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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ACHÈVE SON DÉBAT ANNUEL DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a achevé ce matin son débat annuel de haut niveau en entendant les déclarations de hauts dignitaires de la Bulgarie, de l'Iraq, de la Suède et du Venezuela.

Mme Margot Wallström, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a regretté l'incapacité de la Conférence du désarmement, mais aussi de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 2015, de tenir leurs engagements. Elle s'est inquiétée de la persistance des armes nucléaires: si leur nombre a fortement diminué depuis 1986, elles restent suffisamment nombreuses pour compromettre l'existence de l'humanité, alors même que le traité d'interdiction complète des essais nucléaires n'est pas encore entré en vigueur. Mme Wallström a souligné que, selon les scientifiques, le risque de catastrophe nucléaire n'a jamais été aussi élevé depuis 1947.

M. Ibrahim Aljafari, Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, a estimé que la Conférence devait, tout en poursuivant l'objectif d'un monde exempt d'armes nucléaires, travailler à l'octroi, par les puissances nucléaires, de garanties de sécurité aux pays non dotés d'armes nucléaires. La Conférence devrait aussi continuer de négocier l'adoption d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles. Le Ministre iraquien, regrettant que la Conférence ne soit plus en mesure de poursuivre ses missions, a recommandé que les travaux de l'institution soient relancés grâce à une réforme de son fonctionnement.

M. Lubomir Ivanov, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Bulgarie, a souligné que la seule manière réaliste de parvenir à un désarmement nucléaire vérifiable et irréversible consiste à adopter une approche progressive, fondée sur des étapes pratiques et faisables: il n'existe pas, a-t-il estimé, de «procédure accélérée» pour parvenir à un monde sans armes nucléaires. Seule une approche inclusive qui tienne compte de l'environnement sécuritaire et du contexte stratégique aura quelque chance de succès, a insisté M. Ivanov.

M. Ruben Darío Molina, Vice-Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a condamné le militarisme qui détourne les ressources nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation et le bien-être des populations. Il a ainsi relevé avec préoccupation qu'une grande puissance venait d'annoncer qu'elle entendait consacrer ces prochaines années pas moins de 348 milliards de dollars au renforcement de son arsenal nucléaire, alors même que, selon les Nations Unies, 2,4 milliards de personnes dans le monde n'ont toujours pas accès aux installations d'hygiène de base et que plus de 800 millions de personnes vivent dans l'extrême pauvreté.

La République populaire démocratique de Corée, la République de Corée et la Bulgarie ont exercé leur droit de réponse en fin de séance.


La prochaine séance publique de la Conférence aura lieu le mardi 7 mars prochain, à 10 heures.


Débat annuel de haut niveau

M. LUBOMIR IVANOV, Ministre adjoint aux affaires étrangères de la Bulgarie, a souligné que la Conférence constituait la principale instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération. Si elle a incontestablement enregistré des succès par le passé en adoptant des instruments internationaux, elle se trouve désormais dans une impasse depuis vingt ans, a-t-il regretté. Le blocage de la Conférence explique que certains cherchent, dans d'autres enceintes, d'autres façons de parvenir au désarmement, y compris au désarmement nucléaire, a-t-il fait observer. À cet égard, il semble bien que la seule manière réaliste de parvenir à un désarmement nucléaire vérifiable et irréversible consiste à adopter une approche progressive, fondée sur des étapes pratiques: il n'existe pas, a estimé M. Ivanov, de «procédure accélérée» pour parvenir à un monde sans armes nucléaires. Sans la participation de tous les États dotés d'armes nucléaires, l'adoption d'un traité interdisant ces armes ne pourrait avoir d'effet: seule une approche inclusive qui tienne compte de l'environnement sécuritaire et du contexte stratégique aura quelque chance de succès, a insisté M. Ivanov.

Le Ministre adjoint a ensuite salué les propositions concrètes émanant de la 71e session de l'Assemblée générale en matière de désarmement nucléaire, notamment les résolutions concernant le traité d'interdiction de la production de matières fissiles et la vérification du désarmement nucléaire. La Bulgarie espère que les travaux du Groupe d'experts gouvernementaux sur un traité d'interdiction de la production de matières fissile donneront à la Conférence des éléments pour entamer des négociations sur ce traité, lequel constitue pour elle une priorité et une étape logique du désarmement nucléaire. La Bulgarie rappelle en outre qu'il est urgent que le traité d'interdiction complète des essais nucléaires entre pleinement en vigueur et soit ratifié par tous les États qui ne l'ont pas encore fait. M. Ivanov s'est félicité des succès enregistrés dans le domaine du désarmement et du contrôle des armements, succès qui démontrent que le multilatéralisme peut apporter des réponses aux grands problèmes internationaux. En témoigne l'entrée en vigueur le Traité sur le commerce des armes, qui a toujours fait partie des priorités nationales de la Bulgarie dans le domaine du contrôle de l'exportation des armes.

M. IBRAHIM ALJAFARI, Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, a affirmé l'attachement de son pays au multilatéralisme, conformément à son objectif qui est de contribuer à la stabilité régionale et internationale. L'Iraq est à ce titre attaché au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à la nécessité de procéder à un désarmement général. Le pays a donc été déçu de l'échec de la dernière Conférence d'examen du TNP, a indiqué le Ministre iraquien, espérant que la Conférence d'examen de 2020 aurait davantage de succès que la précédente. M. Aljafari s'est prononcé en faveur de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, en tant qu'étape vers un monde libéré des armes nucléaires.

