Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME TIENT UNE RÉUNION-DÉBAT SUR LE THÈME DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DU DROIT À LA SANTÉ
Le Conseil des droits de l'homme a tenu, ce matin, une réunion-débat sur le thème des changements climatiques et du droit à la santé, à laquelle ont participé des représentants des gouvernements, des Nations Unies, du milieu académique et de la société civile.
Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme, a ouvert la réunion en rappelant que le changement climatique n'était pas un accident de la nature mais le résultat de choix faits par les hommes. Elle a appelé à agir non seulement au niveau des États mais aussi en permettant la participation libre, pleine et entière de la société civile et des communautés affectées. La Directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Dr Margaret Chan, a pour sa part affirmé que le changement climatique constituait le principal enjeu de santé publique du XXIe siècle. Qui va payer, a-t-elle demandé, en appelant les États à dégager les apports financiers nécessaires pour donner des moyens de survie. La pauvreté est sexiste car ce sont les femmes qui souffrent le plus, a fait observer Mme Chan.
Le débat était animé par M. Trung Thanh Nguyen, Représentant permanent du Viet Nam, qui a souligné que face au changement climatique, nous n'étions pas plusieurs mais une seule communauté humaine concernée de manière égale. Les panélistes invités dans le cadre de ce débat étaient M. Dainius Puras, Rapporteur spécial sur le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale; Mme Lilibeth David, Sous-Secrétaire à la santé des Philippines; Mme Cristina Tirado-Von Der Pahlen, Présidente de l'Équipe spéciale sur le climat et la nutrition de l'Union internationale sur la nutrition et la santé (IUNS); et Mme Hindou Oumarou Ibrahim, Coordinatrice de l'Association des femmes peules autochtones du Tchad, Coprésidente du Forum international des peuples autochtones sur les changements climatiques.
M. Puras a notamment insisté sur les effets du changement climatique sur la santé mentale, attirant l'attention sur la détresse psychologique résultant de la perte des foyers ou d'être chers suite à des catastrophes naturelles. Mme David a cité en exemple le cas des Philippines, son propre pays, qui ont progressé non seulement dans la réponse apporté aux catastrophes mais aussi en reconstruisant un système de santé plus résilient. Mme Tirado-von der Pahlen a fait observer que des prévisions pessimistes envisageaient une progression de la malnutrition et a expliqué que les niveaux élevés de C02 diminuent directement l'apport en protéine, minéraux et vitamines de nombreux produits alimentaires de base. Quant à Mme Ibrahim, elle a souligné que les peuples autochtones avaient donc l'intention de continuer à se mobiliser car il s'agit pour eux d'une question de survie.
Au cours du débat, les délégations (*) se sont félicitées de la prise de conscience croissante quant à la nécessité d'intégrer une perspective soucieuse des droits de l'homme dans la manière d'aborder la problématique du changement climatique. Le respect des droits de l'homme et du droit à la santé sont inscrits dans le préambule de l'Accord de Paris issu de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), a rappelé la France. Le changement climatique menace de remettre en cause certains progrès accomplis en matière de santé et figure même parmi les plus grandes menaces pesant sur la santé du monde, a-t-il été souligné. L'accent a été mis sur l'augmentation des maladies, épidémies et autres virus inédits qui résultent de phénomènes climatiques. L'attention a également été attirée sur l'insécurité alimentaire découlant des changements climatiques et sur les conséquences que cette insécurité induit pour les plus vulnérables. De nombreuses délégations ont estimé que le changement climatique exige des mesures globales d'atténuation de ses effets axées sur les plus vulnérables – femmes, enfants, personnes âgées, petits pays insulaires en développement, entre autres.
Confrontée aux mesures à prendre face aux changements climatiques, la communauté internationale doit appliquer le principe de responsabilité commune et différenciée, ont estimé de nombreux intervenants. Un pays a ainsi préconisé une coopération de tous les pays pour une action internationale efficace, selon leurs responsabilités communes mais différenciées, leurs capacités respectives et leur situation sociale et économique. L'accent a été mis sur la nécessité d'agir concrètement, sur le terrain, suite à l'Accord de Paris de décembre dernier et dans le cadre de la mise en œuvre des Objectifs de développement durable axés sur les droits de l'homme. Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité d'impliquer les femmes dans les mesures de mitigation des effets du changement climatique sur la santé.
À la mi-journée, de midi à 15 heures, le Conseil doit tenir ses dialogues interactifs avec le Rapporteur spécial sur le droit de jouir d'un environnement sain et la Rapporteuse spéciale sur le logement convenable en tant qu'élément du droit à un niveau de vie suffisant.
