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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: LA MALAISIE ASSUME LA DERNIÈRE PRÉSIDENCE DE 2014 POUR FINALISER LE RAPPORT ANNUEL

Compte rendu de séance
Le Japon et une organisation de la jeunesse prennent la parole à l'occasion du soixante-neuvième anniversaire de la bombe atomique

La Conférence du désarmement a entendu ce matin une déclaration de son président entrant, qui assumera la dernière présidence de la session de 2014 de la Conférence et qui devra négocier et finaliser son rapport annuel à l'Assemblée générale. Le Japon et une organisation de la jeunesse japonaise pour un monde sans armes nucléaires ont pris la parole à l'occasion du soixante-neuvième anniversaire de bombardement nucléaire d'Hiroshima et de Nagasaki. L'Australie, le Myanmar au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), les États-Unis, la Fédération de Russie, le Kazakhstan, l'Indonésie et le Royaume-Uni ont également pris la parole.

L'Ambassadeur Dato Mazlam Muhammad de la Malaisie, nouveau président de la Conférence du désarmement, a souligné que la Conférence était dans l'impasse depuis trop longtemps; elle ne joue pas son rôle et reste l'otage de délégations qui ont continué à insister sur des sujets qui représentaient clairement une ligne rouge pour les autres. Si les membres de la Conférence ont des priorités différentes, chaque question doit se voir accorder le même temps et la même importance et ne se saurait servir de condition préalable à l'examen d'autres thèmes. S'agissant de la préparation du rapport de la Conférence à l'Assemblée générale des Nations Unies, le Président a indiqué que le premier projet de rapport serait mis à la disposition des États membres de la Conférence le 21 août en vue d'entendre leurs réactions et commentaires lors de la séance plénière de mardi prochain, 26 août.

Le Japon et une représentante de la troisième génération de Hibakusha, les survivants directs des bombardements atomiques, ont souligné que, pour éviter l'oubli, la jeune génération s'est portée volontaire pour transmettre les témoignages des Hibakusha à la génération suivante et de propager et approfondir la compréhension des conséquences humanitaires de l'emploi des armes nucléaires.

Le Myanmar a fait une déclaration générale au nom de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE). L'ambassadeur d'Australie a fait une déclaration d'adieu alors que le nouvel ambassadeur des États-Unis a fait sa première déclaration devant la Conférence. La Fédération de Russie, le Kazakhstan, l'Indonésie et le Royaume-Uni ont discuté du rapport présenté par le Royaume-Uni en tant que coordinateur des réunions informelles sur le point de l'ordre du jour relatif à la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique.

La Conférence a par ailleurs accédé à la demande de la Jamaïque de participer aux travaux de la session 2014 de la Conférence en qualité d'observateur.


La prochaine séance plénière publique de la Conférence du désarmement se tiendra le mardi 26 août à 10 heures.


Déclaration du Président entrant

M. DATO MAZLAM MUHAMMAD (Malaisie), Président de la Conférence du désarmement, a souligné qu'en tant que dernier président de la session 2014, son objectif serait de négocier et de finaliser le rapport de la Conférence à l'Assemblée générale. Il a souligné que la Conférence était dans l'impasse depuis trop longtemps et que le monde n'attendait pas, comme en témoignent les travaux sur l'interdiction des mines terrestres et les armes à sous-munitions; et on peut s'attendre à ce que des progrès soient réalisés sur d'autres questions importantes de désarmement. La Conférence ne joue pas son rôle et la communauté internationale a raison d'exprimer sa préoccupation à ce sujet. Le fait de désigner la Conférence du désarmement comme l'«unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement dont dispose la communauté internationale» n'est plus qu'une appellation, sans plus. La Conférence reste l'otage de délégations qui ont continué à insister sur des sujets qui représentaient clairement une ligne rouge pour les autres. Si le désarmement nucléaire et le traité sur les matières fissiles restent l'objectif principal, d'autres questions figurent à l'ordre du jour de la Conférence. Si les membres de la Conférence ont des priorités différentes, chaque question doit se voir accorder le même temps et la même importance et ne se saurait servir de condition préalable à l'examen d'autres thèmes. Pour la Malaisie, la priorité demeure le désarmement nucléaire, car cette arme constitue un danger réel et présent pour l'humanité et la planète.

