Aller au contenu principal

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ACHÈVE SA JOURNÉE ANNUELLE DE DÉBAT SUR LES DROITS DE L'ENFANT

Compte rendu de séance
Il se penche sur le renforcement des droits de l'enfant par la mise en œuvre, le suivi et l'examen du Programme de développement durable à l'horizon 2030

Le Conseil des droits de l'homme a terminé, cet après-midi, sa journée annuelle de débat sur la protection des droits de l'enfant. Après avoir débattu ce matin de l'approche basée sur les droits de l'enfant dans la mise en œuvre, le suivi et l'examen des Objectifs de développement durable, il s'est penché cet après-midi sur les défis et opportunités pour ce qui est de renforcer les droits de l'enfant par la mise en œuvre, le suivi et l'examen du Programme de développement durable à l'horizon 2030.

Les droits de l'enfant doivent être réalisés avec toujours plus de conviction et il faut saisir l'occasion des Objectifs de développement durable pour ne laisser personne de côté, a rappelé M. Peter Sorensen, chef de la Délégation permanente de l'Union européenne auprès de l'Office des Nations Unies à Genève et modérateur du débat.

Les panélistes participant au débat de cet après-midi étaient M. Rodolfo Succar, du Bureau de l'Ombudsman (Defensoría) des enfants et des adolescents de la province de Santa Fe, Argentine; Mme Flavia Bustreo, Sous-Directrice générale chargée de la famille, des femmes et des enfants à l'Organisation mondiale de la santé (OMS); Mme Marta Santos Pais, Représentante spéciale du Secrétaire général chargé de la question de la violence à l'encontre des enfants; et Mme Marie-Chantal Coulibaly, porte-parole et coordinatrice de World Vision Mali.

A propos de l'articulation entre les engagements internationaux et le rôle des institutions nationales de défense des droits de l'homme, M. Succar a expliqué que son Bureau agit comme organisme de contrôle des politiques de l'enfance. En 2013, il a créé un observatoire des droits de l'enfant et de l'adolescent avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et, à partir des données observées, il travaille à la mise en place d'indicateurs permettant de formuler des recommandations. M. Succar a estimé que la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 devrait mettre un terme à la pauvreté, aux inégalités et aux violences auxquelles les enfants sont confrontés.

Pour sa part, Mme Bustreo a souligné que la santé devait être au cœur des mesures que les États prennent pour défendre les droits des enfants et des adolescents et réaliser les Objectifs de développement durable. La Sous-Directrice générale chargée de la famille, des femmes et des enfants à l'OMS a rappelé que les États ont l'obligation de protéger le droit de l'enfant à la vie et de garantir sa survie et son développement. La Stratégie mondiale de l'OMS pour la santé de la femme, de l'enfant et de l'adolescent (2016-2030) a été lancée en même temps que le Programme 2030 et offre un cadre à la communauté internationale. Des défis restent à relever, a fait observer Mme Bustreo, mais l'OMS est convaincue que le moment est venu de passer de la rhétorique à une véritable mise en œuvre sur le terrain afin de réaliser les droits des enfants à la santé.

Mme Santos Pais s'est félicitée que la question des violences faites aux enfants ait été expressément inscrite dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030, ce qui constitue une réaffirmation claire de l'indivisibilité et du caractère interdépendant des droits de l'enfant. La violence est souvent le résultat d'une vulnérabilité particulière et a un lourd impact sur la société dans son ensemble, grevant son capital humain et social, a fait observer la Représentante spéciale du Secrétaire général chargé de la question de la violence à l'encontre des enfants; la communauté internationale peut renverser ce schéma grâce au Programme 2030, a-t-elle souligné. Aussi, Mme Santos Pais a-t-elle appelé tous les États à se doter de plans d'actions nationaux contenant des mesures spécifiques pour mettre fin aux violences contre les enfants et à se doter d'indicateurs fiables, précis et indépendants pour mesurer leurs progrès, car «les enfants qui ne sont pas comptés ne comptent pas».