Répercussions néfastes des changements climatiques et efforts que font les États pour réaliser progressivement le droit pour toute personne de jouir du meilleur état de santé
Remarques liminaires
MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a souligné que l'Accord de Paris et les objectifs de développement durable constituaient deux étapes essentielles dans le combat visant à réunir l'humanité contre le fléau du changement climatique. Mais si l'Accord de Paris apparaît comme un premier effort, son ambition n'est pas à la hauteur du défi : deux degrés de réchauffement, c'est en effet toujours « deux degrés de trop ». Ainsi, 2015 a été l'année la plus chaude de l'ère moderne, la température de la Terre se situant un degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. On estime que 400 000 personnes meurent tous les ans à cause des effets du changement climatique, a indiqué Mme Gilmore. Celui-ci affecte les déterminants de la santé elle-même. En raison des inégalités entre les sexes dans l'accès aux droits économiques, sociaux et culturels, les femmes sont les plus gravement affectées.
Le changement climatique, qui n'est pas un accident de la nature mais le résultat de choix faits par les hommes, est « le cimetière d'écosystèmes entiers », a ajouté Mme Gilmore. Elle a appelé à agir non seulement au niveau des États mais aussi en permettant la participation libre, pleine et entière de la société civile et des communautés affectées. Les États ne sont pas le seuls responsables et le secteur privé a aussi son rôle à jouer, celui-ci foulant trop souvent aux pieds ses responsabilités en matière de respect des droits humains, a regretté Mme Gilmore. En conclusion, la Haut-Commissaire adjointe a appelé de ses vœux un échange fructueux, entraînant en particulier des actions concrètes en matière de droit à la santé.
Le DR MARGARET CHAN, Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déclaré d'emblée que le changement climatique constituait le principal enjeu de santé publique du XXIe siècle. L'impact du changement climatique est universel, imprévisible, parfois contesté et, a observé Mme Chan, « incroyablement photogénique lorsqu'un ours polaire se trouve bloqué sur la banquise ». Mais le Dr Chan a aussi souligné que les êtres humains font partie des espèces les plus menacées par ce phénomène : les variables climatiques affectent en effet l'air, l'eau et les aliments, et augmentent les risques de propagation des maladies. Les effets sur la santé sont très graves et scientifiquement mesurables, a confirmé le directeur de l'OMS : chaque année, plus de 7 millions de décès dans le monde sont imputables à la pollution atmosphérique.
Selon l'Organisation météorologique mondiale, l'année 2015 a été la plus chaude depuis les records atteints en 1880 et 2016 la sera encore davantage. Dans certains pays pauvres, la sécheresse menace l'approvisionnement alimentaire, alors même que l'agriculture emploie environ 60 % de la main d'œuvre de l'Afrique sub-saharienne et constitue le tiers de son produit intérieur brut.
La Directrice générale de l'OMS a souligné que les insectes vecteurs des maladies – comme par exemple Zika – sont extrêmement sensibles aux variations de chaleur, d'humidité et de pluviométrie, lesquelles sont aussi déterminées par des phénomènes climatiques tel El Niño. Le changement climatique a déjà étendu considérablement la surface de propagation de la fièvre dengue et en fera sûrement de même pour le paludisme, a mis en garde le Dr Chan. Les experts de l'OMS estiment qu'en 2050 le changement climatique entraînera 250 000 morts supplémentaires chaque année par le paludisme, les maladies diarrhéiques, le stress dû à la chaleur et la malnutrition.
Toutes ces conséquences sur la santé font que l'accord sur le changement climatique, conclu en décembre dernier à Paris, n'est pas uniquement un traité sur l'environnement mais bien un accord sur la santé compte tenu de l'ampleur des enjeux, a-t-elle commenté, soulignant qu'une approche des droits de l'homme est clé et éthique à la fois.
Qui va payer ? s'est-elle demandé, en appelant les États à dégager les apports financiers nécessaires pour donner des moyens de survie. La pauvreté est sexiste car ce sont les femmes qui souffrent le plus, a constaté Mme Chan, exhortant à la justice et à la nécessité d'une solidarité mondiale. Tous les pays doivent œuvrer de concert pour réduire l'émission de gaz à effet de serre. Cette responsabilité implique également de rendre des comptes, a-t-elle encore indiqué, avant d'annoncer que l'OMS et le gouvernement de la France, en sa qualité de président du processus de négociation sur le climat, accueilleront conjointement en juillet prochain à Paris la deuxième conférence mondiale sur la santé et le climat.
