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LE COMITÉ POUR L’ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES EXAMINE LE RAPPORT DES FIDJI

Compte rendu de séance

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné aujourd’hui le rapport présenté par les Fidji sur les mesures que le pays a prises pour donner effet aux dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Présentant ce rapport, Mme Mereseini Vuniwaqa, Ministre des femmes, des enfants et de la réduction de la pauvreté des Fidji, a déclaré que les Fidji poursuivaient leur chemin sur la route de l’égalité et de la parité entre les hommes et les femmes. L’archipel a lancé de vastes réformes législatives afin que le pays se conforme à ses engagements internationaux, a-t-elle affirmé. Les Fidji ont lancé des formations spécifiques pour les femmes concernant la participation aux élections et de plus en plus de femmes se présentent aux élections, a-t-elle fait valoir. Aujourd’hui, le Parlement compte plus de femmes que jamais auparavant, même si ce nombre est encore trop faible, a-t-elle ajouté. Les prochaines élections devraient permettre de proposer davantage de femmes sur les listes électorales, a-t-elle insisté.

Différents plans vont être mis en œuvre afin de synchroniser les efforts pour permettre l’autonomisation des femmes et l’égalité hommes-femmes. Durant les prochaines années, le pays va s’attaquer aux barrières qui subsistent dans ce domaine, a poursuivi Mme Vuniwaqa. Le Premier Ministre a déclaré que les violences à l’encontre des femmes et des enfants étaient une « honte nationale » et une campagne intitulée « Man up » doit permettre de sensibiliser les hommes à cette question, a ensuite indiqué la Ministre, avant de préciser qu’un groupe de travail gouvernemental a été mis sur pied pour lutter contre ce type de violences. Des statistiques montrent que le taux de violences à l’encontre des femmes aux Fidji est un des plus élevés au monde, a-t-elle ajouté. Il n’est pas possible de lutter contre les violences sexospécifique, si ce phénomène n’est pas pris en compte dans toutes ses dimensions, notamment culturelles ou religieuses, a souligné la Ministre.

La participation des femmes dans les postes à responsabilités est le prochain grand défi des Fidji, a ensuite souligné Mme Vuniwaqa. Elle a ensuite reconnu que les femmes en zones rurales rencontraient des difficultés pour avoir accès aux services de base. Pour conclure, Mme Vuniwaqa a expliqué que tous les acteurs du pays, y compris les associations de la société civile, s’étaient engagés à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre l’ensemble des dispositions de la Convention.

La délégation de la République des Fidji était également composée de représentants du Ministère des femmes, des enfants et de la réduction de la pauvreté ; du Ministère de l’éducation, du patrimoine et des arts ; du Ministère de la santé et des services médicaux ; du Ministère des affaires étrangères ; et du bureau du Solliciteur général.

La délégation a répondu aux questions qui lui étaient adressées par les membres du Comité s’agissant, notamment, de la liberté de manifester ; de la Commission des droits de l’homme et de la lutte contre la discrimination ; de la définition de la discrimination ; des questions budgétaires ; des mesures temporaires spéciales ; de la gestion des risques liés aux catastrophes ; de la perception de la femme au sein de la société ; de la lutte contre la traite de personnes ; de la participation des femmes et notamment de leur accès à l’emploi et aux postes à responsabilités ; ou encore de l’enregistrement des naissances.

Au cours du débat, une experte a félicité les Fidji pour leurs nombreuses avancées concernant la protection des droits des femmes dans l’archipel. Elle a ensuite relevé qu’il manquait au pays une loi définissant la discrimination de manière conforme à la Convention. Des dispositions législatives depuis 2014 remettent en cause certains droits fondamentaux comme la liberté d’association et ont des effets délétères sur les organisations de femmes, a ensuite regretté cette même experte. Les femmes LBTI ne sont pas assez protégées contre les discriminations, a-t-elle par ailleurs souligné.

