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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA SLOVAQUIE, DES PAYS-BAS ET DE L'ARGENTINE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu aujourd'hui des déclarations des Ministres des affaires étrangères de la Slovaquie, des Pays-Bas et de l'Argentine. La délégation de la République populaire démocratique de Corée a exercé son droit de réponse en fin de séance.

M. Miroslav Lajcak, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a jugé regrettable que la Conférence du désarmement n'ait pas été en mesure de répondre aux demandes répétées de la communauté internationale, a fortiori face aux menaces immenses qui pèsent sur la sécurité mondiale, notamment face à la persistance de violations flagrantes du droit international en matière de non-prolifération. Son incapacité à remplir son mandat depuis presque deux décennies a eu des conséquences sérieuses, a-t-il fait observer, déplorant notamment le manque de confiance à l'égard du régime de non-prolifération, une confiance qui, selon lui, ne pourra être rétablie qu'au prix d'efforts considérables.

L'importance de restaurer cette confiance a également été soulignée par le Ministre néerlandais des affaires étrangères, M. Bert Koenders. Il a affirmé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est et restera la pierre angulaire du régime international de non-prolifération: il s'agit du seul traité qui pose les fondations d'un monde dans lequel les armes nucléaires auront été abolies, de manière permanente et irréversible. En outre, davantage peut et doit être fait pour réduire les arsenaux nucléaires et créer un climat international de stabilité, de confiance et de contrôle des armements qui soit propice à l'abolition des armes nucléaires.

La Ministre argentine des affaires étrangères, Mme Susana Malcorra, a pour sa part déploré qu'aucun progrès concret n'ait été réalisé ces dernières années en matière de désarmement nucléaire. Elle a rappelé que l'élimination générale et complète des armes nucléaires est la seule garantie contre l'utilisation ou la menace de ces armes, évitant ainsi les conséquences humanitaires désastreuses causées par l'usage de ce type d'armes. Dans ce contexte, la Ministre argentine s'est félicitée de la création du Groupe de travail chargé de faire progresser les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire. Enfin, en tant que partie à la première zone exempte d'armes nucléaires, créée par le Traité de Tlatelolco, l'Argentine regrette que la Conférence sur une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, prévue pour 2012, n'ait toujours pas eu lieu.

Les trois Ministres se sont par ailleurs prononcés en faveur du lancement immédiat de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, les travaux du Groupe d'experts chargé de faire des recommandations sur les aspects susceptibles de contribuer à l'élaboration d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes étant arrivés à leur terme l'année dernière.

Le Vice-Premier Ministre slovaque et la Ministre argentine ont par ailleurs dénoncé l'essai nucléaire et le lancement d'un satellite utilisant la technologie des missiles balistiques effectués récemment par la République populaire démocratique de Corée. Exerçant son droit de réponse, la République populaire démocratique de Corée a affirmé que tant l'essai que le lancement du satellite relevaient d'un droit légitime.


Lors de sa prochaine séance plénière, qui se tiendra demain à partir de 10h15, la Conférence doit entendre des hauts dignitaires de la Finlande, de la Norvège, de la Fédération de Russie, de la Grèce et de Cuba.


Déclarations de hauts dignitaires

M. MIROSLAV LAJCAK, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a fait observer que lors de sa dernière allocution devant la Conférence du désarmement il y a trois ans exactement il avait exprimé sa préoccupation face au troisième essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée. Il a regretté d'avoir à s'exprimer à nouveau sur ce sujet, quelques semaines après le quatrième essai nucléaire et le lancement d'un missile balistique intercontinental par ce pays. La Slovaquie condamne catégoriquement de tels actes provocateurs et irresponsables, a souligné le Ministre, ajoutant qu'ils constituent une sérieuse menace à la stabilité régionale et à la paix et la sécurité internationales. Il a exhorté la «Corée du Nord» à abandonner ses programmes nucléaires de manière exhaustive, vérifiable et irrévocable.