Pour sa part, Mme Marie-Chantal Coulibaly a mis en avant la rédaction de la Charte des citoyens sur les Objectifs de développement durable au Mali. La porte-parole et coordinatrice de World Vision Mali , qui en est à l'initiative, a expliqué que ce programme est un vrai modèle de participation et d'engagement des citoyens dans le processus de développement communautaire.

Parmi les intervenants* qui ont participé au débat, un grand nombre ont souscrit à l'engagement qu'«aucun enfant ne doit être laissé pour compte» et souligné que les Objectifs de développement durable fournissaient une occasion unique d'intégrer les droits de l'enfant dans les programmes de développement. Plusieurs délégations se sont inquiétées de la violence dont les enfants sont souvent victimes, notamment dans les pays en situation de conflit. D'autres ont évoqué les mesures que leur gouvernement avaient prises pour réduire la mortalité infantile, améliorer l'accès aux soins, à la nutrition et à l'éducation. L'accent a également été mis sur le rôle que joue la famille.


Demain matin à 9 heures, le Conseil entamera son débat interactif croisé avec le Rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition et avec le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction.


Deuxième partie du débat annuel sur les droits de l'enfant: mise en œuvre des droits de l'enfant dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030

Défis et opportunités pour ce qui est de renforcer les droits de l'enfant par la mise en œuvre, le suivi et l'examen du Programme de développement durable à l'horizon 2030

Déclarations liminaires

Interrogé par le modérateur, M. PETER SØRENSEN, chef de la délégation permanente de l'Union européenne auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, sur l'articulation entre les engagements internationaux et le rôle des institutions nationales de défense des droits de l'homme, M. RODOLFO SUCCAR, du Bureau de l'Ombudsman (Defensoría) des enfants et des adolescents de la province de Santa Fe, Argentine, a expliqué que son service avait mis en place une équipe multidisciplinaire afin de garantir l'intérêt supérieur de l'enfant dans toutes les interventions publiques. Le Bureau, créé voici cinq ans, agit comme organisme de contrôle des politiques de l'enfance, a précisé M. Succar.

En 2013, le Bureau a créé un observatoire des droits de l'enfant et de l'adolescent avec le Fonds des nations Unies pour l'enfance (UNICEF). Sa mission consiste, par exemple, à savoir quels sont les investissements de l'État et à évaluer leur impact redistributif. M. Succar a ajouté que le Bureau travaille également à l'observation des moyens de communication, qui forment l'opinion, et de la justice pénale des mineurs, afin de veiller à ce que leurs droits y soient respectés.

Sur la base des données observées, le Bureau considère essentiel d'élaborer des indicateurs avec la collaboration des services statistiques de chaque ministère, de formuler des recommandations et aussi d'informer sur ces sujets fondamentaux par des campagnes de sensibilisation et de mobilisation. La réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 devrait mettre un terme à la pauvreté, aux inégalités et aux violences auxquelles les enfants sont confrontés, a conclu M. Succar.

MME FLAVIA BUSTREO, Sous-Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) en charge de la santé de la famille, de la femme et de l'enfant, a souligné que la santé devait être au cœur des mesures que les États prennent pour défendre les droits des enfants et des adolescents et réaliser les objectifs de développement durable. Mme Bustreo s'est ainsi félicitée d'une réduction d'environ 50% de la mortalité infantile depuis 1990. Mais elle a indiqué que, sur la même période, les décès se sont concentrés dans les tout premiers jours de la vie. Les lacunes dans les programmes se traduisent dans les niveaux encore élevés de mortalité et de morbidité chez les enfants, les adolescents et les femmes, a précisé Mme Bustreo.

