Aller au contenu principal

CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : LES DÉLÉGATIONS S’EXPRIMENT SUR LE BLOCAGE DES TRAVAUX

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu ce matin, en séance plénière publique, les déclarations de plusieurs délégations qui ont en particulier évoqué le blocage des travaux et exposé leurs priorités dans ce contexte.

Dans une courte allocution, M. Michael Møller, Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève et Secrétaire général de la Conférence, a assuré les membres de cette instance que le Secrétaire général des Nations Unies, la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement et lui-même étaient pleinement engagés à aider la Conférence à poursuivre ses travaux de fond. M. Møller a attiré l’attention sur l’importance de réglementer l’utilisation des nouvelles technologies.

À l’ouverture de la séance, le Président de la Conférence, l’Ambassadeur Ravinatha Aryasinha de Sri Lanka, a indiqué qu’il avait fait procéder à une compilation des propositions de programme de travail formulées depuis 2000. Il en ressort clairement que les États ne sont pas restés inactifs, contrairement à ce qui leur a été reproché, a-t-il fait observer: la question est donc de savoir pourquoi, en dépit de ces efforts, la Conférence est toujours incapable d’adopter un programme de travail, a-t-il indiqué. M. Aryasinha a alors annoncé que deux réunions informelles de la Conférence, ce matin et jeudi prochain, porteraient précisément sur cette question.

Ce matin, une délégation a souligné que si les raisons de l’impasse actuelle sont à chercher, pour l’essentiel, en dehors de la Conférence, il n’en demeure pas moins que les membres doivent se demander s’ils ont effectivement épuisé toutes les possibilités offertes par le cadre de cette instance. La Conférence, qui a toujours été un organe à la fois de négociation et de délibération, est et doit rester une institution vivante, capable à nouveau de proposer des solutions de sécurité précédées de débats politiques vigoureux, a-t-il en outre été affirmé. Il a par ailleurs été recommandé d’intégrer aux travaux de la Conférence les nouvelles menaces liées à la cybersécurité, au terrorisme chimique et biologique et aux systèmes d’armes autonomes.

Ont fait des déclarations les délégations des pays suivants : Égypte, Pologne, Fédération de Russie, Myanmar, Kazakhstan, Mexique, Inde. La Chine a rendu hommage au Représentant permanent de la Fédération de Russie, sur le départ.

Les délégations ont ensuite eu une discussion informelle sur le programme de travail, qui se poursuivra dans la matinée de jeudi prochain.

Ce matin, la Conférence a accepté les demandes de participation à ses travaux en tant qu’observateurs déposées par les États suivants : Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Burkina Faso, Ghana, Grèce, République démocratique populaire lao, Portugal et Thaïlande.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra jeudi prochain, 1er février, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

L’Égypte a regretté que la Conférence, unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement, n’ait pas su adopter un programme de travail depuis de nombreuses années. L’Égypte a rappelé accorder beaucoup d’importance à la négociation d’une convention globale sur les armes nucléaires qui aurait pour but ultime la réalisation de l’élimination complète et irréversible des armes nucléaires dans le cadre d’un calendrier précis et sous un régime international de vérification et de contrôle efficace. Pour l’Égypte, le désarmement nucléaire reste la priorité absolue ; aussi, le pays attend-il d’un programme de travail de la Conférence qu’il inclue l’établissement d’un organe subsidiaire traitant de cette question.

L’Égypte estime par ailleurs qu’il est de la plus haute importance que la Conférence engage également les négociations sur un instrument juridiquement contraignant, non discriminatoire, multilatéral et internationalement et effectivement vérifiable visant l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire – un instrument qui devrait viser des objectifs tant de non-prolifération que de désarmement nucléaire. L’Égypte accorde en outre une attention particulière au développement d’un régime juridique visant à préserver l’espace en tant que patrimoine commun de l’humanité et à en maintenir l’usage pour des activités pacifiques. Le pays plaide donc pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à prévenir la course aux armements dans l’espace. Seule l’élimination des armes nucléaires peut garantir l’humanité contre la menace de leur utilisation, a rappelé l’Égypte, avant de souligner que le désarmement nucléaire et la non-prolifération nucléaire se renforcent mutuellement.

N’ayant de cesse d’appeler à la poursuite des efforts en vue de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toute arme de destruction massive au Moyen-Orient, l’Égypte appelle à l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au placement sous accords de garanties complets de toutes les installations nucléaires du Moyen-Orient qui ne se trouvent pas sous de telles garanties.

La Pologne a rappelé qu’elle a commencé cette nouvelle année en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité et qu’elle allait présider, au printemps prochain, la deuxième réunion du Comité préparatoire en vue de la Conférence d’examen du TNP de 2020.

