Fil d'Ariane
LA CONFÉRENCE ENTEND PLUSIEURS PAYS CONDAMNER LE TIR D’UN MISSILE BALISTIQUE PAR LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE
La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les déclarations de plus d’une vingtaine de délégations qui ont pour la plupart condamné la provocation et la menace que constitue, selon elles, le tir de missile balistique que la République populaire démocratique de Corée a effectué le 12 février dernier.
Les pays suivant ont fait des déclarations : Maroc, République populaire démocratique de Corée, Japon, République de Corée, Malte (au nom de l’Union européenne), Royaume-Uni, États-Unis, Australie, Finlande, Canada, Allemagne, Turquie, Italie, Pays-Bas, Suisse, Chine, Fédération de Russie, Kazakhstan, France, Espagne, Bulgarie, Pologne, Pakistan, Ukraine, Colombie.
Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Adrian Vierita de la Roumanie, a souhaité la bienvenue au nouveau Représentant permanent de la République populaire démocratique de Corée, M. Han Tae Song. Il a ensuite présenté son projet de décision révisé concernant la création d’un groupe de travail sur les perspectives d'avenir qui aurait pour mandat de dégager une base commune pour un programme de travail comprenant un mandat de négociation. Après avoir précisé que cette version révisée de son projet visait à intégrer une disposition prévoyant que le groupe de travail à créer serait présidé, pour toute l’année 2017, par une seule et même personne travaillant en coordination avec la présidence de la Conférence, M. Vierita a indiqué qu’une séance plénière serait convoquée vendredi prochain pour examiner ce projet.
Ce matin, la Conférence a par ailleurs accepté la demande de participation à ses travaux en tant qu’observateur émanant du Tadjikistan.
La prochaine séance publique plénière de la Conférence se tiendra vendredi 17 février 2017, à 10 heures, pour se pencher sur le projet révisé de décision de la présidence .
Aperçu des déclarations
Le Maroc a exprimé son soutien à la proposition du Président de la Conférence concernant les perspectives d’avenir, a fait l’objet de consultations ouvertes et transparentes et qui constitue une opportunité de reprendre les travaux de fond au sein de cette instance. La tenue de cette session intervient dans un contexte international dominé par la recrudescence de la menace terroriste dans plusieurs régions du monde et l’exacerbation de nombreuses tensions géopolitiques régionales, qui rendent chaque jour le monde plus incertain. Elle se tient également au lendemain de la tenue de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui n’a malheureusement pas pu parvenir à des résultats de fond – ce qui a jeté le doute quant aux perspectives de désarmement nucléaire et quant aux perspectives concernant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. Le Maroc demeure convaincu que les armes nucléaires et toutes les armes de destruction massive ne constituent pas une garantie de sécurité ni de stabilité effective sur les plans régional et international. La sécurité de tous réside plutôt dans le dialogue, le respect mutuel et l’élaboration de partenariats économiques favorisant un développement humain effectif et durable.
Certes, nous partageons le constat que les problèmes de la Conférence sont en réalité de nature politique, a poursuivi le Maroc. Toutefois, nous considérons que l’adoption d’un programme de travail équilibré est la clef de voûte pour permettre d’aller de l’avant. Le Maroc a par ailleurs indiqué porter une attention toute particulière à la question de la sécurité nucléaire et de la lutte contre le trafic illicite de matières biologiques, radioactives et nucléaires. A cet effet, le Maroc adhère au plan d’action adopté par le Sommet de Washington visant la sécurisation des matières nucléaires vulnérables dans le monde. Le pays a déposé en octobre 2015 les instruments de ratification du protocole de 2005 amendant la Convention sur la protection physique des matières nucléaires signée le 3 mars 1980. Le Maroc a également institué l’Agence marocaine de sûreté et de sécurité nucléaire et radiologique. Le Maroc a ajouté prévoir d’organiser, en mai prochain, un exercice de revue par les pairs sur la mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques et à toxines.
