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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND PLUSIEURS DÉLÉGATIONS CONDAMNER LES TIRS DE MISSILES DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Compte rendu de séance
Le Président espère l'adoption très prochaine de son projet de programme de travail

La Conférence du désarmement a tenu ce matin une séance publique au cours de laquelle de nombreuses délégations ont condamné les tirs de missiles balistiques effectués hier par la République populaire démocratique de Corée. La Chine a pour sa part soumis à l'attention de la Conférence une «stratégie internationale de coopération dans le cyberespace». Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Alexey Borodavkin de la Fédération de Russie, a quant à lui informé les membres de l'avancement des consultations officieuses et bilatérales qu'il mène au sujet du programme de travail de la Conférence.

Le Président a déclaré que les délégations qu'il avait consultées se sont dites unanimement prêtes à sortir la Conférence de son impasse et à adopter un programme de travail. Le Président a présenté une version remaniée du projet de programme de travail qu'il avait soumis le mois dernier et a prié les délégations de demander rapidement à leurs capitales des instructions sur la suite à donner à la proposition qui leur est faite. Les consultations se poursuivent, a fait savoir le Président, qui a dit espérer l'adoption, par consensus et avant deux semaines, du projet de programme de travail.

Ce matin, de nombreuses délégations ont donc condamné le tir, hier lundi 6 mars, de quatre missiles par la République populaire démocratique de Corée, au mépris total des résolutions du Conseil de sécurité. Le Japon a relevé que trois missiles étaient tombés dans sa zone économique exclusive (ZEE), constituant une grave menace pour sa sécurité aérienne et maritime. Le Japon a exhorté la République populaire démocratique de Corée à appliquer les résolutions des Nations Unies et d'autres décisions pertinentes. La République populaire démocratique de Corée a assuré qu'elle continuerait de renforcer ses capacités militaires de légitime défense aussi longtemps que les États-Unis ne se départiront pas de leur attitude belliqueuse.

La République de Corée, notant que ces tirs reflétaient l'imprévisibilité de la République populaire démocratique de Corée, a demandé à la communauté internationale d'appliquer les sanctions décidées par le Conseil de sécurité. La Chine a dit son opposition au lancement de missiles par la République populaire démocratique de Corée en violation des résolutions du Conseil de sécurité. Elle a cependant demandé à la République de Corée et aux États-Unis de renoncer au déploiement d'un système antimissile.

Enfin, les États-Unis se sont dits déterminés comme auparavant à défendre leurs alliés dans la région. Ils ont fait valoir que le système antimissile mentionné par la Chine était purement défensif, visant uniquement des engins tirés par la République populaire démocratique de Corée. Quant aux exercices militaires conjoints avec la République de Corée, ils sont transparents, conformes aux termes de l'armistice et n'ont d'autre but que la défense de la péninsule, ont souligné les États-Unis.

La «stratégie internationale de coopération dans le cyberespace» élaborée par le Ministère des affaires étrangères de la Chine poursuit des objectifs de gouvernance juste, de respect de la souveraineté des États et d'instauration d'un ordre international «juste et raisonnable» dans le cyberespace, a indiqué la délégation chinoise. Cette stratégie est sous-tendue par la volonté d'éviter que le cyberespace ne devienne un nouveau champ de bataille.

À la veille de la Journée internationale des femmes, l'Irlande a souligné que, dans les conflits, les armes n'ont pas les mêmes effets sur les hommes et les femmes, un fait reconnu notamment par le Traité sur le commerce des armes et par les résolutions du Conseil de sécurité. En outre, des preuves scientifiques abondantes montrent que les radiations ionisantes produites par les armes nucléaires ont des effets beaucoup plus forts sur les femmes et les filles.

Les délégations des pays suivants ont fait des déclarations: États-Unis, Pakistan, France, Royaume-Uni, Égypte, République de Corée, Irlande, Chine, Australie, Canada, Malte (au nom de l'Union européenne), Belgique, Japon, Mexique, Chili, Pays-Bas, Suède, Turquie, Italie, Bulgarie, Pérou, Ukraine, Malaisie, Suisse, Nouvelle-Zélande, République populaire démocratique de Corée et Espagne.


La prochaine séance publique de la Conférence aura lieu mardi 14 mars à 10 heures.


Aperçu des déclarations

Le Japon a relevé que trois des quatre missiles balistiques tirés hier par la République populaire démocratique de Corée étaient tombés dans sa zone économique exclusive (ZEE), constituant une grave menace pour sa propre sécurité aérienne et maritime. Le Japon a exhorté la République populaire démocratique de Corée à appliquer les résolutions des Nations Unies et d'autres décisions pertinentes.

