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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ACHÈVE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU EN ENTENDANT LES DÉCLARATIONS DE HAUTS DIGNITAIRES DE HUIT PAYS

Compte rendu de séance
Les récents actes de la République populaire démocratique de Corée ont été dénoncés par l'écrasante majorité des intervenants

La Conférence du désarmement a achevé ce matin, son débat annuel de haut niveau en entendant des déclarations des Ministres des affaires étrangères de la Colombie, du Canada, de la République de Corée et du Venezuela, ainsi que du Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Espagne, du Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon et des Ministres adjoints aux affaires étrangères du Kazakhstan et de l'Italie. La délégation de la Nouvelle-Zélande s'est également exprimée et, en fin de séance, la République populaire démocratique de Corée, les États-Unis et la République de Corée ont exercé leur droit de réponse.

Les récents actes de la République populaire démocratique de Corée – à savoir l'essai nucléaire du 6 janvier dernier et le lancement, le mois suivant, d'un satellite en utilisant des technologies liées aux missiles balistiques – ont été dénoncés par l'écrasante majorité des intervenants qui les ont qualifiés «d'irresponsables», «imprudents» et «provocateurs», certains craignant qu'ils ne relancent la spirale néfaste de la course aux armements nucléaires. Le Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, M. Yun Byung-se, a fait remarquer que la République populaire démocratique de Corée est le premier pays à avoir conduit des essais nucléaires au cours de ce siècle et à s'être officiellement déclaré, dans sa Constitution, comme État nucléaire. Soulignant qu'aucun pays dans le monde n'est à l'abri, ni hors d'atteinte de la République populaire démocratique de Corée, M. Yun a mis en garde contre les risques qui se présenteraient si la communauté internationale n'arrivait pas à arrêter Pyongyang.

A fortiori dans ce contexte, l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence a été déplorée par tous les hauts dignitaires qui se sont exprimés ce matin. La Conférence ne peut continuer d'éluder sa responsabilité en tant qu'unique instance multilatérale de négociations dans le domaine du désarmement, a mis en garde Mme Maria Angela Holguin, Ministre des affaires étrangères de la Colombie. Le Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, M. Masakazu Hamachi, a rappelé que le mandat de la Conférence n'est pas de discuter mais de négocier. La Nouvelle-Zélande a pour sa part fait observer qu'en quarante ans d'existence, la Conférence du désarmement n'a été en mesure de conclure que deux traités, soit un faible retour sur investissement.

Ce matin, certains intervenants ont fait des suggestions quant à la manière de redynamiser les travaux de la Conférence. Le Ministre des affaires étrangères du Canada, M. Stéphane Dion, a ainsi préconisé de viser des objectifs réalistes qui prennent en compte les réalités stratégiques contemporaines, le désarmement total n'étant en l'occurrence pas, selon lui, un objectif réaliste. M. Benedetto Della Vedova, Ministre adjoint des affaires étrangères et de la coopération internationale de l'Italie, a pour sa part recommandé d'éviter de prendre des raccourcis et a plaidé pour une approche plutôt progressive du désarmement – une manière selon lui réaliste d'atteindre «l'option zéro». Le Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Espagne, M. Ignacio Ybañez Rubio, a pour sa part lancé un appel aux principales puissances, les États-Unis et la Fédération de Russie, afin qu'elles reprennent les négociations pour réduire leurs arsenaux stratégiques. Les hauts dignitaires du Canada, de l'Espagne, du Japon, du Kazakhstan et de la République de Corée ont souhaité que soient entamées sans délai des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement.

La Ministre des affaires étrangères du Venezuela, Mme Delcy Rodríguez Gómez, a déploré que l'armement soit une source de financement qui ne cesse de se renouveler, alors que les chiffres font état d'un commerce représentant plus de deux milliards de dollars, auquel s'ajoute encore le trafic d'armes illégal. Elle a fait remarquer que les dépenses annuelles nécessaires pour couvrir les besoins sociaux de base pour toute la planète correspondent à moins de la moitié des dépenses consacrées aux armements. M. Alexei Volkov, Ministre adjoint des affaires étrangères du Kazakhstan, a jugé crucial de créer un véritable mouvement mondial antinucléaire incluant chaque être humain de la planète.

Ce matin, les Ministres des affaires étrangères de la Colombie et du Canada ont annoncé que leurs pays respectifs étaient en train de finaliser leurs procédures de ratification ou d'adhésion relativement au Traité sur le commerce des armes.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 8 mars, à 10 heures.


