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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTEND LES DIGNITAIRES DE DIX PAYS DANS LE CADRE DE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance
Des Ministres des affaires étrangères de Cuba, de l'Albanie et du Soudan du Sud s'adressent au Conseil, ainsi que plusieurs autres hauts dignitaires dont le Président du CICR

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, le débat de haut niveau entamé ce matin à l'ouverture de la session. Il a ainsi entendu les Ministres des affaires étrangères de Cuba, de l'Albanie et du Soudan du Sud, des Secrétaires d'État aux affaires étrangères de la Norvège et du Royaume-Uni, des Vice-Ministres des affaires étrangères du Japon, du Guatemala, de Chypre, de l'Ukraine et de la Libye, ainsi que le Président du Comité international de la Croix-Rouge.

Les dignitaires ont mis en avant les mesures prises par leur pays pour défendre et promouvoir les droits de l'homme, ou encore les défis auxquels leur pays est confronté, à l'image du Ministre des affaires étrangères du Soudan du Sud et des Vice-Ministres des affaires étrangères de l'Ukraine, de Chypre et de la Libye. Certains se sont exprimés sur la situation des droits de l'homme dans des pays qui les préoccupent particulièrement, comme la Corée du Nord, la Syrie, l'Iraq, la Libye ou encore l'Ukraine.

Les intervenants ont également appelé la communauté internationale à défendre les valeurs de diversité, d'ouverture et de participation, qui lui sont chères et que les extrémistes cherchent à détruire. Pour le Président du Comité international de la Croix Rouge, la réalité sur le terrain ne reflète pas les progrès normatifs de ces 60 dernières années, qui ont vu l'adoption de conventions dans le domaine du droit international humanitaire et des droits de l'homme. C'est au contraire «un catalogue des inhumanités», alors que «l'humanité, c'est la garantie d'un traitement qui respecte la dignité humaine en toutes circonstances, celles des ennemis capturés en particulier et des détenus en général».

En fin de séance, les délégations de la République arabe syrienne, de la République populaire démocratique de Corée, de l'Arabie saoudite, de l'Éthiopie, du Japon et de la Fédération de Russie ont exercé le droit de réponse s'agissant de déclarations faites au cours de la journée.


Le Conseil des droits de l'homme tiendra, demain matin à 9 heures, sa réunion-débat annuelle de haut niveau sur l'intégration des droits de l'homme dans les activités de l'ensemble du système des Nations Unies, mettant l'accent sur le renforcement de la coopération internationale dans le domaine des droits de l'homme. Le débat ministériel reprendra à midi.


Débat de haut niveau

M. BRUNO RODRÍGUEZ PARILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a estimé qu'il conviendrait de donner la parole dans cette salle aux centaines de millions de personnes souffrant de faim, à tous les illettrés, aux six millions d'enfants qui meurent chaque année de maladies curables. Il conviendrait d'avoir un débat sérieux qui soit autre chose que simple rhétorique politique au sujet de la perte croissante de légitimité des systèmes et partis politiques, l'effondrement de systèmes électoraux abstentionnistes financés par des contributions financières et la manipulation des moyens de communication, sans oublier la corruption politique, dans les pays développés en particulier. Il a souligné qu'à Cuba plus de deux mille organisations et associations extrêmement diverses participaient activement à la vie économique, sociale et culturelle. Ainsi, la Constitution cubaine a fait l'objet d'une large consultation populaire. Il en a été de même avec le nouveau code du travail et avec le programme économique et social en cours qui ont fait l'objet de très nombreux amendements, a déclaré le ministre.

Il est préoccupant de constater le bas niveau de syndicalisation dans certaines des grandes économies occidentales, a poursuivi M. Parilla avant de dénoncer les atteintes légales au droit de grève. Le ministre a proposé que le Conseil tienne des débats et qu'il élargisse la coopération internationale sur ces thèmes. Il a aussi proposé que les mouvements citoyens tels que Occupy Wall Street ou les Indignés participent à des instances internationales telles que le G7. Il est indispensable par ailleurs d'adopter des mesures effectives pour empêcher la militarisation du cyberespace, a-t-il ajouté. Il a qualifié d'extrêmement grave l'utilisation du Conseil pour inscrire des conflits à l'ordre du jour du Conseil de sécurité et ouvrir des dossiers à la Cour pénale internationale. Le ministre a condamné les sanctions aussi inacceptables qu'injustifiées à l'endroit de la République bolivarienne sœur du Venezuela.