Mme Bustreo a rappelé que les États ont l'obligation de prendre des mesures pour protéger le droit de l'enfant à la vie et pour garantir sa survie et son développement. Aujourd'hui, l'un des principaux problèmes pour réduire la mortalité infantile est le refus systématique d'en identifier et d'en assumer les causes, qui sont notamment les difficultés d'accès à une eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène; la malnutrition; et l'insécurité environnementale. En outre, les jeunes enfants sont fréquemment victimes de négligence, de mauvais traitements et d'abus, a ajouté Mme Bustreo, sans oublier les conséquences des conflits.

Face à ces défis, Mme Bustreo a rappelé les opportunités qui s'offrent à la communauté internationale. La Stratégie mondiale de l'OMS pour la santé de la femme, de l'enfant et de l'adolescent (2016-2030) a ainsi été lancée en même temps que le Programme 2030, ce qui n'est pas un hasard. Créé par l'OMS et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, le groupe de travail de haut niveau pour la santé et les droits humains de la femme, de l'enfant et de l'adolescent offre également un catalogue de ressources utiles à la communauté internationale. Des défis restent à relever, a fait observer Mme Bustreo, mais l'OMS est convaincue que le moment est venu de passer de la rhétorique à une véritable mise en œuvre sur le terrain afin de réaliser les droits des enfants à la santé.

Présentations des panélistes

MME MARTA SANTOS PAIS, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence à l'encontre des enfants, s'est félicitée que la question des violences faites aux enfants ait été expressément inscrite dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030, ce qui constitue une réaffirmation claire de l'indivisibilité et du caractère interdépendant des droits de l'enfant. La cible 16.2 associée à l'objectif de développement durable sur l'avènement de sociétés pacifiques engage les États à mettre fin à ce type de violences, a-t-elle précisé («Mettre un terme à la maltraitance, à l'exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants»).

La violence est souvent le résultat d'une vulnérabilité particulière et compromet le bien-être et les opportunités des enfants. De surcroît, elle a un lourd impact sur la société dans son ensemble, grevant son capital humain et social. Nous pouvons inverser ce schéma grâce au Programme 2030, a assuré Mme Santos Pais. Toutefois, au-delà de la déclaration politique, des mesures doivent être prises pour faire de cet objectif une réalité. Alors que l'année 2030 arrive à grands pas, certains faits assombrissent le tableau. En effet, toutes les cinq minutes un enfant meurt des suites d'actes de violence; près de 30% des victimes de la traite sont des enfants; et des millions d'entre eux sont victimes d'abus sexuels et de l'exploitation.

Mme Santos Pais a appelé tous les États à se doter de plans d'actions nationaux contenant des mesures spécifiques pour mettre fin aux violences contre les enfants. Pour mieux rendre compte de leur action, les États ont le devoir de mesurer efficacement leurs progrès: il faut donc que chaque État se dote d'indicateurs fiables, précis et indépendants, car «les enfants qui ne sont pas comptés ne comptent pas», a insisté Mme Santos Pais.

Il est également nécessaire que toutes les parties prenantes soient associées à la mise en place du Programme 2030 y compris, et surtout, les enfants eux-mêmes. La prise de parole des enfants est essentielle pour comprendre les défis auxquels ils font face. Lorsqu'ils sont interrogés, une de leurs principales inquiétudes et le harcèlement et l'intimidation, notamment en ligne. Alors que les défis restent immenses, Mme Santos Pais a déclaré que le Programme 2030 était une opportunité unique de d'améliorer la situation des enfants.

MME MARIE-CHANTAL COULIBALY, porte-parole et coordinatrice de World Vision Mali, a mis en avant la rédaction de la Charte des citoyens sur les Objectifs de développement durable qui est l'une des réalisations de World Vision Mali pour se faire le porte-voix de la société civile afin de peser sur les programmes nationaux de mise en œuvre du Programme 2030. Plus d'un millier de groupes de discussions ont été créés pour écouter les besoins des citoyens au plus près du terrain. C'est une approche de plaidoyer local pour faire le lien entre les communautés, mêmes les plus petites et reculées, et le Gouvernement. Les recommandations issues du terrain et de simples citoyens ont été présentées au Gouvernement malien. Ce programme est un vrai modèle de participation et d'engagement des citoyens dans le processus de développement communautaire, a affirmé Mme Coulibaly. La création de mécanismes appropriés de participation citoyenne dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable garantit leur appropriation avec des résultats plus efficaces et plus efficients, a-t-elle conclu.