La République de Corée a jugé très préoccupante l'utilisation de toute arme chimique et biologique. S'agissant des tirs de missiles réalisés hier par la République populaire démocratique de Corée, après d'autres tirs le 12 février, la République de Corée a noté qu'ils reflétaient l'imprévisibilité de la République populaire démocratique de Corée; ce pays lance ainsi de véritables défis à la communauté internationale, laquelle doit maintenant appliquer sérieusement les sanctions décidées par le Conseil de sécurité.

La République de Corée a ajouté que le système antimissile THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) était la seule mesure de défense contre la menace grave que pose actuellement la République populaire démocratique de Corée. Elle a insisté sur le caractère défensif et transparent des manœuvres militaires en cours et assuré qu'aucune partie prenante à ces manœuvres n'entend envahir la République populaire démocratique de Corée. La délégation a noté que la République populaire démocratique de Corée elle-même ne se prive pas d'organiser chaque année des exercices de mobilisation générale. La République de Corée a suggéré à la République populaire démocratique de Corée «d'essayer de se faire des amis» au sein de la communauté internationale.

La République populaire démocratique de Corée a rejeté toutes les accusations politiques portées à son encontre. Elle a dénoncé les manœuvres militaires conjointes de la République de Corée et des États-Unis, les estimant dangereuses pour sa propre sécurité ainsi que pour la paix et la stabilité de la région. Les États occidentaux qui se préoccupent de la sécurité dans la péninsule coréenne doivent tenir compte du risque inhérent à ces exercices militaires, a insisté la délégation de la République populaire démocratique de Corée. Elle a condamné la partialité du Conseil de sécurité dans ce domaine, notamment sa passivité face aux tirs de missiles intercontinentaux par les États-Unis. Aucun traité ne stipule que les tirs d'essai de missiles compromettent la sécurité internationale, a-t-elle relevé.

Le Japon ne devra pas profiter de la situation actuelle pour poursuivre des objectifs militaires, a par ailleurs mis en garde la République populaire démocratique de Corée, précisant qu'elle continuerait elle-même de renforcer ses capacités militaires de légitime défense aussi longtemps que les États-Unis ne se départiront pas de leur attitude belliqueuse à son égard.

La Chine a réitéré sa position favorable à la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Elle s'est dite opposée au lancement de missiles par la République populaire démocratique de Corée en violation des résolutions du Conseil de sécurité. Cependant, la Chine estime que les exercices militaires de grande envergure menés par la République de Corée et les États-Unis pourraient compliquer la situation. Opposée au déploiement d'un système THAAD par ces deux pays, la Chine leur demande de prendre très au sérieux ses préoccupations et de renoncer à ce déploiement. La Chine appelle toutes les parties au calme et à la retenue, et à travailler ensemble à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne.

Les États-Unis ont condamné fermement le lancement de missiles par la République populaire démocratique de Corée, qui met ainsi au défi la volonté de la communauté internationale. Le programme d'armes de la République populaire démocratique de Corée constitue clairement une menace pour tous les pays de la région. Les États-Unis, qui ont assuré de leur détermination inchangée à défendre leurs alliés dans la région, ont précisé que le système THAAD était un système purement défensif, visant uniquement des engins tirés par la République populaire démocratique de Corée. Quant aux exercices militaires conjoints avec la République de Corée, ils sont transparents, conformes aux termes de l'armistice et n'ont d'autre but que la défense de la péninsule, ont souligné les États-Unis.

Les États-Unis ont enfin rappelé que, contrairement aux affirmations de la République populaire démocratique de Corée, les résolutions de Conseil de sécurité ont force de loi et disent bel et bien le droit international.

La Fédération de Russie a condamné les violations des résolutions des Nations Unies qui interdisent à la République populaire démocratique de Corée de tirer des missiles. La Fédération de Russie note que les tirs entraînent des tensions régionales et, dans ce contexte, appelle les parties en présence à mesurer soigneusement leurs actes.

La Malaisie a regretté le mépris dont témoigne la République populaire démocratique de Corée envers la communauté internationale, une attitude qui compromet la sécurité régionale aussi bien que le régime international de non-prolifération des armes nucléaires. La Malaisie a condamné l'assassinat d'un frère du dirigeant actuel de la République populaire démocratique de Corée à l'aide d'un agent chimique. Les autorités malaisiennes mettent tout en œuvre pour connaître le responsable de cet assassinat et le traduire en justice.

L'Irlande a condamné le tir de quatre missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée. Elle a appelé ce pays à s'abstenir de toute action constituant une violation des résolutions du Conseil de sécurité et de ses obligations au titre du droit international, ainsi qu'une menace pour la paix et la stabilité régionales. L'Irlande appelle la République populaire démocratique de Corée à renouer un dialogue sincère et crédible avec la communauté internationale dans le cadre des Pourparlers à Six.

L'Australie a condamné le lancement de missiles, hier, par la République populaire démocratique de Corée, qui constitue une menace pour la paix et la stabilité régionales et mondiales. L'Australie est favorable à la recherche de solutions régionales et multilatérales pour faire face aux menaces.