Déclarations ministérielles au titre du débat de haut niveau

MME MARIA ANGELA HOLGUIN, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a réaffirmé l'engagement de son pays à l'égard du désarmement, de la non-prolifération et du contrôle des armements. Elle a relevé le rôle central joué par la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel dans la construction de la confiance entre le Gouvernement de son pays et les forces armées FARC, dans le cadre des pourparlers de paix. Avant même d'obtenir une signature concluant définitivement le conflit, les parties sont arrivées à un accord pour réduire sans tarder les risques posés par les mines antipersonnel, a-t-elle précisé, ajoutant que tous, Gouvernement, guérilla et organisations de la société civile, travaillent à la dépollution des zones rurales. La Ministre a par ailleurs indiqué que le processus de ratification du Traité sur le commerce des armes est en train d'être finalisé dans son pays. S'intéressant ensuite aux travaux de la Conférence, elle a déploré la stagnation qui la caractérise en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération d'armes de destruction massive. Depuis qu'elle est membre de la Conférence, la Colombie n'a ménagé aucun effort pour lutter contre les armes de destruction massive, tant au plan interne qu'au niveau régional et international. Le pays travaille au renforcement des capacités nationales en matière de contrôle des déchets radioactifs, des substances chimiques et des agents biologiques. Pour la Ministre colombienne, il est aujourd'hui difficile de maintenir la confiance au sein de la Conférence, alors que le manque de souplesse a transformé en obstacle ce qui faisait la valeur de ses méthodes de travail. La Conférence ne peut continuer d'éluder sa responsabilité en tant qu'unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement, a-t-elle mis en garde. Elle a également attiré l'attention sur le document de réflexion présenté par son pays en 2011 portant sur le renforcement de la Conférence, lequel estimait urgent d'élargir la composition de cette instance afin de la rendre plus représentative et d'établir des moyens pour permettre une participation de la société civile. Pour conclure, Mme Holguin a rappelé que son pays a soutenu la création d'un groupe de travail pour faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire et souhaité que des synergies soient créées entre ce groupe et la Conférence.

M. STÉPHANE DION, Ministre des affaires étrangères du Canada, a constaté que la Conférence du désarmement est paralysée depuis près de 20 ans et qu'elle n'a pas permis un apport concret à la paix et la sécurité internationales. Cela ne signifie pas, selon lui, que la communauté internationale soit incapable de travailler de concert; en témoignent les succès tels que le Traité sur les mines antipersonnel et la Convention sur les armes à sous-munitions. Il a aussi salué le Plan d'action global commun convenu entre l'Iran et les P5+1. Le Ministre canadien a par ailleurs annoncé que son pays adhérerait au Traité sur le commerce des armes. Le fait que la Conférence, en tant qu'instance chargée des négociations sur le désarmement, n'ait joué aucun rôle dans les percées importantes en matière de désarmement constitue une critique sévère quant à l'incapacité des États à dépasser leurs intérêts nationaux étroits, a-t-il souligné. Sortir la Conférence de la paralysie est une nécessité, a-t-il insisté, attirant l'attention sur les crises en Ukraine, en Syrie, en Iraq et au Yémen qui continuent de nuire à la sécurité régionale et internationale, ainsi que sur les actes irresponsables et imprudents de la «Corée du Nord» qui assombrissent la situation sécuritaire. Pour le Ministre canadien, si l'on veut que la Conférence contribue à la paix de manière concrète, il faut viser des objectifs réalistes qui prennent en compte les réalités stratégiques contemporaines: prêcher le désarmement total n'en est pas un, a-t-il fait observer. En outre, sans la participation des pays qui possèdent la force nucléaire, une convention ne rapprocherait pas de l'objectif d'un monde exempt d'armes nucléaires, a-t-il ajouté. M. Dion s'est dit d'avis que la poursuite des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement est un objectif que la Conférence doit poursuivre. Il s'agit d'une proposition d'avancée réaliste et réalisable, sur laquelle la Conférence doit sans délai s'engager.

