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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE, DE L'ALLEMAGNE, DE L'AUTRICHE ET DE CUBA

Compte rendu de séance
De hauts dignitaires de l'Espagne, du Royaume-Uni et du Japon s'adressent également à la Conférence

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations des Ministres des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, de l'Allemagne, de Cuba et de l'Autriche, ainsi que de Secrétaires d'État aux affaires étrangères de l'Espagne et du Royaume-Uni et le Vice-Ministre parlementaire pour les affaires étrangères du Japon. Les délégations de la Fédération de Russie, des États-Unis, du Canada, de la République populaire démocratique de Corée, du Japon et de l'Allemagne sont intervenues pour répondre à ces déclarations.

La politique hostile suivie par les États-Unis à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée depuis plus d'un demi-siècle a obligé cette dernière à rechercher la possession de l'arme nucléaire, a déclaré son Ministre des affaires étrangères, M. Ri Su-yong. Aussi longtemps que la Corée restera divisée, une paix durable sur la péninsule coréenne et la sécurité régionale ne pourront être assurées, a-t-il affirmé, assurant que son pays ne ménagera aucun effort sincère pour apporter des changements profonds aux relations intercoréennes cette année. Le Vice-Ministre parlementaire pour les affaires étrangères du Japon, M. Takashi Uto, a pour sa part exprimé sa profonde préoccupation face aux lancements de missiles balistiques effectués par la «Corée du Nord» hier, 2 mars, qui constituent une violation claire des résolutions du Conseil de sécurité. À la lumière de tels environnements sécuritaires, le Japon estime qu'il est important d'adopter des mesures pratiques et réalistes de promotion du désarmement nucléaire et de parvenir en fin de compte à un monde exempt d'armes nucléaires.

En cette période de tensions, nous devons nous demander si ce que nous vivons est une pure coïncidence d'accumulation de crises concurrentes ou une irruption systématique de forces et de tensions dans un monde où les structures de l'ordre perdent de plus en plus d'influence, a pour sa part souligné le Ministre allemand des affaires étrangères. M. Frank-Walter Steinmeier a souligné que la confiance et la coopération internationale ont été secouées par l'annexion de la Crimée par la Fédération de Russie et les activités de la Fédération de Russie dans l'est de l'Ukraine. Il a en outre condamné dans les termes les plus vifs l'utilisation répétée de chlore en tant qu'arme de guerre en Syrie. Le Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Espagne, M. Ignacio Ybáñez Rubio, a indiqué que son pays soutenait les efforts déployés par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques afin de faire la lumière sur les attaques perpétrées avec l'emploi de chlore comme arme chimique en Syrie l'an dernier et afin d'assurer l'élimination complète du programme d'armes chimiques dans ce pays

M. Bruno Rodríguez Parrilla, Ministre cubain des affaires étrangères a pour sa part souligné qu'il ne fallait pas sans cesse reporter la réalisation de l'objectif du désarmement nucléaire. La guerre nucléaire est l'une des menaces les plus graves pesant sur la civilisation humaine, a ajouté le Ministre fédéral autrichien pour l'Europe, l'intégration et les affaires étrangères, M. Sebastian Kurz, insistant sur le fait que la menace des armes nucléaires persiste et augmenterait même, selon que de nombreux experts.

Mme Joyce Anne Anelay, Ministre d'État au Ministère britannique des affaires étrangères et du Commonwealth, a pour sa part souligné que 364 membres du Parlement ont voté en janvier dernier pour le maintien de la capacité de dissuasion nucléaire du pays et seuls 37 ont voté contre. Maintenir une telle capacité de dissuasion est totalement compatible avec nos obligations internationales au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-elle affirmé.


La Conférence du désarmement reprend cet après-midi, à 15h30, son débat ministériel pour entendre de hauts dignitaires de Géorgie, du Myanmar et du Mexique.


