Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME TIENT UN RÉUNION-DÉBAT SUR LE RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION DANS LE DOMAINE DES DROITS DE L'HOMME
Le Conseil des droits de l'homme a tenu, ce matin, sa réunion-débat annuelle de haut niveau sur l'intégration des droits de l'homme dans les activités de l'ensemble du système des Nations Unies, mettant l'accent sur le renforcement de la coopération internationale dans le domaine des droits de l'homme.
L'introduction de la Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, Mme Flavia Pansieri, a été suivie des présentations des panélistes suivants: M. Martin Khor, Directeur exécutif de South Centre; M. Juan Somavía, ancien directeur général de l'Organisation internationale du travail et conseiller spécial du Secrétaire général sur les politiques de coopération interrégionale; Mme Kristin Hetle, Directrice de la division des partenariats stratégiques d'ONU-Femmes; M. Alexey Borodavkin, Représentant permanent de la Fédération de Russie; et M. Juan Carlos Monedero Fernández-Gala, Professeur de science politique à l'Université Complutense de Madrid. La République islamique d'Iran est intervenue au nom du Mouvement des pays non alignés, qui sont à l'origine du thème choisi cette année pour ce débat.
Mme Pansieri a souligné que malgré d'importants progrès enregistrés depuis la création de l'Organisation des Nations Unies, la situation est loin d'être parfaite, notamment s'agissant des droits des femmes, et a souligné l'occasion qu'offre cette année l'élaboration du Programme de développement international qui doit actualiser les objectifs du Millénaire pour le développement. Le Mouvement des pays non alignés, à l'origine de la convocation de cette réunion, estiment que c'est en coopérant que la communauté internationale doit agir pour réaliser les objectifs de la Charte des Nations Unies, dans le respect des différents points de vues et des particularités, a déclaré l'Iran en leur nom. C'est la meilleure manière de renforcer les droits de l'homme de manière globale; il faut un dialogue coopératif et le respect des différences culturelles.
M. Khor a notamment souligné que les politiques de subventions des pays riches à leur agriculture ont entraîné des catastrophes dans de nombreux pays, notamment en Afrique. Certains d'entre eux sont devenus dépendants de l'aide alimentaire alors qu'ils étaient dotés à l'origine d'une agriculture vivrière. Le panéliste a aussi constaté que le coût élevé des traitements contre le VIH/sida ne permettait pas la réalisation du droit à la santé. M. Somavía a déclaré que nombre d'objectifs du Millénaire pour le développement n'ont jamais été atteints du fait, principalement, que l'axe économique a été privilégié dans les analyses, au détriment des autres causes et solutions possibles; mais la communauté internationale dispose de plus de marge de manœuvre qu'il y a vingt ans, comme l'ont montré les pays qui ont pu s'en sortir en abandonnant les recettes économiques imposées par les institutions de Bretton Woods. Ce ne sont plus les financiers qui doivent mener le bateau, mais l'économie réelle.
Mme Hetle a souligné que de nombreux défis demeurent malgré des progrès de la condition féminine; les progrès sont lents et cela est inacceptable. Les femmes continuent en particulier d'être sous-représentées dans les instances décisionnelles, y compris au sein des Nations Unies. Il faut une action urgente pour abroger tous les textes de lois discriminatoires envers les femmes et pour la promotion de l'égalité de genre. M. Borodavkin, a souligné qu'il fallait renforcer la coopération internationale au profit des droits de l'homme et, à titre prioritaire, lutter contre l'extrémisme violent et le terrorisme; il faut aussi abandonner la politisation, la sélectivité et l'approche contre-productive selon deux poids, deux mesures en ce qui concerne les droits de l'homme. M. Monedero Fernández-Gala a quant à lui regretté que les droits de l'homme ne soient invoqués que lorsqu'ils s'inscrivent dans une la logique politique; le capitalisme mondial n'est pas seulement économique, il régente désormais l'ensemble du champ des connaissances et jusqu'à la culture.
Dans le débat qui a suivi, de nombreuses délégations ont appelé à un renforcement de la coopération internationale en matière de droits de l'homme, qui constitue le meilleur moyen de promouvoir et renforcer les droits de l'homme. Elle doit être une priorité de la communauté internationale, du Conseil et du Haut-Commissariat, notamment par le biais du renforcement des capacités. Par ailleurs, la coopération doit se faire en tenant compte et dans le respect des diversités et spécificités culturelles, ont plaidé des délégations. Car les différences sont une richesse et ne doivent pas être des sources de conflit. Des délégations ont aussi plaidé pour un rééquilibrage entre les droits civils et politiques et les droits économiques et sociaux. Mais les droits civils et politiques ne doivent pas niés au motif des différences, ont répondu d'autres délégations, relevant notamment que les États qui appliquent ces droits sont plus forts que ceux qui les nient.
