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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME SE PENCHE SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES DROITS DE L'ENFANT

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, ce matin, une réunion-débat consacrée aux effets néfastes des changements climatiques sur l'action que mènent les États pour réaliser les droits de l'enfant. Le débat a compté avec la participation de plusieurs représentants de gouvernements, du milieu académique et de la société civile.

Mme Peggy Hicks, Directrice de la Division des activités thématiques, des procédures spéciales et du droit au développement au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, a ouvert la réunion en soulignant que les changements climatiques avaient des répercussions importantes sur les droits de l'enfant. Mme Hicks a rappelé que chaque génération doit laisser le monde en meilleur état pour la génération suivante. Le changement climatique menace la vie et la santé physique des enfants mais également leur identité, leurs moyens d'existence et leur environnement. L'inaction face aux effets des changements climatiques sur les droits de l'enfant remet en cause la notion même de justice, a mis en garde Mme Hicks.

Le débat était animé par Mme Maria Teresa Almojuela, Représentante permanente adjointe des Philippines auprès des Nations Unies à Genève, qui a souligné que son pays était un des plus vulnérables aux effets des changements climatiques, au premier rang desquels figure la multiplication des catastrophes naturelles. Ces catastrophes affectent les droits fondamentaux des enfants philippins, notamment le droit à l'éducation, a expliqué Mme Almojuela. Elle a relevé que, dans le monde, plus de 100 millions d'enfants seront affectés chaque année par ces phénomènes.

Les panélistes invités dans le cadre de ce débat étaient M. Ha Kim Ngoc, Ministre adjoint aux affaires étrangères du Viet Nam; M. Shameem Ahsan, représentant permanent du Bangladesh auprès des Nations Unies à Genève; Mme Marilena Viviani, de la Division des partenariats publics du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Directrice du bureau de liaison du Fonds à Genève; Mme Kristen Sandberg, membre du Comité des droits de l'enfant; et Mme Kehkashan Basu, fondatrice de la Green Hope Foundation.

M. Kim Ngoc a attiré l'attention sur le fait que plus d'un demi-milliard d'enfants vivent dans des zones exposées aux évènements climatiques extrêmes. Le Viet Nam estime qu'il est essentiel de développer des politiques centrées sur l'atténuation des effets néfastes des changements climatiques et de sensibiliser davantage à leur incidence sur les enfants, en vue de créer une génération consciente du problème. M. Ahsan a expliqué que les changements climatiques créent un effet domino, induisant des dérèglements dans les écosystèmes, dans les sociétés et dans la santé publique, suscitant enfin des migrations voire des conflits. M. Ahsan a rappelé que, selon l'Accord de Paris sur le climat, les États doivent prendre des mesures pour limiter ces changements climatiques et leurs conséquences.

Mme Viviani a souligné que les changements climatiques et la pollution sont responsables de la malnutrition et de l'apparition de nombreuses maladies infantiles. Mme Viviani a demandé aux États de passer des paroles aux actes, de limiter concrètement l'augmentation de la température et de préparer la transition des énergies fossiles vers les énergies durables. Mme Sandberg a souligné que les États ont des obligations supplémentaires s'agissant de la protection des enfants mais que le manque d'information est un véritable obstacle à la défense des droits de l'enfant dans le contexte des changements climatiques. Enfin, Mme Basu a plaidé pour la prise en compte de la voix des enfants dans le débat sur les changements climatiques.

Au cours du débat, les délégations (*) ont à une grande majorité souscrit aux propos des panélistes concernant l'impact des changements climatiques sur les droits de l'enfant. De nombreuses délégations ont souligné que les femmes et les enfants sont les premières victimes des changements climatiques. Certains enfants, suite à des catastrophes naturelles, n'ont plus de toit, tombent malades et ne peuvent plus se rendre à l'école. Nombre de délégations, notamment d'États insulaires, ont rappelé que les changements climatiques ont déjà des conséquences très importantes sur leur population en raison des catastrophes naturelles qu'ils provoquent, tels que les épisodes de sécheresse, les inondations, les ouragans et les tsunamis.