Le Ministre a par ailleurs jugé regrettable que la Conférence du désarmement n'ait pas été en mesure de répondre aux demandes répétées de la communauté internationale, a fortiori face aux menaces immenses qui pèsent sur la sécurité mondiale et notamment face aux violations flagrantes du droit international en matière de non-prolifération. L'incapacité de la Conférence à s'acquitter de son mandat depuis presque deux décennies a eu des conséquences sérieuses, non seulement pour la Conférence elle-même, mais également pour le désarmement en général qui, pourtant, constitue un fondement essentiel de la sécurité internationale. La Slovaquie regrette que la dernière Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) n'ait pas été en mesure d'obtenir un consensus sur son document final. Pour le Ministre slovaque, ce fait démontre le manque de confiance à l'égard du régime de non-prolifération, une confiance qui ne pourra être rétablie qu'au prix d'efforts considérables. La confiance est un élément essentiel pour progresser dans le non-prolifération nucléaire, a-t-il insisté. Il a également préconisé de faire progresser le désarmement nucléaire, par le biais notamment d'instruments juridiquement contraignants; il faut, en outre, des mesures parallèles créant un environnement propice à la création d'un monde sans armes nucléaires. La Slovaquie souhaite le lancement immédiat de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Enfin, se référant au Groupe de travail créé par l'Assemblée générale pour faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire, le Ministre a rappelé qu'un engagement réel et constructif des Etats dotés d'armes nucléaires est indispensable si l'on souhaite éliminer les arsenaux nucléaires. Il a en outre rappelé que l'interdiction des armes nucléaires ne sera de loin pas suffisante pour garantir leur élimination.

M. BERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a souligné que le désarmement et le rétablissement de la confiance sont cruciaux pour la paix et la sécurité internationales. Dans cette conjoncture difficile, la communauté internationale doit redoubler d'efforts pour apaiser les tensions; il faut en outre continuer de renforcer la transparence sur les questions nucléaires, de sorte à créer un climat de confiance entre les États. Pour le Ministre néerlandais, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est et restera la pierre angulaire du régime international de non-prolifération: il s'agit du seul traité qui pose les fondations d'un monde dans lequel les armes nucléaires auront été abolies, de manière permanente et irréversible. Cet objectif ne pourra être atteint sans la mise en œuvre des obligations prévues par le Traité. Le Ministre a regretté le résultat, ou plutôt l'absence de résultat, de la dernière Conférence d'examen du TNP. La communauté internationale s'est divisée au lieu de se montrer unie dans la poursuite d'un objectif commun, a-t-il déploré.

La coopération internationale et régionale est essentielle pour que des progrès soient effectués en matière de transparence, de garanties et de vérification, a poursuivi le Ministre. Il a concédé que des réductions significatives ont été obtenues depuis l'apogée de la guerre froide; toutefois, davantage peut et doit être fait pour réduire les arsenaux nucléaires et créer un climat international de stabilité, de confiance et de contrôle des armements qui soit propice à l'abolition des armes nucléaires. Le Groupe de travail chargé par l'Assemblée générale de faire avancer les négociations sur le désarmement nucléaire offre l'opportunité de discuter d'initiatives permettant d'atteindre cet objectif: c'est dans cette optique que les Pays-Bas ont entrepris de participer activement aux travaux de cette instance et invitent les autres États à y participer également. Il faut essayer sincèrement de trouver un terrain d'entente pour avancer dans le désarmement nucléaire, a insisté M. Koenders. Il a rappelé que le désarmement nucléaire n'est pas un exercice abstrait: il ne s'agit pas uniquement de réduire le nombre d'armes, mais aussi de garantir que plus aucune personne n'ait à subir les conséquences des armes nucléaires. Des mesures doivent être identifiées, contraignantes ou non, visant des objectifs de réduction, d'établissement de normes, de transparence ou de restauration de la confiance ; mais surtout elles doivent être concrètes, pratiques et faisables, a insisté le Ministre néerlandais. M. Koenders a aussi fait valoir que la vérification du désarmement nucléaire est un élément nécessaire de la non-prolifération. Un monde sans armes nucléaires requiert des garanties absolues couvrant les installations tant militaires que pacifiques. Le moment est venu d'agir, a déclaré le Ministre. Il a par ailleurs souhaité le lancement immédiat de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement, une priorité absolue pour les Pays-Bas. Il a en outre fait remarquer que la Convention sur les armes à sous-munitions s'est révélée un instrument efficace depuis son entrée en vigueur en août 2010. À cet égard, il s'est dit consterné par l'emploi d'armes à sous-munitions par le régime syrien, ainsi que par les allégations concernant le recours à ce type d'armes au Yémen. Enfin, le Ministre s'est dit fier d'annoncer que son pays a prévu d'affecter 45 millions d'Euros à la poursuite pour quatre années supplémentaires de son programme humanitaire de déminage dans d'anciennes zones de conflit. Il s'est aussi prononcé en faveur de la ratification du traité sur le commerce des armes, souhaitant que ce traité devienne universellement reconnu, alors qu'un grand nombre des États importateurs et exportateurs d'armes parmi les plus importants n'y sont toujours pas parties. Pour conclure, le Ministre a fait observer que la Conférence du désarmement ne doit pas s'intéresser aux armes du passé uniquement, mais également s'atteler à celles du futur, comme les drones armés par les États et les acteurs non-étatiques. Il a souhaité qu'un dialogue ouvert soit mené au sein de la Conférence, ainsi qu'à la Première Commission de l'Assemblée générale, sur l'usage de ces drones et la transparence quant à leur utilisation.