Les délégations suivantes ont participé aux échanges: Namibie, El Salvador, Inde (au nom de 28 pays), Suisse (au nom également de l'Autriche, du Liechtenstein et de la Slovénie), Algérie (au nom du Groupe africain), Pakistan (au nom de l'Organisation de la coopération islamique), Indonésie, Soudan, Maroc, Turquie, Venezuela, États-Unis, Australie, Union européenne, France, Portugal, Brésil, Sierra Leone, Burkina Faso, Égypte, Chine, Chili, Émirats arabes unis, Algérie, Équateur et Thaïlande. Le Comité international de coordination des institutions nationales des droits de l'homme est également intervenu, ainsi que les organisations non gouvernementales CIVICUS-Alliance mondiale pour la participation des citoyens et Action Canada pour la population et le développement.
Le Conseil reprend cet après-midi son débat de haut niveau, au cours duquel il doit entendre plusieurs dignitaires de rang ministériel.
Réunion-débat sur l'intégration des questions relatives aux droits de l'homme dans les activités de l'ONU
Introduction
MME FLAVIA PANSIERI, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a rappelé que cette année marquait le 70ème anniversaire de la Charte des Nations Unies, qui constitue l'engagement le plus significatif des États dans l'histoire mondiale en vue de coopérer dans la quête de la paix, du développement et des droits fondamentaux universels. D'importants progrès ont été enregistrés en sept décennies, en l'absence d'un troisième conflit mondial ou d'une guerre nucléaire et avec le maintien d'un degré de paix non négligeable. Pour autant, la situation est loin d'être parfaite, notamment s'agissant des droits des femmes. Mme Pansieri a notamment relevé que dans plus d'une cinquantaine de pays, il n'y a pas de protection légale contre la violence domestique, qu'une mineure sur trois dans le monde est mariée encore enfant et qu'une soixantaine de millions de fillettes ont subi une mutilation génitale. La Haut-Commissaire adjointe a rappelé que 2015 était une année cruciale en matière de coopération internationale, avec l'élaboration du Programme de développement qui doit actualiser les objectifs du Millénaire pour le développement. Par ailleurs, les négociations vont se poursuivre pour faire face au changement climatique. Avec le suivi de Beijing +20, 2015 constitue une occasion de galvaniser les efforts nationaux et internationaux en faveur des droits de l'homme, a conclu Mme Pansieri.
M. ABBAS BAGHERPOUR ARDEKANI, Représentant permanent adjoint de la République islamique d'Iran, s'exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, s'est dit heureux de la tenue de ce panel qui, du point de vue du mouvement, va permettre une meilleure coopération internationale en matière de droits de l'homme. C'est en coopérant que la communauté internationale doit agir pour réaliser les objectifs de la Charte des Nations Unies, dans le respect des différents points de vue et des particularités, a estimé M. Ardekani, pour qui cela ne signifie pas qu'il faut réduire les droits de l'homme, bien au contraire. Le renforcement de la coopération internationale est la pierre angulaire du système des Nations Unies, a déclaré M. Ardekani. C'est la manière la plus pertinente pour renforcer les droits de l'homme de manière holistique. Le dialogue coopératif doit être le fondement. Dans ce contexte, le renforcement des capacités doit être fourni aux pays qui en font la demande. Pour les non alignés, les différences culturelles sont une source de richesse et non de conflit au sein de la communauté internationale. Elles doivent être appréciées et non pas être utilisées pour motiver des rivalités internationales. La mise en place d'un ordre international équitable et juste est également un impératif pour la pleine jouissance des droits de l'homme. Cela implique aussi la mise en œuvre du droit au développement en tant que moyen de remplir les obligations de la communauté internationale en matière de droits de l'homme, comme l'ont rappelé le Conseil des droits de l'homme, le Haut-Commissaire et le Secrétaire général. Il revient donc au Conseil de souligner les responsabilités de chacun et le rôle que doit jouer chaque acteur international en la matière.
