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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT OUVRE LES TRAVAUX DE SA SESSION DE 2018 DANS UN ENVIRONNEMENT SÉCURITAIRE MONDIAL COMPLEXE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu aujourd’hui les deux premières séances publiques plénières de sa session de 2018 en adoptant son ordre du jour, tel que consigné dans le document CD/WP.603, et en entendant une déclaration de Mme Izumi Nakamitsu, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Haut-Représentante pour les affaires de désarmement.

La Conférence a également entendu les interventions de vingt-six pays : Pérou, Bulgarie (au nom de l’Union européenne), Allemagne, Norvège, Brésil, Suède, Mexique, Turquie, Roumanie, Canada, Australie, Espagne, Belgique, Japon, Italie, République populaire démocratique de Corée, Etats-Unis, République de Corée, France, Royaume-Uni, Bélarus, Pays-Bas, Indonésie, Chili, Chine, Fédération de Russie.

À l'ouverture de la séance, ce matin, le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Ravinatha Aryasinha de Sri Lanka, a souligné que l’impasse dans laquelle se trouvait la Conférence était liée à la complexité de l’environnement sécuritaire mondial, marqué notamment par la menace toujours plus grande posée par les acteurs non étatiques, les progrès techniques, l’angoisse face aux armes nucléaires et la tenue de débats hors du cadre de la Conférence. Il a insisté sur la nécessité de chercher des points de convergence au sein même de la Conférence qui, a-t-il rappelé, est la seule instance autorisée à négocier les questions de désarmement au niveau international.

Dans sa déclaration, Mme Nakamitsu a pour sa part relevé que la Conférence ouvrait ses travaux dans un contexte marqué par de vives inquiétudes au sujet des armes nucléaires, malgré certains progrès récents entre les deux Corées. Par ailleurs, s’il faut se féliciter de l’accord sur le nucléaire iranien obtenu voici deux ans, il n’est pas certain que tous ses signataires soient engagés à sa préservation, a ajouté Mme Nakamitsu, avant de rappeler que le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, appelait toutes les parties concernées à rester pleinement engagées en faveur de cet accord.

De nombreux aspects de l’agenda traditionnel du désarmement pourraient être revitalisés par un rapprochement avec les préoccupations contemporaines, a recommandé la Haut-Représentante. L’accumulation et la prolifération des armes montrent ainsi qu’il est nécessaire d’intégrer plus efficacement le désarmement dans les initiatives des Nations Unies en faveur de la prévention des conflits, a souligné Mme Nakamitsu; et dans le domaine humanitaire, la nature toujours plus urbaine des conflits armés attire l’attention sur les effets des armes classiques sur les civils et l’infrastructure, a-t-elle ajouté.

Dans leurs interventions, plusieurs délégations ont appelé toutes les parties concernées à respecter l’accord sur le nucléaire iranien obtenu après treize ans de négociations diplomatiques et consacré par la résolution 2231 du Conseil de sécurité. De nombreux intervenants ont en outre demandé à la République populaire démocratique de Corée de renoncer à ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques. La Chine a appelé les deux Corées à profiter de la baisse de la tension pour reprendre le dialogue.

Les délégations se sont attachées à rappeler les défis auxquels reste confrontée la communauté internationale s’agissant des questions qui intéressent la Conférence du désarmement, dans un environnement international qui, a-t-il été maintes fois souligné, est devenu particulièrement instable. De nombreuses délégations ont plaidé pour une revitalisation des travaux de la Conférence, dans un contexte de menaces terroristes et de tensions dues aux conflits régionaux et au renforcement des arsenaux militaires. Certains ont estimé que le blocage de la Conférence n’était pas dû à ses procédures, à sa composition ou à ses dynamiques internes, mais à un manque de volonté politique. Plusieurs délégations ont néanmoins recommandé que la Conférence modifie sa composition et qu’elle collabore davantage avec la société civile. Plusieurs intervenants ont indiqué avoir pour priorité le lancement immédiat de négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire. La Chine a estimé qu’un tel traité, qui ne concerne qu’un nombre limité de pays, n’était plus d’actualité dans le contexte actuel.