M. ALEXEI VOLKOV, Ministre adjoint des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé que l'Assemblée générale avait adopté en 2015, à l'initiative du Président de son pays, la Déclaration universelle sur l'édification d'un monde exempt d'armes nucléaires. Il a estimé que la création d'un mouvement mondial antinucléaire est cruciale: chaque être humain de la planète peut et doit contribuer au processus de désarmement nucléaire. Le Ministre adjoint a plaidé pour des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement. La signature d'un tel traité devrait, selon lui, inclure la question des stocks existants; il a toutefois préconisé de ne pas en faire une condition préalable au lancement des négociations, l'objectif étant de s'entendre sur des dispositions acceptables pour tous. M. Volkov s'est également prononcé en faveur des discussions sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace, ainsi que l'ont proposé la Fédération de Russie et la Chine dans leur projet de traité relatif à la prévention du déploiement d'armes dans l'espace et de la menace ou de l'emploi de la force contre des objets spatiaux. En tant que pays possédant le site de lancement le plus grand au monde, le Kazakhstan soutient et insiste sur l'importance du «non-déploiement en premier d'armes dans l'espace», qui a fait l'objet d'une résolution de l'Assemblée générale. Pour conclure, le Ministre adjoint du Kazakhstan a déploré l'essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée, estimant qu'il sape les efforts de la communauté internationale et peut même contribuer à relancer la spirale de la course aux armements nucléaires. Dans ce contexte, l'entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires constituerait une étape significative et essentielle. M. Volkov a considéré que le moratoire sur les essais nucléaires annoncé volontairement par certains États dotés de l'arme nucléaire est certes une avancée positive, mais pas suffisante, et ne constitue en aucun cas une alternative au traité juridiquement contraignant et essentiel pour le désarmement nucléaire que constitue le traité d'interdiction complète des essais nucléaires, non encore entré en vigueur à ce jour.

M. YUN BYUNG-SE, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a fait remarquer que la Conférence s'est arrêtée d'un côté, alors que de l'autre le monde a changé pour le meilleur et pour le pire. Au cours des quatre dernières décennies, la Conférence a apporté de nombreuses contributions aux idéaux fondateurs de désarmement, prouvant par là qu'elle peut jouer un rôle moteur propulsant le désarmement et le contrôle des armements. Or, depuis 1998, la Conférence a perdu de sa vigueur, a regretté le Ministre. Il s'est ensuite penché sur la menace posée par la République populaire démocratique de Corée qui, a-t-il rappelé, est le premier pays à avoir conduit des essais nucléaires au cours de ce siècle. C'est aussi le premier pays à avoir mis au point des programmes d'armes nucléaires, à avoir annoncé son retrait de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à s'être officiellement déclaré, dans sa Constitution, comme État nucléaire. Pour le Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, il n'est guère étonnant que face à ce «grave contrevenant», le Conseil de sécurité soit sur le point d'adopter une résolution historique comprenant les sanctions les plus fortes adoptées de toute l'histoire des Nations Unies. Il faut sanctionner une fois pour toutes les provocations de la République populaire démocratique de Corée, a insisté M. Yun, ajoutant que certains commencent même à se demander si ce pays est réellement favorable à la paix et, partant, un bon membre des Nations Unies. Il a ajouté que la réaction de ce pays a été de déclarer avec défiance qu'il continuerait ses lancements de missiles à longue portée. Cette attitude, a affirmé M. Yun, a des conséquences non négligeables pour la non-prolifération, mais également pour la crédibilité du régime de TNP. En outre, aucun pays dans le monde n'est à l'abri, ni hors d'atteinte de ce pays. Un moyen important de renforcer l'État de droit est de commencer les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire sans délai, alors même que la République populaire démocratique de Corée stocke en ce moment des matières nucléaires, a ajouté le Ministre de la République de Corée. Il a mis en garde contre les risques qui se présenteraient si la communauté internationale n'arrivait pas à arrêter Pyongyang, faisant notamment observer que cela alimenterait le cercle vicieux de la course aux armements. La Conférence a un rôle à jouer pour promouvoir la sécurité internationale, a-t-il conclu, espérant qu'elle aura la sagesse de sortir de sa paralysie.

