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LA CONFÉRENCE ENTEND DES DÉLÉGATIONS S'EXPRIMER SUR LES PROJETS DE PROGRAMME DE TRAVAIL DONT ELLE EST SAISIE ET SUR LA RÉSOLUTION 2270 DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Compte rendu de séance
Elle célèbre par ailleurs la Journée internationale de la femme

La Conférence du désarmement a célébré, ce matin, la Journée internationale de la femme, avant d'entendre plusieurs délégations s'exprimer sur des projets de programme de travail dont elle est saisie ainsi que sur la la résolution 2270 adoptée le 2 mars dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies au sujet de la République populaire démocratique de Corée.

À l'occasion de la Journée internationale de la femme, le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Steffen Kongstad de la Norvège, a plaidé pour une plus grande participation des femmes aux processus de paix et de désarmement. Il a souligné que les Objectifs de développement durable contiennent deux cibles concernant l'élimination de toute forme de violence et de discrimination à l'encontre des femmes. Plusieurs délégations ont plaidé dans le même sens, relevant en particulier l'importance de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur «les femmes, la paix et la sécurité» et appelant la Conférence à engager davantage les femmes dans ses délibérations. Le Pakistan a regretté l'absence de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, qui prononçait traditionnellement un discours le 8 mars de chaque année, à l'occasion de cette Journée internationale de la femme. Les États-Unis ont informé la Conférence des initiatives prises au sein de la communauté diplomatique à Genève en faveur de la parité entre les sexes dans les débats diplomatiques.

Le Président de la Conférence a par ailleurs informé les membres de cette instance que la proposition de la Fédération de Russie visant l'élaboration d'un instrument international contre le terrorisme chimique, avait été publiée dans un document portant la cote CD/2057. La Conférence du désarmement est donc désormais saisie de quatre propositions concernant son programme de travail, les trois autres émanant du Nigéria, du Royaume-Uni et de l'Algérie, a précisé : Kongstad. La Fédération de Russie a indiqué que son objectif, en déposant sa proposition, était non seulement de renforcer les moyens d'action de la communauté internationale en faveur de la paix, mais aussi de débloquer les travaux de la Conférence et de conforter son rôle en tant que forum unique pour la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Plusieurs délégations ont indiqué examiner avec attention la proposition russe; selon d'autres, il n'est pas certain que le mandat de la Conférence du désarmement lui permette de se saisir d'un tel objet.

Ce matin, un certain nombre de délégations ont d'autre part espéré que l'adoption par le Conseil de sécurité, le 2 mars dernier, de sa résolution 2270 intitulée «Non-prolifération: République populaire démocratique de Corée», engagerait ce pays à respecter ses engagements et à renoncer aux armes nucléaires. La République populaire démocratique de Corée est alors intervenue afin de dénoncer ce qu'elle considère comme une instrumentalisation du Conseil de sécurité pour lui faire adopter des résolutions répondant aux objectifs politiques des États-Unis.

Les délégations des pays suivants ont fait des déclarations: Fédération de Russie, Kenya (au nom du Groupe des 21), Pakistan, Pays-Bas (au nom de l'Union européenne), Colombie, Japon, Chine, Bélarus, États-Unis, Suède, Turquie, République arabe syrienne et République populaire démocratique de Corée.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 15 mars, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

La Fédération de Russie, la Chine, le Bélarus, la République populaire démocratique de Corée et la République arabe syrienne ont salué toutes les femmes à l'occasion de la Journée internationale de la femme et ont plaidé pour la participation des femmes aux efforts internationaux de paix et de désarmement. Les Pays-Bas ont indiqué avoir écrit à la présidence de la Conférence du désarmement pour que ses travaux accordent davantage d'attention aux femmes. La Suède a souligné l'importance de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur «les femmes, la paix et la sécurité».

Le Pakistan a regretté l'absence de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, qui prononçait traditionnellement un discours, le 8 mars de chaque année, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Le Pakistan a demandé à la Conférence de reconsidérer sa position sur la participation des femmes et de la société civile à ses travaux. Le pays a mis en avant la place occupée par des femmes dans les administrations pakistanaises en charge des questions de désarmement et dans la vie politique en général.

Les États-Unis ont dit attacher une grande importance à la participation des femmes aux initiatives de sécurité et de résolution des conflits. Les États-Unis plaident aussi pour le comblement des écarts entre les deux sexes dans tous les domaines, notamment en ce qui concerne la présence de femmes aux échelons dirigeants. Les États-Unis, les Nations Unies et la communauté diplomatique à Genève ont lancé à ce propos une série d'initiatives communes («Champions de Genève») en faveur de la parité entre les sexes dans les débats diplomatiques. Les États-Unis réaffirment qu'investir dans les femmes peut favoriser la paix et la sécurité.

La Fédération de Russie a rappelé avoir déposé une proposition concernant l'élaboration (par la Conférence) d'un instrument international contre le terrorisme chimique. L'objectif de la Fédération de Russie est non seulement de renforcer l'arsenal de la communauté internationale pour parvenir à la paix, mais aussi de débloquer les travaux de la Conférence du désarmement et de conforter son rôle en tant que forum unique pour la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. La Fédération de Russie espère qu'il sera possible de trouver le consensus sur ce projet, pour briser le cercle vicieux et permettre à la Conférence de reprendre son travail de fond.