Plusieurs pays ont relevé que les pays industrialisés sont les principaux responsables des changements climatiques, alors que ce sont les populations les plus pauvres de la planète qui en souffrent le plus. Certaines délégations ont par conséquent recommandé la mise en place d'un régime de compensation. Enfin, d'autres pays ont souligné que la prise en compte du droit au développement était indispensable dans le contexte du réchauffement climatique.


En milieu de journée, de midi à 15 heures, le Conseil tient aujourd'hui un dialogue interactif groupé avec les Rapporteurs spéciaux sur les défenseurs des droits de l'homme et sur la torture.


Réunion-débat sur les effets néfastes des changements climatiques sur les efforts des États pour réaliser les droits de l'enfant

Déclarations liminaires

MME PEGGY HICKS, Directrice de la Division des activités thématiques, des procédures spéciales et du droit au développement au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, a cité le Comité des droits de l'enfant selon lequel les changements climatiques ont un impact grave sur les droits des enfants. Les jeunes les plus directement touchés sont ceux qui sont les plus vulnérables, issus de minorités ou handicapés, notamment. Les changements climatiques menacent non seulement la vie et la santé physique des enfants mais également leur identité, leurs moyens d'existence et leur environnement. L'inaction face aux effets du changement climatique sur les droits de l'enfant remet en cause la notion même de justice, a mis en garde Mme Hicks. Si l'Accord de Paris sur le climat (2015) prend en compte les droits de l'enfant, a observé-t-elle, les contributions des États ne sont pas encore suffisantes pour atteindre l'objectif de maintenir le réchauffement sous deux degrés, comme le prévoit l'accord. Les droits de l'homme, la justice climatique, l'équité entre les générations imposent que les pays les plus développés et le secteur privé, premiers responsables des émissions de carbone et de la pollution, contribuent le plus pour atténuer leur impact, a considéré Mme Hicks.

MME MARIA TERESA ALMOJUELA, Représentante permanente adjointe des Philippines auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, modératrice du débat, a indiqué que son pays était un des plus vulnérables aux effets des changements climatiques, au premier rang desquels la multiplication des catastrophes naturelles auxquelles les Philippines sont confrontées. Plus de 100 millions d'enfants seront touchés par ces phénomènes chaque année. À la mi-octobre 2015, un typhon a rasé de nombreuses écoles au nord de Manille et déplacé un million de personnes. Le droit fondamental des enfants à l'éducation en a été affecté, démontrant que le changement climatique touche l'ensemble des droits des enfants. Les Philippines sont coauteurs de la résolution du Conseil sur le changement climatique, a fait savoir Mme Almojuela. La représentante a ajouté que la Commission nationale des droits de l'homme des Philippines avait demandé l'ouverture d'une enquête contre 47 grandes entreprises accusées de priver les Philippins de la jouissance de leurs droits par la pollution qu'elles génèrent.

Exposés des panélistes

M. HA KIM NGOC, Ministre adjoint aux affaires étrangères du Viet Nam, a rappelé que plus d'un demi-milliard d'enfants vivent dans des zones vulnérables aux évènements climatiques extrêmes. Le Viet Nam est particulièrement touché par les inondations. Les pays en développement manquent de ressources, ce qui les rend encore plus vulnérables, accentuant une injustice préexistante. Le plus grand défi est de sensibiliser les populations à l'impact du changement climatique sur les enfants. L'attention portée à l'éducation des enfants au changement climatique est insuffisante, a déploré le Ministre adjoint.

M. Ngoc a mis en avant trois priorités: d'abord, il est essentiel de développer des politiques centrées sur l'atténuation des effets néfastes des changements climatiques. Le Gouvernement vietnamien a adopté, à cet égard, deux plans d'action nationaux pour réduire les changements climatiques et atténuer leurs effets. Ces deux plans prennent en compte les aspects liés aux droits des enfants. Le Viet Nam travaille en étroite collaboration avec le Fonds des nations Unies pour l'enfance (UNICEF) à des protocoles de réaction lors de situations d'urgence et à des actions dans la durée, a indiqué M. Ngoc. La deuxième priorité consiste à sensibiliser davantage à l'incidence du changement climatique sur les enfants, en vue de créer une génération consciente des changements climatiques. La troisième priorité porte sur le renforcement de la coopération internationale contre le changement climatique. Le Viet Nam remercie à ce propos les Nations Unies et la communauté internationale pour l'aide apportée après les événements climatiques extrêmes survenus l'an dernier, a conclu M. Ngoc.