Débat

Le Brésil, l'Union européenne, l'Albanie, le Conseil de l'Europe ont souscrit à l'engagement qu'«aucun enfant ne doit être laissé pour compte». L'Indonésie et la Suisse ont souligné que les Objectifs de développement durable fournissaient une occasion unique d'intégrer les droits de l'enfant dans les programmes de développement. Les droits de l'enfant sont une priorité dans le plan de développement du pays, a souligné l'Afrique du Sud qui a rappelé les propos de Nelson Mandela selon lesquels rien ne révèle plus clairement d'une société que la manière dont elle traite les enfants.

Le Brésil, au nom de la communauté des pays de langue portugaise, ainsi que la Sierra Leone ont insisté sur l'importance de l'éducation pour permettre la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030. Pour le Sierra Leone, Bahreïn et le Paraguay, la participation des enfants à ce Programme est une condition sine qua non de son succès.

De même, El Salvador a expliqué qu'aucun des objectifs des Objectifs de développement durable ne peut être atteint au détriment des garçons et des filles qui sont des agents du changement. Le Kirghizstan a insisté sur le rôle des familles dans les sociétés modernes, la famille étant la principale source d'éducation des enfants. Ce sont donc les familles prioritairement qu'il faut sensibiliser aux Objectifs de développement durable, a estimé la délégation kirghize.

L'Union européenne s'est engagée à rendre transversaux, dans toutes les politiques adoptées, les Objectifs de développement durable. Un outil a été créé pour que l'ensemble des droits de l'enfant soient inscrits dans toutes les politiques de développement.

La Suisse a souligné que les mécanismes des Nations Unies peuvent veiller à ce que les droits de l'enfant soient pris en compte dans toutes les mesures prises pour mettre en œuvre les Objectifs de développement durable.

L'Albanie a insisté sur l'importance de la lutte contre la corruption, une priorité du pays, en tant que moyen de dégager des fonds.

Bahreïn a expliqué qu'il était confronté au spectre du terrorisme, qui entrave le développement. Des groupes armés enrôlent des enfants; ce type de terrorisme a des répercussions très négatives sur les droits de l'enfant, a précisé le pays.

L'Afrique du Sud a insisté sur l'importance de disposer de données ventilées pour mesurer si les objectifs du Gouvernement sont atteints ou non; c'est l'unique possibilité d'évaluer l'impact des politiques sur le développement durable.

L'Équateur a souligné que les enfants, particulièrement vulnérables, doivent bénéficier de mesures spéciales destinées à éradiquer la malnutrition chronique. Il faut à la fois une volonté politique et des ressources pour répondre aux besoins des enfants migrants et des enfants victimes des conflits armés. Les États-Unis ont fait savoir que leur agence pour le développement international (USAID) avait lancé un programme d'un demi-million de dollar portant sur l'émancipation des jeunes dans le monde. USAID soutient, de plus, le leadership de la jeunesse en Afrique, aux Amériques et en Asie du Sud-Est.

L'Éthiopie a dit avoir obtenu de bons résultats dans la protection des droits des enfants, comme en atteste la réduction de la mortalité infantile et de la malnutrition. La Malaisie a indiqué avoir pris des mesures pour réduire la pauvreté absolue et améliorer l'accès des enfants à l'eau potable, à l'assainissement et à la nutrition. La mortalité infantile est tombée de 9 pour mille naissances à 6,5 pour mille naissances