Enfin, Cuba considère que le blocus qui lui est imposé constitue une violation flagrante, massive et systématique des droits humains de tous les Cubains. Il se félicite du fait que le Président des États-Unis Barack Obama ait reconnu que le blocus affectait le peuple cubain et de son intention de soulever le problème avec le Congrès des États-Unis.

M. DITMIR BUSHATI, Ministre des affaires étrangères de l'Albanie, a déclaré qu'en tant que l'un des membres récemment élus du Conseil des droits de l'homme, l'Albanie reste profondément opposée à la peine de mort. C'est pourquoi elle déplore les reculs observés, en dépit d'une tendance à son abolition universelle. L'objectif doit être de mettre fin à cette pratique. Dans ce contexte, l'Albanie considère qu'une première étape devrait être de supprimer la peine de mort pour les délinquants mineurs. La protection des droit de l'enfant est d'ailleurs une autre des priorités de l'Albanie, d'autant que nombre d'enfants dans le monde continuent d'être victimes de la faim, de la violence, d'abus et de diverses formes d'exploitation. L'égalité entre les sexes est aussi une question prioritaire pour l'Albanie. Son objectif est le renforcement des mécanismes et institutions nationales, qui pourraient mettre un terme aux discriminations basées sur le genre et en particulier la violence. Le Ministre a en outre indiqué que son pays avait mis en place des quotas pour la participation des femmes dans la vie publique. L'Albanie est enfin engagée à promouvoir et défendre les droits des plus vulnérables et des minorités, autant qu'elle attache une grande importance aux bonnes relations, à la tolérance, la coopération et la coexistence pacifique entre voisins et avec les minorités nationales.

L'Albanie pense que l'Examen périodique universel offre l'occasion d'améliorer la situation des droits de l'homme et d'échanger de bonnes pratiques, a déclaré M. Bushati. Les examens que l'Albanie a subis en 2009 et 2014 ont ainsi permis au pays d'améliorer ses normes et pratiques en matière de droits de l'homme, a assuré le ministre. C'est pourquoi l'Albanie continuera de soutenir ce mécanisme. Le ministre s'est enfin inquiété de la détérioration de la situation des droits de l'homme en Libye, en République populaire démocratique de Corée et en Ukraine, où les exactions se poursuivent en dépit de l'accord de Minsk. Pour M. Bushati, le Conseil ne saurait rester silencieux tout en maintenant ces pays à son ordre du jour année après année. Les droits de l'homme ne seront ni promus, ni protégés par de simples déclarations et les bonnes intentions, a conclu M. Bushati.

M. BARNABA MARIAL BENJAMIN, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Soudan du Sud, a déclaré que depuis l'éclatement, le 15 décembre 2013, du conflit auquel il est aujourd'hui confronté, son pays s'était engagé sans réserve dans le rétablissement de la paix et la réconciliation nationale. Le Gouvernement sud-soudanais coopère ainsi avec l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans son effort de médiation entre les parties au conflit. Des progrès très importants ont été réalisés dans ce contexte, a assuré le ministre. C'est ainsi que, le 21 janvier dernier, les deux parties ont signé l'Accord de réunification du Mouvement de libération du Soudan du Sud (SPLM), accord portant en particulier sur l'institutionnalisation et la démocratisation de l'exercice du pouvoir au sein du parti. Le 1er février, des accords étaient passés en vue de définir les modalités de la création d'un gouvernement de transition. Quatre-vingt-dix pour cent des points contentieux sont résolus par cet accord, a déclaré M. Benjamin, les questions en suspens portant, notamment, sur les pouvoirs devant être accordés deux vice-présidents (l'un représentant le gouvernement, l'autre la rébellion). En appui aux accords passés à Arusha, le Président du Soudan du Sud a promulgué, le 15 février, deux décrets accordant l'amnistie à toutes les personnes en guerre contre l'État et imposant un cessez-le-feu unilatéral.

Le Gouvernement du Soudan du Sud a également favorisé le libre accès des secours humanitaires à toutes les régions du pays, y compris dans les régions abritant des rebelles. M. Benjamin a remercié la communauté internationale et les agences humanitaires, y compris les organisations non gouvernementales, de l'aide qu'elles accordent au peuple du Soudan du Sud: cette aide a notamment permis au pays d'éviter la famine, a souligné le ministre. M. Benjamin a dit sa certitude que la paix était très proche. C'est pourquoi il a demandé au Conseil des droits de l'homme d'être compréhensif avec son pays, né voici quatre ans à peine, et d'éviter toute mesure qui risquerait de faire dérailler le processus de paix. Le Soudan du Sud demande au contraire au Conseil de lui prodiguer une assistance technique dans le domaine des droits de l'homme.