L'Iraq accorde également une importance particulière au mandat unique de la Conférence du désarmement en matière de négociation sur le désarmement. La Conférence doit garder pour priorité le désarmement nucléaire, conformément aux résolutions antérieures de l'Assemblée générale et aux décisions de la Cour internationale de justice, a affirmé le Ministre iraquien des affaires étrangères. Le désarmement nucléaire complet doit être réalisé sous une supervision étroite, a-t-il ajouté. L'Iraq estime que la Conférence doit, tout en poursuivant l'objectif d'un monde exempt d'armes nucléaires, travailler entre-temps à l'octroi, par les puissances nucléaires, de garanties de sécurité aux pays non dotés d'armes nucléaires. La Conférence devrait aussi continuer de négocier l'adoption d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles. Enfin, regrettant que la Conférence ne soit plus en mesure de poursuivre ses missions, le Ministre iraquien a recommandé que les travaux de l'instance soient relancés grâce à une réforme de son fonctionnement.

MME MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a regretté l'incapacité de la Conférence du désarmement, mais aussi de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015, de tenir leurs engagements. La diplomatie du désarmement doit maintenant être menée dans l'urgence, compte tenu des menaces sur la sécurité mondiale, a observé Mme WallströM. Elle s'est inquiétée en particulier de la persistance des armes nucléaires: si leur nombre a fortement diminué depuis 1986, elles restent suffisamment nombreuses pour compromettre l'existence de l'humanité, alors même que le traité d'interdiction complète des essais nucléaires n'est pas encore entré en vigueur. Mme Wallström a souligné que, selon les scientifiques, le risque de catastrophe nucléaire n'a jamais été aussi élevé depuis 1947.

La Suède se réjouit d'ores et déjà de participer aux négociations sur un instrument juridiquement contraignant visant l'interdiction des armes nucléaires, première étape de leur élimination totale, a indiqué la Ministre des affaires étrangères. Certains font valoir qu'une interdiction des armes nucléaires pourrait saper le TNP: la Suède estime de son côté qu'une telle interdiction s'inscrirait dans le contexte de ce Traité, sans s'y substituer. Mme Wallström a appelé la Fédération de Russie et les États-Unis à prendre l'initiative du désarmement de leurs arsenaux nucléaires, estimant que les grandes puissances ne peuvent continuer d'ignorer leurs promesses dans ce domaine. D'autres mesures devront être prises en relation avec la Conférence d'examen du TNP de 2020, comme par exemple l'interdiction des missiles nucléaires de croisière, l'octroi de garanties négatives de sécurité et des négociations sur les armes nucléaires tactiques, a ajouté Mme WallströM. Elle a encouragé les États nucléaires à renoncer aux procédures de lancement potentiellement déstabilisantes, indiquant que son pays était satisfait que la Première Commission de l'Assemblée générale ait témoigné de son soutien à sa proposition visant à la mise hors d'état d'alerte des armes nucléaires, en tant que moyen de réduire le risque d'erreurs fatales.

M. RUBEN DARÍO MOLINA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a condamné le militarisme qui détourne les ressources nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation et le bien-être des populations. Il a ainsi relevé avec préoccupation qu'une grande puissance venait d'annoncer qu'elle entendait consacrer ces prochaines années pas moins de 348 milliards de dollars au renforcement de son arsenal nucléaire, alors même que, selon les Nations Unies, 2,4 milliards de personnes dans le monde n'ont toujours pas accès aux installations d'hygiène de base et que plus de 800 millions de personnes vivent dans l'extrême pauvreté. Le Venezuela estime qu'il est impératif de favoriser le dialogue et la négociation diplomatique pour prévenir et surmonter les inégalités, la pauvreté, l'exclusion et la xénophobie.

Le Venezuela, qui déplore la promotion de doctrines belliqueuses par des organisations militaires telles que l'OTAN, plaide depuis toujours pour l'élimination des armes nucléaires et la création nouvelles zones exemptes d'armes nucléaires, au Proche Orient en particulier, sur le modèle de la première zone exempte d'armes nucléaires créée par le Traité de Tlatelolco, ratifié voici cinquante ans. Ce Traité représente l'une des contributions les plus remarquables des pays d'Amérique latine et des Caraïbes à la paix, au droit international et au droit humanitaire, a fait valoir le Vice-Ministre vénézuélien des affaires étrangères. Il a indiqué que son pays était favorable à l'adoption d'un traité d'interdiction des armes nucléaires et à l'organisation de la destruction définitive de ces armes. Pour toutes ces raisons, il importe que la Conférence – instance multilatérale pertinente, indispensable et irremplaçable pour la négociation du désarmement – reprenne très rapidement le contrôle de ses travaux et adopte rapidement un programme de travail large et équilibré qui tienne compte des priorités en matière de désarmement. La présidence russe de la Conférence devrait être l'occasion d'élaborer un document qui permette à cette instance de rester à l'avant-garde du désarmement mondial, a conclu M. Molina.

Droit de réponse

La République populaire démocratique de Corée a rejeté les accusations infondées la concernant qui ont été faites par des délégations européennes. Les auteurs de ces condamnations stéréotypées omettent totalement de tenir compte des besoins de sécurité légitimes de la République populaire démocratique de Corée et de la réalité de la situation dans la péninsule de Corée, a affirmé la délégation de la République populaire démocratique de Corée.

La République de Corée a déclaré que la position de la République populaire démocratique de Corée sur la situation dans la péninsule de Corée était sans fondement et chimérique. Le public de la Conférence sait où se situe la vérité, a ajouté la République de Corée.

La Bulgarie a précisé que son Ministre adjoint des affaires étrangères avait déploré les essais nucléaires réalisés par la République populaire démocratique de Corée, des essais qui – ce fait n'est mis en cause par personne – sont contraires aux obligations internationales de ce pays.

La République populaire démocratique de Corée a regretté que la République de Corée utilise la Conférence pour induire en erreur les populations mondiales.


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DC17/011F