La Bulgarie a souligné l'opportunité que représentait le Programme 2030 pour la défense des droits de l'enfant. Depuis 2016, la nouvelle loi bulgare sur l'éducation scolaire et préscolaire promeut l'autonomisation des enfants dans la stratégie d'éducation. Le Royaume-Uni consacre 50 millions de livres à la lutte contre les violences faites aux enfants dans le monde. Il est particulièrement engagé contre les violences faites aux femmes, notamment les mutilations génitales féminines. Le Royaume-Uni, regrettant que près d'un tiers des pays n'aient pas atteint la parité dans l'éducation primaire, plaide pour des investissements destinés à combler cet écart de scolarisation. Les Émirats arabes unis ont dit avoir créé des «écoles durables»: en effet, une meilleure prise de conscience est nécessaire parmi les élèves afin qu'ils soient prêts à relever les défis du développement durable.

Le Liechtenstein a remercié l'UNICEF pour son travail. Le Programme 2030 doit être un tremplin pour obtenir la ratification universelle de la Convention relative aux droits de l'enfant, a observé le Liechtenstein. La délégation a dit que le Liechtenstein était très préoccupé en outre par le problème des formes contemporaines d'esclavage.

Le Honduras a souligné que la mise en œuvre du Programme 2030 était une opportunité unique de promouvoir les droits de l'enfant, à condition de tirer les conclusions de l'échec des objectifs du Millénaire. La Slovénie a indiqué que les enfants tenaient une place privilégiée dans l'aide internationale qu'elle fournit.

La Chine a rappelé avoir la plus grande population d'enfants dans le monde et a assuré appliquer de manière efficace la Convention relative aux droits de l'enfant. La Chine met l'accent sur l'éducation préscolaire. La Chine a en outre appelé à la coopération internationale, afin d'instaurer de meilleures conditions de développement pour les enfants.

La Fédération de Russie a souligné l'interdépendance entre le Programme 2030 et son propre Plan d'action pour l'intérêt des enfants 2012-2017. La Fédération de Russie s'est inquiétée que les droits de l'enfant soient considérés comme un absolu. Elle a souligné l'importance de la famille comme élément de base de la société et vecteur de transmission des valeurs. Il faudrait adopter des indicateurs indépendants pour évaluer les politiques publiques de chaque État, a recommandé la délégation russe.

Le Pérou a souligné que veiller aux droits de l'enfant est fondamental pour atteindre l'objectif d'une société juste et prospère. Le Pérou a répondu à la nécessité d'avoir des statistiques précises sur les enfants et a créé pour cela un programme de récolte de données ventilées, ce qui lui permet par exemple de savoir que 22% des personnes touchées par les catastrophes naturelles sont des enfants.

La République islamique d'Iran a insisté sur les nombreux efforts engagés par le pays pour accroître la couverture de l'éducation publique et empêcher les abandons scolaires. Des milliers d'enfants afghans ont été scolarisés cette année, a indiqué la délégation iranienne.

Les Pays-Bas, l'Irlande, la Géorgie, et la Serbie souscrivent à l'objectif que «personne ne soit laissé pour compte». Les enfants doivent être considérés comme des agents du changement, ont expliqué les délégations des Pays-Bas, du Pérou et de la France. De nombreux enfants ont débattu des Objectifs de développement durable au sein des écoles des Pays-Bas, a souligné la délégation néerlandaise.

La Serbie et la France considèrent que la mise en œuvre du Programme 2030 est une opportunité majeure de renforcer les droits de l'enfant.

Le Bangladesh a rappelé que dans toutes les politiques mises en œuvre, l'intérêt supérieur de l'enfant devait être pris en compte, notamment pour ce qui est des mesures prises pour lutter contre les changements climatiques.

La Géorgie a regretté que dans les deux régions occupées par la Fédération de Russie, à savoir l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, les droits de l'enfant ne puissent pas être garantis; de nombreux droits des enfants y sont violés, a ajouté la Géorgie.

L'Iraq a dénoncé les impacts négatifs des attaques terroristes sur les droits de l'enfant: malnutrition, pauvreté, utilisation d'enfants comme boucliers humains ou encore décès d'enfants dus aux attaques terroristes.