M. BARD GLAD PEDERSEN, Secrétaire d'État au Ministère des affaires étrangères de la Norvège, a souligné que face à la violence et l'extrémisme, la communauté internationale devait défendre les valeurs qui lui sont chères et que les extrémistes cherchent à détruire: la diversité, l'ouverture et la participation. Il faut défendre les droits fondamentaux que sont la liberté d'expression et à la liberté de religion. Les minorités doivent être protégées et les discriminations combattues, qu'elles soient basées sur le genre, la race, la religion, l'orientation sexuelle ou sur tout autre motif. Il faut aussi accroître la connaissance de l'universalité des droits de l'homme. La Norvège estime nécessaire dans le même temps de s'opposer à toute tentative d'invoquer les prétendues valeurs traditionnelles ou religieuses pour justifier la discrimination. Les efforts doivent être accrus pour concrétiser les droits économiques et sociaux, les droits à l'éducation et à la santé en tout premier lieu.

Pour le Secrétaire d'État, la liberté d'expression est la fondation sur laquelle repose tous les autres droits et libertés démocratiques. Il a noté que les récents événements de Paris et de Copenhague rappellent qu'il est nécessaire de se défendre ces libertés. Cela nécessite de faire face à l'extrémisme et aux préjugés dans le débat public en présentant des contre-arguments réfléchis. M. Pedersen a donné en exemple la récente initiative de jeunes musulmans norvégiens qui ont formé une chaîne humaine symbolique pour protéger une synagogue d'Oslo. M. Pedersen a ensuite mentionné un certain nombre de pays dans lesquels des atteintes aux libertés sont constatées. Il a aussi évoqué le fonctionnement du Conseil des droits de l'homme, jugeant que son efficacité pourrait être renforcée, notamment en ce qui concerne le suivi des recommandations de l'Examen périodique universel.

M. TAKASHI UTO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a assuré que son pays contribuerait à ce que le Conseil et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme se consacrent aux questions essentielles des droits de l'homme. Parmi elles, les actes de terrorisme perpétrés par des groupes comme «l'État islamique», qui ont exécuté des otages japonais. La situation en Syrie et en République populaire démocratique de Corée exigent aussi une attention plus soutenue, a encore plaidé le Vice-Ministre. Alors que la communauté internationale a adressé à la République populaire démocratique de Corée un message, notamment par le biais d'une résolution adoptée au sein du Conseil des droits de l'homme et par un débat au Conseil de sécurité, il est à espérer que ce pays entende ce message, a dit M. Uto, indiquant par ailleurs que son pays présentera une autre résolution sur ce pays. Le Japon attend le soutien de tous sur ce projet de résolution, a encore déclaré le vice-ministre.

M. Uto a également indiqué que le Japon continuera d'apporter son aide aux pays comme Sri Lanka ou encore le Myanmar pour l'amélioration de leur situation. Le Japon, qui s'est engagé à soutenir les femmes dans le monde, notamment par le biais d'une aide publique au développement de 3 milliards de dollars, a déjà versé 1,8 milliard à ses partenaires internationaux, a fait valoir le vice-ministre. Compte tenu du contexte international et alors que l'ONU va célébrer ses 70 ans, il est essentiel que l'organisation revienne à ses trois piliers de base que sont les droits de l'homme, la paix et la sécurité. Il est donc à espérer que l'organisation agisse conformément à son mandat, a conclu M. Uto.

M. CARLOS RAMIRO MARTÍNEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a salué la vision exprimée ce matin par le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, en particulier l'engagement que les États doivent prendre d'appuyer les mécanismes qu'ils ont créés dans le cadre du Conseil des droits de l'homme. M. Martínez a observé que le Conseil devait prendre des mesures préventives ayant pour objectif la promotion et la protection des droits de l'homme et la solution pacifique des conflits. Quant au Guatemala, son action dans ce domaine suit trois grands axes: la paix, la lutte contre la dénutrition et la promotion de la compétitivité. Le Gouvernement a ainsi pris des mesures législatives pour garantir le droit à la vie et prévenir la violence. Il a renforcé les institutions de sécurité et de justice, à travers notamment l'épuration et la professionnalisation des forces de police. Les autorités ont adopté un modèle politique de développement des compétences nécessaires aux fonctions de protection et de garantie de l'exercice des droits et libertés fondamentaux.