MME DELCY RODRÍGUEZ GÓMEZ, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a déploré que l'armement soit une source de financement qui ne cesse de se renouveler, alors que les chiffres font état d'un commerce représentant plus de deux milliards de dollars, auquel s'ajoute encore le trafic d'armes illégal. Elle a fait observer que ce phénomène est paradoxal face au consensus international autour de la protection du droit à la vie. Il s'agit là pour la Ministre de l'un des phénomènes les plus pervers du capitalisme, un phénomène qui nie les principes de base des Nations Unies parmi lesquels les droits de l'homme et qui atteint son paroxysme lorsque la préservation de la sécurité internationale passe par la tolérance d'armes à fort pouvoir destructeur. Mme Gómez a fait observer que la Conférence du désarmement est le forum multilatéral idoine et irremplaçable pour discuter du désarmement; cette enceinte doit maintenant retrouver sa mission et adopter de manière urgente un programme de travail équilibré. Elle a trouvé assez inhabituel qu'après l'adoption de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, la communauté internationale n'ait pas été capable de faire des progrès. La Ministre a également attiré l'attention sur un autre phénomène qui mérite réflexion: les estimations sur les dépenses annuelles nécessaires pour couvrir les besoins sociaux de base pour toute la planète s'élèvent à 40 millions de dollars par an, soit moins de la moitié des dépenses consacrées à l'armement dans le monde. Elle s'est également inquiétée du risque d'acquisition de ces armes par les terroristes, ajoutant que la responsabilité d'éviter ce risque incombe aux États qui possèdent ces armes. La Ministre vénézuélienne a par ailleurs rappelé que son pays est partie au Traité de Tlatelolco portant création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes – lequel constitue une contribution admirable des pays de la région à l'idéal politique de paix et de désarmement. Elle a conclu son intervention en condamnant les actes de terrorisme international, avant de rappeler que derrière ce terrorisme international se cachent aussi des actes d'agression d'un nouveau type et des actions d'ingérence.

M. MASAKAZU HAMACHI, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a rappelé qu'il est de notoriété publique que son pays, le seul à avoir souffert de bombardements atomiques, a depuis longtemps mis l'accent sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération. Dans ce contexte, le Japon n'a ménagé aucun effort pour revitaliser les travaux de la Conférence du désarmement. Son Vice-Ministre rappelle à cet égard que le mandat de la Conférence n'est pas de discuter mais de négocier: ses travaux devraient de fait la mener à négocier un traité de désarmement. Constatant que la Conférence d'examen du TNP l'an dernier n'a pas réussi à aboutir à un document final et que des votes dissidents se sont fait entendre lors de l'adoption des récentes résolutions de l'Assemblée générale relatives aux armes nucléaires (celle sur l'impact humanitaire des armes nucléaires et celle établissant le Groupe de travail chargé de faire progresser les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire), M. Hamachi a craint que le fossé ne se soit approfondi entre États dotés et États non dotés d'armes nucléaires. Pour le Japon, il est important de prendre des mesures pour renforcer la transparence; poursuivre la réduction des stocks de tous les types d'armes nucléaires; mettre en œuvre le traité d'interdiction complète des essais nucléaires; promouvoir le Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire; et entamer sans délai les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Sur ce dernier point, le Vice-Ministre a estimé que les négociations sur ce traité doit inclure toutes les questions connexes, dont celle des stocks existants. Pour le Japon, le désarmement nucléaire doit être promu sur la base de deux conceptions : une prise en considération claire des impacts humanitaires de l'utilisation des armes nucléaires et une évaluation objective et réaliste de la situation sécuritaire. En effet, réaliser les conséquences catastrophiques de l'usage de ces armes sur les populations viendra appuyer les efforts de désarmement et de non-prolifération. Enfin, M. Hamachi a attiré l'attention sur l'essai nucléaire conduit par la République populaire démocratique de Corée en janvier dernier et le lancement par ce même pays, le mois suivant, d'un missile balistique. Il a souligné que ces provocations sapent sérieusement la paix et la sécurité tant régionales qu'internationales et entravent les efforts de désarmement et de non-prolifération.

