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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ACHÈVE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance
Le débat porte notamment sur les armes chimiques, les doctrines nucléaires, la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient et les travaux futurs de la Conférence

La Conférence du désarmement a conclu, ce matin, son débat annuel de haut niveau entamé lundi 26 février, en entendant notamment le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov. Ont également pris la parole le Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Roumanie et des Vice-Ministres aux affaires étrangères de la Turquie, de l’Iran et de l’Afrique du Sud, ainsi que le Représentant permanent de la Syrie.

M. Lavrov s’est dit préoccupé par le changement de position des États-Unis dans le contexte de la mise à jour de son « examen du dispositif nucléaire » (Nuclear Posture Review), qui renforce le rôle des armes nucléaires. Il a aussi souligné que le désarmement était entravé par le maintien d'armes nucléaires non stratégiques des États-Unis en Europe, et par le fait que l’armée américaine entraîne les forces armées des pays européens à l’emploi d’armes nucléaires tactiques contre la Russie. Il a demandé aux pays européens de refuser le déploiement sur leur territoire des armes nucléaires. Le Ministre russe des affaires étrangères a ensuite évoqué le désarmement chimique, soulignant que la Russie avait totalement éliminé ses stocks d’armes chimiques. M. Lavrov a regretté que les États-Unis et leurs alliés utilisent des allégations sans fondement d’utilisation de produits toxiques par la Syrie comme « outil d’ingénierie géopolitique antisyrienne ». M. Lavrov a par ailleurs jugé totalement inacceptable les initiatives non inclusives telles qu'une réunion informelle «antisyrienne» organisée récemment sous l'égide de la France. De telles initiatives visent à créer des prétextes pour un changement de régime en Syrie.

Dans une intervention centrée sur la relance des travaux de la Conférence, M. George Ciamba, Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Roumanie, a notamment recommandé qu’elle se concentre sur des méthodes pratiques, rassemblant les États dotés et non dotés d’armes nucléaires, pour élaborer des approches consensuelles s'agissant de la manière de parer aux menaces que représe4ntent les armes nucléaires.

M. Louis Landers, Vice-Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, a regretté pour sa part que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui est au cœur du désarmement et du régime de non-prolifération nucléaires, soit remis en cause par le fait que tous ses membres ne respectent pas leurs engagements. M. Ahmet Yıldız, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a notamment rappelé que le Plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 2010 prévoyait de convoquer une conférence internationale en vue de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient – un engagement qui ne saurait être négligé. M. Gholam Hossein Dehghani, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Iran, a regretté qu’Israël, seul État non-membre du TNP au Moyen Orient, bloque tous les efforts pour atteindre l’objectif de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région. Le Vice-Ministre a aussi estimé que l’attitude des États-Unis s’agissant de l’Accord global conjoint conclu à Vienne en 2015 – notamment ses menaces de retrait de l’Accord – démontrait que les États-Unis ne sont pas un partenaire fiable dans un accord multilatéral ou bilatéral.

Le Représentant permanent de la Syrie à la Conférence du désarmement s’est dit très préoccupé par les menaces que pourraient faire peser des groupes terroristes disposant d’armes chimiques et a condamné l’utilisation d’armes chimiques ou toxiques par quiconque et où que ce soit. Il a assuré que le Gouvernement syrien avait détruit toutes les armes chimiques dont il disposait.

En fin de séance, des déclarations ont été faites par les représentants des États-Unis, de la France, de la Syrie, de la République populaire démocratique de Corée, d'Israël, de l'Iran, de l'Égypte et de la Fédération de Russie. Les États-Unis ont notamment jugé que la Fédération de Russie était « du mauvais côté de l’histoire » s’agissant de l’utilisation des armes chimiques et qu’elle devrait soutenir les efforts des pays qui exigent que ceux qui utilisent ces armes en rendent compte. La France a notamment précisé que le nouveau partenariat international contre l'impunité d'utilisation d'armes chimiques, lancé à son initiative en janvier dernier, avait pour but notamment de lutter contre la banalisation de l’emploi d’armes chimiques.


La Présidente de la Conférence du désarmement, l’Ambassadrice de Suède Mme Veronika Bard, a indiqué que la prochaine séance plénière publique de la Conférence se tiendrait demain à 15 heures.