Une autre experte a regretté que la culture patriarcale soit très ancrée dans la culture fidjienne. Une majorité de femmes et de filles ne portent pas plainte pour des violences à leur encontre en raison du manque de confiance envers la police ou envers le pouvoir judiciaire, a en outre regretté l’experte.

Une experte s’est dite préoccupée par l’ampleur du phénomène de la traite de personnes dans l’archipel, s’inquiétant à cet égard que de nombreuses filles soient vendues par leur propre famille.

Le Comité adoptera ultérieurement, lors de séances à huis clos, ses observations finales sur le rapport des Fidji, qu’il rendra publiques à l’issue de la session, le 9 mars prochain.


Lors de sa prochaine réunion publique, qui se tiendra lundi après-midi, à 15 heures, le Comité auditionnera les organisations non gouvernementales au sujet de la mise en œuvre de la Convention dans les pays dont les rapports doivent être examinés la semaine prochaine: Arabie saoudite, Suriname, Luxembourg et Îles Marshall.


Présentation du rapport

Le Comité était saisi du cinquième rapport des Fidji (CEDAW/C/FJI/5), ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter qui lui avait préalablement été adressée.

Présentant ce rapport, Mme Mereseini Vuniwaqa, Ministre des femmes, des enfants et de la réduction de la pauvreté des Fidji, a déclaré que les Fidji poursuivaient leur chemin sur la route de l’égalité et de la parité entre les hommes et les femmes. L’archipel a lancé de vastes réformes législatives afin que le pays se conforme à ses engagements internationaux, a affirmé Mme Vuniwaqa. Les élections de 2014 ont enregistré 84% de votants, dont plus de 49,19% de femmes. Les Fidji ont lancé des formations spécifiques pour les femmes concernant la participation aux élections et de plus en plus de femmes se présentent aux élections, a fait valoir la cheffe de la délégation. Aujourd’hui, le Parlement compte plus de femmes que jamais auparavant, même si ce nombre est encore trop faible, a ajouté Mme Vuniwaqa. Aujourd’hui, c’est une femme qui est porte-parole du Gouvernement et cheffe de l’opposition, a-t-elle fait valoir. Les prochaines élections devraient permettre de proposer davantage de femmes sur les listes électorales, a indiqué la cheffe de la délégation.

Différents plans vont être mis en œuvre afin de synchroniser les efforts pour permettre l’autonomisation des femmes et l’égalité hommes-femmes. Durant les prochaines années, le pays va s’attaquer aux barrières qui subsistent dans ce domaine, a poursuivi Mme Vuniwaqa.

Le Premier Ministre a déclaré que les violences à l’encontre des femmes et des enfants étaient une « honte nationale » et une campagne intitulée « Man up » doit permettre de sensibiliser les hommes à cette question, a ensuite indiqué la Ministre, avant de préciser qu’un groupe de travail gouvernemental a été mis sur pied pour lutter contre ce type de violences. Des statistiques montrent que le taux de violences à l’encontre des femmes aux Fidji est un des plus élevés au monde, a-t-elle ajouté. Lors de la visite récente du représentant du Haut-Commissariat des droits de l’homme dans l’archipel, le Premier Ministre a souligné que ces violences étaient un des plus grands défis auxquels est confronté le pays. Aussi, des alliances ont-elles été nouées avec les ONG pour lutter contre ce phénomène. Il n’est pas possible de lutter contre les violences sexospécifique, si ce phénomène n’est pas pris en compte dans toutes ses dimensions, notamment culturelles ou religieuses.

Les Fidji ont lancé deux plans nationaux de développement avec comme priorité l’égalité hommes-femmes, l’amélioration de l’accès des femmes à l’emploi et l’accès aux services sociaux, notamment. Il ne peut y avoir de développement du pays sans les femmes, a insisté la Ministre.

