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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU LIBAN ET DES HAUTS DIGNITAIRES DU MAROC, DU QATAR ET DE LA TURQUIE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, cet après-midi, des déclarations du Ministre des affaires étrangères du Liban, M. Gebran Bassil; de la Ministre déléguée auprès du Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, Mme Mbarka Bouaida; du Vice-Ministre à la coopération internationale du Qatar, Sheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani; et du Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Naci Koru.

Le Ministre libanais et le Vice-Ministre qatarien ont tous deux plaidé pour la nomination d'un coordonnateur spécial sur la question de l'élargissement de la composition de la Conférence. Le Vice-Ministre Turc s'est pour sa part dit convaincu que les défis auxquels est confrontée la Conférence ne sont pas dus à ses procédures, à sa composition ou à sa dynamique interne; il faut étudier avec soin la situation aux niveaux international et régional.

De grands défis attendent la communauté internationale dans le contexte de la prochaine Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui s'ouvrira dans deux mois à New York, a souligné le Ministre libanais des affaires étrangères. Parmi ces défis, figure celui de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, a-t-il précisé. La Ministre déléguée auprès du Ministre des affaires étrangères du Maroc a elle aussi jugé urgent et crucial de tenir la Conférence, sans cesse reportée, sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. Le manque de sécurité et de stabilité politique au Moyen-Orient est avant tout dû au refus d'Israël de se joindre aux efforts visant la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et de rejoindre le TNP, sans parler du refus de ce pays de soumettre ses installations nucléaires au régime de garanties complètes de l'AIEA, a pour sa part affirmé le Vice-Ministre qatarien, qui a lui aussi plaidé pour l'application de la résolution de 1995 sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Le Vice-Ministre turc a quant à lui fait part de la déception de la Turquie que n'ait pu être convoquée une conférence internationale sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, qui aurait été une mesure essentielle d'instauration de la confiance et une stimulation importante pour le processus d'examen du TNP.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra demain, mardi 3 février, à 10h15. La Conférence entendra des hauts dignitaires de la République populaire démocratique de Corée, de l'Allemagne, de l'Autriche, de l'Espagne, du Royaume-Uni, de Cuba et du Japon.


Aperçu des déclarations

M. GEBRAN BASSIL, Ministre des affaires étrangères et des émigrants du Liban, a rappelé que la Conférence est la seule instance multilatérale de négociations dans le domaine du désarmement. Pour les pays comme le Liban, épris de paix et partisans du désarmement, il est déplorable que la Conférence ne parvienne pas à assumer pleinement ses responsabilités, a-t-il ajouté. Il faut espérer que la Conférence parviendra rapidement à adopter un programme de travail et à réexaminer ses procédures, a-t-il déclaré. L'impasse que connaît la Conférence depuis 18 ans se répercute grandement sur sa crédibilité et sur son image internationale, a poursuivi M. Bassil. Le Liban fait partie des pays qui aspirent à l'élargissement du nombre de membres de la Conférence; il n'est pas acceptable que cette enceinte, qui examine l'une des questions les plus importantes pour la sécurité humaine, reste fermée pour la plupart des États du monde, a souligné le Ministre libanais. Aussi, le Liban est-il favorable à la nomination d'un coordonnateur sur cette question de l'élargissement de la Conférence, a-t-il indiqué.

Pendant l'agression israélienne sur le Liban en juillet 2006, Israël a délibérément ciblé les civils avec des armes à sous-munitions, a poursuivi le M. Bassil. Mais le Liban, loin de chercher à se doter à son tour de ce type d'armes, n'en a pas moins œuvré au renforcement du droit humanitaire internationale en accueillant et présidant la deuxième réunion des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions, en 2011. Le Liban est sur le point d'adhérer à la Convention sur certaines armes classiques, a indiqué M. Bassil. De grands défis nous attendent dans le contexte de la prochaine Conférence d'examen du TNP, a poursuivi le Ministre libanais des affaires étrangères, citant notamment celui de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. M. Bassil a dénoncé l'obstination d'Israël qui continue de refuser de soumettre ses installations nucléaires aux garanties de l'AIEA, ce qui préoccupe grandement les pays de la région. M. Bassil a ensuite souligné que son pays plaidait pour une application pleine et entière de l'article VI du TNP. Les crises actuelles qui secouent le monde exigent, pour être surmontées, des solutions qui ne seront peut-être pas traditionnelles mais aussi des efforts conjoints et une synergie globale. Le plus préoccupant reste le terrorisme, qui bat son plein, notamment au Moyen-Orient, a souligné M. Bassil. Le terrorisme est capable de s'adapter à chaque crise pour pouvoir s'en nourrir et se développer, a souligné le Ministre libanais des affaires étrangères.