Déclarations au titre du débat de haut niveau

M. AHMET YILDIZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a observé que de nombreuses interventions faites dans le cadre du débat de haut-niveau avaient souligné l’importance de la Conférence, instance unique parmi les forums internationaux, et de son mandat de négociation d’instruments juridiquement contraignants en matière de désarmement. Les dignitaires qui ont pris la parole ont aussi fait part, et à juste titre, de leur déception face au manque de progrès de fond à la Conférence. La Turquie, qui aura l’occasion de présider la Conférence dans le courant de cette année, estime qu’il en va de la responsabilité commune des États membres d’instaurer un climat de compromis et de souplesse pour permettre à la Conférence de relancer ses débats de fond, a insisté le vice-ministre turc, estimant que la Conférence avait le potentiel de jouer un rôle déterminant, comme elle a su le faire par le passé avec le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, par exemple. La négociation à la Conférence d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles serait un pas dans la bonne direction, a estimé M. Yıldız. L’objectif ultime de la Turquie est un monde sans armes nucléaires et l’application universelle du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est le point de départ de cette démarche. Le Plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen du TNP en 2010 prévoyait de convoquer une conférence internationale en vue de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, un engagement qui ne saurait être négligé, a souligné M. Yıldız.

Le vice-ministre turc des affaires étrangères a également évoqué la situation dans la péninsule de Corée, soulignant que les essais nucléaires et les tirs de missiles menés par la République populaire démocratique de Corée compromettaient la paix et la sécurité dans cette région. La Turquie, se joint à la communauté internationale pour demander à la République populaire démocratique de Corée d’agir de manière responsable et de respecter les résolutions du Conseil de sécurité. S’agissant du programme nucléaire iranien, M. Yıldız a déclaré que le Plan d’action global conjoint de 2015 était un bel exemple de diplomatie multilatérale et qu’il devait être respecté par tous. Le vice-ministre a appelé de ses vœux l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et demandé aux États mentionnés dans la deuxième annexe de ce traité de le ratifier sans plus tarder.

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a souhaité que les membres de la Conférence du désarmement surmontent leurs désaccords, dépassent leurs intérêts nationaux, fassent preuve de volonté et de responsabilité et se mettent d’accord sur un programme de travail équilibré sans plus attendre. M. Lavrov a rappelé que la Russie avait constamment et de façon responsable défendu le processus de désarmement nucléaire et apporte une forte contribution à de nouvelles réductions des armes stratégiques offensives. En vertu du Traité entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur des mesures visant de nouvelles réductions et limitations des armements stratégiques offensifs, l’arsenal nucléaire russe a été réduit de 85% par rapport à son niveau le plus élevé durant la guerre froide.

M. Lavrov s’est cependant dit préoccupé par le changement de position des États-Unis dans le contexte de la mise à jour de son « examen du dispositif nucléaire » (Nuclear Posture Review), qui renforce le rôle des armes nucléaires. Il ne faut pas ignorer une réalité nouvelle, a insisté le ministre: le désarmement est impossible sans prendre en compte tous les développements et les facteurs qui ont un impact destructeur sur la stabilité stratégique et la sécurité internationale. Parmi ceux-ci figurent le déploiement sans restriction du système de défense antimissiles, le développement d’armes offensives non nucléaires de haute précision, la non-ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), et la perspective d’un déploiement d’armes offensives dans l’espace extra-atmosphérique.

Le désarmement est entravé par le maintien des armes nucléaires non stratégiques des États-Unis en Europe, a encore souligné M. Lavrov, ainsi que par la pratique déstabilisatrice du partage du nucléaire au sein de l’OTAN, en violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). L’armée américaine entraîne les forces armées des pays européens à l’emploi d’armes nucléaires tactiques contre la Russie, a insisté le ministre. Il a rappelé que la Russie n’a jamais déployé d’armes nucléaires tactiques et qu’il est temps pour les pays européens de refuser le déploiement sur leur territoire des armes de destruction massive les plus puissantes jamais possédées par le seul pays à les avoir utilisées contre des populations civiles, à Hiroshima et Nagasaki.