La République populaire démocratique de Corée a déclaré que le désarmement était un élément important pour la paix mondiale et a regretté l’impasse dans laquelle se trouvait la Conférence. Le pays a imputé cet échec à la manipulation de la Conférence par quelques grandes puissances poursuivant leurs propres intérêts et s’est dit pessimiste quant aux avancées de la Conférence si l’approche de « deux poids, deux mesures » entre les grandes puissances qui disposent d’importants stocks d’armes nucléaires et les autres États devait être maintenue, alors même que les premières améliorent encore la qualité et la quantité de leurs arsenaux nucléaires. Sur la péninsule coréenne, la République populaire démocratique de Corée est menacée par le plus grand État nucléaire du monde qui manœuvre aux portes du pays. Il relève du droit légitime de tout État souverain de se défendre contre de telles menaces et la République populaire démocratique de Corée œuvre donc au développement de capacités d’auto-défense, les essais de missiles qu’elle a menés constituant des mesures de défense pour assurer la souveraineté et la sécurité de son peuple face aux menaces hostiles. La République populaire démocratique de Corée rejette donc la récente déclaration – ainsi que les déclarations antérieures contre le pays – du Conseil de sécurité des Nations Unies. La République populaire démocratique de Corée soutient les efforts mondiaux en vue de l’élimination totale des armes nucléaires.
Le Japon a jugé « inacceptable » que la République populaire démocratique de Corée ait effectué un nouveau tir de missile balistique. Le Japon a appelé la République populaire démocratique de Corée à se soumettre aux résolutions du Conseil de sécurité et à mettre fin à ces «provocations» qui mettent en péril la paix et la sécurité de la région.
La République de Corée a indiqué que le lancement d’un missile balistique constituait une grave menace pour la sécurité internationale. Le Gouvernement de Séoul condamne la politique déraisonnable de la République populaire démocratique de Corée et son «obsession fanatique» pour la recherche d’une arme nucléaire. La République populaire démocratique de Corée doit comprendre qu’elle n’a pas d’avenir si elle ne renonce pas à tous ses programmes nucléaires et balistiques, a insisté la République de Corée.
Malte, au nom de l’Union Européenne, a condamné le tir de missile balistique effectué par la République populaire démocratique de Corée le 12 février dernier en violation de la résolution 2321 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Malte a appelé la République populaire démocratique de Corée à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité. Malte a en outre exhorté la République populaire démocratique de Corée à signer le traité d'interdiction complète des essais nucléaires et à reprendre le chemin de la négociation.
La Finlande a souscrit pleinement à la déclaration faite par Malte au nom de l’Union européenne et a vivement condamné le lancement d’un missile balistique par la République populaire démocratique de Corée, constatant qu’un tel acte constituait une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. La Finlande a ensuite exhorté la République populaire démocratique de Corée à mettre fin de manière crédible et vérifiable à ses programmes nucléaires et balistiques et à se conformer au droit international.
Le Royaume-Uni a indiqué se féliciter de la déclaration du Conseil de sécurité condamnant à l’unanimité le récent tir de missile balistique de la République populaire démocratique de Corée. Le pays a appelé la République populaire démocratique de Corée à mettre fin à ses programmes nucléaires et balistiques de manière vérifiable et crédible.
L’Allemagne s’est associée pleinement à la déclaration faite par Malte au nom de l’Union Européenne et a condamné le récent lancement d’un missile balistique par la République populaire démocratique de Corée, qui constitue une violation flagrante du droit international et au sujet duquel la délégation britannique a exprimé sa «vive préoccupation». Le Royaume-Uni a appelé la République populaire démocratique de Corée à mettre fin à ses programmes nucléaire et balistique et à se mettre en conformité avec ses obligations internationales.
Les Etats-Unis ont déclaré que le tir de la « Corée du Nord » de dimanche dernier était hautement provocateur et menaçait la paix et la sécurité internationales, défiant en outre six résolutions du Conseil de sécurité. Le programme nucléaire de la « Corée du Nord » constitue une menace pour la sécurité de chaque pays, dans la région et au-delà. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies doivent être appliquées sans délai, ont ajouté les États-Unis, assurant qu’ils tiendraient la « Corée du Nord » pour comptable (de ses actes). S’il y a jamais eu une situation requérant une action de sécurité collective, c’est bien maintenant, ont insisté les États-Unis, réaffirmant leur engagement indéfectible à se défendre et à défendre leurs alliés. Les exercices militaires conjoints annuels avec la République de Corée sont transparents et à but purement défensif, étant en effet destinés à défendre la République de Corée et à maintenir la stabilité sur la péninsule coréenne, ont ajouté les États-Unis. De surcroît, la République populaire démocratique de Corée est prévenue à l’avance de ces manœuvres, ont-ils souligné.
