Aller au contenu principal

LE COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION À L'ÉGARD DES FEMMES EXAMINE LE RAPPORT DES PHILIPPINES

Compte rendu de séance

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné, aujourd'hui, le rapport périodique des Philippines sur les mesures prises par le pays pour donner effet aux dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Présentant ce rapport, Mme Cecilia Rebong, Représentante permanente des Philippines auprès des Nations Unies à Genève, a indiqué que l'indice mesurant les inégalités de genre (Global Gender Gap) du Forum économique mondial avait classé son pays à la septième place en 2015. Au cours des six années de la présidence Aquino, le pays est passé d'une totale indifférence envers les disparités de genre à la promotion de l'égalité des sexes dans tous les domaines. Les femmes jouent, désormais, des rôles variés dans la société philippine, aussi bien au niveau gouvernemental qu'au niveau du secteur privé, a fait valoir Mme Rebong.

En 2009, le pays a atteint une étape importante en promulguant sa Magna Carta (grande charte) des femmes inspirée de la Convention, Charte qui établit des mécanismes institutionnels afin de permettre la mise en œuvre de la Convention. Les Philippines ont aussi renforcé leur stratégie visant à protéger les travailleurs migrants, particulièrement les femmes, en s'efforçant de s'assurer qu'ils soient payés décemment et que leurs conditions de travail soient correctes.

L'importante délégation philippine était également composée, entre autres, de représentants des Départements de la santé; de la Sécurité sociale et du développement; de la justice; et des affaires étrangères. Elle comprenait également des représentants de la Commission régionale des femmes Bangsamoro; de la Commission philippine des femmes; de la Commission nationale pour la promotion et la protection des droits des femmes et des enfants; de l'Administration de l'emploi outre-mer; de la Commission nationale des peuples autochtones; de la Commission de l'éducation supérieure; et de l'Autorité économique nationale et de développement.

La Commission a répondu aux questions qui lui étaient adressées par les membres du Comité s'agissant, notamment, de l'impact de la Magna Carta ou grande charte des femmes; d'un projet de loi globale contre les discriminations; de la violence à l'égard des femmes et de l'aide juridictionnelle aux victimes; des femmes handicapées; des femmes autochtones et de l'impact des activités minières ou forestières; de l'autonomisation des femmes; du travail dans le secteur informel; de l'imposition de quotas; de la représentation des femmes dans les postes à responsabilités; des mesures de lutte contre la traite; ou encore de la transmission de la nationalité philippine.

Une experte a estimé qu'en dépit de progrès certains, un certain nombre de lois demeuraient discriminatoires, en particulier celle interdisant aux personnes handicapées de voter. Si des mesures de protection en faveur de ces personnes ont effectivement été prises, elles ne concernent que certains domaines spécifiques comme les transports, a-t-elle en outre relevé. Elle a insisté sur l'importance pour les Philippines d'adopter une loi générale contre les discriminations. Elle s'est inquiétée de graves violations des droits de l'homme perpétrées à l'encontre des peuples autochtones par des sociétés minières, ces peuples se trouvant en effet spoliés de leurs terres.

Plusieurs autres membres du Comité se sont inquiétés de la situation des personnes handicapées aux Philippines, eu égard au manque de mesures de soutien en leur faveur.

Une experte a constaté qu'en dépit de nombreuses mesures positives, les attitudes sexistes et les préjugés profondément enracinés perduraient au sein de la société. Les femmes ont tendance à ne pas se plaindre à la justice en cas de violences intrafamiliales ou sexuelles, d'où une situation d'impunité de fait, a-t-il été relevé.

Le Comité adoptera ultérieurement, lors de séances à huis clos, ses observations finales sur le rapport des Philippines et les rendra publiques à l'issue de la session, qui doit clore ses travaux le vendredi 22 juillet prochain.


Le Comité entamera après-demain matin, à 10 heures, l'examen du rapport du Myanmar.


Présentation du rapport des Philippines

Le Comité est saisi du rapport périodique des Philippines, ainsi que des réponses du pays à la liste de points à traiter que lui a adressée le Comité.

