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LE COMITÉ DES DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS AUDITIONNE LA SOCIÉTÉ CIVILE AU SUJET DE LA SITUATION AU PAKISTAN

Compte rendu de séance

Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels a auditionné, ce matin, des représentants de la société civile au sujet de l'application par le Pakistan du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Pakistan Dalit Solidarity Network a expliqué que les discriminations contre les castes étaient généralisées au Pakistan. Les Dalits en particulier vivent dans des conditions très difficiles, nombre d'entre eux étant réduits à la servitude en raison de leurs dettes. L'association a expliqué en outre que si la loi du Pakistan interdit de forcer un mineur à se convertir et à se marier, l'influence de groupes religieux extrémistes a poussé le Gouverneur de l'État du Sind à refuser d'appliquer la loi contre le mariage forcé. Des centaines de jeunes filles dalits au Pendjab et dans le Sind sont ainsi mariées de force et obligées de changer de religion chaque année. L'organisation a demandé au Gouvernement pakistanais de promulguer une loi interdisant toutes les discriminations à l'encontre des Dalits et des membres d'autres castes.

Pakistan Alliance for Postabortion Care a souligné que les femmes au Pakistan accédaient difficilement à la contraception, ce qui donne lieu à de nombreuses grossesses non désirées et à des avortements. La loi n'autorise l'avortement que s'il existe un risque pour la vie de la mère, sans autre exception, même en cas de viol ou de malformation du fœtus. Officiellement, les avortements clandestins constituent environ 6% de la mortalité maternelle au Pakistan mais ces chiffres pourraient être fortement sous-estimés: en 2012, selon l'Alliance, 2,2 millions d'avortements auraient été réalisés dont 85% par des personnels non qualifiés. Le Gouvernement pakistanais doit assurer l'accès aux contraceptifs dans l'ensemble du pays, a demandé l'Alliance, et lever les obstacles qui empêchent les femmes d'avoir accès à l'ensemble des services de santé sexuelle et procréative.

Enfin, International Baby Food Action Network a relevé que la santé maternelle et infantile était un gros problème au Pakistan, la fourniture des services étant compromise par l'insécurité et l'environnement politique. D'après le rapport annuel du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), seuls 38% des enfants de moins de 6 mois reçoivent un allaitement maternel exclusif; le Pakistan a le taux le plus faible d'allaitement de la région; et les produits de substitution au lait maternel utilisés n'ont que très peu de valeur nutritionnelle. La politique de santé de l'enfance ne va pas suffisamment loin et le manque de ressources financières empêche d'appliquer la stratégie sur l'alimentation des très jeunes enfants. L'État doit se doter d'une stratégie globale pour lutter contre les causes de la malnutrition des enfants, a recommandé l'organisation non gouvernementale.

Dans le cadre du dialogue qui a suivi ces interventions, un expert du Comité a demandé si la lutte contre les discriminations à l'encontre des Dalits était une priorité pour les autorités pakistanaises. Un autre expert a demandé si des consultations avaient été menées auprès de la société civile concernant la préparation du rapport du Pakistan. Une experte a voulu savoir si la priorité, pour les femmes pakistanaises, ne devait pas être avant tout la liberté de ne pas se marier et de décider du nombre d'enfants qu'elles veulent avoir. Un expert a souhaité savoir quelles obstacles d'ordre culturel pouvaient expliquer que le taux d'allaitement soit si bas au Pakistan. Un autre expert a demandé si le système de transfert d'argent mis en place récemment avait eu des effets positifs sur l'accès des femmes au microcrédit. Une experte s'est enfin interrogée sur la perception des droits économiques, sociaux et culturels au sein de la population pakistanaise.

Cet après-midi à 15 heures, le Comité entamera l'examen du rapport initial du Pakistan. (E/C.12/PAK/1).


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

ESC17/014F