Le Groupe des 21 (G21), par la voix du Kenya, s'est dit très préoccupé par la menace que les armes nucléaires font peser sur la survie de l'humanité et a plaidé pour l'adoption d'un traité engageant les États à éliminer complètement et de manière vérifiable ces armes. Le Groupe salue la décision des États latino-américains et caribéens de faire de leur région une zone de paix et espère que d'autres régions feront de même. Le Groupe des 21 regrette en revanche le retard pris dans la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, retard imputable au refus de deux États de s'associer au consensus sur la création d'une telle zone. Les États membres du Groupe des 21 qui sont parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) appellent les États membres du TNP, en particulier ceux qui sont dotés de l'arme nucléaire, à ne ménager aucun effort pour atteindre cet objectif ; ils appellent en outre Israël à accéder rapidement au TNP.

Le Groupe de 21 rend par ailleurs hommage à la diplomatie multilatérale dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération et salue la création, en vertu de la résolution 70/33 de l'Assemblée générale, d'un «groupe de travail à composition non limitée (…) chargé d'étudier sur le fond les mesures juridiques concrètes et efficaces et les dispositions et normes juridiques nécessaires à l'instauration d'un monde exempt à jamais d'armes nucléaires». Le G21 espère que les travaux de ce Groupe de travail profiteront à la Conférence du désarmement. Enfin, le Groupe regrette le blocage des travaux de la Conférence et prend note des efforts pour parvenir à un consensus sur un programme de travail équilibré, tenant compte en particulier des intérêts de sécurité des États. Le mécanisme de désarmement des Nations Unies repose avant tout sur la bonne volonté des États, a rappelé le Kenya.

Les Pays-Bas ont salué, au nom de l'Union européenne, l'adoption à l'unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité de la résolution 2270 (2016) intitulée : «Non-prolifération: République populaire démocratique de Corée». L'Union européenne estime que cette résolution est l'expression claire de l'unité et de la détermination de la communauté internationale à faire respecter le régime de non-prolifération et à cibler les programmes illégaux de la République populaire démocratique de Corée: armes nucléaires, missiles balistiques et autres armes de destruction massive. L'Union européenne envisage de transcrire les termes de la résolution dans ses propres lois. Elle appelle la République populaire démocratique de Corée à s'abstenir d'aggraver les tensions régionales et à dialoguer avec la communauté internationale.

La Colombie a rendu hommage aux délégations qui s'efforcent de relancer les travaux de fond de la Conférence du désarmement au moyen de propositions que les autorités colombiennes étudient attentivement.

La République de Corée a remercié la Fédération de Russie pour ses explications concernant sa proposition sur la lutte contre le terrorisme chimique. La République de Corée espère par ailleurs que le régime de sanctions décrété contre la République populaire démocratique de Corée – l'un des plus fermes jamais adoptés – engagera la République populaire démocratique de Corée à renoncer aux armes nucléaires.

Le Japon a salué l'adoption de la résolution 2270 du Conseil de sécurité et a appelé la République populaire démocratique de Corée à respecter les résolutions du Conseil de sécurité qui l'appellent à la dénucléarisation.

La Chine a constaté que la Conférence du désarmement n'avait pas su prendre la mesure de l'évolution des besoins sécuritaires des États ces trente dernières années. La Chine espère que les propositions dont est saisie la Conférence du désarmement lui permettront de sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve. La Chine est d'avis que la proposition russe de convention contre le terrorisme chimique ne peut que renforcer le régime de non-prolifération.

Le Bélarus a salué la proposition de la Fédération de Russie concernant la lutte contre le terrorisme chimique, espérant que cette démarche constructive ferait l'objet d'un consensus à la Conférence du désarmement.

Les États-Unis ont estimé que la responsabilité de lutter contre le terrorisme chimique ne relève pas des compétences de la Conférence du désarmement mais plutôt d'autres instances de négociation. Les États-Unis ont indiqué qu'ils dialogueront à ce propos avec la Fédération de Russie. Ils ont par ailleurs constaté avec satisfaction que le Conseil de sécurité avait adopté une résolution reflétant la volonté de la communauté internationale dans son ensemble visant à ce que la République populaire démocratique de Corée respecte ses engagements.

Les Pays-Bas, le Pakistan et la Suède ont dit considérer avec attention les différents projets concernant le programme de travail de la Conférence du désarmement.

La Turquie a jugé très préoccupants l'existence et l'utilisation d'armes chimiques au Moyen-Orient, de même que le risque de les voir tomber entre les mains de terroristes. Mais la question se pose de la pertinence de traiter de cette question dans l'enceinte de la Conférence du désarmement, a ajouté la délégation turque. Les entités qui utilisent des armes chimiques, y compris des armes au chlore, devront en rendre compte, a estimé la Turquie.

Pour la République arabe syrienne, le mandat de la Conférence du désarmement lui interdit de se pencher sur des cas spécifiques et l'oblige à élaborer des instruments de portée générale. La proposition soumise par la Fédération de Russie ne concerne pas spécifiquement la Syrie, a ajouté la délégation syrienne.

La République populaire démocratique de Corée a dit regretter l'instrumentalisation injustifiable du Conseil de sécurité pour lui faire adopter des résolutions immorales répondant aux objectifs politiques sinistres des États-Unis, premiers et uniques utilisateurs d'armes nucléaires. Le Conseil de sécurité, a ajouté la République populaire démocratique de Corée, est une structure périmée dont beaucoup réclament la réforme. La République populaire démocratique de Corée a ajouté devoir se doter d'armes nucléaires pour assurer sa protection. Le lancement de satellites à des fins pacifiques s'inscrit dans le plan quinquennal de développement de la République populaire démocratique de Corée et relève de la souveraineté de l'État, a-t-elle ajouté. La force du pays réside dans son autonomie et dans la volonté de son peuple, a conclu la République populaire démocratique de Corée: c'est se leurrer que de croire à l'efficacité des sanctions pour leur faire changer d'avis.


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DC16/011F