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Ministre adjoint des affaires étrangères et de la coopération internationale de l'Italie, a dit craindre que la Conférence ne perde de sa pertinence, alors qu'elle se trouve toujours dans l'impasse et que se multiplient les initiatives visant à transférer les discussions sur le désarmement devant d'autres instances. Il a rappelé que le TNP est le pilier du régime de non-prolifération, une fondation essentielle pour la poursuite du désarmement nucléaire. L'Italie regrette à cet égard qu'aucun consensus n'ait pu être atteint lors de la Conférence d'examen de ce Traité en 2015 et place ses espoirs dans la prochaine Conférence d'examen qui se tiendra en 2020. À cet égard, le Ministre adjoint a souligné que des travaux productifs effectués à la Conférence profiteraient indéniablement au TNP. Il a par ailleurs apporté son soutien à la tenue d'une Conférence sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Se disant fortement préoccupé par les conséquences catastrophiques de l'utilisation des armes nucléaires, M. Della Vedova a estimé capital de participer à toutes les discussions pertinentes sur le désarmement nucléaire sans perdre de vue l'adoption de mesures pratiques. Il a recommandé d'éviter de prendre des raccourcis et a plaidé pour une approche plutôt progressive du désarmement, manière selon lui réaliste d'atteindre «l'option zéro». Avant de conclure, le Ministre adjoint a condamné dans les termes les plus forts l'essai nucléaire mené en janvier dernier par la République populaire démocratique de Corée, ainsi que le lancement par ce même pays, le mois suivant, d'un missile à longue portée. Ces actions constituent une sérieuse violation des obligations de la République populaire démocratique de Corée en vertu du TNP, ainsi que du moratoire de fait imposé aux essais nucléaires; elles constituent en outre une menace pour la sécurité et la paix internationales. L'Italie appelle la République populaire démocratique de Corée à abandonner tous ses programmes de manière vérifiable et irréversible, à réintégrer le TNP et à coopérer avec l'AIEA. Rappelant que l'interdiction des essais nucléaires constitue une étape cruciale pour l'élimination des armes nucléaires, le Ministre adjoint a salué l'accession de nouveaux États au traité d'interdiction complète des essais nucléaires, soulignant que ce traité représente l'un des succès majeurs de la Conférence.

M. IGNACIO YBAÑEZ RUBIO, Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Espagne, a déclaré que le TNP constitue la pierre angulaire du régime international de désarmement, de non-prolifération et d'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Il faut à tout prix progresser dans le désarmement, a-t-il poursuivi, avant de lancer un appel aux principales puissances, les États-Unis et la Fédération de Russie, afin qu'elles reprennent les négociations pour réduire leurs arsenaux stratégiques. Il a aussi fait part de sa frustration devant l'annulation de la conférence sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Nous voulons tous des résultats concrets dans le désarmement, a-t-il insisté, ajoutant que l'interdiction des armes nucléaires ne signifiera pas leur élimination. Le Secrétaire d'État a également souligné que la Conférence du désarmement est l'unique instance multilatérale de négociations dans le domaine du désarmement: partant, il faut encourager de telles négociations en identifiant les domaines les plus à même de déboucher sur un accord, a-t-il indiqué, préconisant de s'attacher en priorité aux négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Le Secrétaire d'État a ensuite affirmé que l'essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée et le lancement d'un missile balistique constituent une grave violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. M. Rubio a invité ce pays à respecter ces résolutions et à démanteler son arsenal nucléaire de manière vérifiable et irréversible. Dans ce contexte, il a rappelé l'urgence de parvenir à une rapide entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Parmi les autres sources de préoccupation de l'Espagne, figurent également les armes chimiques, a-t-il poursuivi. À cet égard, la Syrie a été invitée à respecter les dispositions contenues dans les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, avant de se dire persuadé qu'il sera possible de parvenir à l'élimination complète de l'arsenal chimique dans ce pays.

Autres déclarations

La Nouvelle-Zélande a regretté qu'en quarante ans d'existence, la Conférence du désarmement n'ait été en mesure de conclure que deux traités : la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction, d'une part, et le traité d'interdiction complète des essais nucléaires, d'autre part. Un texte tous les vingt ans peut en effet être considéré comme un retour sur investissement assez faible, a-t-elle fait observer, avant d'ajouter que si la communauté internationale attache véritablement de l'importance à obtenir des résultats en matière de désarmement, la Conférence n'est semble-t-il pas le lieu pour y parvenir. La Nouvelle-Zélande se félicite des efforts déployés pour s'accorder sur un programme de travail, mais estime que cela ne devrait pas être un but en soi. Saluant la créativité de la Fédération de Russie qui a suggéré hier à la Conférence de s'atteler à un thème nouveau, la délégation néo-zélandaise a toutefois fait observer qu'elle n'a jamais entendu ses compatriotes déplorer l'absence d'interdiction de l'utilisation des armes chimiques par des acteurs non étatiques: en revanche, les Néo-Zélandais, qui sont satisfaits des dispositions très claires de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, souhaiteraient plutôt que les négociations se concentrent sur la seule arme de destruction massive à ne pas être encore interdite, à savoir l'arme nucléaire. Enfin, la délégation néo-zélandaise a attiré l'attention sur les travaux menées actuellement par les États parties au Traité sur le commerce des armes, faisant observer que l'entrée en vigueur de ce traité est l'illustration de ce que la communauté internationale peut faire lorsqu'un véritable esprit de multilatéralisme prévaut.