Panélistes
M. MARTIN KHOR, Directeur de South Centre, a souligné l'importance de la coopération internationale et a insisté sur la création de mécanismes internationaux permettant par exemple d'alléger la dette au lieu d'attendre des dizaines d'années avant de chercher une solution. Il a aussi souligné que le droit à l'alimentation est un droit fondamental consacré dans la Constitution de certains pays comme l'Inde. Or, les politiques de subventions des pays riches à leur agriculture ont entraîné des catastrophes dans de nombreux pays, notamment en Afrique. Certains d'entre eux sont devenus dépendants de l'aide alimentaire alors qu'ils étaient dotés à l'origine d'une agriculture vivrière submergée par des importations meilleur marché que les produits locaux car subventionnées. Il faut donc en finir avec cette pratique, estime M. Khor. Dans le domaine de la santé, il a constaté que le coût élevé des traitements contre le VIH/sida ne permettait pas la réalisation du droit à la santé. Cela pose la question des droits à la propriété intellectuelle qui sont certes légitimes mais qui peuvent faire obstacle à la réalisation du droit à la santé, a souligné M. Khor, qui a estimé qu'il fallait engager une réflexion approfondie sur ces questions, une réflexion pour laquelle le Conseil des droits de l'homme constitue le cadre approprié.
M. JUAN SOMAVÍA, ancien directeur général de l'Organisation internationale du travail et conseiller spécial du Secrétaire général sur les politiques de coopération interrégionale, a déclaré que les solutions aux problèmes en matière de développement durable sont inscrites dans leurs racines même. De nombreux forums et conférences des Nations Unies l'ont déjà constaté et pourtant, en dépit de ce constat, nombre d'objectifs du Millénaire pour le développement n'ont jamais été atteints, a-t-il constaté. La raison principale est que l'axe économique a été privilégié dans les analyses, au détriment des autres causes et solutions possibles. La question se pose donc aujourd'hui de savoir si le même angle d'analyse sera privilégié dans le cadre du programme de développement pour l'après 2015. Pour M. Somavía, il sera difficile, non pas d'adopter un texte lors du sommet de cette année, mais de réaliser les objectifs du texte adopté. Pourtant, il reste possible de le faire, car on dispose aujourd'hui de plus de marge de manœuvre qu'il y a vingt ans. La preuve en est que de nombreux pays, notamment en Amérique du Sud, ont adopté des cadres politiques différents de ceux imposés par les institutions de Bretton Woods. Les politiques adoptées par ces pays étaient orientées vers la croissance et l'emploi et leur ont permis de s'en sortir, a encore expliqué le conseiller spécial du Secrétaire général. Il faut donc changer les modèles de croissance. Pour cela, il faut prendre la barre qui est aux mains des financiers. Ce ne sont pas eux qui doivent mener le bateau, mais l'économie réelle. Il faut changer de paradigme, a-t-il conclu M. Somavía.
MME KRISTIN HETLE, Directrice de la division des partenariats stratégiques d'ONU-Femmes, a évoqué le caractère historique du vingtième anniversaire cette année de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing. Pourtant, a-t-elle ajouté, de nombreux défis demeurent malgré des progrès certains de la condition féminine. En dépit d'une abrogation toujours plus étendue des lois discriminatoires par les États, les progrès sont lents et cela est inacceptable. Les femmes continuent en particulier d'être sous-représentées dans les instances décisionnelles, y compris aux Nations Unies – on peut d'ailleurs espérer qu'il sera remédié dès cette année à cet état de fait. Mme Hetle a appelé à la ratification universelle de la Convention pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes à laquelle ont adhéré 188 pays à ce jour. En deuxième lieu, une action urgente doit être entreprise pour abroger tous les textes de lois discriminatoires envers les femmes, du code de la famille, aux lois sur l'héritage en passant par la nationalité. Troisièmement, on doit investir dans l'égalité de genre. Quatrième point, des mécanismes d'établissement des responsabilités doivent être créés. Enfin, on doit s'attaquer aux inégalités croissantes en atteignant les femmes les plus marginalisées, ce qui exige de disposer de données statistiques plus précises.
