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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT TIENT SA PREMIÈRE SÉANCE PUBLIQUE SOUS LA PRÉSIDENCE DE LA SLOVAQUIE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu ce matin une séance plénière publique sous la présidence de la Slovaquie, au cours de laquelle de nombreuses délégations ont condamné le tir de missile balistique réalisé le 29 mai par la République populaire démocratique de Corée.

Les délégations qui ont pris part au débat ont estimé que ce tir de missile – le troisième en un mois – constituait une violation grave des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et une provocation intolérable aux conséquences potentiellement dangereuses pour la paix et la sécurité internationales. La République populaire démocratique de Corée a été appelée à respecter les résolutions du Conseil de sécurité, à renoncer à ses programmes d’armes de destruction massive selon des modalités vérifiables, à renoncer à défier la communauté internationale et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. La République populaire démocratique de Corée a justifié ses tirs de missiles par la nécessité de se défendre, dans un contexte d’insécurité suscitée par des exercices militaires de grande ampleur au sud de la péninsule de Corée et par l’hostilité des États-Unis. Elle a aussi mis en cause l’impartialité des résolutions du Conseil de sécurité la concernant.

Dans une allocution inaugurale, le nouveau Président de la Conférence, M. Fedor Rosocha, Ambassadeur de la Slovaquie, a réaffirmé que la Conférence, seul organe multilatéral de négociation sur les questions de désarmement, pouvait jouer un rôle central dans la défense de la paix et de la sécurité internationales. Le Président en a cité pour preuve l’adoption d’accords de désarmement multilatéraux tels que la Convention sur les armes chimiques ou le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. La Conférence doit rassembler la volonté politique indispensable pour dépasser son immobilisme actuel, a recommandé M. Rosocha, estimant que son passé fructueux fait de la Conférence un instrument utile et potentiellement productif pour ses membres.

La Slovaquie, a poursuivi M. Rosocha, profitera de sa présidence pour tirer parti des efforts qui ont été consentis jusqu’ici pour rendre à la Conférence son rôle de négociation. Elle soutiendra en particulier les efforts du Groupe de travail sur les perspectives d’avenir dans sa recherche de points de convergence au sujet du programme de travail. M. Rosocha a demandé aux États Membres de faire preuve du maximum de souplesse à cet égard et de volonté de compromis.

Le Guatemala, au nom d’un groupe d’États observateurs, a regretté que le Groupe de travail sur les perspectives d’avenir n’ait été en mesure de trouver un accord sur l’augmentation du nombre des membres de la Conférence du désarmement. Les observateurs espèrent que les États membres cesseront de considérer que le désarmement est une démarche exclusive. Il importe en effet que les questions de désarmement soient traitées par des organes authentiquement représentatifs, a souligné le Guatemala.

Ce matin, les délégations des pays suivants ont pris la parole : Indonésie, Japon, Malte (au nom de l’Union européenne), États-Unis, République de Corée, Canada, Belgique, Espagne, Turquie, Allemagne, Italie, Australie, Chine, Pologne, République populaire démocratique de Corée, Autriche, Pays-Bas, Suède, Kazakhstan, Chili, Bulgarie, Hongrie, Guatemala (au nom de plusieurs États observateurs) et Iran.

La prochaine séance plénière publique de la Conférence se tiendra mardi prochain, 6 juin 2017, à 10 heures.

Aperçu des débats

L’Indonésie a déclaré que le désarmement était une priorité pour elle, raison pour laquelle elle s’est associée à la décision de l’Assemblée générale d’adopter une résolution pour « faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire » en organisant « une conférence pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète » (A/RES/71/258). Il est à espérer que cet instrument permettra d’avancer dans le désarmement pour libérer l’humanité des risques humanitaires catastrophiques qu’aurait la détonation d’armes nucléaires, a insisté l’Indonésie. En attendant, l’Indonésie continuera de demander aux États dotés d’armes nucléaires de prodiguer des assurances de sécurité aux États qui, comme elle, s’en sont volontairement privés.