S'agissant des méthodes de travail de la Conférence, il est important de noter que le réexamen du règlement intérieur ne devrait pas être axé uniquement sur la règle du consensus, il devrait être l'occasion d'explorer les moyens d'améliorer encore la méthode actuelle de travail. La Malaisie est par ailleurs attachée aux contributions apportées par la société civile dans le domaine du désarmement. Cette contribution inestimable enrichit les travaux de la Conférence et aide à stimuler des discussions de fond. La Conférence devrait saisir l'occasion de puiser dans le savoir-faire, les connaissances et la perspicacité de la société civile.

S'agissant de la préparation du rapport de la Conférence à l'Assemblée générale des Nations Unies, le Président a indiqué que le premier projet de rapport sera mis à la disposition des États membres de la Conférence le 21 août, en vue d'entendre leurs réactions et commentaires lors de la séance plénière de mardi prochain.

Déclarations à la mémoire des victimes de la bombe atomique

L'ambassadeur M. TOSHIO SANO du Japon a déclaré que chaque année, des cérémonies commémoratives ont eu lieu les 6 et 9 août à Hiroshima et Nagasaki, afin de salué la mémoire des victimes mais aussi de renouveler la détermination à parvenir à un monde plus sûr, exempt d'armes nucléaires. Il a présenté Mme Masaki Koyanagi, étudiante à l'école secondaire de Nagasaki, qui appartient à la troisième génération de Hibakusha, les survivants directs des bombardements atomiques, qui prendra la parole en sa qualité de «communicateur de la jeunesse pour un monde sans armes nucléaires» désigné par le Ministre japonais des affaires étrangères. Ce programme est l'un des piliers de la politique en matière de désarmement et de non-prolifération du Gouvernement japonais, qui place l'éducation au cœur de ses efforts de désarmement. Soixante-neuf ans après la fin du monde, le Hibakusha ont vieilli, ils ont en moyenne près de 80 ans. Pour éviter l'oubli, la jeune génération s'est portée volontaire pour transmettre les témoignages des Hibakusha à la génération suivante et de propager et approfondir la compréhension des conséquences humanitaires de l'emploi des armes nucléaires. Ils agissent également en tant que messagers de la paix d'Hiroshima et de Nagasaki.

MME MASAKI KOYANAGI, Communicateur de la jeunesse pour un monde sans armes nucléaires, a déclaré qu'elle était née et avait grandi à Nagasaki et souvent eu l'occasion d'entendre les récits sur l'horreur de la bombe atomique. Elle est déterminée à tout faire, en tant que représentante de la troisième génération de survivants des bombardements atomiques, pour transmettre les récits des survivants à la génération suivante. Les premiers messagers de la paix ont été envoyés il y a 17 ans pour faire entendre la voix de Nagasaki dans le monde. Les jeunes du Japon ont une mission, celle de lancer un appel pour un monde sans armes nucléaires. Elle a appelé les délégués à la Conférence de renouveler leur détermination et à ouvrir la voie pour l'élimination totale des armes nucléaires grâce à une action commune. Elle a exprimé l'espoir que la Conférence sortira de l'impasse et que les négociations commenceront bientôt. Elle a également invité les participants à visiter Hiroshima et Nagasaki.