L’Australie a apporté son soutien à l’initiative de la présidence de la Conférence sur les perspectives d’avenir (« The Way Ahead »), qui vise à sortir cette instance de l’impasse. L’Australie a ensuite condamné l’essai mené il y a deux jours par la République populaire démocratique de Corée, qui constitue une provocation supplémentaire, et a appelé la communauté internationale à faire appliquer les sanctions à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée.
Le Canada a lui aussi condamné le récent lancement d’un missile balistique par la République populaire démocratique de Corée en violation de ses obligations internationales.
La Turquie a, à son tour, fermement condamné le tir de missile balistique effectué par la République populaire démocratique de Corée, qui va à l’encontre de la paix et de la stabilité dans la région. La Turquie a demandé à la République populaire démocratique de Corée de respecter ses obligations internationales.
L’Italie a souscrit à la déclaration faite par Malte au nom de l’Union européenne et a condamné fermement le tir de missile effectué par la République populaire démocratique de Corée, appelant ce pays à respecter ses obligations internationales, à ratifier le traité d'interdiction complète des essais nucléaires et à rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
Les Pays-Bas se sont déclarés « très préoccupés » par les tirs de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée et se sont félicités de la condamnation unanime prononcée à cet égard par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
La Suisse a condamné à son tour le tir de missile balistique effectué par la République populaire démocratique de Corée en violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et a exhorté ce pays à mettre fin à ses programmes nucléaire et balistique de manière immédiate, vérifiable et crédible.
La Chine a souhaité la bienvenue au nouvel Ambassadeur de République populaire démocratique de Corée et, prenant note du récent tir effectué par ce pays, a indiqué être opposée à ce lancement, qui constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité. Toutes les parties doivent faire preuve de retenue et d’efforts conjoints pour préserver la paix et la stabilité mondiales. Seuls le dialogue et la concertation offrent une voie de sortie, a insisté la Chine. Elle a donc appelé les parties concernées à poursuivre le dialogue et à assumer leurs responsabilités. La Chine va poursuivre son travail en faveur du maintien de la paix et de la stabilité dans la péninsule coréenne dans le cadre des Pourparlers à Six.
La Fédération de Russie a affirmé que le lancement d’un missile balistique par la République populaire démocratique de Corée le 12 février dernier constituait une nouvelle violation des résolutions du Conseil de sécurité qui ne peut qu’inspirer regret et préoccupation. Toutes les parties doivent s’abstenir de tout acte susceptible de mener à une escalade des tensions. Les problèmes de la péninsule coréenne ne peuvent être résolus autrement que par des moyens politiques et diplomatiques, a conclu la Fédération de Russie.
Le Kazakhstan a lui aussi condamné le lancement d’un missile balistique par la République populaire démocratique de Corée. En tant que pays ayant renoncé volontairement à son arsenal nucléaire, le Kazakhstan est convaincu qu’un tel lancement constitue une menace pour la sécurité régionale et mondiale. La République populaire démocratique de Corée est invitée à rejoindre immédiatement les Pourparlers à Six.
La France s’est déclarée pleinement en adéquation avec la déclaration faite au nom de l’Union européenne. La France a condamné le tir de missile balistique effectué par la République populaire démocratique de Corée et, insistant sur la nécessité d’assurer la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité, a demandé à la communauté internationale d’agir sans délai afin que la République populaire démocratique de Corée ne dispose pas d’un arsenal nucléaire opérationnel.
L’Espagne a elle aussi souscrit à la déclaration faite au nom de l’Union européenne et a condamné le tir de missile balistique effectué par la République populaire démocratique de Corée, exhortant ce pays à abandonner son programme de missiles balistiques de manière irréversible et vérifiable et à reprendre le dialogue avec la communauté internationale.