Le Japon a condamné le nouveau tir de missile balistique effectué hier 29 mai, malgré les appels de la communauté internationale et en infraction des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, par la République populaire démocratique de Corée. Le Japon a appelé ce pays à appliquer sans délai les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et la communauté internationale à redoubler d’efforts pour garantir l’effectivité de ces résolutions.

Malte, au nom de l’Union européenne, a condamné fermement le dernier tir de missile balistique par la République populaire démocratique de Corée, qui constitue une violation grave des obligations internationales de ce pays. L’Union européenne appelle la République populaire démocratique de Corée à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et à renoncer à ses programmes d’armes de destruction massive, selon des modalités vérifiables. L’Union européenne a appelé enfin la République populaire démocratique de Corée à renouer un dialogue avec la communauté internationale et à s’abstenir d’autres actions risquant d’attiser les tensions régionales.

Les États-Unis ont eux aussi condamné le troisième tir de missile de ce mois par la République populaire démocratique de Corée. Ils ont appelé à une campagne diplomatique pour isoler la République populaire démocratique de Corée et plaidé pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

La République de Corée a condamné le tir d’hier, le onzième cette année, qui est une violation éhontée des résolutions du Conseil de sécurité et une provocation allant à rebours des efforts pour dénucléariser la planète. La République de Corée a demandé à la République populaire démocratique de Corée de cesser ses provocations.

Le Canada a condamné les nombreuses provocations de la République populaire démocratique de Corée, qui menacent la paix et la stabilité régionales. La Canada a plaidé pour la tenue de négociations en vue d’une résolution pacifique de la situation.

La Belgique a condamné à son tour la violation des résolutions du Conseil de sécurité par la République populaire démocratique de Corée. La poursuite du programme balistique coréen est illégale au titre du droit international, a affirmé la Belgique, qui demandé à la République populaire démocratique de Corée d’y mettre fin de manière crédible.

L’Espagne a condamné le nouveau tir de missile balistique par la République populaire démocratique de Corée, qui constitue une grave menace pour la sécurité et la paix internationales. L’Espagne a demandé à ce pays de trouver un accord avec la communauté internationale et de renoncer de manière irréversible à son programme.

La Turquie a condamné le tir de missile balistique du 29 mai qui, comme les tirs précédents, reflète le mépris dont la République populaire démocratique de Corée témoigne pour ses obligations internationales.

L’Allemagne a exhorté la République populaire démocratique de Corée à respecter toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à mettre un terme à ses programmes de construction d’armes de destruction massive.

L’Italie a demandé à la République populaire démocratique de Corée de sortir de son isolement, de renoncer à défier la communauté internationale et de ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

L’Australie a appelé tous les pays à redoubler d’efforts pour appliquer les sanctions convenues par le Conseil de sécurité à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée.

La Chine s’est dite opposée aux tirs de missiles qui bafouent les résolutions du Conseil de sécurité, lesquelles contiennent des dispositions très claires à ce sujet. La Chine, favorable à la mise en œuvre stricte des résolutions du Conseil de sécurité relatives au dialogue pacifique, œuvrera conformément à la Charte des Nations Unies et aux procédures des Nations Unies applicables aux situations difficiles. À cet égard, une option militaire n’est pas envisageable, a affirmé la Chine : la question centrale consiste à répondre aux préoccupations de sécurité de part et d’autre et à rétablir la confiance et le dialogue.

La Pologne a demandé aux autorités de la République populaire démocratique de Corée de reprendre la voie de la coopération et du dialogue pour éviter une escalade de la situation dans la région et au plan international.

La République populaire démocratique de Corée a justifié ses tirs de missiles par la nécessité de se défendre, dans un contexte d’insécurité suscitée par des exercices militaires de grande ampleur au sud de la péninsule de Corée et par l’hostilité des États-Unis. Ses tirs de missiles ont pour but de se préparer à exercer son droit à la légitime défense en testant et en mettant à jour son arsenal.

