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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA MONGOLIE ET DE L’IRAQ

Compte rendu de séance
Le Vice-Ministre aux affaires multilatérales de la Colombie s'adresse également à la Conférence

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les déclarations des Ministres des affaires étrangères de la Mongolie et de l'Iraq, ainsi que le Vice-Ministre aux affaires multilatérales de la Colombie. L'Ukraine et la Fédération de Russie sont également intervenues au sujet de la crise actuelle dans l'Est de l'Ukraine.

Le Ministre mongol des affaires étrangères, M. Lundeg Purevsuren, a indiqué que son pays soutenait les initiatives et développements en matière de non-prolifération et de désarmement, y compris les conférences sur l'impact humanitaire des armes nucléaires. Attirant l'attention sur les efforts déployés par la Mongolie afin de promouvoir la non-prolifération des armes de destruction massive, M. Purevsuren a notamment souligné qu'au niveau national, le pays avait pris des mesures pour mettre en place un mécanisme interne de contrôle et a adopté une série de lois qui interdisent à tout acteur non étatique de fabriquer, développer, transporter, transférer ou utiliser des armes nucléaires, chimiques ou biologiques et leurs vecteurs, en particulier à des fins terroristes. Le ministre a par ailleurs plaidé en faveur du renforcement des zones exemptes d'armes nucléaires existantes et de l'établissement de nouvelles zones de ce type, en particulier au Moyen-Orient et en Asie du Nord-Est.

Le Ministre iraquien des affaires étrangères, M. Ibrahim Al-Jaafari, a lancé un appel à la communauté internationale afin de promouvoir l'instauration d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient et que se tienne la conférence qui avait été prévue en 2012 à cette fin. Il a exprimé l'espoir que la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de cette année aboutisse à un document de référence contraignant pour la création d'une telle zone au Moyen-Orient. L'Iraq s'efforcera d'être un ilot de stabilité aux niveaux régional et international, a par ailleurs indiqué M. Al-Jaafari, avant de réitérer l'engagement de son pays en faveur de tous les traités en matière de non-prolifération et de désarmement. Le Ministre iraquien a en outre rappelé le droit inaliénable de tous les pays à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et a salué les négociations en cours entre les «P5+1» et l'Iran.

Le Vice-Ministre colombien aux affaires multilatérales, M. Francisco Echeverri Lara, a insisté sur l'urgence qu'il y a d'avancer vers la négociation d'un traité multilatéral interdisant complètement les armes nucléaires. Il a indiqué que la Colombie soutenait les efforts des États non dotés d'arme nucléaire qui ont compris le rôle et la responsabilité qui leur incombent dans la divulgation des conséquences humanitaires néfastes des armes nucléaires. M. Echeverri Lara a insisté sur la nécessité pour la Conférence d'examen du TNP qui s'ouvrira dans moins de deux mois à New York de parvenir à des résultats substantiels dans l'application des obligations qui sont les siennes, en particulier celles contenues dans l'Article VI du Traité. Dans le contexte des sérieuses aspirations de la Colombie d'avancer vers la fin du conflit et la consolidation de la paix, les questions relatives au désarmement conventionnel et aux armes légères et de petit calibre acquièrent une importance fondamentale, a-t-il en outre souligné.


La prochaine séance plénière de la Conférence aura lieu lundi prochain, 9 mars, à 15h30. Le Ministre des affaires étrangères de la Finlande s'adressera à la Conférence, qui tiendra ensuite un débat consacré à la prévention d'une course aux armements dans l'espace.