MME CECILIA REBONG, Représentante permanente des Philippines auprès des Nations Unies à Genève, a précisé que sa délégation était coprésidée par l'Ambassadrice Rosario Manalo, championne du droit des femmes, qui siègera au Comité à compter de janvier prochain. Elle a indiqué que l'indice mesurant les inégalités de genre (Global Gender Gap) du Forum économique mondial avait classé son pays à la septième place en 2015. Au cours des six années de la présidence Aquino, le pays est passé d'une totale indifférence envers les disparités de genre à la promotion de l'égalité des sexes dans tous les domaines des politiques et des programmes. Désormais, les femmes jouent des rôles divers et variés dans la société philippine, à la fois au niveau gouvernemental et au niveau du secteur privé. Elles sont ainsi à la tête de la Cour suprême comme du Bureau du Médiateur, entre autres, a fait valoir Mme Rebong.

En 2009, le pays a atteint une étape importante en édictant sa Charte (Magna Carta) des femmes inspirée de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, a poursuivi la Représentante permanente. Ce texte prend en compte les droits des femmes marginalisées, définit la discrimination directe et indirecte. Sont également établis des mécanismes institutionnels afin de permettre la mise en œuvre de la Convention. La violence contre les femmes est ainsi prise en charge au travers de trois entités chargées respectivement des femmes et des enfants, de la traite et de la pornographie infantile.

Une loi pour une parentalité responsable et pour la santé génésique a été adoptée en 2012 qui prévoit la fourniture de services de santé à tous, en donnant la priorité aux femmes, aux pauvres, aux personnes marginalisées et aux personnes vulnérables ou en situation de crise. La loi sur les travailleurs domestiques a interdit le travail de nuit pour les femmes et prévu une protection sociale. La loi contre la traite de 2012 a aggravé les peines et amélioré une protection renforcée pour les victimes. Les Philippines jouent un rôle de premier plan parmi les membres de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), qui s'est dotée d'une convention sur la traite et d'un plan d'action en 2015. Par ailleurs, a été abrogée la loi qui incriminait les veuves qui se remariaient moins de 301 jours après le décès de leur mari. Mme Rebong a énuméré un certain nombre de projets de texte dont un projet de loi contre la discrimination fondée sur l'âge dans l'emploi et un autre prévoyant de mettre à disposition des tribunaux des interprètes en langue des signes.

Par ailleurs, les Philippines poursuivent leurs efforts en faveur de la reconnaissance des droits des peuples autochtones, a poursuivi la Représentante permanente. Des femmes ont joué un rôle clé dans les processus de paix avec l'insurrection communiste et avec le Front de libération islamique moro. Le Gouvernement a élaboré un plan d'action en vertu de la Résolution de l'ONU 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité.

Un programme d'allocations monétaires, qui bénéficie à 4,4 millions de foyers, place les femmes au premier plan afin qu'elles s'assurent de la scolarisation et de la bonne santé de leurs enfants. Les Philippines ont aussi renforcé leur stratégie visant à protéger les travailleurs migrants, particulièrement les femmes, en s'assurant qu'ils sont payés décemment et que leurs conditions de travail sont correctes. En matière de réduction des risques de catastrophes, le rôle des femmes est désormais considéré comme de premier plan, alors que traditionnellement il était dévolu aux hommes. Les programmes et projets dans ce domaine donnent un rôle significatif aux femmes.

En conclusion, la Représentante permanente des Philippines a indiqué que le rapport de son pays avait été soumis à un processus de validation de la part de plusieurs parties intéressées – en particulier de la part des organisations de la société civile et de la Commission philippine des droits de l'homme.

Examen du rapport

Questions et observations des membres du Comité

Une experte du Comité a estimé qu'en dépit de progrès certains, un certain nombre de lois demeuraient discriminatoires, en particulier celle interdisant aux personnes handicapées de voter. Si des mesures de protection en faveur de ces personnes ont effectivement été prises, elles ne concernent que certains domaines spécifiques comme les transports, a-t-elle en outre relevé. Elle a insisté sur l'importance pour les Philippines d'adopter une loi générale contre les discriminations. Elle s'est inquiétée de graves violations des droits de l'homme perpétrées à l'encontre des peuples autochtones par des sociétés minières, ces peuples se trouvant en effet spoliés de leurs terres.

Une autre experte s'est inquiétée de la situation des personnes handicapées aux Philippines, eu égard au manque de mesures de soutien en leur faveur, y compris pour ce qui est de l'accès à la justice. L'absence d'interprètes en langue des signes dans le système pénal entrave sérieusement l'accès à la justice pour ces personnes, a-t-elle insisté.

Une experte a affirmé qu'il n'y avait guère de femmes dans les forces armées philippines.

Une autre experte a rappelé que dans ses précédentes observations finales, le Comité avait demandé au pays de fournir des informations détaillées relativement aux personnes handicapées.