M. ALEXEY BORODAVKIN, Représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations Unies à Genève, a observé que plusieurs facteurs nouveaux, parmi lesquels la mondialisation, l'interdépendance, la diversification, l'extrémisme violent ou encore le terrorisme, changent radicalement la façon de concevoir la coopération internationale et même la manière de faire respecter les droits de l'homme et le droit international. La coopération internationale, qui dans le passé se concevait entre États, doit aujourd'hui tenir compte d'autres acteurs. Cela implique donc de réfléchir à ces nouveaux paradigmes dans le but de renforcer cette coopération internationale au profit des droits de l'homme. À titre prioritaire, il faut lutter contre l'extrémisme violent et le terrorisme, comme l'a dit hier le Haut-Commissaire. Pour M. Borodavkin, il ne faut pas opposer droits de l'homme et différences culturelles. Cela implique de ne pas les politiser, les manipuler, jeter l'opprobre sur des pays ou persister dans le «deux poids deux mesures». Au contraire, la coopération en matière de droits de l'homme, notamment la coopération technique, doit être privilégiée. Ce n'est un secret pour personne que le Haut-Commissariat dispose d'un grand nombre de demandes de pays désirant bénéficier de cette assistance technique pour renforcer leurs capacités en matière de droits de l'homme. M. Borodavkin s'est également interrogé sur les résolutions visant des pays selon une approche de «deux poids deux mesures», jugeant cette pratique contre-productive. La conséquence est que certains des pays visés se retirent des mécanismes des Nations Unies. Il faudrait au contraire penser à d'autres activités de longue haleine, impliquant par exemple la formation de parlementaires, de membres de la société civile, des médias ou les cercles d'affaires et le secteur privé pour renforcer les droits de l'homme, le tout dans le respect des civilisations et particularités. Il faudra sans doute réorganiser les activités du Haut-Commissariat à cette fin, a conclu le panéliste.
M. JUAN CARLOS MONEDERO FERNÁNDEZ-GALA, Professeur de science politique à l'Université Complutense de Madrid, qui a dit vouloir faire preuve d'un «optimisme tragique» dans son intervention, a constaté que les droits de l'homme étaient invoqués uniquement lorsqu'ils s'inscrivaient dans la logique et les objectifs politiques de ceux qui les martèlent à longueur de temps. Le capitalisme mondial n'est pas seulement économique, il régente désormais l'ensemble du champ des connaissances et jusqu'à la culture. Le chaos mondial que l'on constate aujourd'hui a beaucoup à voir avec le néocapitalisme, le néolibéralisme et le néo-impérialisme, selon lui. Il conviendrait de mettre un terme aux inégalités, aux injustices historiques, ainsi qu'aux «injustices cognitives». On a condamné certains peuples à ne pas avoir de passé, ce qui implique qu'ils n'aient pas d'avenir. Dénonçant une «saturation audiovisuelle» contraire aux droits de l'homme, il a cité l'exemple du film «American Sniper» qui s'est vu décerner un oscar alors qu'il apparaît comme une ode à la violence, une violence dénoncée ici même dans et par cette enceinte. Il aussi dénoncé un système dans lequel le développement des uns est responsable du sous-développement des autres. Or, nous sommes ici pour défendre l'être humain, a-t-il conclu.
Débat
Le Ministre de la justice de la Namibie a observé que l'inégalité des niveaux de développement représente un obstacle à la pleine jouissance des droits de l'homme pour tous dans plusieurs régions du monde. En conséquence, il faut adopter une approche basée sur la lutte contre ses inégalités. Les débats autour de la définition du droit au développement ne doit pas empiéter sur sa réalisation.
Pour le Vice-ministre des affaires étrangères du Salvador, renforcer la coopération internationale exige au préalable une coopération avec les mécanismes des Nations Unies, le renforcement des droits de l'homme au niveau national un dialogue permanent pour atteindre ces objectif et mettre l'humain au centre de tout, y compris dans le cadre de l'agenda de développement pour l'après 2015. L'Inde également, au nom de 28 pays, a déclaré que les Nations Unies doivent mettre l'accent sur le développement durable et soutenir les petits États en développement.
La Suisse, qui s'exprimait aussi au nom de l'Autriche, du Liechtenstein et de la Slovénie, a souligné la nécessité de disposer de mécanisme de mesure des progrès accomplis en matière de droits de l'homme. Pour ces pays, l'Examen périodique universel en est un. Ce sentiment a également été partagé par l'Australie, pour qui l'Examen périodique universel doit être accompagné par une assistance technique suffisante.