L’Autriche a condamné ces tirs de missiles, qui constituent autant de violations flagrantes des résolutions du Conseil de sécurité et de provocations intolérables et dangereuses. L’Autriche a mis en garde contre la prolifération des armes nucléaires, qui apparaît depuis quelques décennies comme plus grave que par le passé.

Les Pays-Bas ont appelé à ce qu’il soit mis fin aux tirs de missiles et au programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée, au profit d’un retour à la table des négociations.

La Suède a estimé que les tirs de missiles balistiques mettaient en péril la paix et la stabilité internationales. Elle a invité la République populaire démocratique de Corée à s’associer au dialogue sur la sécurité régionale.

Le Kazakhstan a également condamné la grave atteinte à la paix et à la sécurité que constituent les tirs irresponsables de missiles par la République populaire démocratique de Corée. Le Kazakhstan a demandé à ce pays de revenir à la table des négociations et de renoncer à ses aspirations nucléaires. Il a prié la communauté internationale d’œuvrer en faveur de la paix et de la stabilité.

Le Chili a souligné que les derniers tirs de missiles avaient des répercussions par-delà le contexte régional. Il a demandé à la République populaire démocratique de Corée d’en revenir au dialogue par la voie diplomatique. La solution à la crise doit être pacifique, a souligné le Chili, une option militaire n’étant pas envisageable.

La Bulgarie a appelé fermement la République populaire démocratique de Corée à suspendre son programme de missiles balistiques et à renouer le dialogue avec la communauté internationale.

La République de Corée a regretté que la République populaire démocratique de Corée ne procède pas seulement à des provocations dangereuses, mais qu’elle reprenne aussi incessamment des arguments et des justifications infondés. En effet, on ne voit pas quel pays voudrait attaquer ce pays, ni pour quelles raisons, s’est interrogée par République de Corée.

La Hongrie a demandé à la communauté internationale de réagir fortement face aux tirs de missiles.

La République populaire démocratique de Corée a regretté que les États-Unis tentent de créer une atmosphère qui lui soit hostile. Elle a mis en cause les justifications juridiques des résolutions du Conseil de sécurité et s’est interrogée sur les motivations des États-Unis dans la péninsule de Corée, dont témoignent les exercices militaires de grande ampleur qui s’y déroulent. La République populaire démocratique de Corée doit faire des choix impératifs pour assurer sa capacité d’autodéfense face à la politique très hostile des États-Unis, a expliqué sa délégation.

Les États-Unis ont rappelé que, par définition, les résolutions du Conseil de sécurité étaient l’expression même du droit international.

La République populaire démocratique de Corée a estimé que le Conseil de sécurité appliquait en réalité deux poids et deux mesures : les résolutions concernant la République populaire démocratique de Corée sont basées sur des motifs politiques. La communauté internationale doit connaître les raisons des exercices militaires de grande envergure : soi-disant défensifs, ils ont en réalité pour objectif de préparer des attaques préventives contre la République populaire démocratique de Corée.

S’agissant des travaux de la Conférence, le Guatemala, au nom d’un groupe d’États observateurs, a regretté que le Groupe de travail sur les perspectives d’avenir n’ait été en mesure de trouver un accord sur l’augmentation du nombre des membres de la Conférence du désarmement. Les observateurs espèrent que les États membres cesseront de considérer que le désarmement est une démarche exclusive. Au contraire, bon nombre de membres de la communauté internationale estiment que cette question doit faire l’objet d’un débat élargi. Vingt-sept États avaient fait candidature à la Conférence du désarmement : plus de la moitié d’entre eux ont attendu trente ans avant de recevoir une réponse positive à leur demande. Il importe que les questions de désarmement soient traitées par des organes authentiquement représentatifs, a souligné le Guatemala.

La République islamique d’Iran a recommandé à la nouvelle présidence de tenir des consultations indépendamment des travaux du Groupe de travail sur les perspectives d’avenir.



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