Le Mexique et la Serbie ont défendu l'importance de la coopération internationale aux fins de la protection des droits de l'enfant. Le Mexique considère le Programme 2030 comme une mission collective.

La France s'est dite particulièrement mobilisée pour lutter contre les violences à l'encontre des enfants et a indiqué avoir tenu une Conférence interministérielle internationale pour mettre en place une stratégie de lutte contre les violences à l'égard des enfants dans le cadre des conflits.

La Thaïlande a souligné que la protection des enfants implique un cadre législatif solide et que ce pays prévoit précisément de lourdes sanctions à cet effet.

Plusieurs intervenants de la société civile ont fait des déclarations. En tant qu'institution nationale des droits de l'homme, la Commission écossaise des droits de l'homme a indiqué travailler avec toutes les parties concernées pour promouvoir la mise en œuvre des Objectifs de développement durable de manière mesurable. La Commission a relevé l'impact de la pauvreté sur la santé et les droits humains de l'enfant. Environ 20% des enfants vivent dans la pauvreté en Ecosse, a fait observer la Commission. Le Conseil national des droits de l'homme du Maroc a pour sa part indiqué travailler à la promotion d'un processus national de suivi transparent de la mise en œuvre du Programme 2030. Une grande partie des enfants marocains vivent dans des foyers pauvres, la démographie étant plus dynamique dans cette couche sociale. Le Conseil national des droits de l'homme prévoit de créer un mécanisme de recours à la disposition des enfants, en accord avec les principes de Paris.

Plan International, Inc. a recommandé aux gouvernements de proposer une approche axée sur les droits de l'homme dans l'application des Objectifs de développement durable. L'ONG les a exhortés à lutter contre les inégalités de genre et à renforcer la reddition de comptes. Pour sa part, Jsoor Youth Organization a déploré que des parents n'hésitent pas à vendre leurs enfants. L'ONG a appelé à une meilleure prise en charge des victimes de la traite et à partager les expertises afin de tirer profit des meilleures expériences.

Khiam Rehabilitation Center for Victimes of Torture a déploré que la répression à Bahreïn s'applique également aux enfants, dont certains sont détenus sans jugement préalable.

Le Conseil mondial de l'environnement et des ressources a déploré que les enfants soient privés de leurs droits dans de nombreux pays. L'ONG a particulièrement attiré l'attention sur le Pakistan, où le travail des enfants est endémique. Le taux d'exploitation sexuelle des enfants, particulièrement ceux vivant dans les rues, y est également alarmant. L'organisation a dénoncé, d'autre part, la persécution d'enfants non musulmans par les groupes terroristes tels que Daech.

La Fédération internationale des écoles unies a profité du débat pour dénoncer les mutilations génitales féminines, des atteintes très graves aux droits de l'enfant, pouvant entraîner la mort des jeunes filles qui en sont victimes. Le Nigéria a interdit les mutilations, la plupart des gouvernements souhaitant faire cesser cette pratique. La situation s'est améliorée partout dans le monde sauf au Pakistan, a regretté l'ONG.

Réponses des panélistes

S'agissant de la récolte de données, M. SUCCAR a estimé que les lacunes en la matière procédaient souvent d'un manque d'habitude d'enregistrement des données. Il a précisé que son organisme avait obtenu un soutien du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) afin de mettre en place un système d'indicateurs et d'assurer un suivi adéquat. La formation joue un rôle essentiel afin de parvenir à un changement de pratiques, a ajouté M. Succar.

Pour M. Succar, les investissements sont insuffisants et des efforts plus importants doivent être consentis pour assurer la protection des enfants les plus vulnérables, comme par exemple les jeunes filles enceintes. M. Succar a rappelé aux États que l'application du Programme de développement durable à l'horizon 2030 relevait de leur responsabilité. Il a enfin insisté sur la participation indispensable des enfants aux politiques qui les concernent.