Aperçu des déclarations

M. RI SU-YONG, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, a rappelé que malheureusement, le processus global de désarmement reste dans l'impasse depuis près de vingt ans, contrairement aux attentes des membres de la Conférence. Alors que les discussions sur des questions telles que le désarmement nucléaire et les garanties négatives de sécurité ne progressent pas à la Conférence, les armes nucléaires dans le monde ont été modernisées plus encore et leur puissance de destruction augmente de façon drastique; et le nombre de pays acquérant inévitablement des capacités de dissuasion nucléaire a augmenté alors qu'ils s'efforcent de défendre leur sécurité nationale après avoir été longtemps exposés à des menaces nucléaires persistantes de la part d'un État doté de l'arme nucléaire. Parallèlement, a ajouté M. Ri, les stocks globaux de matières fissiles augmentent de manière constante et la militarisation de l'espace accélère à un rythme élevé. Néanmoins, a poursuivi le Ministre, la Conférence n'est pas prête à adopter un programme de travail en raison de l'absence de consensus. La raison pour laquelle la Conférence n'est pas revitalisée réside avant tout dans l'absence de volonté politique de certains pays à qui il revient d'assumer les plus grands responsabilités et obligations dans le domaine du désarmement, a-t-il déclaré. Ces pays tentent, en particulier, de porter atteinte aux intérêts de sécurité de petits pays tout en tenant leurs propres intérêts comme des positions absolues contre l'esprit de la coopération internationale. Il est difficile d'envisager une percée dans la revitalisation des travaux de la Conférence à moins que l'attitude égoïste et de deux poids, deux mesures de ces pays ne soit corrigée, a affirmé M. Ri. Le désarmement nucléaire est maintenant à la croisée des chemins, a-t-il déclaré. Pendant les trente premières années qui ont suivi l'adoption du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), dans le cadre duquel les États dotés d'armes nucléaires se sont engagés à œuvrer au désarmement nucléaire, aucun nouvel État doté d'armes nucléaires n'a émergé, a-t-il fait observer, soulignant que les États non dotés d'armes nucléaires avaient appliqué le Traité avec confiance. Cependant, le désarmement nucléaire n'a pas été pleinement réalisé durant cette période, a ajouté M. Ri. Bien que les États-Unis et l'ex-Union soviétique soient parvenus à des accords bilatéraux visant à réduire le nombre d'armes nucléaires obsolètes, la modernisation des armes nucléaires s'est accélérée et la menace nucléaire contre les États non dotés est devenue encore plus patente. En un mot: l'engagement des États dotés d'entreprendre le désarmement nucléaire à condition que soit respectée la non-prolifération nucléaire n'a pas été honoré. La conséquence de cela a commencé à prendre forme par le biais de l'émergence de nouveaux États dotés de l'arme nucléaire à la fin des années 1990. Désormais, le nombre d'États dotés a presque doublé depuis 1968, année de l'adoption du TNP, a souligné M. Ri. Si la Conférence persiste dans l'incapacité à s'acquitter de son mandat, la question du désarmement nucléaire court le risque de disparaître pour de bon de l'ordre du jour des Nations Unies, a-t-il averti.

La péninsule coréenne est une poudrière nucléaire précaire où le plus grand État doté d'armes nucléaires et le plus jeune État doté d'armes nucléaires sont en confrontation aiguë dans un état de guerre, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée. La péninsule coréenne expose clairement les conséquences du non-respect par les États dotés de l'arme nucléaire des engagements qu'ils ont souscrits à l'égard des États non dotés lors de l'adoption du TNP. Au lieu de fournir des garanties de sécurité à la République populaire démocratique de Corée qui accédait en 1985 au TNP, les États-Unis ont intensifié leur menace nucléaire à l'égard de ce pays, a insisté M. Ri. Cette menace nucléaire n'est en aucun cas potentielle ou abstraite, a-t-il rappelé: des bombardiers nucléaires stratégiques ne cessent de se rendre du continent américain ou de l'île de Guam vers la péninsule coréenne et des sous-marins chargés de missiles nucléaires entrent constamment dans les eaux entourant la péninsule coréenne et prennent part à des exercices de guerre nucléaire visant à «occuper Pyongyang». Les exercices militaires conjoints menés en «Corée du Sud» depuis le 2 mars sont d'une nature provocatrice sans précédent et en cas d'irruption de la guerre sur la péninsule coréenne, les États-Unis et leur subordonnée, la «Corée du Sud», seront entièrement responsables de toutes les conséquences. La politique hostile suivie par les États-Unis à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée depuis plus d'un demi-siècle a obligé cette dernière à rechercher la possession de l'arme nucléaire. La République populaire démocratique de Corée ne peut que renforcer sa capacité de dissuasion nucléaire pour faire face à la menace nucléaire sans cesse croissante des États-Unis, a insisté M. Ri. Désormais, a-t-il assuré, la République populaire démocratique de Corée a le pouvoir de dissuader les États-Unis et également de mener une frappe préventive si nécessaire. Les États-Unis devraient comprendre que l'époque où les États-Unis jetaient unilatéralement des menaces nucléaires à la République populaire démocratique de Corée est révolue et que les menaces militaires ne sauraient être un moyen de résoudre les problèmes, a déclaré M. Ri. Aussi longtemps que la Corée restera divisée, une paix durable sur la péninsule coréenne et la sécurité régionale ne pourront être assurées, a affirmé le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée. La République populaire démocratique de Corée ne ménagera aucun effort sincère pour apporter des changements profonds aux relations intercoréennes cette année, a-t-il conclu.