L'Algérie au nom du Groupe africain a estimé que la coopération au service des droits de l'homme doit d'abord reposer sur les principes de neutralité, de non sélectivité et d'objectivité. Le renforcement de cette coopération doit pour sa part se décliner sous forme de transparence, d'exclusivité, de partage des bonnes pratiques et d'assistance technique. Elle doit enfin s'exprimer à travers la culture de la tolérance, de l'équité et de la solidarité.
Au nom de l'Organisation pour la coopération islamique, le Pakistan a estimé que la coopération internationale devait être réelle et fondée sur les principes des Nations Unies. Malheureusement on assiste à une politisation et une sélectivité qui empêchent ce dialogue. Il est de la responsabilité des Nations Unies de promouvoir ce dialogue et il est nécessaire de soutenir les droits économiques et sociaux, en particulier le droit au développement, dans le cadre du programme de développement pour l'après 2015, le tout dans un respect des différences culturelles et religieuses.
Rejoignant ce point de vue, l'Indonésie a plaidé pour une approche équilibrée entre les droits civils politiques et les droits économiques et sociaux, en particulier le droit au développement. Pour elle, la coopération implique aussi que personne ne se considère supérieur aux autres. Le Soudan a déploré que le droit au développement soit toujours «la dernière roue du carrosse». Le Maroc a également observé une marginalisation des droits économique et sociaux et en particulier du droit au développement, alors que ce dernier est pour lui un droit prioritaire qu'il faut mettre en place, notamment avec la mise en place d'un Partenariat global pour le développement.
La Sierra Leone a pressé ses partenaires internationaux de faire du droit au développement le cœur de la coopération internationale. Une approche basée sur les droits permettrait de faire en sorte que des secteurs vitaux comme la santé reçoivent les ressources nécessaires afin d'éviter des situations telles que celle que connaît la Sierra Leone. Concrètement, l'Égypte estime que le droit au développement constitue le meilleur exemple de la manière dont le droit humain devrait être la cible d'une coopération internationale plus constructive. Cela implique, parmi autres choses, la fourniture de l'assistance nécessaire pour réaliser le développement économique et social des pays en développement.
Les Émirats arabes unis constatent que, si certains objectifs du Millénaire pour le développement ont bien été atteints, d'autres demeurent un idéal lointain. C'est pourquoi il devient essentiel de rendre concret le droit au développement. Cela doit se faire en parallèle avec les droits économiques, sociaux et culturels, ainsi qu'avec les droits individuels, civils et politiques. Il s'agit de droits indivisibles et liés entre eux. L'Algérie a elle aussi réitéré sa position quant à l'indivisibilité et l'interdépendance de tous les droits de l'homme, rien ne justifiant un traitement déséquilibré des droits civils et politiques et des droits économiques, sociaux et culturels. L'Algérie accorde par ailleurs une importance particulière au renforcement des capacités et à la coopération internationale.
Les États-Unis ont fait observer que les pays qui assurent les droits civils et politiques sont bien plus forts que ceux qui les nient.
Pour la Turquie, les Nations Unies doivent coopérer avec les gouvernements nationaux et agir selon les priorités de ces derniers. Il faut également surmonter les intérêts capitalistes qui alimentent la rapacité des uns au détriment des autres, a renchéri le Venezuela. Le Chili a constaté que si les droits de l'homme n'étaient pas réalisés, il serait impossible de parvenir à un développement inclusif. Il faut faire plus pour que le droit international soit davantage mise en œuvre.
L'Union européenne a rappelé son attachement à un programme de développement pour l'après 2015 qui prenne pleinement en compte les droits de l'homme, et ceux des femmes plus particulièrement. L'égalité des sexes doit y être prioritaire, selon elle. Le Burkina Faso estime aussi qu'il convient de focaliser la coopération internationale sur les causes structurelles de l'inégalité, y compris celle entre les hommes et les femmes et de la pauvreté.
Le Portugal considère que les objectifs concrets du programme de développement pour l'après 2015 devront refléter des priorités telles que l'éradication de la pauvreté au niveau mondial, l'égalité de genre et l'autonomisation des femmes et des filles et l'éradication de la faim. Le Brésil estime essentiel quant à lui de définir la coopération internationale dans des termes plus larges. Il souligne que des mécanismes pratiques et efficaces étaient toujours nécessaires pour régler les inégalités flagrantes en termes de capacités nationales dans le monde.