Les peuples autochtones ne sont pas oubliés par l'action du Gouvernement guatémaltèque. M. Martínez a ainsi fait savoir que le gouvernement actuel avait pris des mesures de réparation à l'intention des populations affectées par la construction de la centrale hydroélectrique de Chixoy en 1983. En novembre 2014, le gouvernement a adopté une politique publique de réparation dotée d'un montant global d'environ 154 millions de dollars. D'autres mesures, accompagnées d'indicateurs chiffrés, ont été prises pour assurer la sécurité alimentaire des populations défavorisées. Le vice-ministre a également informé le Conseil des droits de l'homme des démarches de son gouvernement en matière de coopération avec les mécanismes internationaux de droits de l'homme, notamment la prorogation pour trois ans du mandat du bureau du Haut-Commissariat au Guatemala. Le vice-ministre a enfin demandé aux États membres de soutenir la candidature de son pays au Conseil pour la période 2017-2019.

MME JOYCE ANELAY, Ministre d'État au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a noté que les douze derniers mois avaient rappelé au monde l'étendue des défis auxquels il était confronté. La communauté internationale se doit de combattre les violations et les abus où qu'ils surviennent, a-t-elle dit, après avoir mentionné les idéologies extrémistes violentes, l'annexion illégale de la Crimée par la Russie et la déstabilisation de l'Ukraine. L'expérience de l'ONU montre que lorsque la communauté internationale est unie elle peut faire avancer les choses. Mme Anelay a ainsi souligné qu'en adoptant la résolution 1325 sur les femmes et la paix, la communauté internationale avait montré sa volonté de combattre la violence contre les femmes. Elle peut ainsi agir contre le crime brutal que constitue l'esclavage moderne, un phénomène qui ne connaît pas de frontières. Il s'agit d'un crime caché- la majorité des victimes, estimées à 21 millions de personnes souffrant en silence - qui générerait un «chiffre d'affaires» de 150 millions de dollars par an. Elle a souligné que son pays prenait ce fléau à bras-le-corps sur son territoire avec l'adoption d'un texte de loi spécifique. Si le Royaume-Uni est déterminé à y mettre un terme, ce crime ne peut être réglé par un seul pays et il appelle le monde à se joindre à lui dans ce combat.

Par ailleurs, Mme Anelay a mentionné la situation régnant dans plusieurs pays, s'attardant plus particulièrement sur les cas syrien et libyen. Elle a souligné en particulier que le monde devait montrer au peuple syrien qu'on ne l'oubliait pas. Pour ce faire, le mandat de la Commission d'enquête doit être prorogé.

M. ALEXANDROS N. ZENON, Vice-Ministre des affaires étrangères de Chypre a déclaré que le Conseil était victime de son propre succès, face au nombre croissant des questions dont il se saisit, des mandats créés, des résolutions adoptées et des questions ajoutées à un ordre du jour déjà à l'étroit. La question est donc de savoir comment améliorer ses méthodes de travail et accroître son efficacité, alors que son budget reste, au mieux, stagnant. Dans ce contexte, Chypre soutient la volonté du Président d'explorer des solutions et attend le fruit de ses consultations, a dit le vice-ministre.

Alors que Chypre va présenter son rapport annuel sur les droits de l'homme, le vice-ministre a indiqué que l'occupation militaire partielle de l'île par la Turquie continue de miner la pleine jouissance de ces droits. La priorité du Gouvernement chypriote est donc de créer un climat de discussion dans lequel personne ne serait forcé à négocier sous la menace, dans le but de résoudre cette crise, a assuré M. Zenon. Chypre est par ailleurs très préoccupée par la situation en Syrie. Il est donc primordial que toutes les parties en conflit discutent et garantissent un accès humanitaire aux populations civiles. La lutte contre Daech n'est pas possible si l'on ne résout pas la crise syrienne, a encore déclaré M. Zenon. Évoquant la situation ukrainienne, qui préoccupe également son pays, il a appelé les parties à se garder de toute action de nature à violer l'accord de Minsk et à envenimer la situation. M. Zenon a aussi estimé que la lutte contre le terrorisme ne saurait justifier la limitation des droits des citoyens. Il a également appelé à la protection des populations chrétiennes en Syrie et en Iraq victime de la barbarie de Daech.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, a rappelé d'emblée que le rapport présenté ce matin au Conseil de sécurité par le Secrétaire général adjoint aux droits de l'homme, M. Ivan Šimonoviæ, excluait que l'agression dont est actuellement victime l'Ukraine puisse être motivée par des raisons liées à la situation interne des droits de l'homme. Au contraire, a rappelé le Vice-Ministre, le rapport fait clairement état d'un flux ininterrompu d'armes lourdes et de combattants étrangers de la Fédération de Russie vers les régions de Donetsk et de Louhansk contrôlées par des groupes armés illégaux. Malheureusement, le rapport ne dit pas les raisons profondes de la détérioration de la situation des droits de l'homme dans les régions de l'Ukraine touchées par l'agression militaire et l'occupation étrangère, a regretté M. Kyslytsya. Le Vice-Ministre ukrainien a insisté sur les répercussions terribles pour les droits de l'homme de l'agression russe, alors même que les accords de Minsk, adoptés successivement en septembre 2014 et février dernier, avaient laissé espérer une amélioration de la situation humanitaire et des droits de l'homme dans les régions affectées.

