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LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME OUVRE LES TRAVAUX DE SA TRENTE-SIXIÈME SESSION

Compte rendu de séance
M. Zeid regrette « l’hypocrisie de certains États qui défendent les droits de l’homme sur la scène internationale tout en les bafouant chez eux »

Le Conseil des droits de l’homme a ouvert ce matin à Genève les travaux de sa trente-sixième session en entendant une mise à jour par le Haut-Commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies, M. Zeid Ra’ad Al Hussein.

Le Haut-Commissaire a rappelé qu’il entamait la dernière année de son mandat - mandat qu’il a précisé entendre mener à son terme avec vigueur et détermination. Il a ensuite rendu hommage, en ce 11 septembre, aux victimes des attentats terroristes commis aux États-Unis en 2001. M. Zeid a souligné à ce propos que « les actions d’extrémistes violents ne pourront jamais annihiler totalement notre monde », contrairement aux gouvernements, et qu’il s’agissait là de la grande tragédie d’aujourd’hui. « Les responsables intellectuels de ces crimes » observent la manière dont les gouvernements érodent progressivement les protections des droits de l'homme et dont nos sociétés se délitent, ainsi que la manière dont de nombreux gouvernements mettent le cap sur l’autoritarisme et à l’oppression, a-t-il ajouté.

M. Zeid a également regretté l’hypocrisie de certains États qui défendent les droits de l’homme sur la scène internationale tout en les bafouant ouvertement chez eux. Le Haut-Commissaire a demandé aux gouvernements qui intimident les défenseurs des droits de l'homme et se livrent à des représailles à leur encontre de se rendre compte qu’en se comportant ainsi, ils ne font que confirmer au monde l’oppression qu’ils exercent aussi chez eux. M. Zeid a demandé au Président du Conseil et aux États membres d’envisager d’exclure du Conseil des droits de l’homme les États coupables des pires violations des droits de l’homme. Il a enfin regretté les attaques de certains diplomates et responsables politiques de haut rang contre les mécanismes des droits de l’homme, ou leur déni de certaines violations graves des droits de l’homme.

Le Haut-Commissaire a ensuite évoqué plus particulièrement la situation dans les pays suivants : Myanmar, Yémen, République arabe syrienne, Égypte, Bahreïn, Venezuela, États-Unis, Turquie, République centrafricaine, Soudan du Sud, République démocratique du Congo, Burundi, Grèce et Pologne.


Le Conseil poursuit ses travaux ce matin en examinant des rapports du Rapporteur spécial sur la vérité, la justice et les réparations et du Groupe de travail sur les disparitions forcées.


Mise à jour du Haut-Commissaire aux droits de l'homme

M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a rappelé qu’il entamait la dernière année de son mandat - mandat qu’il a précisé entendre mener à son terme avec vigueur et détermination. Il a ensuite rendu hommage, en ce 11 septembre, aux victimes des attentats terroristes commis aux États-Unis en 2001. M. Zeid a souligné à ce propos que « les actions d’extrémistes violents ne pourront jamais annihiler totalement notre monde », contrairement aux gouvernements, et qu’il s’agissait là de la grande tragédie d’aujourd’hui. « Les responsables intellectuels de ces crimes » observent la manière dont les gouvernements érodent progressivement les protections des droits de l'homme et dont nos sociétés se délitent, ainsi que la manière dont de nombreux gouvernements mettent le cap sur l’autoritarisme et à l’oppression, a-t-il ajouté.

M. Zeid a également regretté l’hypocrisie de certains États qui défendent les droits de l’homme sur la scène internationale tout en les bafouant ouvertement chez eux. Le Haut-Commissaire a demandé aux gouvernements qui intimident les défenseurs des droits de l'homme et se livrent à des représailles à leur encontre de se rendre compte qu’en se comportant ainsi, ils ne font que confirmer au monde l’oppression qu’ils exercent aussi chez eux. M. Zeid a demandé au Président du Conseil et aux États membres d’envisager d’exclure du Conseil des droits de l’homme les États coupables des pires violations des droits de l’homme. Il a enfin regretté les attaques de certains diplomates et responsables politiques de haut rang contre les mécanismes des droits de l’homme, ou leur déni de certaines violations graves des droits de l’homme.