M. TRUNG THANH NGUYEN, Représentant permanent du Vietnam et modérateur de la réunion, a déclaré que face au changement climatique, nous ne sommes pas plusieurs, nous sommes une seule communauté humaine concernée. Il a souligné que son pays était l'un des plus vulnérables au changement climatique. Vers la fin du 21e siècle, les températures moyennes du pays devraient avoir augmenté de deux à trois degrés Celsius et le niveau de la mer avoir augmenté d'un mètre. Cela aura un impact certain sur le produit intérieur brut du Vietnam qui est aujourd'hui le deuxième exportateur de riz dans le monde. Cela signifie par conséquent que ce ne sont pas uniquement les Vietnamiens qui seront affectés mais les pays dépendants de sa production agricole.
Panélistes
M. DAINIUS PURAS, Rapporteur spécial sur le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mental, a rebondi sur l'accord de Paris signé en décembre dernier en signalant que même si le libellé ne répond pas à toutes les attentes, il n'en reste pas moins un premier pas pour alerter sur la « plus grande urgence de notre époque ». Il a rappelé à l'obligation qu'ont les États de fournir un système de santé adéquat et équitable, avec la participation des populations touchées aux décisions qui les concernent. Le changement climatique a indéniablement des conséquences sur l'état de santé, à la migration, au déplacement forcé et à la violence. A ce titre, il est intrinsèquement discriminatoire, a estimé M. Puras. Il a par ailleurs attiré l'attention de la communauté mondiale sur les effets du changement climatique sur la santé mentale, la détresse psychologique résultant de la perte des foyers ou d'être chers suite à des catastrophes naturelles, ou encore aux troubles post-traumatiques. Les communautés d'accueil, y compris les systèmes de santé doivent être prêts à répondre aux diverses manifestations des répercussions du changement climatique. Les États ont l'obligation de s'attaques à ces conséquences sur le droit à la vie et à un bon état de santé physique et mentale.
Pour qu'un changement réel soit opéré, le Rapporteur spécial a insisté sur la volonté politique et la mise en place de moyens et d'outils adéquats pour prévenir ces effets et y pallier. Il a souligné qu'à cet égard, l'accord de Paris ne constitue qu'un début. Le droit à la santé et la dignité humaine sont des raisons encore plus pressantes d'agir plus en avant, a-t-il conclu.
MME LILIBETH DAVID, Sous-Secrétaire à la santé des Philippines, a déclaré que la 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique constituait un bon début, même si elle ne répond pas à toutes les attentes. Le changement climatique a affecté de manière significative la santé des Philippins à la suite d'événements météorologiques extrêmes et dévastateurs. Ils ont eu des effets dévastateurs sur les progrès précédemment accomplis par le pays dans le domaine de la santé. Toutefois la mise en œuvre du Cadre d'action de Hyogo a démontré que l'on pouvait mettre en place des politiques de santé judicieuses, des capacités institutionnelles et techniques, ainsi que des mécanisme de gestion des risques de catastrophes, afin de réduire justement le risque de catastrophes. Avec l'aide de la communauté internationale, les Philippines ont progressé non seulement dans la réponse apporté aux catastrophes mais, de manière plus importante, en reconstruisant un système de santé plus résilient. La réponse aux situations d'urgence est devenue plus globale en couvrant une large gamme de programmes, prenant en compte y compris la santé mentale et le soutien psychosocial, a-t-elle expliqué. Les Philippines, qui président le « Climate Vulnerable Forum », appellent la communauté internationale à la poursuite de son appui, de la coopération et de la solidarité dans les domaines financiers, technologiques et humanitaires relatifs au changement climatique. Le pays estime avoir besoin d'investir cent milliards de dollars d'ici 2020 pour mettre en place une protection d'urgence en fournissant une couverture de santé universelle à sa population.
Mme CRISTINA TIRADO-VON DER PAHLEN, Présidente de l'Equipe spéciale sur le climat et la nutrition de l'Union internationale sur la nutrition et la santé (IUNS), a affirmé que le changement climatique sape la jouissance des droits de l'homme et plus particulièrement le droit à la vie, à la santé, à l'alimentation et à la protection écologique. Le droit à la santé de la génération actuelle et des futures générations est compromis par les défis intergénérationnels de ce changement. Le panel intergouvernemental sur le changement climatique a conclu que l'impact majeur du climat sur la santé est la malnutrition des enfants des pays en développement. L'apport en calorie en 2050 risque de diminuer dans le monde en développement, ce qui fera 24 millions de plus d'enfants souffrant de malnutrition. En effet, les niveaux élevés de C02 diminuent directement l'apport en protéine, minéraux et vitamines de nombreux produits alimentaires de base. La santé des femmes et des enfants pauvres, qui ont le moins contribué à ce phénomène, sont pourtant les plus touchés par ses répercussions, a-t-elle fait valoir, en estimant qu'en 2050, le retard de croissance augmentera de 23% en Afrique centrale subsaharienne et de 62% en Asie du sud.