Le Canada a observé que les actes de la République populaire démocratique de Corée font de ce pays une menace pour la paix internationale. Le Canada l'appelle à renoncer immédiatement et de manière vérifiable à son programme de missiles balistiques.

La Nouvelle-Zélande a condamné le mépris dont témoigne la République populaire démocratique de Corée à l'égard des résolutions du Conseil de sécurité qui interdisent ces lancements de missiles.

Malte, au nom de l'Union européenne, a condamné fermement le tir de quatre missiles par la République populaire démocratique de Corée, au mépris total des résolutions du Conseil de sécurité. L'Union européenne demande à la République populaire démocratique de Corée de renoncer de manière complète et irréversible à ses programmes nucléaire, balistique et d'armes de destruction massive.

La Belgique a jugé que le tir de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée démontre la nécessité d'une entrée en vigueur rapide du traité d'interdiction complète des essais nucléaires. La Belgique appelle à l'application des sanctions qui seront seules à même de faire changer Pyongyang d'attitude.

Les Pays-Bas ont appelé la République populaire démocratique de Corée à renouer le dialogue avec la communauté internationale et ont appelé cette dernière à appliquer les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité.

La Suède a demandé à la République populaire démocratique de Corée de renoncer à ses activités déstabilisatrices pour la région.

L'Italie s'est dite prête à contribuer à une réaction ferme et solidaire de la communauté internationale. En tant que présidente du Comité des sanctions du Conseil de sécurité mis en place par la résolution 1718 (2006), l'Italie demande à la République populaire démocratique de Corée de renoncer à ses programmes nucléaire et balistique.

La Suisse a souligné que les essais de la République populaire démocratique de Corée bafouent les résolutions du Conseil de sécurité et vont à l'encontre des efforts de la communauté internationale s'agissant de la non-prolifération nucléaire. La Suisse a réitéré son soutien aux Pourparlers à Six.

La Turquie a demandé à la République populaire démocratique de Corée de renoncer à des provocations qui ne sont dans l'intérêt de personne. La Bulgarie a souligné que ces provocations constituent une menace pour l'ensemble de la communauté internationale. L'Ukraine a demandé à la communauté internationale de prendre, outre les sanctions du Conseil de sécurité, des mesures supplémentaires pour obliger la République populaire démocratique de Corée à rendre des comptes.

Le Mexique a rappelé que la République populaire démocratique de Corée était tenue de respecter les résolutions du Conseil de sécurité et de s'abstenir de tout acte de provocation. Le Chili s'est dit gravement préoccupé par des actes qui viennent déstabiliser la région et menacer deux pays amis, la République de Corée et le Japon. Le Pérou a souligné que les menaces de conflit nucléaire dans la péninsule de Corée étaient une préoccupation pour la communauté internationale tout entière, et qu'elles justifiaient que la Conférence se saisisse du problème. L'Espagne a plaidé pour une résolution pacifique des tensions dans la péninsule de Corée.

S'agissant du programme de travail de la Conférence, les États-Unis ont demandé au Président un délai supplémentaire pour examiner le projet de programme de travail révisé qu'il a distribué hier. Le Royaume-Uni a jugé que le mandat prévu pour un groupe de travail sur un traité contre le terrorisme biologique et chimique devrait probablement être mieux cadré. La France a déclaré que tout travail sur un traité de lutte contre le terrorisme biologique et chimique devrait tenir compte des instruments internationaux pertinents déjà adoptés, notamment la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques ou à toxines. La France souhaite examiner plus avant le projet de programme de travail présenté par la présidence.

Le Pakistan a relevé que le projet soumis par le Président, proche de la version élaborée l'an dernier, avait été accueilli de manière a priori positive par Islamabad.

Le Président a précisé, à la demande de l'Égypte, que le projet de programme de travail confiait, en l'état, un mandat de pré-négociation à la Conférence.

Dans une déclaration générale, l'Irlande a affirmé que l'interdiction des armes nucléaires était «un impératif moral, logique et juridique», émanant de l'article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). L'objectif doit à cet égard consister à combler la lacune juridique dans le droit international au sujet des armes nucléaires – seule arme de destruction massive qui ne fasse pas encore l'objet d'une interdiction complète, a relevé l'Irlande. L'adoption d'un traité interdisant les armes nucléaires ne dispensera pas les États de leurs nombreuses autres obligations et engagements au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui est la pierre du régime international de non-prolifération et de désarmement nucléaires, a précisé l'Irlande. L'échec de la Conférence d'examen du TNP en 2015 a montré que ce Traité est menacé non pas par certaines «initiatives parallèles» mais bien par l'inaction, a mis en garde la délégation irlandaise.


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DC17/012F