Afin de préserver l’instrument essentiel que constitue le Traité sur la non prolifération des armes nucléaires, des progrès tangibles sont nécessaires pour que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires entre en vigueur, ce qui pourrait permettre de surmonter les différences entre les États nucléaires et les États non nucléaires, a fait valoir M. Lavrov. Il est en outre essentiel d’avancer vers la convocation d’une conférence internationale sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive au Moyen-Orient.

Le Ministre russe des affaires étrangères a ensuite évoqué le désarmement chimique, pour souligner que la Russie a totalement éliminé ses stocks d’armes chimiques. Il a jugé paradoxal de constater que l’un des principaux États parties à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction, qui avait plaidé pour une interdiction juridiquement contraignante de ce type d’armes, est toujours en possession du plus important stock de ce type d’armes. En parallèle, Washington présente des « propositions absurdes » visant le Gouvernement de Syrie et la Russie déplore que les États-Unis et leurs alliés utilisent des allégations sans fondement d’utilisation de produits toxiques par le régime de Damas comme «outil d’ingénierie géopolitique antisyrienne». Évoquant une réunion informelle «antisyrienne» à l’initiative de la France qui venait d’avoir lieu, il a jugé totalement inacceptable ce type d’initiatives non inclusives, qui créent des prétextes pour un changement de régime en Syrie, et s’est dit consterné de constater que des responsables haut placés aient envisagé de participer à ce type d’événements.

S'agissant de la création d’un mécanisme de vérification de l’application de la Convention sur les armes biologiques, elle reste bloquée en raison de la position des États-Unis, a déploré le ministre russe. Il a espéré que les États-Unis reconnaîtront leur responsabilité pour sortir de l’impasse plutôt que de privilégier des accords bilatéraux.

Durant sa présidence de la Conférence du désarmement l’année dernière, la Russie a pu inscrire à l’ordre du jour la question de l’élaboration d’une convention internationale pour la répression des actes de terrorisme chimique et biologique, et a souhaité la poursuite des discussions à ce sujet au cours de la présente session de la Conférence. La Russie considère également comme prioritaire la question de la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. Sans accord international juridiquement contraignant à ce sujet, il est presque impossible de traiter des questions de garantie de la sécurité internationale, a fait observer M. Lavrov, considérant la création d’un groupe d’experts des Nations Unies prévue cette année comme le mécanisme approprié pour trouver des solutions. Pour la Russie, il n’existe aucun tabou en ce qui concerne les points à l’ordre du jour de la Conférence, a conclu le ministre. La Russie dispose de la volonté politique et de l’expertise pour démarrer des négociations complètes et elle se félicite de la décision prise le 16 février d’établir cinq organes subsidiaires pour aller en ce sens.

M. GHOLAM-HOSSEIN DEHGHANI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Iran chargé des affaires juridiques et internationales, a dit partager l’analyse du Secrétaire général des Nations Unies selon lequel l’inquiétude face aux armes nucléaires a atteint son plus haut niveau depuis la fin de la guerre froide. Cette inquiétude explique qu’une grande majorité d’États ont décidé en juillet 2017 de conclure, en l’absence des puissances nucléaires, un traité interdisant les armes nucléaires, et que le prix Nobel de la paix ait été octroyé à la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN) pour son travail sur les conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes nucléaires, a relevé M. Dehghani.

L’inquiétude n’est pas sans fondement, a poursuivi M. Dehghani. Il a souligné que l’incapacité des États dotés de l’arme nucléaire de respecter leurs obligations au titre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) avait généré une crise de confiance dans la capacité du Traité à faire avancer la cause du désarmement. Autre sujet de préoccupation, le renforcement des arsenaux des puissances nucléaires, dont témoignent les plans annoncés par les États-Unis de dépenser 1250 milliards de dollars à cette fin. De plus, les armes nucléaires ont pris une place de plus en plus grande dans les politiques et doctrines militaires des États nucléaires. Au contraire, la possession d’armes nucléaires devrait être stigmatisée et jugée immorale, a estimé le vice-ministre iranien.

M. Dehghani a demandé à la Conférence de répondre à cette inquiétude sur les armes nucléaires et au fait qu’une grande majorité d’États membres souhaite mettre fin à la menace qu’elles représentent. La situation dans le nord-est de l’Asie montre que l’abolition des armes nucléaires est plus urgente que jamais. L’absence de progrès à la Conférence est frustrante à cet égard, a regretté le Vice-Ministre. Il s’est félicité néanmoins de la décision de créer au sein de la Conférence des organes subsidiaires chargés de relancer les travaux de fond. Le vice-ministre iranien a aussi assuré que son pays œuvrait, depuis 1974, à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Malheureusement, le régime israélien, seul État non-membre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires au Moyen Orient, continue de bloquer tous les efforts internationaux et régionaux pour atteindre cet objectif, a-t-il regretté.