Aujourd’hui, la Conférence a d’autre part accepté les demandes de participation à ses travaux en tant qu'observateurs présentées par les États suivants: Arabie saoudite, Bosnie-Herzégovine, Brunéi Darussalam, Chypre, Costa Rica, Croatie, Estonie, ex-République yougoslave de Macédoine, Géorgie, Guatemala, Jordanie, Koweït, Lettonie, Liban, Lituanie, Luxembourg, Malte, Monténégro, Oman, Panama, Philippines, Qatar, République dominicaine, République tchèque, Saint-Siège, Serbie, Singapour, Slovénie et Uruguay.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi prochain, 31 janvier 2018, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

Le Président de la Conférence, M. RAVINATHA ARYASINHA, Représentant permanent de Sri Lanka auprès des Nations Unies à Genève, a souligné que l’impasse dans laquelle se trouvait la Conférence était liée à la complexité de l’environnement sécuritaire mondial, marqué notamment par la menace toujours plus grande posée par les acteurs non étatiques, les progrès techniques, l’angoisse face aux armes nucléaires et la tenue de débats hors du cadre de la Conférence du désarmement. Cela étant, la Conférence assume toujours une responsabilité particulière s’agissant de l’instauration d’un ordre international basé sur le droit, qui est l’objectif des États membres des Nations Unies. L’incapacité de la Conférence à adopter des instruments internationaux visant à répondre à l’émergence de nouvelles menaces pour la sécurité risque de donner un mauvais exemple, a mis en garde M. Aryasinha.

Le Président de la Conférence a donc estimé nécessaire de chercher des points de convergence au sein même de la Conférence qui, a-t-il rappelé, est la seule instance autorisée à négocier les questions de désarmement au niveau international. Sri Lanka travaillera activement à la réalisation de cet objectif, a assuré M. Aryasinha. Le Président a précisé qu’il s’efforcerait de mieux coordonner l’action des six présidents qui se succéderont à la présidence de la Conférence en 2018 et qu’il organiserait des consultations pour trouver un consensus sur le programme de travail.

MME IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a relevé que la Conférence ouvrait ses travaux dans un contexte marqué par de vives inquiétudes au sujet des armes nucléaires, malgré certains progrès récents entre les deux Corées. Par ailleurs, s’il faut se féliciter de l’accord sur le nucléaire iranien obtenu voici deux ans, il n’est pas certain que tous ses signataires soient engagés à sa préservation, a ajouté Mme Nakamitsu, avant de rappeler que le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, appelait toutes les parties concernées à rester pleinement engagées en faveur de cet accord.

M. Guterres demeure engagé aux côtés de la Conférence et estime qu’elle devra continuer de chercher à relancer ses travaux en faveur du désarmement mondial, a poursuivi la Haut-Représentante. À cet égard, de nombreux aspects de l’agenda traditionnel du désarmement pourraient être revitalisés par un rapprochement avec les préoccupations contemporaines. L’accumulation et la prolifération des armes montrent ainsi qu’il est nécessaire d’intégrer plus efficacement le désarmement dans les initiatives des Nations Unies en faveur de la prévention des conflits, a souligné Mme Nakamitsu ; et dans le domaine humanitaire, la nature toujours plus urbaine des conflits armés attire l’attention sur les effets des armes classiques sur les civils et l’infrastructure, a-t-elle ajouté.

Mme Nakamitsu a cité un discours du Secrétaire général des Nations Unies, dans lequel M. Guterres constatait que la communauté internationale était témoin de changements quantitatifs et qualitatifs dans les menaces mondiales pesant sur la paix et la sécurité. Le péril nucléaire, relevait en outre le Secrétaire général, est revenu sur le devant de la scène; la cybersécurité est menacée et les conflits armés sont plus nombreux que jamais en Afrique et au Moyen-Orient. En outre, la nature changeante de ces conflits oblige les États à revoir leurs méthodes de travail et leur manière de collaborer entre eux, notait le Secrétaire général, relevant également que la prévention devait être au cœur de l’action de la communauté internationale.

