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LE JAPON ASSUME LA PRÉSIDENCE DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT

Compte rendu de séance
La Colombie et l'Afrique du Sud s'adressent à la Conférence

La Conférence du désarmement a tenu ce matin une brève séance au cours de laquelle l'ambassadeur Toshio Sano du Japon, qui assumait ses fonctions en tant que Président de la Conférence, a invité les délégations à lui présenter avant le jeudi 20 mars leurs commentaires sur un document remis il y a plusieurs semaines aux différents groupes et concernant l'adoption d'un programme d'activités. Les délégations de la Colombie et de l'Afrique du Sud ont également fait des déclarations.

M. Sano, qui a rappelé que le désarmement nucléaire constitue l'un des piliers de la politique étrangère du Japon, a regretté le blocage des travaux de la Conférence du désarmement, estimant qu'en être membre représente un privilège dont il faut se montrer digne en faisant preuve de responsabilité. Il s'est dit désireux de mener à bien la «double approche» adoptée par ses prédécesseurs pour mettre fin au blocage. Puisque le premier volet, le groupe de travail informel sur un programme de travail, est bien établi, l'ambassadeur Sano a dit vouloir accélérer le travail sur le second volet: l'adoption d'un programme d'activités, ceci avant la fin de la première session de 2014 de la Conférence, qui se termine le vendredi 28 mars. Il entend compiler les commentaires es délégations dans un projet de plan d'activités.

La Colombie a cité un passage poignant du «Cataclysme de Damoclès», discours prononcé en 1986 par le prix Nobel de littérature Gabriel García Márquez, qui décrit le monde à la suite d'une guerre nucléaire, et conclut en soulignant que la «course aux armements va dans le sens contraire de l'intelligence». Malheureusement, il semble que la Conférence du désarmement suive le même chemin du fait de l'enlisement de ses travaux. La Colombie trouve toutefois matière à espérer dans le récent message du Secrétaire général des Nations Unies, qui a rappelé qu'il ne fallait pas attendre un climat mondial parfaitement sûr pour faire progresser le désarmement nucléaire.

L'Afrique du Sud s'est félicitée que le discours sur les armes nucléaires tende à se concentrer de plus en plus sur les conséquences humanitaires catastrophique de l'usage de telles armes plutôt que sur les questions de sécurité nationale. Par ailleurs, l'Afrique du Sud a réaffirmé être en faveur de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires.


La Conférence tiendra une séance publique mardi, 25 mars à 10 heures, alors que la première partie de sa session de 2014 se termine le vendredi 28 mars.


Déclarations

M. TOSHIO SANO (Japon), assumant ses fonctions de Président de la Conférence du désarmement, a remercié ses prédécesseurs pour leurs efforts intenses, ainsi que le Secrétaire général par intérim, M. Michael Møller, pour son engagement. Il a rappelé que le désarmement nucléaire était l'un des piliers de la politique étrangère du Japon et a regretté que la Conférence du désarmement n'ait pas été en mesure de mener des négociations de désarmement depuis l'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires en 1996. Notant un certain découragement au sein de la Conférence et ailleurs, il rappelé qu'être membre de la Conférence du désarmement était un privilège dont il fallait être digne en faisant preuve de responsabilité.

Le Président s'est dit conscient de la difficulté pour la Conférence du désarmement d'adopter à court terme un programme de travail. Pour des raisons pragmatiques, sa préférence va donc à la finalisation de la double approche à cette fin. Dans la mesure où le premier volet de cette approche, le groupe de travail informel sur un programme de travail, est bien établi, le président entend se concentrer sur le deuxième volet : l'adoption d'un programme d'activités, qu'il espère faire adopter avant la fin de la première session de 2014 de la Conférence. Un document en ce sens contenant une série d'options a été adressé il y a plus d'un mois aux différents groupes régionaux. Si la Conférence du désarmement souhaite mener des discussions de fond, il faut accélérer la procédure. Considérant que le G-21 (pays non alignés membres de la Conférence) a demandé davantage de temps pour examiner le document, le Président a prié les différents groupes de remette leurs commentaires d'ici jeudi 20 mars à 17 heures. Le Président a annoncé son intention d'intégrer les différents commentaires reçus dans un projet de plan d'activités qu'il présentera à la Conférence en tant que document de travail du Président.