Aperçu des déclarations

M. LUNDEG PUREVSUREN, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a souligné qu'il est urgent pour la Conférence de se remettre au travail. Aussi, alors que son pays préside actuellement les travaux, a-t-il exprimé l'espoir que les projets de proposition concernant le rétablissement du Groupe de travail informel sur le programme de travail, le calendrier d'activités pour la session de 2015 de la Conférence et l'établissement d'un groupe de travail informel sur les méthodes de travail pourraient contribuer aux travaux de la Conférence. En tant que membre de la communauté internationale et en tant qu'État partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la Mongolie est fermement engagée en faveur de la non-prolifération et du désarmement complet des armes nucléaires, a-t-il indiqué. La Mongolie soutient les initiatives et développements en matière de non-prolifération et de désarmement, y compris les conférences sur l'impact humanitaire des armes nucléaires, a-t-il insisté, estimant que tous ces efforts permettront d'aboutir à de vigoureux progrès, y compris pour ce qui est de l'application du Plan d'action issu de la Conférence d'examen du TNP de 2010 – application qui est nécessaire pour préserver la pertinence, la crédibilité et l'effectivité de ce Traité. La Mongolie se joint aux appels lancés par les États parties en faveur de l'universalité du TNP, a ajouté le Ministre mongol des affaires étrangères. Elle se joint également aux appels lancés afin que les États visés à l'Annexe II du traité d'interdiction complète des essais nucléaires qui ne l'ont pas encore fait ratifient rapidement ce traité, de manière à ce qu'il puisse entrer en vigueur, a-t-il précisé.

Attirant l'attention sur les efforts déployés par la Mongolie afin de promouvoir la non-prolifération des armes de destruction massive, M. Purevsuren a notamment souligné qu'au niveau national, le pays a pris des mesures pour mettre en place un mécanisme interne de contrôle qui soit pertinent et a adopté une série de lois qui interdisent à tout acteur non étatique de fabriquer, développer, transporter, transférer ou utiliser des armes nucléaires, chimiques ou biologiques et leurs vecteurs, en particulier à des fins terroristes. Le Ministre mongol des affaires étrangères a par ailleurs plaidé en faveur du renforcement des zones exemptes d'armes nucléaires existantes et de l'établissement de nouvelles zones de ce type, en particulier au Moyen-Orient et en Asie du Nord-Est. Pour ce qui est de la Conférence, M. Purevsuren a exprimé l'espoir que tous les membres de cette instance feraient preuve de la volonté politique nécessaire afin d'assurer le commencement des travaux de fond de cette instance. La Mongolie estime aussi qu'étant donné la situation présente, des approches novatrices doivent être explorées pour rendre possible la reprise de négociations de désarmement significatives.

M. IBRAHIM AL-JAAFARI, Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, a indiqué que la Conférence du désarmement reflète les préoccupations du Gouvernement iraquien en matière de désarmement et de multilatéralisme. L'Iraq s'efforcera d'être un ilot de stabilité aux niveaux régional et international, a-t-il indiqué, avant de réitérer l'engagement de son pays en faveur de tous les traités en matière de non-prolifération et de désarmement. Les menaces à la non-prolifération deviennent un obstacle au développement humain, a-t-il souligné, avant de plaider pour l'adoption à la Conférence du désarmement d'un programme de travail équilibré et inclusif, reflétant les intérêts de sécurité de tous les pays, conformément au Règlement intérieur de cette instance. M. Al-Jaafari a exprimé l'espoir que la prochaine Conférence d'examen du TNP, qui s'ouvrira à New York dans moins de deux mois, aboutira à une entente commune sur toutes les questions.

L'Iraq est convaincu que la course aux armements ne mène pas à la paix et à la sécurité mais à davantage de tensions, a poursuivi le Ministre iraquien des affaires étrangères. L'Iraq s'est engagé é mettre en œuvre toutes les dispositions des instruments internationaux auxquels le pays est partie, y compris le TNP et les conventions sur les armes chimiques, entre autres. Le désarmement nucléaire devrait, de l'avis de l'Iraq, rester une priorité de l'ordre du jour de la Conférence, a poursuivi M. Al-Jaafari, avant de rappeler l'Avis consultatif de la Cour internationale de justice de 1996 indiquant que l'utilisation de l'arme nucléaire va à l'encontre du droit international relatif aux conflits armés et du droit humanitaire international. La destruction complète et irréversible des armes nucléaires est un impératif pour préserver l'humanité, a insisté M. Al-Jaafari, avant de rappeler le droit inaliénable de tous les pays à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et de saluer les négociations en cours entre les «P5+1» et l'Iran. L'Iraq est satisfait de constater la relance des discussions internationale sur les conséquences humanitaires de l'utilisation d'armes nucléaires, a en outre indiqué le Ministre iraquien des affaires étrangères. Il a par ailleurs plaidé en faveur d'un instrument juridiquement contraignant permettant d'apporter aux États non dotés d'armes nucléaires des garanties négatives de sécurité; il s'agit là d'une revendication légitime de ces États, mais cela ne doit pas constituer une alternative à l'objectif final qui reste le désarmement nucléaire, a souligné M. Al-Jaafari. Il a enfin lancé un appel à la communauté internationale afin qu'elle promeuve l'instauration d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient et que se tienne la conférence qui avait été prévue en 2012 à cette fin. Le Ministre iraquien a exprimé l'espoir que la Conférence d'examen du TNP de cette année aboutisse à un document de référence contraignant pour la création d'une telle zone au Moyen-Orient.