Le Pérou a rappelé l’importante contribution de la Conférence par le passé et a estimé que l’inaction de ces dernières années ne devait pas décourager les États membres de tenter d’adopter, en 2018, un programme de travail portant sur le fond. Le Pérou a fait état de son engagement de longue date en faveur d’un désarmement complet, en particulier en vue de l’interdiction des armes de destruction massive, lesquelles ont des répercussions sur l’ensemble de l’humanité. C’est pour cette raison que le Pérou a appuyé l’adoption du traité d’interdiction des armes nucléaires (adopté par l’Assemblée générale le 7 juillet 2017). Le Pérou s’est dit convaincu que la communauté internationale devait persévérer dans cette voie et a lancé un appel afin que la sécurité mondiale prévale sur les intérêts particuliers.

La Bulgarie a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne en faveur d’une revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement, dans un contexte de menaces terroristes et de tensions dues aux conflits régionaux et au renforcement des arsenaux militaires. L’Union européenne estime que les essais nucléaires et balistiques de la République populaire démocratique de Corée constituent une menace pour la sécurité internationale et pour le régime de non-prolifération. C’est pourquoi l’Union européenne appelle la République populaire démocratique de Corée à renoncer complètement à ses programmes afin de contribuer à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

L’Union européenne appelle toutes les parties concernées à respecter l’accord sur le nucléaire iranien obtenu après 13 ans de négociations diplomatiques et consacré par la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’unité de la communauté internationale est indispensable pour préserver un accord qui fonctionne et pour faire en sorte que l’énergie nucléaire en Iran ne serve qu’à des fins civiles pacifiques. L’Union européenne appelle par ailleurs les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à poursuivre des politiques compatibles avec cet instrument et à prendre des mesures concrètes pour réduire les stocks mondiaux d’armes nucléaires, en tenant compte de la responsabilité particulière des États qui détiennent les plus grands arsenaux.

L’Union européenne insiste également sur l’importance du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), qui a permis de supprimer près de 3000 armes nucléaires en Europe, et recommande l’application universelle du traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

L’Union européenne recommande à la Conférence de poursuivre les débats de fond entamés l’an dernier au sein du Groupe de travail chargé de réfléchir à la manière d’aller de l’avant. La priorité pour l’Union européenne est le lancement immédiat de négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire, a fait savoir la Bulgarie. Elle a enfin réitéré l’engagement européen de longue date en faveur de l’ouverture de la Conférence à de nouveaux membres et en faveur de la coopération avec la société civile.

L’Allemagne a demandé à la République populaire démocratique de Corée de renoncer à ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques, qui bafouent le droit international et menacent la communauté internationale. L’Allemagne a par ailleurs fermement soutenu l’application de l’accord sur le nucléaire iranien, moyen le plus efficace, selon elle, de préserver la nature pacifique du programme nucléaire de l’Iran. Mais l’Allemagne s’est dite préoccupée par les activités iraniennes dans le domaine des missiles balistiques et au plan régional.

S’agissant du traité d’interdiction des armes nucléaires, l’Allemagne a indiqué que, bien qu’elle ne signerait pas cet instrument – qui n’apporte, à son avis, aucun avantage par rapport à l’architecture sécuritaire actuelle –, elle n’en comprenait pas moins les raisons de son adoption: une bonne partie de la communauté internationale est en effet déçue par le manque de progrès dans le désarmement nucléaire ces dernières années. Cette déception concerne aussi l’inaction de la Conférence, a relevé l’Allemagne. Compte tenu du fait que l’adoption d’un programme de travail n’aboutira peut-être pas en 2018, un mandat spécifique pourrait être accordé à la Conférence pour qu’elle discute des questions de fond sans devoir en passer par de longs détours procéduraux, a suggéré l’Allemagne.