MME MBARKA BOUAIDA, Ministre déléguée auprès du Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Royaume du Maroc, a souligné qu'au moment où la paix et la sécurité internationales traversent des moments de fortes turbulences, où le phénomène terroriste a pris des proportions inédites, le renforcement de la coopération internationale est n'est plus seulement un vœu mais une exigence des plus pressantes. Seule une action coopérative, coordonnée et concertée de la communauté internationale est à même de formuler des réponses adéquates à ce défi universel, a-t-elle ajouté. Il ne saurait y avoir de sécurité sans contrôle de l'armement et ce contrôle n'a qu'un seul nom, le désarmement, a-t-elle déclaré, avant de regretter la situation de blocage et d'inertie dans laquelle s'est enlisée la Conférence. Pour transcender les blocages actuels, a poursuivi Mme Bouaida, il nous faut faire preuve d'imagination et adopter des approches dynamiques et novatrices. L'Initiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire et le Sommet sur la sécurité nucléaire sont des exemples édifiants qui pourraient nous inspirer dans notre entreprise, a estimé la Ministre déléguée, avant d'attirer l'attention sur la réunion du groupe de travail d'évaluation et de mise en œuvre de l'Initiative globale qu'a accueillie le Maroc le mois dernier.

À la veille de la Conférence d'examen du TNP de 2015, le Maroc réitère avec force l'importance de l'adhésion au TNP et la conclusion d'accords de garanties généralisées avec l'AIEA par tous les États, a poursuivi Mme Bouaida. Elle a par ailleurs jugé urgent et crucial de tenir la Conférence sans cesse reportée sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. Elle a en outre plaidé pour une entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, appelant les États mentionnés à l'annexe II dudit traité à ratifier cet instrument. Depuis 2011, a d'autre part rappelé Mme Bouaida, le Maroc abrite un centre d'excellence NRBC dont l'objectif est de renforcer les capacités des pays africains riverains de la façade atlantique en matière de réponse et d'atténuation des risques posés par les agents nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques. Le Maroc considère néanmoins que l'on ne saurait hypothéquer le droit au développement et à l'usage pacifique de l'énergie nucléaire à des fins de développement économique et social. Enfin, le Maroc considère que la coopération régionale et sous-régionale est la seule voie à même de permettre de lutter efficacement contre le commerce illicite des armes légères. C'est dans ce sens que le Maroc a abrité la deuxième conférence ministérielle régionale sur la sécurité des frontières, a indiqué Mme Bouaida, avant d'ajouter que le Royaume insiste sur la mise en œuvre juste et transparente des dispositions du Traité sur le commerce des armes dans le respect absolu du droit légitime des États à se procurer les moyens de défendre leur unité et leur intégrité territoriale.

SHEIKH MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, Vice-Ministre pour les affaires de coopération internationale du Qatar, a rappelé que son pays avait signé et ratifié de nombreux instruments majeurs dans le domaine du désarmement, parmi lesquels le TNP, la Convention sur les armes chimiques ou encore le traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Le pays a également signé l'accord sur les garanties de l'AIEA. D'autre part, le Qatar a accueilli de nombreux séminaires et conférences sur les questions de désarmement, dont le récent séminaire tenu à Doha, le mois dernier, sur la Convention sur les armes chimiques et la sécurité chimique pour les États membres de l'OIAC dans la région asiatique, a fait valoir M. Al-Thani. Il a ensuite appelé les membres de la Conférence à ne ménager aucun effort et à faire preuve de véritable volonté politique et de souplesse afin de surmonter leurs différences et de parvenir, pour cette instance, à un programme de travail équilibré et complet qui tienne compte des préoccupations de sécurité de tous les États et soit conforme au Règlement intérieur de la Conférence.