Le Haut-Commissaire a ensuite informé le Conseil de ses préoccupations s’agissant de la situation des droits de l’homme dans de nombreux pays. Au Myanmar, le Haut-Commissaire s’est dit très préoccupé par le lancement d’une nouvelle opération de sécurité brutale et de grande ampleur dans l’État de Rakhine : selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux réfugiés, en moins de trois jours plus de 270 000 personnes ont fui ces opérations qui constituent clairement une réaction disproportionnée à l’attaque de postes de police par des militants rohingya le 25 août. Le Haut-Commissaire s’est également dit consterné par le fait que les autorités du Myanmar ont miné la frontière avec le Bangladesh. Il a aussi jugé « cynique » la condition posée au retour des réfugiés, à savoir de donner des preuves de nationalité.

Les violations des droits de l’homme systématiques commises contre les Rohingya pourraient constituer des crimes contre l’humanité ou de nettoyage ethnique, a mis en garde le Haut-Commissaire. Il a demandé aux autorités du Myanmar de mettre un terme aux opérations militaire en cours et d’autoriser le Haut-Commissariat à entrer dans le pays. Aux autorités du Bangladesh, le Haut-Commissaire a demandé de maintenir ouvertes les frontières pour accueillir les réfugiés. M. Zeid a regretté que l’Inde ait décidé de procéder à des expulsions de Rohingya dans ces circonstances.

Le Haut-Commissaire a ensuite jugé très alarmante la situation des droits de l’homme au Yémen, soulignant que 62 organisations non gouvernementales internationales et yéménites avaient écrit une lettre au États membres du Conseil des droits de l’homme pour les prier de désigner une commission internationale pour enquêter sur les violations des droits de l’homme commises dans ce pays qui, au 30 août dernier, avaient entraîné au moins 5144 victimes civiles, un chiffre vérifié par le Haut-Commissariat. Ces souffrances sont aggravées par l’épidémie de choléra, résultat des attaques aveugles perpétrées contre les institutions de santé yéménites, a déploré M. Zeid.

Quant au conflit en Syrie, « il a redéfini le mot ‘horreur’ », a regretté le Haut-Commissaire. « La perpétuation de ce cauchemar ternira à jamais l’héritage » des dirigeant mondiaux actuels, a mis en garde M. Zeid. En 2017, le Haut-Commissariat a documenté plusieurs centaines de frappes aériennes et bombardements ayant entraîné la mort de milliers de civils dans tout le pays, dont au moins un quart d’enfants. Pour rétablir une paix durable en Syrie, a souligné le Haut-Commissaire, ses promoteurs devront faire en sorte qu’elle soit fondée sur les normes internationales de droits de l’homme.

Se tournant vers la situation en Égypte, M. Zeid a déclaré que l’état d’urgence décrété dans ce pays en avril dernier servait à justifier l’imposition du silence à la société civile et la fermeture de l’espace civique, au prétexte de la lutte antiterroriste. S’agissant de Bahreïn, le Haut-Commissaire a déploré les importantes restrictions imposées aux activités de la société civile et des militants politiques par le biais de mesures d’intimidation. Le Haut-Commissariat reste prêt à aider le Gouvernement de Bahreïn à remédier à une situation jugée grave par le Haut-Commissaire.

M. Zeid a d’autre part déclaré qu’il existait un danger réel d’escalade des tensions actuelles au Venezuela, compte tenu de « l’écrasement des institutions démocratiques par le Gouvernement ». En tant que membre du Conseil, le Venezuela est tenu d’observer « les normes les plus strictes en matière de promotion et de défense des droits de l’homme » (résolution 60/251 de l’Assemblée générale, paragraphe 9 du dispositif), a rappelé le Haut-Commissaire. Les enquêtes du Haut-Commissariat montrent que des crimes contre l’humanité ont peut-être été commis au Venezuela, ce que devra confirmer une prochaine enquête pénale. Le Haut-Commissaire a recommandé au Conseil de créer une commission d’enquête internationale sur les violations des droits de l’homme au Venezuela.