Autres déclarations

Alors qu'il quitte ses fonctions à Genève, l'Ambassadeur PETER WOOLCOTT d'Australie a souligné que son pays avait continué d'accorder clairement la priorité à la négociation d'un traité sur l'interdiction des matières fissiles et avait travaillé en étroite collaboration avec le Canada, qui a pris l'initiative de créer le groupe d'experts gouvernementaux sur les matières fissiles. Il faudra bien réfléchir à ce qui devra faire suite à la conclusion de ses travaux l'an prochain. L'Australie a également travaillé avec d'autres membres de l'Initiative sur la non-prolifération et le désarmement pour proposer des mesures concrètes qui pourraient contribuer à une plus grande transparence en matière nucléaire, à de nouvelles réductions dans les arsenaux, et à une plus grande sécurité des armes et du matériel nucléaires. Il faudra s'attacher à encourager la participation des cinq États dotés d'armes nucléaires et d'autres possesseurs d'armes nucléaires dans un processus organisé et productif, tout en construisant et en maintenant la confiance dans la stabilité. L'impasse dans laquelle se trouve la Conférence ne doit pas perdurer, faute de quoi la Conférence sera «balayée dans la poubelle de l'histoire». Le processus du Traité sur le commerce des armes offre des solutions; la volonté de tous les États intéressés à maintenir le cap dans le système des Nations Unies ne peut qu'ajouter à la légitimité du traité et de son potentiel pour une action efficace dans le futur. La principale leçon à tirer de l'achèvement du processus du Traité sur le commerce des armes est l'importance de veiller à ce que les redondances soient intégrés dans les processus de consensus, mais en dernier recours et seulement après que tout effort de consensus ait été épuisé. Les armes nucléaires sont monstrueuses et ne doivent jamais être utilisés. Il doit être reconnu que beaucoup a été fait depuis les années 70 dans la réduction de leur nombre et beaucoup a été fait pour contenir leur prolifération horizontale.

Le Myanmar, au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), a déclaré que le désarmement nucléaire a toujours été la priorité absolue de ces pays. Ils réaffirment l'importance et la validité de la Conférence du désarmement en tant unique instance multilatérale de négociation sur le désarmement. Il est regrettable que l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis 18 ans l'ait empêché de commencer les négociations sur les questions de fond. Les pays d'Asie du Sud-Est demandent à la Conférence d'établir, dès que possible et avec la plus haute priorité, un comité spécial sur le désarmement nucléaire. L'ANASE attache une grande importance aux résultats de la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et réitèrent leur appel à la mise en œuvre pleine et effective du plan d'action énoncé dans les conclusions et recommandations pour les actions de suivi du Document final de la Conférence d'examen de 2010, en particulier le plan d'action en 22 points sur le désarmement nucléaire. Elle relève qu'il y a eu des signes positifs, mais que le monde est encore confronté à des défis. L'ANASE appelle à redoubler d'efforts pour sortir de l'impasse actuelle et parvenir au désarmement et à la non-prolifération nucléaires sous tous ses aspects. Par ailleurs, elle continue d'estimer que les zones exemptes d'armes nucléaires créées par les Traités de Tlatelolco, de Rarotonga, de Bangkok et de Pelindaba, et la zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale, ainsi que le statut de la Mongolie exempte d'armes nucléaires ont contribué de manière significative à renforcer les systèmes mondiaux de désarmement et de non-prolifération nucléaire. Les pays de l'ANASE sont en outre favorables à la création de telles zones là où elles n'existent pas encore, notamment au Moyen-Orient: il faut renforcer la non-prolifération nucléaire et de désarmement pour maintenir la paix, la sécurité et la prospérité dans la région.

Le nouvel ambassadeur des États-Unis, M. ROBERT A. WOOD, a déclaré qu'il était ravi de se joindre aux membres de la Conférence dans leurs efforts pour faire avancer l'important ordre du jour de la Conférence. Depuis sa création, la Conférence a obtenu des accords historiques qui ont fait du monde un endroit plus sûr. Les États-Unis sont fermement engagés à travailler avec d'autres pour permettre à la Conférence de faire d'autres contributions importantes à la sécurité internationale. En attendant un accord sur un programme de travail avec un mandat de négociation, les États-Unis estiment que les débats de fond informels que la Conférence avait menés cette année ont fourni un échange utile des points de vue et ont contribué à préparer la Conférence à mener des négociations. La priorité des États-Unis à la Conférence continue d'être la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires, conformément au rapport Shannon et au mandat y figurant (CD/1299 du 24 mars 1995). Dans le même temps, les États-Unis ne nient pas l'importance d'autres questions fondamentales à l'ordre du jour de la Conférence et restent disposés à engager des discussions de fond sur ces questions. Le pays a pour sa part adopté des mesures concrètes pour faire progresser chacune de ces questions.