M. SHAMEEM AHSAN, Représentant permanent du Bangladesh auprès des Nations Unies à Genève, a souligné que le lien entre les droits de l'homme et les changements climatiques est d'autant plus étroit que les conséquences de ces changements sont particulièrement graves pour les groupes vulnérables, notamment les femmes et les enfants. Les changements climatiques créent un «effet domino», induisant des dérèglements dans les écosystèmes, dans les sociétés et dans la santé publique, suscitant des migrations et même des conflits. Toutes ces conséquences empiètent sur les capacités des États à faire face à ces défis, a expliqué M. Ahsan. Dans la plupart des cas, a ajouté le représentant bangladais, ce sont des pays qui ne sont pas responsables des changements climatiques, comme le sien, qui en paient le prix. Dans ce contexte, il a rappelé les principes de l'Accord de Paris, selon lequel les États doivent prendre des mesures pour limiter ces changements climatiques et leurs conséquences.

MME MARILENA VIVIANI, de la Division des partenariats publics du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a relevé qu'en raison des changements climatiques, plus de 500 millions d'enfants vivent dans des zones inondables, 550 millions dans des zones affectées par la sécheresse et 115 millions dans des régions touchées par des cyclones. Les changements climatiques créent également des conditions propices à l'apparition ou à la progression de maladies infantiles – dont la diarrhée, la dengue et le paludisme –, premières causes de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. Les enfants sont davantage atteints par les changements climatiques que les adultes, en raison de leur faiblesse immunitaire, a poursuivi Mme Viviani, raison pour laquelle l'UNICEF soutient les États dans la prise de mesures spécifiques pour la santé des enfants, en particulier celle des enfants pauvres. Mme Viviani a souligné que l'Accord de Paris sur le climat, le Cadre d'action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 et le Programme de développement durable à l'horizon 2030 fournissent un cadre pertinent pour répondre aux besoins des enfants. Il est temps de passer des paroles aux actes, de limiter concrètement l'augmentation de la température et de préparer la transition des énergies fossiles vers les énergies durables, a conclu Mme Viviani.

MME KIRSTEN SANDBERG, membre du Comité des droits de l'enfant, a souligné qu'aucun groupe n'est autant exposé aux nuisances environnementales que les enfants. Les droits de l'enfant à la vie, au repos, au jeu, à la vie culturelle, à la santé ou à l'alimentation, de même que son droit de ne pas être exploité, sont impactés par les changements climatiques. Une approche des changements climatiques axée sur les droits de l'enfant est essentielle, a relevé Mme Sandberg. Le manque d'information est considéré comme un véritable obstacle à la défense des droits des droits de l'enfant dans le contexte des changements climatiques. L'éducation est la principale source d'information concernant les changements climatiques. Tous les programmes scolaires devraient reprendre la thématique des changements climatiques. Les préoccupations des enfants face aux changements climatiques ne sont pas suffisamment traduites dans les décisions prises sur cette question, a regretté l'experte, appelant les États à créer des structures pour permettre aux enfants de s'exprimer. «Il faut aider les enfants à devenir des acteurs du changement», a recommandé Mme Sandberg.

MME KEHKASHAN BASU, fondatrice de l'organisation de jeunesse Green Hope Foundation pour la pérennité de l'environnement, a rappelé qu'en 2000, année de l'adoption des objectifs du Millénaire pour le développement, la société civile et le monde politique s'étaient engagés à lutter contre l'extrême pauvreté. Mais la réalité est que les souffrances humaines, en particulier celles des enfants, sont aujourd'hui pires que jamais et que l'écart ne cesse de se creuser entre les riches et les pauvres. L'impact des changements climatique est une nouvelle dimension à laquelle se heurte le monde aujourd'hui. Trop souvent, le changement climatique est encore considéré comme un mythe. Les calottes glaciaires fondent, le niveau des mers augmente, les typhons et les ouragans créent des catastrophes, obligeant des millions de personnes – dont de très nombreux enfants – à abandonner leur foyer, a souligné Mme Basu.