A la question de savoir comment veiller à ce que les enfants ne soient pas laissés pour compte dans les situations de conflit, MME BUSTREO a souligné que dans de telles situations, les services qui pourraient garantir la santé des enfants ne sont malheureusement pas assurés. Il faut commencer par les services de base, a poursuivi la représentante de l'OMS, citant en exemple les campagnes de vaccination. Mme Bustreo a rappelé que la couverture mondiale en matière de vaccination manque un enfant sur cinq, car la naissance d'un enfant sur cinq n'est enregistrée nulle part. Mme Bustreo a en outre souligné l'importance de la participation des jeunes dans les dialogues citoyens et a estimé que les Nations Unies doivent apprendre à rendre cette participation réelle.

MME SANTOS PAIS s'est félicitée des bons exemples donnés par les États Membres au cours de ce débat. Elle a ajouté qu'il fallait aligner les plans nationaux de développement sur le Programme de développement durable à l'horizon 2030. Des mesures de protection sociale atteignant les enfants, à commencer par un processus d'enregistrement gratuit (des naissances), permettent de n'en laisser aucun de côté, a-t-elle fait remarquer. Sur le sujet de la violence à l'encontre des enfants, elle a estimé nécessaire que toutes les parties prenantes, y compris la société civile, se mettent autour de la même table. Mme Santos Pais a souligné que l'intimidation touche des millions d'enfants et qu'il est donc nécessaire de prendre des mesures supplémentaires.

Mme Santos Pais a ensuite souligné l'urgence qu'il y a à mettre fin aux formes modernes d'esclavage. Les mesures nationales ne sont pas suffisantes à cet égard, une coordination internationale doit être mis en place pour éradiquer ce fléau. Pour ce qui est de l'éducation, notamment l'éducation des jeunes filles, Mme Santos Pais a également indiqué que la coopération au niveau internationale était essentielle. L'éducation doit être obligatoire et gratuite, a-t-elle rappelé. Le mariage des enfants est également un sujet d'inquiétude. Certaines filles mariées ou enceintes sont forcées de quitter l'école, a-t-elle ajouté.

MME COULIBALY s'est félicitée de ce que ce débat soit aussi l'occasion d'apprendre et de s'enrichir des initiatives prises par les autres. Il a salué l'apport considérable de la société civile et des organisations non gouvernementales dans la réalisation du Programme 2030. Malgré des volontés politiques manifestes de certains États, la concrétisation se fait toujours attendre pour beaucoup d'entre eux, a-t-elle relevé.

En conclusion, M. SØRENSEN a remercié les participants pour leurs interventions. Il a souligné que ce débat avait permis de rappeler l'importance de la participation des enfants et de la collecte de données précises.

__________

*Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre du débat annuel: Équateur, États-Unis, Éthiopie, Bulgarie, Royaume-Uni, Émirats arabes unis, Liechtenstein, Honduras, Chine, Fédération de Russie, Brésil, Union européenne, Albanie, Conseil de l’Europe, Indonésie, Suisse, Afrique du Sud, Brésil (au nom de la communauté des pays de langue portugaise), Sierra Leone, Bahreïn, Paraguay, El Salvador, Kirghizstan, Paraguay, Albanie, Indonésie, Bahreïn, Afrique du Sud, Conseil de l'Europe, Émirats arabes unis, Équateur, Éthiopie, Bulgarie, États-Unis, Liechtenstein, Honduras, Royaume-Uni, Slovénie, China, Fédération de Russie, Malaisie.

*Les organisations non gouvernementales ont pris la parole dans le cadre du débat annuel: Commission écossaise des droits de l'homme; Conseil national des droits de l’homme du Maroc ; Plan International, Inc.; Jssor Youth Organization; Conseil National des Droits de l’Homme du Maroc ; Khiam Rehabilitation Center for Victims of Torture; Conseil mondial de l'environnement et des ressources; Fédération internationale des écoles unies;


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC17/020F