M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Ministre des affaires étrangères de l'Allemagne, a souligné que «nous vivons une période de tensions». Avec le conflit en Ukraine, la Syrie, l'Iraq, l'avancée du groupe terroriste État islamique au Moyen-Orient et Boko Haram en Afrique, «nous sommes confrontés à un grand nombre de crises internationales», une situation sans précédent dans un passé récent, a-t-il précisé. Il va sans dire que nous devons répondre de toute urgence à ces crises, a poursuivi le Ministre allemand des affaires étrangères. En même temps, a-t-il affirmé, nous devons nous demander si ce que nous vivons est une pure coïncidence d'accumulation de crises concurrentes ou une irruption systématique de forces et de tensions dans un monde où les structures de l'ordre perdent de plus en plus d'influence. M. Steinmeier a rappelé que la Conférence avait permis, en pleine guerre froide, de surmonter le fossé entre l'Est et l'Ouest pour encourager la coopération entre les États et renforcer la confiance et était alors parvenue à élaborer des règles et des outils pour un ordre international pacifique – ce dont nous avons tant besoin aujourd'hui. Le Ministre des affaires étrangères de l'Allemagne a rappelé que le TNP a grandement contribué à rendre notre monde plus sûr; ce travail doit se poursuivre, a-t-il ajouté, faisant observer qu'une simple fraction des 16 000 armes nucléaires restantes suffirait à détruire la planète. La proposition faite par le Président Obama à Berlin en 2013 d'engager un nouveau cycle de pourparlers de désarmement offre une chance de progrès concrets, a déclaré M. Steinmeier. Les pourparlers entre les E3+3 et l'Iran avancent également bien, a-t-il assuré; je dirais même qu'en dix ans de négociations, nous n'avons jamais autant progressé que cette année, a-t-il affirmé, soulignant que le Plan d'action conjoint adopté à Genève en 2013 est en train d'être appliqué et que de nouveaux progrès dans les négociations ne pourraient qu'également donner un nouvel élan, urgemment nécessaire, à la Conférence d'examen du TNP.

M. Steinmeier a souligné qu'il ne sera possible d'avancer vers l'objectif final d'un monde exempt d'armes nucléaires qu'en travaillant avec les États dotés d'armes nucléaires. Et cela vaut aussi pour les questions relatives à l'ordre international dans son ensemble, a-t-il ajouté. Aussi, le Ministre allemand des affaires étrangères a-t-il souhaité saisir cette occasion pour affirmer que la confiance et la coopération internationale ont été secouées par l'annexion de la Crimée par la Fédération de Russie et les activités de la Fédération de Russie dans l'est de l'Ukraine. Au vu de ceci, nous ne pouvons simplement retourner aux affaires comme si de rien n'était, a insisté M. Steinmeier. Le mémorandum de Budapest a fourni à l'Ukraine une garantie quant à son intégrité territoriale après que ce pays eut renoncé à ses armes nucléaires, a-t-il rappelé, soulignant que la Fédération de Russie aussi a l'obligation de respecter cet engagement. Les garanties de sécurité sont une tâche essentielle de cette Conférence et elles doivent être protégées, a déclaré le Ministre allemand. Tout en faisant observer que la Syrie a désormais accédé à la Convention sur les armes chimiques et que bientôt, les 360 dernières tonnes de gaz moutarde maintenues dans les stocks syriens d'armes chimiques auront été détruites en Allemagne, M. Steinmeier a condamné dans les termes les plus vifs l'utilisation répétée de chlore en tant qu'arme en Syrie. Le déploiement de ce type d'armes est un crime monstrueux, a-t-il déclaré, ajoutant que ceux qui en sont responsables doivent être traduits en justice. Je soutiens les appels du Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques à cette fin, a-t-il indiqué. En ces temps de crise – et alors que le Traité sur le commerce des armes a été conclu en dehors de la Conférence, a conclu M. Steinmeier, nous ne pouvons nous permettre une Conférence du désarmement qui est entravée et incapable d'agir.

