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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: INTERVENTIONS DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L'IRLANDE ET DE HAUTS DIGNITAIRES DE L'ITALIE ET DU CHILI

Compte rendu de séance
Le Ministre irlandais s'inquiète du fossé qui ne cesse de se creuser entre les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires

La Conférence du désarmement a entendu, cet après-midi, le Ministre des affaires étrangères de l'Irlande, M. Charles Flanagan, ainsi que le Sous-Secrétaire d'État aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l'Italie, M. Benedetto Della Vedova, et le Vice-Ministre des relations extérieures du Chili, M. Edgardo Riveros Marín.

Pourquoi les citoyens ordinaires, dont les gouvernements ont l'obligation d'assurer la sécurité, ne seraient-ils pas informés en toute transparence des risques, afin qu'ils puissent prendre une décision en toute connaissance de cause concernant la question de savoir si les horreurs sans égales d'un holocauste nucléaire peuvent justifier ou rendre logique le maintien d'armes nucléaires, a demandé le Ministre irlandais des affaires étrangères et du commerce. Des voix affirment qu'il en va de notre intérêt que les armes nucléaires soient maintenues et que nous bénéficions de la stabilité qu'elles offrent pour l'ordre mondial, a-t-il relevé. Pourtant, les convulsions et carnages auxquels nous assistons dans tant de régions suggèrent que les armes nucléaires ne nous ont pas protégés des conflits, pas plus qu'elles ne nous ont apporté la stabilité, a-t-il fait observer. C'est pourquoi l'Irlande se réjouit de l'attention qui est de nouveau portée au raisonnement qui a présidé à l'adoption du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) concernant le coût humain d'un accident impliquant l'une quelconque des milliers d'armes nucléaires existantes. M. Flanagan s'est inquiété du fait que le déséquilibre entre les trois piliers du TNP (désarmement, non-prolifération, usage pacifique du nucléaire) ne cesse de se creuser.

Alors qu'approche la Conférence d'examen du TNP, tout nouveau progrès devrait être basé sur une approche considérant les trois piliers du Traité comme se renforçant mutuellement, a ajouté le Sous-Secrétaire d'État italien aux affaires étrangères et à la coopération internationale.

Le Vice-Ministre chilien aux relations extérieures a estimé qu'après seize ans sans engagements multilatéraux au sein de la Conférence, le moment est venu pour elle de s'ouvrir à la société civile. L'initiative multilatérale la plus récente et la plus consistante s'agissant du désarmement nucléaire est celle que l'on a coutume d'appeler «l'approche humanitaire du désarmement nucléaire», a poursuivi M. Riveros, précisant que le Chili appuie fermement ce mouvement car il est conforme à sa politique extérieure fondée sur la sécurité humaine.


Demain matin, à 10 heures, la Conférence entendra des déclarations des Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, de l'Iraq et de la Colombie.


Aperçu des déclarations

M. CHARLES FLANAGAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce de l'Irlande, a relevé que le monde est confronté à des défis difficiles et de taille et que le désarmement nucléaire reste l'une des principales questions morales de notre temps. Il s'est ensuite réjoui que plus de 130 pays ait signé le Traité sur le commerce des armes, entré en vigueur le 24 décembre dernier, et a assuré que l'Irlande entendait œuvrer avec les autres États parties à ce Traité afin d'assurer un régime de mise en œuvre solide et effectif pour cet instrument. La communauté internationale peut tirer un certain réconfort du fait que l'utilisation effroyable d'armes chimiques en Syrie ait suscité une réaction ferme et unie, ainsi que du fait que les efforts conjoints visant à détruire ces armes – auxquels l'Irlande est fière d'avoir pris part – se poursuivent.

Après avoir rappelé que l'Irlande avait été l'initiatrice des résolutions qui, aux Nations Unies, avaient abouti à la négociation d'un traité de non-prolifération nucléaire, M. Flanagan s'est inquiété du fait que ne cesse de se creuser le déséquilibre entre les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Des voix affirment qu'il en va de notre intérêt que les armes nucléaires soient maintenues et que nous bénéficions de la stabilité qu'elles offrent pour l'ordre mondial, a poursuivi le ministre. Pourtant, les convulsions et carnages auxquels nous assistons dans tant de régions suggèrent que les armes nucléaires ne nous ont pas protégés des conflits, pas plus qu'elles ne nous ont apporté la stabilité, a-t-il fait observer, estimant même que la détonation d'une arme nucléaire détruirait complètement l'ordre mondial, peut-être pour des générations. C'est pourquoi l'Irlande se réjouit de l'attention qui est de nouveau portée au raisonnement qui a présidé à l'adoption du TNP concernant le coût humain d'un accident impliquant l'une quelconque des 80 000 armes nucléaires qui existaient alors. S'il faut se réjouir des réductions qui ont eu lieu, il n'en demeure pas moins que 17 000 de ces armes inhumaines subsistent aujourd'hui, a insisté le ministre irlandais, avant de remercier les gouvernements norvégien, mexicain et autrichien pour avoir accueilli les trois conférences internationales sur l'impact humanitaire des armes nucléaires. Pourquoi les citoyens ordinaires, dont les gouvernements ont l'obligation d'assurer la sécurité, ne seraient-ils pas pleinement informés, en toute transparence, des risques, afin qu'ils puissent prendre une décision en toute connaissance de cause concernant la question de savoir si les horreurs sans égales d'un holocauste nucléaire peuvent justifier ou rendre logique le maintien d'armes nucléaires, a demandé M. Flanagan.