MME SUSANA MALCORRA, Ministre des affaires étrangères de l'Argentine, a déploré que la Conférence se soit enlisée depuis 1996, se montrant incapable de produire des effets concrets. Elle a fait observer que de multiples situations dans le monde rappellent aujourd'hui l'importance de progresser dans les objectifs de désarmement nucléaire. Il importe dès lors de remettre la Conférence au travail afin qu'elle puisse pleinement remplir son mandat, à savoir négocier des instruments multilatéraux de désarmement. Tout en reconnaissant l'intérêt de discuter des méthodes de travail et de la composition de la Conférence, la Ministre s'est dite convaincue que la réactivation des travaux de cette instance dépendra avant tout de la volonté politique de ses membres. Un effort particulier sera donc demandé à ces derniers, en vue d'insuffler dynamisme, dialogue et prise de décisions à la Conférence et, ainsi, éviter sa marginalisation et faire en sorte qu'elle atteigne l'objectif pour lequel elle a été créée.

L'Argentine a toujours accordé une importance particulière à la question du désarmement nucléaire, en participant à toutes les discussions, tous les forums, tous les débats en la matière. Cette attitude, a poursuivi Mme Malcorra, témoigne de l'engagement clair et ferme du pays en faveur du désarmement et de la non-prolifération nucléaires. La Ministre argentine des affaires étrangères a déploré qu'aucun progrès concret n'ait été réalisé ces dernières années en matière de désarmement nucléaire. Pour l'Argentine, l'élimination générale et complète des armes nucléaires est la seule garantie contre l'utilisation ou la menace de ces armes, évitant ainsi les conséquences humanitaires désastreuses causées par l'usage de ce type d'armes. Dans ce contexte, Mme Malcorra s'est félicitée des discussions menées par l'Assemblée générale l'année dernière, aboutissant à la création d'un Groupe de travail chargé de faire progresser les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire. L'Argentine a soutenu la création de ce Groupe et participé activement à ses travaux ; elle s'est en outre investie dans les discussions sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, a rappelé Mme Malcorra. La Ministre argentine a ensuite rappelé que la communauté internationale doit accélérer ses efforts de réduction des arsenaux existants. Elle a souligné que les travaux du Groupe d'experts gouvernementaux chargé de faire des recommandations sur les aspects susceptibles de contribuer à l'élaboration d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires sont arrivés à leur terme l'année dernière. L'Argentine est convaincue que la communauté internationale est aujourd'hui prête à avancer dans les négociations sur ce traité, a-t-elle indiqué. Par ailleurs, l'Argentine condamne fermement l'essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée le 6 janvier dernier, a indiqué Mme Malcorra, insistant sur l'importance fondamentale de respecter les obligations découlant des résolutions du Conseil de sécurité. L'Argentine condamne également le lancement par la République populaire démocratique de Corée d'une fusée utilisant la technologie des missiles balistiques et souligne que cela n'a pour effet que d'exacerber l'instabilité, en violation des résolutions du Conseil de sécurité. Enfin, en tant que partie à la première zone exempte d'armes nucléaires, créée par le Traité de Tlatelolco, l'Argentine regrette que la Conférence sur une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, prévue pour 2012, n'ait toujours pas eu lieu.

En fin de séance, la République populaire démocratique de Corée a souhaité répondre aux déclarations de la Slovaquie et de l'Argentine en rappelant qu'elle avait déjà eu l'occasion d'expliciter sa position devant la Conférence, à savoir que l'essai effectué par la République populaire démocratique de Corée (le mois dernier) constitue une mesure légitime visant à défendre le droit à la souveraineté de ce pays et à garantir la paix dans la péninsule. Quant au lancement réussi du satellite, il a été effectué conformément au plan de développement aérospatial national, dans le cadre de l'utilisation de l'espace à des fins pacifique et relève de l'exercice d'un droit légitime, respectant pleinement le droit international relatif à l'utilisation pacifique de l'espace. Il est donc erroné de considérer ce lancement comme une source de déstabilisation. Alors que la nécessité de restaurer la confiance a à plusieurs reprises été soulignée dans cette enceinte, la délégation de la République populaire démocratique de Corée se demande si pointer un doigt accusateur vers un État souverain est la meilleure manière d'établir la confiance et de contribuer à la paix sur la péninsule et à la stabilité internationale.


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DC16/008F