Pour remédier à ces défis complexes, la panéliste a invité à une e »théorie du changement qui mette la vie et la santé au cœur du développement durable ». A cet égard, l'accord de Paris sur le climat a reconnu les bienfaits de l'approche des droits de l'homme et de la santé dans les mesures visant à résoudre les effets du changement climatique. Il faut par ailleurs considéré que les pertes et profits sont des questions de droits de l'homme et de la justice climatique, a-t-elle conclu, appelant à réduire d'urgence et de manière draconienne les émissions de gaz pour limiter le réchauffement à 1,5 degrés Celsius et d'aider les plus vulnérables à s'adapter à un monde chaque fois plus imprévisible.
MME HINDOU OUMAROU IBRAHIM, Coordinatrice de l'Association des femmes peules autochtones du Tchad, co-Présidente du Forum international des peuples autochtones sur les changements climatiques, a indiqué que ces populations se trouvaient en première ligne face aux impacts du dérèglement climatique, leur mode de vie dépendant de l'environnement et de ses ressources : « Que ce soit dans les forêts, au Sahel ou dans la taïga, la santé des peuples autochtones est directement liée à la bonne santé de l'environnement. La nature est notre supermarché : c'est en effet dans notre environnement immédiat que nous trouvons l'eau que nous buvons, la nourriture que nous mangeons et les médicaments qui nous soignent ». La conférencière a précisé qu'elle venait d'une communauté des Peuls Mbororo qui est directement affectée dans ses modes de vie traditionnels et dans sa santé. Ainsi, l'année dernière a été marquée par une saison des pluies très courte qui n'a pas permis à la végétation de se développer suffisamment, pénalisant ainsi les activités d'élevage, avec des conséquences en chaîne sur la santé des communautés nomades.
Si l'accord de Paris marque un progrès dans la reconnaissance des droits de l'homme des peuples autochtones et du droit à la santé, Mme Ibrahim a regretté que ces mots ne soient présents que dans les préambules de l'accord de Paris. Les peuples autochtones ont donc l'intention de continuer à se mobiliser car il s'agit d'une « question de survie » pour eux : « Ils doivent être financés dans leur adaptation », a-t-elle affirmé, tout en rappelant les connaissances séculaires de ces peuples, en matière de médecine traditionnelle ou de prévision du temps par exemple, un savoir qu'ils peuvent apporter au monde. « Il est hors de question que certains savoirs traditionnels soient appropriés par des grandes entreprises qui priveraient les communautés de leur usage ou de leurs bénéfices », a-t-elle averti. « Il est donc essentiel de respecter le Protocole de Nagoya sur le partage équitable des bénéfices liés à l'usage de la biodiversité », a-t-elle conclu.
Débat
L'Afrique du sud, au nom du Groupe africain, a indiqué que l'Accord de Paris adopté en décembre dernier à l'issue de la Conférence de Paris sur le climat (COP21) traite certes également de la question des effets du changement climatique sur la santé, mais que le problème qui se pose est celui de l'obligation redditionnelle et de la nécessité de présenter des résultats. Les pays en développement ont appelé à une approche différenciée et mis en garde contre une interprétation biaisée des accords de Paris, a souligné la délégation sud-africaine.
Toujours au nom du Groupe africain, l'Afrique du Sud a ensuite fait remarquer que l'Afrique est le continent le plus frappé par les catastrophes naturelles, alors que c'est celui qui contribue le moins aux changements climatiques et qui a le moins les moyens d'y faire face. L'Afrique ne veut toutefois pas se poser en victime et elle a montré qu'elle est déterminée à jouer un rôle pour trouver des solutions durables, a ajouté l'Afrique du Sud.
La Slovénie, au nom également du Costa Rica, des Maldives, du Maroc et de la Suisse, s'est félicitée de la prise de conscience croissante quant à la nécessité d'intégrer une perspective droits de l'homme dans l'approche du changement climatique. La Slovénie a indiqué placer ses espoirs en la matière dans les discussions qui se tiendront sur cette question à l'occasion de la prochaine conférence mondiale sur le climat (COP22), prévue du 7 au 18 novembre prochain à Marrakech.