La Bulgarie a soutenu entièrement la déclaration faite par Malte au nom de l’Union européenne et a constaté que le lancement par la République populaire démocratique de Corée d’un missile balistique constituait une violation claire des résolutions du Conseil de sécurité. La Bulgarie a demandé à la République populaire démocratique de Corée de mettre fin de manière claire à ses programmes nucléaire et balistique et à reprendre les discussions dans le cadre des Pourparlers à Six.
La Pologne s’est jointe à la déclaration faite au nom de l’Union européenne et a considéré que ce tir d’un missile balistique par la République populaire démocratique de Corée constituait une menace pour la paix et la stabilité et violait les dispositions des résolutions du Conseil de sécurité.
Le Pakistan a déploré l’essai de missile effectué par la République populaire démocratique de Corée en violation des résolutions du Conseil de sécurité et a appelé ce pays à ne pas entreprendre d’action qui remettrait en cause la sécurité et à relancer les discussions dans le format dit des Six parties.
L’Ukraine a condamné le tir de missile de la République populaire démocratique de Corée, qui constitue une violation directe des résolutions du Conseil de sécurité et une menace pour la sécurité mondiale. L’Ukraine, qui a renoncé volontairement aux armes nucléaires, fera tout ce qui est en son pouvoir en tant qu’État membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies pour que la République populaire démocratique de Corée respecte ses obligations.
La Colombie a exprimé son optimisme quant à l’initiative de la présidence de la Conférence sur les perspectives d’avenir (« The Way Ahead »). La Colombie a par ailleurs condamné le tir de missile balistique effectué par la République populaire démocratique de Corée et l’a appelée à respecter ses obligations internationales.
La République populaire démocratique de Corée a rejeté les accusations portées à son encontre par un certain nombre de délégations qui ignorent les causes réelles de l’escalade des tensions dans la péninsule coréenne. La République populaire démocratique de Corée ne fait qu’exercer ses droits légitimes à l’autodéfense à la lumière de la posture toujours plus agressive des États-Unis sur la péninsule coréenne. La République populaire démocratique de Corée a par ailleurs dénoncé les «deux poids, deux mesures» appliqués par le Conseil de sécurité, qui se concentre sur elle tout en ignorant d’autres essais de missiles menés par d’autres États. Les résolutions du Conseil de sécurité n’ont aucune base juridique, a ajouté la République populaire démocratique de Corée. La République populaire démocratique de Corée a des doutes quant aux intentions des pays qui la critiquent et estime que la Conférence ferait bien d’en revenir à son mandat originel ; tant que cette instance sera abusée à de sinistres fins politiques par certains pays, aucun résultat ne pourra être attendu.
La République de Corée a déclaré que la République populaire démocratique dressait d’elle-même un portrait fanatique, basé sur des obsessions et des croyances erronées.
La République populaire démocratique de Corée a relevé qu’une fois de plus, la République de Corée tentait de la dépeindre comme provocatrice. La République de Corée ferait bien de cesser de plaider auprès d’autres pays pour qu’ils fassent pression sur la République populaire démocratique de Corée.
Les États-Unis se sont dits satisfaits par la large condamnation qu’a suscitée l’essai de missile balistique mené par la République populaire démocratique de Corée. Il est de plus en plus évident que la République populaire démocratique de Corée est isolée, ont-ils souligné. Les résolutions du Conseil de sécurité représentent le droit international, ont déclaré les États-Unis.
La République populaire démocratique de Corée a déclaré que ce sont les États-Unis qui s’accrochent fanatiquement à leurs politiques hostiles et cherchent à renverser le système socialiste de la République populaire démocratique de Corée. La République populaire démocratique de Corée continuera de renforcer ses capacités d’autodéfense.
La Fédération de Russie a réitéré son invitation à tous les participants à la Conférence afin qu’ils prennent part à la réunion qui se tiendra le 22 février, à 15 heures, dans la salle du Conseil, sur le thème de la commémoration du 110ème anniversaire de la Seconde Conférence de la paix tenue à La Haye en 1907.
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