M. SEBASTIAN KURZ, Ministre fédéral pour l'Europe, l'intégration et les affaires étrangères de l'Autriche, a fait observer que le mois dernier, l'Université d'Oxford a publié une liste des douze menaces les plus graves pesant sur la civilisation humaine; en seconde place de ces menaces, après le changement climatique et avant le menace de pandémie mondiale, figurait le menace de guerre nucléaire. La menace des armes nucléaires persiste et de nombreux experts avertissent que cette menace augmente même, en fait, a insisté M. Kurz. À cet égard, les conclusions des trois conférences internationales sur l'impact humanitaire des armes nucléaires, tenues successivement à Oslo, Nayarit et Vienne, sont claires et alarmantes: les conséquences d'une seule explosion nucléaire seraient encore plus terrifiantes et durables que nous ne le pensions, a souligné le Ministre autrichien. Les armes nucléaires, par leur seule existence, menacent notre sécurité à tous, a-t-il insisté. Il en va donc de l'intérêt et de la survie même de l'humanité que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées, sous quelque circonstance que ce soit, a indiqué M. Kurz. C'est pourquoi l'Autriche a pris lors de la Conférence de Vienne, au mois de décembre dernier, un engagement national clair, «l'engagement autrichien», par lequel elle s'est engagée à présenter devant tous les fora pertinents la preuve incontestable, l'évidence accablante, issue de la Conférence de Vienne et à susciter un élan en faveur d'une action urgente visant à parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires.

Les États qui possèdent des armes nucléaires considèrent ces armes comme importantes pour leur sécurité; ils pensent que ces armes dissuadent de faire la guerre précisément en raison de leur force destructrice, a rappelé M. Kurz. Si l'on veut efficacement stopper la prolifération et parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires, il convient de modifier fondamentalement cet état d'esprit, a-t-il souligné. Mais cet état d'esprit ne changera que si chacun accepte de voir l'évidence incontestable et les faits qui sont devant nous. L'Autriche pense que la prochaine Conférence d'examen du TNP fournit à tous les États parties une opportunité cruciale de prendre enfin acte de ces faits et d'agir, a conclu M. Kurz.

M. IGNACIO YBÁÑEZ RUBIO, Secrétaire d'État aux affaires extérieures de l'Espagne, a déploré la paralysie dans laquelle semble s'être installée la Conférence depuis déjà trop d'années. Jusqu'à ce que soit possible l'adoption d'un nouveau programme de travail, l'Espagne estime que le document CD/1864 doit inspirer les travaux de cette instance pour avancer vers un désarmement général et complet. Il convient de poursuivre sans relâche l'objectif ambitieux de parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires, mais il faut être réaliste et comprendre que cet objectif n'est viable que s'il bénéficie de la collaboration des États dotés d'armes nucléaires, a ajouté le Secrétaire d'État espagnol, précisant que son pays plaide pour une approche graduelle, étant entendu que la simple interdiction des armes nucléaires n'apportera pas leur élimination. Cette ambition générale doit nous amener à exiger des réductions substantielles et progressives de la part des États dotés d'armes nucléaires, conformément à l'Article VI du TNP, ainsi que, de la part de ces mêmes États, la mise en pratique de mesures de confiance et de transparence, a poursuivi M. Ybáñez Rubio.