Une experte a constaté qu'en dépit de nombreuses mesures positives, les attitudes sexistes et les préjugés profondément enracinés perduraient au sein de la société. Elle a souhaité savoir quelles initiatives l'État partie envisageait pour les faire reculer. Les femmes ont tendance à ne pas se plaindre à la justice en cas de violences intrafamiliales ou sexuelles, d'où une situation d'impunité de fait, a-t-elle poursuivi. Les statistiques faisant état d'une augmentation du nombre de cas, l'État s'est-il penché sur les causes de ce phénomène? Dispose-t-il de statistiques sur le nombre de plaintes et les suites qui y sont données?

Le fléau de la traite des êtres humains persistera tant que la pauvreté perdurera, tant qu'il y aura des personnes prêtes à tirer profit de cette vulnérabilité, a relevé une experte. Celle-ci a estimé nécessaire de disposer des données ventilées par âge et par sexe s'agissant des victimes et des auteurs, si l'on entend améliorer les mécanismes de plaintes. Elle a aussi souligné l'importance d'accroître le nombre de refuges pour les victimes. Par ailleurs, des informations alarmantes font état des mauvais traitements envers les personnes handicapées, a-t-elle ajouté. Elle a aussi souhaité savoir ce qui empêchait l'adoption des projets de loi contre la prostitution.

Relevant que la grande charte des femmes prévoyait un rôle accru des femmes dans les organes de décision, une experte a souhaité savoir si l'État philippin avait envisagé d'imposer des quotas aux niveaux de l'exécutif et du judiciaire. Qu'en est-il d'un projet de loi prévoyant des quotas de femmes dans les partis politiques, a-t-elle demandé? En outre, les femmes autochtones se heurtent à de plus grandes difficultés que les autres pour ce qui est de participer aux processus décisionnels ou même simplement d'être consultées, y compris sur des questions qui les concernent directement.

Une experte a souhaité en savoir davantage au sujet de la loi sur la citoyenneté, notamment pour les femmes de nationalité philippine ayant épousé un étranger en dehors du pays.

Les membres du Comité ont en outre posé une série de questions sur l'éducation, s'interrogeant notamment sur les causes du taux d'abandon scolaire supérieur des garçons par rapport aux filles. Il n'en demeure pas moins qu'une proportion non négligeable de filles ne fréquentent pas l'école, sans même parler des filles handicapées et autochtones qui, dans leur vaste majorité, ne sont pas scolarisées, a-t-il été souligné. Une experte s'est inquiétée de cas apparemment récurrents de harcèlement sexuel à l'école.

Un expert a souhaité savoir comment l'État entendait s'y prendre pour assurer que les droits reconnus par la grande charte des femmes, en matière de sécurité sociale notamment, s'appliquent aux travailleurs du secteur informel – dont la grande majorité sont des femmes. Si les femmes sont bien représentées dans les métiers de l'éducation et des soins de santé, elles sont quasiment absentes de nombreux autres secteurs, a-t-il d'autre part été relevé. En outre, les disparités salariales sont abyssales, a affirmé un expert.

Une experte a souhaité savoir si les Philipppines envisageaient d'amender la législation limitant drastiquement l'avortement. Elle a aussi souhaité savoir si l'État avait évalué les mesures qu'il a prises contre l'épidémie de VIH/sida. L'objectif de diviser par quatre la mortalité en couche à l'horizon 2015 a-t-il été atteint, a-t-elle encore demandé?

Une experte a demandé ce qu'il en était de la possibilité pour les femmes d'avoir des activités sportives.

Une autre experte s'est inquiétée de l'imposition de la charia dans les régions musulmanes.

Une membre du Comité a évoqué la menace que représentent les événements climatiques extrêmes, soulignant qu'ils n'étaient pas neutres du point de vue du genre.

Réponses de la délégation

La délégation a souligné qu'un certain nombre de projets de loi étaient en cours d'élaboration, exprimant l'espoir que les chose progresseraient lors de la législature qui vient de débuter. Le Parlement s'est saisi d'un projet de loi anti-discrimination en faveur des personnes ayant une identité sexuelle ou de genre différente, a-t-elle ajouté. Elle a souligné la difficulté d'accélérer le mouvement alors que le Parlement est dominé par les hommes, tout en estimant que les organisations de la société civile avaient un rôle important à jouer pour les sensibiliser aux problèmes des femmes.

La législation respecte le droit coutumier, ainsi que le droit musulman, a poursuivi la délégation. Toutefois, toutes les pratiques traditionnelles discriminatoires ont été passées au crible, a-t-elle ajouté.