M. Zeid a déploré d’autre part que le Gouvernement des États-Unis ait décidé de mettre un terme au programme d’accueil provisoire de migrants mineurs (DACA), malgré son impact positif évident pour la vie de plus de 800 000 jeunes et pour les États-Unis en général. Le Haut-Commissaire a rappelé qu’il avait exprimé publiquement ses préoccupations face à la montée du racisme et de l’antisémitisme aux États-Unis. La liberté d’expression est un droit fondamental et inestimable, a ajouté M. Zeid : « elle ne doit pas être utilisée comme une arme pour appeler à la violence et à la haine », a-t-il souligné.

Le Haut-Commissaire a salué les préoccupations exprimées par les autorités de la Turquie devant la situation des droits de l’homme des Rohingya et a encouragé les autorités turques à faire preuve de la même sollicitude s’agissant de la situation des droits de l’homme en Turquie même, compte tenu de sa détérioration. Le Haut-Commissariat publiera prochainement un rapport sur les conséquences pour les droits de l’homme de l’imposition de l’état d’urgence en Turquie, a annoncé M. Zeid.

S’agissant du problème des migrations, M. Zeid a appelé les autorités de la Libye, l’Union européenne et ses États membres à laisser travailler les organisations non gouvernementales qui viennent en aide aux migrants. L’Union européenne et ses États membres devraient en outre faire en sorte que tout accord de coopération avec la Libye respecte la dignité et les droits de l’homme des migrants, a demandé le Haut-Commissaire. Aucun migrant ne doit être déporté vers un pays où il risquerait d’être torturé, a rappelé M. Zeid.

M. Zeid s’est dit également très préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire en République centrafricaine depuis quelques mois et a appelé le personnel politique à condamner tous les appels à la violence. La Haut-Commissaire adjointe, a dit le Haut-Commissaire, présentera un rapport séparé sur la situation des droits de l’homme au Soudan du Sud, « un pays tout simplement dévasté par la violence » ; elle s’exprimera également au sujet de la situation des droits de l’homme en République démocratique du Congo, marquée par des violences communautaires parfois liées à la situation politique incertaine.

S’agissant du Burundi, le Haut-Commissaire a observé que la situation des droits de l’homme ne s’y était pas améliorée : disparitions, meurtres, arrestations arbitraires et torture d’opposants y sont monnaie courante, a-t-il regretté. Il a appelé le Burundi à appliquer les recommandations de la Commission d’enquête et à mettre un terme aux violences commises par les forces de sécurité et par les Imbonerakure.

M. Zeid a enfin salué la dignité et le respect avec lesquels les habitants de l’île de Tilos, en Grèce, savent accueillir les migrants. Il a en outre salué l’activisme des milliers de personnes qui ont pris part, en juillet dernier en Pologne, à des manifestations contre des réformes menaçant l’indépendance de la justice.

Le Haut-Commissaire a fait savoir que la version complète de sa mise à jour faisait état des préoccupations du Haut-Commissariat dans les pays suivants, parfois de manière plus détaillée que cela n’a été possible ici : Myanmar, Bangladesh, Inde, Pakistan, Sri Lanka, Philippines, Chine, Viet Nam, Cambodge, Maldives, République populaire démocratique de Corée, Yémen, Syrie, Iraq, territoires palestiniens occupés, Israël, Égypte, Bahreïn, Iran, Venezuela, États-Unis, Brésil, Honduras, Guatemala, El Salvador, Turquie, Pologne, République de Moldova, Hongrie, Grèce, République centrafricaine, Soudan du Sud, Burundi, Mali, Soudan, République démocratique du Congo, Éthiopie et République du Congo ; ainsi que s’agissant de l’accord de coopération entre l’Union européenne et la Libye en matière de migrations.



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HRC/17/118F