L'Espagne appelle par ailleurs les huit États mentionnés à l'annexe II du traité d'interdiction complète des essais nucléaires qui ne l'ont pas encore fait à signer et ratifier ce traité afin qu'il puisse immédiatement entrer en vigueur. L'Espagne appuie en outre le mandat contenu dans le document CD/1299 afin d'engager la négociation sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, a indiqué M. Ybáñez Rubio. Il a en outre souhaité que les États dotés de l'arme nucléaire respectent leurs engagements en matière de garanties de sécurité à l'égard des États non dotés et que ceux des États dotés qui n'ont pas encore fourni de telles garanties le fassent. L'Espagne appuie par ailleurs la création de nouvelles zones exemptes d'armes nucléaires, en particulier au Moyen-Orient, a souligné le Secrétaire d'État. Il a souhaité que la prochaine Conférence d'examen du TNP, qui doit s'ouvrir à New York dans moins de deux mois, permette de renforcer le TNP et d'avancer vers l'application des trois piliers du Traité que sont le désarmement, la non-prolifération et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. M. Ybáñez Rubio a par ailleurs indiqué que l'Espagne soutient les efforts déployés par l' Organisation pour l'interdiction des armes chimiques afin de faire la lumière sur les attaques perpétrées avec l'emploi de chlore comme arme chimique en Syrie l'an dernier et afin d'assurer l'élimination complète du programme d'armes chimiques dans ce pays, évitant ainsi que ces armes ne soient utilisées contre la population civile ou tombent entre les mains de groupes terroristes.

MME JOYCE ANELAY, Ministre d'État au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a rappelé que son pays avait toujours indiqué clairement qu'il n'envisagerait d'utiliser des armes nucléaires que dans des circonstances extrêmes d'auto-défense ou de défense de ses alliés de l'OTAN. Dans le cadre de l'examen de sa stratégie de défense et de sécurité qu'il a mené en 2010, le Royaume-Uni a promis qu'il n'utiliserait pas, ni ne menacerait d'utiliser, des armes nucléaires contre un État non doté de telles armes qui serait partie au TNP et en respecterait les obligations. En 2010 également, le pays s'est engagé à réduire à 40 le nombre d'ogives nucléaires déployées dans chaque sous-marin et à moins de 120 le nombre d'ogives opérationnelles disponibles. Le 20 janvier dernier, a indiqué la Ministre d'État, nous avons annoncé au Parlement que nous avions respecté cet engagement. En janvier dernier, a-t-elle ajouté, 364 membres du Parlement ont voté pour le maintien de la capacité de dissuasion du pays et seuls 37 ont voté contre. Maintenir une telle capacité de dissuasion est totalement compatible avec nos obligations internationales au titre du TNP, a ajouté la Baronne Anelay of St Johns. Aussi longtemps que l'environnement sécuritaire mondial rendra nécessaire la possession d'armes nucléaires par le Royaume-Uni, le pays a la responsabilité de maintenir la viabilité des éléments de son programme d'armement nucléaire, y compris par le remplacement et la mise à jour d'éléments obsolètes.

Aucun État ne peut assurer sa sécurité individuelle dans un climat de crainte et de défiance collectives, a poursuivi la Ministre d'État. Aussi, convient-il de continuer de se parler ouvertement et franchement, a-t-elle souligné, attirant l'attention sur la Conférence des «P5» tenue à Londres le mois dernier. Avec la Norvège et les États-Unis, le Royaume-Uni s'est engagé à déployer des efforts et des ressources significatifs en faveur de la question de la vérification. Nous sommes bien conscients que les progrès en matière de désarmement nucléaire sont lents, a poursuivi la Ministre d'État; pour autant, nous pensons qu'un processus graduel, étape par étape, est le seul moyen d'assurer la paix et la sécurité à long terme sur la scène internationale, a-t-elle indiqué. Elle a assuré que le Royaume-Uni travaille dur, avec d'autres, afin de parvenir, cette année, à une Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui soit couronnée de succès. Elle a enfin rappelé que la priorité de son pays, à la Conférence du désarmement, est le lancement de négociations en vue d'une conclusion rapide d'un traité d'arrêt de la production de matières fissiles.

M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a rappelé que la survie de l'humanité est menacée en permanence par la persistance de quelque 16 000 armes nucléaires. Les milliards de dollars qui sont dépensés chaque année dans les armes devraient être consacrés à la promotion de la paix, du développement économique et social et d'une vie décente pour tous les êtres humains, a-t-il affirmé. Il a rappelé que la première Journée internationale pour l'élimination totale des armes nucléaires a été commémorée le 26 septembre dernier et s'est réjoui du vaste soutien international qu'a reçu cette initiative. Comme l'a souligné Fidel Castro Ruz, leader historique de la Révolution cubaine, «dans une guerre nucléaire, le dommage collatéral serait la vie de l'humanité», a rappelé le Ministre cubain des affaires étrangères. Aussi, le désarmement nucléaire ne peut pas être un objectif dont la réalisation est sans cesse reportée, a-t-il insisté, dénonçant le rôle que les armes nucléaires jouent dans les doctrines, politiques et stratégies de sécurité ainsi que la menace de les utiliser. D'autre part, Cuba demande que soit respecté le droit inaliénable des États à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, a poursuivi M. Rodríguez Parrilla.