Les musulmans philippins peuvent perpétuer légalement leurs pratiques culturelles, même si certaines d'entre elles peuvent sembler discriminatoires à des non-musulmans, a précisé la délégation. Toutefois, le mariage précoce et forcé, ainsi que la violence contre les femmes ont fait l'objet d'une fatwa visant à protéger les individus contre ces fléaux, a-t-elle fait valoir. L'âge minimum du mariage pour les musulmans est fixé à 20 ans pour les hommes et 18 ans pour les femmes, a précisé la délégation.

Pour ce qui concerne les questions relatives aux peuples autochtones, la délégation a souligné que l'État philippin garantissait le droit ancestral à la terre avec l'octroi d'un titre de propriété spécifique. Tout projet minier ou industriel doit s'accompagner d'un certain nombre de garanties et d'assurances et prévoir la participation/consultation des populations concernées. Les contrats doivent respecter les droits des travailleurs et la participation aux processus de décision. Les coutumes locales doivent être respectées par les entreprises. Un Comité de coordination des activités minières veille au respect des règles établies.

La Convention a été traduite dans différentes langues locales, a précisé la délégation.

L'État fournit une aide juridictionnelle, ainsi qu'une aide psychologique, aux victimes de viol, a poursuivi la délégation. Une aide d'assistance juridique spécifique est également en place pour les peuples autochtones, a-t-elle ajouté. Des programmes d'aide à l'emploi visent à aider à la réinsertion des victimes, a ajouté la délégation.

Un centre de crise en cas de viol est actuellement expérimenté et il est question d'en mettre d'autres sur pied ailleurs dans le pays après avoir tiré les enseignements de ce premier projet pilote, a ensuite indiqué la délégation. Onze foyers de réinsertion pour les adolescentes de moins de 16 ans victimes de mauvais traitements existent dans plusieurs régions de l'archipel. Des centres de conseil ont aussi été créés pour les femmes adultes. Des programmes sont aussi menés en direction des hommes, afin de les sensibiliser au problème, notamment en leur inculquant le rôle de père responsable. La délégation a reconnu le rôle essentiel de l'école pour modifier les attitudes des garçons. Celui des ONG est tout aussi essentiel sur ces questions.

La délégation a précisé que 42 000 villages du pays avaient entrepris de mettre sur pied un bureau contre la violence à l'égard des femmes, environ 40% d'entre eux l'ayant fait à ce stade. Des messages sont diffusées afin de sensibiliser les hommes en les incitant à faire preuve de courtoisie et à ne pas harceler les femmes, a-t-elle ajouté.

Lorsque l'état de droit s'effondre (en cas de conflit ou de catastrophe naturelle), les femmes sont encore plus vulnérables, avec la multiplication des cas de viols et de violences, a souligné la délégation. Le Gouvernement a mis en place des mesures d'urgence afin de garantir la sécurité des femmes et des enfants dans le cadre d'espaces qui leur sont réservés.

Dans les régions musulmanes, il est fréquent que les femmes ne portent pas plainte, par crainte de représailles, a ajouté la délégation, reconnaissant qu'il s'agissait d'un problème complexe pour les autorités.

Une Commission interinstitutionnelle contre la traite a entrepris de recueillir des données sur ce fléau, a ensuite indiqué la délégation. Cette Commission veille à l'identification précoce des victimes, en ayant mobilisé les services de l'immigration à ce sujet; ces derniers se trouvent en effet en première ligne dans la mesure où il s'agit d'identifier dans les ports et aéroports les personnes en instance de départ susceptibles de constituer des victimes. L'an dernier, plus de 300 personnes se sont vu interdire de quitter le pays sur présomption qu'il pouvait s'agir de cas de traite. La Commission interinstitutionnelle peut recevoir des plaintes, a par ailleurs indiqué la délégation. Il existe à travers le pays 44 centres d'accueil pour les femmes victimes de la traite ou de violences. Il y a eu six condamnations à des peines de prison d'auteurs de traite dans la période récente; par ailleurs, des poursuites ont été engagées et des condamnations prononcées contre des fonctionnaires impliqués dans des affaires de traite, a précisé la délégation. Un travail de prévention est aussi fait au niveau local afin de sensibiliser les populations, notamment les travailleurs candidats à l'émigration, au fléau de la traite. Tout migrant devra suivre un cours d'orientation obligatoire sur les risques de traite, a insisté la délégation.