La République populaire démocratique de Corée a réagi aux allégations de plusieurs délégations qui se sont exprimées aujourd'hui et a rappelé que sa position avait déjà été plusieurs fois clarifiée au sein de cette instance: l'essai nucléaire (du 6 janvier dernier) a été réalisé dans un but d'autodéfense en vue d'assurer la paix dans la péninsule. La République populaire démocratique de Corée a assuré œuvrer à la paix, avant d'ajouter qu'elle était exposée, depuis un demi-siècle, à des menaces nucléaires émanant des États-Unis – des menaces qui ne sont pas abstraites ni seulement potentielles. La République populaire démocratique de Corée dispose de suffisamment de données pour prouver et documenter ces affirmations et elle est prête à les divulguer. La délégation de la République populaire démocratique de Corée constate aussi que les pays qui la condamnent de manière si caricaturale ont choisi de fermer les yeux sur d'autres éléments: comment réagiriez-vous si vous étiez exposés à une menace nucléaire constante, a demandé la délégation de la République populaire démocratique de Corée? Permettriez-vous que votre souveraineté soit bafouée? Sacrifieriez-vous vos intérêts sécuritaires nationaux? Rappelant que la République populaire démocratique de Corée a été colonisée par l'impérialisme japonais pendant plus de 40 ans, la délégation de ce pays a expliqué que la République populaire démocratique de Corée attache une valeur toute particulière à sa souveraineté. Concernant, enfin, le lancement du satellite, la République populaire démocratique de Corée souligne qu'il s'agit là de l'exercice d'un droit légitime pleinement conforme au droit international et à l'utilisation pacifique de l'espace.

Les États-Unis ont souligné que l'essai nucléaire et le lancement d'un missile par la République populaire démocratique de Corée ont été condamnés unanimement par tous les pays du monde. La République populaire démocratique de Corée finira par se rendre compte que sa recherche nucléaire va à l'encontre de ses intérêts nationaux, ont ajouté les États-Unis. Ils ont en outre indiqué vouloir assurer la sécurité dans la région et ont fait savoir qu'ils prendraient les mesures nécessaires pour répondre aux menaces de la République populaire démocratique de Corée. Enfin, les États-Unis n'accepteront jamais la République populaire démocratique de Corée en tant qu'État doté de l'arme nucléaire.

La République de Corée a rejeté les allégations de la «Corée du Nord» et fait remarquer que les actes illégitimes ne créent pas des droits. La République populaire démocratique de Corée ne peut pas justifier son programme nucléaire par le droit à l'autodéfense. La délégation de la République de Corée a précisé que les exercices américano-coréens sont menés à bien pour faire face à la menace posée par la «Corée du Nord». Quant à la question de l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique, la République populaire démocratique de Corée n'est pas en mesure d'exercer ce droit en raison des sanctions dont elle fait l'objet et qui lui interdisent d'utiliser ce genre de technologies. Seuls les pays qui s'acquittent de leurs obligations internationales ont le droit d'utiliser l'espace extra-atmosphérique, a rappelé la délégation.

La République populaire démocratique de Corée a fait remarquer que c'est poussé par les États-Unis que son pays a dû se doter d'un programme nucléaire. Il faut que les États-Unis comprennent bien cela ; ils le savent mais ne veulent pas comprendre. Le programme américano-coréen est hostile à la République populaire démocratique de Corée, a poursuivi le pays. La menace nucléaire existe et la République populaire démocratique de Corée doit se protéger, a-t-il insisté. La délégation de la République populaire démocratique de Corée a ajouté que c'est la République de Corée qui a engendré la méfiance et la confrontation en allant chercher le soutien des États-Unis.

La République de Corée a répété que son pays est, certes, un allié des États-Unis, mais que c'est la communauté internationale tout entière qui a condamné les agissements de la République populaire démocratique de Corée. Elle a par ailleurs demandé à la délégation de la République populaire démocratique de Corée de s'abstenir d'utiliser des termes inappropriés à l'égard d'un État membre de la Conférence. Il est temps que la communauté internationale fasse preuve d'une tolérance zéro face aux provocations de la République populaire démocratique de Corée, a conclu la délégation de la République de Corée.


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DC16/010F