La participation des femmes dans les postes à responsabilités est le prochain grand défi des Fidji, a ensuite souligné Mme Vuniwaqa. Il faut supprimer les barrières qui entravent véritablement l’évolution dans la carrière des femmes.

Les Fidji ont ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées en 2017 et des projets de loi sont actuellement à l’examen pour mettre en œuvre cet instrument, a déclaré la Ministre. Les Fidji combattent la traite des femmes ; l’archipel va s’attaquer à ce problème au niveau national, a-t-elle affirmé.

L’éducation est un droit constitutionnel pour tous les Fidjiens, a rappelé Mme Vuniwaqa, avant d’ajouter que le Gouvernement s’est engagé à mieux éduquer sa population. Les jeunes filles, même enceintes, sont incitées à rester à l’école. Les élèves ont par ailleurs accès à des transports gratuits, à des repas gratuits à la cantine et à des livres scolaires gratuits. Les manuels scolaires ont par ailleurs été révisés afin d’y éliminer tous les stéréotypes.

Le pays veille à prendre des mesures pour lutter contre le chômage des femmes qui est beaucoup plus élevé que celui des hommes, a d’autre part souligné Mme Vuniwaqa.

Les Fidji ont mis en place une politique de réduction de la pauvreté pour construire un pays plus résilient face aux changements climatiques. Les cyclones ont de lourdes conséquences sur les femmes et les enfants, a expliqué la cheffe de la délégation. Les femmes vulnérables ou handicapées reçoivent des allocations dans le cadre d’un programme de lutte contre la pauvreté.

La Ministre a ensuite reconnu que les femmes en zones rurales rencontraient des difficultés pour avoir accès aux services de base. Le Gouvernement a alloué de nombreuses ressources à l’amélioration des infrastructures, afin de permettre l’installation de divers services à travers tout le pays.

Pour conclure, Mme Vuniwaqa a expliqué que tous les acteurs du pays, y compris les associations de la société civile, s’étaient engagés à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre l’ensemble des dispositions de la Convention.

Examen du rapport

Questions et observations des membres du Comité

Une experte a félicité les Fidji pour leurs nombreuses avancées concernant la protection des droits des femmes dans l’archipel. Elle a rappelé que les Fidji avaient accepté, dans le cadre de leur Examen périodique universel, la recommandation visant l’adoption du Protocole facultatif à la Convention ; aussi, a-t-elle souhaité savoir quel était le calendrier prévu pour la ratification de cet instrument. L’experte a en outre relevé qu’il manquait au pays une loi définissant la discrimination de manière conforme à la Convention.

Des dispositions législatives depuis 2014 remettent en cause certains droits fondamentaux comme la liberté d’association et ont des effets délétères sur les organisations de femmes, a ensuite regretté cette même experte. Les femmes LBTI ne sont pas assez protégées contre les discriminations, a-t-elle par ailleurs souligné. Elle s’est félicitée de la restructuration de la Commission des droits de l’homme et de la lutte contre la discrimination et a demandé si les autorités étaient prêtes à accorder à cette institution une véritable indépendance et à lui permettre d’être saisie de plaintes.

Une autre experte a souligné que seul 0,07% du budget national avait été octroyé à la lutte contre les violences faites aux femmes.

Une experte a demandé ce qu’il en était de l’instauration et de l’application de mesures temporaires spéciales. Les Fidji ne semblent pas souhaiter mettre en œuvre des mesures d’urgence pour protéger les droits des femmes, a-t-elle regretté.

Une autre experte a souligné que le Gouvernement devait encourager les associations de la société civile à travailler avec lui.