Le prochain Gouvernement devrait reprendre, par ailleurs, le projet de loi sur la prostitution qui n'a pu être adopté jusqu'à présent, a ajouté la délégation.

La délégation a indiqué que des bureaux de vote accessibles étaient mis en place pour les personnes handicapées lors des élections. Elle a reconnu que le droit de vote n'était pas reconnu aux personnes ne disposant pas de toutes leurs facultés mentales.

Un certain nombre de postes de travail au sein du Gouvernement et de la fonction publique sont réservés aux personnes handicapées, a ensuite souligné la délégation.

Un projet de loi garantissant la mise à disposition d'interprètes en langue des signes est actuellement déposé au Parlement, a d'autre part indiqué la délégation.

Il existe aussi des quotas en faveur des pauvres, des musulmans et des autochtones, a poursuivi la délégation. L'armée philippine a mis en place des dispositions pour recruter davantage de femmes, ce qui est essentiel pour combattre la violence sexiste, a-t-elle ajouté. Un projet de loi visant à assurer que 30% des sièges de députés soient réservés à des femmes n'a toutefois pas été adopté, a-t-elle indiqué.

Des formations, avec des ONG, ont été menées au sein de la police sur des questions telles que l'orientation sexuelle ou l'identité de genre, a d'autre part indiqué la délégation. Une femme transgenre a été élue à la chambre des représentants; elle s'est engagée à agir contre les discriminations, a-t-elle précisé.

Un plan général d'autonomisation des femmes, décliné en divers programmes, dont un avec l'assistance du Canada, vise à donner aux femmes un meilleur accès aux activités économiques en général et aux entreprises en particulier. Une femme peut maintenant s'adresser à son maire pour s'enquérir des aides disponibles, ce qui ne se faisait jamais auparavant. Un partenariat a été établi, par ailleurs, avec le secteur privé. Il s'agit d'accroître le rôle économique des femmes en mettant l'accent sur les femmes et le développement.

L'impact de la Magna Carta (grande charte des femmes) est difficile à mesurer, que ce soit sur le plan économique ou sur le plan social, a reconnu la délégation. Un système de versement d'allocations conditionnelles a bénéficié à 4,4 millions de foyers, la femme étant reconnue, dans une proportion de 89% des cas, comme la personne en charge du foyer. En outre, les femmes sont encouragées à participer à des séances mensuelles consacrées à diverses questions relatives, par exemple, à la violence ou à la réduction des risques de catastrophes.

Est en projet un texte de loi visant à protéger les droits des personnes travaillant dans le secteur informel, tout en cherchant à faciliter leur transition vers le secteur formel, en s'inspirant des recommandations de l'Organisation internationale du travail (OIT). Il s'agit d'assurer à ces personnes une couverture sociale dans le cadre d'un programme ayant déjà profité à 600 000 travailleuses, a précisé la délégation. Le pays connaît une croissance économique positive et ses fondamentaux sont sains, grâce notamment au travail des femmes, a-t-elle souligné.

Si un grand nombre de travailleurs sont actifs dans le secteur informel, cela est en partie dû au fait qu'un grand nombre d'entreprises appartiennent elles-mêmes au secteur informel, a expliqué la délégation. L'an dernier, plus de 200 000 micro-entreprises ont été créées, les nouveaux entrepreneurs étant encouragés à souscrire à la sécurité sociale pour leurs employés. Plus de 86% des sociétés visitées l'an dernier par l'Inspection du travail respectaient la réglementation en vigueur.

Le salaire moyen des femmes est plus élevé que celui des hommes, de même que leur taux d'emploi, le chômage étant plus important chez les hommes, a ensuite fait valoir la délégation. Le salaire moyen des femmes est de 379 pesos contre 359 pour les hommes, a ensuite précisé la délégation.

Les médias ont mis en place un mécanisme d'autoréglementation afin de sanctionner les programmes présentant les femmes sous un jour négatif. Cette autorité a le pouvoir de suspendre le programme litigieux, le Parlement pouvant même convoquer les responsables pour les auditionner. Le Gouvernement et le Parlement sont très conscients de ces problèmes, assuré la délégation.

La mère comme le père transmettent la nationalité philippine à leurs enfants, alors qu'auparavant seul le père pouvait la transmettre, a fait valoir la délégation. Par ailleurs, les Philippines reconnaissent la double nationalité et une femme mariée à un étranger peut donc conserver sa citoyenneté.