La Norvège a salué le retour des États-Unis et de la Fédération de Russie sur la voie du dialogue stratégique bilatéral et a encouragé tous les États dotés d’armes nucléaires à continuer de négocier. La Norvège a ensuite souligné l’importance du TNP, pilier des efforts de désarmement nucléaire, et a jugé crucial que le cycle d’examen se conclue sur une note positive en 2020 (date de la prochaine Conférence d’examen des Parties au TNP). La Norvège a par ailleurs estimé que la négociation sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire était une étape logique dans le programme de la Conférence. Un tel traité améliorerait la confiance et contribuerait concrètement au désarmement en plaçant les stocks de matières fissiles sous la sauvegarde de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a estimé la Norvège.

Le Brésil a estimé que la Conférence ne pouvait plus se permettre de rester inactive, étant donné que son blocage n’avait en rien contribué à la baisse du risque nucléaire au niveau mondial. La situation dans la péninsule de Corée a entraîné le monde très près de l’abîme et il est difficile de dire quelle efficacité la diplomatie – qui a su déjouer la crise pour cette fois – aura à l’avenir, a mis en garde le Brésil. Le pays a assuré le Président de la Conférence de son engagement constructif en faveur des travaux de cette instance.

Pour la Suède, le moment est largement venu pour l’unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement de jouer vraiment son rôle, qui est d’apporter des changements concrets dans le domaine du désarmement. Les États membres doivent à cette fin être ambitieux et réalistes: volonté politique et aptitude au compromis doivent présider à la recherche de solutions constructives en faveur du désarmement multilatéral, a souligné la Suède.

Le Mexique a jugé inacceptable l’incertitude qui pèse actuellement sur le risque d’utilisation d’armes nucléaires. Le mécanisme de désarmement doit être à la hauteur de ce problème, a affirmé le Mexique, avant de regretter que certains pays nient l’existence du blocage de la Conférence et empêchent ainsi de trouver une solution à ce problème. Pour 2018, le Mexique recommande que la Conférence se concentre sur l’adoption d’un programme de travail et qu’elle prenne des mesures pour modifier sa composition, afin de refléter le monde actuel. Le moment est venu pour la Conférence de sortir de son inertie, a insisté le Mexique.

La Turquie a estimé que le blocage de la Conférence n’est pas dû à ses procédures, à sa composition ou à ses dynamiques internes: il lui manque surtout une volonté politique de se remettre à sa tâche fondamentale, qui est de négocier des instruments juridiques contraignants au plan international. La Turquie a par ailleurs demandé à la République populaire démocratique de Corée de faire preuve de retenue, afin de faire baisser les tensions et de donner une chance au désarmement nucléaire.

La Roumanie a réitéré son engagement en faveur de la Conférence – cadre majeur de débat sur les enjeux nucléaires et sur le renforcement de la sécurité mondiale. La Roumanie plaide pour la revitalisation de cette instance. Elle estime que les débats de fond du Groupe de travail créé l’an dernier pourront aider à identifier des points de convergence dans les travaux de la Conférence. La Roumanie a d’autre part insisté sur la nécessité de mieux informer le grand public de l’importance d’une adhésion universelle au traité d’interdiction complète des essais nucléaires et de son régime de vérification. La Roumanie a d’autre part exprimé l’espoir que le nouveau cycle d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ne serait pas politisé.

Le Canada a recommandé que la Conférence intègre à l’avenir la perspective des femmes et qu’elle travaille à l’adoption d’un programme de travail. Déçu par l’incapacité de la Conférence à engager des travaux de fond, le Canada a estimé que le lancement de négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire pourrait donner l’élan nécessaire à la reprise des travaux. Au plan de la méthode, le Canada considère comme contreproductif de lier entre eux plusieurs points de l’ordre du jour de la Conférence.