Une experte s’est félicitée que les autorités aient reconnu les violences à l’encontre des femmes comme un des plus grands défis nationaux. Cette experte a cependant regretté que la culture patriarcale soit très ancrée dans la culture fidjienne. Elle a demandé à la délégation comment les autorités veillaient à mettre fin aux normes patriarcales et à certaines pratiques traditionnelles, comme celle du « bulu-bulu » qui permet à l’auteur de violences intrafamiliales de s’en sortir par de simples excuses. L’experte a en outre relevé que les personnes LGBTI étaient toujours victimes de discriminations et de violences dans l’archipel. Une majorité de femmes et de filles ne portent pas plainte pour des violences à leur encontre en raison du manque de confiance envers la police ou envers le pouvoir judiciaire, a en outre regretté l’experte. Elle s’est enquise des moyens mis en œuvre pour protéger les femmes victimes de violences.

Une autre experte s’est enquise du calendrier prévu pour la mise en œuvre des traités internationaux signés par les Fidji dans le domaine de la lutte contre la traite. Cette experte s’est montrée préoccupée par l’ampleur du phénomène dans l’archipel, s’inquiétant à cet égard que de nombreuses filles soient vendues par leur propre famille. Elle a en outre regretté que le travail du sexe soit toujours pénalisé aux Fidji.

Une experte s’est enquise des mesures prises par les Fidji pour lutter contre les mutilations génitales féminines.

Une autre experte a demandé s’il avait été envisagé de promulguer une loi afin que les femmes soient bien représentées dans les organes locaux à l’issue des prochaines élections. L’experte a en outre demandé si les femmes avaient accès à des formations pour devenir diplomate et si elles étaient encouragées à accéder à ce type de fonctions.

Relevant que l’enregistrement tardif des naissances était pénalisé dans ce pays, une experte s’est enquise des mesures prises par les Fidji pour faire en sorte que les enfants de femmes vivant dans les zones éloignées puissent bénéficier d’un enregistrement rapide de leur naissance afin d’éviter de telles pénalités.

Une autre experte a fait part de ses préoccupations concernant l’absence de données ventilées par sexe dans le domaine de l’éducation. Elle a salué la volonté d’éliminer les stéréotypes des manuels scolaires, tout en soulignant qu’il fallait également veiller à ce que les maîtres d’école soient eux aussi dans cet état d’esprit.

Un expert a souligné que le taux de chômage dans l’archipel était beaucoup plus important chez les femmes que chez les hommes. Il s’est enquis des mesures envisagées pour augmenter la participation des femmes au marché du travail et réduire le chômage des femmes. Il a demandé quelles étaient les causes des disparités de salaire entre les hommes et les femmes. Cet expert a en outre demandé si les Fidji allaient amender la loi relative à l’emploi pour permettre aux hommes de bénéficier d’un congé de paternité. Il a ensuite souligné que selon une étude, 20% des femmes disent avoir été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail; aussi, a-t-il demandé quelles mesures étaient prises pour lutter contre ce phénomène.

Un expert a demandé comment les autorités géraient la question du harcèlement sexuel au sein de la police et de l’armée.

Une autre experte a demandé ce qui était fait par le personnel médical pour former les jeunes à la sexualité, un sujet tabou aux Fidji. Elle a souhaité savoir ce qui était proposé comme soutien aux femmes vivant avec le VIH/sida. L’experte a demandé quelle était la réalité sur le terrain concernant l’accès à l’avortement.

Une experte a demandé ce qui était fait pour s’assurer que les femmes puissent tirer parti du développement économique lié au tourisme.

Une autre experte a expliqué que les femmes en zone rurale étaient davantage touchées par la pauvreté ; l’une des raisons de la pauvreté des femmes est leur dépendance vis-à-vis des hommes. L’experte a déploré le peu de données disponibles concernant la situation des femmes en zone rurale, ce qui ne permet pas de prendre des mesures spécifiques pour cette catégorie de personnes. L’experte s’est en outre dite préoccupée par le fait que des étrangers puissent louer à long terme ou acheter des terrains en toute opacité.

Une experte a demandé des informations sur les mesures adoptées pour régir le secteur privé qui contribuent aux émissions des gaz à effet de serre.

