Fil d'Ariane
LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTAME SON DÉBAT ANNUEL DE HAUT NIVEAU
La Conférence du désarmement a entamé ce matin son débat annuel de haut niveau en entendant les déclarations de M. Bert Koenders, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, et de M. Ayman Safadi, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Jordanie.
M. Safadi a regretté que la Conférence du désarmement n'ait pas été en mesure d'avancer dans ses travaux de fond depuis vingt ans. Mais la Jordanie estime aussi qu'il est possible de lever cette difficulté par un dialogue qui permette de surmonter la méfiance et de rencontrer l'adhésion de la communauté internationale en faveur de cette instance unique de dialogue pour le désarmement, a ajouté le Ministre. M. Safadi a indiqué que son pays s'attendait également à ce que la relance des travaux de la Conférence du désarmement s'accompagne d'un élargissement de sa composition. Le Ministre jordanien a par ailleurs regretté qu'il n'ait toujours pas été possible d'organiser une conférence sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient: il a appelé les États qui ont manifesté des réticences à cet égard à revenir sur leur position pour permettre des avancées dans l'instauration de la confiance au plan régional.
M. Koenders a quant à lui axé son intervention sur l'importance du multilatéralisme, dont il a estimé qu'il avait fait la preuve de sa valeur et n'était «pas un luxe». Le Ministre s'est félicité du succès de la communauté internationale dans la gestion du nucléaire iranien et a souligné que les Pays-Bas étaient tout à fait favorables au contrôle désormais assuré par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mais le multilatéralisme n'est heureusement pas l'apanage des seuls États, a fait observer le Ministre néerlandais: les organisations non gouvernementales font un excellent travail dans le domaine du désarmement, en jetant des ponts entre les acteurs et en proposant des solutions créatives, a-t-il précisé. Les ONG ont ainsi été les premières à envisager un monde sans mine terrestre en 2025 – objectif adopté plus tard par les États signataires de la Convention d'Ottawa, a rappelé M. Koenders.
La Conférence reprendra le débat de haut niveau demain matin à 10 heures, en entendant les déclarations de plus d'une dizaine de dignitaires.
Déclarations au titre du débat de haut niveau
M. AYMAN SAFADI, Ministère des affaires étrangères et des expatriés de la Jordanie, a regretté que la Conférence du désarmement n'ait pas été en mesure d'avancer dans ses travaux de fond depuis vingt ans. Mais la Jordanie estime aussi qu'il est possible de lever cette difficulté par un dialogue qui permette de surmonter la méfiance et de rencontrer l'adhésion de la communauté internationale en faveur de cette instance unique de dialogue pour le désarmement. La Jordanie s'attend cependant à ce que la relance des travaux de la Conférence du désarmement s'accompagne d'un élargissement de sa composition, une exigence dans le monde actuel.
Le Ministre jordanien a relevé que les nouveaux conflits au Moyen-Orient constituent des dangers imminents pour la région et pour la communauté internationale dans son ensemble. La Jordanie, soucieuse d'œuvrer pour la stabilité régionale, soutient pleinement les efforts de désarmement, a ratifié les instruments pertinents et accueille régulièrement des réunions d'experts sur les questions de sécurité régionale. La Jordanie travaille activement à la recherche de solutions à la crise en Syrie et au conflit entre Israël et la Palestine. Hôte de plus d'un million de réfugiés syriens, la Jordanie plaide pour une action renforcée non seulement dans le domaine de la lutte contre la violence et contre le terrorisme, mais aussi en faveur de l'éducation.
La Jordanie espère que la réunion préparatoire de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires sera fructueuse et que la Conférence elle-même pourra contribuer de manière positive à la stabilisation de la région du Moyen-Orient. La Jordanie regrette à ce propos qu'il n'ait toujours pas été possible d'organiser une conférence sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires dans cette région. Elle demande aux États qui ont manifesté des réticences à cet égard de revenir sur leur position pour permettre des avancées dans l'instauration de la confiance au plan régional.