L'Union européenne a exprimé l'espoir que le débat d'aujourd'hui permette de mieux cerner les efforts nécessaires à une intégration des droits de l'homme dans la lutte contre le changement climatique. Elle a sollicité des exemples de bonnes pratiques dans ce domaine, notamment à l'intention des États, pour mieux garantir le droit de l'enfant au meilleur état de santé, en particulier du point de vue de la participation, de l'éducation et de l'accès à l'information.
Les Philippines, au nom de plus de 43 États également membres du Forum de la vulnérabilité climatique (CVF), se sont félicitées de l'inclusion de la dimension des droits de l'homme dans l'Accord de Paris de décembre dernier. Les Philippines ont mis l'accent sur l'importance vitale de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l'ambitieux objectif consistant à limiter le réchauffement à 1,5°C. Le pays a encouragé le Conseil à apporter davantage de contributions constructives au dialogue en cours sur le changement climatique
Le Pakistan, au nom de l'Organisation de la coopération islamique, s'est dit convaincu que les moyens sont désormais disponibles pour faire en sorte que la santé ne reste pas un vœu pieux. Le changement climatique exige des mesures globales d'atténuation axées sur les plus vulnérables, a ajouté le Pakistan. L'approche différenciée est essentielle pour minimiser les effets du changement climatique, a insisté le pays, avant de s'interroger sur les meilleurs moyens d'assurer aux plus vulnérables un meilleur accès à la santé.
La République dominicaine, au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a salué le caractère juridiquement contraignant de l'Accord issu de la COP21 et a souhaité que la question des droits de l'homme dans le contexte du changement climatique soit abordée de manière intégrale et différenciée.
L'Islande, au nom des pays nordiques, a salué pour sa part la reconnaissance des droits associés à l'autonomisation des femmes et des conséquences spécifiques du changement climatique sur celles-ci, les femmes devant avoir leur mot à dire sur les mesures de mitigation qui les affectent .
Le Portugal a déploré l'augmentation des maladies résultant de phénomènes climatiques ainsi que l'insécurité alimentaire et ses conséquences sur les couches les plus vulnérables de la population. Partant, il est urgent d'agir concrètement sur le terrain, suite à l'adoption de l'Accord de Paris, notamment dans le cadre de la mise en œuvre des Objectifs du développement durable axés sur les droits de l'homme.
Le Samoa a remercié les donateurs du Fonds volontaire d'assistance technique, lequel permet aux pays les moins avancés et aux petits États insulaires en développement comme le Samoa de participer aux travaux du Conseil. Les petits pays insulaires sont en effet ceux qui sont le plus touchés par les répercussions – de plus en plus sérieuses et fréquentes – du changement climatique, a insisté le pays.
L'Égypte a recommandé de respecter la conservation de l'environnement et la réalisation du droit à la santé des populations des pays en développement. Elle a insisté sur l'adoption d'une approche différenciée face à la problématique ici débattue, notamment à la lumière de l'émergence d'épidémies et de virus inédits dans certains pays en développement, voire de problèmes respiratoires parmi les personnes âgées.
Les États-Unis ont considéré important l'accès à la santé, notamment en cas d'urgences de santé publique. Les États-Unis ont indiqué œuvrer à la promotion de l'accès aux soins de santé et à la préparation aux urgences à travers des programmes d'assistance à l'étranger. Ils ont exprimé leur inquiétude face à la propagation de maladies véhiculées par des insectes, en particulier le virus Zika et mis l'accent sur l'importance d'une accélération des efforts de recherche pour mieux diagnostiquer et contrôler le vecteur.
La France a estimé quant à elle que le dérèglement climatique constitue un défi majeur qui nous concerne tous, sans exception, et sur lequel nous devons rester mobilisés, dans la continuité de l'Accord de Paris. La France a ensuite reconnu que le changement climatique menace de remettre en cause certains progrès accomplis en matière de santé et aggrave les risques sanitaires existants, ce qui a un impact sur la jouissance effective des droits de l'homme et en particulier sur le droit à la santé. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur l'injustice subie par les personnes les plus vulnérables, qui sont plus durement touchées par ce dérèglement, a insisté la délégation française, avant d'en appeler à tous les États afin qu'ils mettent effectivement en œuvre l'Accord de Paris et s'associent de façon active aux décisions prises à l'issue de la COP21. «Cet Accord que nous avons collectivement voulu ambitieux et équilibré, est également un accord juste. Le respect des droits de l'homme et du droit à la santé sont inscrits dans son préambule », a rappelé la France.