L’Australie a recommandé à la Conférence, enlisée depuis des années, de ne pas se laisser piéger par ses procédures et de ne pas hésiter à changer ses méthodes; la règle du consensus en particulier, qui protège les intérêts des pays, doit être utilisée de manière responsable, a souligné l’Australie. Une négociation sur quatre questions de fond, telle que proposée par certains États, est, de l’avis de l’Australie, irréaliste.

L’Espagne, convaincue de l’importance du rôle des Nations Unies, a fait part de son soutien à la Conférence, estimant qu’elle jouait un rôle irremplaçable. Cependant, les nombreuses divergences qui subsistent entre les membres obligent les États à faire preuve de réalisme, a souligné l’Espagne. Elle a estimé que la vérification pourrait se révéler un champ d’action utile pour instaurer des mesures de confiance mutuelle, prélude à l’établissement d’un climat propice à des progrès en matière de désarmement. Elle a aussi rappelé la priorité qu’elle accorde à la négociation d’un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire et a réitéré son appel à tous les Etats mentionnés à l’Annexe II du traité d'interdiction complète des essais nucléaires afin qu’ils ratifient cet instrument de manière à permettre son entrée en vigueur. L’Espagne est en outre favorable à une augmentation raisonnable (du nombre) des membres de la Conférence.

Enfin, l’Espagne exhorte la République populaire démocratique de Corée à abandonner complètement ses programmes nucléaire et balistique de manière à parvenir à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne par des moyens pacifiques.

La Belgique a jugé important que les six Présidents de la Conférence de cette année 2018 poursuivent leurs efforts pour faire adopter un programme de travail. Mais cela ne doit pas être l’objectif unique de la Conférence: cette instance doit envisager cette année encore la manière la plus concrète de tracer le chemin vers une reprise de ses travaux, une démarche qui passe nécessairement par des échanges sur la substance, a souligné la Belgique. Elle a par ailleurs réitéré son attachement au TNP, relevant que le Plan d’action (issu de la Conférence d’examen) de 2010 constituait, malgré l’échec de la Conférence d’examen de 2015, un guide détaillé pour réaliser des progrès concrets.

La Belgique a aussi relevé que le traité d’interdiction des armes nucléaires souffrait du manque d’implication des principales parties prenantes. Elle a dit soutenir une approche graduelle du désarmement nucléaire et a fait observer que s’il est certes nécessaire de créer un environnement sécuritaire adéquat, générer la confiance est un autre aspect important. Il n’y a pas de raccourci vers un monde dénucléarisé : cela passera par l’entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a d’autre part souligné la Belgique. Elle a en outre réitéré sa condamnation sans équivoque des essais nucléaires que la République populaire démocratique de Corée a effectués.

Le Japon a jugé évident que le développement nucléaire de la République populaire démocratique de Corée – avec trois essais réalisés et 40 missiles lancés depuis deux ans – constituait une menace grave pour la communauté internationale. Aussi, le Japon appelle-t-il la communauté internationale à exercer une pression maximale sur la République populaire démocratique de Corée. S’agissant de la Conférence, le Japon s’est interrogé sur les raisons de l’impasse dans laquelle se trouve la seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement. Il a recommandé que les propositions de programme de travail soient formulées de manière plus inclusive, autorisant le maximum de souplesse dans un esprit de compromis et compte tenu des intérêts des États.

L’Italie a fait savoir que le désarmement et la non-prolifération nucléaires figuraient en bonne place dans sa politique étrangère, raison pour laquelle elle est favorable à l’ouverture de négociations, au sein de la Conférence, sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire. L’Italie est aussi favorable à la reprise des débats de fond sur les assurances négatives de sécurité, sans exclure la possibilité d’adopter un instrument juridiquement contraignant. Elle a proposé que la Conférence s’intéresse non seulement à ses priorités traditionnelles, mais aussi à l’impact des nouvelles technologies sur la paix et la sécurité internationales. L’Italie s’est également dite favorable à une plus grande interaction de la Conférence avec la société civile au sens large, y compris les universités et le secteur privé.

L’Italie a en outre demandé à la République populaire démocratique de Corée de renoncer à ses programmes nucléaire et balistique et de revenir dans le giron du TNP.