M. FRANCISCO ECHEVERRI LARA, Vice-Ministre aux affaires multilatérales de la Colombie, a insisté sur l'urgence qu'il y a d'avancer vers la négociation d'un traité multilatéral interdisant complètement les armes nucléaires. Il a indiqué que la Colombie soutenait les efforts des États non dotés d'arme nucléaire qui ont compris le rôle et la responsabilité qui leur incombent dans la divulgation des conséquences humanitaires néfastes des armes nucléaires. La Colombie a participé aux conférences d'Oslo, de Nayarit et de Vienne sur cette question, a précisé le Vice-Ministre. Rappelant que son pays est partie au Traité de Tlatelolco portant interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, M. Echeverri Lara a souligné que dans le cadre du deuxième Sommet de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes, les pays de la région se sont fixés comme priorité la promotion du désarmement nucléaire, en déclarant l'Amérique latine et les Caraïbes «Zone de paix», exempte d'armes de destruction massive.

La Colombie est également partie au TNP et, en tant qu'État partie à ce Traité, insiste sur la nécessité de parvenir à son universalisation, a poursuivi M. Echeverri Lara. Il a en outre insisté sur la nécessité pour la Conférence d'examen du TNP qui s'ouvrira dans moins de deux mois à New York de parvenir à des résultats substantiels dans l'application des obligations qui sont les siennes, en particulier celles contenues dans l'Article VI du Traité. La Colombie maintient une préoccupation permanente quant à la possible prolifération d'armes de destruction massive et leur transfert vers des acteurs armés non étatiques, a ajouté le Vice-Ministre. Aussi, la Colombie plaide-t-elle pour le plein respect des obligations découlant de la Résolution 1540 du Conseil de sécurité, a-t-il indiqué. Dans le contexte des sérieuses aspirations de la Colombie d'avancer vers la fin du conflit et la consolidation de la paix, les questions relatives au désarmement conventionnel et aux armes légères et de petit calibre acquièrent une importance fondamentale, a souligné M. Echeverri Lara, rappelant que ce sont les armes conventionnelles qui, dans un pays comme le sien, causent le plus grand nombre de victimes. Nous reconnaissons les vertus des processus de négociation d'instruments de désarmement qui ont pu avoir lieu en dehors de la Conférence, mais aussi leurs limites, a par ailleurs déclaré le Vice-Ministre colombien, indiquant que son pays continuerait de participer à des scenarii qui permettent d'avancer de manière constructive et concrète vers des fins communes.

Autres déclarations

L'Ukraine a remercié l'Allemagne, la Géorgie et la Lettonie pour la solidarité que ces pays ont exprimée avec l'Ukraine et pour leur soutien aux efforts que cette dernière déploie pour assurer le respect de son intégrité territoriale. L'Ukraine a rejeté totalement les déclarations faites cette semaine par la Fédération de Russie. S'agissant du Mémorandum de Budapest, si la Fédération de Russie n'a certes pas utilisé d'arme nucléaire, elle n'en a pas moins agi avec perfidie en ne respectant pas cet accord et d'autres accords internationaux, a affirmé la délégation ukrainienne. En ce qui concerne le statut de la Crimée, l'Ukraine souligne qu'il n'y a pas eu de référendum libre mais seulement un simulacre qui s'est déroulé sous la menace des armes d'hommes en uniforme qui ont été identifiés comme des soldats russes, de sorte que tout cela a donné lieu à une situation qui n'a pas été reconnue par la communauté internationale, laquelle soutient l'intégrité territoriale et l'unité de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières universellement reconnues. Les dernières déclarations de la Fédération de Russie concernant l'éventuel déploiement d'armes nucléaires sur le territoire de la Crimée occupée sont tout à fait irresponsables, a ajouté la délégation ukrainienne.