Saint-Vincent-et-les-Grenadines a exprimé sa gratitude au Conseil pour avoir créé le Fonds d'affectation spéciale pour la participation des petits États insulaires en développement à ses travaux. Rappelant que son pays est l'un des plus exposés aux catastrophes naturelles, elle a souligné les graves conséquences de ces phénomènes, notamment pour les infrastructures de santé. En 2010, ce pays a subi des dommages représentant près de 33% de son produit intérieur brut.
Pour le Bangladesh, le changement climatique figure parmi les plus grandes menaces à la santé du monde au XXIe siècle. Les effets du changement climatique seront ressentis par la plupart des populations dans les prochaines décennies, mettant en danger la vie et le bien-être de milliards de personnes, a insisté le pays.
Dans ce contexte, la Géorgie a relevé l'urgence de réagir au changement climatique par des actions concertées. Il faut que les États adaptent leurs législations, a-t-elle souligné, estimant que l'Accord de Paris sur les changements climatiques devraient permettre de renforcer ces efforts.
Le Paraguay a estimé que le débat que tient le Conseil aujourd'hui vient à un moment très opportun, alors que les États débutent la mise en œuvre des objectifs fixés dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030.
Pour l'Espagne, il est crucial de s'adapter à la situation créée par le changement climatique car celui-ci représente une menace directe à la réalisation du droit à la santé. La délégation espagnole s'est interrogée sur les moyens, pour les États, d'encourager le secteur privé à s'impliquer dans les efforts requis dans ce contexte.
L'Albanie a souhaité savoir comment les différents titulaires de mandat au titre des procédures spéciales du Conseil incorporent la dimension des changements climatiques dans leurs travaux.
Les Émirats arabes unis ont fait observer que les impacts des changements climatiques sont 15 fois plus élevés dans les pays en développement que dans les pays développés. Ils ont en outre annoncé avoir adopté dans le pays un plan énergétique visant à accroître le recours aux énergies renouvelables.
La Chine a souligné qu'elle prenait elle aussi part aux efforts de lutte contre le changement climatique. Le développement durable figure d'ailleurs dans son plan quinquennal de développement, a-t-elle souligné. Selon les prévisions, les émissions (de gaz à effet de serre) de la Chine devraient atteindre un sommet vers 2030, avant de diminuer progressivement par la suite. La Chine a en outre indiqué que la superficie occupée par les forêts chinoises devrait être augmentée considérablement.
Le Panama a déploré les effets du changement climatique et notamment leurs conséquences sur la santé, comme en témoignent les récentes épidémies de dengue et de fièvre Zika. La délégation panaméenne a souligné dans ce contexte la nécessité d'accorder une attention plus importante aux mesures de prévention de santé publique.
Le Pérou a rappelé être l'un des pays les plus vulnérables face au changement climatique en raison de sa grande diversité géographique, le pays comptant 28 des 32 climats recensés dans le monde. Le pays a ajouté avoir incorporé la dimension du changement climatique dans son système national de santé.
L'Italie a pour sa part annoncé avoir adopté une Stratégie nationale pour l'adaptation aux changements climatiques. Cette Stratégie détaille les principes et mesures à appliquer afin de réduire les risques engendrés par le changement climatique et de protéger la santé de la population.
La Tunisie a fait savoir que sa Constitution stipule que la santé est un droit pour chaque être humain et oblige l'État à garantir le droit à un environnement sain et équilibré; à fournir les moyens nécessaires à l'éradication de la pollution de l'environnement; et à prévoir la mise en place d'une instance constitutionnelle du développement durable et des droits des générations futures. La Tunisie a préconisé la coopération de tous les pays à une action internationale efficace et appropriée, selon leurs responsabilités communes mais différenciées, leurs capacités respectives et leur situation sociale et économique, pour que toutes les populations du monde puissent mener une vie digne.
La Fédération de Russie a souligné que la solution du problème du changement climatique est l'une des conditions essentielles de la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030. La stratégie de lutte en la matière doit inclure des mesures d'adaptation, une aide financière et un transfert technique aux pays qui en ont le besoin. La Fédération de Russie a par ailleurs rejeté la pratique de mesures unilatérales prises par certains États, affirmant que cette pratique ne peut avoir que des effets à court terme.
L'Irlande a mis en exergue le caractère complexe du rapport entre le changement climatique et la jouissance du meilleur état de santé physique et mentale possible, en recommandant que le débat d'aujourd'hui facilite l'identification de moyens concrets par lesquels les normes et mécanismes des droits de l'homme seraient susceptibles de contribuer à la riposte collective de mitigation de l'impact du changement climatique sur la santé. Le représentant a dit attendre l'étude du Haut-Commissariat sur cette question qui sera soumis à la prochaine session du Conseil, en juin 2016.