La République populaire démocratique de Corée a constaté que l’année dernière avait été marquée par la situation dans la péninsule coréenne, mettant aux prises les États qui veulent la paix et les États qui cherchent à troubler la paix et la stabilité. Dans ce contexte, la décision stratégique du Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée de renforcer ses forces nucléaires pour défendre sa souveraineté et protéger le droit à l’existence de son peuple s’est révélée un excellent choix. L’attitude belliqueuse des États-Unis et l’imposition de sanctions par le Conseil de sécurité des Nations Unies menacent le développement pacifique de la République populaire démocratique de Corée, a ajouté la délégation. L’arsenal nucléaire de la République populaire démocratique de Corée est donc un instrument puissant pour dissuader les États-Unis de lancer un conflit téméraire, a-t-elle affirmé.

La République populaire démocratique de Corée a en outre condamné la tenue, dans la péninsule coréenne, de manœuvres militaires dirigées par les États-Unis, au prétexte de sécuriser les Jeux olympiques. Ces exercices, qui visent la République populaire démocratique de Corée, sont le facteur majeur des tensions dans la région, a insisté la délégation, demandant qu’il y soit mis fin. Elle a en outre prié les États membres de la Conférence de comprendre, avant d’exprimer leurs préoccupations, pour quelles raisons un petit pays comme la République populaire démocratique de Corée, qui n’a jamais attaqué personne, estime nécessaire de se lancer dans un programme nucléaire.

Les États-Unis ont déclaré que la décision de la République populaire démocratique de Corée de se doter de l’arme nucléaire était en réalité une très mauvaise décision; l’attitude de ce pays est en effet une menace pour toute la région du Pacifique, ont affirmé les États-Unis. Si la République populaire démocratique de Corée veut rentrer dans les bonnes grâces de la communauté internationale, elle sait ce qu’il lui reste à faire: dénucléariser la péninsule coréenne, ont ajouté les Etats-Unis.

La République de Corée a déclaré que les programmes balistique et nucléaire de la République populaire démocratique de Corée constituaient une menace pour la communauté internationale et a assuré qu’elle ne reconnaîtrait jamais ce pays en tant que puissance nucléaire.

La République populaire démocratique de Corée a assuré que les pressions de toute nature ne l’empêcheraient pas de rester une puissance nucléaire, un statut qui devra bien être reconnu par les États-Unis.

La France a souligné que la « Revue stratégique de défense et de sécurité nationale » demandée par le Président de la République au lendemain de son élection, publiée en décembre dernier et destinée à fixer le cadre stratégique de l’élaboration de la Loi de programmation militaire 2019-2025 souligne notamment que le système international issu de la guerre froide cède la place à un environnement multipolaire en profonde mutation dont l’instabilité et l’imprévisibilité sont les figures dominantes, évolution qui se double d’une contestation directe des institutions internationales et des normes censées encadrer le recours à la force. Cette Revue nous rappelle que seuls des efforts cohérents pour dissiper les tensions internationales, pour garantir un respect sans faille du droit international et pour faire prévaloir la nécessité du dialogue et de la coopération à tous les niveaux permettront de crédibiliser nos ambitions communes en matière de désarmement, a ajouté la France.

La France a ensuite indiqué que l’année 2018 serait notamment marquée par la deuxième réunion du Comité préparatoire en vue de la Conférence d’examen des Parties au TNP de 2020. Nous serons particulièrement vigilants aux agissements de la « Corée du Nord », qui a multiplié l’an dernier les provocations déstabilisatrices, a déclaré la France. Elle a ajouté qu’elle continuerait d’être particulièrement active dans la promotion d’une vision pragmatique et progressive du désarmement nucléaire, tenant pleinement compte du contexte de sécurité. C’est la raison pour laquelle la France s’oppose au traité d'interdiction des armes nucléaires, négocié à la hâte l’an dernier dans l’ignorance totale de la dégradation du contexte stratégique et du rôle que continue de jouer la dissuasion nucléaire dans la préservation de la sécurité et de la stabilité internationale et régionale, notamment en Europe et en Asie. La France n’a pas participé aux négociations de cet instrument et n’entend pas y adhérer : ce traité ne nous lie pas et ne crée pas de nouvelles obligations, a insisté la France.