Réponses de la délégation

La délégation a expliqué que les Fidji disposaient d’une Charte des droits fondamentaux très forte. Le pays a signé cinq des neuf principaux traités internationaux relatifs aux droits de l'homme, a-t-elle en outre fait valoir ; d’ici 2020, les Fidji devraient avoir signé les quatre restants. Il n’y a en revanche pas de calendrier prévu pour la ratification du Protocole facultatif à la Convention, a précisé la délégation.

La Charte des droits reconnaît la liberté de la presse. Néanmoins, certaines lois répressives peuvent avoir pour effet de limiter la liberté de la presse, a reconnu la délégation, avant de rappeler l’interdiction de la discrimination et des discours de haine. Les journalistes doivent assumer leur responsabilité lorsqu’ils écrivent des articles ; ils doivent être impartiaux et garantir la véracité des faits qu’ils avancent. Les juristes doivent quant à eux veiller à ce que leur jugement soit conforme aux droits, a expliqué la délégation. La confidentialité des sources des journalistes est protégée, a-t-elle par ailleurs fait valoir.

La Loi sur l’ordre public prévoit les conditions permettant d’organiser une manifestation publique, a ensuite indiqué la délégation, avant de préciser qu’un permis préalable est requis pour pouvoir tenir une manifestation. Des organisations de femmes obtiennent régulièrement l’autorisation d’organiser des manifestations. Par contre, toute incitation à la haine ou tout discours à l’encontre des religions sont interdits.

La Commission des droits de l’homme et de la lutte contre la discrimination est un organe indépendant, a par ailleurs assuré la délégation. Elle est chargée de promouvoir la protection et le respect des droits de l’homme et est aussi chargée de l’éducation aux droits de l’homme et de la formulation de recommandations sur des lois existantes ou des projets de loi qui ont un impact sur les droits de l’homme. La Commission ne relève pas du Premier Ministre et ne fait rapport qu’au Parlement. Elle dispose de son propre budget, a expliqué la délégation.

La législation ne reprend pas stricto sensu la définition de la discrimination de la Convention, a reconnu la délégation. Néanmoins, la législation fidjienne prévoit que personne ne doit subir de discrimination sur la base d’une série de motifs inscrits dans la loi et parmi lesquels figure le genre. La Constitution reconnaît et interdit les formes de discrimination multiple, a ajouté la délégation. Même s’il n’y a pas de loi spécifique définissant la discrimination, la législation actuelle est suffisante pour lutter contre toutes les formes de discrimination, a-t-elle estimé. Toute personne victime de discrimination, y compris en raison de son orientation sexuelle ou de son genre, peut déposer plainte devant la justice, a souligné la délégation.

La délégation a reconnu que le budget du Ministère des femmes, des enfants et de la réduction de la pauvreté était relativement bas. Cependant, le budget alloué à l’autonomisation des femmes ne doit pas être considéré comme découlant uniquement des fonds de ce seul ministère ; d’autres budgets dans d’autres ministères ont, de manière indirecte, une incidence sur l’autonomisation des femmes, comme par exemple ceux alloués à l’amélioration des infrastructures et à l’aide juridictionnelle gratuite.

Concernant les mesures temporaires spéciales, la délégation a expliqué qu’il fallait encore du temps pour tirer le bilan de l’impact du nouveau système électoral sur la représentation des femmes au Parlement. Les mesures temporaires spéciales doivent rester des mesures de dernier recours, a affirmé la délégation. Il faut plutôt encourager les partis à inscrire des femmes sur les listes électorales et lever les barrières qui empêchent les femmes de se présenter, a-t-elle expliqué.

Des mesures ont été prises pour intégrer les femmes dans les plans de lutte contre les catastrophes. Les femmes sont au centre de ces plans, lesquels les reconnaissent comme étant particulièrement vulnérables avant, pendant et après les catastrophes.