Le Chili s'est déclaré préoccupé que les répercussions du changement climatique affectent d'une façon disproportionnée les secteurs les plus vulnérables. Il a mis l'accent sur la nécessité de politiques qui privilégient l'égalité, l'intérêt de l'enfant et la prévention des risques liés à l'environnement. Il s'agit en particulier de réduire l'utilisation de polluants et d'autres produits ayant des effets préjudiciables à la santé.
Le Brésil a indiqué être activement engagé dans l'exécution de politiques d'adaptation et d'atténuation des effets adverses du changement climatique sur la santé. Le Gouvernement brésilien est pleinement conscient de la nécessité de promouvoir une réponse coordonnée et globale; il a aussi procédé à une vaste consultation avec la population et avec les communautés autochtones du pays en vue de l'élaboration du Plan national d'action qui prévoit l'amélioration de la qualité de l'eau et l'intégration des risques climatiques dans les politiques publiques de la santé, en se penchant en priorité sur les groupes les plus vulnérables.
Les Maldives ont déclaré avoir inlassablement mis en garde, depuis des décennies, sur les méfaits du changement climatique. Le tsunami de 2004 a servi de sonnette d'alarme dans ce contexte et 37% des îles connaissent, depuis, des événements catastrophiques récurrents. La dengue et la diarrhée chez les enfants sont aussi des motifs d'inquiétude. Les Maldives ont en outre réaffirmé leur attachement aux Objectifs de développement durable qu'elles incorporent progressivement dans leurs politiques.
El Salvador a réclamé une approche spécifique de l'impact du changement climatique et ont soutenu le principe de responsabilité commune et différenciée, en prenant en compte les engagements de financement des pays industrialisés, qu'il convient de séparer de ceux au titre de l'aide publique au développement.
Le Malawi a décrit le souvenir douloureux des catastrophes naturelles qui ont frappé le pays. Bien que l'Accord de Paris issue de la COP21 aille dans le bon sens, il n'en demeure pas moins incomplet, a affirmé le pays. L'expérience du Malawi montre qu'il ne suffit pas d'adopter des lois et politiques mais qu'il faut aussi avoir les moyens de les appliquer sur le terrain.
Le Viet Nam a souligné que le Conseil était le lieu approprié pour mobiliser les efforts mondiaux et pour renforcer la coopération afin de traiter les impacts du changement climatique, en adoptant une approche basée sur les droits.
L'organisation non gouvernementale Khiam Rehabilitation Center for the Victims of Torture a fait observer que le citoyen est la principale victime des changements climatiques. Aujourd'hui, des problèmes de santé et d'environnement s'ajoutent aux problèmes économiques, a déploré l'organisation. Le Conseil indien d'Amérique du Sud a attiré l'attention sur les projets d'exploitation pétrolière en cours en Amazonie, dénonçant les conséquences que ces projets ont pour les populations autochtones et l'environnement. L'ONG a souhaité que l'Équateur puisse financer son développement sans mettre en péril la forêt amazonienne. Franciscain international a déploré les ravages causés par la coqueluche, maladie liée en grande partie au climat et aux effets du courant El Niño. L'ONG a rappelé que cette maladie n'est pas mortelle, tant que l'on a accès aux services médicaux et à la vaccination, ce qui n'est pas le cas pour tous en Papouasie occidentale, où 51 enfants et trois adultes sont récemment décédés des suites de cette maladie.
La Commission arabe des droits de l'homme a préconisé de renforcer les capacités et d'accroître la disponibilité des ressources nécessaires pour aider les populations affectées par le changement climatique. Elle s'est par ailleurs demandée comment rendre disponibles des données exactes et fiables pour déterminer la contamination de l'eau.
L'Association américaine de juristes s'est dite préoccupée par les effets pervers de certaines mesures prises pour atténuer les effets du changement climatique, citant notamment le développement des biocarburants, lequel a des conséquences sur le droit à l'alimentation et donc sur le droit à la santé. En outre l'utilisation d'engrais synthétiques associés aux organismes génétiquement modifiés (OGM) pollue les sols et affecte la santé des travailleurs, a souligné l'ONG. La Ligue internationale de Femmes pour la Paix et la Liberté a estimé nécessaire, si l'on veut atténuer les effets du changement climatique, de transformer l'actuelle économie d'exploitation et de violence en une économie respectueuse des femmes, de la justice et de la paix. Elle a rappelé que les femmes sont davantage touchées par les impacts du changement climatique et qu'elles ont aussi un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre ces effets.