La France a souligné l'importance de la coopération régionale et bilatérale en matière de droits de l'homme. Dans le cadre de leurs relations bilatérales, les organisations régionales et les États doivent renforcer davantage les échanges de bonnes pratiques, estime-t-elle, pour promouvoir une culture des droits de l'homme et de lutte contre l'impunité. L'Équateur considère qu'une coopération internationale bien canalisée allant aux racines des problèmes sociaux et des disparités économiques puisse générer des effets bénéfiques dans les pays récepteurs. Une autre approche pour le développement durable doit être privilégiée, comme le montre l'expérience fructueuse de l'Équateur. Quant à la Chine, elle a dit sa conviction que la communauté internationale devait respecter les positions des pays ayant des systèmes différents, y compris sur le plan religieux. Le dialogue doit toujours être privilégié, notamment dans le cadre de l'Examen périodique universel. Par ailleurs, la coopération entre les pays du Sud doit être encouragée. Vingt ans après Beijing, l'assistance technique aux pays en développement doit être renforcée, estime encore la Chine. La Thaïlande a défini les priorités à développer qui sont, selon elle, le renforcement des droits de l'homme et la réalisation du droit au développement, ainsi que les coopérations Nord-Sud, Sud-Sud, et la coopération triangulaire, qui doivent être renforcées.
Le Comité international de coordination de institutions nationales des droits de l'homme et CIVICUS ont pour leur part insisté le rôle de ces institutions nationales dans la promotion et protection des droits de l'homme, soulignant leur disposition à coopérer avec les gouvernements et la communauté internationale. Pour Action Canada pour la population et le développement, l'octroi de toute assistance financière, technique ou humanitaire doit avoir pour but d'éliminer les inégalités et promouvoir la justice économique et sociale. Au niveau international, la responsabilité des États doit aussi être mise en cause. Ainsi, aucun programme ou projet de développement ne doit violer les droits de l'homme, en particulier ceux des plus vulnérables.
Observations et conclusions des panélistes
M. KHOR a souligné l'importance d'identifier les obstacles qui empêchent d'adopter une approche structurée et globale du développement. L'expert a aussi préconisé de supprimer les pratiques financières préjudiciables au développement et parfois même au droit à la vie. Pour lui, il faut s'intéresser davantage à la question du restructuration de la dette et aux moyens de traduire en justice les entreprises responsables de catastrophes environnementales. Par ailleurs, M. Khor a jugé important de tenir compte des données internationales et nationales. Beaucoup de pays ne peuvent pas s'en sortir tous seuls sans coopération internationale. Même certains pays qui en ont pourtant les moyens n'arrivent pas toujours à s'en sortir en raison d'infrastructures insuffisantes.
M. SOMAVÍA a souligné qu'il n'était pas possible de résoudre une crise en appliquant les méthodes qui sont à l'origine de cette même crise. Il a constaté que certaines politiques vont à l'encontre du développement durable. C'est pourquoi les Nations Unies doivent réfléchir à la manière de rassembler une volonté politique derrière une approche centrée sur les droits. En outre, pour M. Somavía, il faut faire des efforts pour mieux comprendre les autres; c'est la raison d'être de la communauté internationale et de ce Conseil en particulier. Il ne faut plus procéder par impositions de l'extérieur, mais au contraire fixer des normes communes en matière de développement, identiques pour tous, qu'il s'agisse des pays du Nord ou de ces pays du Sud.
Pour MME HETLE, les lois et politiques ne suffisent pas : il ne sert de rien de proclamer les droits des femmes sans lutter en même temps contre la discrimination et les stéréotypes sexistes, auxquels nous sommes tous encore un peu attachés. Mme Hetle a ajouté que les femmes attendaient beaucoup du programme de développement pour l'après 2015. Mais il faudra réaliser tous les engagements et les transformer en actions, a-t-elle averti en conclusion.
M. FERNÁNDEZ-GALA a souligné que les mesures adoptées pour sortir de la crise des années 1970 ont créé la situation actuelle. Il est indispensable de susciter un nouveau sentiment de communauté au profit, par exemple, des personnes que nous faisons venir d'autres pays pour travailler à notre place. Pour M. Fernández-Gala , les droits de l'homme ne seront pas réalisés tant que le système capitaliste et le monde du travail ne seront pas repensés, notamment au regard de l'endettement et des revenus des travailleurs. Il faut écouter la voix des peuples qui souffrent, a-t-il conclu.
M. BORODAVKIN a observé que le concept même de coopération est perçu de manière différente selon les États et selon les domaines. Il a émis l'espoir que des solutions communes seraient trouvées dans l'avenir.
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HRC15/012F