Un traité d'interdiction des matières fissiles devrait traiter à la fois des stocks existants et de la production future de ces matières, a poursuivi M. Flanagan. Si la conclusion d'un tel traité serait certes susceptible de mettre un terme au développement quantitatif des armes nucléaires, elle ne mettrait pas nécessairement un terme à leur développement qualitatif, a-t-il toutefois souligné. L'évidence des effets à long terme d'un essai nucléaire rend d'autant plus urgente l'entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a poursuivi le Ministre irlandais. Il a en outre estimé que les discussions sur la manière de parvenir à une pleine application de l'Article VI du TNP et d'assurer le plus efficacement et rapidement possible le désarmement nucléaire devraient commencer dès maintenant. Le ministre irlandais a par ailleurs salué l'initiative du Secrétaire général par intérim de la Conférence de convoquer, pour la fin de ce mois, un forum informel de la société civile. Il s'est en outre demandé pourquoi une majorité des États Membres de l'ONU devraient être exclus de la Conférence.

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Sous-Secrétaire d'État aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l'Italie, a salué la proposition de la présidence de la Conférence de créer un groupe de travail ad hoc sur les méthodes de travail de cette instance. Le blocage de la machine du désarmement n'est plus acceptable, a-t-il déclaré, estimant que la Conférence devait reprendre ses travaux sans plus attendre. Se réjouissant par ailleurs des efforts déployés en vue d'impliquer activement la société civile dans les discussions au sein de cette instance, il a souligné que l'Italie avait apporté son soutien à la proposition du Secrétaire général par intérim de la Conférence visant la convocation, pour le 19 mars prochain, d'un forum informel associant société civile et Conférence.

Les mois à venir seront cruciaux tant pour le désarmement que pour la non-prolifération, a rappelé M. Della Vedova. Alors qu'approche la Conférence d'examen du TNP, il a déclaré que tout nouveau progrès devrait être basé sur une approche considérant les trois piliers de ce Traité comme se renforçant mutuellement. Dans cette perspective, l'Italie réaffirme son plein soutien à l'application du Plan d'action de (la Conférence d'examen de) 2010. M. Della Vedova a par ailleurs rappelé que l'Italie avait apporté une contribution importante à l'élimination des armes chimiques syriennes, mettant à disposition ses installations portuaires pour le transfert des agents chimiques syriens avant leur destruction sur un vaisseau de la marine des États-Unis. D'autre part, l'Italie soutient fermement les efforts diplomatiques en cours des «P5+1» et de l'Iran en vue d'un accord final sur le programme nucléaire iranien, a indiqué M. Della Vedova. Il a en outre assuré que son pays continuerait de soutenir l'action en faveur de la préparation d'une fructueuse conférence sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Tout en indiquant partager les préoccupations, largement répandues, quant aux conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d'arme nucléaire, M. Della Vedova affirmé que mesures progressives vers le désarmement nucléaire représentent une voie réaliste pour atteindre l'objectif du «Zéro Global». Il a par ailleurs souligné que l'Italie était pleinement engagée en faveur de l'entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires. À la fin de ce mois de mars, a-t-il indiqué, l'Italie va accueillir pour deux jours la 19ème édition de la Conférence Edoardo Amaldi consacrée cette année à la coopération internationale en faveur de la sécurité, des garanties et de la non-prolifération nucléaires. L'Italie accueillera également les 7 et 8 mai prochain à Bologne un événement de haut niveau, intitulé «Sommet sur la sécurité nucléaire pour 2016 et au-delà: le rôle des centres de formation et de soutien et des centres d'excellence», organisé par l'Italie en coopération avec l'AIEA et la Commission européenne. Dans le cadre de la Conférence du désarmement, a en outre affirmé M. Della Vedova, les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles reste une priorité. Le Sous-Secrétaire d'État a conclu son intervention en soulignant que son pays était candidat pour un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour 2017-2018.

M. EDGARDO RIVEROS MARIN, Sous-Secrétaire aux relations extérieures du Chili, a estimé qu'après seize ans d'absence d'engagements multilatéraux au sein de cette Conférence, le moment est venu pour cette instance de s'ouvrir à la société civile. Tant que la Conférence ne parviendra pas à reprendre ses travaux de fond, le Chili continuera d'appuyer les efforts de tous ceux qui recherchent des voies alternatives pour débloquer la machine du désarmement, a-t-il indiqué. Le Chili conçoit la sécurité internationale comme un bien public mondial qui doit être fourni à tous les États; aussi, considère-t-il qu'il revient à tous les membres de la communauté internationale de prendre part à la recherche de solutions multidimensionnelles aux grandes menaces mondiales, a poursuivi M. Riveros.

L'initiative multilatérale la plus récente et la plus consistante s'agissant du désarmement nucléaire est celle que l'on a coutume d'appeler «l'approche humanitaire du désarmement nucléaire», a poursuivi le Sous-Secrétaire chilien aux relations extérieures. Le Chili appuie fermement ce mouvement car il est conforme à sa politique extérieure qui, en adhérant au paradigme de la sécurité humaine, situe les individus comme destinataires de l'action multilatérale en faveur de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il indiqué. Dans le contexte international actuel, marqué par une conflictualité accrue et une détérioration préoccupante de la coopération entre les principales puissances nucléaires, sont particulièrement pertinentes la Neuvième Conférence d'examen du TNP et la Troisième Conférence des États parties et signataires aux traités portant création de zones exemptes d'armes nucléaires – qui se tiendront toutes deux cette année, a précisé M. Riveros. Le système multilatéral actuel – participatif et démocratique – requiert une contribution solide de la société civile, a-t-il insisté en conclusion.


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DC15/018F