Le bilan humain de l'agression russe contre l'Ukraine se monte ainsi à 6000 morts, 500 000 blessés et plus d'un million de personnes déplacées à l'intérieur du pays, a déclaré le vice-ministre. Les femmes et les enfants sont les plus affectés par l'intervention étrangère et les actes de violence des groupes armés illégaux. D'autre part, plus de 10 000 Tatars de Crimée ont été forcés de partir pour l'Ukraine, une violation de leurs droits sans précédent depuis leur déportation par Staline, a dénoncé M. Kyslytsya. Le bombardement de la ville de Marioupol, l'offensive contre Debaltseve sont d'ores et déjà des symboles des violations graves des principes du droit international humanitaire et des droits de l'homme, a-t-il ajouté. Le vice-ministre ukrainien a remercié en outre les nombreux États et organisations internationales qui ont appelé à la libération de Mme Nadiya Savchenko, militaire ukrainienne enlevée près de Louhansk par des terroristes pro-russes et détenue illégalement dans la Fédération de Russie. L'Ukraine déposera, pendant la présente session, un projet de résolution au titre de la coopération technique avec le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, a fait savoir le vice-ministre.

M. HASSAN AL-SAGHIR, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Libye, a déclaré que son pays souffrait des séquelles de l'ancien régime et qu'il ne pouvait faire face seul à la situation. Il a condamné plusieurs actes terroristes récents, dont l'assassinat de 21 ressortissants égyptiens. La crise politique a exacerbé la situation sécuritaire dans le pays, a-t-il reconnu. Il a dénoncé l'usage d'armes lourdes, de la torture, d'exécutions arbitraires par les diverses parties en présence dans le pays, soulignant qu'aucune de ces exactions ne sauraient être justifiée.

La communauté internationale, qui a appuyé le processus de transition, doit apporter son soutien au peuple libyen et ce, de manière unie et coordonnée, a plaidé le vice-ministre. Grâce à ce soutien, les Libyens seront en mesure de poursuivre le processus de transition, a déclaré M. Al-Saghir, qui a cité divers textes en cours d'élaboration, notamment en matière de justice transitionnelle. La communauté internationale, au premier rang desquelles la Ligue des États arabes et l'Union africaine, a un rôle clé à jouer dans le renforcement des capacités de la Libye, a-t-il conclu.

M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix Rouge, a déclaré que la réalité des conflits d'aujourd'hui est un catalogue des inhumanités. Rarement un jour ne passe sans son lot de preuves d'intimidation, de brutalités, de violences sexuelles, de torture, de meurtre, alimentant ainsi les violations du droit international humanitaire. L'évolution des conflits armés s'accompagne de leur croissance et de leur extension à des zones de plus en plus vastes. La conséquence est aussi un nombre croissant de victimes, de destructions et d'utilisations d'armes inhumaines, a encore observé M. Maurer. Pour lui, la réalité sur le terrain ne reflète pas les progrès normatifs de ces 60 dernières années, qui ont vu l'adoption de conventions dans le domaine du droit international humanitaire et des droits de l'homme. Peut-être faut-il aller plus loin dans l'engagement politique et le consensus social, s'est demandé le Président du CICR, refusant de s'associer à ceux qui pensent que le droit est inadapté ou inutile.