Évoquant le Forum informel de la société civile qui se tiendra le 19 mars prochain, M. Al-Thani a insisté sur l'importance de la société civile pour renforcer la sensibilisation et l'éducation quant aux graves risques associés aux armes nucléaires. Le Qatar estime par ailleurs que le moment est venu pour la Conférence de réexaminer l'élargissement de sa composition afin qu'elle soit davantage représentative et démocratique. À cet égard, le Qatar a fait part de son souhait de devenir membre de cette instance, a rappelé le Vice-Ministre, avant de plaider pour la désignation d'un rapporteur spécial sur l'élargissement de la Conférence. Le manque de sécurité et de stabilité politique au Moyen-Orient est avant tout dû au refus d'Israël de se joindre aux efforts visant la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et de rejoindre le TNP, sans parler du refus de ce pays de soumettre ses installations nucléaires au régime de garanties complètes de l'AIEA, a par ailleurs affirmé M. Al-Thani, avant de plaider pour l'application de la résolution sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, adoptée par la Conférence d'examen du TNP en 1995. Enfin, M. Al-Thani a souligné que de l'avis du Qatar, il convient de respecter le droit de tous les États à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, ce qui doit être fait en pleine coopération avec l'AIEA.

M. NACI KORU, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a assuré que son pays est résolument engagé en faveur de l'objectif ultime d'un monde exempt d'armes nucléaires. Nos politiques de sécurité excluent la production et l'utilisation de toutes les sortes d'armes de destruction massive, a-t-il insisté, ajoutant que la prolifération de ces armes est un sujet de grave préoccupation pour la Turquie. La Turquie est partie à tous les instruments internationaux de non-prolifération et à tous les régimes de contrôle des exportations (d'armes), a par ailleurs fait valoir le Vice-Ministre; nous soutenons l'universalisation et l'application effective, de bonne foi, de ces instruments et régimes, a-t-il ajouté. Déplorant par ailleurs que la Conférence ait été incapable de s'acquitter de son mandat depuis si longtemps, il a insisté sur la nécessité de maintenir la pertinence de cette instance en lui permettant d'entreprendre des négociations dans le domaine du désarmement. Une étape essentielle en ce sens sera le commencement des négociations sur un traité non discriminatoire, multilatéral et universellement et effectivement vérifiable sur l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, a affirmé M. Koru, avant d'exprimer l'espoir que le rapport du Groupe d'experts gouvernementaux chargé de cette question permettrait de mieux comprendre cette questions techniquement complexe.

Alors que doit se tenir dans deux mois la Conférence d'examen du TNP, M. Koru a souligné que ce le TNP devait être préservé et renforcé. Il convient en outre d'œuvrer à l'universalisation de ce Traité, a-t-il ajouté. Les trois piliers du TNP – le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire – devraient être traités de manière équilibrée, a-t-il insisté. M. Koru a plaidé pour une réduction globale des stocks mondiaux d'armes nucléaires, ainsi que pour une élimination de ces armes des doctrines militaires. Le Vice-Ministre turc a fait part de sa déception que n'ait pu être convoquée une conférence internationale sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, alors qu'il se serait agi là d'une mesure essentielle d'instauration de la confiance et d'une stimulation importante pour le processus d'examen du TNP. Prenant note avec satisfaction de l'extension de la période de mise en œuvre du Plan d'action conjoint des «P5+1» et de l'Iran, M. Koru a exprimé l'espoir que les négociations en cours aboutiront à une résolution finale et complète de la question nucléaire iranienne. Enfin, M. Koru s'est dit convaincu que les défis auxquels est confrontée la Conférence ne sont dus à ses procédures, à sa composition ou à sa dynamique interne; il nous faut étudier avec soin la situation aux niveaux international et régional et évaluer si ce qui nous sert le mieux est le blocage de cette instance ou son fonctionnement sain, a-t-il estimé.


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DC15/014F