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LE COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION À L'ÉGARD DES FEMMES OUVRE LES TRAVAUX DE SA SOIXANTE-QUATRIÈME SESSION

Compte rendu de séance

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a ouvert ce matin, en salle XVIII du Palais des Nations à Genève, les travaux de sa soixante-quatrième session en adoptant son ordre du jour et son programme de travail et en entendant une déclaration de Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, qui a présenté les faits nouveaux intéressant les travaux du Comité et a eu un échange substantiel avec ses membres.

Mme Gilmore a souligné que l'adoption des Objectifs de développement durable avait constitué un jalon dans l'articulation d'une vision du développement qui soit basée sur les droits de l'homme. Il s'agit d'un résultat sans précédent, plus d'un million de personnes ayant participé à leur élaboration, a-t-elle fait valoir; le monde peut être fier de la profondeur et de la vision de ce programme universel. Où que l'on soit, quel que soit le PIB de chaque pays, les droits de l'homme doivent être respectés, réaffirme le Programme de développement durable à l'horizon 2030, a-t-elle relevé. Les institutions des Nations Unies doivent travailler en synergie, aucune n'étant propriétaire de ces Objectifs, ainsi que l'a déclaré le Secrétaire général de l'ONU. Personne ne sera laissé pour compte, la marginalisation et la négligence étant inexcusables, affirme ce Programme, a insisté Mme Gilmore. La situation des femmes est pleinement prise en compte par ce Programme, a-t-elle souligné.

Si l'on n'élève pas le statut des femmes, si on ne leur donne pas plus de pouvoir et d'influence, les Objectifs de développement durable ne seront pas réalisés, a fait observer la Haut-Commissaire adjointe. Dans ce contexte, le Comité a un rôle central à jouer, son mandat pouvant contribuer à faire en sorte que les jeunes filles soient scolarisées, a-t-elle indiqué. Alors que la puberté est aujourd'hui plus proche de dix ans que de quinze, il faut aussi s'assurer que les jeunes filles soient préservées de la violence, qu'elles bénéficient d'une éducation sexuelle, bref qu'elles aient un avenir, a ajouté Mme Gilmore. Elle a ensuite reconnu que le Haut-Commissariat n'avait pas les ressources suffisantes pour apporter tout l'appui nécessaire, alors que la charge de travail s'est considérablement accrue; l'essentiel est donc de voir comment le Haut-Commissariat et le Comité pourraient œuvrer de concert, quelles que soit les restrictions budgétaires.

Mme Gilmore a évoqué certaines des résolutions qui viennent d'être adoptées par le Conseil des droits de l'homme, notamment celle relative à la violence contre les femmes autochtones ou celle en faveur de l'éradication des mutilations génitales féminines. Il est regrettable qu'il y ait eu autant de désaccords, notamment sur celles portant sur l'avortement, l'éducation sexuelle ou la création d'un Expert indépendant sur les violences et la discrimination fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre – autant de décisions qui ont fait l'objet de débats houleux, ce qui, au fond, ne doit pas surprendre, a-t-elle reconnu. Partout dans le monde, on attend la sagesse d'analyse des membres du Comité, a ajouté Mme Gilmore.

Lors de l'échange de vues qui a suivi cette présentation, une experte du Comité a rappelé le devoir de redevabilité des États qui ont eux-mêmes consentis à leurs obligations en adhérant à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Cet instrument devrait être placé comme prérequis des politiques de développement dans le monde, ce qui n'est pas toujours le cas, y compris à l'ONU, a ajouté cette experte.

Un membre du Comité a souligné que le nombre de plaintes reçu en vertu du Protocole facultatif à la Convention avait fortement augmenté; alors qu'il était d'un ou deux par an il y a une dizaine d'années, il approche désormais la cinquantaine par an. Or, le Groupe de travail du Comité chargé des «communications» (plaintes individuelles) n'a pas la possibilité de traiter plus de deux ou trois dossiers par session, a fait observer l'expert, estimant nécessaire que le Haut-Commissariat propose une solution à un problème susceptible de porter atteinte à la crédibilité du Comité. Une experte a déploré que l'on en revienne sempiternellement à la question des ressources.

Mme Gilmore a souligné le Programme de développement durable était «opérationnel» et qu'il impliquait tout le système des Nations Unies. Il faut effectivement qu'il y ait une culture de la redevabilité, les entités du système elles-mêmes devant œuvrer de concert, a-t-elle ajouté, insistant sur la nécessité de replacer la personne humaine au centre de l'action en en célébrant la diversité. Le renforcement des capacités est prioritaire à cet égard pour le Haut-Commissariat, a-t-elle poursuivi, rappelant que dans son action, celui-ci doit prendre en compte les observations des organes conventionnels, les résolutions du Conseil des droits de l'homme et les recommandations issues de l'Examen périodique universel. Pour les femmes, cela touche à des domaines aussi concrets que l'accès universel à la santé, par exemple.

S'agissant du manque de ressources, il est clair qu'il s'agit d'un obstacle à l'efficacité du Comité, a ensuite reconnu Mme Gilmore, ajoutant qu'il faut s'efforcer de faire plus avec moins, en optimisant l'emploi des ressources disponibles et rappelant qu'au bout du compte, la question des ressources était du ressort de l'Assemblée générale. Personne n'est satisfait face aux résultats obtenus en matière de lutte contre la violence envers les femmes, a ensuite souligné Mme Gilmore.

Durant cette séance d'ouverture de la session, la Présidente du Comité, Mme Yoko Hayashi, a rendu compte des activités entreprises depuis la précédente session du Comité du Comité l'hiver dernier. Elle a indiqué que le nombre d'États parties restait inchangé, à 189 et s'est félicitée que Monaco ait accédé au Protocole facultatif à la Convention en mai dernier, ce qui porte à 107 le nombre d'États parties à cet instrument. Elle a par ailleurs indiqué avoir participé à la vingt-huitième réunion des Présidents des organes de traité, à New York, devant laquelle les Présidents ont souligné que le Haut-Commissariat ainsi que les organes conventionnels devaient bénéficier des ressources nécessaires.

La Vice-Présidente du Comité, Mme Theodora Nwankwo, a quant à elle présenté le rapport du Groupe de travail pré-session, qui a préparé les questions relatives aux rapports des États parties qui seront examinés à la présente session.

Mme Xiaoqiao Zou a pour sa part présenté son rapport en tant que rapporteuse du Comité chargée du suivi des rapports de suivi présentés par les États parties en réponse aux observations finales du Comité.

Plusieurs membres du Comité ont rendu compte des activités qu'ils ont entreprises ou auxquelles ils ont participé depuis la précédente session du Comité.

Cet après-midi, à 15 heures, le Comité entendra les représentants des organisations non gouvernementales et des institutions nationales de droits de l'homme au sujet de l'application de la Convention dans les pays dont les rapports seront examinés cette semaine, à savoir les Philippines, le Myanmar et la France.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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