M. BERT KOENDERS, Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, a rappelé que la seconde conférence de la paix de La Haye, convoquée voici 110 ans, avait permis l'adoption de plusieurs conventions destinées à réduire les conflits militaires. Ses participants – «puissances petites et grandes» – avaient, ce faisant, reconnu l'importance du dialogue et de la coopération, a souligné le Ministre, estimant que la même exigence s'applique au monde actuel, marqué notamment par les provocations, les incertitudes, les cyberattaques et la menace du terrorisme. M. Koenders a recommandé aux États de ne jamais oublier qu'aucun d'entre eux n'est en mesure de répondre seul aux menaces du moment – que la communauté internationale doit au contraire affronter ensemble. Ce multilatéralisme a fait la preuve de sa valeur et n'est «pas un luxe», a relevé le Ministre. À l'approche de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, les Pays-Bas, membres du Comité préparatoire (en vue de cette Conférence d'examen), sont bien conscients des obstacles de fond qui doivent être levés: les tensions internationales et la politisation, les désaccords sur les progrès du désarmement, l'incapacité à trouver un accord en 2015 (lors de la précédente Conférence d'examen). Les Pays-Bas, qui entendent relancer le processus, procèdent actuellement à des consultations tous azimuts et s'efforcent de porter le débat au-delà de Genève et Vienne, partant du principe que la non-prolifération profite à tous les États: ils viennent ainsi d'organiser une première régionale à Dakar, avec le Gouvernement du Sénégal. D'autres rencontres sont prévues ces prochaines semaines en Indonésie et au Chili.
Le Ministre néerlandais des affaires étrangères s'est ensuite félicité du succès du multilatéralisme dans la gestion de la crise du nucléaire iranien et a indiqué que les Pays-Bas étaient tout à fait favorables au contrôle assuré par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Cependant, le multilatéralisme n'est heureusement pas l'apanage des seuls États, a fait observer M. Koenders. Les organisations non gouvernementales font un excellent travail dans le domaine du désarmement, en jetant des ponts entre les acteurs et en proposant des solutions créatives, a-t-il précisé. Les ONG ont été ainsi les premières à envisager un monde sans mine terrestre en 2025 – objectif adopté plus tard par les États signataires de la Convention d'Ottawa, a-t-il rappelé. Mais ces succès ne doivent pas occulter le fait qu'il reste encore beaucoup à faire, a poursuivi M. Koenders. À cet égard, les travaux sur le désarmement nucléaire ne pourront que bénéficier d'une initiative lancée cette semaine en faveur d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles par les Pays-Bas, le Canada et l'Allemagne, a-t-il indiqué. En mettant fin à la production de matières fissiles pour les armes nucléaires, il deviendra en effet possible de limiter la taille des arsenaux et de prévenir une course aux armements, a-t-il affirmé. M. Koenders a relevé que cette initiative devra bénéficier, elle aussi, de l'apport et du soutien de la communauté internationale dans son ensemble. Le processus prévoit donc des interactions avec l'ensemble des États Membres des Nations Unies.
Le multilatéralisme s'impose également pour lever les difficultés relatives aux armes classiques, notamment le commerce des armes et les progrès techniques dans les systèmes d'armement, a ajouté le Ministre néerlandais. À cet égard, un groupe d'experts gouvernementaux se réunira pour discuter des systèmes d'armes non létales qui n'existent pas encore mais dont il vaut mieux encadrer préventivement le développement, a souligné le Ministre. Les Pays-Bas, qui n'ont ménagé aucun effort depuis quelques années pour créer ce groupe d'experts, participeront activement à ses travaux, a-t-il indiqué. S'agissant enfin du commerce des armes, M. Koenders a fait savoir que son pays avait, suite à l'intervention au Yémen, imposé de nouvelles restrictions à sa politique de contrôle des biens et marchandises exportés. On connaît les effets dévastateurs du commerce des armes, du Sahel au cœur de l'Europe, et l'insécurité qu'il suscite ne s'arrête pas aux frontières des États, a-t-il insisté. Appliqué de manière universelle, le Traité sur le commerce des armes aiderait les États à contrôler les flux d'armes, ce qui contribuerait à restaurer la confiance au profit de la résolution des crises sous-régionales, en Ukraine par exemple, a indiqué M. Koenders.
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