«L'apathie environnementale doit cesser», a affirmé Mme Basu, estimant que le manque d'information du public est un des obstacles les plus importants au développement durable et à la lutte contre les changements climatiques. C'est pourquoi la Green Hope Foundation mène des actions de sensibilisation partout dans le monde. Dans un avenir pas très lointain, la majorité des enfants prendra des décisions pour l'avenir, a déclaré Mme Basu. On ne peut pas perdre la bataille contre les changements climatiques: c'est une question de survie, a-t-elle conclu.

Débat

Le Costa Rica, s'exprimant au nom des signataires de la Promesse de Genève, groupe d'États engagés à jeter des ponts entre les droits de l'homme et la lutte contre le changement climatique, a affirmé que les effets de ce changement touchaient tous les droits de l'homme, comme les droits à la santé, à un environnement sain et à l'éducation. Le Costa Rica a déploré que les droits de l'enfant sont souvent négligés dans la lutte contre le changement climatique. S'exprimant au nom des pays de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes, El Salvador a affirmé que le changement climatique avait de graves conséquences sur tous les droits de l'homme et les droits de l'enfant, particulièrement pour les pays en développement et les enfants qui y vivent. El Salvador a notamment exhorté les nations industrialisées à poursuivre leur coopération et leur aide aux pays en développement, conformément au principe de responsabilité partagée mais différenciée.

Le Pakistan, s'exprimant au nom de l'Organisation de la coopération Islamique (OCI), a indiqué que le changement climatique frappait principalement les enfants dans les pays en développement. Les changements climatiques vont accentuer les disparités entre les États pauvres et industrialisés, a-t-il prévenu, en signalant que les enfants représentent la moitié de la population dans les nations en développement. Le changement climatique ne peut être dissocié du droit au développement et des droits de l'homme, a encore affirmé le Pakistan, qui a mis en exergue la «responsabilité historique» des pays nantis. La Tunisie, au nom du Groupe africain, a fait remarquer que le continent était particulièrement exposé et les enfants des pays les plus pauvres, plus durement touchés par les effets du dérèglement du climat, ce qui représente une injustice supplémentaire.

Le Canada, au nom de l'Organisation internationale de la Francophonie, a rappelé que le Comité des droits de l'enfant avait reconnu l'impact du changement climatique sur la santé physique et mentale des enfants. Par ailleurs, au Sommet de la francophonie qui a eu lieu en novembre 2016, les États ont affirmé leur volonté de promouvoir une croissance verte.

Le Kirghizistan a attiré l'attention sur les enfants des zones vulnérables où l'accès à l'eau potable et l'assainissement, ainsi que la sécurité alimentaire sont durement menacés. Les migrations engendrées par les effets du changement climatique obèrent la capacité des enfants à se rendre à l'école et à bénéficier d'un logement convenable. L'Argentine s'est félicitée d'une prise de conscience des effets graves du changement climatique, avant de mettre en garde contre les effets dramatiques sur les pays insulaires. À titre d'illustration, l'Argentine a fait remarquer que, d'ores et déjà, des migrations massives commençaient à se dessiner, créant ainsi une nouvelle catégorie de migrants: les réfugiés climatiques.

La France a rappelé que les enfants étaient «toujours les premiers touchés». La France a confirmé et approfondi ses engagements déjà pris à l'occasion des négociations de l'Accord de Paris et de la vingt-deuxième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22), a indiqué la délégation, avant de lancer un appel à tous les États qui ne l'ont pas encore fait afin qu'ils ratifient l'Accord de Paris. L'Espagne a qualifié de «grave injustice» le fait que les enfants, qui ne sont pas responsables du changement climatique, y soient les plus exposés. La délégation espagnole a en conséquence insisté sur la nécessité de veiller à ce que les politiques de lutte et d'atténuation contre les effets du changement climatique incluent les enfants, ainsi que sur la nécessité d'éduquer les populations sur les répercussions du changement climatique. L'Allemagne a indiqué que la capacité des enfants à jouir de leurs droits, comme l'accès à l'eau, à une nourriture saine et à l'éducation, était entravée par l'impact du changement climatique. L'Union Européenne s'est félicitée de l'entrée en vigueur très rapide de l'Accord issu de la Conférence de Paris sur le climat (COP21). L'inscription des droits de l'homme et des droits de l'enfant dans le préambule de l'Accord est une excellente chose, a-t-il été souligné. Le Comité des droits de l'enfant et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ont d'ores et déjà affirmé que les enfants sont les plus vulnérables au changement climatique, tout comme les États les plus pauvres qui n'ont pas les ressources d'atténuer l'impact des évènements climatiques.