La Colombie a cité un passage du «Cataclysme de Damoclès», discours prononcé en 1986 à Ixtapa au Mexique par le prix Nobel de littérature colombien Gabriel García Márquez devant la réunion sur le désarmement tenue dans cette ville à l'occasion du quarante et unième anniversaire du bombardement d'Hiroshima, qui décrit le monde à la suite d'une guerre nucléaire. Il arrive à la conclusion que la course aux armements va dans le sens contraire de l'intelligence. Malheureusement, il semble que la Conférence du désarmement suive le même chemin du fait de l'enlisement de ses travaux. La Colombie estime que la patience face au blocage de la Conférence du désarmement est épuisée et demande qu'elle fasse enfin son travail et produise des résultats concrets en vue d'un désarmement nucléaire complet et irréversible. La Conférence du désarmement a le privilège d'être la seule enceinte de négociations multilatérale en matière de désarmement chargée de protéger l'humanité d'une apocalypse nucléaire. Ce privilège a une valeur particulière pour la Colombie et les autres pays qui appartiennent à des zones libérées depuis longtemps des armes nucléaires. La Colombie déplore qu'un certain nombre de pays éprouvent toujours des difficultés à ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, ce qui ne peut que nuire à la crédibilité de la Conférence.

La Colombie réaffirme sa confiance dans le multilatéralisme et trouve matière à espérer dans le récent message du Secrétaire général des Nations Unies, qui a rappelé qu'on ne pouvait attendre un climat mondial parfaitement sûr pour faire progresser le désarmement nucléaire. La Colombie appuie donc la création d'un groupe de travail informel chargé d'élaborer un programme de travail, et soutient les travaux des experts gouvernementaux sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires.

L'Afrique du Sud a estimé que la mise au point de nouvelles armes nucléaires et de nouveaux systèmes pour les emporter démontre clairement que certains États entendent continuer à détenir indéfiniment de telles armes, en dépit de leurs obligations internationales et de leurs engagements. Elle a regretté ce gâchis d'importances ressources publiques qui seraient bien mieux employées en faveur de l'aide au développement et de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.

L'Afrique du Sud se félicite que le discours sur les armes nucléaires tende à se concentrer de plus en plus sur les conséquences humanitaires catastrophique de l'usage de telles armes plutôt que sur les questions de sécurité nationales. Les conséquences humanitaires de l'usage d'armes nucléaires sont désormais considérées comme une préoccupation mondiale fondamentale qui doit être au centre de toute discussion sur les armes nucléaires. L'Afrique du Sud estime que le seul moyen de garantir que les armes nucléaires ne seront jamais utilisées réside dans leur élimination totale et la garantie qu'elles ne seront plus jamais produites.

En ce sens, l'Afrique du Sud estime que tous les États, développés ou en développement, ont une contribution à apporter dans la création d'un cadre d'instruments juridiques destiné à garantir un monde libéré des armes nucléaires, avec des échéances précises soutenues par un système de vérification solide. Partisante convaincu du multilatéralisme, l'Afrique du Sud soutient des négociations au sein de la Conférence du désarmement en vue d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires. Elle estime toutefois que limiter le traité à l'interdiction de la production à venir de nouveaux matériaux fissiles réduirait sa portée. Un traité devrait satisfaire à la fois aux exigences de non-prolifération et de désarmement et ne pas être discriminatoire. L'Afrique du Sud estime que les réelles difficultés techniques en vue d'un tel traité, qu'il faudra reconnaître, peuvent être surmontées si la volonté politique existe. Le Groupe de travail à composition non limitée, la réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire tenue lors de la dernière Assemblée générale, les conférences de Mexico et d'Oslo sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires et la future conférence de Vienne sur cette même question sont autant d'occasions de s'éloigner des désaccords qu'on rencontre ailleurs et sont à même de contribuer à renforcer le travail des instances multilatérales mandatées par l'Assemblée générale.

Par ailleurs, l'Afrique du Sud appuie la reconduction du groupe de travail informel sur la préparation d'un programme de travail, ainsi que l'adoption d'un programme d'activités. Elle estime que les rapports sur les discussions à tenir dans le cadre de chaque point de l'ordre du jour, conformément au programme d'activités, devraient être adoptés par consensus et non pas être des rapports du Président.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC14/013F