S'agissant des postes à responsabilités, 44% des diplomates sont des femmes, a fait valoir la délégation, estimant que la parité serait atteinte dans les toutes prochaines années – ce qui est d'ailleurs déjà le cas au niveau des chefs de délégation. Des campagnes d'information et de sensibilisation sont nécessaires afin de susciter chez les femmes elles-mêmes l'intérêt d'occuper des postes à responsabilités, a ajouté la délégation.

De nombreux rapports ont révélé l'impact négatif des activités minières ou forestières sur les populations autochtones, a reconnu la délégation. L'État a pour préoccupation de contribuer à développer des activités durables de manière à ce que les populations en tirent des bénéfices, a-t-elle assuré.

Même si l'abandon scolaire est en diminution chez les jeunes filles, la situation varie toutefois grandement d'une région à l'autre, notamment du fait de situations sécuritaires instables, a expliqué la délégation.

Les manuels scolaires sont en cours de révision afin d'en expurger tous les préjugés et stéréotypes sexistes qu'ils pourraient contenir, a par ailleurs indiqué la délégation.

Un dispositif en ligne permet par ailleurs aux étudiants de porter plainte contre tout fait de harcèlement dont ils pourraient être la cible.

Une couverture de santé obligatoire et gratuite a été mise en place et les plus indigents âgés de plus de 60 ans perçoivent une allocation de 500 pesos (12 dollars), a en outre fait valoir la délégation.

L'éventuelle légalisation de l'avortement, et uniquement sur la base de circonstances exceptionnelles, est en suspens, a en outre indiqué la délégation. Même si l'interruption volontaire de grossesse n'est pas permise, les femmes ayant avorté peuvent se faire suivre et soigner en cas de besoin, a-t-elle ajouté.

Les femmes sont moins représentées que les hommes dans le domaine des sports, raison pour laquelle la question est reprise dans la grande charte, a par ailleurs souligné la délégation.

En réponse à une question sur le divorce, la délégation a reconnu que les Philippines étaient un des rares pays où il n'était pas autorisé. Le seul recours pour les couples mariés pour mettre fin à leur union est soit la séparation légale, soit une déclaration de nullité du mariage conformément au Code de la famille. Celui-ci autorise les ressortissants philippins à se remarier au cas où l'époux ou l'épouse de nationalité étrangère a obtenu un divorce à l'étranger.

Il existe un débat entre dignitaires religieux, juristes et ONG relativement à l'application de la charia dans la Région autonome du Mindanao musulman, a reconnu la délégation. Une fatwa (décret religieux) a été promulguée, en vue de décourager la polygamie, les mariages forcés et les mariages précoces, a-t-elle indiqué. Cette fatwa dispose par ailleurs que la planification familiale protège les droits des femmes et des enfants et autorise l'utilisation de méthodes de planification familiale conforme à la charia islamique approuvées par un médecin, musulman de préférence. Par ailleurs, la Région a promulgué en 2012 une loi sur la santé procréative qui vise à protéger les droits et le bien-être des femmes et des enfants. Elle demande au Gouvernement autonome de mettre en œuvre des programmes de planification familiale en veillant à ce que l'information sur l'accès à ces programmes soit disponible et en allouant des fonds pour mettre en œuvre ces programmes. Cette loi garantit la liberté d'information non seulement sur les méthodes naturelles de planification familiale, mais également sur les méthodes artificielles ainsi que la liberté de choix et de croyance en matière de santé procréative.

Concluant ce dialogue, MME EMMELINE VERZOSA, Directrice exécutive de la Commission philippine des femmes, a estimé que l'exemple des Philippines montrait à quel point il était possible de faire avancer les choses, avec le soutien avisé du Comité. Les Philippines ont l'intention de continuer d'améliorer les mécanismes de suivi qu'elles ont mis en place ces dernières années. Un indicateur national sera élaboré dans un proche avenir afin de guider les autorités dans la mise en place de programmes en faveur de la promotion de l'égalité des sexes. Mme Verzosa a émis l'espoir que les femmes sénatrices récemment élues au Parlement de Manille feraient progresser le combat en faveur de l'égalité.

MME ROSARIO MANALO, Conseillère au sein du Département des affaires étrangères des Philippines, a pour sa part souligné que malgré une absence de présentation de rapport pendant une décennie, son pays n'avait pas baissé les bras. Le présent rapport permet de faire le bilan de la progression des droits des femmes dans le pays même s'il montre aussi qu'il est impossible d'être parfait, a-t-elle reconnu. Elle s'est dite impatiente de siéger au sein du Comité à partir de l'an prochain.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

CEDAW16019F