La Pologne a ensuite estimé que si les raisons de l’impasse actuelle au sein de la Conférence sont effectivement, pour l’essentiel, à chercher en dehors de cette instance, comme le pense le Président de la Conférence, il n’en demeure pas moins que les membres doivent se demander s’ils ont effectivement épuisé toutes les possibilités offertes par le cadre de la Conférence. La Pologne a souligné que la Conférence, qui a toujours été un organe à la fois de négociation et de délibération, est et doit rester une institution vivante, capable à nouveau de proposer des solutions de sécurité précédées de débats politiques vigoureux.

La Fédération de Russie s’est dite pessimiste quant à la possibilité d’adoption rapide d’un programme de travail à la Conférence, au vu des intérêts divergents au sein de cette instance et de la situation internationale. Certaines propositions formulées pour sortir de l’impasse pourraient cependant aboutir si les membres faisaient preuve de la souplesse nécessaire, a estimé la Fédération de Russie. Elle a mis en garde contre la multiplication de forums de négociation sur le désarmement extérieurs à la Conférence – forums qui ont notamment pour défauts de ne pas tenir compte des intérêts de tous les États et de viser seulement le plus petit dénominateur commun.

Au contraire, a ajouté la Fédération de Russie, les objectifs de la Conférence du désarmement ne pourront être atteints que sur la base du compromis et compte tenu des réalités géopolitiques actuelles. Aussi, la Fédération de Russie a-t-elle proposé de relancer les travaux de fond de la Conférence avec ses projets de traité portant, pour l’un présenté conjointement avec la Chine, sur la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et, pour l’autre, sur la lutte contre le terrorisme.

Le Myanmar a assuré accorder la plus haute importance à la Conférence et être convaincu de son potentiel en tant qu’unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement. Le désarmement nucléaire en particulier est un enjeu prioritaire pour le Myanmar: c’est pourquoi ce pays soutient la création, au sein de la Conférence du désarmement, d’un organe subsidiaire pour entamer des négociations immédiates sur une convention complète sur les armes nucléaires, comme le demande la résolution A/RES/72/38 de l’Assemblée générale des Nations Unies, laquelle demande également le lancement immédiat de négociations au sein de la Conférence sur un traité non discriminatoire et internationalement vérifiable d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. La Conférence pourrait également explorer la possibilité de créer un organe subsidiaire doté d’un mandat approprié sur la prévention de la course aux armements dans l’espace. En attendant la suppression des armes nucléaires, il est justifié que les États non dotés de telles armes exigent de ceux qui en sont dotés qu’ils leur donnent des garanties de sécurité inconditionnelles, moyennant un instrument juridiquement contraignant, a poursuivi le Myanmar, avant d’ajouter que la Conférence devrait donc créer un autre organe subsidiaire chargé de cette question.

La Conférence devrait enfin intégrer à ses travaux les nouvelles menaces liées à la cybersécurité, au terrorisme chimique et biologique et aux systèmes d’armes autonomes, a conclu le Myanmar.

Le Kazakhstan a assuré qu’il restait pleinement engagé dans la réalisation des buts et objectifs de la Conférence, unique instance multilatérale ayant autorité pour négocier les problèmes liés au désarmement. À cet égard, le Kazakhstan a demandé aux délégations de faire preuve de souplesse et de responsabilité.

Le Mexique s’est pour sa part dit prêt à entamer des négociations sur n’importe lequel des sujets qui figurent à l’ordre du jour de la Conférence. Le débat sur les éléments à faire figurer dans le programme de travail de la Conférence a eu lieu à plusieurs reprises, a rappelé le Mexique, avant de prier la présidence de présenter un projet de programme de travail concret à discuter dans des réunions informelles.

L’Inde a estimé nécessaire de ne pas opérer de séparation artificielle entre les négociations et les autres aspects des travaux de la Conférence, étant donné que l’actualité se charge de brouiller quelque peu la distinction entre les sept points majeurs inscrits à l’ordre du jour. Pour faciliter la reprise des travaux de fond, l’Inde préconise que la Conférence resserre ses liens avec les autres éléments du cadre institutionnel du désarmement, en vue de trouver des thèmes d’action concrète. L’Inde recommande aussi que la session de 2018 de la Conférence porte sur un renforcement de la confiance entre les États dotés et les États non dotés de l’arme nucléaire, ainsi qu’entre les États dotés eux-mêmes. S’agissant des méthodes de travail, l’Inde a recommandé que les présidences de la Conférence durent huit semaines au lieu de quatre comme cela est actuellement le cas.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC18.004F