«L'humanité veut que toutes les personnes blessées et malades doivent avoir accès aux soins de santé, sans aucune distinction. L'humanité impose des limites à l'emploi excessif de la force et rend donc inacceptable l'utilisation d'armes qui empêche de faire la distinction entre les civils et les combattants, ainsi que d'armes dont les effets sont contraires à la conscience publique. L'humanité, c'est la garantie d'un traitement qui respecte la dignité humaine en toutes circonstances, celles des ennemis capturés en particulier et des détenus en général», a rappelé M. Maurer. Pour lui, traduire cette humanité en action est un engagement politique. Il faut aller au-delà et modifier les lois, en y intégrant des normes dans les cadres opérationnels, a plaidé le président du CICR.

Droit de réponse

La République arabe syrienne, répondant à déclaration faite aujourd'hui par le Secrétaire d'État des États-Unis, a regretté la partialité dont son pays est la victime dans les mécanismes de droits de l'homme. Les États-Unis critiquent la Syrie tout en appelant le Conseil à couvrir les crimes commis par Israël, a constaté la Syrie. Pendant la présente session, la Syrie répondra aux allégations proférées à son encontre. La Syrie estime que les responsables de la tragédie que vit le peuple syrien sont ceux qui soutiennent les terroristes.

La République populaire démocratique de Corée a rejeté les allégations faites contre elle par plusieurs pays aujourd'hui, qu'elle a appelés «à balayer devant leur propre porte». Elle constate que les États-Unis en sont réduits, pour tenter de la décrédibiliser, à invoquer des témoignages fabriqués concernant de prétendues violations des droits de l'homme. La délégation a dénoncé les violations des droits de l'homme systématiques commises par les États-Unis et appelé le Japon à se repentir des crimes qu'il a commis par le passé contre le peuple coréen.

L'Arabie saoudite a dit ne pas accepter d'ingérence dans ses affaires intérieures, en particulier les attaques, au nom des droits de l'homme, contre son système judiciaire basé sur les principes de la charia. L'Arabie saoudite ne permettra pas que lui fassent la leçon des pays qui laissent se perpétrer les crimes contre le peuple palestinien. Répondant à la Syrie, l'Arabie saoudite a assuré que les responsables de la mort de plus de 200 000 Syriens «sont bien connus».

L'Éthiopie a déploré que la secrétaire d'État de la Norvège ait affirmé que son gouvernement restreigne les droits de la société civile. Elle rejette ces allégations et espère que la Norvège reverra sa position à ce sujet.

Le Japon a souligné que ses informations reposaient sur le constat de la Commission d'enquête et invité le Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée à en tenir compte.

La République arabe syrienne a souligné que la puissance financière de l'Arabie saoudite ne devrait pas lui faire oublier la situation des droits de l'homme sur son propre territoire. Elle a notamment souligné que les femmes syriennes ne sont pas interdites de conduire une voiture. La délégation syrienne a estimé que l'organisation de l'État islamique s'appuie sur une mauvaise interprétation de la religion promue par l'Arabie saoudite.

La République populaire démocratique de Corée a dénoncé les allégations mensongères du Japon, estimant que ce pays n'avait aucune légitimité pour parler des droits de l'homme si l'on considère les exactions qu'il a commises dans le passé contre le peuple coréen. Elle l'a appelé à mettre un terme à sa politique anachronique à son encontre et à cesser de présenter des résolutions contre elle. Le Japon devrait plutôt présenter des résolutions reconnaissant ses propres crimes.

L'Arabie saoudite s'est inscrite en faux face aux allégations de la Syrie, qui l'a accusée de financer le terrorisme. C'est le contraire qui est vrai, le régime syrien ayant employé des armes de destruction massive contre son propre peuple. L'organisation «État islamique» n'aurait pu voir le jour sans les facilités que lui a données le régime criminel syrien.

Le Japon a regretté que la République populaire démocratique de Corée ne réponde pas aux exigences de la communauté internationale au lieu d'exercer son droit de réponse. Mais s'agissant du passé et 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon travaille à la paix et à la sécurité et aux droits de l'homme dans le monde. Le peuple japonais est fier de son action dans ce domaine.

La Fédération de Russie a estimé que la situation en Ukraine est aussi un sujet de préoccupation pour elle. Mais il est à espérer que les graves crimes commis à Maïdan, Marioupol, Odessa et dans d'autres endroits de l'Ukraine contre des manifestants pacifiques feront l'objet d'enquêtes sincères. Il est aussi à espérer que la partie ukrainienne applique ses engagements dans le cadre de l'accord de Minsk.


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HRC15/011f