Pour autant, nous continuons d’œuvrer avec détermination à la mise en œuvre des prochaines étapes prioritaires du désarmement nucléaire : entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires ; lancement des négociations, au sein de la Conférence, sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire ; et travaux sur la vérification du désarmement nucléaire, tant dans le cadre du groupe gouvernemental d’experts qui sera établi cette année sous présidence norvégienne que dans celui du Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire.

L’utilisation d’armes chimiques en toute impunité est également un sujet de préoccupation majeure, a poursuivi la France, avant d’indiquer que c’est la raison pour laquelle un partenariat international contre l’impunité d’utilisation d’armes chimiques est proposé : aujourd’hui même, 29 Etats sont présents à Paris pour endosser la déclaration de principes commune et participer à la conférence inaugurale de ce partenariat. La France a également expliqué que 2018 serait une année importante dans le domaine des armes conventionnelles.

Le Royaume-Uni a recommandé d’user de diplomatie et de sanctions pour maintenir – et même renforcer – la pression contre la République populaire démocratique de Corée, afin d’amener ce pays à négocier sérieusement. La communauté internationale doit montrer qu’elle se tient prête à réagir aux entreprises téméraires de la République populaire démocratique de Corée, a insisté le Royaume-Uni, rappelant que le Conseil de sécurité avait adopté à ce sujet de nombreuses résolutions unanimes depuis 2006. La prospérité du peuple nord-coréen dépend de la volonté de ses autorités de dialoguer avec la communauté internationale et de renoncer à ses programmes illégaux, a ajouté le Royaume-Uni.

Le Royaume-Uni s’est en outre dit convaincu de l’importance des activités relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité en tant que moyen de renforcer la sécurité internationale, de prévenir les conflits et de maintenir la paix. Le Royaume-Uni, qui défend activement cet agenda au sein du Conseil de sécurité, a été l’un des premiers pays à élaborer un plan d’action national à ce sujet, en 2006. Le quatrième plan d’action, lancé la semaine dernière, place les femmes et les filles au cœur des activités britanniques de prévention et d’instauration de la paix.

Le Bélarus a jugé positifs les travaux du Groupe de travail créé l’an dernier pour éclairer la Conférence sur la voie à suivre, même si cela n’a pas suffi à faire adopter le programme de travail. Les conditions sont réunies pour adopter un traité donnant des garanties de sécurité sans équivoque aux États non dotés de l’arme nucléaire, a d’autre part estimé le Bélarus. Il a en outre considéré que la communauté internationale devait absolument se pencher sur les problèmes posés par la criminalité en ligne et par les armes autonomes.

Pour les Pays-Bas, la Conférence, malgré tous ses défauts, reste le meilleur outil pour traiter du désarmement nucléaire. Cela étant, l’inaction de cette instance depuis vingt ans a eu pour résultat que le désarmement est désormais abordé dans d’autres fora, une situation qui devrait inquiéter les États membres. Le mécanisme du désarmement doit être adapté aux nouvelles menaces et à l’évolution technologique contemporaine, ont ensuite observé les Pays-Bas, avant de plaider pour davantage de souplesse s’agissant de la portée des négociations à la Conférence et de leurs résultats escomptés. Les Pays-Bas ont également plaidé en faveur de la coopération de la Conférence avec la société civile et en faveur de l’ouverture de cette instance à de nouveaux membres.