Enfin, M. Dehghani a estimé que l’attitude des États-Unis s’agissant de l’Accord global conjoint – notamment les menaces de retrait proférées par ce pays si l’Accord n’était pas renégocié – montrait que les États-Unis n’étaient pas un partenaire fiable dans un accord multilatéral ou bilatéral. L’Iran ne renégociera pas cet accord, a averti le vice-ministre.

M. GEORGE CIAMBA, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Roumanie, a affirmé la foi de son pays dans la Conférence en tant qu’instance multilatérale unique pour la négociation international dans le domaine du désarmement et du contrôle des armes. Vu ses succès dans la négociation et l’adoption de traités importants, la Conférence et son rôle de négociation doivent être préservés et renforcés. Les préoccupations sécuritaires bien réelles obligent la Conférence à tenir compte du contexte, a poursuivi le Ministre. Il a ajouté qu'en raison de sa position géostratégique, la Roumanie a un intérêt compréhensible à consolider sa sécurité par le dialogue et la coopération. Elle s’engage donc à collaborer étroitement avec toutes les délégations pour aider la Conférence à se doter d’un programme de travail comportant un mandat de négociation.

Le Secrétaire d’État roumain a souligné que les progrès constants dans le désarmement et la non-prolifération exigent une volonté politique; la communauté internationale doit renforcer le régime international de non-prolifération nucléaire, en particulier en remédiant au problème posé par les pays n’ayant pas respecté ce régime. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires reste la meilleure voie vers un monde sans armes nucléaires, pourvu que son application soit méthodique et tienne compte des problèmes de sécurité des différents pays, a insisté M. Ciamba. Il a recommandé que la Conférence se concentre sur des approches pratiques, rassemblant les États dotés et non dotés d’armes nucléaires, pour élaborer des approches consensuelles sur la manière de parer aux menaces que posent les armes nucléaires, notamment l’entrée en vigueur du traité d’interdiction complète des essais nucléaires ou encore la négociation d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles. Une véritable volonté politique sera indispensable à cet égard, a souligné M. Ciamba.

M. LOUIS LANDERS, Vice-Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, a assuré d’emblée que son pays était un fervent défenseur du désarmement, du contrôle des armes et de la non-prolifération. L’engagement de l’Afrique du Sud pour un monde sans armes nucléaires se fonde sur le constat que la paix et la sécurité internationales sont indissociables du droit au développement: la sécurité mondiale restera inatteignable aussi longtemps que des ressources colossales continueront d’être détournées vers des capacités destructrices. L’Afrique du Sud estime que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est au cœur du désarmement et du régime de non-prolifération nucléaires. Malheureusement, cet accord est remis en cause par le fait que tous ses membres ne respectent pas leurs engagements, notamment les engagements pris au titre de l’article 6. Le manque de confiance dans le TNP vient plutôt du fait que son article 6 est mal appliqué. L’Afrique du Sud est convaincue que l’application fidèle par les États de leurs engagements en matière de désarmement nucléaire, avec la célérité requise, rendra la confiance dans le régime instauré par le TNP et renforcera la paix et la sécurité internationales, a dit M. Landers.

M. Landers s’est félicité en revanche de l’adoption en 2017 du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Il a regretté que les États dotés d’armes nucléaires n’aient pas participé à cette Conférence. Cependant, l’adoption du traité par deux tiers des États membres des Nations Unies témoigne des préoccupations de la communauté internationale s’agissant des conséquences catastrophiques de l’utilisation des armes nucléaires. Le traité d’interdiction des armes nucléaires n’empêche pas de réaliser des progrès vers le respect des obligations et engagements pris au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a ajouté M. Landers.