La Fédération de Russie a exprimé l'espoir que la position nationale de la Malaisie présentée par le Président n'affecterait pas les travaux sur le document final de la session 2014 de la Conférence. Concernant la question de la prévention d'une course aux armements dans l'espace, la Russie rappelle que lors de la réunion informelle de la Conférence, le 15 août, elle avait attiré l'attention des délégations sur un certain nombre de graves lacunes dans le rapport soumis par l'ambassadeur du Royaume-Uni en tant que coordinateur du débat thématique sur ce point. En particulier, les propositions russes sur les moyens de remédier à la situation, y compris en faisant des ajustements appropriés, sont restées sans réponse sur le fond. Ainsi, les observations de la Russie sur l'engagement des États de ne pas placer en premier d'armes dans l'espace sont ignorées. De même, le rapport rend compte de critiques formulées sur le texte actualisé du projet de traité sino-russe sur la prévention du placement d'armes dans l'espace, mais ne mentionne pas qu'il n'y avait pas d'objection de principe au projet. La Russie attend une présentation factuelle des éléments de fond du débat, qui pourrait présenter un intérêt pratique pour la Conférence. Compte tenu des faits exposés ci-dessus, la délégation russe ne pouvait pas considérer le rapport comme équilibré ou objectif. La Russie a demandé que ces observations soient publiées en tant que document officiel de la Conférence.

Le Kazakhstan s'est associé à la Fédération de Russie, notamment s'agissant de l'absence de toute mention de la discussion sur la question de l'engagement de ne pas placer en premier d'armes dans l'espace qui a été discutée au titre du point sur la prévention d'une course aux armements dans l'l'espace. Le rapport sur ce point de l'ordre du jour serait plus équilibré et factuel s'il incluait ces contributions.

L'Indonésie a partagé les observations formulées par la Fédération de Russie sur le rapport sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique et a rappelé la déclaration commune des Ministres des affaires étrangères de l'Indonésie et la Russie le 1er juillet 2013 s'engageant à ne pas placer en premier des armes dans l'espace. La version précédente du projet de traité sino-russe sur la prévention du placement d'armes dans l'espace, présentée en 2008, a servi de base à la négociation d'un accord international sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace.

Le Royaume-Uni, en tant que coordonnateur des consultations informelles sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, a souligné que le rapport présenté par l'ambassadeur du Royaume-Uni l'avait été à titre personnel et s'efforçait de trouver un équilibre dans les contributions faites au cours de la réunion informelle, non seulement sur ​​le a prévention du placement d'armes dans l'espace, mais aussi sur le code international de conduite sur les activités spatiales. Il n'a pas souhaité entrer dans les détails sur tout ce qui a été dit sur ces questions, mais a estimé que l'équilibre général du rapport était assuré. Il s'est étonné que la Fédération de Russie fasse maintenant de tels commentaires alors qu'elle a vu une première ébauche du rapport avant sa présentation aux membres de la Conférence, et a eu l'occasion de présenter ses commentaires avant sa publication.

La Fédération de Russie a précisé qu'elle n'a eu l'occasion de se familiariser avec ce rapport qu'au moment de sa distribution, en même temps que les rapports sur les réunions informelles sur les autres points de l'ordre du jour. En d'autres termes, elle n'a vu le rapport que lorsqu'il a été officiellement distribué. Elle a fait des observations préliminaires lors de la réunion informelle de la Conférence le 15 août, mais comme le message et les propositions de la Fédération de Russie n'ont pas reçu de réponse, elle doit soulever la question de nouveau aujourd'hui.


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DC14/029F