La délégation a ensuite souligné que les différents ministères ne sauraient à eux seuls mettre en œuvre l’ensemble des dispositions de la Convention ; les associations de la société civile sont encouragées à contribuer à ce processus. Le Ministère des femmes, des enfants et de la réduction de la pauvreté entend rendre compte de l’examen du présent rapport par le Comité devant l’ensemble des organisations non gouvernementales; l’objectif sera de dégager des synergies pour mettre en œuvre les recommandations du Comité.

La délégation a souligné qu’à l’avenir, il faudrait que les Fidji se dotent d’un plan structuré concernant les changements de comportement à l’égard des femmes. Il faut que des experts en communication aident à élaborer un plan de communication pour changer la perception des femmes et les idées reçues à leur sujet. Un dialogue a été amorcé avec les autorités religieuses dans ce domaine ; elles ont un rôle très important à jouer car la population du pays est très croyante, a souligné la délégation.

La délégation a expliqué que le Gouvernement travaillait en étroite collaboration avec les associations représentatives des femmes dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes et de la protection des victimes. De nombreuses institutions oeuvrent à rompre le silence des femmes victimes de violence et une ligne gratuite a été ouverte pour recueillir les plaines des victimes. Le Gouvernement travaille avec une ONG sur un projet de création de foyers de femmes qui pourraient être disséminés sur l’ensemble du territoire. La procédure pénale en vigueur autorise le Procureur à permettre aux enfants ou à d’autres personnes vulnérables de témoigner par l’intermédiaire de la vidéo ou de miroirs sans tain, a ajouté la délégation.

Il y a plusieurs affaires devant les tribunaux concernant des cas de traite de personnes, a ensuite indiqué la délégation. Les victimes bénéficient de mesures de protection. L’un des défis concernant la poursuite des auteurs de traite est de persuader les victimes et les témoins de rester aux Fidji pour témoigner devant les tribunaux.

La délégation a reconnu que le trafic d’êtres humains était une zone grise aux Fidji ; l’archipel a très peu de données en la matière. Les Fidji sont devenues un pays d’origine pour ce trafic. Le Gouvernement est prêt à prendre toutes les mesures pour protéger les femmes victimes de ces trafics, a insisté la délégation.

Le travail du sexe est pénalisé dans l’archipel, a poursuivi la délégation. En raison de la religiosité très importante dans le pays, tout changement législatif dans ce domaine devra faire l’objet d’une large consultation de tous les acteurs de la société, a expliqué la délégation, avant d’ajouter que le Gouvernement ne disposait pas de programmes d’appui et de réhabilitation des travailleuses du sexe. Il faut prendre le taureau par les cornes dans ce domaine, a reconnu la délégation.

La pratique culturelle du « bulu-bulu », une sorte de pardon dans le cadre villageois, est profondément ancrée au sein de la population ; elle ne joue néanmoins aucun rôle dans les procédures pénales, y compris dans le cas de violences sexuelles, a assuré la délégation. Cette pratique culturelle vise juste à pacifier les communautés et les familles, a-t-elle expliqué.

La délégation a en outre indiqué que les mutilations génitales féminines n’étaient pas une pratique culturelle aux Fidji.

Divers programmes visent à permettre aux femmes d’accéder à des postes à responsabilités, a poursuivi la délégation. Un programme de plaidoyer doit être relancé en partenariat avec ONU-femmes afin de promouvoir la participation des femmes à la vie politique. Les autorités œuvrent à sensibiliser davantage la population à cette question. Un processus de recrutement pour les femmes a été ouvert dans le secteur du service civil et de la diplomatie. Il faut néanmoins redoubler d’efforts s’agissant de ces questions, a reconnu la délégation.

La délégation a expliqué que le registre des naissances, des mariages et des décès est ouvert toute l’année dans différentes zones du pays. Des bureaux ont récemment été ouverts dans l’ensemble de l’archipel afin de multiplier les possibilités d’enregistrement, a-t-elle ajouté, avant de souligner qu’une période d’amnistie avait été ouverte concernant les amendes dues en raison d’un enregistrement tardif de naissance.