Se disant très préoccupée par la menace de guerre nucléaire pesant sur l’humanité, l’Indonésie a assuré qu’elle avait pour priorité le désarmement nucléaire. Elle a indiqué avoir fait partie des initiateurs du traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ouvert à la signature en septembre dernier. L’Indonésie s’oppose par conséquent à toute activité interdite par ce traité, notamment aux menaces d’utilisation d’armes nucléaires, aux essais nucléaires, à la modernisation des arsenaux nucléaires existants et au déploiement d’armes nucléaires sur le territoire d’un État. L’Indonésie a insisté sur l’importance de l’existence d’un instrument juridique universel et obligatoire garantissant que les États qui, comme elle, ne sont pas dotés d’armes nucléaires ne vivent pas sous la menace de l’utilisation de telles armes contre eux.

L’Indonésie a d’autre part regretté que la conférence qui devait, en 2010, se pencher sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient n’ait finalement pas été convoquée. Cela étant, a ajouté l’Indonésie, la création de telles zones ne saurait remplacer des garanties de de sécurité universelles et juridiquement contraignantes.

Le Chili a salué le travail réalisé par le nouveau Président pour recenser les efforts déjà déployés en vue de revitaliser la Conférence. Le Chili s’est félicité de l’adoption du traité d’interdiction des armes nucléaires par l’Assemblée générale des Nations Unies et a rendu hommage au rôle joué par la société civile dans la sensibilisation à l’importance de cet instrument – la Coalition internationale contre les armes nucléaires (ICAN), moteur de cette campagne, ayant reçu pour cela le prix Nobel de la paix, a rappelé le Chili. Le Chili a également salué les récentes initiatives de « diplomatie olympique » entre les deux Corées. Il a enfin insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de prendre des mesures constructives contre la prolifération des armes nucléaires.

Très attachée au maintien de la paix dans la péninsule coréenne, la Chine s’est dite favorable tant au dialogue qu’au respect des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies concernant la sécurité dans cette péninsule. Elle a appelé les deux Corées à profiter de la baisse de la tension pour reprendre le dialogue. La Chine a observé que les pressions et l’isolement étaient des techniques contreproductives et a appelé les États-Unis à ne pas envenimer la situation. La Chine souhaite une reprise des pourparlers qui soit accompagnée de la reconnaissance par les parties de leurs intérêts respectifs. Elle a appelé la communauté internationale à privilégier la voie diplomatique pour maintenir le régime international de non-prolifération. La Chine a enfin réitéré son opposition de principe à l’imposition de sanctions unilatérales contre des pays. La Chine a par ailleurs estimé que la réunion des alliés des États-Unis qui s’est tenue il y a quelques jours à Vancouver pour discuter de la sécurité dans la péninsule coréenne ne contribuerait en rien à régler les problèmes, puisque certains grands intervenants de ce dossier n’étaient pas conviés. Les négociations à Six sont le canal de règlement du dossier nucléaire coréen, a rappelé la Chine.

S’agissant des travaux de la Conférence, la Chine a estimé qu’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, qui ne concerne qu’un nombre limité de pays, n’était plus d’actualité dans le contexte technologique actuel. Elle a dit ne voir aucun inconvénient à l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires dans l’Asie du Sud-Est.

Les États-Unis ont indiqué que la réunion de Vancouver, organisée par les États-Unis et le Canada, concernait les États membres du commandement des forces des Nations Unies en Corée, dont la Fédération de Russie et la Chine ne font pas partie. Les participants à cette réunion ont notamment réitéré leur refus de reconnaître une République populaire démocratique de Corée dotée de l’arme nucléaire. Les États-Unis ont assuré qu’ils continueraient de travailler avec la Chine et la Fédération de Russie à la recherche d’une solution à long terme dans la péninsule coréenne.

La République populaire démocratique de Corée a regretté que certains États suivent aveuglément les États-Unis. Elle a insisté sur le fait que son propre programme nucléaire était destiné uniquement à défendre sa souveraineté contre la politique hostile des États-Unis.

La Chine a indiqué n’avoir pas participé à la réunion de Vancouver et n’en avoir pas eu, non plus, le souhait.

La Fédération de Russie a déclaré qu’elle honorait pleinement ses obligations au titre du droit international, y compris celles découlant des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.


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