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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT MARQUE LE SOIXANTE-DIXIÈME ANNIVERSAIRE DES BOMBARDEMENTS NUCLÉAIRES D'HIROSHIMA ET DE NAGASAKI

Compte rendu de séance
Le groupe informel des États observateurs demande l'élargissement de la composition de la Conférence; la nouvelle représentante de la France fait une déclaration

La Conférence du désarmement a entendu ce matin le Japon dans le cadre des commémorations du soixante-dixième anniversaire du bombardement nucléaire d'Hiroshima et de Nagasaki, ainsi qu'un lycéen d'Hiroshima. Ont également pris la parole la nouvelle Représentante permanente de la France auprès de la Conférence, de la Chine, la Slovénie, la Grèce, Portugal et la Turquie, ainsi que la Lettonie au nom du groupe informel des États observateurs, qui a présenté un document de travail sur l'élargissement de la composition de la Conférence.

L'ambassadeur du Japon, M. Toshio Sano, a présenté un groupe de lycéens japonais, les «communicateurs de la jeunesse pour un monde sans armes nucléaires» qui est en visite à Genève sous les auspices du Ministère japonais des affaires étrangères. Leur mission est de rendre compte du calvaire des «Hibakusha», les survivants des deux bombardements nucléaires de 1945. En tant que «messagers de paix», ils ont fait circuler une pétition dans tout le Japon en faveur d'un monde libéré des armements nucléaires, déposant chaque année les signatures aux Nations Unies à Genève. Une lycéenne a ensuite pris la parole pour témoigner de ce qu'avait vécu son grand-père ce jour-là, irradié par les retombées de la déflagration, et qui lui avait confié que si sa santé le lui avait permis, il aurait aimé pouvoir se rendre à l'ONU pour lancer un appel urgent en faveur de l'élimination de ces armes. Elle a rappelé que, outre la destruction totale des deux villes, 140 000 personnes avaient perdu la vie à Hiroshima et 70 000 à Nagasaki. Elle a indiqué que depuis dix-huit ans qu'avait été lancée la campagne de pétition, 1 337 598 signatures avaient été recueillies. «Nos efforts sont petits mais ne sont pas vains», a-t-elle conclu, invitant les diplomates participant à la Conférence à se rendre à Hiroshima et à Nagasaki.

La Chine a salué le sens élevé des responsabilités de ces lycéens en faveur de la paix. Citant Winston Churchill, il a rappelé qu'un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre, à quoi il faut ajouter un dicton chinois: «le passé doit servir de guide pour l'avenir». C'est en comprenant l'histoire dans son ensemble et en réfléchissant aux causes de cette guerre que l'on peut en tirer les enseignements et éviter qu'elle ne se répète. Des civils innocents ont souffert de la guerre dans de nombreux conflits, a rappelé la Chine, qui a mentionné en particulier la question des «femmes de réconfort», esclaves sexuelles de l'armée d'occupation japonaise dans son pays.

La France, qui était représentée par un nouvel ambassadeur, Mme Alice Guitton, a également insisté sur la notion de responsabilité, soulignant que les objectifs du désarmement doivent être intimement liés aux objectifs de stabilité, de paix et de sécurité internationales. «L'environnement stratégique dans lequel nous évoluons se caractérise aujourd'hui par une complexité et une imprévisibilité préoccupantes», a-t-elle relevé. Pour la France, «quelques mois après l'échec de la neuvième Conférence d'examen du Traité de non-prolifération (TNP) au printemps dernier, et alors que des frustrations compréhensibles s'élèvent face aux blocages de la Conférence du désarmement, qui prévalent depuis trop longtemps, «il ne faut pas perdre confiance dans cette enceinte». La conception de la France en matière de désarmement est celle d'«un processus concret, reposant sur des mesures réalistes, pragmatiques et progressives». «Chacun peut reconnaître que l'action de la France dans ce domaine est exemplaire», a conclu l'ambassadrice.

Au nom du groupe informel des 38 États observateurs à la Conférence du désarmement, la Lettonie a présenté un document de travail sur l'élargissement de la composition de la Conférence, qui présente les principales questions sur ce thème soulevées par les pays observateurs au fil des ans. Elle a souligné qu’une quinzaine d’années s’étaient écoulées depuis le dernier élargissement, un délai trop long pour ne pas tenir de débat de fond sur cette question. Le groupe informel des États observateurs lance un appel aux États parties de la Conférence pour que la question soit examinée au cours de la session de 2016. La Lettonie a dit sa conviction que la Conférence du désarmement «devrait évoluer» en direction de «l'universalité, de la transparence et du multilatéralisme, des valeurs qui définissent vraiment le travail sur les questions de désarmement et du contrôle des armements aux Nations Unies». Trois autres États observateurs, la Slovénie, le Portugal et la Grèce ont apporté leur soutien au document de travail, la Slovénie exhortant par ailleurs la Conférence à adopter un programme de travail et à entamer ses travaux de fond.

La Turquie, qui s'est félicitée du rôle de chef de file joué par le Japon sur la question du désarmement nucléaire, a souligné qu'elle accordait pour sa part la priorité à la négociation d'un instrument juridiquement contraignant au sein de la Conférence du désarmement. La Turquie est par ailleurs disposée à examiner la question de l'élargissement dès qu'un programme de travail et des négociations auront été entamées.


La prochaine séance plénière publique de la Conférence du désarmement se tiendra le vendredi 21 août à 10 heures.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC15/038F