Mandatée pour négocier des traités multilatéraux dans le domaine du désarmement, la Conférence du désarmement ne s'est pas acquittée de ce mandat pour ce qui est du désarmement nucléaire, a ensuite fait observer le Ministre cubain, avant de rappeler que l'Article VI du TNP, qui établit clairement l'obligation de négocier le désarmement nucléaire, n'a pas été respecté. Il a en outre rappelé que le Mouvement des pays non alignés avait soumis une proposition, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies, demandant le lancement urgent, à la Conférence, de négociations visant l'adoption rapide d'une convention globale sur l'interdiction des armes nucléaires. La Conférence devrait adopter de toute urgence un programme de travail complet et équilibré qui tiennent compte des priorités réelles liées au désarmement, a estimé M. Rodríguez Parrilla. Tous les membres de la Conférence devraient s'engager à contribuer au succès de la Conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire qui doit se tenir au plus tard en 2018, a-t-il ajouté. Enfin, M. Rodríguez Parrilla a attiré l'attention sur le jalon historique qu'a constitué la proclamation officielle, en janvier 2014 à La Havane, de la région d'Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de paix, lors du Deuxième Sommet de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes.

M. TAKASHI UTO, Vice-Ministre parlementaire pour les affaires étrangères du Japon, a rappelé que le désarmement est l'un des piliers de la politique étrangère du Japon. Rappelant par ailleurs que l'année 2015 marque le 70ème anniversaire des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, il a jugé crucial que la communauté internationale parvienne à des résultats concrets en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires. Se disant encouragé par les travaux du Groupe d'experts gouvernementaux chargé de discuter des divers aspects d'un futur traité d'arrêt de la production de matières fissiles, le Japon exhorte les membres de la Conférence à tirer profit de ces développements et à se mettre d'accord rapidement pour engager des négociations sur un traité de désarmement. Pour parvenir à de tels résultats, a souligné M. Uto, une volonté politique accrue et une participation de tous les pays sont d'une importance capitale. Maintenir et renforcer le régime du TNP reste, pour la communauté internationale, la question de désarmement et de non-prolifération la plus importante, a poursuivi le Vice-Ministre parlementaire, soulignant que la prochaine Conférence d'examen, qui s'ouvrira dans moins de deux mois, ne devra pas seulement se pencher sur l'application de documents finaux antérieurs mais aussi se mettre d'accord sur un document final concret et pratique pour le prochain processus d'examen.

M. Uto a ensuite fait observer que la communauté internationale est confrontée à des risques nucléaires de plus en plus diversifiés en rapport avec la sécurité nationale, régionale et internationale. À cet égard, il a fait part de sa profonde préoccupation face aux lancements de missiles balistiques effectués par la «Corée du Nord» hier, 2 mars, qui constituent une violation claire des résolutions du Conseil de sécurité. À la lumière de tels environnements sécuritaires, le Japon estime qu'il est important d'adopter des mesures pratiques et réalistes de promotion du désarmement nucléaire et de parvenir en fin de compte à un monde exempt d'armes nucléaires. M. Uto a attiré l'attention sur les activités menées dans le cadre de l'Initiative de désarmement et de non-prolifération - une initiative transrégionale et orientée vers l'action menée par un groupe de pays, dont le Japon, qui partagent une volonté politique en ce sens. Par ailleurs, le Japon contribue à la promotion de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, a souligné M. Uto. Il a rappelé qu'avec le Kazakhstan, son pays avait été nommé coprésident de la Conférence visant à faciliter l'entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, qui se tiendra en septembre prochain. De l'avis du Japon, l'impact humanitaire catastrophique des armes nucléaires sous-tend fondamentalement tous les efforts de désarmement et de non-prolifération nucléaires, a souligné M. Uto.