La délégation a par ailleurs fait observer qu’il y avait davantage de femmes que d’hommes étudiant au niveau de l’enseignement supérieur. En zone rurale, les élèves peuvent obtenir le même enseignement qu’en ville, grâce notamment à des cours à distance par Internet.

En vertu du Code pénal, tout enfant ayant subi des châtiments corporels dans le cadre scolaire peut, directement ou par le biais de ses parents, déposer plainte devant les tribunaux, a en outre fait valoir la délégation.

La délégation a expliqué qu’il y avait pratiquement 10 filles enceintes pour 1000 filles à l’école. Tout est fait pour tenter de réduire le nombre de grossesses précoces dans l’archipel. Des mentors interviennent dans les écoles pour sensibiliser les jeunes à ce sujet.

Pour ce qui est de la lutte contre le harcèlement sexuel, la délégation a reconnu qu’il fallait renforcer la sensibilisation dans ce domaine ; subsistent en outre des lacunes dans la loi.

La délégation a rappelé les différents niveaux de structures pour la prestation des soins de santé dont dispose le pays: il y a des centres d’infirmières qui peuvent apporter les soins de base, des centres de santé répartis sur tout le territoire et des hôpitaux de plus grande envergure qui offrent toute une gamme de soins. La délégation a reconnu qu’il était important de s’adapter à la population croissante du pays et d’augmenter l’offre de services dans les zones les plus reculées de l’archipel. Des unités mobiles se rendent dans les zones rurales et des travailleurs sociaux volontaires sont formés à prodiguer les premiers soins de base au sein des communautés rurales. Les autorités renforcent les capacités du personnel médical afin qu’il offre des prestations de qualité à la population. Le nombre d’étudiants en médecine augmente, ce qui permet d’envoyer davantage de médecins dans les zones rurales. Suite au passage d’un cyclone, les infrastructures sanitaires ont été réparées et renforcées afin qu’elles résistent mieux aux catastrophes naturelles.

La délégation a expliqué que les femmes étaient intégrées dans les décisions relatives aux programmes de lutte contre les changements climatiques.

La délégation a ensuite expliqué que l’avortement est possible aux Fidji sous certaines conditions, notamment lorsque la grossesse comporte un risque pour la santé de la mère. L’avortement doit être réalisé par un médecin.

Il y a trois types de terres dans l’archipel, a d’autre part indiqué la délégation. Les terres autochtones représentent 90% du total ; elles peuvent être louées mais pas vendues. Les dix pour cent de terres restants sont des terres de l’Etat ou des terres inhabitées. L’argent issu de la location des terres autochtones est réparti équitablement au sein de la communauté entre les hommes et les femmes. Des limites s’imposent à l’acquisition de terres par les étrangers ; il y a obligation de développement de la terre dans les deux ans, faute de quoi les propriétaires étrangers doivent s’acquitter d’une amende. Les étrangers commencent à revendre leurs terrains en raison de cette loi, a fait observer la délégation. Un projet de loi prévoit de limiter l’acquisition des terres par les étrangers, a-t-elle ajouté.

L’Etat construit actuellement des logements sûrs pour les femmes qui viennent vendre leurs marchandises sur les différents marchés du pays, a en outre indiqué la délégation.

Les mariages coutumiers ne sont pas reconnus par la loi. Pour être reconnu, tout mariage doit être contracté entre des personnes de plus de 18 ans, comme le prévoit la loi, a expliqué la délégation. Le mariage entre l’auteur d’un viol et sa victime ne relève que de l’ordre coutumier et cette pratique ne peut en aucun cas être reconnue par le droit. Le viol entre époux est illégal, a indiqué la délégation.


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CEDAW/18/006F