M. HISSAM EDIN AALA, Représentant permanent de la Syrie auprès de la Conférence du désarmement, s’est félicité de la décision de la Conférence de se doter des cinq organes subsidiaires chargés de faire avancer les travaux de fond de la Conférence, afin qu’elle puisse assumer son rôle de forum de négociation. M. Aala a demandé à la Conférence de jouer son rôle face aux menaces pour la sécurité internationale que font planer certains États qui accumulent des armes nucléaires contrairement à leurs obligations internationales. La Syrie, a dit son Représentant permanent, insiste sur la nécessité pour la Conférence de commencer sans tarder des négociations sur une convention internationale relative au désarmement nucléaire. La Syrie est également favorable à des négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles. Elle demande aux États dotés de l’arme nucléaire de donner des garanties de sécurité aux États non dotés.

La Syrie plaide pour la tenue d’une conférence internationale sur l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient et regrette qu’elle soit rendue impossible par les refus d’Israël de laisser l’Agence internationale de l’énergie atomique inspecter ses sites nucléaires. La Syrie considère aussi que la réussite de la Conférence d’examen du TNP en 2020 dépendra de l’engagement des États dotés d’armes nucléaires de respecter leurs engagements.

Enfin, la Syrie est très préoccupée par les menaces que pourraient faire peser des groupes terroristes disposant d’armes chimiques. Le Représentant permanent a condamné l’utilisation d’armes chimiques ou toxiques par quiconque et où que ce soit. Il est essentiel que les mécanismes d’inspection dans ce domaine respectent scrupuleusement les procédures mises en place par la communauté internationale, a demandé M. Aala. À cet égard, la Syrie s'étonne que le Secrétariat des Nations Unies se soit prêté à des démarches contraires à ce principe.

Autres déclarations

Les États-Unis ont estimé que la déclaration faite ce matin par le Ministre russe des affaires étrangères était une « déclaration typique de la Fédération de Russie, condamnant les États-Unis de tous les maux du monde ». Les États-Unis pourraient citer des résolutions du Conseil de sécurité condamnant les actions de la Fédération de Russie en Ukraine et en Crimée, a relevé la délégation. Les États-Unis ont assuré que leurs missiles de défense déployés en Europe ne visaient pas la Fédération de Russie ni son arsenal dissuasif. La délégation des États-Unis a mis en garde contre la doctrine stratégique très dangereuse de la Fédération de Russie, qui consiste « escalader pour désescalader ». Les États-Unis ont jugé, d’autre part, que la Fédération de Russie était « du mauvais côté de l’histoire » s’agissant de l’utilisation des armes chimiques et qu’elle devrait plutôt soutenir les efforts des pays qui exigent que ceux qui utilisent ces armes en rendent compte. Les États-Unis estiment en outre qu’il n’y avait pas de lacune dans les mécanismes internationaux relatifs aux armes chimiques: l’emploi de telles armes constitue déjà une violation du droit international. La proposition de la Fédération de Russie sur un nouveau traité sur cette question, superflue, n’aurait d’autre effet que de détourner l’attention des violations des droits de l’homme commises par le régime syrien, ont estimé les États-Unis.

Les États-Unis respectent strictement leurs obligations au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a aussi assuré la délégation, qui s’est dite à ce propos peu impressionnée par les accusations du ministre russe sur le partage du nucléaire au sein de l’OTAN. Enfin, les États-Unis estiment que l’Accord global conjoint sur le nucléaire iranien contient des lacunes. Les États-Unis sont très préoccupés par les menées de l’Iran qui déstabilisent la région, notamment son programme de missiles balistiques.

La France a précisé que le « partenariat international contre l’impunité d’utilisation d’armes chimiques », qu’elle a créé en janvier dernier, avait pour but notamment de lutter contre la banalisation de l’emploi d’armes chimiques. La France juge en effet inacceptable que le régime de non-prolifération le plus abouti puisse être remis en cause sans que les responsables en subissent les conséquences. Elle a souligné que le partenariat rassemble 25 États représentant tous les groupes régionaux des Nations Unies, qui se sont engagés à rendre publics les noms de personnes et entités potentiellement impliqués dans des programmes chimiques ou des attaques. Contrairement à ce qui a été sous-entendu, le champ d’application du partenariat est universel, a ajouté la France, il est complémentaire des institutions existantes et vient conforter leur action. Ce partenariat contribuera enfin à renforcer le régime de non-prolifération des armes chimiques dans son ensemble, a assuré la France.