Autres déclarations

La Fédération de Russie a souhaité réagir à l'intervention, ce matin, du Ministre allemand des affaires étrangères, concernant la question des garanties négatives de sécurité. Ces garanties telles que discutées à la Conférence prévoient que les puissances nucléaires, dont la Fédération de Russie, n'utilisent pas, ni ne menacent d'utiliser, des armes nucléaires contre des États non dotés. La Fédération de Russie n'a jamais menacé d'utiliser l'arme nucléaire contre qui que ce soit, ni ne l'a jamais utilisée, a souligné la délégation russe. Les obligations qu'a la Fédération de Russie au titre du Mémorandum de Budapest sont donc de ce point de vue totalement respectée et les affirmations de M. Steinmeier sont donc en l'occurrence totalement dénuées de fondement. Le Mémoradum de Budapest n'oblige aucunement de reconnaître des coups d'État anticonstitutionnels, ni de reconnaître les conséquences de tels coups d'État, a ajouté la délégation russe. La perte de la Crimée par l'Ukraine a été le résultat d'un coup d'État anticonstitutionnel et des événements qui ont suivi ce coup d'État – événements avec lesquels la Fédération de Russie n'a aucun rapport alors que l'Allemagne, elle, a un rapport avec ces événements puisque M. Steinmeier faisait partie des ministres de l'Union européenne qui ont apposé leur signature à l'accord dit du 21 février. Récemment, la Fédération de Russie a commencé à livrer du gaz naturel à la région de Donietsk et de Luhansk, ce qui est intervenu après que l'Ukraine eut interrompu ses livraisons de gaz à la région du Donbass, a par ailleurs indiqué la délégation russe.

Les États-Unis ont souhaité réagir à l'intervention du Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée en demandant à cette dernière de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de dénucléariser. De nombreuses résolutions des Nations Unies demandent à la République populaire démocratique de Corée d'abandonner toutes ses armes et installations nucléaires, ont ajouté les États-Unis.

Le Canada a déploré que la République populaire démocratique de Corée ait choisi ce matin de parler ici, à la Conférence, de ses efforts en faveur de son armement nucléaire, en contravention avec ses engagements au titre du TNP.

La République populaire démocratique de Corée a déploré que les États-Unis aient mené dès le début de cette année des exercices communs avec la «Corée du Sud», ce qui ne fait que montrer qui sont les véritables responsables de l'escalade dans la région. La République populaire démocratique de Corée a invité chacun à se pencher sur les raisons fondamentales qui l'ont poussée à se retirer du TNP. Si le Japon s'inquiète réellement de la paix et de la stabilité sur la péninsule coréenne, il ferait bien de se pencher sur les causes profondes de cette situation et de tenir ses engagements au titre des accords de Stockholm.

Les États-Unis ont indiqué que leurs exercices militaires conjoints avec la République de Corée sont transparents et défensifs; ils respectent l'esprit des accords de 1953 et ne représentent aucune menace, ont assuré les États-Unis.

Le Japon a affirmé que c'est la République populaire démocratique de Corée qui continue de développer son programme nucléaire et son programme de missiles en violation des résolutions des Nations Unies et de la Déclaration de 2005 issue des pourparlers à Six.

L'Allemagne a souligné que M. Steinmeier n'a pas parlé, dans le contexte de la situation de l'Ukraine orientale, de menaces nucléaires, ni de fourniture de gaz naturel. Il s'est contenté d'adresser un appel à son collègue russe afin que celui-ci garde à l'esprit le principe du multilatéralisme. Les garanties qui sont prévues par le Mémorandum de Budapest doivent être respectées et appliquées, a insisté la délégation allemande.

La Fédération de Russie a fait observer que la première obligation découlant du Mémorandum de Budapest est ne pas utiliser d'armes nucléaires, ni menacer d'en utiliser.

La République populaire démocratique de Corée a réagi aux propos tenus par la délégation des États-Unis. Le Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée a déjà fait observer que si les États-Unis et leurs alliés souhaitaient vraiment mener des manœuvres militaires, pourquoi ne les mènent-ils pas en d'autres lieux qu'à proximité immédiate de la péninsule coréenne, où la situation est tendue ? La République populaire démocratique de Corée souhaite la paix mais ne va pas mendier pour l'obtenir, a indiqué la délégation de la République populaire démocratique de Corée.


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