La Slovénie, reprenant à son compte la déclaration de l'Union Européenne, a indiqué qu'en tant que membre de la Promesse de Genève, elle appuyait l'intégration d'une approche axée sur les droits de l'homme dans l'Accord issu de la Conférence de Paris sur le climat. L'orateur s'est félicité que son pays prenne systématiquement en compte la question des droits de l'homme dans les politiques de lutte contre le changement climatique.

Pays dont les côtes sont exposées aux catastrophes naturelles, le Chili a souligné pour sa part que les femmes et les enfants sont les premières victimes. Dans ce contexte, la Grèce a conseillé des mesures spécifiques pour aider ces groupes de populations vulnérables et A fait valoir que l'Accord de Paris sur le climat fournissait un cadre idéal et des outils pertinents pour ce faire. La coopération internationale et l'échange des bonnes pratiques figurent parmi les outils dont la communauté internationale pourrait se servir pour atteindre ces objectifs, a renchéri le Venezuela, rejoint en cela par le Bénin, qui a également appelé à prendre les mesures adéquates par la formulation de politiques transversales abordant tous les aspects des effets des changements climatiques.

Avec seulement 100 000 habitants éparpillés sur plus de 600 îles, la Micronésie a indiqué que sa population subissait, au quotidien, les effets de l'élévation du niveau de la mer, des typhons et d'autres catastrophes naturelles qui menacent directement le droit à la vie. Pour la représentante de la Sierra Leone, il est désormais bien établi que ce sont surtout les pays qui ne sont pas responsables des changements climatiques qui en payent le prix. Du point de vue de la Sierra Leone, il revient dès lors aux pays qui se veulent être «les champions des droits de l'homme» d'aider aux mesures d'atténuation. La Sierra Leone et El Salvador, pays également menacé par les changements climatiques, ont voulu savoir comment l'on pouvait garantir une telle aide. La République islamique d'Iran a ajouté de son côté que faute d'actions concrètes, les conséquences des changements climatiques seront transmises aux futures générations.

La Chine, un des premiers pays pollueurs au monde, a assuré être un «pays responsable» qui a commencé, comme il l'avait promis, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. La Chine a été le premier pays à signer l'Accord de Paris et poursuit la coopération internationale sur les énergies propres, ainsi que sa coopération avec les pays du Sud. De la même façon, la Chine travaille sur les villes intelligentes à faibles émissions de carbone, a dit la représentante. L'Australie prend également des mesures pour répondre aux impératifs de l'Accord de Paris, dont elle a appuyé les références aux droits de l'homme. La représentante australienne s'est interrogée sur la manière dont le Conseil pourrait encourager l'harmonisation des mesures internationales avec les autres institutions des Nations Unies.

Sans être un pays pollueur, l'Éthiopie, qui est aussi exposé aux effets des changements climatiques, a assuré prendre toutes les mesures pour en atténuer les conséquences, notamment en matière de gestion des ressources hydriques ou de consommation d'énergie fossile. «Second pays le plus touché par les changements climatiques en raison de son emplacement géographique», le Myanmar renforce ses mesures d'atténuation pour protéger les communautés vulnérables en coopération avec la communauté internationale et les organismes des Nations Unies. La délégation du Myanmar a toutefois admis qu'il restait de nombreux défis à relever.

À l'instar des Tonga, régulièrement frappées par des crues aggravées par des typhons, plusieurs pays ont souligné être directement touchés par les changements climatiques. La Malaisie a rappelé que deux millions de personnes avaient été touchées par le tsunami. La Géorgie a quant à elle expliqué que les nombreuses chutes de neige et les inondations que connaît le pays pouvaient être apparentées à des catastrophes naturelles. À chaque fois, les délégations ont expliqué que les enfants étaient les premières victimes: certains se retrouvent ainsi sans foyer, sont frappés par la maladie ou ne peuvent se rendre à l'école.