La Syrie a condamné les accusations infondées prononcées à son encontre par les États-Unis, accusations reflétées dans les partis pris antisyriens dont sont remplis les rapports s’agissant de l’utilisation d’armes chimiques et dont la rédaction est influencée par ce pays. La Syrie honore toutes ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques. Toutes ces armes ayant été détruites, la Syrie ne peut pas les utiliser. La Syrie a fait savoir également que plusieurs organisations terroristes ont eu accès à des armes chimiques et avaient constitué des stocks. Le projet de convention sur cette question soumis à la Conférence par la Fédération de Russie est donc particulièrement important, a estimé la Syrie. Elle a dit enfin que le «partenariat défendu par la France n’aurait d’autre effet que de semer le doute et d’affaiblir le régime de surveillance institué par la Convention».

La République populaire démocratique de Corée a assuré que l’exercice de son droit à la légitime défense ne saurait constituer une menace pour la paix mondiale. Sa force nucléaire ne constituera jamais une menace pour aucun pays, à moins que ce pays ne menace la République populaire démocratique de Corée.

Israël a dit reconnaître l’importance du TNP et de son régime de non-prolifération. Israël rejette l’affirmation selon laquelle l’échec de la Conférence d’examen de 2015 s’agissant de questions relatives au Proche Orient lui serait imputable. Israël insiste sur la nécessité de dialoguer directement avec les autres États de la région pour traiter des menaces pour la sécurité au même niveau. La confiance et l’égalité sont des conditions préalables à un tel dialogue, dans des conditions d’égalité. Dans ce contexte, aucun dialogue sérieux ne peut avoir lieu sans reconnaissance de l’existence même d’Israël, a souligné sa délégation, et sans volonté préalable d’instaurer la confiance entre les États concernés.

L’Iran a déclaré que les États-Unis déstabilisaient le Moyen Orient par les déclarations obliques de leur président. L’Iran, pour sa part, aide concrètement l’Iraq et la Syrie à lutter contre le terrorisme : il ne saurait être question de déstabilisation de la région. Quant au programme iranien de missiles balistiques, il n’a d’autre objectif que défensif, a assuré l’Iran. Il a regretté, enfin, que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient ait échoué faute de l’accord d’Israël de laisser l’AIEA inspecter ses installations nucléaires.

Les États-Unis ont assuré que le régime syrien devrait rendre compte des crimes qu’il a commis contre sa population. À l’Iran, les États-Unis ont dit que la fourniture d’armes à des mouvements tels que le Hezbollah ou les Houthis au Yémen était une manière de déstabiliser la région.

L’Égypte a assuré que le Groupe arabe avait bel et bien manifesté sa volonté de dialoguer directement avec Israël au sujet de la création de la zone exempte d’armes nucléaires, dans l’intervalle entre les Conférences d’examen du TNP de 2010 et 2015. L’Égypte a observé de plus que les États arabes entretiennent des relations bilatérales avec Israël, ce qui rend difficile à comprendre l’affirmation selon laquelle le droit à l’existence de ce pays serait nié.

D’autre part, l’Égypte a rappelé que les trois États qui ont empêché l’adoption du document final de la Conférence d’examen en 2015 s’en étaient justifiés en invoquant les termes utilisés pour décrire la situation dans le Moyen Orient. La faute n’en revient donc pas aux pays arabes uniquement, comme il a été dit. L’Égypte a souligné, pour conclure, que l’importance de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient avait été réaffirmée à deux reprises par le Conseil de sécurité, qui avait appelé à cette occasion Israël à ouvrir ses installations nucléaires à l’AIEA.

L’Iran a souligné qu’il était en réalité impossible d’envoyer des armes, à plus forte raison des missiles, au Yémen, un pays entièrement assiégé et interdit d’accès y compris aux travailleurs humanitaires.

La Syrie a demandé aux États-Unis de cesser de manipuler les institutions des Nations Unies pour des motifs politique étroits. Le Gouvernement syrien a éliminé toutes ses armes chimiques, a assuré à nouveau la délégation.

Enfin, la délégation de la Fédération de Russie a fait remarquer que, seul parmi les États dotés d’armes nucléaires, son pays avait choisi d’envoyer un ministre participer au débat de haut niveau de la Conférence, ce qui témoigne de l’importance accordée par la Fédération de Russie à la question du désarmement.


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