Il existe des preuves émanant de sources fiables - notamment de l'OTAN, de l'OSCE et d'organisations non gouvernementales réputées parmi lesquelles Amnesty International - concernant l'implication de la Fédération de Russie dans la partie orientale de l'Ukraine, a poursuivi la délégation ukrainienne. Dans ce contexte, si la Fédération de Russie n'est pas partie au conflit dans cette partie orientale de l'Ukraine, alors qui y est partie, a-t-elle demandé? Les forces armées de l'Ukraine et ont l'interdiction totale de recourir à des tirs de mortiers ou d'artillerie dans les zones peuplées de civils, a par ailleurs souligné la délégation, avant de demander à la Fédération de Russie de respecter les Accords de Minsk qu'elle a signés le mois dernier.

La Fédération de Russie a déploré les tentatives de politiser les débats de la Conférence – tentatives qui détournent cette instance de son travail essentiel. Le Mémorandum de Budapest ne comporte pas une obligation de reconnaître un coup d'État anticonstitutionnel et ses conséquences, a souligné la délégation russe. L'Accord de Minsk, qui contient un certain nombre de dispositions relatives à des questions économiques, doit être appliqué, a-t-elle poursuivi, soulignant que suite aux coupures de gaz opérées par les autorités ukrainiennes dans cette région, la partie russe s'est retrouvée obligée d'approvisionner en gaz la population de Donietsk et de Luhansk. Pour ce qui est de l'utilisation de sous-munitions, la délégation russe a renvoyé aux rapports de Human Rights Watch et aux nombreuses preuves documentées existantes.

L'Ukraine a déploré que puisse être mise en doute la légitimité du Gouvernement de l'Ukraine. La délégation ukrainienne a en effet rappelé que ce sont des élections libres et démocratiques qui se sont déroulées dans ce pays l'an dernier.

La Fédération de Russie a indiqué qu'elle n'envoyait pas seulement du gaz mais aussi une aide humanitaire dans la région du Donbass, afin que les gens puissent également manger. L'Ukraine, elle, n'approvisionne en rien ces régions, a insisté la délégation russe. Ce qui s'est passé à Kiev l'an dernier ne peut pas être qualifié de procédure démocratique, a-t-elle déclaré, ajoutant que surtout vers la fin, on a pu assister à l'image peu reluisante de confrontations sanglantes. Dans les faits, on est maintenant en présence d'une crise très complexe où interviennent divers acteurs et où tout le monde essaie de trouver une solution pour parvenir à la paix. Il faut que ces efforts ne demeurent pas des paroles et se traduisent en actes, a conclu la délégation russe.

L'Ukraine a affirmé que ce qui s'est passé en février 2014, c'est «la révolution de la dignité». Ce que la Fédération de Russie présente comme une aide humanitaire arrivée en Ukraine est en fait un convoi envoyé en Ukraine en violation du droit international; seule la Fédération de Russie sait ce qu'il y a à l'intérieur de ces convois humanitaires, car ni le CICR ni les autorités ukrainiennes n'ont pu vérifier ce qui se trouve à l'intérieur, a souligné la délégation ukrainienne.

La Fédération de Russie a déclaré que chaque fois qu'elle envoie un convoi, la Fédération de Russie informe la partie ukrainienne de cet envoi. Sur les points de passage, il y a toujours les douaniers et contrôleurs des frontières de l'Ukraine; or, parfois, ils se détournent volontairement comme s'ils ne voulaient pas effectuer un contrôle, a affirmé la délégation russe. Actuellement, tout se décide sur le terrain, là où les armes lourdes devront être retirées à des distances prévues par l'Accord de Minsk, a-t-elle souligné.


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DC15/019F