans le monde pour la coopération en vue du désarmement, et bénéficie, pour ce faire, de la légitimité de la communauté internationale. C’est pourquoi il ne faut pas renoncer à la Conférence, a conclu M. Lajčák, mais dépasser ses difficultés actuelles et rendre vie à cette instance.


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DC18.013F