Réponses et conclusions des panélistes
M. NGUYEN a constaté une grande convergence de vues des intervenants et s'est félicité que des exemples concrets aient été donnés en matière de bonnes pratiques. Il a souligné que les groupes vulnérables – les femmes, les enfants, les personnes âgées, les pauvres – devaient être au centre des préoccupations et être impliqués dans toutes les prises de décision. Le changement climatique ne peut être considéré comme un cas de force majeure en raison de ses causes anthropiques, a-t-il rappelé. M. Nguyen a par ailleurs souligné l'importance que le secteur privé se joigne à l'effort mondial de lutte contre les effets du changement climatique.
MME TIRADO a souligné que l'égalité de genre était décisive pour les droits de l'enfant. L'éducation des filles est en effet décisive; dans les pays où elle laissait à désirer, on a pu constater l'importance de mettre en place de cantines scolaires afin de favoriser leur scolarisation. Cela a été vérifié en Amérique latine et cela se vérifie à l'heure actuelle au Maghreb, a insisté Mme Tirado. Pour ce qui est de la réponse à apporter aux maladies transmises par des insectes, l'universitaire a souligné la nécessité de promouvoir l'éducation auprès des communautés touchées, en aspergeant les zones affectées d'insecticides et en éradiquant les foyers propices au développement des larves des insectes visés. Mme Tirado a également cité l'exemple du Brésil qui envisage d'irradier les moustiques avec des rayons gamma, une action que l'on sait être efficace.
MME IBRAHIM a constaté qu'il y avait consensus sur le fait que les pays et les communautés les plus vulnérables étaient les plus affectés par le changement climatique. La santé est un domaine essentiel car une population qui a de graves problèmes de santé ne peut se développer, a-t-elle souligné. Il faut intégrer cet aspect des choses et cela doit être fait sans attendre, a-t-elle insisté. Mme Ibrahim a toutefois relevé que les négociateurs en matière de changement climatique n'étaient pas nécessairement experts en droits de l'homme et réciproquement. Elle s'est inquiétée du fait que les décisions d'ores et déjà prises par un certain nombre de pays pour lutter contre le changement climatique ne prenaient pas nécessairement en compte les questions de santé et de droits de l'homme. Mme Ibrahim a par ailleurs reconnu que la question du financement des mesures à prendre était fondamentale. Les partenariats d'action entre le public et le privé sont essentiels aux fins de la réduction des risques de catastrophes, ce qui souligne l'importance d'établir de tels partenariats, avec les Nations Unies en premier lieu, a-t-elle indiqué. Elle a enfin rappelé que les forêts, terre d'accueil de nombreuses populations autochtones, jouaient un rôle d'atténuation du changement climatique.
MME DAVID a souligné l'importance d'un domaine tel que l'accès à l'eau lorsque l'on entend garantir le droit à la santé. Il faut fixer des priorités d'investissements en faveur des domaines jugés prioritaires et des groupes vulnérables. Mme David a souligné que son pays, les Philippines, avait mis en place un certain nombre de mesures en faveur des nouveau-nés, notamment en matière de nutrition. Des actions sont aussi menées avec les communautés pour prévenir la violence sexiste dans les situations d'urgence, a-t-elle ajouté. Elle a par ailleurs rappelé l'importance de la Convention-cadre sur le changement climatique.
M. PURAS a évoqué les synergies à développer dans le contexte du changement climatique et a convenu qu'il conviendrait de mieux utiliser les systèmes et les politiques de santé en faveur des droits de l'enfant. Cela est essentiel parce que selon Save the Children, 175 millions d'enfants seront chaque année affectés par les catastrophes naturelles dans les dix ans à venir. L'heure est venue pour que la communauté mondiale et les pays redoublent d'investissements dans la petite enfance, a-t-il estimé. Lorsque l'on investit dans la petite enfance, en particulier en matière de santé, on réduit du même coup la morbidité à l'âge adulte, a-t-il souligné. Le Rapporteur spécial a par ailleurs rappelé que la violence était considérée comme un des principaux facteurs de risque susceptible d'être exacerbé par le changement climatique, en tant que multiplicateur des facteurs de conflit. Il faut considérer les facteurs sociaux déterminants pour la santé et c'est une question qui ne doit pas relever seulement des ministères concernés; il faut habiliter les plus vulnérables. Il faut mettre en œuvre les bonnes pratiques, les suggestions et les propositions existantes, a indiqué M. Puras. Il a par ailleurs souligné que les titulaires de mandat faisaient le maximum pour rendre plus visibles les thèmes débattus ce matin et peuvent, selon lui, jouer un rôle fondamental en surveillant la mise en œuvre des Objectifs de développement durable pour 2030.
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HRC16/011F