L'Irlande, l'Inde et l'Algérie ont insisté sur le fait que les changements climatiques touchent principalement les populations les plus pauvres de la planète et plus particulièrement les enfants, alors que ces populations sont celles qui sont le moins responsables des changements climatiques. L'Algérie a insisté sur le fait que les changements climatiques bafouaient les droits fondamentaux des enfants, l'Inde soulignant pour sa part être particulièrement touchée à cet égard, du fait qu'elle accueille le plus grand nombre d'enfants au monde.

La Bolivie a posé la question de savoir comment pouvait être mis en place un système de compensation pour les enfants victimes des changements climatiques dont les droits fondamentaux ont été bafoués. Tout comme l'Égypte, elle a souligné que dans le contexte du réchauffement climatique, la prise en compte du droit au développement était indispensable.

L'Irlande s'est par ailleurs réjouie de voir la référence aux droits de l'homme inscrite dans le préambule de l'Accord de Paris.

Le Maroc a souligné que les changements climatiques étaient une priorité pour le pays, comme en témoigne l'organisation de la COP22 à Marrakech l'année dernière. Pour le Maroc, le plus important est d'assurer le droit à l'alimentation et de renforcer la sécurité alimentaire pour les enfants.

Parmi les organisations non gouvernementales qui se sont exprimées, CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens a rappelé l'interdépendance entre la jouissance des droits de l'homme et la lutte contre le réchauffement climatique. Déplorant que l'Accord de Paris et les Objectifs de développement durable soient mis en œuvre séparément, CIVICUS a appelé à l'élaboration de stratégies communes prenant en considération le lien étroit entre changement climatique, développement durable et droits de l'homme. Cette perspective gagnerait en outre à être intégrée dans l'Examen périodique universel. Appuyant cette idée, l'Instituto Internazionale Maria Ausiliatrice della Salesiane di Don Bosco a indiqué avoir mené une étude sur l'impact du changement climatique sur les droits de l'enfant, qui a révélé que de nombreux pays faisaient face à des catastrophes climatiques, ce qui donne lieu à des problèmes d'alimentation et engendre des déplacements. L'ONG a exhorté les États à se pencher sur la question des déchets pour garantir le droit à un environnement sain et l'éducation à l'environnement. Le changement climatique est un problème de justice inter-générations, a déclaré quant à lui le Comité consultatif mondial de la Société des amis - Quakers soulignant que les enfants pâtissent des effets du réchauffement climatique et de la disparition des espèces et exhortant à la prise de mesures immédiates pour y remédier. Des approches axées sur les droits conduisent à des politiques publiques écologiques plus durables et plus crédibles, a affirmé cette organisation, concluant que le changement climatique a également des répercussions sur la préservation de la paix.

International Lawyers.Org a observé que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a pas encore adopté de résolution sur le droit à la santé des enfants, se demandant si une telle mesure pourrait aider à atteindre les objectifs de santé pour les enfants dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. Le Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies a appuyé la nomination d'un Rapporteur spécial sur les changements climatiques qui pourrait examiner la réalité des changements climatiques, notamment en Afrique. L'Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale a plaidé pour les droits des enfants vivant en milieu rural et pour l'intégration des enfants dans les discussions sur les changements climatiques.

Le Centre indépendant de recherches et d'initiatives pour le dialogue a fait observer que les changements climatiques peuvent entraîner la mort de milliers d'enfants. Il faut, dans ce cadre, davantage contrôler les entreprises multinationales. Il est inacceptable que des enfants vivent dans une atmosphère toxique due aux combustibles fossiles. L'ONG a plaidé pour l'interdiction de construire des écoles dans les zones polluées.

Réponses et conclusions des panélistes

MME BASU a souligné que les médias sociaux jouaient un rôle très utile car ils permettent de surmonter les obstacles géographiques. Une manière de sensibiliser les membres de «Green Hope Foundation» est de passer par les réseaux sociaux, a-t-elle précisément indiqué. Le souci est la pertinence de certaines informations que l'on trouve sur ces réseaux sociaux, a-t-elle ajouté.

Mme Basu a souligné que les enfants devaient participer directement aux prises de décisions relatives à leur avenir.

M. AHSAN a souligné qu'entre 2014 et 2016, les particules fines en suspension ont baissé de deux tiers dans une ville du Bangladesh qui a commencé à prendre des mesures drastiques pour réduire la pollution, notamment en promouvant d'autres types de transports. Les autorités de cette ville ont reboisé certaines zones en périphérie de la ville; elles ont aussi analysé les meilleures pratiques dans le monde entier et, sur cette base, ont notamment construit des routes moins polluantes.

M. Ahsan a insisté sur l'importance de respecter les accords internationaux tels que l'Accord de Paris. La sensibilisation de la population permettra aux peuples d'exercer la pression nécessaire sur leurs dirigeants afin que ceux-ci respectent leurs obligations, a-t-il fait valoir.

M. KIM NGOC a souligné qu'il était indispensable de sensibiliser la nouvelle génération aux changements climatiques. Il faut mobiliser toutes les parties prenantes à l'éducation des enfants. Il faut aussi que les enfants soient les acteurs des changements. Au Viet Nam, le Gouvernement a élaboré des stratégies nationales au cœur desquelles se retrouvent les enfants. Les familles, les ONG et les bénévoles sont invités à participer à ce processus. Le Viet Nam fait en sorte que les enfants soient mobilisés sur ce processus. Dans certaines régions du pays, là où les changements climatiques ont des répercussions importantes sur la vie de la population, les chaînes de télévision invitent, par exemple, les enfants à s'exprimer sur les changements climatiques.

M. Kim Ngoc a assuré que les institutions des Nations Unies pouvaient jouer un rôle dans le domaine de la protection des droits des enfants vis-à-vis de l'impact du réchauffement climatique, comme elles l'ont démontré au VietnaM. Il a insisté sur l'importance de la collecte d'informations et de la recherche scientifique, de l'éducation et de l'atténuation des risques pour les enfants.

MME SANDBERG a expliqué qu'il fallait mettre les enfants au cœur de toutes les activités en lien avec les changements climatiques. Il faut les consulter, a-t-elle insisté0; ils doivent être mobilisés pour les questions qui les touchent au quotidien.

Mme Sandberg a indiqué, en tant que membre du Comité des droits de l'enfant, souhaiter recevoir, dans les rapports que les États et la société civile présentent au Comité, des informations relatives à la protection des enfants contre les effets du changement climatique.

MME VIVIANI a souligné que la nouvelle législation au Viet Nam aborde la question de l'égalité des genres. Il faut accorder une attention toute particulière aux personnes vulnérables, notamment aux jeunes filles, a-t-elle ajouté. Il faut impliquer les enfants dans tous les aspects des consultations populaires; ils doivent jouer un rôle plus important, a insisté Mme Viviani.

Mme Viviani a estimé que les États sont responsables de leurs activités au niveau international et pas seulement au niveau national. La collecte de données ventilées, par sexe, région et âge est essentielle, a-t-elle en outre souligné. Il faut garantir l'accès à une information compréhensible pour les enfants et promouvoir la participation de ces derniers.

L'animatrice du débat, MME ALMOJUELA, a conclu la discussion en insistant sur l'urgence de prendre en compte les droits des enfants dans la lutte contre le changement climatique.

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*Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre de la réunion-débat: Costa Rica (au nom des signataires de la Promesse de Genève),Union Européenne, El Salvador (au nom des pays de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes et en son nom propre), Canada (au nom de l’Organisation internationale de la Francophonie),Pakistan (au nom de l’Organisation de la coopération Islamique (OCI), Tunisie (au nom du Groupe africain), Algérie, Allemagne, Argentine, Australie, Bénin, Bolivie, Chili, Chine, Égypte, Espagne, Éthiopie, France, Géorgie, Grèce, Inde, Irlande, Kirghizistan, Malaisie, Maroc, Malaisie, Micronésie, Myanmar, République islamique d’Iran, Sierra Leone, Slovénie, Tonga.

**Les organisations non gouvernementales ont pris la parole dans le cadre de la réunion-débat: CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens, Instituto Internazionale Maria Ausiliatrice della Salesiane di Don Bosco, Comité consultatif mondial de la Société des amis - Quakers, International Lawyers.Org, Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies, Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, Centre indépendant de recherches et d’initiatives pour le dialogue.


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HRC17/012F